samedi, 01 avril 2023
The Lost King
Ce « roi perdu » est Richard III, le dernier souverain Plantagenêt (d'origine française) de l'Angleterre. Outre-Manche, dans la mémoire collective, il est resté comme un imposteur et le personnage principal d'une pièce de théâtre de William Shakespeare, durant laquelle il s'exclame « Mon royaume pour un cheval ! »
C'est d'ailleurs à l'issue d'une représentation de cette pièce que l'héroïne, Philippa Langley, décide d'approfondir le sujet, agacée par la légende noire qui colle au personnage, avec lequel elle semble se trouver des points communs.
Le problème (au regard des autres) est qu'elle n'a rien d'une historienne. C'est juste une passionnée, qu'une forme de désamour vis-à-vis de son métier conduit à se lancer dans une improbable entreprise : la localisation de la tombe de Richard III, réputée perdue. Ses recherches la font évoluer entre Édimbourg (en Écosse) et Leicester.
Dans le rôle principal, Sally Hawkins (déjà excellente dans La Forme de l'eau) est épatante. Elle réussit à incarner cette femme entre deux âges, ni laide ni vraiment belle, plutôt effacée et souffrant du syndrome de fatigue chronique... ce qui ne va pas arranger ses affaires.
Avec John (Steve Cogan, coscénariste du film, d'un flegme irrésistible), elle forme un couple/duo au fonctionnement atypique, l'ex-mari jouant parfois davantage le rôle d'un grand frère.
Cela nous vaut quelques échanges savoureux, l'un d'entre eux survenant après que Philippa a appris qu'en dépit de son engagement au travail, elle ne bénéficierait pas d'une promotion :
- De quoi as-tu besoin ?
- D'un pénis !
- Tu peux prendre le mien, il ne m'est guère utile ces temps-ci.
(C'est évidemment à déguster en version originale sous-titrée, pour profiter du talent de Cogan à exprimer l'équanimité de John, que rien ne semble déconcerter et qui, sur un ton égal, peut parler du repas du soir comme de son prochain rendez-vous galant.)
La situation se gâte lorsque Philippa commence à avoir des visions, celles de Richard III, en costume médiéval, avec lequel elle finit par engager la conversation ! C'est totalement improbable, mais Stephen Frears (ici celui de Philomena plus que du Confident royal) réussit à caser cela dans son intrigue, qui évolue entre deux dimensions, celle d'un réalisme extrême (jusque dans les recherches archéologiques) et celle d'un (doux) délire éveillé, grâce auquel l'héroïne retrouve goût à la vie.
Dans sa croisade historique, elle rencontre une galerie de personnages hauts en couleur, notamment les membres de la Richard III Society, avec lesquels les échanges ne manquent pas de saveur. Au détour d'une scène, on croise quelques figures connues, comme celle d'Amanda Abbington (vue récemment dans Safe et remarquée il y a quelques années en tant que Mary Watson, dans la série Sherlock).
J'ai adoré ce film, à la fois enquête archéologique, histoire de couple à rebondissements et hommage aux personnes ordinaires, passionnées par un sujet, qui, parfois, font plus pour la connaissance historique (et sa diffusion dans le grand public) qu'un universitaire pontifiant.
P.S.
Aussi étonnant cela puisse-t-il paraître, il s'agit d'une histoire vraie, dont les développements archéologiques ont fait l'objet d'un passionnant documentaire, diffusé il y a quelques années sur France 5.
A l'époque, les médias avaient peu (voire pas) évoqué le rôle joué par Philippa dans la découverte du squelette. Le film a pour objectif de lui rendre hommage... sans épargner les autorités académiques (en particulier l'université de Leicester), qui ont traité la découvreuse comme quantité négligeable. Outre-Manche, cela a d'ailleurs suscité une petite polémique lors de la sortie du film, certains estimant que la contribution de la « chercheuse intuitive » était excessivement grandie par la fiction.
11:22 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Commentaires
Je reviendrai lire mais Sally, Steve et Stephen : INRATABLE, je fonce.
Écrit par : Pascale | samedi, 01 avril 2023
Un délice ce film.
J'ai tout aimé et contrairement à toi je trouve Sally très jolie.
C'est une histoire dingue, brillamment racontée.
J'ai un gros faible pour Steve Cogan, acteur merveilleux et mari idéal dans le film.
Retrouver Mark Addy est agréable. Il est très bon.
Ne connaissant ni Safe ni Sherlock, je ne vois pas qui est l'actrice que tu évoques.
Écrit par : Pascale | mardi, 04 avril 2023
Dans le film, l'actrice incarne la femme aux cheveux courts (teints en blond) qui mène la réunion ayant pour sujet le financement du projet de l'héroïne. Elle est plutôt du côté de celle-ci.
Je te conseille vivement de voir la série "Sherlock" (produite par la BBC, comme "The Lost King" d'ailleurs). Outre la performance de Benedict Cumberbatch (associé à Martin Freeman), on peut savourer des épisodes (douze au total) réalisés avec une certaine inventivité.
Écrit par : Henri G. | mercredi, 05 avril 2023
Je me suis très rapidement arrêtée sur Sherlock la série mais le côté flash permanent m'a déroutée et j'ai trouvé ça insupportable.
12 épisodes ??? J'ai l'impression que c'est 12 000 cette série est constamment programmée sur je ne sais plus quelle chaîne. Ce serait les mêmes épisodes qui tournent en boucle ?
Écrit par : Pascale | vendredi, 07 avril 2023
Plusieurs séries mettent en scène Sherlock Holmes, mais une seule avec Benedict Cumberbatch. Le petit nombre d'épisodes doit avoir été multirediffusé.
Écrit par : Henri G. | vendredi, 07 avril 2023
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