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vendredi, 03 février 2023

Interdit aux chiens et aux Italiens

   Cette formule, qui fleure bon la xénophobie ségrégationniste, est le titre d'un étonnant film d'animation, tourné avec la technique du stop motion, que l'on a déjà vue à l’œuvre dans Junk Head, L'Ile aux chiens ou encore Le Sens de la vie pour 9,99 $.

   En moins d'1h15, on nous conte l'histoire de quatre générations d'une famille franco-italienne, des arrière-grands-parents piémontais au "petit" dernier, le réalisateur du film, Alain Ughetto. On l'aperçoit à peine, mais on voit souvent sa main ou son avant-bras intervenir dans l'histoire, soit pour monter un élément de maquette, soit pour interagir avec l'un des personnages, des poupées qui figurent les membres de sa famille.

   J'ai beaucoup aimé ce procédé, qui pourrait sembler artificiel de prime abord, mais qui apporte souvent une touche d'humour salutaire dans une histoire parfois très triste.

   C'est d'abord la grande pauvreté qui frappe la famille, poussant les jeunes adultes de la deuxième génération à tenter leur chance de l'autre côté des Alpes, en France. Une carte disponible dans le dossier de presse (téléchargeable sur le site de la maison de production) donne une idée de l'ampleur des déplacements du grand-père du cinéaste :

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    Très (trop) souvent, les Italiens pauvres venus travailler en France sont l'objet de moqueries ou d'insultes. L'auteur ne s'appesantit cependant pas dessus. Les efforts de Luigi lui ont permis de devenir contremaître et la famille a pu s'installer dans son petit coin de paradis, en France, assez loin du fascisme naissant, pensait-on.

   La guerre a toutefois plusieurs fois rattrapé les Franco-Italiens, d'abord celle de 1914 (qui a vu mourir deux des grands-oncles du cinéaste, côté italien), puis celle de 1940. (C'est à ce sujet que j'ai un regret : une certaine confusion dans la chronologie des événements, l'un des hommes semblant prendre le maquis dès 1940, pour échapper à une occupation italienne puis allemande qui n'est venue que plus tard.)

   Fort heureusement, l'humour est présent au cours des périples familiaux. Cela passe notamment par le regard des enfants, ou une anecdote particulièrement bien mise en scène, comme l'arrivée de l'électricité au "Paradis".

   Le plus souvent, l'histoire nous est racontée par l'intermédiaire de la grand-mère Cesira, à qui la comédienne Ariane Ascaride prête sa voix.

   Les spectateurs attentifs remarqueront le soin apporté aux détails, pour un rendu qui a dû demander un travail de fou.

   C'est un film à voir, si vous en avez l'occasion.