jeudi, 22 octobre 2020
Michel-Ange
Cette coproduction italo-russe (tournée en italien) est signée Andrey Konchalovsky. Elle est consacrée à l'un des maîtres de la Renaissance, à la fois peintre, sculpteur, architecte... et (un peu) mathématicien.
Paradoxalement, on ne voit quasiment jamais l'artiste à l'œuvre dans ce long film (plus de deux heures), mais l'on nous montre ce qui précède, ce qui accompagne et ce qui suit l'acte de création. C'est tout aussi passionnant.
Quand il ressuscite le XVIe siècle italien naissant, le réalisateur force sans doute un peu le trait, mais il réussit à nous rendre tangibles à la fois la vie quotidienne des catégories populaires et les intrigues de cour, à Florence comme à Rome. Michel-Ange fut écartelé entre deux puissantes familles antagonistes : les Della Rovere (dont est issu le pape Jules II, qui fut un grand mécène) et les Médicis (qu'on ne présente plus).
C'est le moment de souligner la performance de l'acteur principal, Alberto Testone (un inconnu, pour moi), qui incarne jusque dans ses tripes l'artiste tourmenté, aux amitiés contradictoires et vacillantes. Au fond, Michel-Ange n'a été fidèle qu'à son art.
J'ai particulièrement aimé tout ce qui se passe autour de Carrare, des carrières de marbre au château dans lequel a séjourné Dante, château dont l'une des chambres est dotée d'un passage secret.
J'ajoute que le travail des artisans et ouvriers de la carrière est restitué avec soin. C'est un petit monde soudé, très vivant (parfois trop). Le réalisateur réussit même à créer un suspens autour de l'extraction et du transport d'un gigantesque bloc de marbre !
Bref, j'ai globalement aimé, même si, dans le premier tiers, j'ai trouvé que l'histoire peinait à se mettre en place. La vision du film réclame un certain effort, mais il le mérite.
21:30 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinema, cinéma, film, films, histoire
Commentaires
L'acteur (possédé par son rôle) n'est pas acteur. Il est dentiste. Konchalovsky voulait un homme au nez cassé.
Comme toi la scène du monstre de marbre m'a passionnée. C'est la meilleure.
Mais j'ai saturé des bisbilles entre les frères puis avec ses apprentis et de cet argent qui circule.
Je n'ai pas compris le double meurtre des jeunes mariés.
Oui ce film demande un effort et il est assez décevant.
Écrit par : Pascale | dimanche, 25 octobre 2020
Je pense que le meurtre des jeunes mariés est la mise à exécution des menaces du clan Della Rovere (la famille du pape Jules II, qui décède au début du film), notamment du condottiere François-Marie (que l'on voit plus tard se faire déposséder du duché d'Urbino). Il est venu chez Michel-Ange lui apporter une bourse pleine de pièces.
A ses yeux, l'artiste a doublement trahi : il a changé de mécène (travaillant désormais pour le clan Médicis, auquel appartient le nouveau pape) et il n'a pas exécuté la commande pour laquelle il avait été payé.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Tombeau_de_Jules_II
L'autre hypothèse est la vengeance de la famille Malaspina, celle des nobles qui ont hébergé Michel-Ange dans la chambre jadis occupée par Dante. L'abandon par l'artiste du marbre de Carrare pour celui issu des terres des Medicis, en plus d'une trahison, est un rude coup porté à l'économie locale.
Écrit par : Henri G. | dimanche, 25 octobre 2020
Merci. C'est quand même bien touffu.
L'endroit de la chambre de Dante est magnifique. Mais qu'ils sont hideux ces Malaspina !
Tout le monde est moche d'ailleurs dans ce film sauf les 2 apprentis. J'ai découvert que Michel Ange était homosexuel. Je comprends mieux son David triomphant.
Écrit par : Pascale | mardi, 27 octobre 2020
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