jeudi, 06 avril 2023
Bonne conduite
Il est difficile de résumer ce qu'est cet improbable film de Jonathan (bien) Barré. Cela commence comme un thriller vengeur, empreint de bretonnitude. Il manque sans doute une case ou deux à la serial killeuse (on comprend plus tard pourquoi), de surcroît assez maladroite. C'est qu'on ne s'improvise pas tueuse en série du jour au lendemain ! Dans le rôle de cette moderne Némésis, Laure Calamy n'était peut-être pas le meilleur choix (une actrice plus athlétique aurait sans doute mieux convenu), mais elle ne manque pas d'allant. Elle s'est de plus pleinement investie dans un personnage tragicomique auquel elle évite de sombrer dans le ridicule.
Elle bénéficie aussi d'un entourage masculin très bien choisi. Le duo d'antagonistes qu'elle forme avec Tchéky Karyo m'a bien plu, tout comme l'intervention du binôme d'enquêteurs (les compères Marsais et Ludig), suffisamment professionnel pour s'approcher régulièrement de la conclusion de l'enquête... et suffisamment crétin pour à chaque fois passer à côté de l'évidence (voir la scène au cours de laquelle on découvre le nom d'un bateau).
L'intrigue surprend parce qu'à la soif de vengeance s'ajoutent un trafic de drogue, une croisade antiradars... et une peinture peu reluisante de la délinquance routière. Même s'il est évident qu'on est là d'abord pour rigoler (fût-ce de manière macabre), on sent à plusieurs reprises poindre la volonté de faire toucher du doigt ce que représentent chaque année tant de drames routiers. A cet égard, la plus belle scène se trouve à la fin, quand l'héroïne est sur le point d'accomplir sa vengeance suprême... mais une surprise est au-rendez-vous, qui donne une belle profondeur à l'histoire. (Joli caméo d'Olivier Marchal, soit dit en passant.)
D'un point de vue technique, outre la réutilisation des codes des films de genre, on peut noter aussi la volonté de mettre en scène les "moments inutiles" d'une intrigue de film à suspens, ces espaces intermédiaires au cours desquels les protagonistes accomplissent des gestes anodins, réputés ralentir l'action, voire casser son rythme. Ici, au contraire, le réalisateur se délecte de ces moments cocasses, parfois gênants, qui font de son film une œuvre inclassable, source de délassement.
22:58 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
Commentaires
J'hésitais beaucoup mais tu me tentes.
Quand tu parles de bretonnitude, c'est que le film se passe en Bretagne ?
Écrit par : Pascale | vendredi, 07 avril 2023
Le réalisateur (Jonathan Barré) est né en Bretagne, a grandi en Bretagne... et habite en Bretagne. Il en propose de jolis plans... et une vision parfois humoristique.
Attention toutefois :c'est du Palmashow. Cela a déconcerté certains spectateurs. Je pense aussi que le portrait sans concession que le film fait de certains fous du volant (dépeints comme de gros beaufs) n'a pas plu à tout le monde...
Écrit par : Henri G. | vendredi, 07 avril 2023
J'ai bien aimé.
5 personnes sont sorties de la salle (nous étions 10) au bout d'une demi heure bien agacées en marmonnant et 2 dames à cheveux blancs ont parlé non stop comme dans leur salon.
Séance dissipée.
Les gens sont un peu cons non ?
Écrit par : Pascale | dimanche, 09 avril 2023
Je pense que certains spectateurs, ne s'étant pas suffisamment renseignés sur le film, s'attendaient à voir une sorte d'Antoinette dans les Côtes d'Armor. Laure Calamy attire désormais du public sur son nom.
Quant aux bavards impénitents, il me semble qu'une partie d'entre eux réagit à des lieux qu'ils ont peut-être vus lors d'un séjour en Bretagne... mais, franchement, on en a rien à foutre de leurs vacances !
Écrit par : Henri G. | dimanche, 09 avril 2023
Ah oui, pas faux... certains pensent sans doute que Laure va faire son Antoinette toute sa vie.
Les 2 pipelettes parlaient déjà avant le film. Pendant les pubs, ça ne me dérange pas mais ce n'est pas bon signe.
Vu la bourgitude des dames, je pense que si elles s'étaient intéressées au film, elles seraient sorties. Mais je suis peut-être aveuglée par les clichés.
Écrit par : Pascale | dimanche, 09 avril 2023
Les commentaires sont fermés.