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mardi, 31 octobre 2006

L'immeuble Yacoubian

   C'est une fable cosmopolite, ancrée dans la réalité égyptienne, mêlant Occident et Orient. Dans la forme, ça nous donne un film long (2h45), mais pas ennuyeux, par contre massacré par une musique sirupeuse... Il faut absolument retrouver le compositeur et l'empêcher de sévir à nouveau. De plus, ce n'est pas toujours bien joué : c'est parfois très outré, naïf. Mais le scénar est vraiment intéressant, donc on est irrité mais on continue à suivre.

   Le film se propose d'expliquer l'émergence de l'islam politique en Egypte. Il insiste sur les causes intérieures (même si le conflit israélo-palestinien apparaît à un moment), la corruption des moeurs, des pratiques politiques, la dictature, les inégalités. Comme le réalisateur porte un jugement moral, il met davantage en valeur la corruption que les inégalités, même si elles apparaissent. Je trouve trois personnages particulièrement réussis : le faux Pacha, vieux beau philosophe par nécessité, l'étudiant qui ambitionnait de devenir policier (je vous laisse découvrir ce qu'il devient) et la jeune femme "moderne" qui veut s'en sortir... à tout prix ?

    Le problème est que le fond du film est à la limite de la xénophobie. Tous les "méchants" ont la peau claire (sauf le Copte, mais ce n'est pas un musulman) : ce sont les Egyptiens qui ressemblent le plus aux Européens, physiquement et moralement. Certains d'entre eux sont des "débauchés". Il est intéressant de noter que l'homosexuel est un métis, et qu'il "corrompt" un "vrai" Egyptien, paysan du Sud (avec les conséquences que je ne vous décrirai pas). De surcroît, dans le film, l'homosexualité de ce personnage est expliquée (à la fin) comme étant la conséquence d'une éducation ratée, une sorte de maladie quoi. Les homos apprécieront. Ceci dit, ce directeur de journal francophone est dépeint comme un homme bon et généreux. On peut ajouter à cela que la francophilie n'est pas présentée comme négative (belles séquences avec les chansons de Piaf). On a "oublié" de parler de la culture britannique, qui a laissé pas mal de traces dans le pays. Mais cela n'est sans doute pas "politiquement correct" actuellement dans la monde arabo-musulman.

   Par contre, le personnage du Copte (=chrétien) cauteleux, faux-derche, âpre au gain et comploteur est vraiment ignoble. Certes, un autre Copte figure dans le film, dans un rôle positif. Mais je pense que le spectateur moyen retient celui-là. Bonjour les préjugés ! C'est peut-être aussi une sorte de juif par procuration...

   Je garde quand même en mémoire de beaux portraits de femmes. Dès avant la montée de l'islamisme, leur situation n'était pas bonne. C'est l'une des grandes qualités du film : montrer que, dans un régime "laïc" (mais dictatorial) patriarcal, entre la pauvreté, les mariages arrangés et le conformisme intellectuel, il n'y pas besoin d'islamisme pour opprimer les femmes.

16:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

lundi, 30 octobre 2006

Princesse

  C'est un long métrage danois. Une partie est filmée (en vidéo numérique) : ce sont les passages (comme des fragments de mémoire) où le narrateur (August) est avec sa soeur, décédée depuis. On ne voit celui-ci qu'à la fin du film. Le reste est une animation assez réussie ma foi, où apparaît la fille que cette soeur a eue, ainsi qu'un lapin qui s'anime aux yeux de ceux qui croient en son existence. L'animation se justifie aussi par ce que l'on fait dire et faire à cette gamine. Ici, on touche à l'aspect le plus tendu du film : la pornographie, la prostitution et l'abus des mineurs. Le film adopte une position morale (un côté "petit blanc pas bien inséré dans la société qui est porteur des vraies valeurs") à travers August, le frère, pasteur, dont on voit la lente dérive. Le réalisateur semble avoir hésité entre la totale subjectivité et une objectivité relative. (C'est l'ambiguïté du film, et un de ses intérêts.) Le milieu du porno est, chose rare dans un film occidental, décrié, avec des portraits à l'acide d'une bande de ratés qui abusent des femmes. Au final, un fil cru, violent, désespéré, audacieux... prenant.

16:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

Thank you for smoking

      Aaahhh ! Amateurs de cynisme, d'humour sarcastique, grinçant, viendez, viendez ! Ce film est pour vous ! Aaron Eckhart joue sans complexe un enfoiré de lobbyiste travaillant pour l'industrie de la cigarette. Pour vous dire comme il est fréquentable : sa femme l'a plaqué et ses meilleurs amis sont employés pour l'un par le lobby des armes à feu et pour l'autre par l'industrie des alcools ! Leurs rencontres, ritualisées autour d'un dîner, sont un délice !

      Je précise que je suis non-fumeur... et que j'ai adoré le film, n'y voyant en aucune manière une apologie sournoise de la consommation de tabac ! En réalité, il fustige les hypocrisies contemporaines, celles des cigarettiers bien sûr (ah les collègues de travail du héros...) mais aussi celles des politiques (qui tiennent un double langage) et des médias (avec un beau personnage de "mante religieuse"...). Une autre trouvaille du film est la place qu'y tient le fils unique du roi du bagout, dans une relation de réciprocité qui réserve quelques surprises... Pour les fines bouches, la description de l'univers hollywoodien vaut son pesant de petits fours onéreux !

14:59 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

dimanche, 29 octobre 2006

Une vérité qui dérange

   Physiquement, Al Gore a un petit peu changé : il a vieilli, s'est empaté, mais, intellectuellement, il est au top et il a su trouver les moyens de rendre ses idées audibles. Il joue sur l'autodérision, mais on sent qu'il a encore en travers de la gorge le décompte des voix de novembre 2000. Résultat : 8 ans de perdus pour le pays et sans doute la politique étrangère la plus stupide depuis que les Etats-Unis existent.

   Le film nous montre Gore en déplacement, en conférence, préparant celle-ci (construisant ses documents d'appui, par exemple : vive l'ordinateur portable !), cherchant à l'améliorer. Pour bétonner ses interventions, il se fonde sur une foule de données statistiques, le résultats de nombreuses recherches. C'est globalement très convaincant (même si l'accumulation peut parfois lasser), d'autant plus qu'il a recours à quelques procédés très visuels (par exemple le coup de l'élévateur automatique !). Sur la forme, il est très bon parce qu'il utilise des analogies (par exemple entre le tabac et le réchauffement, entre le nucléaire et le réchauffement). Il aurait peut-être pu nuancer un peu sur le lien entre le réchauffement climatique et la fréquence des cyclones (pas encore unanimement reconnu par la communauté scientifique), ou encore rappeler que, si à l'ouest de l'Antarctique la glace fond, il n'en est pas de même à l'est. On appréciera les quelques piques lancées à l'administration Bush, dont certains membres ont une grande faculté de reconversion (dans le milieu pétrolier).

   J'ai aussi aimé la manière dont Al Gore part de son vécu pour border certaines questions. Toute la partie sur le tabac et sa culture, la ferme de son père, le cancer de sa soeur, est très touchante.  

 Reste, au-delà du film, l'action citoyenne : le début du générique de fin donne quelques conseils simples, que la plupart des spectateurs connaissent déjà à mon avis. Mais cela ne peut pas faire de mal.

  Le site officiel :

http://www.climatecrisis.net/

16:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma

samedi, 28 octobre 2006

The Queen

   Que Dieu sauve Helen Mirren ! Elle est la pierre précieuse dont ce film est l'écrin. Elle réussit à incarner Elizabeth II de manière saisissante, à tel point que, désormais, on serait légitimement amené à se demander, en regardant la vraie reine, qui est cette personne qui s'évertue à imiter Helen Mirren ! Un gros travail d'observation a été fait quant à la gestuelle, aux déplacements. Du coup, comme les dialogues sont ciselés, la reine paraît peut-être plus sympathique qu'elle ne l'est en réalité. C'est qu'elle est adorable, cette souveraine qui conduit son 4 x 4, connaît un peu de mécanique et finalement souhaiterait préserver un magnifique cerf (elle ne va toutefois pas au bout de son envie, un trait caractéristique du personnage, formaté par une éducation des plus rigides). Ceci dit, moi, j'aime bien : ce côté digne, guindé, mais aussi cette finesse d'esprit, ont leur charme. Le film a le mérite de nous faire toucher du doigt le fonctionnement de cette monarchie parlementaire particulière... avec une famille royale assez méprisable, mais sans plus. De ce point de vue Frears a perdu le mordant de sa jeunesse : si quelques piques sont lancées, le tout reste assez lisse.

    Mais c'est le traitement de l' "affaire Diana" qui m'a le plus déçu. Frears reprend pendant quasiment tout le film la version de la "princesse du peuple", tuée (au moins moralement) par une belle-famille perverse qui ne l'a jamais acceptée (mais, pour faire contrepoids, cette famille apparaît comme pas si inhumaine finalement, du moins certains membres).  Les dirigeants travaillistes sont montrés sous un jour positif : ils ont compris l'émotion populaire et sont en prise avec leur temps. J'y vois au contraire une forme de populisme. Le rôle de la presse de caniveau (dans la mort de Diana) est à peine évoqué (pour être aussitôt rejeté par ce bellâtre suffisant de Campbell). Il aurait fallu que M. Frears (ou son scénariste) approfondisse un peu la question. Cette marée de moutons qui se pressent avec leurs bouquets (et les messages plus ou moins débiles qui les accompagnent) sont les mêmes que ceux qui se ruaient sur les magazines consacrés à Diana. Par leurs achats (et par l'audience qu'ils accordaient aux émissions télévisées où il était question de l'ex miss Spencer), ils ont encouragé toutes les dérives. Il est vraiment dommage qu'un type comme Frears n'ait pas davantage fouillé son sujet. Valérie Lemercier, dans Palais Royal, avait pointé avec talent les ambiguïtés de la princesse décédée. Pour une fois, des Français se sont montrés plus subtils (bien que dans une comédie loufoque). Le recul, peut-être ?

19:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

vendredi, 27 octobre 2006

A scanner darkly

  C'est étrange : j'ai très peu entendu parler de ce film, alors qu'il est très original, tant au niveau de l'histoire (adaptée de Philip K. Dick) que de la forme (avec la capture de l'aspect des acteurs transformée ensuite en animation colorée). Je trouve que ce n'est pas une simple coquetterie : c'est particulièrement bien adapté au sujet : la drogue, les conséquences de sa consommation régulière, le monde interlope des trafiquants et le côté fantastique de la représentation d'une société ultra-sécuritaire.

  Côté acteurs, on a du lourd : la bande de mecs est saisissante (avec Keanu Reeves et Robert Downey Junior excellents... les autres, moins connus, aussi !) et Winona Ryder est à croquer. Surveillez attentivement les dialogues : c'est du grand art, surtout quand Downey Jr se lâche ! Au niveau de la trame, on est dans du traditionnel : un film de dénonciation, qui s'appuie sur des éléments d'anticipation et pointe le pouvoir trop important de certaines "corporations".

  Vraiment un film à voir !

20:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

Les Berkman se séparent

   Bon, ce n'est pas une sortie des plus récentes, mais tout lemonde n'a pas la chance de vivre dans ou à proximité d'une ville universitaire. C'est une tranche de vie qui est située au milieu des années 1980, avec la musique américaine de l'époque. A la base, ça n'a pas l'air palpitant : dans le quartier intello juif de New York, un couple est en crise. Les deux gamins ont du mal à absorber le choc. C'est d'ailleurs à l'un d'entre eux que le titre anglais du film fait allusion : "The squid and the whale".

   Finalement, le film est délicieux. Il est très bien interprété : les acteurs sont d'un réalisme épatant (mention spéciale à Laura Linney, sublime). Le scénario est nourri de détails quotidiens qui rendent le tout parfois croquignolesque (je pense que c'est à l'un des deux gamins, devenu réalisateur ou scénariste, que nous devons le film)... sans que les clichés ne soient absents : le père va se taper une jeune (une de ses étudiantes), sur laquelle va fantasmer un de ses fils, tandis que la mère va s'envoyer en l'air avec (entre autres) le prof de tennis (William Baldwin efficace).

   La psychologie des ados est travaillée. L'aîné en veut à mort à sa mère pour ses infidélités et choisit de prendre le parti de son père ; du coup, il semble envisager ses rapports avec les filles de manière différente, alors qu'en fait, il n'aspire qu'à retrouver une certaine intimité avec cette mère finalement si femme (et donc sexuée). Le cadet choisit la maman et rejette le père. Cependant, son comportement (les jurons, l'alcool, les prémices de la sexualité mal gérés) montre qu'inconsciemment il cherche à s'identifier à son père.

19:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

mercredi, 25 octobre 2006

La citadelle assiégée

    C'est à la fois un documentaire et une fiction. C'est d'abord une fiction parce que l'histoire qui nous est racontée a été écrite à l'avance et les comportements des "acteurs" programmés, suscités. C'est aussi un documentaire parce qu'il filme de véritables animaux (et pas que des insectes : le caméléon, notamment, est saisissant), agissant "naturellement". Sur le site internet du film (http://www.tfmdistribution.fr/lacitadelleassiegee/), le metteur en scène s'exprime ainsi : "Le principe de réalisation a donc été de provoquer des comportements naturels".

   Le résultat est saisissant. les images sont d'une beauté à couper le souffle... et d'une précision, d'une netteté époustouflantes ! On est pris par la description de la vie des groupes d'animaux, puis par la confrontation. Le suspense est ménagé jusqu'au bout !

   Le gros reproche que je fais est lié à l'utilisation des animaux : provoquer la mort de centaines d'insectes (mais aussi d'un serpent) pour réaliser un film, d'aussi bonne qualité soit-il, aussi fidèle à la réalité soit-il, me paraît abusif. Mais, comme me l'a fait remarquer un collègue de travail, je ne suis qu'un citoyen blanc moyen, bien pensant, limite contaminé par le "politiquement correct"...

   Je reviens, pour terminer, sur le site internet officiel : il est très intéressant, donnant des informations tant sur la conception du film que sur le sujet lui-même.

18:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

lundi, 23 octobre 2006

O Jérusalem !

  Je n'ai pas lu le livre de Lapierre et Collins dont ce film est l'adaptation. Sur un sujet très brûlant, E. Chouraqui essaie de faire preuve d'honnêteté (d'où l'importance du clair-obscur dans le film), mais de manière parfois malhabile. Certes, les acteurs sont très bons (je recommande les personnages de Ben Gourion et Golda Meir... un délice !), français comme anglo-saxons, mais, comme le film a été tourné en anglais, un sentiment de gêne s'installe, en dépit du fait que les Français doublent leur personnage. Les scènes de groupe sont par contre moins réussies. Le tout est parfois trop emphatique, souligné par une musique pas très imaginative.

  Concernant le contexte historique, du travail a été fait, ce qui permet de mettre en lumière pas mal d'aspects de la période entourant la (re)création de l'Etat d'Israël. Des extraits d'archives sont proposés. A cela s'ajoutent des scènes qui ont été calquées sur ce que les médias ont montré à l'époque (voir notamment la proclamation de l'indépendance par Ben Gourion). Cependant, le film insiste trop sur l'impact (indéniable) du génocide et laisse à l'arrière-plan le mouvement sioniste (même si deux groupes de combattants sionistes sont décrits) : il aurait fallu remonter au XIXe siècle. Je pense que, pour un non initié, ce n'est pas suffisamment clair. De plus, par delà l'histoire de la (re)naissance d'Israël, le film se consacre à un petit nombre de personnages impliqués dans la lutte à Jérusalem Est (la vieille ville, qui n'a été finalement conquise par les Israéliens qu'en 1967). C'est un facteur de confusion, entre le micro-combat (qui a une grande force symbolique : c'est dans la vieille ville que sont situés les Lieux Saints) et la lutte générale, qui n'est qu'accessoirement évoquée.

   L'image, elle, est plutôt soignée, ce qui fait que le film est assez plaisant à regarder. On nous offre de jolis plans sous la lumière du soleil levant, aussi plusieurs scènes à la nuit tombée. Le propos d'ensemble est généreux : l'entente était possible, le conflit évitable (entre gens raisonnables, mais il y a des imbéciles et des extrémistes dans les deux camps). Toutefois le film ne permet pas suffisamment de comprendre pourquoi. Au delà de la générosité de certains personnages, on a quand même souvent l'impression d'un mouvement inéluctable, d'une sorte de fatalité.

17:20 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

dimanche, 22 octobre 2006

Water

  C'est un film indien, où l'on cause hindi (et un peu anglais). L'action se déroule à la fin des années 1930, mais le propos porte globalement sur la situation des femmes (plus particulièrement des veuves) en Inde, hier et aujourd'hui, comme le rappelle un carton à la fin. Du coup, je pense qu'il aurait été plus pertinent de situer l'action à une époque plus récente, mais cela aurait privé le film de scènes avec Gandhi, auxquelles le réalisateur devait tenir.

  C'est un film indien, donc, il est assez long (encore que 2 heures, c'est rapide pour Bollywood), entrecoupé de musique et de chants (on ne voit toutefois pas les acteurs mimer ni danser... c'est est déjà ça). Les deux personnages principaux sont très beaux, lui genre brun barraqué dilettante mais progressiste, elle sublime brune modeste mais finalement dotée d'un caractère fort. C'est aussi un mélo. On aime ou on n'aime pas. J'ai trouvé cela supportable, sans plus.

  L'intérêt du film réside dans la peinture de cette maison de veuves, à laquelle la petite dernière veut échapper. On a droit à de magnifiques portraits de femmes (chapeau, les actrices), très diverses et pourtant toutes victimes d'abord des mariages arrangés, puis des préjugés de la société bien pensante. Le film n'est pas manichéen : le personnage du père du héros est complexe, à double tranchant. A noter que la photographie est travaillée : les scènes tournées sur les bords du fleuve sont plastiquement très réussies.

20:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

samedi, 21 octobre 2006

La méthode (El Metodo)

    C'est une coproduction hispano-argentine qui a pour théâtre le monde de l'entreprise... le haut du panier en fait : il s'agit du recrutement de cadres supérieurs. En contrepoint se déroule une manifestation contre le F.M.I.. D'une certaine manière, le film souligne (surtout quand on a vu la fin, à l'intérieur comme à l'extérieur) qu'entre le darwinisme social des cadres et l'altermondialisme des protestataires se trouve la position équilibrée, ce qui laisse pas mal de marge !

    Les cadres sont soumis à un test "original", inspiré de la télé réalité : ils s'éliminent un par un. Conformément au principe de ce genre d'émissions débiles, c'est celui qui est sans doute le plus compétent, le plus honnête et le plus humain qui est le premier éliminé. Dès le début, on sent qui peut être vainqueur. A noter que, perversité supplémentaire, une personne du recrutement est infiltrée dans le groupe. Sans dévoiler de qui il s'agit, je peux dire que j'ai assez rapidement deviné : cette personne se trahit (deux voire trois fois). L'intérêt du film est de montrer jusqu'où des êtres humains éduqués, a priori normaux sont prêts à aller pour obtenir le poste convoité (d'autant plus que la plupart a déjà un autre boulot bien payé). Le tout est emballé dans une esthétique qui n'est pas sans rappeler certains feuilletons télévisés, avec des acteurs au physique de mannequin, des dialogues souvent assez creux (mais qui peuvent être drôles au second degré), une image léchée de chez léchée.

17:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma

vendredi, 20 octobre 2006

Severance

   C'est un nanard sympathique, qui s'inscrit à la fois dans la tradition du film gore (non, sans lien avec l'ancien virtuel président des Etats-Unis) et dans la modernité... On va voir pourquoi. Côté tradition, on a droit à des scènes sanglantes, pas si nombreuses que cela finalement et ce ne sont pas forcément les actes les plus précis qui sont mis en valeur par la caméra. Le talent du film réside dans sa force de suggestion. Une autre de ses qualités est la critique politique et sociale qu'il véhicule. Les personnages principaux travaillent dans une société qui fabrique et vend des armes de guerre. (Vers la fin du film, on a même droit à une scène qui est un décalque de publicités filmées pour ce type de produits, avec blonde poitrinaire maniant le joujou!) Ils débarquent en Europe pour une sorte de séminaire de motivation (un passage obligé dans bien des entreprises converties aux méthodes de "manadjmenthe" qui déchirent). Ils vont s'en prendre plein la figure... On peut même dire qu'ils sont punis par où ils ont péché... On s'en réjouit d'autant plus qu'ils ne sont pas sympathiques à la base (bien sûr, le film a pour but secondaire de nous les faire aimer, enfin certains d'entre eux) : un directeur commercial con comme la lune, son second noir bien comme il faut (mais qu'est-ce qu'il urine fort !), deux femmes, une intello coincée, l'autre blondasse dynamique, un béni oui oui, un djeunse accro aux substances hallucinogènes et un bellâtre barraqué fort en gueule. Si vous avez compris à quel public ce genre de film est destiné, vous pouvez deviner quels sont ceux qui vont s'en sortir. Les autres ont droit à une mort "digne", arrosée d'une pincée d'humour. N'oubliez pas que le titre signifie quelque chose comme "séparation", "rupture" : cela ne fait uniquement allusion au côté "perdu en forêt"...

    C'est le contexte qui constitue l'aspect moderne. Le film s'inscrit dans une nouvelle "tradition", qui  voit dans l'Europe de l'Est anciennement bolchévique une terre inhospitalière, refuge de dégénérés et autres créatures dangereuses (et aussi, accessoirement, un vivier de sympathiques prostituées blondes, avides de mâles blancs occidentaux riches). On a eu droit récemment à la Slovaquie et à la Roumanie. Ici, on nous offre la Hongrie. Au niveau des dialogues, ça ne vole pas bien haut... du moins pour ceux qui sont traduits dans la VF (celle que j'ai vue), puisque que quand les acteurs hongrois causent magyar, faut deviner par ses propres moyens ! Le film est en prise avec l'histoire des Etats-Unis, puisqu'il y est fait allusion bien évidemment à la "guerre froide" (sauf qu'il y a confusion parfois entre Russes et Hongrois, notamment au niveau des papiers trouvés), au 11 septembre 2001 et à la guerre contre le terrorisme supposée menée par le Gouvernement Bush. Le film reprend l'idée que les ennuis actuels du pays sont le résultat des politiques antérieures. Au second degré, on peut penser que ce film sera apprécié dans des pays où les Etats-Unis sont impopulaires : bien des gens jouiront du spectacle de Yankees trucidés... à l'ancienne, souvent : à l'arme blanche ! Je reproche toutefois au film de finalement mettre tout sur le dos du "gouvernement" et ainsi de décharger les entreprises de leurs responsabilités...

15:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

vendredi, 13 octobre 2006

Spectacle d'Olivier Sauton

   Récemment, j'ai assisté à un spectacle "comique" (je n'aime pas trop ce mot... je préfère "humoristique"), dans un théâtre (euh une salle en sous-sol pour être plus précis) du XIXe arrondissement de Paris, La Providence. Le principe est le suivant : c'est gratuit, on donne ce que l'on veut à la fin. Le spectacle s'appelle Tu ne crois pas si bien rire. C'est assez révélateur du style d'Olivier Sauton, qui manie la langue française avec une dextérité certaine. On sent (avant même qu'il ne le dise à la fin) que son modèle est Pierre Desproges (Sauton est un moraliste, pas uniquement un amuseur), mais j'ai perçu d'autres influences, ou j'ai senti comme une parenté parfois entre son style et celui de Jean-Luc Lemoine (dans le sketch sur les femmes) ou encore celui de Dany Boon (plutôt au niveau de l'attitude, là).

  Le spectacle dure un peu plus d'une heure. L'introduction et la conclusion sont soignées, même si cela donne parfois l'apparence de l'improvisation. Sauton a ce talent et sait aussi jouer avec le public. C'est aussi un bon acteur, capable de se mettre rapidement dans la peau de personnages très différents les uns des autres. Un des sketchs marquants est celui consacré à une "racaille" (ouais, une caillera !). J'ai trouvé cela réussi mais de temps à autre j'ai été gêné. Il a beau dire plus tard que cette "caricature" a fait rire des jeunes de cité eux-mêmes (qui ont trouvé que le personnage ressemble -hélas- à des gens qu'ils connaissent), je trouve les ficelles un peu grosses. Il peut encore progresser au niveau de l'écriture. Le meilleur moment est celui durant lequel il incarne Fabrice Lucchini (beau travail sur la gestuelle et les mimiques) : c'était tellement criant de vérité qu'une personne assise près de moi, à qui le nom de Luchini ne disait rien (ça existe, oui), a rapidement compris de qui il s'agissait (elle l'avait déjà vu à la télévision). Dans ce sketch de folie, il est question de La Fontaine ("La tortue et les deux canards"), de théâtre, de la vie aussi (incidemment, Sauton parle de lui à travers tous ces personnages).

  A la sortie, je voulais lui laisser 10 euros (comme quoi je ne suis pas trop radin), mais, comme j'avais donné un bon pourboire au resto où j'avais mangé avant le spectacle, il ne me restait plus que de la monnaie (l'équivalent du prix d'une place de cinéma)... Tout ça pour dire que son numéro vaut le détour. Par contre je n'ai pas vu le deuxième spectacle qu'il joue (avec un sketch en commun avec le premier, celui sur Lucchini).

mercredi, 11 octobre 2006

The road to Guantanamo

   Une fiction, sous la forme d'un documentaire (en plus agréable à regarder, tout de même), donc avec des artifices de réalisation. A la base, c'est une histoire vraie... abracadabrantesque ! Le film adopte totalement le point de vue des Anglo-Pakistanais. Il est vrai qu'ils en ont bavé, mais je trouve que Winterbottom aurait pu nuancer un peu.

   Tout d'abord, il aurait pu mieux contextualiser le procédé du mariage arrangé, avec retour au pays à la clé. Bonjour la liberté de choix de la future épouse ! Ensuite, je trouve que la vision des mosquées pakistanaises est un petit peu "douce" (on évite de les montrer comme des foyers de fondamentalisme, la propagande politique dont elles sont le siège n'étant, à la vision du film, qu'une réponse à l'agression états-unienne...).

   Reste la description des camps de Guantanamo et des procédés d'interrogatoire. Le savoir-faire de Winterbottom est ici très visible et les acteurs sont formidables. Une bonne leçon sur les apôtres de la démocratie qui n'appliquent pas les valeurs qu'ils brandissent en étendard...

11:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

samedi, 07 octobre 2006

On n'est pas couché(s)

   Jeudi 5 octobre 2006, j'ai assisté à l'enregistrement de l'émission de Laurent Ruquier, au Moulin rouge (en fait, dans une salle annexe transformée en plateau télé). Il fallait se présenter à 19h (après avoir réservé). On avait droit à un sandwich et une boisson non alcoolisée (merci !) pour patienter... mais aussi parce que la soirée allait être longue ! La grande faille dans l'organisation réside dans le petit nombre de cabinets de toilette (2 pour tous les spectateurs... bon, ça va, j'ai une vessie et une prostate qui tiennent la route). En salle, on ne choisit pas forcément sa place, même si ce n'est pas aussi planifié que je m'y attendais. Les vieux se retrouvent quand même très majoritairement en haut des gradins, les jeunes au premier rang. Quelques canons sont placés au niveau du deuxième ou troisième rang, histoire d'agrémenter le champ de vision des caméras fixes. Ensuite débarque le chauffeur de salle, sympathique, qui maîtrise le second degré (il nous apprend à émettre des applaudissements voire des rires "spontanés"). L'enregistrement a démarré à 20h30 environ... et s'est terminé à 2h !!! Trois pauses ont été ménagées (du coup, à la troisième, certains en ont profité pour se casser... Tas de mauviettes !)... A l'occasion de celles-ci, je me suis jeté sur les bouteilles d'eau distribuées : c'est que je cuisais, moi ! J'avais trouvé une petite place sympa, dans un coin, en haut des gradins... juste devant des projecteurs qui n'étaient pas allumés lorsque je suis arrivé. Si cela avait été des lampes à UV, je crois que je serais mort d'un cancer avant la fin de l'enregistrement !

   Passons aux intervenants et aux invités. Ruquier m'a paru très professionnel, rigoureux, perfectionniste (j'aime bien sa manière de se reprendre quand il a bafouillé ou quand un imprévu a fait déraper le cours de l'émission). Je n'ai pas compté le nombre de fiches qu'il a utilisées, mais c'était impressionnant (même si c'était sans doute tapé en taille 18 ou 20) ! Presque tout est écrit d'avance et défile sur l'un des deux prompteurs (même une plaisanterie entre Jean-Luc Lemoine et Ruquier). Les rares moments d'improvisation sont liés aux invités et, parfois, à la manière dont Ruquier mène l'entretien. (Petite anecdote : à un moment, un abruti, sans doute en régie, a lancé un vibrant "Allez l'O.M. !" qui s'est entendu jusque sur les gradins où je me trouvais. Les personnes situées sur le plateau n'ont peut-être pas compris les propos mais d'Ormesson et Ruquier ont embrayé aussitôt et ce fut assez drôle.) En général, il rebondit par un jeu de mots. De là où j'étais, je voyais Ruquier de profil, parfois légèrement de dos. Observez bien sa coiffure : elle paraît simple, alors que je suis prêt à parier que c'est le résultat d'un savant travail. De manière générale, je dirais que Ruquier se bâtit un personnage lisse, au niveau de la coiffure, du visage (toujours un peu poupin) et des vêtements. C'est par la parole qu'il fait émerger les aspérités.

   Jean d'Ormesson fut le plus pétillant des invités. Bon, il est prêt à tout pour vendre ses bouquins et profiter un peu du soleil médiatique, mais il est vraiment habile, beau parleur, cultivé... et affûté. Je ne le crois absolument pas quand il affirme ne pas écrire pour vendre. Espèce de vieux faux-jeton ! Par contre, lorsqu'il s'est trouvé assis dans le siège latéral, il a lancé une pique qui a dû toucher plusieurs des personnes présentes ce soir-là : il a déploré un des travers de notre époque, qui met tout sur le même plan, l'inculte et le cultivé, le clinquant et le profond. C'était là une manière de défendre sa boutique, mais aussi de lancer une flèche à quelques gloires transitoires, parmi lesquelles sans doute Titoff.

   Celui-là est un beau gosse qui a de l'humour... donc un sale type, soyons clairs. Le problème est qu'il parle. Je suis désolé, mais souvent, il ferait mieux de se taire (sauf quand il balance une blague, drôle en général) : il est assez creux. Heureusement, il y avait Julie Depardieu, si craquante. J'ai appris qu'elle s'était fait refaire le nez. A priori, je n'aime pas trop la chirurgie esthétique mais je pense qu'elle a eu raison de vouloir se débarrasser du "nez des Depardieu". De là à vouloir tout refaire d'ici quelques années... Julie, voyons, tu n'en as pas besoin ! Anecdote : son micro était placé au niveau du sein gauche, sur le décolleté de son haut. J'ai compté qu'à au moins quatre reprises, un technicien est venu le replacer (alors que je n'ai pas constaté de problème au niveau du son : on l'entendait très bien !), la dernière fois en fixant ledit micro directement sur le soutien-gorge de Julie ! Vein... Salaud ! En début d'enregistrement, elle était pleine de vie, puis elle s'est effondrée. Cela a commencé par deux éclipses du plateau (pour aller fumer derrière les gradins : de mon côté, on sentait la fumée...). Vu l'état dans lequel elle a fini la soirée, il devait y avoir autre chose que du tabac dans les cigarettes... On l'a vue ensuite s'affaler comme une bouse sur la table (d'Ormesson en a profité pour mater sa poitrine).

   Il a  été  beaucoup question de livres ce soir-là. On a eu droit à des sortes de mémoires du trostskiste Alain Krivine. Le bouquin a été descendu par Polac (un épisode de la guéguerre qui oppose certains altermondialistes à Charlie Hebdo ?), les idées par Zemmour (auquel Krivine a évité de répondre sur le côté "révolutionnaire" de l'économie de marché). Le mini-débat qui s'est engagé n'a servi à rien, sinon, je pense, à suggérer l'idée qu'entre la droite (Zemmour) et l'extrême-gauche (Krivine) se trouve la politique la plus équilibrée. Ruquier serait-il du centre-gauche ? Krivine a quand même suscité des applaudissements quand il a défendu, avec talent, un engagement politique autour de la générosité. Le trostskisme, stade suprême de l'humanisme ?... Ensuite est venu le tour d'un type qui avait volé des tableaux dans des musées. On s'est vite aperçu de l'escroquerie. Malheureusement pour lui, le type n'avait pas la carrure des autres invités. Il s'est mal défendu, d'autant plus qu'il a été attaqué par pas mal de monde. On sentait l'escroc érémiste poussé par l'éditrice avide de réaliser un bon coup. Toutefois, sur la méthode, on lui a fait un procès inéquitable, puisqu'il a été attaqué principalement sur la foi d'un article d'un journaliste de Libération, avec lequel il aurait été en contact quelques années auparavant. Faudrait voir si le gars n'est pas après tout plus sincère qu'il ne paraît. Troisième "livre" de la soirée, le dernier semi-pamphlet de Ted Stanger, un Etats-unien qui vit en France. Il est habile, sait parfois relever des travers, mais, à mon avis, il est foncièrement malhonnête : il me semble qu'il cherche à attribuer aux fonctionnaires (pas forcément toujours irréprochables, là-dessus on est d'accord) tout ce qui va mal... et tout ce qu'il lui est arrivé de dérangeant. Bonjour le bouc émissaire. Ruquier lui a taillé un costard, sans trop fouiller. Le plus drôle est que Stanger s'est présenté comme "liberal"... au sens américain du terme (sans que quelqu'un prenne la peine de le préciser), c'est-à-dire "démocrate". Il s'est déclaré proche de Dominique Strauss-Kahn. Il n'est pas sûr que l'expression de ce soutien survive au montage... Polac a recommandé un livre consacré à un faussaire, qui a fait des Vermeer criants de vérité. Mais le seul livre présenté ce soir-là que j'aurais envie de lire est celui d'Isabelle Alonso. Malheureusement, elle est passée en fin d'émission. Peut-être Ruquier a-t-il voulu ainsi limiter les accusations de copinage. En tout cas, je vais peut-être acheter L'exil est mon pays. On peut le qualifier de fiction autobiographique. Il est question de migration, d'identité, de mélange... autant de thèmes qui font écho à ce qu'ont vécu des familles venues d'Espagne (cas d'Alonso), mais aussi du Portugal, d'Algérie, du Maroc, d'Italie, de Pologne etc. C'est aussi une histoire qui peut parler à ceux qui sont issus d'une famille biculturelle française : occitane, bretonnante, alsacienne... On n'était donc pas trop étonnés de voir débarquer le député Lassale (du Béarn), et de l'entendre causer occitan. A part cela, il n'a pas dit grand chose, sauf sur la réintroduction des ours. Je partage son point de vue concernant le caractère autoritaire de la décision des lâchages, mais je le trouve un peu timoré (c'est un "centriste"... ça veut dire qu'il a le cul entre deux chaises et qu'il aimerait bien gagner sur tous les tableaux... il est allé serrer la main de Krivine avant que celui-ci ne quitte -discrètement- le studio, sans doute par courtoisie). Il a omis d'aborder le contexte de la disparition des bergers. Si les humains et les chiens sont moins nombreux à garder des troupeaux de plus en plus volumineux, ceux-ci deviennent des proies faciles pour un ours affamé. Je sais bien que je ne résouds rien en disant cela, mais il est quand même plus honnête de discuter de tous les aspects d'un problème.

   Quand Lassale a causé occitan (pardon béarnais, c'est une variable de l'occitan... à moins qu'il faille affirmer que l'occitan n'existe pas en tant que langue, mais bon, je rengaine ma bombe atomique), il a dialogué avec un revenant : Marcel Amont. Je crois qu'une bonne partie du public présent ce soir-là ne savait pas qui il était. C'est quand on s'est mis à fredonner certaines de ses anciennes chansons qu'on s'est rendu compte qu'il faisait partie du patrimoine musical français. On nous la rejoue "Henri Salvador sur le retour" (Salvador, c'est quand même autre chose), avec la même tendance jazzy. Du coup, Marcel Amont n'a pas été égratigné, ni contredit quand il a affirmé avoir bien vécu toutes ces années de disgrâce médiatique, quand il gagnait sa croûte à coups d'animations bas de gamme et de soirées un peu ringardes.

   Le cinéma constituait l'autre gros morceau de cette soirée. Dès le début, il a été question de L'homme de sa vie (faut-il y voir un choix de Ruquier ?). Charles Berling a bien défendu le film (qui ne m'emballe pas des masses a priori) et j'ai particulièrement apprécié son propos sur les communautarismes et le fait de vouloir à tout prix ranger les gens dans une catégorie. Je l'ai vu tirer une sacrée tronche quand Jean-Luc Lemoine a (brillamment) tourné le trotskisme en dérision (lorsque Krivine est passé sur le grill). Julie Depardieu était là pour faire la promo de Poltergay : une comédie un peu bas du plafond, mais que je compte aller voir ! Etonnant que Clovis Cornillac n'ait pas été là. Aurait-il snobé l'émission ? Est-il d'avis que ce film fait un peu tache sur sa cinématographie ? Ruquier a-t-il préféré inviter Julie Depardieu ? Etait-elle la seule disponible ce soir-là, à cet horaire-là ? En fin d'émission, Anémone est venue présenter un film dont j'ai oublié le titre (trop fatigué). Mais je n'ai pas oublié le gadin qu'elle a pris en arrivant sur le plateau ! Plus de peur que de mal heureusement. Cela sera peut-être coupé au montage. Si c'est le cas, on laissera sans doute subsister le trébuchement qu'elle provoque en se déplaçant vers le siège latéral. Ce fut un moment sympa, d'autant plus que le chien de l'actrice est venu se mêler à la fête. De ma place, je le voyais au centre du plateau : la pauvre bête voulait juste ne pas être séparée de sa maîtresse. Si vous souhaitez  savoir d'où vient le personnage de Thérèse du Père Noël est une ordure, regardez l'émission.

  De manière générale, j'ai eu l'impression d'assister à une sorte de marché médiatique. Ils sont tous venus vendre leur soupe, avec plus ou moins de talent, plus ou moins de subtilité. Le plus drôle est que la majorité de ces mercantiles est de gauche (et très contestataire vis-à-vis de l'économie de marché). Autre remarque : visiblement, le stress est très répandu dans le "chobiz" : les pauses ont été l'occasion d'une ruée sur les cigarettes (ruée des invités et des animateurs, pas du public, non mais !). Ruquier lui-même en a allumé une (à la troisième pause sauf erreur de ma part). Il faut dire que les conditions de l'enregistrement ont parfois pu l'agacer : les incidents ou approximations techniques ont été fréquents. Les gars de la régie ont dû se prendre un beau savon...