samedi, 17 mai 2025
Accident domestique
Ce titre pourri ne va sans doute pas aider la carrière de ce film espagnol, une comédie macabre qui traite, entre autres, du couple, de la maternité et de la paternité. En version originale, il s'intitule La Mesita del comedor (La Table de salon), une manière plus appropriée d'évoquer l'intrigue, qui va beaucoup tourner autour de ce meuble à monter soi-même, acheté dans un magasin d'une grande marque suédoise.
C'est au cours de la deuxième scène que ledit meuble fait son apparition. (Je laisse à chacun.e le plaisir de découvrir ce par quoi commence le film.) C'est une scène de vaudeville, du théâtre de boulevard, avec un vendeur très malin, volubile, et un couple de clients en désaccord. J'ai beaucoup aimé, notamment parce que l'épouse a la langue acérée.
C'est l'un des attraits de ces belles vingt premières minutes : découvrir au quotidien ce couple déséquilibré, composé d'un homme (à moitié) déconstruit et d'une femme de tête, qui a choisi la décoration de leur nouvel appartement, le prénom (horrible) de l'enfant qu'ils viennent d'avoir, le moment de la conception de celui-ci... Il ne reste au gars qu'à choisir le meuble du salon, un immense espace de libre arbitre que sa chère et tendre peine à lui laisser.
La suite est moins joyeuse. Il se produit un événement en général tabou dans le cinéma contemporain, qui fait déraper la soirée. Il clôture la première partie du film... la seule pleinement réussie à mes yeux.
Il faut ensuite se fader un tunnel d'environ cinquante minutes, avec des discussions nourries de tensions et de sous-entendus. Le couple reçoit le frère du mari, accompagné de sa nouvelle copine (qui a la moitié de son âge). Surgissent aussi la voisine du dessus et sa fille caractérielle et envahissante, sans oublier le vendeur du début, qui revient faire un petit coucou (passage assez réussi, ma foi). Le comédien mérite que je le cite : il s'agit d'Eduardo Antuña, remarqué jadis dans une autre comédie sardonique, Mes Chers Voisins (avec Carmen Maura).
Le seul intérêt que j'ai trouvé à ce cœur de l'histoire est le malaise suscité par les différents niveaux d'information des personnages présents. Un seul (bientôt deux) sait ce qui s'est passé quelques temps auparavant dans l'appartement. Trois personnages sont au courant d'une histoire impliquant deux des voisins. Deux autres ont un petit secret à avouer... et ainsi de suite. On finit par s'apercevoir que celle qui en sait le moins est la nouvelle maman, celle qui dirige le foyer, sans être consciente que plusieurs informations importantes lui passent sous le nez.
Cela rebondit dans le dernier quart d'heure, de manière presque aussi réjouissante qu'au début. Du coup, j'ai aimé la fin et je suis sorti assez satisfait de ce tout petit film irrévérencieux.
22:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
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