Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 08 août 2025

Malheur aux vaincus

   Contrairement à ce que le titre du billet pourrait sous-entendre, il ne va pas être question ici des exploits du Gaulois Brennus dans la Rome antique, mais d'un roman contemporain, de Gwenaël Bulteau, dont je me suis procuré l'édition de poche.

histoire,livre,livres,lecture,roman,littérature,littérature française

   L'action principale se déroule à Alger, en 1900, mais une seconde trame est entremêlée à la première, celle de la mission Voulet-Chanoine, qui a sinistrement fait parler d'elle l'année précédente. Les chapitres évoquant celle-ci sont rédigés en caractères italiques. Ils alternent avec la trame principale, elle-même composée d'un kaléidoscope colonial. Il faut un petit moment pour comprendre quels sont les liens entre les deux trames et quels personnages de 1899 sont présents à Alger en 1900.

   A cette époque, cette ville est en plein trouble politique. Elle vit ce qu'on pourrait qualifier son "moment antisémite", notamment sous l'impulsion de l'ancien maire Max Régis. En paroles et en actes, la haine des juifs exprimée par ces colons (qui s'appuient parfois sur la population musulmane, que pourtant ils méprisent) apparaît grande, mais je crois pouvoir dire que, sauf à la toute fin, elle est atténuée par rapport à ce qu'elle fut.

   Il y a donc des personnages réels dans cette intrigue, qui croisent ceux de fiction, parfois inspirés d'authentiques personnes. Dans la ville coloniale se croisent colons de diverses origines (italienne, espagnole, alsacienne, nordiste, gardoise...), "indigènes" musulmans et juifs locaux, devenus citoyens français de plein droit depuis le Décret Crémieux de 1870, qui insupporte aussi bien les colons antisémites qu'une partie de la population musulmane.

   Un massacre commis dans une belle propriété coloniale suscite beaucoup d'interrogations. Les victimes sont au nombre de six (quatre hommes et deux femmes), assassinées de différentes manières. Deux armes à feu sont notamment en cause, l'une d'entre elles d'origine inconnue. Un lieutenant philanthrope est chargé de l'enquête, puisque l'une des victimes est un officier de l'armée française, trois autres étant des soldats africains présents sur place.

   Colonialisme, racisme, antisémitisme, misère sociale sont au programme de l'intrigue, qui évoque aussi les bagnes militaires. Ces aspects macabres sont atténués par deux histoires d'amour (une dans chaque trame du récit) et une relation particulière qui se noue entre une commerçante d'origine alsacienne et des enfants des rues, débrouillards mais soumis à diverses violences.

   C'est bien écrit, documenté, passionnant. Il vaut mieux connaître un peu l'histoire de cette époque avant d'en commencer la lecture.

jeudi, 18 juillet 2019

Chez Adolf

   Le premier tome de cette bande dessinée, intitulé sobrement "1933", vient de paraître aux éditions Delcourt. il est signé d'un trio : Rodolphe (pour le scénario), Ramón Marcos (pour les dessins) et Dimitri Fogolin (pour la colorisation).

histoire,actu,actualite,actualites,actualité,actualités,bd,bande dessinée

   Le narrateur est le personnage principal (l'homme barbu portant chapeau et lunettes, sur la couverture), Karl Stieg, un enseignant (apolitique) d'un collège pour garçons. Célibataire, il jouit d'une bonne réputation et loge dans un appartement situé juste à côté d'une brasserie, où il a ses habitudes.

   Le début de l'histoire voit celle-ci changer de nom. Son propriétaire, prénommé Adolf, trouve porteur de transformer "Les Joyeux Amis" en "Chez Adolf". S'il éprouve de la sympathie pour le nouveau chancelier, il n'est pas un nazi militant. D'ailleurs, quand le boycott des juifs est lancé, il accepte d'en recevoir dans son établissement.

   Ce volume ambitionne de nous montrer la montée en puissance du régime nazi qui, petit à petit, va quadriller toute la société allemande et se révéler de plus en plus menaçant. De son côté, Karl est amené à faire des choix : adhérer ou pas au parti nazi ? faire le salut hitlérien ou pas ? donner un coup de main (ou pas) à ses voisins juifs ? tolérer (ou pas) la propagande nazie sortant de la bouche de certains de ses élèves ? sauver la mise (ou pas) à sa (charmante) collègue militante antinazie ? (Ce dernier choix va embarquer le héros dans une aventure nocturne rocambolesque à souhait.)

   Le style du dessin est classique, sans copier la "ligne claire" hergéenne ou les albums de Blake et Mortimer. (On peut feuilleter les premières pages ici.)

histoire,actu,actualite,actualites,actualité,actualités,bd,bande dessinée,bande-dessinée,livres,lecture

   J'ai aimé l'ambiance de polar, mêlée à la description de la vie quotidienne des protagonistes. Deux tomes sont à venir, le suivant se déroulant en 1939. J'ai hâte de les découvrir.