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samedi, 24 juin 2017

Churchill

   On peut commencer par dire ce que ce long-métrage n'est pas : ni un biopic, ni un film d'histoire. On va voir qu'il en donne une version très biaisée, tout à l'honneur (ou presque) du personnage principal, le Premier ministre britannique.

   Qu'est-ce donc alors ? Une sorte de pièce de théâtre, filmée en partie en décors extérieurs. Elle nous présente les atermoiements du grrrand homme Churchill dans les jours et les heures qui ont précédé le débarquement du 6 juin 1944.

   Le film mérite le détour en raison de la prestation des acteurs, au premier rang desquels Brian Cox, très crédible en vieux bouledogue anglais, colérique, alcoolique et amateur de cigares. Il contribue à dresser la statue du grand homme, avec ses forces et ses faiblesses : il n'est plus aussi vaillant qu'autrefois, sa vie de couple part en sucette... et (quand on connaît la suite de l'histoire) il manque un peu de lucidité.

   Aux côtés de Cox se distinguent John Slattery (qui excelle à incarner l'Américain Eisenhower, en contraste complet avec le Britannique) et Julian Wadham, très bon en général Montgomery, quintessence de l'officier britannique... qui n'hésite pas à dire son fait à l'arrogant Premier ministre. Cela donne quelques scènes savoureuses... et une autre, empreinte d'émotion, entre le chef du gouvernement et le monarque bègue, James Purefoy ne parvenant toutefois pas à faire oublier le Colin Firth du Discours d'un roi.

   En dépit des quelques critiques formulées, cela reste globalement complaisant avec Churchill. De plus, la trame des événements qui se sont déroulés au début du mois de juin 1944 est tronquée, voire déformée. Si Churchill a émis des doutes sur le Débarquement, ce ne fut pas de manière aussi virulente. De surcroît, il manque un personnage dans la galerie des interlocuteurs du Premier ministre à l'époque : Charles de Gaulle. Celui-ci l'a rencontré à plusieurs reprises... mais il n'apparaît à aucun moment dans le film. Il aurait notamment dû figurer dans la scène où Eisenhower expose ses plans à ses alliés. (Même si ce n'est pas un monument d'objectivité, la lecture du deuxième tome des Mémoires de guerre s'impose, en particulier celle du chapitre VI "Diplomatie".)

   Le film se garde aussi d'expliquer que, si Churchill tient autant à la progression des troupes en Italie, c'est parce qu'il a un œil sur l'Europe centrale et les Balkans, où il redoute l'arrivée prochaine des Soviétiques. Il voudrait que les Anglo-américains y pénètrent le plus vite possible, quitte à délaisser un peu la France. Et puis le scénario n'aborde pas du tout l'enfumage réussi par les services secrets britanniques, qui sont parvenus, à l'aide (entre autres) d'agents retournés, à convaincre les nazis que le véritable débarquement devait avoir lieu dans le Pas-de-Calais, les opérations de juin 1944 ne constituant qu'un leurre. Le temps gagné grâce à ces manœuvres a contribué à la réussite d'Overlord.

   De tout cela il n'est pas question dans ce film partial et incomplet, pourtant servi par une bonne distribution.

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