dimanche, 17 juillet 2016
Apprentice
Ce film singapourien (en réalité une coproduction internationale) a été présenté au dernier Festival de Cannes, dans la section Un certain regard. L'intrigue est centrée sur le personnage de "l'apprenti", cet ancien soldat, encore jeune, devenu gardien de prison, dans un établissement qui pratique les exécutions capitales (par pendaison).
Il y a donc un aspect documentaire dans cette histoire. On découvre à la fois le travail des gardiens de prison asiatiques et celui du bourreau, très technique. La question de la peine de mort est abordée de manière froide, sans le militantisme lourd de certains abolitionnistes occidentaux. Le réalisateur nous présente une série de condamnés, sans trop creuser du côté du motif de condamnation. (On remarque quand même que les crimes liés à la drogue sont très présents.) Ce sont des hommes et des familles que l'on nous montre. En face, le portrait du bourreau est sensationnel, avec un acteur très charismatique (Wan Hanafi Su).
Mais le plus impressionnant est sans conteste Fir Rhaman, un très bon choix que ce jeune homme à la fois musculeux et torturé de l'intérieur, qui nous fait pleinement croire à son personnage.
Le jeune homme, plutôt du genre taiseux, a quelques secrets. Devenir gardien dans cette prison-là n'était pas le fruit du hasard. Si l'on découvre assez vite ce qui, dans le passé, explique son parcours, on n'est pas plus avancé quant à ses motivations profondes. Cela maintient le suspens jusqu'à la fin, sans que cela ne génère une tension extraordinaire.
Dans le même temps, on suit le jeune homme dans sa vie quotidienne. Apparemment, il n'a plus ses parents. De ses ascendants, seule la grand-mère maternelle semble encore en vie. Le héros habite avec sa soeur aînée, avec laquelle les relations sont compliquées.
Le milieu professionnel dans lequel évolue le jeune homme est aussi l'objet d'une étude. On y emploie deux langues, le malais et l'anglais. La seconde est la langue officielle de Singapour, celle que maîtrisent parfaitement les gradés (souvent d'origine chinoise), qui ont suivi des études supérieures, tandis que les autres sont d'ethnie malaise. Dans les conversations, les deux s'entremêlent quelques fois.
Ajoutons que l'image est soignée, avec de beaux contrastes d'ombres et de lumière, que l'on doit au directeur de la photographie (français) Benoît Soler. L'originalité de certains plans tient aussi au positionnement de la caméra et au cadrage. On sent que la mise en scène a été travaillée. Cela donne encore plus d'intérêt à ce film en apparence modeste, mais d'une force indéniable.
23:13 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
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