Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 21 mars 2011

Bilan du premier tour des cantonales dans l'Aveyron

   Sur 22 cantons renouvelables, 13 ont déjà désigné leur élu. Sur ces treize personnes, onze sont des sortants : trois pour la gauche, huit pour la droite.

   Commençons par les élus de gauche. Les trois personnes ont facilement gagné. A Naucelle, Jean-Paul Mazars l'emporte largement sur son homonyme, avec plus de 62 % des suffrages exprimés : les électeurs ont préféré le sortant du cru à la greffe de l'ancien avocat tarno-toulousain, contributeur occasionnel au Nouvel Hebdo. Sa réaction, telle qu'elle a été publiée dans Centre Presse, est surprenante : il parle de faire la fête (après une jolie veste !... l'alcool aide à oublier les malheurs) et déclare surtout se préparer aux municipales de Naucelle, le chef-lieu dont la maire a soutenu son adversaire.

   A gauche toujours, mais à Marcillac-Vallon, Anne Gaben-Toutant a fait mentir ceux qui la voyaient en difficulté : elle l'emporte avec plus de 61 % des suffrages exprimés, de surcroît contre l'un des trois candidats estampillés UMP. La participation avoisinant 55 %, on peut penser qu'une partie de l'électorat de droite ne s'est pas mobilisée.

   Enfin, à Najac, Bernard Vidal a lui aussi fait mentir les pronostics qui lui prédisaient certes une réélection, mais difficile : il atteint presque 60 % des suffrages exprimés. Comme pour Jean-Paul Mazars, l'implantation et le dévouement du candidat semblent avoir fortement joué, lui permettant de battre facilement un notable de la profession agricole : le Monsieur "Veau d'Aveyron et du Ségala".

   Mais c'est à droite que l'on note le plus grand nombre de réélections de sortants : huit. Toutes n'ont pas été confortables, bien qu'étant intervenues au premier tour. On peut distinguer trois catégories : les maréchaux, les comtes et les petits marquis.

   Les maréchaux ont bénéficié d'une réélection triomphale. En tête se détache Jean-Claude Anglars (parfois surnommé "mini-Luche"), qui obtient plus de 83 % des suffrages exprimés sur le canton d'Estaing. Sans vouloir être condescendant, on peut dire qu'en face, il n'avait pas un candidat très "lourd" : il n'habite même pas sur le canton ! C'était laisser la partie belle à l'un des élus locaux les mieux implantés du département.

   Pas très loin derrière, on trouve René Lavastrou, qui obtient plus de 79 % des suffrages exprimés sur le canton de Saint-Amans-des-Côts. Pour la gauche, ce fut même motif, même punition. Face à un élu enraciné dans le territoire, présenter un candidat non résident (quels que soient ses mérites) est politiquement suicidaire.

   Vient ensuite Arnaud Viala, qui obtient les deux tiers des suffrages exprimés sur le canton de Vezins-de-Lévézou. On le sentait venir : la gauche ne lui a mis dans les pattes qu'un candidat venu de Millau ! Son seul rival fut un sans-étiquette, naguère proche de lui. Et boum ! Troisième leçon électorale !

   La large victoire d'André At (environ 63 % des suffrages exprimés), sur le canton de La-Salvetat-Peyralès, s'explique par d'autres facteurs. Si la réélection du vice-président du Conseil général n'est pas une surprise, l'ampleur du résultat étonne un peu... d'autant que la campagne du sortant a été très discrète, au point que la gauche a espéré pouvoir créer la sensation dans ce canton. L'afflux de personnalités clairement marquées à gauche a pu effrayer une partie de l'électorat modéré qui aurait pu se porter sur la candidature de Catherine Ichard. Certains de ses partisans ont peut-être aussi eu la langue un peu trop pendue. Et puis, il y a ce qui se passe en dehors des réunions électorales. La candidate de gauche semble avoir compris d'où venaient les flèches tirées contre elle. Dans La Dépêche du Midi du 21 mars, elle remercie ironiquement un certain Jean Bousquié. Mais kikicé donc ? Irais-je trop loin en affirmant que c'est en quelque sorte le "papet" du canton ? Il en fut conseiller général pendant... 49 ans (de 1949 à 1998) ! Il a apporté (discrètement) son soutien à André At. Celui-ci a beau fanfaronner, dans Centre Presse (il déclare "J'ai prouvé que je pouvais gagner tout seul"), il oublie le soutien (certes tardif) de Jean-Claude Luche mais surtout l'appui du retraité de la politique pas tout à fait rangé des voitures. Il se dit des choses du côté de La Salvetat... que, durant les derniers jours de campagne, certains habitants auraient reçu de la visite, qu'on les aurait incités à ne pas voter pour la gauche (Les rouges au pouvoir en Aveyron ! Nom dé Diou !), pour une femme sans expérience...

   D'autres sortants de la "Majorité départementale" sont les comtes : ils l'ont emporté nettement, mais n'ont pas écrasé leurs adversaires. Il s'agit de Gisèle Rigal, à Montbazens (environ 54 % des suffrages exprimés) et d'Alain Pichon à Pont-de-Salars (à peine plus de 50 %). Concernant ce dernier, je pense que la presse a exagéré la menace qui pesait sur lui, en cas de second tour : ses adversaires flavinois me paraissaient trop divisés.

   Restent les "petits marquis" : s'ils ont été réélus dès le premier tour, on peut penser qu'un second aurait pu leur être fatal. A mon avis, c'est dans ces deux cantons que la gauche a perdu l'occasion de ravir la majorité des sièges.

   A Campagnac, on a failli assister à une grosse surprise. Le sortant Pierre-Marie Blanquet n'a été reconduit qu'avec 51,83 % des suffrages exprimés (contre plus de 78 % en 2004 !). Sans vouloir me faire mousser, je me permets de rappeler que dans un billet du 8 mars, j'avais senti que l'élection risquait d'être plus serrée que prévu. La gauche peut s'en mordre les doigts : elle n'a pas présenté de candidature unique et Sébastien Cros n'a pas bénéficié d'une intense mobilisation de la part de son camp.

   Ce fut encore plus disputé à Belmont-sur-Rance. Et pourtant... La sortante, Monique Aliès, appartient à une famille très respectée dans la région. On lui prédisait une réélection dans un fauteuil... Centre Presse lui donnant même un petit coup de main rédactionnel... Mais figurez-vous que dans le propre fief de la sortante, son adversaire de gauche est arrivé en tête ! L'opposition départementale a visiblement raté le coche, ne proposant même pas une candidature unique.

   Les deux derniers élus du premier tour (de droite) ont conquis leur premier mandat départemental. A Laissac, Jean-Paul Peyrac (bien introduit dans le monde agricole) l'emporte avec un peu plus de 50 % des suffrages exprimés. A Saint-Sernin-sur-Rance, la maire du chef-lieu rapporte à la droite un canton qu'un divers gauche lui avait ravi par surprise en 2004.

   Neuf cantons sont donc encore à pourvoir. Les ballottages ménagent plus ou moins d'incertitude. Cette fois-ci, je vais commencer par la droite. Elle est bien placée pour l'emporter dans deux voire trois cantons.

   A Laguiole, le maire de la commune éponyme va sans doute succéder à Guy Dumas. A Entraygues-sur-Truyère, Jean-François Albespy devrait s'en sortir, dans des conditions qui varient en fonction de la physionomie du second tour. S'il se retrouve seul face à Guillhem Serieys, nul doute que la réélection est assurée, et qu'elle s'annonce triomphale. S'il est confronté à une triangulaire, ce sera plus difficile, voire risqué. En effet, l'ancien conseiller général (et rival de J-F Albespy) Pierre Laurens obtient un pourcentage des voix sensiblement égal à celui de 2004 (même s'il perd une centaine de voix), tout comme son adversaire de centre-droit d'ailleurs. S'il se maintient, il pourrait (en cas d'excellents reports de voix à gauche et d'une mobilisation parfaite de cet électorat), mettre en danger la réélection du sortant. Cela me paraît toutefois peu probable... et j'imagine bien quelles pressions sont en train de s'exercer sur Pierre Laurens. On remarque d'ailleurs que la presse n'a pas publié sa réaction aux résultats de dimanche, tandis que Jean-François Albespy (dans Centre Presse) y va au culot et parie sur un désistement de sa part. Soulignons la bonne performance du candidat du Front de Gauche, qu'on n'attendait pas à pareille fête.

   Enfin, la presse fait semblant de s'inquiéter pour le sort de Jean-Michel Lalle à Bozouls. Sa non-réélection dès le premier tour est une surprise, d'autant plus qu'aucun adversaire de droite ne venait gêner sa candidature. Il est victime de la faible participation, inférieure à 58 %. Du coup, à gauche, on se prend à rêver, on additionne des carottes et des choux-fleurs, imaginant d'improbables parfaits reports de voix de tous les candidats d'opposition. Mouais... Les déclarations des battus du premier tour ne laissent pas présager un fort engagement en faveur du candidat de gauche le mieux placé. Je pense qu'une meilleure mobilisation de l'électorat de droite suffirait à calmer tout le monde, mais l'incertitude demeure.

   La "Majorité départementale" risque toutefois de perdre deux cantons. A Nant, même si le candidat de droite arrive en tête, les reports de voix devraient permettre au socialiste de l'emporter. (Les écolos sont de gauche dans le coin.) La (demi)surprise vient de Mur-de-Barrez, où un candidat de gauche bien implanté, Daniel Tarrisse, est bien parti pour réaliser le coup du siècle dans ce bastion de la droite aveyronnaise. Celle-ci parviendra-t-elle à rétablir la situation ? (Je m'arrête là, parce que je compte reparler de ce canton d'ici vendredi.)

   A gauche, on semble assuré de conserver les cantons de Saint-Affrique et de Millau-Ouest, malgré les divisions. La situation est plus confuse dans deux autres cantons urbains, ceux de Rodez-Est et de Villefranche-de-Rouergue.

   A Rodez-Est, le candidat de droite Bernard Saules est dans la situation de Jean-François Galliard, à Nant : il est arrivé en tête mais dispose, en théorie, de moins de réserves de voix que son adversaire socialiste. Notons que le sortant, Stéphane Bultel, réalise le même score qu'en 2004. Ajoutons que lors du précédent scrutin, deux candidats UMP s'affrontaient. A eux deux, ils totalisaient 45 % des suffrages exprimés. On peut donc affirmer que si Stéphane Bultel ne bénéficie pas de la prime au sortant, il n'est pas victime d'un vote sanction et que Bernard Saules, malgré une campagne tous azimuts, ne fait pas le plein des voix à droite. Il reste que, sur ce canton-là, le vote écologiste n'est pas forcément de gauche. De là à penser que les orphelins d'Emily Teyssèdre-Jullian vont apporter leurs suffrages à l'ancien arbitre fan de Téléfoot, il y a un pas... qui peut être un fossé ! Quant aux électeurs de Gérard Galtier, ils peuvent être tentés par l'abstention, le vote nul... ou le vote Saules (par rejet de Bultel).

   J'ai gardé pour la fin la cerise sur la gâteau, le canton de Villefranche-de-Rouergue. Les crêpages de chignon de la gauche ont abouti à ce qui peut passer pour un succès de Serge Roques, candidat UMP, largement en tête à l'issue du premier tour. Le sortant Claude Penel a fait la campagne de trop. Il est logiquement éliminé au profit de celui qui aurait dû, dès le départ, incarner la gauche (modérée) unie. Les reports de voix suffiront-ils à garder le canton à gauche ? Un basculement serait révélateur de l'un des facteurs de l'échec des socialistes dans la conquête du département : la division de leur camp, comme l'avait pertinemment souligné Jean-Claude Luche lors du débat qui l'avait opposé à Guy Durand.

Commentaires

Bravo pour cette analyse que je n'ai pas pris le temps de faire :)

Écrit par : KaG | mardi, 22 mars 2011

RODEZ-EST CONJECTURES

BULTEL : 31,48 + 8 (Verts) + 7,50 (PG) + 3,06 (DVG-PDR) = 50,04

SAULES : 39,78 + 7,18 (Verts) + 3 (DVG-PDR) = 49.96 %

L'issue se trouve dans les mains des abstentionnistes.

Écrit par : wocil | mercredi, 23 mars 2011

@ wocil
J'ai du mal à comprendre votre manière de comptabiliser les reports de voix. Un petit commentaire serait le bienvenu...

Écrit par : Georges Mouche | jeudi, 24 mars 2011

Les commentaires sont fermés.