samedi, 08 juin 2024
Memory
Je crois que c'est le premier film de Michel Franco que je vois dans une salle obscure. (Ou alors, c'est que ma mémoire me joue des tours...) J'y suis donc allé sans les a priori qu'éprouvent certains critiques professionnels à son égard.
Le personnage principal est celui de Sylvia, une femme entre deux âges, aux revenus modestes, qui travaille dans un centre pour adultes handicapés. Mais ce n'est pas l'endroit où on la découvre. La première séquence, composée essentiellement de gros plans, nous plonge dans une réunion des alcooliques anonymes. Il nous faudra un peu de temps pour comprendre pourquoi cette ex-alcoolo se barricade chez elle, évite les rendez-vous et, dans les lieux publics, met tout le monde à distance... en particulier les hommes.
Le thème de la mémoire est introduit en même temps que le personnage de Saul, qui souffre de démence précoce, à un stade encore peu avancé. Pourquoi, un soir, se met-il à suivre Sylvia ? Mystère...
Ce n'est pas par les dialogues, mais par la mise en scène que le réalisateur nous plonge dans la psychologie des personnages. Il est bien aidé par des acteurs formidables, premiers comme seconds rôles, même si je placerais Jessica Chastain au-dessus du lot. Une fois de plus, elle est épatante. Je suis étonné de la facilité avec laquelle celle qui peut incarner une héroïne glamour se glisse dans la peau d'une travailleuse sociale.
Une étrange relation s'ébauche entre Sylvia et Saul, relation qui, au fur et à mesure qu'on en apprend plus sur le passé de l'héroïne, peut paraître glauque. Mais l'homme souffrant de démence n'est pas le seul personnage à connaître des problèmes de mémoire. Franco nous laisse volontairement dans l'incertitude, aussi bien au niveau des dialogues que de certains gestes de ses personnages... jusqu'à ce que, dans la dernière partie, survienne le coup de théâtre.
C'est brillant, très bien joué. De surcroît, le cinéaste a su conclure son film de manière touchante. C'est pour moi l'excellente surprise de ce début du mois de juin.
23:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Commentaires
A part l'épisode glauque du passé concernant Sylvia et Saul, assez incompréhensible, que tu évoques (je me suis d'ailleurs demandé si Sylvia ne mentait pas pour être inutilement méchante, ce qui n'aurait aucun sens) j'ai été bouleversée par ce film cruel et doux.
Jessica Chastain est formidable c'est évident mais j'ai trouvé Peter Saarsgard très juste et infiniment touchant. Lorsqu'il est nu dans la salle de bains, qu'il a des difficultés à se relever, qu'il est gêné qu'elle le voit ainsi, qu'elle lui dit : c'est mon travail... cette scène m'a mise KO.
Son prix d'interprétation à Venise est amplement mérité.
J'aime ce film.
Tu pourrais aimer un autre film de Franco, Despues etc...
Écrit par : Pascale | dimanche, 09 juin 2024
Répondre à ce commentaireJe pense que l'attitude et les accusations formulées par le personnage de Sylvia sont cohérentes, même si, quand on ne connaît pas le fond de l'histoire, on est tenté de penser que le scénario est mal écrit.
ATTENTION DIVULGACHAGE !
Comme la jeune fille ne peut pas accuser publiquement son propre père de l'avoir violée, dans l'enceinte de la maison, avec l'accord tacite de sa mère, elle reporte ses accusations sur des garçons du lycée, eux-mêmes sans doute réputés pour ne pas y aller mollo avec les filles.
On finit par comprendre que Saul ne l'a sans doute pas maltraitée par le passé, mais ce n'est peut-être pas le cas de son copain (Bob ?). Du coup, le personnage de Sylvia aurait été violé par au moins deux hommes, son père et le lycéen de Terminale... On comprend qu'elle soit devenue alcoolique, de surcroît face au déni de sa mère.
Écrit par : Henri G. | dimanche, 09 juin 2024
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