dimanche, 19 décembre 2021
House of Gucci
... ou quand Gucci était Gucci, pourrait-on dire. Le dernier film de Ridley Scott nous conte une ascension et une chute, confirmant ainsi une tradition prégnante dans les familles entrepreneuriales : la première génération crée, la deuxième développe et la troisième détruit.
L'ascension est double : il s'agit de celle de Maurizio (le petit-fils qui se destine à la profession d'avocat) et de Patrizia, partie comptable dans la petite boîte familiale pour devenir la quasi-patronne du groupe de luxe.
Le début du film montre très bien à quel point les deux "héros" sont, dans une certaine mesure, des outsiders. Maurizio est plutôt un intellectuel, de tempérament froid, assez timide et coupé des affaires de la famille. Patrizia est d'origine modeste, inculte, un brin vulgaire, mais sensuelle, pas farouche... et ambitieuse.
Quand ce couple improbable se forme, on se dit que la "coureuse de dot" a réussi son coup... sauf que la dame est amoureuse... sentiment partagé par l'héritier (sans doute ravi d'avoir été déniaisé par une experte), très attaché à la jeune femme, qui ne manque pas de bon sens.
La réussite de ce couple à l'écran est en grande partie due au talent des interprètes. J'ai retrouvé un très bon Adam Driver, aussi crédible en jeune coincé que, plus tard, en dirigeant retors et ambitieux. Mais cela n'a rien d'étonnant. La bonne surprise vient de Lady Gaga (Stefani Germanotta de son véritable nom), jamais vue auparavant dans un rôle consistant. La petite-fille d'immigré italien s'est parfaitement coulée dans le rôle, celui d'une jeune femme exubérante au début, devenue plus tard une redoutable matrone.
À ces talents il faut ajouter de bons dialogues et la qualité de la photographie, dans les plans intérieurs aussi bien que dans les scènes d'extérieur. Ah, que l'Italie est belle !... même si l'on n'entend que trop peu parler la langue de Dante dans ce long-métrage, la plupart des personnages s'exprimant (mondialisation oblige, sans doute) dans un anglais marqué par un fort accent. (D'après des oreilles expertes, celui de Lady Gaga serait particulièrement factice.)
Du côté des messieurs, Adam Driver survole une distribution certes en or, mais vacillante. J'avais souvent de la peine en regardant Al Pacino. Jeremy Irons tient mieux la route, mais il est peu présent. (J'aurais bien aimé voir De Niro dans le rôle, ce qui était prévu au départ.)
Du côté des dames, je me dois de signaler la présence au générique de Camille Cottin, qui incarne la nouvelle compagne de Maurizio (et donc rivale de Patrizia). En quelques mois, notre Connasse nationale est donc passée des bras de Matt Damon (dans Stillwater) à ceux d'Adam Driver, à chaque fois avec talent. Je rappelle qu'on a pu aussi la voir récemment dans Mon Légionnaire. Quelle année cinématographique !
Au final, je trouve que les 2h35 passent bien. C'est du beau travail, très classique, mais dans un bel emballage, avec, de surcroît, la présence de la musique populaire de la fin des années 1970 et des années 1980.
P.S.
Les héritiers Gucci seraient mécontents de l'image que le film donne de leur famille. C'est peut-être bon signe !
20:42 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Spider-Man : no way home
Plutôt que "pas de retour à la maison", il aurait mieux valu intituler ce film "Spider-Man et le multivers", ce qui aurait été plus classe et (surtout) plus conforme au contenu... même si (sans trahir un secret d'État) je peux annoncer qu'à la fin, la situation du héros n'est plus celle du début. Il ne va pas retrouver l'exact monde dont il est parti.
En attendant cette conclusion, l'histoire commence sur le mode comique. Une fois son identité secrète révélée, Peter Parker doit affronter le harcèlement des réseaux sociaux et des chaînes d'information en continu. S'en suit une folle échappée avec sa M-J. C'est franchement emballant et drôle. Les deux tourtereaux forment un joli couple.
Cela se gâte quand le héros retrouve Docteur Strange. Autant j'ai eu plaisir à voir débarquer Benedict Cumberbatch, autant le tour pris par la caractérisation du personnage de Parker m'a agacé. Clairement, les scénaristes ont misé sur le côté adolescent, un peu immature et capricieux. (Fort heureusement, tous les ados ne le sont pas.) Évidemment, Parker va faire une grosse bêtise... mais une bêtise que, dans un premier temps, il contribue à réparer. (Superbe séquence de combat autour d'un pont à la clé.) C'était compter sans cette bonne vieille tante May qui, dans cette version des aventures, a les traits de Marisa Tomei. Elle est un peu "bobo gaucho", la tante May. Elle met de drôles d'idées dans la tête du jeune homme, du genre que même un criminel endurci peut être "soigné" et que donc ô grand jamais il ne faut l'envoyer à la mort, même si c'est celle qu'il a connue dans le passé.
Ici, le propos se fait politique. Le film se place clairement sous la bannière progressiste (multiculturaliste), de surcroît adversaire de la peine de mort. Même si d'autres idées ont voix au chapitre dans l'intrigue (surtout quand on constate les dégâts provoqués par le choix de Parker), au final, la "ligne politique" est tenue.
Cette incursion dans un débat sensible aux États-Unis est d'autant plus surprenante que l'écrasante majorité des quelque 150 minutes que dure le film est plutôt consensuelle. Entre amours adolescentes (chastes), amitié fidèle et espoir de réussite par les études, on ne peut pas dire que l'anticonformisme soit de mise.
Au niveau du jeu des acteurs, sans surprise, c'est stéréotypé. Pas facile de faire éclater son talent devant un fond vert. Dans ce domaine, j'ai trouvé deux des vieux routiers assez convaincants : Alfred Molina (qui semble avoir vraiment aimé incarner Docteur Octopus) et Willem Dafoe, le plus ambigu de tous en Norman Osborne / Bouffon Vert.
En parlant de vieux routiers... il ne faudrait pas que j'oublie les prestigieux anciens. Sachez, chers (potentiels) spectateurs, que, pour le prix d'un billet, vos aurez droit non pas à un, ni même à deux, mais à trois Spider-Man ! Cette improbable rencontre est chouette à voir, bien mise en scène et elle débouche sur une époustouflante séquence de combat final autour de la Statue de la Liberté.
Même si je commence à me faire un peu vieux pour ce genre de "marvelleries", j'ai apprécié le spectacle.
P.S. I
Comme de coutume, il convient de ne pas quitter la salle trop tôt. Le générique de fin est interrompu par une scène faisant allusion à Venom 2. Il se confirme que Spider-Man va avoir un nouvel antagoniste...
P.S. II
Quand il n'y en a plus, il y en a encore ! Au bout du bout, ces coquins de producteurs ont demandé aux monteurs de glisser une assez longue séquence finale, qui indique que le prochain Docteur Strange est déjà tourné. (Sa sortie est programmée pour mai 2022.)
14:33 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films