samedi, 18 février 2023
Titina
Le héros éponyme est... une chienne abandonnée, qu'un ingénieur italien recueille, dans les années 1920, en pleine période fasciste. Cet Umberto Nobile est marié, a une fille, qui se réjouit de l'arrivée de l'affectueux animal dans la famille. Son nom lui a été donné en référence à une chanson populaire (Je cherche après Titine), qui a connu de multiples versions, l'une d'entre elles ayant été interprétée (à sa manière) par Charlie Chaplin dans Les Temps modernes.
Le concepteur italien de dirigeables est engagé par l'explorateur norvégien Roald Amundsen (découvreur du pôle sud), qui voudrait être le premier à parvenir au pôle nord par ce moyen de transport.
Ce film d'animation norvégien prend la forme d'un semi-documentaire, composé de dessins et d'images d'actualité (parfois saisissantes). On pouvait s'attendre à ce qu'il donne le beau rôle à Amundsen... eh bien pas du tout, puisque c'est l'Italien qui est à l'honneur, notamment parce qu'il emmène la chienne dans ses pérégrinations.
Toute cette histoire nous est présentée sous la forme d'un grand retour en arrière, le film débutant chez un Umberto très âgé, dont la petite fille vient s'occuper. Bien qu'il y ait près de cinquante ans d'écart entre cette scène et le voyage en dirigeable, la chienne nous est montrée encore vivante... ce qui est impossible. Mais, à la toute fin, quand on est de retour dans l'appartement, on comprend que cette présence n'était peut-être qu'une illusion.
Le début est savoureux pour la vision ironique du (premier) fascisme qu'il nous livre, Mussolini ressemblant presque à un personnage de manga, avec sa tête disproportionnée.
La rencontre entre les Italiens et les Norvégiens ne manque pas de sel non plus, les premiers, tactiles et enjoués, contrastant avec les seconds, distants et réservés. Les deux équipes vont plus ou moins fraterniser... avant qu'une certaine rivalité n'émerge, autour de la paternité de la découverte du pôle nord. Le film, bien que norvégien, met, dans un premier temps, davantage en valeur Nobile, ingénieur méticuleux très attaché à sa chienne, face à un Amundsen très imbu de sa personne.
Cela devient un véritable roman d'aventures, un peu à la Jules Verne, avec des éléments déchaînés, des humains courageux... et une baleine amicale.
Le ton change ensuite, la comédie cédant la place à une histoire plus triste. Les anciens associés sont devenus rivaux. Si Amundsen garde son tempérament, Nobile est montré comme plus renfermé, orgueilleux. Je laisse à chacun le soin de découvrir comment cela se termine.
Le dessin m'est apparu assez simple, peu raffiné, convenant plutôt à des enfants. J'ai en revanche beaucoup aimé la musique d'accompagnement, qui entremêle des airs traditionnels italiens, du jazz et au moins une mélodie que j'avais déjà entendue dans The Grand Budapest Hotel.
22:44 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Dounia et la princesse d'Alep
Dounia est une petite fille syrienne. La princesse qui la protège est un mélange de fée et des souvenirs de sa mère. S'inspirant du vécu de plusieurs familles de migrants, la réalisatrice Marya Zarif a écrit cette fiction qui débute dans une Syrie en paix, avant la guerre civile.
A celles et ceux qui connaissent la suite, cette introduction apparaîtra comme un paradis perdu, dans une ville où les communautés cohabitaient harmonieusement. (Il y a un quartier chrétien, où réside une amie de la famille de Dounia.) On prend toutefois soin de préciser qu'il fallait faire attention à ce qu'on disait, puisque "les murs ont des oreilles". La dictature de Bachar el-Assad finit par frapper la famille, mais le pire arrive avec la guerre. Une partie des habitants de la ville décide d'émigrer.
La deuxième partie montre cette migration, qui passe par la Turquie, la Grèce et l'Europe centrale. Destination : l'Allemagne, la Suède... ou un autre pays, que l'on ne découvre qu'à la fin de l'histoire.
La singularité de ce film-ci tient dans les interventions miraculeuses, qui permettent aux migrants de surmonter certains obstacles. De mystérieuses graines jouent un rôle décisif, tout comme la fameuse princesse... ainsi qu'une ancienne divinité mésopotamienne. On a visiblement placé l'intrigue sous l'égide du multiculturalisme, en évitant de présenter le moindre migrant de manière négative : ils sont tous gentils et bienveillants. Les passeurs sont l'exception. De manière tout à fait justifiée, ils apparaissent (syriens ou turcs) comme des profiteurs, en général peu fiables. (Je me dois toutefois de signaler une incohérence dans l'intervention du second : j'ai d'abord eu l'impression qu'il embarquait sur le canot pneumatique en compagnie des migrants... mais on ne le voit plus ensuite.)
Sur le plan visuel, il n'y a rien d'exceptionnel, mais le style est assez accrocheur, un peu dans le ton des films de Michel Ocelot. Il règne parfois une ambiance digne des Mille et une nuits dans ce film, agrémenté d'une musique orientale entraînante.
J'ai aussi bien aimé les aspects liés à la vie quotidienne des Syriens, notamment tout ce qui a trait à la nourriture, transmis soit par la grand-mère cuisinière, soit par le commerçant fier de son ingrédient secret.
En dépit de quelques facilités, le film est à l'image de son personnage principal : attachant.
17:34 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films