vendredi, 25 mars 2016
Je ne suis pas un salaud
Emmanuel Finkiel est un réalisateur un peu à la marge du monde du cinéma. Il ne cherche pas à tourner à tout prix et aborde des sujets d'une grande diversité. Je l'avais découvert en 1999 avec l'étonnant Voyages. Dans Je ne suis pas un salaud, il se place dans la continuité du "film français soci(ét)al", qui a repris de la vigueur l'an dernier, avec des oeuvres comme La Loi du marché, Jamais de la vie ou encore Fatima. En remontant un peu plus dans le temps, on tomberait sur Le Couperet (de Costa-Gavras), De bon matin (avec Jean-Pierre Darroussin) ainsi que certains des films de Laurent Cantet, Ressources humaines et L'Emploi du temps.
C'est dire qu'il n'est pas facile d'innover dans ce genre. Finkiel y parvient, d'abord parce qu'il a un sujet, inspiré d'une histoire vraie (qu'il a retouchée dans un sens que je me garderai de révéler). L'intrigue est servie par une brochette d'acteurs au poil, les seconds comme les premiers rôles. On ne peut pas ne pas souligner la performance des deux principaux interprètes, Mélanie Thierry et Nicolas Duvauchelle. Ils se sont glissés avec une facilité déconcertante dans la peau de deux "petits Blancs", que nombre de spectateurs ont déjà dû croiser dans la vraie vie.
Eddie est un trentenaire au chômage. Il voudrait travailler dans la vente mais, franchement, il n'a pas trop le sens du contact. De plus, en dépit d'un physique plutôt avenant (sur lequel il a dû beaucoup se reposer dans sa jeunesse), il présente plutôt mal... et, au moins à une reprise, on sent que les nombreux tatouages qu'il porte le desservent dans sa quête d'emploi valorisant. Ajoutez à cela un penchant assez prononcé pour l'alcool et, vu de l'extérieur, pas grand monde ne s'étonnera de sa situation précaire. Pourtant, lui voit les choses d'une tout autre manière. Il se sent victime d'injustices.
Il a quand même conscience d'avoir un peu "merdé" avec son épouse, qui s'est séparée de lui. Karine est une mère célibataire comme on en rencontre au détour d'une grande surface. Elle exerce un métier qui n'a pas nécessité de longues études, mais elle est sérieuse, motivée, agréable avec la clientèle. Elle a de l'avenir dans sa boîte... et même plus qu'elle ne l'imagine, puisque son patron éprouve sans doute plus que de l'estime pour elle.
L'agression dont est victime Eddie va changer sa vie. C'est d'abord une soirée qui se termine mal, avec la "rencontre" d'une bande de délinquants issus d'une cité voisine. Au réveil, à l'hôpital, le "héros" constate qu'on le traite avec douceur et respect, chose qui ne lui arrivait plus dans la vie quotidienne. Il va considérer cette agression comme sa bouée de secours, un tremplin pour récupérer son épouse, un travail régulier et peut-être des dommages et intérêts. Mais, pour cela, encore faudrait-il que ses agresseurs soient retrouvés et condamnés.
L'intrigue bascule en même temps que la vie d'un autre jeune homme est chamboulée. Ahmed est sur le point de se mettre en ménage avec sa charmante copine. Bien qu'issu d'un quartier difficile, il a réussi sur le plan professionnel et décroché un CDI. Il est même montré en exemple à d'autres... et c'est lui qu'Eddie désigne comme étant l'un de ses principaux agresseurs.
Nous voici donc partis pour plus d'une heure de tension. On a mal pour ces personnages qui gâchent parfois bêtement leur vie... et l'on se demande comment tout cela va se terminer. Notons que la musique se marie parfaitement aux images. Elle est l'oeuvre d'une artiste que je ne connaissais pas : Chloé.
11:43 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
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