mercredi, 14 juillet 2021
Titane
En 2017, Julia Ducournau avait lancé un joli pavé dans la mare cinématographique française, avec Grave. Je pense que certains des spectateurs présents aujourd'hui avec moi dans la salle n'avaient pas vu ce film-là. On y retrouve la même obsession pour les corps et pour l'étrange, l'anormal... et la présence au générique de Garance Marillier (ici dans un rôle secondaire).
Elle se fait voler la vedette par Agathe Rousselle (inconnue au bataillon), qui nous livre une prestation de haute volée. Complètement impliquée dans son personnage, elle nous fait croire aussi bien à la gogo-danseuse qu'à la psychopathe ou au garçon manqué.
La première partie est imprégnée de l'influence de Crash, de David Cronenberg... et d'un film de Stanley Kubrick, dont je ne peux révéler le titre sous peine de gâcher le plaisir de la découverte d'une séquence renversante, dans une maison bourgeoise... (Je déconseille aussi vivement d'arriver en retard : ce serait vraiment dommage de rater l'introduction du film, entre mécanique et segments humains...)
Seule ombre au tableau : une scène de sexe avec une voiture, franchement ridicule... mais indispensable à la suite de l'histoire.
À partir du moment où l'héroïne entre en contact avec Vincent, qui dirige une caserne de pompiers, le film prend une autre dimension. Il se passe quelque chose entre ces deux-là. Dans un premier temps, je n'ai pas été particulièrement emballé par l'arrivée à l'écran (une énième fois) du visage fatigué de Lindon. On sent que son personnage en a chié. Il a dû vivre (au moins) deux guerres mondiales, dix ans de taule et trois divorces. Ceci dit, il adore son métier, ce qui nous vaut quelques belles scènes d'intervention. Mais, au-delà de sa mission de service public, cet homme dévoué souhaiterait surtout retrouver son fils.
L'intrigue prend alors une tournure inattendue, prenante malgré quelques invraisemblances (en particulier une supercherie qui tarde à être découverte). Je n'aime pas la fin de l'histoire, mais j'ai trouvé son déroulement assez captivant.
22:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Commentaires
Rebonjour Henri Golant, quand je lis ton billet, je serais presque tentée d'aller voir le film car j'avoue que la bande-annonce a été un repoussoir en ce qui me concerne. Bon dimanche.
Écrit par : dasola | dimanche, 18 juillet 2021
"Titane" est un film dérangeant... et un peu dérangé. Il vaut mieux avoir vu "Grave" avant, pour savoir à quoi s'en tenir. (La bande-annonce édulcore le contenu...)
Au lieu de la Palme d'or, j'aurais attribué le prix d'interprétation à Agathe Rousselle, qui réalise une vraie performance d'actrice.
Le paradoxe est que, pour moi, "Titane" est moins bon que "Grave", alors que celui-ci, présenté à la Semaine de la critique en 2016, n'avait reçu aucun prix.
https://www.telerama.fr/festival-de-cannes/2016/cannes-2016-a-la-semaine-de-la-critique-quatre-films-francais-des-femmes-et-du-theatre,141206.php
https://www.challenges.fr/cinema/festival-de-cannes-2016-le-palmares-de-la-semaine-de-la-critique_553421
Pour la petite histoire, je signale qu'à l'époque, le jury était présidé par Valérie Donzelli et comptait parmi ses membres Alice Winocour et Nadav Lapid, ce dernier venant de recevoir le prix du jury de la sélection officielle pour "Le Genou d'Ahed" (une illustration de la "consanguinité cannoise") :
https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/07/17/festival-de-cannes-2021-avant-le-palmares-le-jury-delibere-et-aucun-favori-ne-se-degage-nettement_6088596_3246.html
Je suis content pour Julia Ducournau, mais je pense qu'il faut être conscient que la mise en avant de son film n'a pas que des causes cinématographiques...
Écrit par : Henri G. | dimanche, 18 juillet 2021
Rien à voir et bien meilleur que Grave selon moi.
L'actrice est exceptionnelle.
Quelle palme étonnante.
Écrit par : Pascale | samedi, 24 juillet 2021
L'attribution de la palme à un film dérangeant est certes audacieuse... mais elle a aussi l'avantage de faire parler du festival. C'est aussi (je pense) un message adressé aux (jeunes) réalisateurs talentueux et méconnus : en présentant leur film à Cannes (plutôt qu'à un autre festival), ils ont des chances d'être primés.
Cela n'a malheureusement pas été le cas cette année pour "Onoda", une magnifique oeuvre franco-japonaise (repartie bredouille de la catégorie "Un certain regard").
Écrit par : Henri G. | lundi, 26 juillet 2021
Et je ne pense pas qu'il faut voir Grave avant ce film.
Grave était sanglant, pas Titane. Le sang c'est souvent ce qui dérange ceux qui hésitent à voir ce genre de films.
Écrit par : Pascale | samedi, 24 juillet 2021
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