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dimanche, 27 mars 2016

Médecin de campagne

   Avec l'instituteur laïc, le facteur à vélo, le pompier volontaire et l'employé d'EDF, le médecin de campagne fait partie de la mythologie républicaine française. Thomas Lilti, auquel on doit notamment Hippocrate, rend hommage à cette espèce en voie de disparition, en s'appuyant sur l'excellent François Cluzet, épaulé par Marianne Denicourt et une brochette de seconds rôles plus vrais que nature.

   Le cinéaste, qui a une formation médicale, a visiblement tenu à ce que les scènes d'auscultation soient irréprochables sur le plan du réalisme. Je pense donc ne pas être le seul spectateur à avoir revécu par écran interposé des moments passés dans un cabinet (ou à domicile) comme patient ou en compagnie d'un-e proche.

   C'est filmé avec une empathie évidente, une bienveillance qui débouche sur des instants d'humour ou d'émotion, sans voyeurisme aucun. Par contraste, les scènes d'extérieur procurent parfois d'appréciables bouffées d'oxygène, avec ces vues de la campagne normando-francilienne.

   Le scénario est de plus riche des thématiques abordées. Il y a bien sûr la désertification rurale, avec la disparition progressive des services privés et publics de base. Les habitants de ce bout de France abandonnée sont très dignes, bien que pas trop photogéniques. On y est un peu plus gros que la moyenne, un peu moins riche, un peu moins diplômé... un peu plus vieux aussi.

   C'est donc aussi un portrait social d'une France d'en-bas, celle de petits Blancs ruraux qui cachent leurs problèmes et vivotent à côté du monde moderne qui brille de mille feux. Habilement, le film pose aussi la question de la place des femmes dans cet univers. Les mentalités sont encore très patriarcales... même chez les jeunes. Il n'est donc a priori pas facile pour une doctoresse de s'imposer, surtout quand celui qu'elle supplée est un modèle de dévouement à ses paroissiens patients. Marianne Denicourt est formidable dans le rôle de cette ancienne infirmière citadine, un peu abîmée par la vie (et la chirurgie esthétique...), qui tente de refaire sa vie dans ce coin de l'Hexagone où l'animation du siècle est une soirée country, un peu à l'image de celle que l'on a pu voir dans Les Cowboys.

   Et puis il y a ce médecin exemplaire, nouvelle incarnation du cordonnier mal chaussé, puisqu'il découvre qu'il est atteint d'une tumeur cérébrale. Evidemment, il va vouloir le cacher à son entourage. Evidemment, il va être aidé un peu malgré lui. Evidemment, la relation au départ tendue avec sa remplaçante va progressivement s'adoucir. Mais cela ne va pas se faire sans mal.

   Entre ces deux points, on aura suivi les missionnaires médicaux dans leurs aventures quotidiennes et d'autres, plus exceptionnelles. Cela donne un "beau" film, plein d'humanité. Si l'humour domine dans la première partie, l'émotion l'emporte dans la seconde. Certains trouveront peut-être cela "cucul-la-praline", mais, moi, j'ai marché.

23:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

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