mercredi, 19 octobre 2016
Brice 3
Jean Dujardin revient dans le rôle qui l'a révélé jadis, quand il faisait partie des "Nous Ç Nous". Le risque était que cette suite ne se justifie en rien. Le début nous replonge dans un univers familier, le moindre objet de la vie quotidienne du héros étant "bricisé". C'est mignon, mais cela a un air de déjà-vu. Auparavant, on nous a servi une séquence tournée en haute montagne, où l'esprit de dérision vient "casser" ce qui pourrait paraître sublime.
On a donc l'occasion de sourire, voire de rire. Et pourtant, ce début a nourri mes inquiétudes. Le rythme n'est pas maîtrisé avec, notamment, certains "blancs", qu'un montage un peu plus rigoureux aurait dû effacer.
Deux moments sont vraiment drôles : la venue de touristes asiatiques (à Nice) et la rencontre d'une bande de vrais surfeurs (sur la côte Atlantique). Elles permettent de mettre en valeur le côté pathétique du personnage de Brice. De surcroît, le méchant chef des surfeurs est incarné par Alban Lenoir (vu dans Antigang et Un Français), à propos duquel le générique de fin précise qu'il a pris six kilos de muscles en un temps record. On a donc soigné le casting, avec une brochette de mecs très baraqués et des wagons de bombasses en bikini, aux côtés des surfeurs comme dans le Pacifique.
Par contre, les retrouvailles entre Brice et Igor d'Hossegor sont complètement ratées. L'évolution ultérieure du personnage ne suscite pas davantage d'intérêt, Bruno Salomone étant hélas cantonné au rôle de faire-valoir. La partition de Clovis Cornillac est plus savoureuse. Le seul ami de Brice, à l'abondante pilosité, s'est mué en défenseur des autochtones contre le bétonnage touristique d'une île. (Ici ou là, quelques propos incidents ont une portée politique.) Si Cornillac est très convaincant en chevelu militant, la représentation des indigènes est cependant caricaturale au possible.
A partir du moment où les principaux personnages se retrouvent sur l'île, l'intrigue gagne en densité. Brice, "le roi de la casse", va découvrir l'existence d'un monde merveilleux... ainsi que d'un sérieux concurrent que, pour une raison que je ne peux pas révéler, il ne sait trop comment affronter. Le tournoi "Kasse contre Kasse" promet d'être un sommet... et il donne effectivement lieu à l'une des bonnes séquences du film, l'enjeu étant de trouver la faille de l'adversaire.
Mais l'intrigue est elle-même une gigantesque "kasse", qui tourne autour du personnage du narrateur, un vieillard à moitié sénile qui s'inspire visiblement de Little Big Man. Je suis sorti de là plutôt satisfait, mais pas franchement enchanté. Si le film contient quelques perles, il n'est pas suffisamment abouti. Quoi qu'il en soit, ne quittez pas la salle trop vite : le générique de fin est truffé de blagues, au sein desquelles se cache, parfois, une référence érudite.
P.S.
Signalons un aspect particulièrement déplaisant : l'omniprésence de marques publicitaires à l'écran. On s'attend bien sûr à rencontrer la célèbre virgule, mais, des produits d'hygiène à l'alimentation en passant par les objets technologiques, on n'échappe pas à la publicité déguisée.
22:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
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