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lundi, 18 avril 2011

Robert Ménard et le F.N.

   C'est l'une des polémiques du moment, qui voit certains membres de l'intelligentsia médiatique (de gauche) s'en prendre parfois violemment à celui qui fut l'un des leurs, Robert Ménard.

   L'ancien directeur de Reporters Sans Frontières n'est plus en odeurs de sainteté depuis qu'il fait cavalier seul. A-t-il franchement viré de bord ? A-t-il quitté les rivages ensoleillés de la Vraie Croyance (de gôche) pour le côté obscur de la Force médiatique (de droite, voire pire) ? Autant dire tout de suite que le débat ne vole pas haut, à l'image de ce que l'on a pu voir récemment sur France 2.

   Dans cet extrait, il est question des propos de Claude Guéant, le ministre de l'Intérieur. Robert Ménard se trouve face à Edwy Plenel, (directeur de Médiapart, qui fut en pointe dans l'affaire Bettencourt), un ancien pote qui se refuse à le tutoyer en public désormais... et qui ne le laisse pas en placer une. En bon marxiste, Plenel cause structures économiques et sociales. Il laisse volontairement le reste de côté. (C'est un mode de pensée, peut-être hérité du trotskysme, qui a déjà coûté cher à Lionel Jospin en 2002 : il a cru que ses seuls résultats économiques lui vaudraient une élection facile, négligeant les mentalités et le vécu quotidien de ses concitoyens.)

   Je ne suis pas forcément d'accord avec tout ce que dit Ménard : le Front national n'a, pour l'instant, pas tant changé que cela (il a juste été toiletté pour les besoins des caméras)... mais il est plus influent aujourd'hui qu'il y a 20 ans, c'est sûr. Dans l'extrait de l'émission d'Yves Calvi, Plenel n'argumente pas, il dénigre... et finit par balancer à R. Ménard ses déclarations en faveur de la peine de mort. (Pour les gens de gauche, c'est une ignominie qui ne peut se comparer, pour les conservateurs, qu'aux gestes que commettent ceux qui traînent dans la boue les Saints Sacrements de Notre Sainte Mère l'Eglise.) Comme si les électeurs de gauche étaient aussi rebutés par la peine de mort que cela... Nos bons intellectuels devraient un peu plus fréquenter les cafés et les marchés, ils en entendraient de belles.

   Sur le plateau, personne ne défend Robert Ménard, qui doit en plus répondre aux attaques d'Ariane Chemin, qui, bien que plus courtoise, n'argumente pas davantage. Signalons que la journaliste est une ancienne du Monde, qui officie désormais au Nouvel Observateur, qui a descendu en flamme le dernier bouquin de Ménard, Vive Le Pen !... sauf que, dans la critique de Marie Guichoux, il n'est pratiquement jamais question du contenu du livre. Par contre, on a droit à une relecture de la biographie de R. Ménard... et le moins que l'on puisse dire, c'est que les attaques ne sont pas d'une excessive subtilité.

   On est allé chercher dans le passé du journaliste et dans ses déclarations récentes tout ce qui pouvait le relier à l'extrême droite. C'est donc un portrait à charge qui évoque, ô surprise, l'enfance du bonhomme. Ben oui, figurez-vous que son papa en pinçait pour l'Algérie française : c'était un sympathisant de l'OAS. Bon, le môme avait 8-10 ans à l'époque et, devenu adolescent, il a milité à l'extrême-gauche, mais, hein, bon sang ne saurait mentir. C'est vraiment dégueulasse comme procédé. (Incidemment, les Rouergats seront ravis d'apprendre que la famille de pieds-noirs, après son départ d'Algérie, s'est installée à Brusque, charmant village du Sud de l'Aveyron :

politique,médias,presse

    On sent qu'il y a volonté de démolir le bonhomme et d'éviter que son bouquin ne connaisse le succès. Il est venu aujourd'hui le présenter sur RTL, la station de radio qui l'emploie (pas très déontologique tout cela...) : il y tient des chroniques (pas trancendantes) et intervient régulièrement dans une émission de commentaire de l'actualité (brouillonne et tapageuse).

   Après tout, je vais peut-être acheter ce bouquin.

Commentaires

Robert Ménard était sur le plateau du Grand Journal de Canal+ hier à 19 h 50 face à Jean-Michel Apathie et aux côtés de Dominique de Villepin.
Ce matin, à 7 h 50 il était interviewé sur France-Inter par Pascale Clarck.
Le sujet du livre et son titre ne peuvent qu'attirer les rédactions en mal d'audience.
Un éminent historien qui aurait commis un livre sur le même thème n'aurait pas eu un traitement identique. Le personnage a un parcours peu commun. Son "ouvrage" ne compte que 30 pages"
Robert Ménard anime une émission quotidienne à 17 h 45 sur i-TELE

Écrit par : wocil | mardi, 19 avril 2011

Le court dialogue entre Robert Ménard et Pascale Clark (http://sites.radiofrance.fr/franceinter/chro/5-minutes-avec/index.php?id=103872 ) est riche d'enseignements. On ne l'entend pas dans la chronique, mais, quelques minutes auparavant, la journaliste de France Inter a présenté le livre de son invité de manière très ironique et, dès le départ, elle use d'un procédé pas très élégant : au lieu d'annoncer elle-même le titre du bouquin, elle fait dire à R. Ménard "Vive Le Pen". Bon, lui, il démarre au quart de tour, alors qu'il aurait fallu la bâcher avec ironie. Après, elle fait son boulot de journaliste et le titille sur ce que l'on n'aurait pas le droit de dire à l'antenne sur le FN (il est évasif dans sa réponse) et lui pose la question qui tue : est-il d'extrême-droite ? Il n'est pas non plus très précis sur ce qui, dans le discours du FN, devrait être écouté avec plus d'attention. Pascale Clark en profite pour lui balancer une pique : il fait la promo de son livre sur les médias où il travaille (RTL, I-Télé). Ce dialogue a au moins le mérite de permettre à R. Ménard d'exprimer sa conception de la liberté d'expression (que je ne partage pas sur les lois mémorielles). Dernier croc-en-jambes : Pascale Clark le qualifie quasiment de misogyne parce qu'il ne vient pas présenter le bouquin avec sa coauteure, son épouse... qu'elle n'a pas invitée. On notera aussi les deux lapsus de Robert Ménard : il appelle Pascale Clark "Pascale Porte" (bouh la vilaine gauchiste) et, quand il parle de la législation antiraciste, au lieu de la qualifier de "répressive", il dit "efficace" (là, je suis d'accord).

Dans "Le Grand Journal" du 18 avril (http://www.canalplus.fr/c-divertissement/pid3349-c-le-grand-journal.html?progid=449382 ), on a pu entendre le démontage argumenté de Jean-Michel Apathie et la réponse non moins argumentée de Robert Ménard. Même la réaction "calibrée" de Dominique de Villepin ne manque pas d'intérêt.
Par contre, je trouve le choix d'extraits très partial (je n'irais cependant pas jusqu'à le qualifier de "saloperie", comme Robert Ménard).

Écrit par : Henri Golant | mercredi, 20 avril 2011

à Henri Golant :

très bon travail de synthèse.

Au terme de "l'échange" avec Pascale Clarck il a été question de "faux cul" à l'adresse de la journaliste. Celle-ci aurait réagit de la sorte : "alors, là je pourrais vous poursuivre !"

Écrit par : wocil | jeudi, 21 avril 2011

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