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vendredi, 10 juillet 2015

Dior et moi

   A priori, rien n'aurait dû me pousser à aller voir ce documentaire de Frédéric Tcheng, consacré à la première collection mise au point (dans l'urgence) par Raf Simons pour la célèbre maison de couture. Mais il m'a semblé que je pourrais y trouver un intérêt semblable à celui que j'avais éprouvé en regardant The September Issue. On finit d'ailleurs par croiser Anna Wintour, dans la dernière partie du film.

   Le réalisateur a eu l'intelligence d'insérer des images d'archives dans celles qu'il a tournées à Paris. On (re)découvre d'anciennes collections et, surtout, on a un aperçu de la vie de Christian Dior, au tout début du film puis, à petites doses, à intervalle régulier. C'est particulièrement intéressant pour ceux qui, comme moi, ne connaissaient pas grand chose du bonhomme. Par contre, l'espèce de dialogue (fictif) engagé entre le fondateur (décédé) et le nouveau directeur de collection m'a paru artificiel et la voix off m'a parfois agacé.

   En revanche, la description du travail des "petites mains" (les couturières et les -rares- couturiers) est passionnante. On nous présente davantage certaines d'entre elles. On comprend qu'au sein de cette ruche, il existe une hiérarchie. Toutefois, tout le monde semble travailler en harmonie. A-t-on gommé les tensions, dans le souci de plaire à Dior ? Pas forcément, puisque lorsque Raf Simons exprime son mécontentement vis-à-vis des délais non tenus, la scène n'est pas censurée.

   Du créateur belge on retiendra une indéniable audace et de l'imagination. Cela le conduit à tenter de créer des robes à partir de l'impression de toiles contemporaines. Pour que le rendu final soit meilleur, il exige l'impression, non pas sur un tissu déjà assemblé, mais sur chaque fil, séparément, à charge ensuite pour les couturières de faire les robes. Le film ne nous montre pas le détail du travail artisanal (il y a peut-être quelques secrets de fabrication à préserver...), mais on a quand même une idée de la complexité de la chose. Le résultat est surprenant... et finalement assez joli, alors que les toiles d'origine ne sont vraiment pas emballantes.

   Mais la collection que Simons est chargé de présenter ne se limite pas à ces quelques robes. C'est tout un ensemble qu'il s'agit de concevoir, dans la tradition Dior. Pour ce faire, on n'a pas manqué d'énergie ni de créativité.... mais de temps ! Dans sa seconde partie, le film restitue bien la tension qui monte, surtout quand le créateur exprime son mécontentement, ou réclame des retouches de dernière minute, certaines nécessitant de revoir presque entièrement l'une des créations.

   A l'écran, le bonhomme est calme, amical en dépit du barrage de la langue (il parle anglais, mais assez mal le français). Ce n'est qu'à la toute fin du film qu'on le voit craquer, sous l'effet de la tension produite par la présentation de la collection complète.

   Celle-ci va bénéficier d'un écrin magnifique : une maison particulière, à Paris, qui était à louer et qu'on va réaménager pour le défilé. Raf Simons a l'idée de décorer les pièces avec des tapisseries de fleurs (naturelles). Au vu du coût, on va jusqu'à consulter le patron de LVMH et propriétaire de Dior, Bernard Arnault (dont on se garde bien de préciser à quel point il aime la Belgique). Il donne son accord et, franchement, le résultat est splendide.

   On termine par l'organisation et le déroulement du défilé. On recrute les mannequins, on décide du parcours... et on invite des "pipoles". Ce n'est pas la partie la plus intéressante, même si (peut-être involontairement) le film met à jour une sorte de mécanique, les modèles ressemblant davantage à des robots qu'à des humains.

   L'ensemble forme un documentaire indéniablement original, parfois passionnant.

   PS

   Incidemment, le film évoque les relations de la maison de couture avec ses clientes. Les exigences de l'une d'entre elles (américaine) ont compromis l'achèvement de la collection dans les délais. Mais, comme le déclare la gestionnaire, quand une personne qui vous commande chaque année pour 350 000 euros de vêtements demande que la "Première" (couturière) vienne effectuer des retouches, on ne dit pas non.

10:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

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