mercredi, 26 août 2020
Effacer l'historique
Ce serait le "dernier" film du duo Kervern-Delépine... en attendant le suivant ? Quoi qu'il en soit, il bénéficie d'une distribution prestigieuse, avec quelques "historiques" (dans des rôles secondaires, voire de la figuration) et de nouveaux visages, ceux de Blanche Gardin, Denys Podalydès et Corinne Maserio, dont on se demande pourquoi elle n'a pas fait partie plus tôt de l'aventure de la bande de Groland.
"Mais je suis conne !" s'exclame à un moment Marie (Blanche Gardin), dans un éclair de lucidité. Outre le fait qu'ils habitent le même quartier, c'est le point commun des trois héros : se faire duper par le système économique, qui pousse à la consommation, à l'achat compulsif, à l'endettement.
Le scénario est assez fin quand il montre des personnages principaux vivant en banlieue résidentielle, pas pauvres donc, appartenant à la classe moyenne, surconsommant grâce au crédit. Il suffit qu'un accident de la vie survienne (la perte d'un emploi, un décès, une séparation) pour que la précarité s'installe.
Mais le fond n'est pas triste. Certains dialogues sont particulièrement mordants, notamment dans la bouche de Marie et de Christine (Corinne Masiero). La première est une "ménagère en jachère", choquée par "les abeilles qui tombent comme des mouches"... capable néanmoins de rembarrer un jeune con au téléphone. La seconde est chauffeure VTC, a priori plus solide que les deux autres, mais pas loin de péter un câble.
Le plus barré des trois est Bertrand (Denys Podalydès). Au départ, il apparaît comme étant le plus sensé, artisan-commerçant dur à la tâche, père veuf s'efforçant d'aider sa fille au mieux. On le découvre petit à petit sous un autre jour : il va connaître une mésaventure semblable à celle de l'un des personnages de Seules les bêtes et, parfois, sombrer dans le ridicule, comme lors d'une scène de salle de bains faisant évidemment écho à Mary à tout pris !
Chacun des héros est victime d' (au moins) une arnaque. Ils vont joindre leurs forces pour surmonter cette passe difficile. Cela va les conduire loin, bien au-delà du rond-point local, au cours d'aventures marquées par le comique de situation.
Tout n'est pas réussi dans cette comédie politico-sociale, mais je trouve que les qualités l'emportent largement sur les défauts.
22:40 Publié dans Cinéma, Société | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
Commentaires
Je m'attendais à un peu plus de mordant de la part du duo.
J'ai eu l'impression que le film enquillait les situations pour essayer de ratisser large mais finalement ce sont les côtés invraisemblables qui m'ont le plus gênée.
Écrit par : Pascale | dimanche, 30 août 2020
En tout cas le film bénéficie d'une critique excellente et d'un bouche à oreille comme jamais. C'est une bonne nouvelle, le duo delepine Kervern a toujours creuser son sillon, sans jamais faire de concessions.
Écrit par : leunamme | dimanche, 06 septembre 2020
Je suis entièrement d'accord avec vous. Une comédie loufoque, sans prétentions mais qui en dit beaucoup sur notre époque. De l'humour et de la réflexion. Que demander de plus ?
Écrit par : leunamme | samedi, 12 septembre 2020
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