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C'est la folie dans le canton de Rodez-Est !

   Ce canton est réputé être le plus à droite de l'agglomération ruthénoise. Pourtant, en 2004, il fut conquis par le socialiste Stéphane Bultel, un peu aidé il est vrai par les divisions de la droite locale.

   Sept ans plus tard, la situation semble s'être inversée. Les socialistes et leurs alliés ont triomphé sur le Piton : Christian Teyssèdre tient la mairie, Ludovic Mouly la Communauté d'agglomération et les dernières consultations électorales ont placé la gauche en tête au niveau du département. Mais celle-ci ne cesse de se chamailler.

   Du coup, le sortant Stéphane Bultel a la partie un peu plus compliquée qu'en 2004. Il a déjà deux concurrents "à gauche" : Emmanuel Liraud pour le Front de Gauche (en 2004, Françoise Toledano représentait le Parti communiste) et Emily Teyssèdre-Jullian (en tandem avec le Vert Bruno Berardi, qui n'avait pas atteint 9% en 2004), élue du Monastère, qui a déjà été candidate aux européennes de 2009 pour le compte du Modem (tendance Cap21). Stéphane Bultel aura-t-il un-e candidat-e du PRG dans les pattes comme en 2004 ? Mystère. Pas de nouvelles non plus du NPA pour l'instant.

   A droite, Bernard Saules pensait avoir réussi à faire le vide autour de lui. Il est, à l'heure actuelle, le seul candidat affilié à la majorité départementale. Aucun divers droite à l'horizon (pour l'instant). On n'entend pas plus parler du FN, mais il serait étonnant qu'il ne soit pas représenté.

   Reste la candidature surprise, celle de Gérard Galtier, oui, le principal rédacteur du Nouvel Hebdo. Il a annoncé sa candidature dans le numéro 160 de vendredi 28 janvier. Il ne se réclame que du "Parti d'en Rire".

   D'abord, pourquoi sur ce canton-là ? Est-ce parce qu'il y habite ? Est-ce en raison de la personnalité des autres candidats ? Qu'en pensent les autres rédacteurs du Nouvel Hebdo ? Peut-être certains d'entre eux ne voient-ils pas d'un bon oeil cette candidature, alors que Bernard Saules a jusqu'à présent eu plutôt bonne presse.

   Je pense que c'est la configuration du second tour (si second tour il y a) qui nous éclairera. Si c'est un face-à-face Bultel-Saules, on observera les consignes de vote données par chacun. S'il y a triangulaire (au premier tour, il faudra obtenir 12,5% des inscrits pour pouvoir se maintenir au second) deux possibilités sont à envisager :

- soit Bernard Saules se retrouve face à Stéphane Bultel et Emily Teyssèdre-Jullian (celle-ci devant récolter, en cas d'un taux de participation de 70%, environ 18% des suffrages exprimés... et même davantage si l'on tient compte des bulletins blancs et nuls... pas facile) et dans ce cas, ce sont les électeurs des autres candidats (ainsi que les abstentionnistes du premier tour) qui feront la différence

- soit Stéphane Bultel affronte Bernard Saules et Gérard Galtier (si sa candidature prend) et là, tout est possible.

   On peut aussi imaginer une quadrangulaire, opposant Bultel, Teyssèdre-Jullian, Saules et Galtier. Pour en arriver là, il faudrait qu'au premier tour, les votes soient répartis de manière très équilbrée entre les quatre candidats (et que les autres ne récoltent que des miettes), ou que la participation, très forte, permette aux "candidats secondaires" d'atteindre les fameux 12,5 % des inscrits.

   J'en termine là en sachant bien que je n'ai pas du tout abordé les programmes. Ce sera pour une prochaine fois, quand la liste définitive des candidats sera connue.

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vendredi, 28 janvier 2011 | Lien permanent | Commentaires (4)

Combat de titans à La Salvetat-Peyralès

   Attention, attention ! Les prochaines élections cantonales vont être le théâtre d'affrontements sans merci !... et, pour lire ce billet dans le contexte approprié, il est souhaitable d'écouter en fond la musique du film Rocky !

   Ca y est ? Vous y êtes ? Passons à la suite.

   L'enjeu est le canton de La Salvetat-Peyralès, situé dans l'ouest du département :

Salvetat canton.jpg

   Il est composé de cinq communes : Lescure-Jaoul, La Salvetat-Peyralès, Tayrac, Castelmary et Crespin.

   Voici les deux candidats (principaux) en lice :

Ichard-At.jpg

   A ma gauche se trouve Catherine Ichard, soutenue par le Parti socialiste. A ma droite se trouve André At, vice-président du Conseil général, soutenu par l'UMP. Il est le sortant. Il est connu pour son caractère assez affirmé, que l'on peut percevoir jusque dans la formulation de ses voeux, exercice pourtant d'une banalité affligeante. Au détour d'une phrase, il déclare : "nul n'est condamné au nivellement par le bas et à l'assistanat". C'est là que l'on se rend compte qu'il a un profil moins lisse que certains de ses collègues UMP de la majorité départementale qui, bien que n'en pensant pas moins, n'oseraient pas, à moins de trois mois d'un scrutin important, s'exprimer publiquement ainsi.

   A l'affrontement homme-femme s'ajoute donc l'opposition de styles et de parcours. Si les deux sont issus du monde agricole, André At est l'archétype de l'élu local traditionnel, notable enraciné dans son territoire, alors que Catherine Ichard incarne une nouvelle tendance, celle d'Aveyronnais qui ont quitté jeunes le département, ont vécu diverses expériences et reviennent, une fois adultes, refaire leur vie "au pays", par choix.

   Les prémices de la campagne laissaient présager une opposition de programmes, Catherine Ichard, à l'image de toute la gauche aveyronnaise, pilonnant la majorité actuelle sur sa proximité avec le gouvernement Fillon, responsable de la disparition des services publics dans le monde rural. Du coup, à droite, on  a changé son fusil d'épaule et on a entamé le refrain de la défense de la ruralité.

   Récemment (le 27 janvier), dans Centre Presse, on a pu lire un article dans lequel André At joue semblable partition :

At CPresse 27 01 2011.JPG

   Il a par contre usé d'une formule à double tranchant, celle de "bouclier rural". On voit bien quelle est l'idée derrière, mais, dans la bouche d'un élu UMP, cela n'est pas sans évoquer le fumeux "bouclier fiscal", clé de voûte (décriée) de la politique économique sarkozyenne...

   Le choix du suppléant est aussi révélateur de la "tactique". Quoi qu'on en dise, ce poste est, dans la très grande majorité des cas, décoratif, le numéro 2 ne jouant un rôle que lorsque le titulaire du mandat vient à démissionner (pour cause de cumul des mandats par exemple, comme cela est arrivé à Rodez-Ouest, où le maire et nouveau conseiller régional Christian Teyssèdre a cédé la place à Nicole Laromiguière). Voir l'article L221 du code électoral.

   La suppléante d'André At (l'article L210-1 du code électoral contraint à désigner une personne de sexe différent) est, ô surprise, agricultrice (comme Catherine Ichard), sur la commune de La Salvetat-Peyralès (comme Catherine Ichard), André At étant lui maire de Crespin.

   De son côté, la candidate soutenue par le Parti socialiste a dû choisir un homme pour suppléant. Au départ, La Dépêche du Midi (très au fait des informations touchant l'ouest du département) croyait que ce serait François Saurel, maire de Lescure-Jaoul depuis 1995. Ce sera finalement Michel Lacassagne, qui a l'inconvénient de travailler à Villefranche-de-Rouergue... mais qui est pompier volontaire au centre de secours local, ce qui compense largement !

   Quelle sera la clé du scrutin ? Je n'en sais trop rien. J'ai l'impression que ce n'est pas autour d'André At mais de sa rivale que cela va se jouer. En gros, le conseiller général sortant est connu, il a ses partisans et ses détracteurs (qui ne voient pas d'un bon oeil tous les travaux routiers réalisés sur le canton). La question est de savoir quel est le degré d'implantation de Catherine Ichard (qui s'est réinstallée en 2002) et quelle sera l'attitude des électeurs de la commune de La Salvetat-Peyralès, de loin la plus peuplée du canton.

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jeudi, 03 février 2011 | Lien permanent | Commentaires (37)

Les bouchons de Rodez

   C'est la polémique du moment, illustrée par la publication de deux tribunes antagonistes, dans le quotidien Centre Presse, ce mardi 19 juillet.

   A droite, nous avons Jean-Claude Luche, le président du Conseil général, fort de son succès aux élections cantonales de 2010, qui a naguère lancé l'idée du "barreau de Saint-Mayme" (une coûteuse fumisterie à mon avis) :

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   Il est parfaitement dans son rôle quand il soutient le désenclavement du Nord Aveyron. Il est pertinent d'agir au niveau du réseau des routes départementales, ce qui, de surcroît, donne du travail à des entreprises locales. Mais M. Luche a aussi en tête d'autres élections, qui auront lieu en 2012 (les législatives) et 2014 (les municipales et les territoriales, si la réforme des collectivités est maintenue en l'état). Lui qui accuse son adversaire de tomber dans la "politique politicienne" est en plein dedans... Notons qu'il a eu l'habileté d'intégrer à son communiqué une batterie de conseillers généraux... dont celui de Mur-de-Barrez, proche des socialistes.

   A gauche, nous avons Christian Teyssèdre, le maire de Rodez (et vice-président de la Communauté d'agglomération), qui a, ces temps derniers, quelques difficutés à fédérer les énergies de sa majorité :

politique,actualité

   A mon avis, il a raison quand il pointe le désengagement de l'Etat, en charge normalement des routes nationales (le grand contournement de Rodez devant s'inscrire dans le doublement de la RN 88). Il est aussi pertinent quand il note le manque d'efficacité des élus de droite qui gèrent le département depuis des décennies... même si seules les routes départementales sont en théorie de leur ressort. Mais surtout, il fait deux propositions concrètes, peu coûteuses au regard des travaux considérables qui nous ont déjà été annoncés. Ces deux propositions méritent examen :

politique,actualité

   Dans le texte comme sur l'image, j'ai souligné en rouge la première proposition. Le problème est que les nombreux véhicules qui descendent l'avenue de Bordeaux et dont la destination est Onet-le-Château sont actuellement contraints de passer par la rue menant au giratoire Saint-Félix (trajet et pointillés noirs), alors qu'ils passent à quelques mètres d'une descente menant directement à leur destination. Sur l'image, en rouge, j'ai souligné le tracé actuel, qui oblige les véhicules à suivre le sens de la flèche. Pour pouvoir emprunter la route de Vabre, il leur faut poursuivre jusqu'à la gare (vers la droite de l'image) pour faire demi-tour. La plupart choisissent de tourner à gauche en bas de l'avenue de Bordeaux, direction Albi. Et bonjour les embouteillages... La proposition du maire de Rodez paraît frappée au coin du bon sens : matérialiser au bas de l'avenue de Bordeaux un grand rond-point de forme elliptique permettrait à ces véhicules d'emprunter la descente (en suivant les pointillés rouges).

   Dans le texte comme sur l'image, j'ai souligné en bleu la seconde proposition. Le problème est que nombre de véhicules venant de Decazeville ou Rignac (en haut à gauche), et désirant emprunter la route d'Albi, sont contraints de poursuivre jusqu'au rond-point Saint-Félix où ils contribuent à l'engorgement. La proposition du maire de Rodez me paraît là encore tomber sous le sens : relier le rond-point précédent (celui de la Gineste) à la route d'Albi, même si cette solution ne peut manquer de créer quelques problèmes au moment de l'entrée de ce flux de véhicules sur la rocade. Mais cela contribuerait incontestablement à fluidifier la circulation à la sortie de Rodez.

   Le maire de Rodez chiffre ses propositions à deux millions d'euros... à comparer aux sommes astronomiques parues dans la presse ces derniers mois.

   A suivre...

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mardi, 19 juillet 2011 | Lien permanent

Le combat des magazines à Rodez

   C'est fou des fois ce à côté de quoi on peut passer ! A l'été 2008, peu de temps après les élections municipales qui virent la gauche l'emporter (un peu à la surprise générale) dès le premier tour, apparut un nouveau magazine gratuit, sur le Grand Rodez : A l'oeil. Ce quinzomadaire farci de publicité locale proposait, outre les programmes télévisés, quelques articles consacrés à la vie politique ruthénoise.

   De mauvaises langues ne tardèrent pas à affirmer que, sous couvert de neutralité, c'était là une machine de guerre anti-Teyssèdre (le nouveau maire P.S. du chef-lieu aveyronnais). Le rédacteur principal (la dénomination de sa fonction peut varier selon le numéro consulté) est Jean-Philippe Murat. En cherchant un peu, je me suis aperçu qu'il avait été candidat aux dernières municipales : c'était le numéro 3 de la liste (de centre-droit et d'ouverture) conduite par Jean-Louis Chauzy, président du Conseil Economique et Social Régional :

Liste Chauzy.JPG

   La liste sur laquelle il figurait, arrivée deuxième, ayant recueilli plus de 19 % des suffrages exprimés, trois sièges lui ont été attribués ; il est donc devenu conseiller municipal (d'opposition).

   On retrouve son orientation politique dans la liste des personnalités dont il publie un entretien, à chaque numéro. Certaines ne sont pas ostensiblement marquées politiquement. Quelques-unes sont de gauche, pour faire bien. Mais on remarque tout de même une prédominance de l'opposition municipale, avec Maïté Laur (ex-colistière de J.-P. Murat) dans le numéro 18, Jean-François Théron (ancien adjoint de Marc Censi qui a figuré en antépénultième position sur la liste de Frédéric Soulié... dans le même numéro, une page est dédiée à un autre vétéran de l'équipe Censi, Dominique Costes, qui figurait en treizième position sur la liste Chauzy, oui, celle du rédacteur de A l'oeil !), Jean-Louis Chauzy himself dans le numéro 23, Jean-Claude Luche (le patron U.M.P. du département) dans le numéro 24, Bernard Saules (élu en deuxième position sur la liste U.M.P. conduite par Régine Taussat en 2008) et enfin Frédéric Soulié (ex-tête de liste soutenue par Marc Censi, auquel des articles font souvent allusion) dans le numéro 30. Ce dernier, qui tente d'apparaître comme le "premier opposant" à Christian Teyssèdre (essayant ainsi d'unifier le centre et la droite ruthénois... ambition que semble aussi caresser J.-P. Murat), a balancé des propos qui ont nécessité la parution d'un droit de réponse du maire de Rodez dans le numéro 31 où, curieusement, le grand entretien se fait avec sa première adjointe... manière de tenter d'apaiser le courroux du premier magistrat ruthénois ?

   Tout cela m'amène donc au dernier numéro de A l'oeil, le 31, qui n'est pas sans perfidie. Les rédacteurs laissent transparaître une certaine inquiétude quant à la parution du premier numéro d'un nouvel hebdomadaire local, Le Ruthénois. Ainsi, comme celui-ci propose, en début de journal, une caricature, pour la première fois depuis sa création en 2008, A l'oeil en publie une (et annonce la naissance de cette nouvelle rubrique) :

A l'oeil n°30.JPG

   C'est évidemment la caricature de l'un des promoteurs du nouvel hebdomadaire, qui vient marcher sur les plates-bandes de A l'oeil... et risque de lui chiper quelques ressources publicitaires. Le magazine gratuit saisit cette occasion pour faire le point sur son credo. L'éditorial, signé Paul d'Orsini (inconnu au bataillon), précise que le quinzomadaire a été fondé par J.-P. Murat et Roselyne Trochessec (qui a déjà une petite expérience dans la gestion des médias locaux). Rien n'est dit malheureusement à propos du "groupe d'actionnaires locaux" qui a financé l'opération. Histoire de couper aussi un peu l'herbe sous le pied du Ruthénois (qui détaille l'affaire dans un article autrement plus fouillé), en page 2, un écho fait état du mini-scandale qui secoue le microcosme à propos du choix du logo de promotion des produits aveyronnais.

   A suivre...

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lundi, 08 mars 2010 | Lien permanent | Commentaires (4)

”Le Nouvel Hebdo” numéro 177

   Gérard Galtier consacre son éditorial à la plainte déposée contre le journal par le maire d'Onet-le-Château Fabrice Geniez (soutenu par sa majorité municipale). Il en profite pour revenir sur les démêlés judiciaires qu'a dû affronter le prédécesseur du Nouvel Hebdo, qui s'appelait L'Hebdo.

   Le passage incriminé est paru dans le numéro 164, du 25 février dernier, dans la rubrique Les Castonétoiseries (qui épingle régulièrement l'équipe municipale, sans prendre de gants) :

politique,presse

   Il est vrai que l'article n'est pas d'une grande finesse et fonctionne par allusions. On sent qu'il a été alimenté par un membre de l'opposition castonétoise... ou un employé municipal pas franchement sympathisant de la majorité. Mais de là à aller en justice... aux frais du contribuable, de surcroît ! C'est d'autant plus excessif que le maire avait la possibilité de faire publier un droit de réponse (ce dont ne se prive pas le maire de Rodez, Christian Teyssèdre, quand il est "chatouillé" par un papier). Il ne l'a pas fait.

   Ceci  dit, on ne sait pas encore quand le procès doit se tenir. Je suis sûr que les débats vont être intéressants !

   Un long article est consacré à la polémique née entre le président du Conseil économique, social et environnemental régional, Jean-Louis Chauzy, qui trouve que le développement de l'agglomération ruthénoise patine, et le maire de Rodez, qui a répondu avec son tact habituel... Le Nouvel Hebdo publie en sus une tribune de Jean-Louis Chauzy, qui tente de prendre de la hauteur.

   Restons à Rodez pour une histoire qui commence à faire du bruit. Il s'agit des nuisances, notamment nocturnes, occasionnées par les beuveries étudiantes qui ont lieu en fin de semaine, entre la rue Béteille et l'avenue Tarayre. Pour avoir habité le coin, je peux témoigner avoir vu la tranquillité du quartier rapidement se dégrader. La mairie comme la Police Nationale n'ont apparemment pas fait grand chose... jusqu'au jour où se produira une agression grave ou lorsque l'un de ces alcooliques provoquera un drame au volant. Démagogie jeuniste, quand tu nous tiens !

   Mais les plus âgés adoptent parfois des comportements guère plus responsables. Le problème est qu'en général ils disposent de plus de pouvoir, comme le maire de Villefranche-de-Panat. Celui-ci est mêlé à une sombre histoire : la vente (pour 15 centimes d'euro !) du stade de football communal à une société civile immobilière, dont la gérante est PDG du groupe Papillon (qui fabrique un très bon Roquefort, soit dit en passant). Une association s'est  montée et des élus d'opposition ont décidé de saisir la justice.

   Dans cette affaire, comme le relève Le Nouvel Hebdo, la préfète de l'Aveyron aurait pu jouer un rôle (celui de défense de l'intérêt général, en saisissant la Chambre régionale des comptes) mais, curieusement, elle s'est pour l'instant bien gardée d'intervenir. Seuls les mauvais esprits penseront que l'appartenance du maire de Villefranche-de-Panat à la majorité départementale puisse peser sur le déroulement de  l'affaire...

   On lira aussi avec profit une contribution de Roger Lajoie-Mazenc, sur la naissance du district du Grand Rodez, une question qui suscite des interprétations divergentes.

   Enfin, parmi d'autres choses, je signale un beau papier de Jean Peupluz, titré Prenez le train ! Pendant que nos chers élus se soucient surtout de l'avion et des routes locales, on ne se préoccupe guère du sort des Aveyronnais de base usagers de la ligne Rodez-Paris, que les politiques de droite comme de gauche ont un peu oubliée... à l'exception toutefois de Martin Malvy, le président du Conseil régional.

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vendredi, 27 mai 2011 | Lien permanent | Commentaires (1)

Musée Soulages : l'avenir s'assombrit

   On s'y attendait un peu. Néanmoins, l'annonce, par Jean-Claude Luche, de la division par deux de la subvention du Conseil général de l'Aveyron pour la construction des gigantesques boîtes à chaussures du Foirail a provoqué un mini-séisme politique.

   Pour commencer, notons le léger décalage dans la manière dont deux des quotidiens locaux ont présenté la chose. La Dépêche du Midi, sans reprendre entièrement les propos de Christian Teyssèdre (le maire de Rodez, pas content du tout), choisit un titre plutôt défavorable à Jean-Claude Luche :

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   La photographie est prise en contre-plongée. Le président du Conseil général y paraît puissant (même si cela ne correspond pas tout à fait au titre), presque hautain. On a l'impression qu'il pourrait quand même allonger la thune, mais que, rien pour faire iech le maire de Rodez, il décide de fermer (partiellement) le robinet à subventions.

   Midi Libre attribue son revirement au contexte économique et minimise les conséquences :

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   La photographie présente l'élu en position d'explication. Il est pris quasiment de face, presque en train de s'excuser de devoir baisser le niveau de la subvention. L'article du quotidien montpelliérain passe d'ailleurs plus de temps à détailler les choix budgétaires de J-C Luche qu'à traiter du financement du musée Soulages. Précisons que Luluche a eu l'habileté de reporter une partie des crédits sur des projets soutenus par des mairies de gauche (Onet-le-Château et Millau). Quel métier !

   Ceci dit, sur le fond, je ne peux pas lui jeter la pierre. La situation financière du département n'est pas brillante (même s'il y a bien pire) et, franchement, il a mieux à faire que de financer ce gagdet pour cultureux.

   C'est le moment que choisit le contribuable ruthénois pour se réveiller en moi. Il sent -ce contribuable- que c'est vers lui que l'on risque de se tourner pour boucler le financement du musée. Déjà qu'on ne lui dit pas qui va payer la différence entre l'estimation que des médias continuent à véhiculer (environ 21,5 millions d'euros dont 9,5 pour le Grand Rodez) et celle que le journal publié par la mairie de Rodez a fini par donner en décembre dernier (28 millions d'euros dont 50 % issus des subventions, soit 14 millions pour la Communauté d'agglomération).

   Si le Conseil général divise par deux le montant de sa participation au projet, c'est bien plus de deux millions d'euros qui risquent retomber sur les reins du Grand Rodez : n'oublions pas la part des taxes ! De surcroît, compte tenu du retard pris par les travaux et de la volonté du peintre de reporter l'inauguration de plusieurs mois (le "maître" de l'outrenoir ne voulant pas d'une cérémonie en novembre 2013, en pleine saison "sombre"... un comble !), qui sait quelle somme pourrait encore s'ajouter au total déjà faramineux. On va bien finir par atteindre les 30 millions d'euros que certains commentateurs évoquent déjà depuis des mois.

   Faites les comptes : au lieu d'un montant (faussement) annoncé de 9,5 millions d'euros, c'est 16 ou 18 millions que le Grand Rodez (et donc les contribuables locaux) va devoir sortir du porte-monnaie ! (Déjà en 2010, La Dépêche du Midi précisait que le dépassement de budget devrait être réglé par la Communauté d'agglomération...) On se prend à rêver que l'ex-sénatrice de l'Aveyron Anne-Marie Escoffier, aujourd'hui ministre dans le gouvernement Ayrault, décide de prendre en mains ce dossier pour le défendre devant sa collègue de la Culture, histoire que la contribution de l'Etat puisse passer de 4 à 8 ou 10 millions d'euros...

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mercredi, 12 décembre 2012 | Lien permanent

Chemin de croix

   Pour dénoncer le catholicisme intégriste, le réalisateur allemand Dietrich Brüggemann a réalisé un film intégriste sur le plan formel : constitué essentiellement de plans fixes qui sont autant de plans-séquences (méticuleusement construits). Il a marqué le dernier festival de Berlin (où ont été aussi primés Black Coal, The Grand Budapest Hotel et Boyhood.) Les quatorze chapitres sont calqués sur les stations du chemin de croix.

   La première étape montre un prêtre assis aux côtés des enfants qui suivent le catéchisme. L'ambiance est studieuse, certains semblant toutefois plus investis que d'autres.

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   Même s'il y a moins de treize personnes à table et qu'il n'est pas question d'un repas, on ne peut s'empêcher de penser à la Cène. Sur le fond, on remarque très vite que le prêtre, au-delà d'une façade bienveillante, cache un redoutable propagandiste, qui veut faire de ses jeunes ouailles des catholiques de combat. (L'acteur qui l'incarne est criant de vérité.) L'héroïne, Maria, se montre particulièrement réceptive.

   C'est à l'occasion d'une promenade en famille que Maria sent qu'elle est chargée d'une croix. Tiraillée entre ses aspirations spirituelles et les désirs adolescents qui montent en elle, mal comprise par sa famille, elle se tourne vers la jeune fille au pair (une Française au tempérament indépendant).

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   La "chute" intervient dans le CDI de l'établissement où elle est scolarisée. Des exercices de mathématiques sont l'occasion d'engager la conversation avec un garçon de son âge, lui aussi catholique, mais issu d'une famille non traditionaliste. Cette séquence n'est pas la meilleure du film, mais elle met en place des éléments essentiels de l'intrigue.

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   Fort logiquement, la station suivante ("Jésus rencontre sa Mère") met en scène l'héroïne et sa génitrice, en voiture, lors du trajet qui les ramène à leur domicile. On comprend très vite que la plus perturbée des deux n'est pas la plus jeune... mais l'adulte a pour elle l'expérience, la force... et la fourberie. Elle conduit sa fille à se confesser auprès du prêtre vu au début. Cela nous vaut une scène magnifique avec, d'un côté, la voix de l'homme qui passe par une grille quasi opaque et, de l'autre, le visage très expressif de Maria. (Est-il besoin de préciser que Lea van Acken est formidable ?)

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   Très à l'écoute, le prêtre, à force de persuasion contraignante, pousse l'adolescente à tout révéler... et donc à s'exposer. L'aide que ce Simon de Cyrène moderne lui apporte va-t-elle la rendre plus heureuse ? Elle semble plutôt la couper des jeunes de son âge, comme on peut le constater dans la séquence du cours d'EPS.

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   Malicieusement, le réalisateur introduit aussi l'idée qu'il y a plus intégriste que la jeune catholique : les musulmanes voilées qui ont obtenu d'être dispensées, une idée qui a traversé l'esprit de sa mère, qui envisage même de l'inscrire dans un pensionnat rigoriste.

   La deuxième "chute" survient pendant un repas familial, un moment de la journée qui devrait être une joie, mais qui se transforme en torture psychologique :

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   La consolation pourrait venir de Christian, le garçon qui a su capter son attention. Mais l'héroïne semble avoir fait un autre choix. Son état de santé se dégrade, mais ce n'est pleinement visible qu'au cours de la cérémonie de confirmation, qui la voit "tomber" pour la troisième fois. C'est donc chez un médecin qu'elle est dépouillée de ses vêtements (une référence à la dixième station).

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   L'habileté du réalisateur est de nous faire comprendre le cheminement de la pensée du médecin. Au fur et à mesure qu'il interroge Maria et sa mère, il comprend quelle est la situation.

   La "station" suivante montre l'héroïne clouée, non pas sur une croix, mais sur un lit d'hôpital. A partir de ce moment, j'ai trouvé que cela devenait inutilement larmoyant et prévisible. Mais cela reste dans la logique de l'histoire. La mise en scène reste de qualité, avec une importance plus importante accordée au hors-champ, pour une raison que je me garderai bien de révéler :

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   L'avant-dernière "station" replace la mère au centre. Si, dans un premier temps, c'est sa bigoterie qui ressort, le vernis finit par craquer. C'est aussi la seule occasion de voir le père, un homme très effacé, exprimer un peu de désapprobation. L'histoire se termine poétiquement, avec une fleur et un peu d'élévation.

   Voilà. C'est incontestablement austère... mais Dieu que c'est brillant ! Et quels acteurs !

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vendredi, 12 décembre 2014 | Lien permanent

A l'ombre des 100 000 visiteurs

   La presse a abondamment relayé l'information concernant le grand nombre de visiteurs du musée Soulages, dépassant les prévisions de ses promoteurs. Mais les auteurs des articles n'ont pas trop cherché à en savoir plus. Ainsi, à l'exception notable du Nouvel Hebdo, aucun périodique n'a précisé le nombre d'entrées payantes.

   Du côté des quotidiens locaux, on a fait surtout de la communication. Centre Presse y va fort en qualifiant le musée de "phare culturel de la ville" et insiste sur l'impact touristique de Soulages, évoquant aussi l'augmentation du nombre de visiteurs des autres musées ruthénois. Midi Libre souligne aussi cet aspect, mais se consacre davantage à l'hôtellerie-restauration. Au passage, l'auteure de l'article lance une pique aux "soulageophobes" locaux, oubliant que c'est sur le long terme qu'il faudra juger du succès de l'établissement.

   La Dépêche du Midi cite les propos du maire de Rodez (Christian Teyssèdre) et donne des chiffres précis... mais pas tous ceux que l'on attendait, hélas. On apprend toutefois que les 100 000 entrées n'ont rapporté que 417 000 euros... alors que le billet (commun aux trois musées, ce qui est une bonne idée) coûte 7 euros (4 euros pour les comités d'entreprises et les - environ 11 000 - titulaires de la carte XXL du Grand Rodez). Cela signifie qu'une part importante des visiteurs n'a pas payé. On ne sait pas quelle proportion ils représentent, faute de connaître le nombre de billets à 7 et 4 euros.

   On apprend aussi que la boutique du musée connaît un grand succès, ce dont tout visiteur du début avait pu se rendre compte. Déjà, le 16 juin dernier, Centre Presse parlait de la ruée sur le petit espace commercial du musée... sous-entendant que tous ceux qui repartaient avec un ou deux ouvrages n'avaient pas forcément payé. Et pourtant, au début du projet, cette boutique n'avait pas d'existence assurée. On réalise aujourd'hui qu'on a bien fait de l'étoffer et que c'est même devenu un atout de l'établissement, qui deviendrait ainsi, le siège de la librairie de référence sur Soulages.

   Sans surprise, le quotidien économique Les Echos s'appuie lui aussi sur ces données pour évoquer la réussite du musée. Il est même plus précis sur le chiffre d'affaires de la boutique (329 575 euros, contre 329 000 selon La Dépêche).

   Le Figaro rentre moins dans le détail des recettes, mais il précise le nombre d'entrées par mois. Il relaie aussi les critiques émises à propos des horaires d'ouverture. On peut en effet légitimement penser qu'avec une offre plus étendue, le musée aurait accueilli encore plus de visiteurs. La journaliste a peut-être copié ce qu'elle a lu dans l'article de Centre Presse (paru une semaine plus tôt), auquel elle a aussi emprunté la formule "phare culturel".

   On termine avec La Croix et un article assez long. On y retrouve et le détail des recettes et les entrées par mois. Manquent juste la proportion d'entrées payantes et l'origine des visiteurs.

   Tournons-nous donc vers Le Nouvel Hebdo et le "Grain de sel" de Gérard Galtier. On y découvre que la part d'entrées payantes n'atteint même pas 60 % du total. En effet, aux visiteurs de l'inauguration (portes ouvertes), il faut ajouter ceux du premier dimanche de chaque mois, où l'entrée est gratuite. Affluence garantie... signe aussi (peut-être) que les locaux, s'ils viennent jeter un oeil au musée qui a fait la "une" des médias, ne sont pas prêts à payer pour cela. A l'avenir, il est un autre public qui contribuera à accroître le nombre d'entrées sans participer financièrement : les scolaires... mais cela fait partie des missions de tout établissement de ce type.

   Ceci dit, on ne va pas faire la fine bouche. En tant que contribuable du Grand Rodez, je me réjouis que les recettes du musée soient plus importantes que prévu. C'est autant que nous n'aurons pas à remettre au pot. Notons toutefois qu'il s'agit (concernant les entrées payantes) des recettes des musées, le billet étant commun.

   Je termine par une information que, là encore, je n'ai lue que dans Le Nouvel Hebdo. Figurez-vous que le directeur du musée, tout comme son adjointe, ont choisi le mois d'août pour partir en vacances et ce, alors que la tension était à son comble en matière de gestion du personnel. En effet, le succès du nouvel établissement a contraint de revoir les emplois du temps... et il me semble que l'on a un peu déshabillé Fenaille (et Denys-Puech) pour habiller Soulages. Visiblement, pendant que l'élite partait se dorer la pilule, la valetaille était priée d'assurer le service...

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samedi, 30 août 2014 | Lien permanent

Qui a payé ?

   C'est une question à laquelle on aurait aimé avoir la réponse en lisant la presse locale. Dimanche 28 septembre 2014, le président du Conseil général Jean-Claude Luche a été facilement élu sénateur de l'Aveyron. Il a entraîné avec lui le député Alain Marc (accessoirement premier vice-président du Conseil général), à qui il a cependant fallu un second tour, une centaine de grands électeurs (sans doute ruraux), pourtant proches de la Majorité départementale, ne jugeant pas sa candidature légitime (et osant l'exprimer dans les urnes).

   Après le stress du dépouillement, à la salle des fêtes de Rodez, est venu le temps des réjouissances, dans le nouvel espace culturel de Saint-Geniez-d'Olt, dans le fief de Jean-Claude Luche. Cela nous a valu un bel article dans Centre Presse, jeudi 2 octobre (le temps pour le journaliste de se remettre de cette soirée mémorable, sans doute) :

CPresse 02 10 2014.jpg

   Plus de cinq cents personnes ont assisté à ce qui est qualifié d' "apéritif dînatoire", en clair un mini-gueuleton que l'on savoure plutôt debout. Mais, s'il y avait des invités, c'est donc qu'il y avait un hôte. Qui cela pouvait-il bien être ?

   La logique voudrait que ce soit Jean-Claude Luche, sur ses deniers personnels (ne vous emballez pas : ce sont les indemnités de ses différents mandats, qui sortent de notre poche), qui ait réglé la note. Est-ce le cas ? On ne nous le dit pas.

   La petite sauterie s'est passée à Saint-Geniez-d'Olt, dans une salle qui a été rénovée notamment grâce à 100 000 euros issus de la partie ministérielle de la réserve parlementaire, en 2011. L'ancienne salle polyvalente étant un équipement intercommunal, l'invitant était-il la Communauté de communes des pays d'Olt et d'Aubrac ? Si oui, à quel titre ? Précisons que celle-ci est présidée (depuis 2014) par le maire de Sainte-Eulalie-d'Olt (depuis 2008), Christian Naudan.

   On pourrait aussi s'intéresser au montant. Offrir un "apéritif dînatoire" à plus de 500 personnes n'est pas donné à tout le monde. Mettons qu'à tout casser il y ait eu 600 pique-assiette convives à régaler ce soir-là. Une collation modeste peut revenir à cinq euros par personne. Si les petits-fours sont de grande qualité et qu'on a sorti quelques bonnes bouteilles, cela peut monter facilement à quinze euros, soit un total compris entre 3 000 et 9 000 euros... sans prendre en compte la location (mise à disposition ?) de la salle, l'éclairage, l'utilisation des sanitaires...

   L'addition pourrait être encore plus salée si les coûts de personnels sont inclus. Certains membres du fan club de Jean-Claude Luche se sont-ils crus obligés de procéder (bénévolement) à la mise en place et au service, ou bien a-t-on rémunéré deux ou trois personnes pour officier ce jour-là ? Il y aurait bien une troisième solution, mais j'ai peine à croire qu'on ait pu demander à des employés municipaux (ou intercommunaux) de venir servir le gratin de la droite aveyronnaise un soir d'élection.

   Je termine par quelques mots sur la photographie d'illustration. Yves Censi (de nouveau très pote avec Luluche... mais qui a sérieusement cru qu'ils ne se parlaient plus ?) a tombé la cravate, tout comme Alain Marc. Seul J-C Luche, en boss qui garde la tête froide, conserve toute sa dignité vestimentaire. Les suppléantes sont là pour éviter les accusations de phallocratie... mais il manque une personne, pour laquelle le résultat de ces élections constitue une petite revanche (par procuration) : Jean Puech, dont le successeur au Conseil général a repris certaines méthodes.

   Jean-Claude Luche est donc bien le "patron" du département (le seul pouvant lui faire ombrage étant visiblement surtout attiré par le Conseil régional), mais, il a quand même cru nécessaire de faire attribuer un volant de subventions du Conseil général à quelques mois du vote...

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samedi, 04 octobre 2014 | Lien permanent

Free State of Jones

   Le titre fait référence  à une tentative utopique, celle de fonder, en pleine guerre de Sécession, un Etat libre, dans lequel cohabiteraient Noirs et Blancs, les premiers esclaves en fuite, les seconds soldats sudistes déserteurs. Ce n'est pas une fiction, puisque cette tentative a été menée à bien.

   On commence par une séquence de guerre, avec une bataille de tranchées, ses morts et ses blessés. En une dizaine de minutes, le réalisateur Gary Ross nous fait toucher du doigt l'horreur de la guerre, une guerre différente de celles qui l'ont précédée : quasi industrielle, elle annonce déjà la Première guerre mondiale. La mise en scène est brillante. Ames sensibles s'abstenir.

   La suite montre le héros prendre du recul, au départ pour rendre hommage à un gamin tué au combat. Le soldat devenu brancardier en a marre de la boucherie... et il se rend compte que lui, le fermier pauvre, risque sa vie pour que les grands planteurs esclavagistes conservent leurs privilèges.

   Les acteurs sont bons, très bien dirigés. Dans ce genre de production, qui recourt à quantité de figurants, on est parfois indulgent avec le jeu de certains d'entre eux, lorsque les mouvements d'ensemble sont réussis, sous la houlette des acteurs principaux. Ici, on a l'impression que tout le casting s'est évertué à donner le meilleur de soi.

   En tête d'affiche, il y a Matthew McConaughey... impressionnant. (A Rodez, on peut même l'entendre en version originale sous-titrée.) Sa barbe lui donne un petit air de Christian Bale... mais, surtout, qu'est-ce qu'il est bon ! Un deuxième Oscar est-il en vue ?

   A ses côtés l'on trouve notamment Gugu Mbatha-Row, un nom qui ne vous dit sans doute pas grand chose, mais qu'on risque de beaucoup entendre à l'avenir. On l'a déjà remarquée dans Seul contre tous. Ici, elle incarne l'esclave domestique, qu'on croit privilégiée par rapport à ceux qui courbent l'échine dans les champs de coton, mais qui est soumise aux "appétits" de son maître... Ce beau personnage s'implique dans une révolte clandestine, tout en apprenant à lire. Il lui arrive aussi de chaparder dans la maison de ses "propriétaires". Dans une scène, on la voit s'emparer discrètement d'un objet brillant. C'était pour l'offrir au héros, Newton Khight... et, ô surprise, il s'agit d'un petit couteau pliable, aux formes caractéristiques... un Laguiole ? Est-ce possible au début des années 1860, dans le Mississippi ?

   L'un des personnages principaux est un marais, celui dans lequel les esclaves en fuite et les soldats déserteurs vont se réfugier et y acquérir une véritable autonomie, à la fois matérielle, militaire, intellectuelle et politique. On a l'impression de se trouver dans un entre-deux, une sorte d'univers parallèle où les lois du vrai monde ne s'appliquent pas. Le film ne cache cependant pas les difficultés de la petite nation, certains soldats sudistes déserteurs peinant à se débarrasser de leurs préjugés racistes.

   La part la plus inattendue de l'histoire est celle qui se déroule après la guerre. Le changement, c'est maintenant ! ont dû penser les anciens esclaves. Dans un premier temps, il apparaît que plus jamais rien ne sera comme avant. Mais les élites blanches esclavagistes n'ont pas renoncé, et c'est une nouvelle guerre, plus sournoise, qui se déclenche dans les Etats du Sud, avec l'émergence du Ku Klux Klan. Le héros tente de s'y opposer.

   Notons que les séquences des années 1860-1870 sont parfois entrecoupées de scènes se déroulant plus de soixante-dix ans plus tard, en pleine ségrégation. Petit à petit, on appréhende certaines des conséquences les plus absurdes de la mise en place d'une politique raciste... et l'on découvre le devenir de certains des descendants du héros.

   C'est pour moi un très beau film, qui prend son temps, servi par des acteurs impeccables.

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dimanche, 18 septembre 2016 | Lien permanent

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