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mardi, 07 juin 2016

Elle

   Isabelle Huppert incarne une chef d'entreprise autoritaire, maîtresse femme qui ne s'en laisse compter par personne... jusqu'au jour où elle est victime d'un viol, chez elle, par un homme déguisé (et masqué). Le film nous fait d'ailleurs "revivre" la scène de plusieurs manières, comme cela arrive couramment aux victimes. Sauf que celle-ci va chercher à se venger.

   Quand on a écrit cela, on a tout dit et on n'a rien dit. Cette histoire malsaine (dont l'ambiance n'est pas très éloignée de l'univers de Michael Haneke) est un portrait de la "haute" bourgeoisie d'aujourd'hui, une enquête policière façon Cluedo et une analyse du refoulé, chez les femmes et chez les hommes.

   Comme la très grande majorité des victimes, Michèle (I. Huppert géniale) a été abusée par quelqu'un qu'elle connaît... mais qui ? L'intrigue nous propose ainsi une galerie de suspects, qu'on peut résumer à sept hommes. Deux d'entre eux travaillent dans l'entreprise de l'héroïne. L'un est effacé, amoureux de sa patronne... mais il cache pas mal de choses. L'autre est un type orgueilleux, buté, souvent en conflit avec Michèle, avec une tension sexuelle sous-jacente.

   Un troisième suspect fréquente les mêmes lieux : l'époux de la meilleure amie (et collègue) de l'héroïne, qui est aussi l'amant de Michèle. Dans le rôle, Christian Berkel  (qu'on a pu voir récemment en Otto Preminger dans Dalton Trumbo) est excellent... et un peu inquiétant : il est jaloux de ces hommes plus jeunes qui côtoient sa maîtresse, celle-ci semblant de plus en plus lui échapper.

   L'autre homme de la vie de Michèle est Richard, son ex-mari (Charles Berling, très bien). De prime abord, celui-ci ne paraît pas très dangereux. Mais, soudain, on apprend qu'il a noué une relation avec une femme plus jeune, en prenant soin de le cacher à son ex... que pourtant il surveille. Le gentil toutou s'est-il mué en prédateur ?

   On se pose la même question à propos du fils de l'héroïne, un jeune homme mal dégrossi, sans doute écrasé par la personnalité de sa mère, et qui se fait pigeonner par une greluche sans scrupule. Cependant, au détour d'une scène, on s'aperçoit que le mouton peut se transformer en dragon, sous l'effet de colères aussi subites qu'incompréhensibles. On le voit même prêt à s'en prendre à sa propre mère. Quand on découvre qui est son grand-père et ce qu'il a fait, on se dit qu'il y a là peut-être une forme d'atavisme.

   Un autre suspect est le voisin d'en face (Laurent Lafitte, ambigu à souhait). C'est un trader, marié à une catholique fervente (Virginie Efira, surprenante dans ce rôle à contre-emploi)... qui ne le satisfait pas totalement, semble-t-il.

   Un dernier jeune homme athlétique complète la liste : Ralf, le gigolo de la mère de Michèle (Judith Magre, épouvantablement liftée), qui avoue avoir du plaisir à "baiser" la femme de l'homme qui a commis tant d'horreurs. N'a-t-il pas été tenté de faire de même avec la fille de celui-ci ? (C'est Raphaël Lenglet qui prête sa présence virile à ce personnage. Depuis quelques années, on le voit sur France 2, dans la série Candice Renoir, où il incarne le collègue ombrageux -et désormais amant- de la fantasque enquêtrice.)

   C'est le grand impensé de l'histoire : les crimes commis par le père de l'héroïne, des années auparavant, alors qu'elle était enfant. Elle en a été en partie témoin, mais on n'a jamais su jusqu'où la folie de son père l'avait entraînée.

   L'histoire ne s'arrête pas à la découverte de l'identité du coupable. Il reste à connaître ses motivations profondes. De plus, on ne sait pas trop ce que Michèle veut faire de lui. Entre la fille du psychopathe et le violeur récidiviste s'engage un drôle de jeu, qui menace de dégénérer...

   Cela donne une intrigue à tiroirs, que Verhoeven referme parfois sans les avoir complètement explorés. Si certains dialogues sont un peu trop littéraires, les acteurs sont formidables et on passe un très bon moment.

22:59 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

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