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dimanche, 29 mars 2015

Birdman

   Le film aux quatre Oscar du Mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu est enfin arrivé à Rodez, en version originale sous-titrée. C'est l'occasion de vérifier si, notamment, le scénario et la mise en scène ont mérité d'être placés au-dessus de la concurrence en février dernier.

   Le scénario repose sur une double mise en abyme. Comme Michael Keaton incarne un acteur sur le retour, autrefois très populaire pour son rôle de Birdman, on comprend qu'il s'agit d'une allusion à son interprétation de Batman, sous la réalisation de Tim Burton. (En dépit du respect que j'éprouve pour le travail de Christopher Nolan et le talent de Christian Bale, les deux longs-métrages de Burton restent pour moi les plus beaux.) Mais, comme, en plus, Thomson/Keaton joue dans une pièce qui évoque la vie ratée d'un homme qui ne s'estime pas assez aimé, on comprend qu'il y a de fortes résonances avec l'existence du personnage principal.

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   Toutefois, le principal intérêt du film réside dans la description du milieu new-yorkais, où se croisent artistes plus ou moins en vue et ce que nous (Français de province) appellerions des "bobos parisiens". Les relations entre les membres de la troupe sont aussi particulièrement remuantes. Les répliques fusent... et c'est fort réjouissant ! Dans la version originale, on remarque la récurrence du mot "balls" (les boules... c'est-à-dire les couilles). Elles donnent le ton dès le début, où il est fait mention de l'odeur (un peu renfermée) qui règne dans la loge du héros. Plus loin, il est question du courage dont un acteur doit faire preuve. Au sens propre, les boules en question sont bien visibles sous le slip de deux des personnages principaux. Lorsque deux-ci entrent en contact des actrices, la conversation prend souvent un tour sexuel, même si les dialogues ne sont pas exempts d'émotion.

   C'est le moment de souligner la qualité de l'interprétation, même si aucun des acteurs n'a été primé en février dernier. Du côté des messieurs, Michael Keaton est épatant... dans un rôle il est vrai taillé sur mesure. A un poste plus ingrat, Edward Norton (aussi visible dans The Grand Budapest Hotel) est tout simplement formidable, tantôt odieux tantôt émouvant. A ces deux "cadors" j'ajouterais Zach Galifianakis (rendu célèbre par Very Bad Trip), très bon en agent-avocat aux petits soins.

   Du côté des dames se distinguent particulièrement deux personnes. Sans surprise, Naomi Watts est excellente (et toujours pleine de charme), dans un rôle de composition, celui d'une actrice qui n'arrive pas à percer ! Elle est aussi la compagne "officielle" de Shiner/Norton, une tâche qui consomme pas mal d'énergie...

   Mais la grande révélation de Birdman est Emma Stone, récemment remarquée dans Magic in the Moonlight. Elle incarne la fille du héros... et les relations avec son géniteur sont tout sauf apaisées. Cela nous vaut une scène de dispute absolument sensationnelle, au cours de laquelle la fille se lâche complètement. Plus loin, c'est dans le registre de l'émotion qu'elle nous "cueille", en compagnie d'Edward Norton. Une relation complexe va se nouer entre ces deux-là, sur le toit du théâtre.

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   A ce brillant duo, on pourrait ajouter Lindsay Duncan, pour sa performance en critique vacharde du New York Times.

   Les toits sont aussi de bons endroits pour prendre son envol. C'est le désir qui sommeille en Riggan Thomson, de surcroît travaillé au corps par une petite grosse voix intérieure. Ici, Inarritu introduit un peu de fantastique. Cela passe très bien, y compris au niveau des "super-pouvoirs" de son héros. Je n'ai par contre pas été particulièrement emballé par la réalisation. On a un peu abusé du plan-séquence, qui oblige parfois les caméramans à voltiger autour des acteurs. OK pour la virtuosité, mais le rendu à l'écran n'est pas toujours convaincant. En revanche, j'ai beaucoup aimé la musique d'accompagnement (du batteur mexicain Antonio Sanchez), très jazzy. Elle se marie vraiment bien avec l'action.

   Cela donne au final un film inclassable, très nombriliste, mais infiniment plus réussi que Babel, par exemple.

14:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

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