jeudi, 09 juin 2016
Money Monster
Le titre déjà est ambigu : s'applique-t-il au personnage principal, le présentateur égocentrique Lee Gates (brillamment incarné par George Clooney, en pleine forme), ou bien dénonce-t-il ce monstre qu'est l'argent, qui corrompt tout ? Cela donne une idée de l'ensemble de l'histoire, qui oscille entre les aventures de Gates (gloire et décadence...) et un propos plus politique, sous-jacent, instillé avec une certaine subtilité par Jodie Foster.
Cela tient la route d'abord grâce à l'abattage des acteurs. George Clooney forme un duo dynamique et attendrissant avec Julia Roberts, qui interprète Patty Fenn, la productrice de l'émission, véritable chef d'orchestre du programme, qui oeuvre en coulisses. Pour moi, l'actrice est rayonnante dans ce rôle somme toute assez sobre. C'est une version plus "commerciale" de Mary Mapes, que l'on a récemment vue sous les traits de Cate Blanchett dans Truth.
Derrière ces deux "pointures", les autres se débrouillent très bien. Jack O'Connell, que l'on a déjà vu dans 300 - La Naissance d'un empire et surtout Invincible, tient la dragée haute à Clooney. Dans les seconds rôles, on peut reconnaître plusieurs acteurs de séries télévisées. Tout ce petit monde s'agite à la perfection sous la houlette de la réalisatrice, qui a dû jongler avec deux types de caméra (de cinéma et de télévision), ce qui a contraint à jouer de nombreuses scènes deux fois... et je ne vous raconte pas le travail de montage ! On notera le soin porté à la création de l'émission télévisée, nourrie d'animations visuelles. Cela donne un ensemble rythmé, trépidant même.
Sur le fond, le jugement de Jodie Foster est assez désabusé. La télévision est devenue le règne du vulgaire. Dans l'histoire, c'est la productrice Patty qui est la plus lucide : le divertissement et la course à l'audience ont pris le dessus sur le fond. Les téléspectateurs sont crédules et très dépendants de leurs gadgets numériques. On pense évidemment aux pigeons qui ont suivi les conseils d'investissement du héros Lee. Mais, dès que la prise d'otages démarre, comme les événements se déroulent en direct, cela devient une émission de télé-réalité trash, qui capte l'attention (la nôtre aussi, d'ailleurs). Et, sans tout dévoiler, on peut dire qu'à la fin, malgré le drame, tout redevient (presque) comme avant. Personne (ou presque) ne semble en avoir retenu de leçon.
C'est quand même un film très américain. Dans un premier temps, la vedette sombre dans le ridicule : Clooney n'a pas hésité à incarner un personnage falot, dont les travers vont surgir à l'écran. Mais, dans un deuxième temps, le présentateur va reprendre la main (je vous laisse découvrir comment) et endosser le costume du redresseur de tort, aidé en cela par la productrice. C'est une manière de dire que l'on peut contourner le système ou du moins, ponctuellement, l'utiliser pour une juste cause. C'est peut-être pour cette raison que Jodie Foster a accepté, pour promouvoir son film, de se rendre dans une émission racoleuse (mais à forte audience), dans laquelle on la voit participer à un jeu particulièrement ridicule...
10:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
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