mercredi, 16 janvier 2019
Edmond
Attention, ce film n'est pas un biopic d'Edmond Rostand, mais le récit (un peu romancé) des circonstances dans lesquelles la pièce Cyrano de Bergerac a été écrite et montée, à Paris, à la toute fin du XIXe siècle. La capitale tchèque française forme l'écrin (numérique) de cette histoire, avec un petit côté carte postale.
C'est ce qui m'a fait redouter le pire, au début, d'autant que j'ai un problème avec l'acteur principal, Thomas Solivérès, qui incarne l'écrivain avec une fadeur horripilante. (Il était meilleur dans Sales Gosses.) Fort heureusement, il est entouré d'une brochette de professionnels très compétents, au premier rang desquels je place Olivier Gourmet, excellent en Constant Coquelin, l'acteur charismatique et vibrionnant qui a créé le rôle de Cyrano en 1897. Du côté féminin, j'ai aimé les prestations de Mathilde Seigner en actrice virago et de Lucie Boujenah, qui prouve qu'on peut être "nièce de" et avoir du talent.
Autour d'eux gravite une quantité impressionnante de visages connus, de Clémentine Célarié à Dominique Pinon, en passant par Olivier Lejeune, Lionel Abelanski, Dominique Besnehard et Bernard Blancan. Les amateurs de comédies policières reconnaîtront deux acteurs des Petits Meurtres d'Agatha Christie et le commissaire de Profilage, très bon en tenancier de bar cultivé. Je place à part Simon Abkarian et Marc Andreoni, les producteurs corses du spectacle, dont je laisse à chacun le plaisir de découvrir la principale de source de revenus... Le soir de la Première, assis dans une petite loge en hauteur, ils m'ont fait un peu penser aux deux petits vieux acariâtres du Muppet Show (Statler et Waldorf)... en plus gentils.
Après un début poussif, l'histoire démarre quand Rostand rencontre Coquelin. La première séquence au Moulin Rouge est aussi très réussie. A partir de là, on ne s'ennuie plus. Le scénario fonctionne sur le principe de la mise en abyme : l'intrigue de la pièce de théâtre est un décalque de ce que vit l'auteur. De surcroît, comme l'époque est à la comédie de boulevard (avec notamment Georges Feydeau), l'histoire prend parfois la forme d'une farce, avec personnages hauts en couleur, répliques qui fusent et portes qui claquent.
Le succès de la pièce, hautement improbable au départ, nous est conté dans le détail, l'apothéose se situant lors de la Première, qui s'achève sur le décès du héros (Cyrano). Cette scène est tellement réussie que, pour paraphraser Sacha Guitry, on pourrait dire que le silence qui succède au texte d'Edmond Rostand est encore d'Edmond Rostand.
P.S.
Ne partez pas trop vite, à la fin. Pendant que se déroule le générique, on nous propose plusieurs extraits de pièces et de films, de l'époque de Coquelin à celle de Depardieu, à chaque fois avec un Cyrano différent. On découvre ensuite des photographies d'époque, montrant le vrai visage des personnages qui viennent de quitter l'écran.
23:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Commentaires
Ce film m'a enthousiasmée d'un bout à l'autre.
Seule Mathilde Seignier m'agace. Toujours dans son unique et sempiternel rôle de grande gueule vulgaire. Et quand elle se prend un coup sur la tête... titubante, je l'ai trouvée franchement mauvaise.
J'ai trouvé le petit Soliveres très bien et Lucie Boujenah épatante.
Olivier Gourmet est évident.
J'ai aussi pensé au Muppets Show. Simon Abcarian peut vraiment jouer toutes les "nationalités".
Écrit par : Pascale | jeudi, 17 janvier 2019
J'aime bien Mathilde et sa grande gueule. Son personnage, certes caricatural, est dans le ton de l'époque.
Quant à Solivérès, il m'a paru très scolaire, semblant parfois réciter son texte sans y mettre ses tripes. Le pire est atteint quand des répliques entières de la pièce en cours de création lui sortent de la bouche comme par miracle...
Écrit par : Henri Golant | jeudi, 17 janvier 2019
Bonjour Henri Golant, comme Pascale, j'ai trouvé le film enthousiasmant dès la première image. Je ne connaissais Thomas Solivérès: très bien. j'ai préféré le film à la pièce. Bonne soirée.
Écrit par : dasola | vendredi, 18 janvier 2019
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