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samedi, 19 septembre 2015

Le Prodige

   Quand j'ai vu que Tobey Maguire (l'acteur principal) produisait ce film, je me suis dit : "Ne tenterait-il pas de renouveler le succès (relatif) d'Une merveilleuse histoire du temps, afin de décrocher un oscar ?" J'ai donc redouté de me retrouver face à une oeuvre très très académique, d'où ressortirait l'éblouissante prestation de l'acteur vedette.

   Commençons par lui. Si Tobey Maguire n'est pas aussi étincelant qu'Eddie Redmayne dans le biopic de Hawking, il s'en sort plutôt bien pour quelqu'un qui tente de faire oublier qu'il incarna naguère Spiderman. Il est crédible aussi bien en jeune prodige des échecs qu'en adulte à moitié cinglé, devenu hypersensible et travaillé par les théories du complot. On saura gré à la production de ne pas avoir fait du personnage principal un type trop sympathique, parce que, dans la vraie vie, Bobby Fischer était devenu au fil du temps un pauvre type (d'aucuns diraient même un sale con).

   Maguire est épaulé par quelques excellents seconds rôles, au premier rang desquels figure Peter Sarsgaard, un visage connu de tous, mais dont on a peine à se souvenir où on l'a déjà vu. Pour moi, c'était notamment dans Flight Plan, Jarhead, Dans la brume électrique et Blue Jasmine. En face, côté bolchevik, Liev Schreiber se débrouille bien en Boris Spassky.

   La mise en scène vient parfois épauler ce beau monde. Pas assez souvent à mon goût. Pourtant, on sent bien qu'Edward Zwick n'est pas un manchot. On l'a vu à l'oeuvre dans Blood diamond et Les Insurgés. Il faut quand même se "fader" son quota de scènes hollywoodiennes, les pires étant à mon avis celles montrant l'admiration suscitée par le jeune génie des échecs, avec ces plans fixes d'hommes et (surtout) de femmes en extase devant une caméra ou leur écran de télévision. J'ai quand même bien aimé la manière dont la finale des championnats du monde (très médiatisée) est montrée, notamment avec ses à-côtés. Les scènes médiocres sont en partie contrebalancées par les moments troubles, en caméra subjective, durant lesquels on prend conscience de la paranoïa grandissante de Fischer.

   C'est aussi un bon film de propagande à l'américaine, qui n'est pas sans rappeler Rocky IV. Le challenger ricain se prépare dans des conditions plus précaires que son adversaire, présenté comme un ogre soviétique, a priori intouchable. Le Bien finira-t-il par triompher du Mal ? Les spectateurs tremblent d'angoisse !

   C'est donc finalement une oeuvre plus attrayante que ce à quoi je m'attendais, mais qui décevra les amateurs purs d'échecs : la représentation cinématographique de ce jeu extrêmement cérébral n'est guère inventive. De ce point de vue, un film comme La Diagonale du fou (avec Michel Piccoli) m'avait paru plus réussi.

   P.S.

   Coïncidence troublante : dans l'un des derniers épisodes de la série Blacklist à avoir été diffusé sur TF1 (Ruslan Denisov, dont j'ai parlé hier), l'antihéros Reddington fait allusion à une tactique inédite (et victorieuse) utilisée par Fischer contre Spassky, en 1972, à Reykjavik.



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