vendredi, 25 avril 2008
sTarko
... Un an dans la peau de Sarko. Il s'agit du dernier film de notre GERPAF (gentil rebelle du paysage audiovisuel français) préféré, Karl Zéro, réalisé avec sa chère et tendre Daisy d'Errata. Je ne savais même pas qu'ils préparaient quelque chose sur le nouveau président français. J'ai entendu Zéro sur France Inter, dans l'émission Le Fou du roi. Ben, du coup, quand je suis passé chez mon marchand de journaux, mercredi, j'ai acheté VSD (voilà le genre d'info que je me garderai bien de communiquer à mes collègues de travail...), avec lequel il était possible de se procurer le DVD du film.
C'est entraînant. La musique est vraiment agréable, gaie, et se marie bien avec les choix graphiques : aux images "d'archives" (ça n'est pas vieux, tout de même) sont ajoutées des animations (au début surtout) qui rappellent les comédies des années 1970 : Nicolas Sarkozy y fait figure d'un Louis de Funès de la politique.
Pour moi qui ne possède pas de poste de télévision (bon, d'accord, il m'arrive de la regarder chez des ami-e-s ou dans la famille), quelques extraits furent de totales découvertes (le reste m'étant parvenu par le biais d'internet, de la presse ou de la radio).
Il faut voir cela comme l'un des précédents films de Zéro, Dans la peau de Jacques Chirac : la satire n'est pas virulente, peut-être pas par manque de volonté, mais du fait de la technique utilisée. Les auteurs ont réalisé un montage d'images d'actualités, parfois inédites (issues du off, ce qui est filmé avant et après une intervention diffusée), mais ils ont peu enquêté. C'est pourquoi leur critique du clinquant sarkozien s'apparente elle-même à du journalisme "pipole", avec un peu de recul toutefois. Les réflexions sur l'économie et la fiscalité, par exemple, sont quasiment absentes du film, alors que cela devrait être le plus important. C'est l'accessoire (l'image) qui apparaît essentiel.
En cela, le film ne se démarque pas du travail habituel des journalistes français (qu'ils apprécient ou détestent Nicolas Sarkozy) : il est un peu superficiel... et surtout, il est plus dur pour les adversaires de l'actuel président que pour celui-ci, puisque le texte (savoureux) écrit par Karl Zéro, est lu par la "voix" de l'ancien ministre de l'Intérieur (excellent Michel Guidoni). Si Nicolas Sarkozy, vu la place qu'il occupe dans le film, est tour à tour mis en valeur et dénigré, ses adversaires (pour les rares fois qu'ils apparaissent) ne jouissent que d'un traitement défavorable (les moins maltraités étant peut-être François Hollande et Dominique Strauss-Khan). On pourrait s'amuser à analyser la pensée politique de Karl Zéro à travers ce qu'il fait dire à Nicolas Sarkozy...
Sur le site de K. Zéro, on peut trouver l'auto-interview des deux comparses :
19:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, politique
mercredi, 23 avril 2008
Taken
Il y a des avantages cinéphiliques à résider dans une région rurale. Ainsi, quand on a raté un film à sa sortie dans les "grandes villes" (25 000, 30 000, 50 000 habitants au maximum, on reste dans le convivial), on peut se rattraper quelques semaines plus tard dans un cinéma plus "campagnard".
Bryan (Liam Neeson, insubmersible) n'est pas une tarlouze. C'est le principal message de ce film. Et pourtant, au départ, on a un peu l'impression de se trouver face à une "chochotte" : il vit mal son divorce (son ex s'est maquée avec un millionnaire vieux et moche) et a lâché son boulot (qu'il adorait pourtant) pour se rapprocher de sa fille, qui, en fait, n'est pas très attachée à lui. C'est une figure classique du "gentil bourrin", bosseur, honnête, mais pas forcément facile à vivre.
Bien vite, on s'aperçoit que le héros a des burnes de mammouth. Bon, déjà, sa femme et sa fille auraient dû l'écouter et se méfier de ces vacances à Paris. Très vite, il prend les choses en mains. Il va buter toute une bande de proxénètes albanais (une belle brochette d'enculés, il faut le reconnaître), en deux temps, sans recevoir la moindre égratignure. C'est que Bryan est un ancien agent spécial des Etats-Unis, c'est vous dire s'il peut enfumer sans problème les flicards frenchies (à moitié pourris de surcroît). C'est dynamique, trépidant même ; les scènes de baston sont bonnes, tout comme celles de poursuite automobile.
Là où on se rend compte que Bryan est vraiment un type formidable, à mi-chemin entre John Rambo et le James Bond incarné par Sean Connery, c'est quand il pénètre dans l'immeuble parisien où se déroule une vente sordide. Bien entendu, il s'en sort, mais avec plus de difficultés : il affronte des Blancs, donc des adversaires plus redoutables que ces pieds-nickelés d'Albanais, tout juste bons à brutaliser des gonzesses.
L'apothéose vient sur un yatch, sur la Seine, quand notre héros zigouille une floppée de serviteurs interlopes d'un potentat oriental (arabe) pervers, débauché, lâche... un gros vilain quoi. Le sang gicle à nouveau mais il faut noter que, de manière générale, on a davantage soigné les effets sonores (les membres qui craquent, les muscles et les chairs que l'on déchire, les têtes que l'on fracasse etc) que les projections d'hémoglobine.
Derrière cet excellent film d'action se cache une mentalité pas franchement progressiste. La fille est "sauvée" parce qu'elle est encore vierge alors que sa copine, qui a déjà connu le(s) membre(s) masculin(s), s'en sort moins bien. A travers la France, c'est l'Europe qui est décrite comme une zone dangereuse, où l'on ne peut faire que de mauvaises rencontres. Les flics français sont dépeints soit comme des lourdauds, soit comme des corrompus complètement imperméables aux droits de l'homme. Ceci dit, le héros n'en est pas un meilleur apologiste : pour défendre sa fille, il applique une méthode : tuer... éventuellement torturer. C'est tout ce que méritent proxénètes, hommes de mains, trafiquants, flics indignes... et même leur famille !
On pourrait se dire, après tout, que cette vision manichéenne et paranoïaque est bien dans le ton du conservatisme au pouvoir à Washington, mais le problème est que le réalisateur, Pierre Morel, est français (il a été directeur de la photographie sur Taxi 4)... et que le scénario a été coécrit par Luc Besson, qui produit le film ! Ou comment des Français passent par le biais américain pour mettre en scène leurs fantasmes sécuritaires...
17:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
lundi, 21 avril 2008
Passe passe
Voici une deuxième comédie sur l'affaire Elf. Après L'ivresse du pouvoir de Chabrol, avec l'excellente Isabelle Hupert en juge Eva Joly, Tonie Marshall a choisi de mettre en lumière Christine Deviers-Joncour, incarnée ici par Nathalie Baye (qu'on a appelée "Irène"). Guy Marchand est chargé d'interpréter Roland Dumas, ancien ministre des Affaires Etrangères (ici successivement aux affaires Sociales et à l'Environnement). On a aussi légèrement modifié le contexte de la corruption : il s'agit de Coréens (du Sud) et non de Taïwanais mais, dans les deux cas, un intermédiaire joue un rôle ambigu dans une vente d'armes (le Taïwanais Andrew Wang devient le beau gosse coréen qui s'accroche à Nathalie Baye).
La critique sérieuse n'a pas aimé le film. Est-ce pour des raisons morales ou cinématographiques ? Il est vrai que Nathalie Baye, éblouissante, réussit à rendre sympathique un personnage d'insupportable poule de luxe... mais je crois surtout que Tonie Marshall ne bénéficie pas de la même "cote" que Claude Chabrol auprès des penseurs autoproclamés du cinéma hexagonal.
Et pourtant... que les acteurs sont bons ! C'est un régal ! Vraiment, Nathalie Baye est délicieuse en fausse ingénue, amoureuse des plaisirs et du luxe, pas si bête au fond. Edouard Baer est très bien... mais il fait de l'Edouard Baer, donc, si vous ne l'appréciez pas... Les seconds rôles sont excellents sauf, paradoxalement, Guy Marchand, dont j'attendais mieux. On a notamment droit à Joey Starr, criant de vérité en gros beauf (mais qui se fait piquer sa BMW par le héros... je suis persuadé que la firme allemande a lâché la thune pour ce film, qui se transforme parfois en publicité scénarisée pour la bagnole !) : on connaît tous au moins un sale con dans le genre... Les amateurs de grossièretés seront ravis puisque, outre les éructations du beau-frère, on entend périodiquement les élucubrations scato-sexuelles d'une ravissante personne atteinte du syndrome de Tourette (je dois avouer queue, durant ces scènes, j'étais à la limite de l'érection).
Un peu de densité humaine est donné à l'histoire par l'intermédiaire du personnage de la mère (Bulle Ogier, pas mal, sans plus). Après Cortex, Passe passe est le deuxième film commercial français récent à mettre en scène la maladie d'Alzheimer et ses conséquences sur les relations avec les proches. C'est montré de manière digne, parfois comique.
Ajoutez là-dessus une musique légère, judicieusement placée, et vous obtenez une comédie bien menée, pas endiablée, mais très agréable.
15:04 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mercredi, 16 avril 2008
Le dernier repas
Le titre fait allusion à la fin du film : on y voit les deux familles (du moins, ce qu'il en reste) recomposées partager, chacune de leur côté, leur dernier repas terrestre avant de partir pour Mars. Ne croyez pas cependant qu'il s'agisse d'un film de science-fiction. Les effets spéciaux sont absents ; le départ pour Mars n'est qu'un prétexte. On aperçoit, de temps à autre, à l'arrière-plan, les gratte-ciel d'un centre-ville que l'on imagine futuriste mais, et c'est là l'un des atouts de ce film, on nous présente surtout "l'arrière-cour", cette partie abandonnée par la technologie et la belle vie moderne.
Les dialogues sont peu nombreux : c'est par l'image que le réalisateur fait passer ses messages. C'est globalement sombre, limite sordide. On a le père et le fils qui vont se retrouver ; le premier, quinqua esseulé, va payer une jeunesse pour tirer son coup, le second (qui s'est peut-être fait violer en prison, on ne sait pas trop), séropositif (il suit une trithérapie visiblement), devient une sorte de "gogo danseur". Les scènes de spectacle sont d'ailleurs très belles, avec une musique fascinante. Au-delà de l'esthétisme, le réalisateur veut montrer que tout se monnaie en ce monde merveilleux. Point d'amour, mais du sexe tarifé.
La deuxième famille est (presque) exclusivement féminine. La grand-mère veut découvrir le plaisir des sens avec un petit jeune... qui va être le gogo danseur. Sa fille est quittée par son mari, un cadre qui la trompe avec sa secrétaire (dans une scène hilarante, l'épouse découvre son cocufiage... et amorce un étrange dialogue avec l'époux qui continue à besogner sa greluche) ; elle apprend aussi la mort de son fils (peut-être battu à mort en prison). La petite-fille, laide et obèse, veut s'offir une opération de chirurgie esthétique. Pour cela, elle accepte, contre rémunération, de coucher avec un quinqua esseulé (vous voyez qui cela peut-être)...
C'est étrange, parfois captivant, parfois ennuyeux, pas tout à fait dans la lignée des films sud-coréens qui ont connu le succès ces dernières années.
13:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mardi, 15 avril 2008
Mongol
Gengis Khan, vous connaissez ? Le conquérant, le cavalier mongol, tout ça, tout ça. (Chez les Asiatiques, c'est un peu l'équivalent de notre Napoléon.) Bon ben là on nous propose la vie de Temudjin AVANT qu'il ne devienne officiellement Gengis Khan. C'est une fresque historique qui suit la trame d'un roman de formation. C'est filmé avec le savoir-faire des Russes, en mongol et en chinois, dans des paysages kazakhs, mongols et chinois.
C'est bien joué, joli à regarder, avec tout plein de chevaux, du tir à l'arc, des combats, du sang qui gicle... et une histoire d'amour bien particulière ! La promise que se choisit le jeune Temudjin devient un canon de chez canon (rendons grâce au directeur de casting)... avec un caractère trempé, ce qui ne gâche rien. Il faut regarder cela comme on irait voir Guerre et paix : l'histoire me semble pas mal romancée, mais c'est très supportable.
Quand je disais "une histoire d'amour bien particulière", je pensais à la conception de la fidélité des personnages : plutôt que de sauver la virginité de son épouse, le héros attend un an pour se venger et fait sien le fils qu'elle a eu de son ravisseur. Par la suite, on nous laisse clairement entrevoir que, pendant les longues séparations d'avec son héros de mari, elle n'est pas restée inactive (et d'abord, elle n'était même pas sûre qu'il allait revenir). Cela pourrait être finalement assez proche de la réalité, alors que le portrait que l'on nous trace du futur Gengis Khan est une véritable image d'Epinal : courageux, intelligent, endurant, fidèle, respectueux de ses hommes...
20:10 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
lundi, 14 avril 2008
Les larmes de madame Wang
Cette madame Wang est l'héroïne de cette histoire, une ancienne actrice devenue vendeuse à la sauvette et enfin pleureuse professionnelle. Si le film nous montre les difficultés qu'elle rencontre dans cette Chine de plus en plus "moderne" (c'est une provinciale, "montée" à Pékin, contrainte de revenir dans sa ville d'origine), le personnage n'est pas sympathique pour autant. Elle me paraît être limite une pétasse anorexique (un genre qui fait triper nombre de réalisateurs visiblement) immature... et cynique.
L'arrière-plan est sombre : dans le pays du néo-capitalisme triomphant, c'est chacun pour sa pomme. Les parents y abandonnent les enfants, l'amour n'est pas une valeur sûre, les médisances vont bon train et tous les moyens sont bons pour se procurer de l'argent (tout se monnaie). Pourtant, de l'espoir subsiste et l'humour n'est pas absent. Je recommande tout particulièrement la séquence qui voit l'héroïne tenter d'animer ses premières funérailles.
Comme c'est du cinéma réaliste, on nous plante bien le décor : on découvre une ville aux quartiers parfois sordides, des immeubles où la salubrité et le degré d'intimité sont faibles et des institutions qui n'ont pas pour principal but d'améliorer la vie des pauvres (l'hôpital, la prison). Un film fort mais pas franchement porté sur l'optimisme.
18:55 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
dimanche, 13 avril 2008
Les toilettes du Pape
Bienvenue dans le Tiers Monde !... euh, pardon, dans les "pays en développement" ! En Uruguay plus précisément. Oui, vous voyez, ce petit pays entouré du Brésil et de l'Argentine, jadis terre de footballeurs de talent. Il fut même surnommé "la Suisse de l'Amérique du Sud". Autant vous dire que, dans ce film, on nous en présente une tout autre image. Les héros sont des travailleurs informels, qui habitent des bidonvilles. Les hommes font souvent du trafic transfrontalier (le Brésil n'est pas loin), à bicyclette pour les plus moins riches, à moto pour ceux qui montent en grade. Le but est d'éviter les patrouilles de douaniers.
Le réalisateur a un vrai talent pour filmer des cyclistes, leurs efforts, leurs conversations, leurs ombres, le tout dans un cadre magnifique. Il ne cherche pas à idéaliser ses personnages : la lutte pour la survie ou pour un début d'aisance pousse certains d'entre eux à jouer des "coups fourrés", y compris à des proches. Au village, les femmes exercent d'autres travaux...et les enfants n'ont guère d'espoir de sortir de ce gourbi... sauf, peut-être, la fille du personnage principal, prénommée Silvia, interprétée avec talent par la jeune Virginia Ruiz. (On reparlera de cette actrice, moi j'vous l'dis !)
Ce petit monde voit sa vie bouleversée par l'annonce de la venue de Jean-Paul II (on est en 1988). Beaucoup y voient une perspective d'enrichissement. On assiste alors à un déferlement d'initiatives : ces pauvres déploient des trésors d'imagination, s'endettent et travaillent (encore) plus pour gagner plus : certains fabriquent des fanions, d'autres des tartes, d'autres des beignets... sauf le héros, qui pense que la foule qui ne manquera pas de se masser aura plutôt envie de se vider que de se remplir. Je ne vous raconte pas la fin, mais je peux vous dire qu'on nous offre une belle satire : de l'esprit d'entreprise, du clergé, des médias, de l'intégrité des douaniers et de la naïveté des pauvres.
La salle dans laquelle je me trouvais était comble et les rires ont fusé.
17:56 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
samedi, 12 avril 2008
The eye
Prenez une actrice bien roulée (genre Jessica Alba). Affublez-la d'une infirmité (la cécité par exemple). Faites lui rencontrer diverses difficultés. Assaisonnez le tout d'éléments de scénar piqués à droite à gauche. Agitez bien fort. Embauchez un réalisateur pas mou du genou et vous obtiendrez ce petit polar ésotérique, dans lequel la musique n'oublie pas de souligner quand il faut commencer à avoir peur.
J'ai l'air de ricaner mais, en fait, j'ai aimé. Les acteurs font bien leur boulot et, à ma grande surprise, le déroulement de l'histoire suit quelques méandres pas désagréables, ma foi. On a notamment droit à une description assez réaliste de la vie d'une aveugle... une aveugle pas ordinaire cependant, puisqu'elle est soliste dans un orchestre (elle joue du violon).
L'argument ésotérique est lié à des morts violentes, comme vous pouvez le supposer. On retrouve ici le thème de la communication entre le monde des vivants et celui des défunts, avec une transgression des règles qu'il faut parvenir à maîtriser. Pour filer davantage les jetons au spectateur ricain de base, on l'envoie faire un tour dans les bidonvilles mexicains... et pour que ces dames prennent un peu de plaisir à cette intrigue sanguinolente, on balance dans les pattes de la charmante héroïne un thérapeute qui doit être craquant.
19:36 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
jeudi, 10 avril 2008
Bande de Biloutes !
Après plus d'un mois, un soir de semaine, à la séance de 22h30, c'est plus tranquille : seule une douzaine de personnes assistaient à la séance (de Bienvenue chez les Ch'tis, bien sûr !). Par contre, la précédente, celle de 20h15, était presque complète. A la sortie, j'ai observé les spectateurs. Le public était étonnamment âgé (plus de 50 ans de moyenne, à mon avis)... et pas familier des salles obscures, tout comme celui de ma séance : je voyais les personnes ne sachant où s'installer, hésiter pour enlever leur pardessus, croire que le film commençait alors qu'il s'agissait de bandes-annonces etc.
Et le film, dans tout ça ? Une bonne comédie, pas prise de tête, bien interprétée... et "formatée" : elle ne contient pas de grossièreté (en français en tout cas), ni de scène de sexe, encore moins de violence ; c'est donc un spectacle idéal pour les 7-77 ans. Disney aurait pu produire ce film, tellement il est gentil (sauf pour l'épouse du héros, sorte de pétasse un peu cruche). Je trouve le scénario un peu faible. C'est très prévisible : dès le début, on comprend comment va se finir la scène avec le fauteuil roulant, on comprend aussi très tôt pourquoi le personnage interprété par Kad Mérad (très bon au demeurant) se fait arrêter par les gendarmes (Patrick Bosso très convaincant !) et on voit clairement où tout cela va aboutir.
Heureusement, les gags sont bons, en général. J'ai aussi beaucoup aimé les compositions de Line Renaud (en mère acariâtre et possessive ch'timie) et de Stéphane Freiss (l'ex-jeune premier s'est bien reconverti, ici en collègue DRH particulièrement anxieux). A mes yeux, la meilleure séquence est celle qui voit les Ch'tis pourrir le séjour de l'épouse du héros, quand elle débarque dans leur riante contrée. Cette forme de surlignage excessif des clichés les plus éculés est fort réjouissante !
10:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
vendredi, 04 avril 2008
Redacted
Encore un film sur la guerre en Irak ! Oui, encore ! Un film qui se détache un peu des précédents sur le plan formel : il est un assemblage de séquences filmées de manières différentes, présentées comme étant produites par les personnages du film. Ainsi, l'un des militaires états-uniens, qui veut intégrer une école de cinéma, filme son environnement irakien avec une caméra numérique de base (il implante même une micro-caméra dans son casque), une équipe de journalistes irakiens filme un reportage, une autre équipe de journalistes (américains, ceux-là) suit, "embarquée", les soldats en intervention. Ajoutez à cela une caméra de surveillance, un journal télévisé local, le film d'un terroriste et des séquences diffusées sur internet (dont une à partir d'une webcam) et vous aurez un aperçu de la diversité des "outils filmiques". Ah, oui, j'oubliais : plusieurs séquences sont présentées comme extraites d'un reportage "qualité française" (dans l'esprit d'un Américain) sur la situation en Irak. Le texte est dit en français. Savoureux !
Derrière cet habile assemblage se profile un questionnement : quelles sont les séquences qui transmettent le mieux la réalité ? Celles des professionnels, rationnelles et propres sur elles, ou celles des quidams, maladroites, baroques et pleines de vie ?
De manière générale, le ton est souvent ironique, surtout au début. La deuxième partie du film vire au tragique, à l'odieux... et malheureusement, ce n'est pas inventé, puisque l'intrigue est calquée sur une série de faits divers auxquels des soldats du pays de la Liberté ont été mêlés. Cela donne un grand film politique, qu'il faudrait faire voir à tous les responsables qui ont dans la tête un renforcement du partenariat franco-américain dans le domaine militaire. Il y a une certaine parenté avec l'excellent Battle for Haditha dont j'ai causé dans un billet du 22 mars dernier. Les deux s'inspirent de la réalité, sans chercher à la magnifier à la sauce hollywoodienne (Redacted contient notamment deux scènes d'une grande crudité, celle du chef de troupe qui se fait exploser par une mine, devant ses hommes, et celle du viol d'une jeune fille irakienne par des soldats yankees)... et les deux ont été tournés au moins en partie en Jordanie.
La fin de Redacted nous propose (sur une musique un peu grandiloquente) de vraies photographies, où l'on perçoit la source de certaines scènes du film (la femme enceinte flinguée à un barrage et l'adolescente violée).
Je mets un bémol à mon enthousiasme : j'ai vu le film en version originale sous-titrée (pas à Rodez, dont les cinémas sont quasi sinistrés dans ce domaine, mais à La Strada, le récent mini-complexe de Decazeville... et vive les cinémas subventionnés !) et le texte français, en blanc, était parfois peu visible sur fond clair. Pour les personnes qui captent quelques mots de la langue de George W Bush, cela passe, mais je plains les autres...
18:23 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
mardi, 01 avril 2008
Be kind rewind
... ce qui nous donne, en bon français, Soyez sympas rembobinez (si la traduction est littéralement juste, elle nous prive hélas de l'assonance). Après avoir réalisé un (grand) film hollywoodien (le génial Eternal Sunshine of the spotless mind), après avoir réalisé un film expérimental français (le délicieux La Science des rêves), Michel Gondry revient avec un film expérimental consacré au rêve hollywoodien. On y fabrique du cinéma à la mode artisanale... le tout enrobé de trucages numériques. Gondry est un très bon bidouilleur, farfelu à souhaits.
C'est aussi l'histoire d'un quartier dont un immeuble est voué à la démolition. Le vidéo-club un peu nase est à l'image de nombre des habitants : sympathique, un peu bordélique, dépassé par les événements. Une décharge électrique maousse va apporter un peu de dynamisme à cet univers mélancolique. Les acteurs se "donnent", à commencer par Jack Black, bien encadré par Danny Glover, Mia Farrow, Mos Def et Melonie Diaz.
A travers les films qui sont parodiés (Ghostbusters, When we were kings, Miss Daisy et son chauffeur...), Gondry rend hommage à la fabrique de l'imaginaire... mais il se moque aussi : nos apprentis cinéastes sont capables de créer des oeuvres qui suscitent l'engouement. Voilà, ça ne va pas plus loin, mais on passe un sacré bon moment !
11:33 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma