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samedi, 20 décembre 2008

De l'euro à l'Europe

   Si vous êtes attentifs à la monnaie que l'on vous rend dans les commerces, vous vous êtes sans doute aperçus de l'arrivée d'une nouvelle pièce de 2 euros célébrant la présidence française de l'Union européenne :

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  En regard, j'ai placé une pièce française de 1999. Si les 12 étoiles du drapeau européen encerclent toujours les symboles centraux, les références à la République française (l'Hexagone, la devise et l'arbre de vie... mais pas les lettres "RF") ont été remplacées par l' "événement" de 2008. Jusque là, rien à redire (ou si peu). Ma surprise fut grande lorsque j'observai l'autre face (le côté pile en fait... soyons rigoureux, que diable !) de la nouvelle pièce... ce qui m'amena à la comparer avec l'ancienne :

Pile copie.JPG
Pile 2008 copie.JPG

 

 Sur l'ancienne pièce, au-dessus, seuls les 15 pays membres de l'Union européenne en 1999 (année de création de l'euro, la mise en circulation officielle ne datant que de 2002, amis jeunes et/ou incultes) étaient représentés. A l'époque, quelques esprits sarcastiques avaient ironisé sur le jusqu'au-boutisme qui avait consisté à faire figurer Le Royaume-Uni, le Danemark et la Suède sur une monnaie qu'ils avaient refusée. (Ceci dit, le laxisme a été systématisé au niveau des billets, sur lesquels la carte dessinée n'a plus rien à voir avec la construction européenne : http://www.banque-france.fr/fr/instit/billets/histeuro/eu...)

   Mais, en 2008, non seulement cette tendance n'a pas été réfrénée, mais elle s'est accentuée, puisque, comme vous pouvez le constater sur la pièce du dessous, tous les pays situés entre l'Atlantique et l'Oural sont représentés. On remarque notamment, au nord, l'apparition de la Norvège, qui n'est pas membre de l'Union (et, a fortiori, de la zone euro), tout comme la Suisse et plusieurs pays d'Europe de l'Est (on va jusqu'à la Russie de l'Ouest !). Nos technocrates européens ne sont tout de même pas allés jusqu'à inclure l'Afrique du Nord et la Turquie. Faut-il incriminer le manque de place où d'ambition ?

vendredi, 07 novembre 2008

Géographie électorale des votes McCain et Obama

   Plusieurs sites, francophones ou non, proposent des dossiers intéressants sur le résultat des élections présidentielles états-uniennes, mais c'est celui du New York Times qui me semble être le meilleur.

   Quelles conclusions tirer de ces résultats ? On retrouve les bastions de chaque parti : la côte Ouest et le Nord-Est pour les démocrates, l'intérieur et le Sud pour les républicains. Obama l'a emporté parce qu'il a réussi à faire basculer certains Etats de l'intérieur (Colorado, Nouveau-Mexique) et du Sud-Est (Caroline du Nord, Virginie et surtout Floride). D'ailleurs, victoire a été étriquée dans plusieurs de ces Etats : 200 000 voix en Floride, moins de 14 000 en Caroline du Nord. Obama l'emporte d'environ 200 000 voix aussi dans l'Ohio... et de 26 000 dans l'Indiana. A contrario, la victoire est particulièrement large (plus de 60 % des suffrages exprimés) dans plusieurs Etats du Nord-Est : New-York, Massachusetts, Maryland, Connecticut, Rhode Island, Delaware et Vermont. Quand on cherche bien, on s'aperçoit que le candidat démocrate a bénéficié d'un effet local à Hawaii (71,8 % des suffrages), où il est né, et dans l'Illinois (61,7 %), où il a émergé politiquement. S'ajoutent à cela sa performance dans la Californie démocrate de M. Schwarzenegger (61,1 %) ... et le score phénoménal obtenu à Washington D.C. (le District of Columbia n'est pas un Etat, mais ses habitants participent à l'élection présidentielle) : 92,9 % des suffrages exprimés ! Kerry n'y avait obtenu que 89,2 % en 2004 et Al Gore 85,2 % en 2000... Bande de loosers ! Même Bill Clinton n'a pas fait aussi bien en 1992 et 1996 ! (A gauche de la page, on peut faire bouger un curseur pour consulter les résultats des élections précédentes.)

   De manière plus générale, on constate que, sur les 15 Etats les plus peuplés, 13 ont été remportés par Barack Obama. Lui échappent le Texas (où il obtient tout de même 43,8 % des suffrages... comme Clinton en 1996, Clinton, perçu comme un "homme du Sud"... dont l'Arkansas natal s'est détourné des démocrates depuis Bush fils) et la Géorgie.

   On peut tirer un autre grand enseignement de ces élections : les "petits" candidats ont été laminés. Ils étaient 13 au total. (Cela va de l'écologiste au libertarien en passant par 3 "indépendants" et 3 socialistes !) Dans un seul Etat, l'Oklahoma, ils n'ont recueilli aucun suffrage. (Zoomez sur l'Etat : vous noterez que, dans toutes les circonscriptions de la "casserole renversée", McCain est arrivé en tête !) Dans les autres Etats, à eux tous, ils ont recueilli de 0,6 % (à Washington D.C. : 1 349 personnes seulement !) à 3,2 % des suffrages exprimés. Du coup c'est dans une minorité d'Etats que le candidat arrivé en tête (qui a donc remporté tous les grands électeurs) a obtenu moins de 50 % des suffrages exprimés : en Caroline du Nord et Indiana pour Obama, dans le Missouri et le Montana pour McCain. J'ai trouvé une seule circonscription dans laquelle les deux principaux candidats sont arrivés à égalité parfaite : dans le Dakota du Sud, le comté de Jerauld, Obama et McCain ont obtenu 535 voix chacun, les autres candidats 17.

   L'Oklahoma n'est pas le seul Etat monocolore. L'Alaska a aussi unilatéralement voté McCain... une séquelle de "l'effet Palin" sans doute. De son côté, Obama a réussi le grand chelem des circonscriptions dans le Vermont, le Connecticut, le Massachusetts, le New Hampshire et à Washington D.C. On retrouve la Nouvelle-Angleterre.

   Dans d'autres Etats, la répartition géographique des votes est riche d'enseignements. Obama l'a emporté en Floride, mais lorsque l'on zoome sur cet Etat, on s'aperçoit que, dans la majorité des circonscriptions, c'est McCain qui est en tête. Obama a remporté les comtés urbains (de Tallahassee, la capitale, de Miami et d'Orlando... vous savez, la ville de Disneyworld). Le même cas de figure se retrouve dans le Nevada, remporté par Obama, mais où il n'arrive en tête que dans trois comtés : ceux de Las Vegas, Reno et Carson City ! Tout le reste du territoire est en rose-rouge !

   La mobilisation de l'électorat urbain n'a parfois pas suffi. Zoomez sur le Texas : Dallas, Austin, San Antonio et Houston se sont données au candidat démocrate, ainsi que les comtés frontaliers du Mexique. Un autre "effet frontière" est perceptible dans l'Etat de Washington, au nord-ouest du pays : tous les comtés océaniques ont voté majoritairement Obama, alors qu'un seul des comtés intérieurs l'a placé en tête ! Faut-il en déduire que l'électorat républicain est marqué par l'isolement, le repli et la fermeture ?... Je laisse chacun juge.

   Ce qui est dingue, c'est qu'on peut faire le même constat à propos de l'Arkansas et du Mississippi. Dans ces deux Etats, les comtés riverains du fleuve placent presque tous Obama en tête, alors que le vote général est largement en faveur de John McCain !

   Bon, je vais arrêter de vous bassiner avec le sujet. Mais, avant de terminer, je vous conseille de jeter un oeil sur le détail des résultats dans l'Etat d'Alabama. Si Barack Obama est bien arrivé en tête dans les comtés urbains de Montgomery et de Birmingham, McCain n'a pas remporté tous les comtés ruraux, loin s'en faut. Une bande longitudinale réunit 12 comtés, urbains comme ruraux, qui ont la particularité d'avoir tous placé le candidat démocrate en tête, et ce dans un Etat ou John McCain a obtenu plus de 60 % des suffrages exprimés. Mystère... La partie Est semble correspondre au territoire entourant une importante voie de circulation, reliant Montgomery (la capitale) à Phenix City. Vers l'ouest, la bande semble suivre une autre voie de circulation, reliant Montgomery à Selma, Demopolis puis le Mississippi. Peut-être y a-t-il une autre raison. Si quelqu'un a une idée, je suis preneur !

jeudi, 06 novembre 2008

Rions un peu avec les élections états-uniennes

   Oh, je vois d'ici les expressions désabusées et les regards dubitatifs ! Non, je ne me vautrerai pas dans la gaudriole la plus élémentaire ! Non, je ne colporterai pas ces calembours bas-de-gamme, qui circulent en nombre sur la toile. (En effet, peu nous chaut de savoir qu'il casse la baraque, Obama, ou, comme on dit dans certains pays voisins du Kénya : il a la baraka, Obama !) Je ne soucris pas aux propos sarcastiques qui sous-entendent que la crise des subprimes a fait basculer le scrutin présidentiel en faveur du plus célèbre métis du monde : de très mauvaises langues prétendent en effet que nombre de votants âgés (et un brin sourdingues), menacés d'expulsion, ont choisi pour président non pas Obama Barack, mais Oma Barack !

   Je veux plutôt vous compter cette anecdote véridique (elle m'a été rapportée par le cousin par alliance du voisin de palier de la concierge de mon ex-beau-frère).

   Vous n'êtes pas sans savoir que la victoire du Martin Luther King hawaïen a suscité un grand intérêt en France, où l'on se passionne pour la cause des gens de couleur dès lors qu'elle n'effleure pas les nobles frontières de l'Hexagone. L'annonce du résultat définitif a provoqué force manifestations festives, accompagnées de ripailles dont certaines ont fini dans d'inavouables débauches, ne le nions pas. L'engouement a saisi tous les bureaux de tabac de France et de Navarre. Les casernes elles-mêmes ont été touchées. Ainsi, en hommage au nouveau président-maître-du-monde, nos glorieux militaires n'ont pas hésité à se passer eux-mêmes la bite au cirage !

   C'est dans ces moments-là que l'on touche du doigt la grandeur immortelle de la France éternelle !

mardi, 02 janvier 2007

La mort du Staline arabe

   On ne va tout de même pas pleurer : cela nous fait un deuxième ex-dictateur de moins en quelques jours ! Saddam Hussein ne mérite aucune compassion, quand bien même son exécution est le fait d'une bande d'extrémistes chiites. Il y a sans doute une part de vengeance pure dans cette pendaison rapide (avec le désir de la faire coïncider -ô religiosité macabre- avec la fête de l'Aïd). Il y a aussi d'autres motifs, à mon avis.

   C'est tout d'abord, de la part du gouvernement, un signal envoyé aux rebelles sunnites : ils n'ont plus de "totem", ils ne peuvent plus espérer rétablir un pouvoir sunnite (religieux ou pas) fort, avec Saddam Hussein à sa tête. C'est aussi une manière de dire, de la part des chiites : "Gare à vos fesses ! Nous n'hésiterons pas à utiliser tous les moyens pour vous briser !"

   C'est aussi un aveu de faiblesse : la crainte qu'un jour Saddam Hussein puisse être libéré (ou s'échapper) a joué dans la décision de précipiter l'exécution. Le problème est que cela ampute les autres procès en cours (ou prévus) d'une grande partie de leur intérêt. C'est peut-être voulu : ainsi se clôt un chapitre de l'histoire de l'Irak, passons à la suite désormais. Et puis... n'est-ce pas une manière de minimiser la persécution des Kurdes ? Certains dirigeants chiites veulent peut-être se présenter sous l'auréole des vrais martyrs de Saddam (et, au nom de ce statut de martyr, ne pourraient-ils pas tout se permettre ? ...), titre qui leur serait contesté si les massacres de Kurdes sont examinés avec toute l'attention qu'ils méritent. Je me dis que les dirigeants chiites ont peut-être dans l'idée de récupérer l'Etat irakien à leur profit, dans l'intention de bâtir un émirat chiite sur le modèle des réussites (économiques) koweitienne et saoudienne sunnites... Dans cette optique, il convient de minimiser peut-être le "martyre" des Kurdes, avec, derrière tout cela, la volonté de maintenir l'unité territoriale (et de garder le pétrole de la région de Kirkouk par exemple)... au bénéfice des nouveaux dirigeants chiites.

   On peut visionner la vidéo de l'exécution sur Google.

   Vous remarquerez, malgré la mauvaise qualité du film, que le condamné semble traité avec quelques égards. Des éclairs sont visibles : on a voulu immortaliser la scène par des photographies. Les bourreaux sont habillés comme des hommes de mains (des gros bras) : je penche pour des miliciens. Quant à Saddam Hussein, il semble réciter des formules toutes prêtes (des extraits du Coran ?). Dernière chose : la personne qui filme semble être derrière tout le monde, sur le côté gauche de la pièce ; elle profite de ce que l'attention est concentrée sur le condamné et ceux qui prennent les photographies, visiblement situés à droite.

mardi, 01 août 2006

Dirigeants israéliens civils

   Ehoud Olmert et Amir Peretz reproduisent la conduite du Shimon Peres d'il y a 10 ans. Celui-ci avait succédé à Rabin après son assassinat par l'intégriste Ygal Amir. Peres est un professionnel de la politique, pas un militaire comme Rabin (qui a fini général), même s'il a été très tôt Ministre de la Défense. Du coup, il a du mal à évaluer le degré de fiabilité des informations fournies par l'Etat-major de Tsahal (et les services secrets). En 1996, il s'est laissé emporter à une réaction excessive (l'opération "Raisins de la colère"), ne voulant pas passer pour un faible aux yeux des Israéliens... ce qui ne l'a pas empêché de perdre les élections suivantes. (Il aurait dû, dans la foulée de l'émotion suscitée par l'assassinat de Rabin, provoquer des élections anticipées. J'ai toujours été étonné de voir cet as de la combine politique manquer de cynisme à un moment aussi crucial. Peut-être avait-il été sincèrement touché par la disparition de Rabin, après tout.)

   Olmert et Peretz ont sans doute été trop confiants dans l'armée israélienne. Ytzhak Rabin comme Ariel Sharon, (lui aussi général) chacun dans son style, auraient fait preuve de plus de réalisme (voire de sagesse).

mardi, 11 juillet 2006

Pas besoin de FN en Italie...

... puisqu'il y a d'anciens membres du gouvernement Berlusconi. J'ai trouvé dans Le Monde daté du 11 juillet 2006 la déclaration suivante de Roberto Calderoni, ancien Ministre des Réformes (ferait bien de réformer son cerveau !) :

" La victoire de Berlin est une victoire de notre identité, d'une équipe qui a aligné des Lombards, des Napolitains, des Vénitiens et des Calabrais et qui a gagné contre une équipe qui a sacrifié sa propre identité en alignant des Noirs, des islamistes et des communistes pour obtenir des résultats."

    Tout d'abord, il faudrait que ce membre de la Ligue Lombarde réalise que les "vrais Italiens" auquel il fait allusion sont sans doute en bonne partie des descendants d' "immigrés" d'Europe centrale (en Lombardie par exemple), de Grèce, d'Asie mineure (où exista l'Empire byzantin, qui contrôla la moitié Sud de la péninsule autrefois)... et du reste du Bassin méditerranéen (les Calabrais sont sans doute nombreux à avoir des ancêtre arabes ou berbères).

    Ensuite, pour le lecteur français peu au fait de la phraséologie des con-servateurs transalpins, il faut traduire certains propos du sieur Calderoni. Quand il parle des "Noirs" de l'équipe de France, il sous-entend "Ce sont des Africains, donc pas des Français." C'est du racisme. Ensuite, il désigne des "islamistes". Je n'ai pas eu vent d'un quelconque prosélytisme politico-religieux au sein de l'équipe de France de football. Je crois plutôt que par "islamistes" il entend "musulmans". Voyez l'amalgame. Islamophobie ?... Enfin, il dénonce l'influence des "communistes". Il faut relativiser l'accusation. L'ambiance politique en Italie est tellement sereine qu'il n'est pas rare d'entendre un (ir)responsable conservateur qualifier de "communiste" ou de "bolchevique" (avec le couteau entre les dents ?) une personne faisant preuve d'un minimum d'esprit critique vis-à-vis de la Vulgate libérale véhiculée par les médias dominants (qui sont furieusement berlusconiens de l'autre côté des Alpes). Je pense que, dans son esprit, les propos tenus par Lilian Thuram doivent s'apparenter à de la propagande marxiste-léniniste...

    Dernière remarque : j'ai trouvé cette déclaration dans un petit encadré du supplément consacré à la coupe du monde (page 5), donc dans la version papier. Je viens d'aller voir sur le site internet du Monde, et je ne suis pas parvenu à retrouver trace de cette dépêche AFP. Etrange, non ?

lundi, 03 octobre 2005

Elections polonaises

   Je ne suis pas pleinement satisfait de ce que j'ai lu et entendu sur le sujet. J'ai vraiment l'impression que les journalistes et autres commentateurs sélectionnent l'information, soit volontairement, soit inconsciemment, de manière à appuyer une démonstration. Eh bien, à mon tour !

   Dans le cas de la Pologne, c'est d'abord sur le taux d'abstention qu'il fallait insister : 60 %, c'est énorme ! D'une part, cela donne une idée du désaveu dont souffrent les partis politiques, puisque ces électeurs abstentionnistes ne se sont sentis représentés par aucune des formations, pourtant diverses, qui sollicitaient leurs suffrages. D'autre part, cela permet d'expliquer la chute du parti au pouvoir (S.L.D.) : ses électeurs sont en partie restés chez eux. Il serait bon d'avoir aussi le pourcentage de bulletins blancs et nuls. (Décidément, ces comptes-rendus d'élection sont partiels !)

   Le succès de "droit et justice" (qui triple presque son pourcentage des suffrages exprimés) peut se comprendre comme la victoire de la droite la plus "sociale" : les néolibéraux ont fait peur. Et puis la fermeté de langage des dirigeants de cette formation a pu séduire bien des électeurs lassés des scandales de corruption auxquels la gauche a été mêlée. Il reste que, pour moi, cette nouvelle majorité PiS-PO est très fragile : elle est hétéroclite et sa victoire est d'abord une victoire par défaut.

    De ce point de vue, la Pologne ressemble à la France d'il y a quelques années. En moins de 10 ans, elle a connu une évolution comparable à  celle que notre pays a subi en un peu plus de 20 ans. Chez nous, le monolithisme gaullien a cédé la place aux libéraux puis à la gauche ; chez les Polonais, le monolithisme prosoviétique a cédé la place à Solidarité (alliée aux ultralibéraux) puis aux postcommunistes. (Toutes proportions gardées, les grèves des chantiers navals de Gdansk ont été le "Mai 68" des Polonais.) La situation polonaise actuelle a comme une parenté avec l'année 1993 en France, à ceci près que, chez nous, à la gauche mitterrandienne finissante a succédé la droite libérale (dans un pays déjà assez déchristianisé). Même la poussée populiste (Le Pen aurait pu se retrouver au second tour dès 1995, après tout) est commune, puisque le parti Samoobrona d'Andzej Lepper est désormais la troisième force politique du pays, un peu à l'image de notre Front National.

   Un peu de prospective pour terminer : l'actuel président de la République Kwasniewski s'est tenu à l'écart. Malin comme il est, je le vois bien, une fois son deuxième (et dernier) mandat achevé, récupérer les lambeaux des sociaux-démocrates pour forger une nouvelle force d'opposition (de gauche) à ce gouvernement qui ne manquera pas de trahir les aspirations sociales d'une partie de son électorat. Comme c'est le Premier ministre qui détient la réalité du pouvoir, Kwasniewski doit ambitionner de revenir sur le devant de la scène en tant que chef de gouvernement... d'autant plus qu'il est bien vu à l'Ouest, où l'euroscepticisme des formations victorieuses des dernières élections est connu. Sinon, je sens bien une percée populiste se confirmer : Lepper pourrait se trouver en position de force, aux présidentielles ou aux prochaines législatives. La Pologne connaîtra-t-elle son 21 avril ?