lundi, 16 décembre 2019
Brooklyn Affairs
Cet hommage aux polars des années 1940-1950 est signé Edward Norton, qui interprète le rôle-titre ("L'Orphelin de Brooklyn", dans la version originale), celui d'un homme sympathique et maladroit, atteint du syndrome Gilles de la Tourette. Cela nous vaut quelques incongruités et grossièretés, à intervalle régulier, mais aussi de beaux moments d'émotion.
Le début met en valeur le patron d'une agence de chauffeurs-détectives privés, incarné par Bruce Willis. Ce vétéran de la Guerre du Pacifique a pris en mains, une dizaine d'années auparavant, une bande d'orphelins auxquels il a donné leur chance, en plus de quelques leçons de vie. Pas de bol pour lui : il a les yeux plus gros que le ventre et se met à dos des types très dangereux. On tombe dans une histoire de chantage et de corruption, sur fond de tensions "raciales".
C'est l'une des réussites de ce film que d'inclure dans l'intrigue des personnages afro-américains, qui, en général, ne figuraient qu'au second plan (voire étaient totalement ignorés) dans les polars d'il y a soixante ans. Norton est bien aidé par une superbe et convaincante actrice principale, Gugu Mbatha-Raw, dont on a déjà pu apprécier le talent dans Seul contre tous, Miss Sloane et Free State of Jones. C'est elle la véritable femme fatale de l'histoire, et non la veuve (blanche) du détective assassiné. Et c'est une femme fatale diplômée en droit ! Modernité quand tu nous tiens...
L'intrigue est retorse. Au centre se trouvent des projets immobiliers, avec, à la manoeuvre, en coulisses, un redoutable promoteur, William Randolph, qu'on ne s'étonnera pas de voir incarné par Alec Baldwin. C'est une sorte de mélange du magnat William Randolph Hearst (celui de Citizen Kane) et du roi de l'immobilier William H Reynolds. Mais les scénaristes ont eu l'habileté de lui donner sa chance, dans les dialogues. Le personnage défend mordicus son point de vue de bâtisseur sans scrupules, même si, au bout du compte, les spectateurs dotés d'une once de moralité pensent que c'est une belle ordure.
Une fois le patron de l'agence de détectives trucidé, ce sont ses employés qui reprennent le flambeau, avec une implication variable. C'est Lionel le détraqué au grand coeur qui se révèle le plus tenace à ce jeu, notamment parce qu'en raison de son handicap, ses interlocuteurs ont tendance à le sous-estimer.
J'ai écrit plus haut qu'une fraude immobilière était au coeur de l'histoire. En réalité, c'est un secret de famille, inavouable à l'époque. Voici donc un polar fort bien écrit, très joliment filmé, plein d'humanité et d'amour pour New York. Les 2h30 passent comme un rêve.
18:41 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Commentaires
Un grand et beau film en effet, complexe et limpide.
Et des acteurs haut de gamme.
Et bravo de parler aussi bien de Melle Gugu.
Écrit par : Pascale | lundi, 16 décembre 2019
Les commentaires sont fermés.