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Insensibles

   Ce film espagnol, signé Juan Carlos Medina (associé à Luis Berdejo, l'un des créateurs de [Rec], pour le scénario), confronte deux époques, la nôtre, qui voit un brillant chirurgien quinquagénaire découvrir sa maladie à l'occasion d'un accident de la route, et la période franquiste (de la guerre d'Espagne aux années 1960), durant laquelle on suit principalement des enfants.

   On ne peut pas s'empêcher de penser à d'autres (très) bons films de genre, dont l'intrigue puise dans cette époque tragique : Le Labyrinthe de Pan (moins réussi que celui-ci au niveau du scénario), Balada triste (apparenté aussi par la réflexion sur la violence et la déshumanisation) et Pain noir (qui témoigne du même souci de tracer un portrait social nuancé de l'époque). Sans en dire trop à propos de l'intrigue, je peux ajouter que l'histoire n'est pas sans rappeler l'excellent Incendies. Le film espagnol est toutefois plus optimiste que le libanais, peut-être parce que dans l'un des cas, le lourd passé est en passe d'être digéré, alors qu'au Liban, les blessures sont encore vives et le conflit pas enterré.

   Mais revenons à Insensibles.

   La partie contemporaine de l'histoire est à la fois un polar (une enquête) et un mélo. Le héros cherche à découvrir qui sont ses parents biologiques... et va aussi apprendre qui était jadis celui qui est son père officiel. C'est maîtrisé, émouvant parfois.

   La partie "ancienne" est la plus belle à voir. Les couleurs sont magnifiques et le site de l'orphelinat-prison est à couper le souffle. S'ajoute à cela l'espèce de malédiction qui pèse sur ces enfants, dont on suit le parcours. Adultes comme jeunes jouent très bien. Les effets spéciaux sont dosés et pertinemment utilisés. L'histoire est vraiment très travaillée. (Cela mériterait l'oscar du scénario, à mon avis.) Les intrigues s'entremêlent. (On a même réussi à insérer de petites histoires dans l'histoire, comme celle du  chiot malade qui va être un facteur d'accélération de l'action.)

   On s'attache à certains personnages. On les voit évoluer et l'on se demande qui peut être le père et qui peut être la mère. On notera la volonté de ne pas bâtir des personnages d'une seule pièce. Attention aussi aux âmes sensibles : certaines scènes (brèves) sont sanglantes.

   On nous ménage des surprises jusqu'à la séquence finale, de toute beauté.

   Je suis sorti de là assez remué... et ravi d'avoir vu un tel chef-d'oeuvre !

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lundi, 29 octobre 2012 | Lien permanent

Zidane mène l'enquête

   Maiiiis, non ! L'ancien joueur vedette de l'équipe de France (devenu entraîneur) n'a pas quitté le Real Madrid pour s'engager dans la police. Toutefois, un quasi-homonyme officie au département de la Justice américain. Il s'agit d'Omar Zidan, ancien agent infiltré dans un groupe djihadiste, devenu enquêteur au FBI, dans la série du même nom :

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   Les scénaristes ont conçu un beau personnage de policier musulman très impliqué dans son travail... et sans doute pas insensible au charme de sa coéquipière Maggie Bell, une fonceuse comme lui, mais qui peine à dissimuler ses failles.

   Le premier épisode (Bombe à retardement) démarre fort, avec une explosion en plein New York. Le deuxième épisode (L'Oiseau vert) est centré sur les "fiancées du djihad". Le troisième (Portées disparues) a pour cadre l'exploitation sexuelle des femmes ukrainiennes. A chaque fois, le sujet est prenant, le rythme soutenu. On retrouve les qualités et les défauts des séries américaines grand public : c'est divertissant, avec un arrière-plan socio-politique, mais les énigmes sont résolues un peu trop vite par les enquêteurs.

    J'ajoute que c'est produit par Dick Wolf, à qui l'on doit une brochette de séries tournés à New York. D'ailleurs, l'un des personnages principaux, Jubal Valentine, est incarné par Jeremy Sisto, un ancien de New York, Police judiciaire. Quant aux fans des Experts Manhattan (et de Dr House), ils reconnaîtront un autre visage familier, celui de Sela Ward, qui incarna Jo Danville.

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   Parmi les nouveautés télévisuelles de 2020, je trouve FBI plus intéressante que la nouvelle version de Magnum (diffusée sur TF1), assez insipide, en dépit de l'introduction d'un Higgins féminin.

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dimanche, 12 janvier 2020 | Lien permanent

Divergente

   Je me suis laissé entraîner dans ce truc. J'avais un peu peur de me retrouver devant une "bouse pour ados", bien enveloppée, certes, mais bousique quand même.

   Le scénario ne ménage guère de surprises. On peut d'ailleurs s'amuser, quand on en a le temps (cela dure quand même plus de deux heures), à prédire les prochaines péripéties ou le destin de tel ou tel personnage. Les caractères sont d'ailleurs assez formatés. Seuls quelques individus sortent du lot, par leur originalité. C'est un peu le propos du film, dont l'héroïne est censée incarner le rejet du conformisme, celui de la société comme celui de ses parents.

   C'est fort louable, mais le chemin qu'elle suit rappellera quantité de films à ceux qui ne sont pas nés de la dernière pluie. On a tout de suite compris que "Tris" n'allait pas suivre la voie de ses parents. On n'a pas mis plus longtemps à deviner qu'elle allait en baver grave chez les "Audacieux" et qu'après une période difficile, elle allait faire ses preuves et même se révéler un leader. Il n'est pas non plus besoin d'être très futé pour se rendre compte que le séduisant formateur (Quatre) en pince pour l'héroïne, qui elle-même n'est pas insensible à son charme. On pourrait continuer comme cela pendant un long moment...

   Le film est rattrapé par ses qualités techniques. C'est du boulot très correct. L'image est bonne, les mouvements de caméra pas d'une grande inventivité mais efficaces. Les costumes comme les décors, sans renouveler le genre, font leur effet.

   Du coup, même si les dialogues ne sont pas transcendants, on se laisse prendre à ce qui ressemble à un roman d'aventures. Les acteurs (surtout les plus âgés) ne sont pas maladroits. (Plus que par Kate Winslet, trop caricaturale dans son rôle de méchante, j'ai été marqué par Ashley Judd, qui interprète la mère de l'héroïne.) On laisse ainsi passer quelques incohérences scénaristiques (et l'abus de "juste à temps") pour profiter d'un peu de dépaysement.

   P.S.

   Aux jeunes spectateurs, on recommandera de lire l'excellent roman d'anticipation d'Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes, autrement plus puissant que ce film.

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mardi, 29 avril 2014 | Lien permanent

La Prière

   Ces dernières années, le cinéma français s'est emparé de divers thèmes sociétaux, parmi lesquels on trouve la quête religieuse. On pense évidemment à Des Hommes et des dieux, de Xavier Beauvois (auquel ce film ressemble, par certains aspects). On pense aussi à L'Apparition (de Xavier Giannoli), plus récent et tout aussi excellent.

   Ici, on suit le parcours de Thomas (Anthony Bajon, très bien), drogué sujet à des crises de violence, qui atterrit dans un étrange centre de désintoxication, géré par des religieux (catholiques) assistés d'anciens toxicos. Il va être question de rédemption par la foi : les directeurs du centre font le pari que la vie communautaire, le travail et la prière peuvent venir à bout de tous les démons. Ils tentent de remplir le vide des existences de jeunes déboussolés avec la foi plutôt qu'avec un dérivé de l'opium.

   Je n'ai pas trouvé le personnage principal très sympathique... et c'est très bien. Cédric Kahn n'est pas tombé dans l'hagiographie. Au départ, le jeune homme va rejeter la ferme bienveillance dont il est l'objet. De même, on nous suggère que, parmi les repentis, certains sont habités par le doute... et l'on finit par apprendre que le centre a connu quelques graves échecs et des rechutes.

   La sobriété de la mise en scène répond à la frugalité de la vie quotidienne de ces jeunes hommes (et femmes, qui vivent un peu plus loin). La caméra est assez près des corps, pas pour suggérer la sensualité, mais pour saisir le trouble intérieur.

   Tous les acteurs, hommes, femmes, jeunes, adultes, sont bons. (J'ai retrouvé avec plaisir Alex Brendemühl, vu dans Django, Insensibles et Le Médecin de famille.) Je mettrais toutefois deux limites à mon enthousiasme : le rythme est lent, voire très lent, sans que cela se justifie toujours. On sent que le réalisateur a voulu nous montrer que le cheminement spirituel suit des voies parfois détournées, mais, à mon avis, il en fait trop. Et puis, à partir du moment où un personnage féminin apparaît à l'écran, certaines péripéties sont très prévisibles, jusqu'à la conclusion de l'histoire, très belle mais assez attendue.

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dimanche, 01 avril 2018 | Lien permanent | Commentaires (1)

Eva

   Par le plus grand des hasards, j'ai découvert ce petit film espagnol, sorti l'an dernier. Avec une économie de moyens et beaucoup de talent, l'auteur nous livre un bijou de science-fiction, un peu à l'image de ce que fut [Rec] pour le genre horrifique et Insensibles pour le drame historique.

   Nous sommes en 2041. Des voitures électriques circulent en grand nombre. Dans leur vie quotidienne, les humains côtoient des robots plus ou moins évolués. Perdu dans les montagnes enneigées, un centre de recherche innove dans ce domaine. L'histoire commence avec le retour d'un ancien jeune prodige, incarné par Daniel Brühl :

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   Et là vous vous dites que vous connaissez ce type. Il s'agit de l'acteur révélé par l'excellent Good Bye, Lenin !, qui a fait du chemin depuis. On a pu le voir notamment dans Joyeux Noël, 2 Days in Paris et John Rabe. Etrangement, cet acteur allemand parle un espagnol parfait. Ce serait oublier qu'il est né à Barcelone, d'une mère espagnole !

   Face à lui se trouve principalement une jeune fille d'une dizaine d'années, la fameuse Eva, interprétée avec conviction par une actrice à surveiller, Claudia Vega :

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   Plusieurs mystères planent dès le début. On ne sait pas pourquoi le héros est parti il y a dix ans. On sent que quelque chose s'est passé entre lui, son frère et la femme de celui-ci, qui était sa partenaire autrefois. A ce non-dit familial se rajoutent les recherches secrètes. Sur quel projet travaillait-il autrefois ? Est-ce le même que celui pour lequel il vient d'être engagé ? Pourquoi Lana (la compagne de son frère) a-t-elle renoncé à la recherche pour se consacrer exclusivement à l'enseignement ? Et qui est réellement Eva, cette gamine pour laquelle le héros ressent immédiatement de l'affection ?

   Le film fonctionne sur la base d'un long retour en arrière. La fin permet d'éclairer la séquence du début. Entre temps, on aura découvert cette Espagne futuriste, où un scientifique vit en compagnie d'un chat-robot :

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   Signalons que s'il miaule et ronronne comme un vrai sac-à-puces, il n'urine pas ! (Vive le progrès !)

   Dans l'univers du héros gravite aussi un domestique d'un genre très particulier, Max. C'est un robot très perfectionné, d'une obséquiosité extrême, mais capable d'initiatives. Il est précieux au quotidien, même s'il semble parfois inquiétant :

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   Les effets spéciaux, peu nombreux mais bien dosés, sont remarquables. J'ai particulièrement apprécié la représentation de la construction de "l'âme" des robots (leur mémoire émotive), à l'aide d'une animation numérique qui évoque une architecture neuronale de cristal :

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   Pendant 1h30, je suis resté littéralement scotché à mon fauteuil. A voir absolument si vous en avez l'occasion.

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mercredi, 23 octobre 2013 | Lien permanent

Seul contre tous

   Le "rêve américain" est au coeur de cette histoire vraie, celle d'un médecin nigérian émigré aux Etats-Unis, amoureux de sa seconde patrie, d'une indécrottable conscience professionnelle, et dont le travail va contribuer à dévoiler certains aspects peu reluisants du sport-spectacle d'outre-Atlantique.

   Le scénario entremêle habilement les intrigues. On suit avec plaisir ce médecin africain tiré à quatre épingles, qui parle aux cadavres qu'il autopsie (comme Ducky dans NCIS) et écoute de la musique noire grand public pendant qu'il charcute méticuleusement ses "clients". Du côté de sa vie privée, on sent que c'est le calme plat... jusqu'à ce qu'une ravissante immigrée kényane ne surgisse à la sortie d'une église.

   Mais le coeur de l'histoire est constitué par sa découverte progressive des ravages provoqués par la pratique intensive du football américain. On les voit d'ailleurs dès le début, à travers le personnage de l'ancienne gloire des stades Mike Webster, un géant au crâne et aux doigts déformés, prématurément vieilli. Dans le rôle, David Morse est sensationnel. On peut en dire autant des acteurs qui incarnent les autres éclopés de la vie que sont les anciens joueurs vedettes. Quant à Will Smith, il assure, étonnamment sobre.

   Commence alors une lutte du pot de terre contre le pot de fer. C'est l'occasion pour le héros de vérifier quels sont ses vrais amis. On prend aussi conscience du pouvoir économique de la Ligue de football américain. Le film invite les spectateurs à se demander qui est authentiquement américain : les défenseurs de ce sport identitaire (et, n'ayons pas peur de le dire, sans intérêt) ou l'étranger insensible à la beauté du spectacle qui dénonce le non-respect des valeurs fondamentales.

   C'est globalement assez prenant. Mais la réalisation est d'un classicisme limite ennuyeux. Toutefois, par instants, une scène tranche par son intensité dramatique (avec les anciens joueurs) ou, plus rarement,  par son inventivité formelle (pour démontrer les effets des chocs subis pendant les matchs).

 

ATTENTION : LA SUITE DEVOILE LA FIN DE L'HISTOIRE

 

   Si le docteur Omalu finit par faire reconnaître la validité de son diagnostic, le milieu sportif échappe à la remise en cause qui pourtant semblait s'imposer. Ainsi, Seul contre tous ne suit pas la trame convenue du combat douloureux qui s'achève par le triomphe du héros. Le football américain reste un sport ultra-violent, qui détruit à long terme la santé de ceux qui le pratiquent à haute dose.

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mercredi, 23 mars 2016 | Lien permanent

Eugénie Grandet

   Séance de rattrapage ce week-end prolongé, avec l'autre adaptation de Balzac encore sur nos écrans, celle-ci moins clinquante et moins populiste qu'Illusions perdues.

   Ce fut aussi l'occasion pour moi de me replonger dans un roman que j'avais découvert à l'adolescence. (François Mitterrand était président de la République... c'est vous dire si ça date !) Le film de Marc Dugain (dont j'avais bien aimé L'Échange des princesses) n'est pas une adaptation fidèle, plutôt une adaptation-transposition, avec une connotation féministe prononcée.

   C'est l'un des débats nés autour de ce film : ne dénature-t-il pas l'œuvre de Balzac, pour lui faire dire ce qu'il n'a pas écrit il y a près de 200 ans ? Ainsi, l'écrivain tourangeau n'était pas féministe, mais il s'est intéressé à la condition féminine. Je trouve que, dans ce domaine, les choix de Dugain sont pertinents, mettant en scène la lente émancipation de l'héroïne. (Dans le roman, elle finit par contracter un mariage blanc.)

   Un autre débat porte sur l'aspect esthétique. C'est réalisé de manière austère, certaines scènes semblant éclairées uniquement à la chandelle. Le but est de montrer la frugalité du quotidien de la famille Grandet, alors que le père a secrètement placé des millions, auxquels il ne veut pas toucher (et dont sa famille ignore tout). Incidemment, ces scènes sont d'une grande beauté formelle. J'aime cette austérité au service de l'ambiance.

   Je suis plus partagé sur l'aspect romantique de l'histoire. (L'ironie de Balzac a hélas été en partie gommée.) Dans l’œuvre d'origine, Eugénie est une jeune femme naïve, pas très jolie, qui s'entiche d'un cousin falot, totalement superficiel. Dans le film, il est impossible d'être insensible à la beauté simple de Joséphine Japy, le personnage de Charles ayant été modifié pour le rendre plus séduisant, moins superficiel.

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   En revanche, le portrait du père Grandet (Olivier Gourmet, une fois de plus formidable) a été chargé, lui faisant notamment suggérer la "traite des nègres" comme activité commerciale à son neveu, alors que, pour Balzac, c'est le jeune homme parti en Asie qui a de lui-même choisi ce moyen plus immoral lucratif de gagner sa vie.

   J'ajoute que la scène (décisive) se déroulant une nuit, dans la chambre occupée par le cousin, est impensable dans la mentalité de l'époque. Dans le roman, cette nuit particulière est occupée par la rédaction puis la lecture de lettres, qui en apprennent beaucoup à l'héroïne.

   Quoi qu'il en soit, les acteurs sont excellents. C'est du beau travail, avec cette fin inédite dont on sent qu'elle a été conçue pour faire écho à notre époque.

   P.S.

   Je ne résiste pas au plaisir de citer un passage du roman d'Honoré de Balzac, écrivain lucide sur son époque... et sur la nôtre : « Il est dans le caractère français de s'enthousiasmer, de se colérer, de se passionner pour le météore du moment, pour les bâtons flottants de l'actualité. Les êtres collectifs, les peuples, seraient-ils donc sans mémoire ? »

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lundi, 01 novembre 2021 | Lien permanent | Commentaires (1)

Le Médecin de famille

   Argentine, deuxième moitié des années 1940. La communauté germanophone, ancienne (elle remonte au XIXe siècle), vivante, se voit renforcée par de nouveaux arrivants, assez mystérieux et dotés de gros moyens financiers. Dans une propriété, des individus se font opérer du visage.

   A proximité de là, un couple d'Argentins moyens tente de relancer un hôtel. Leur premier client est un étrange vétérinaire allemand, un certain Helmut. Il est calme, froid, sûr de lui. Il semble se prendre d'affection pour la fille des hôteliers, qui souffre d'un déficit de croissance... et il veille à ce que l'épouse, enceinte, ne se surmène pas.

   Ach mais, gue foulez-fous, jazez le nadurel, il refient au qualop ! Le médecin parle de "sang" et de "race"... et son carnet contient de bien étranges dessins. Il est fasciné par les jumeaux. En ville, il côtoie un groupe qui a des correspondants dans plusieurs pays étrangers... et veille à faire disparaître certains documents compromettants.

   L'histoire est faite de deux intrigues : les soins apportés par Helmut-Mengele aux enfants du couple hôtelier et la menace que sa véritable identité ne soit découverte. Dans le rôle de l'ancien médecin d'Auschwitz-Birkenau, Alex Brendemühl (déjà remarqué dans Insensibles) est excellent de rigueur et de retenue. La réalisatrice Lucia Puenzo nous laisse dans l'expectative quant à sa relation avec la fille des hôteliers. Elle la moquée, la rejetée s'accroche comme à une bouée à cet homme qui la traite avec considération. Lui la voit d'abord comme un sujet d'étude, mais il devient évident que l'ancien tortionnaire nazi se prend d'affection pour cette gamine blonde de douze ans.

   Le film gagne en profondeur quand les poupées entrent en scène. Mengele se révèle entrepreneur, souhaitant aider les hôteliers à atteindre l'aisance financière. Mais quel malaise éprouve-t-on lorsqu'on découvre l'atelier de fabrication, où les corps démembrés sont exposés aux yeux de tous ! On ne peut pas ne pas faire le lien avec les camps. C'est un moment particulièrement fort.

   Une bibliothécaire opiniâtre va faire basculer l'intrigue, un peu par hasard. On la voit copier des documents voués à disparaître, draguer un sympathisant nazi... et donner de mystérieux coups de téléphone, dans une langue inconnue.

   Je vous laisse découvrir le dénouement. Les deux histoires restent liées presque jusqu'à la fin. Le tout est accompagné d'une musique judicieuse, qui joue sur l'inquiétude et l'émotion.

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vendredi, 13 décembre 2013 | Lien permanent

Reminiscence

   On doit ce film de science-fiction aux influences multiples à Lisa Joy, la créatrice de la série Westworld. De prime abord, c'est la référence aux polars des années 1940-1950 qui frappe. La voix-off (trop présente, hélas) pourrait être celle d'un détective privé qui raconte sa dernière affaire, celle qui lui a permis de rencontrer LA femme, qu'il ne pourra jamais oublier.

   Faute de détective privé, on a Nick, un ancien marine, blessé à la jambe, devenu "entrepreneur de souvenirs". Musclé, tatoué et pas rasé, Hugh Jackman prête son physique avenant à ce personnage un peu agaçant. Un jour, presque par hasard, une nouvelle cliente (chanteuse de cabaret) pénètre timidement dans sa boutique. Rebecca Ferguson (remarquable dans Mission impossible 5) est chargée d'incarnée Mae, la femme fatale, portant des robes échancrées qui ne permettent pas d'ignorer à quel point elle est bien gaulée. Immédiatement, on constate que Nick n'est pas insensible à son charme : il a les yeux exorbités, sa langue descend jusqu'aux chevilles et une bosse suspecte apparaît au creux de son pantalon...

   Avant que je ne cause de leur amourette, je dois préciser que l'action se déroule dans un contexte post-apocalyptique : le changement climatique a provoqué une forte montée des océans, la ville de Miami se trouvant désormais à moitié sous l'eau. Cela nous vaut plusieurs plans extérieurs superbes... et, beaucoup plus tard, une scène aquatique visuellement emballante, dans le rez-de-chaussée d'une bâtisse à moitié engloutie.

   L'aspect science-fiction tient à l'enregistrement des souvenirs personnels et à la possibilité de les revivre, si l'on est un client fortuné... ou l'ami du patron. Les vieux cinéphiles amateurs de ce genre d'histoire y verront une parenté avec Strange Days, de Kathryn Bigelow.

   Le problème est que, si les décors et la mise en scène sont de qualité, les dialogues sont trop nombreux, parfois inutiles ou maladroits. On aurait surtout dû couper dans les parties de monologue. Quant à l'histoire d'amour, assumée d'abord comme un cliché, elle ne m'a pas transporté. La "scène de sexe" entre les deux amants n'est pas la plus réussie du film.

   Heureusement, la partie polar reprend le dessus. Figurez-vous que la femme fatale disparaît, au grand désespoir du héros, qui va se mettre en quatre pour la retrouver. Il va fouiller dans sa "banque de souvenirs"... voire carrément dans la mémoire de sujets non consentants. J'ai bien aimé cette enquête cérébrale, même si les scènes de baston auxquelles elle donne naissance auraient mérité quelques ajustements.

   Sur le plan formel, je me dois de signaler une faiblesse du film : la plupart du temps, les souvenirs sont représentés non pas comme la vision (subjective) de la personne qui les a en mémoire, mais comme une vue objective des événements dont elle se rappelle. Cet artifice était nécessaire à l'accomplissement du scénario puisque, bien entendu, des indices sont visibles dans certaines de ces scènes, indices dont la personne qui revit ses souvenirs n'a pas forcément conscience.

   En dépit de ses faiblesses, j'ai été pris par cette histoire follement romantique, avec ses personnages victimes d'une machination dont on découvre les mécanismes petit à petit.

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vendredi, 27 août 2021 | Lien permanent | Commentaires (3)

Les ”Riton” 2012

   Pour la septième fois consécutive, je me suis efforcé de construire mon palmarès annuel. Il a fallu faire des choix parfois difficiles, tant le nombre de films qui m'ont plu est grand. J'ai gardé ceux qui m'ont laissé la plus forte impression, ou qui ont fait preuve d'originalité. Cela donne un florilège d'une cinquantaine de longs-métrages, que j'ai classés de la manière suivante.

 

   Dans la catégorie "film d'animation" :

- Riton du meilleur film pour adultes : Le Magasin des suicides

- Riton de la meilleure fantaisie historique : Zarafa

- Riton du meilleur conte : Le Jour des corneilles ex aequo avec Rebelle

- Riton du meilleur film transculturel : Couleur de peau : miel

- Riton de l'animation japonaise : Les Enfants Loups ex aequo avec La Colline aux coquelicots

- Riton du meilleur Burton : Frankenweenie

- Riton de la meilleure poursuite de série : L'Age de glace IV

- Riton de la pâte à modeler : Les Pirates, bons à rien, mauvais en tout

 

   Dans la catégorie "comédie" :

- Riton de la meilleure satire politique : The Dictator

- Riton du meilleur film antiaméricain : God Bless America

- Riton de la comédie la plus malsaine : Touristes

- Riton de la comédie sans complexes : 2 days in New York

- Riton de la comédie décalée : Adieu Berthe, ou l'enterrement de mémé

- Riton de la comédie farfelue : Camille redouble

- Riton de la comédie qui ne paie pas de mine : Radiostars

- Riton de la comédie nostalgique : Stars 80

 

   Dans la catégorie "film d'époque" :

- Riton du film de rebelles du peuple : Les Chants de Mandrin

- Riton du film de rebelles de l'élite : A Royal Affair

- Riton du film d'amour contrarié : Les Hauts de Hurlevent

- Riton du film "de qualité française" : Augustine

- Riton du film favorable au "mariage pour tous" : Albert Nobbs

- Riton du film clitoridien : Oh my God !

 

   Dans la catégorie "conflits contemporains" :

- Riton du film évoquant la guerre d'Espagne : Insensibles

- Riton du film évoquant la Seconde guerre mondiale : Aloïs Nebel

- Riton du film mettant à jour un aspect méconnu de la Shoah : Sous la ville

- Riton du film évoquant la Guerre Froide : La Dette

- Riton du film radioactif : La Terre outragée

- Riton du film eastwoodien : J Edgar

 

   Dans la catégorie "Proche et Moyen Orient"

- Riton du film choc : Incendies

- Riton de la comédie sociale drôlatique : La Vierge, les Coptes et moi

- Riton du film féministe : Les Femmes du bus 678

- Riton du polar islamique : Une Famille respectable

 

   Dans la catégorie "société actuelle" :

- Riton du film sur la crise financière : Margin Call

- Riton du film sur le troisième âge : Robot and Frank

- Riton du film sur l'émigration africaine : La Pirogue

- Riton du film sur les défis de l'intégration : La Désintégration

- Riton du meilleur biopic : Cloclo

 

   Dans la catégorie "documentaire" :

- Riton du film qui donne envie d'aller à l'opéra : Traviata et nous

- Riton du film qui a donné le goût du théâtre : César doit mourir

- Riton du film qui donne faim : Entre les Bras

- Riton du film qui donne envie de visiter la Scandinavie : Jon face aux vents

- Riton du film qui donne envie d'adopter un chat : Félins

- Riton du film qui donne envie de meugler : Bovines

 

   Dans la catégorie "polar - film d'action" :

- Riton du film sur la lâcheté : 38 témoins

- Riton du film sur les trafiquants de drogue : Miss Bala

- Riton du film de baston : Avengers

- Riton du film d'espionnage : Skyfall

- Riton du film d'anticipation : Looper

- FILM DE L'ANNEE : Bullhead

 

   Pour les amateurs de drogue dure :

- les Riton 2011

- les Riton 2010

- les Riton 2009

- les Riton 2008

- les Riton 2007

- les Riton 2006

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mardi, 01 janvier 2013 | Lien permanent

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