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dimanche, 18 décembre 2022

Avatar 2 (en 2D)

   Le film "cartonne" en salle, plusieurs séances affichant régulièrement « complet ». Je me suis dirigé vers une en version originale sous-titrée, en plein match de coupe du monde. Au moins là, quand je voyais du bleu, il n'était question ni de Français ni d'Argentin !

   La première heure est presque un replay du premier film, ressorti dans les salles en septembre dernier. On revoit les mêmes paysages, une partie des personnages, avec quelques nouveaux... et quelques retouches. Les scénaristes (et les responsables de l'animation) ont réussi le tour de force de ressusciter Grace Augustine (Sigourney Weaver)... en deux versions ! J'ai aussi pris plaisir à retrouver le super-méchant d'il y a treize ans, un peu « transplanté » certes, mais toujours avec le talent de Stephen Lang.

   C'est le (très) grand point fort de ce film, que de réussir à nous faire ava(tar)ler un peu tout et n'importe quoi grâce à la technologie numérique. On y trouve aussi diverses références aux précédentes œuvres de James Cameron : des vaisseaux futuristes et de grosses bêtes aux dents pointues (Aliens le retour), une machine à tuer qui s'humanise un peu (Terminator), de splendides fonds marins (Abyss)... et un vaisseau qui coule (coucou Titanic !). On sent que, sur la forme comme sur le fond, Avatar et ses suites constituent le testament artistique et politique du cinéaste.

   La deuxième partie voit la jeune garde passer au premier plan. Le peuple des forêts, inspiré d'Africains et d'Amérindiens, entre en contact avec un autre, semi-aquatique, sans doute calqué sur des Mélanésiens. Sans surprise, les jeunes vont faire des conneries. On se compare les queues, on se moque, on rivalise d'inconscience d'intrépidité, on tombe parfois amoureux. Dans ce florilège convenu destiné à accrocher le public adolescent, je distingue le personnage de Kiri... qui n'est pas un fromage, mais une « mini-Sigourney », dont le rapport à la nature va jouer un rôle clé dans l'intrigue... et qui bénéficie d'effets spéciaux étourdissants.

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   Cette partie met en scène d'impressionnantes baleines mystiques, les Tulkuns. Au niveau de l'image comme du son, c'est fabuleux. Sur le fond, si la vision de la séquence de traque peut définitivement dégoûter les spectateurs de la chasse à la baleine, eh bien cela suffira à justifier la sortie de ce film. En revanche, la manière dont les bipèdes dialoguent avec les cétacés est limite ridicule (y compris l'insertion de vues subjectives des baleines). C'est l'une des faiblesses de ce film, qui baigne dans une ambiance un peu new age, avec cette histoire de Terre-Mère et un panthéisme à la mode.

   On attend évidemment la troisième partie, celle de la baston, qui ne déçoit pas. C'est spectaculaire, bourré de rebondissements, surprenant parfois. Cela se conclut d'ailleurs par une séquence inattendue (mais bienvenue), celle de la recherche de disparus, dans une épave. La nouvelle génération vient en aide à l'ancienne.

   J'ai gardé pour la fin mes principales réserves. D'abord c'est long (3h10), mais, comme c'est un excellent spectacle, ça passe. Le problème vient plutôt d'une partie du scénario. Il est inenvisageable qu'à partir du moment où la famille de héros quitte la forêt pour se réfugier dans les îles, il ne se passe apparemment plus rien dans leur pays d'origine. Certes, la nouvelle version du colonel est mue par un ardent désir de revanche, mais ses employeurs veulent surtout achever la conquête de la planète. (On nous a peut-être gardé ces éléments pour le troisième film.) De plus, je trouve un peu facile l'embrigadement du jeune Spider par son nouveau "papa". La suite permet au gamin de bien se rattraper, mais le début est un peu gros. Je suis aussi lassé que les films de science-fiction, de super-héros ou d'heroic fantasy anglo-saxons ne mettent en scène que des monarchies, avec une élite (plutôt de naissance) gouvernant -sans recourir à des élections- un bas-peuple bien conciliant. (C'est également le cas dans le récent Black Panther 2.) Enfin, je suis de nouveau irrité que la quasi-totalité des personnages négatifs soient des Blancs occidentaux. Je reconnais que la transposition de certains personnages en "indigènes" de couleur bleue brouille un peu les pistes, mais c'est tout de même très caricatural.

   Dommage pour un film qui affiche de si grandes ambitions.

22:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Juste une nuit

   Ce que raconte ce film iranien (franco-iranien en fait) est d'une brûlante actualité, puisqu'il décrit les difficultés d'une jeune mère célibataire à Téhéran. La jeune Fereshteh élève seule, dans un petit appartement situé dans un bâtiment HLM, un enfant qu'elle vient d'avoir avec le fils d'un commerçant, curieusement absent. Elle a caché son état à ses parents, des provinciaux conservateurs (surtout le père), qui sont sur le point de débarquer dans la capitale. Le temps d'une nuit, elle doit trouver quelqu'un pour garder son enfant et dissimuler toutes les affaires présentes dans son appartement et qui témoignent de sa maternité.

   La première partie montre les tentatives de l'héroïne pour s'appuyer sur son réseau de connaissances. Elle semble avoir trouvé assez vite la personne prête à s'occuper de son bébé pendant la soirée, mais elle doit déployer de considérables efforts pour trouver où cacher ses affaires (au moins trois sacs et trois valises !). C'est l'occasion pour le cinéaste de montrer le statut inférieur des femmes, l'une de ses voisines devant demander l'autorisation de son mari avant d'accepter de garder l'un de ses sacs ne serait-ce qu'une nuit, tandis qu'on apprend qu'en certains endroits, une femme seule avec un enfant sera non seulement mal vue, mais aussi rejetée.

   Dans sa quête, Fereshteh rencontre quelques bons samaritains (une avocate impliquée politiquement, sa meilleure amie, étudiante, un conducteur d'ambulance, une habitante de son bloc) mais aussi une brochette d'hypocrites, certains pouvant représenter une menace (une de ses voisines, la compagne d'un ami, sans doute jalouse de sa grossesse réussie, le chef de service d'un hôpital...).

   La comédienne, Sadaf Asgari, est très bien. Elle réussit à nous faire sentir les tourments du personnage sans beaucoup s'exprimer. Elle est souvent filmée de près, par une caméra mobile. Notons que la jeune femme n'est pas si sympathique que cela : elle ment à presque tout le monde (l'exception étant sa meilleure amie... et encore) et l'on finit par apprendre qu'elle aurait pu vivre dans d'autres conditions, si elle s'était mieux entendue avec le père de l'enfant.

   Compte tenu de mon âge et de mon vécu, je pense avoir un point de vue biaisé sur l'histoire, celle d'une jeune femme, arrivée de province à Téhéran pour y poursuivre ses études, et qui lâche tout à cause d'une histoire d'amour et de sa volonté de garder l'enfant à tout prix. C'est un cauchemar que nombre de parents espèrent ne jamais avoir à vivre. Mais le film mérite d'être vu.

   P.S.

   Cela n'enlève rien à la force de l'histoire, mais deux éléments entachent un peu la crédibilité du film. Toutes les femmes que l'on y voit sont voilées, dans l'espace public comme dans l'espace privé. Or, par exemple, quand le réalisateur filme une mère seule avec son enfant dans son appartement, il devrait la montrer tête nue, alors que ce n'est jamais le cas. Il a fallu sans doute composer avec la censure islamique...

   D'autre part, cette jeune femme, employée dans une imprimerie, semble disposer de revenus assez importants, compte tenu de ce que l'on peut voir à l'écran. Certes, on nous la montre comme débrouillarde, mais entre le logement, le smartphone, les dépenses pour l'enfant et les fréquents déplacements en taxi (visiblement bon marché à Téhéran), on se demande comment elle fait pour s'en sortir. Sans doute faut-il admettre qu'elle reçoit une aide de ses parents, d'où son acharnement à leur cacher sa situation réelle.