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Elle

   Isabelle Huppert incarne une chef d'entreprise autoritaire, maîtresse femme qui ne s'en laisse compter par personne... jusqu'au jour où elle est victime d'un viol, chez elle, par un homme déguisé (et masqué). Le film nous fait d'ailleurs "revivre" la scène de plusieurs manières, comme cela arrive couramment aux victimes. Sauf que celle-ci va chercher à se venger.

   Quand on a écrit cela, on a tout dit et on n'a rien dit. Cette histoire malsaine (dont l'ambiance n'est pas très éloignée de l'univers de Michael Haneke) est un portrait de la "haute" bourgeoisie d'aujourd'hui, une enquête policière façon Cluedo et une analyse du refoulé, chez les femmes et chez les hommes.

   Comme la très grande majorité des victimes, Michèle (I. Huppert géniale) a été abusée par quelqu'un qu'elle connaît... mais qui ? L'intrigue nous propose ainsi une galerie de suspects, qu'on peut résumer à sept hommes. Deux d'entre eux travaillent dans l'entreprise de l'héroïne. L'un est effacé, amoureux de sa patronne... mais il cache pas mal de choses. L'autre est un type orgueilleux, buté, souvent en conflit avec Michèle, avec une tension sexuelle sous-jacente.

   Un troisième suspect fréquente les mêmes lieux : l'époux de la meilleure amie (et collègue) de l'héroïne, qui est aussi l'amant de Michèle. Dans le rôle, Christian Berkel  (qu'on a pu voir récemment en Otto Preminger dans Dalton Trumbo) est excellent... et un peu inquiétant : il est jaloux de ces hommes plus jeunes qui côtoient sa maîtresse, celle-ci semblant de plus en plus lui échapper.

   L'autre homme de la vie de Michèle est Richard, son ex-mari (Charles Berling, très bien). De prime abord, celui-ci ne paraît pas très dangereux. Mais, soudain, on apprend qu'il a noué une relation avec une femme plus jeune, en prenant soin de le cacher à son ex... que pourtant il surveille. Le gentil toutou s'est-il mué en prédateur ?

   On se pose la même question à propos du fils de l'héroïne, un jeune homme mal dégrossi, sans doute écrasé par la personnalité de sa mère, et qui se fait pigeonner par une greluche sans scrupule. Cependant, au détour d'une scène, on s'aperçoit que le mouton peut se transformer en dragon, sous l'effet de colères aussi subites qu'incompréhensibles. On le voit même prêt à s'en prendre à sa propre mère. Quand on découvre qui est son grand-père et ce qu'il a fait, on se dit qu'il y a là peut-être une forme d'atavisme.

   Un autre suspect est le voisin d'en face (Laurent Lafitte, ambigu à souhait). C'est un trader, marié à une catholique fervente (Virginie Efira, surprenante dans ce rôle à contre-emploi)... qui ne le satisfait pas totalement, semble-t-il.

   Un dernier jeune homme athlétique complète la liste : Ralf, le gigolo de la mère de Michèle (Judith Magre, épouvantablement liftée), qui avoue avoir du plaisir à "baiser" la femme de l'homme qui a commis tant d'horreurs. N'a-t-il pas été tenté de faire de même avec la fille de celui-ci ? (C'est Raphaël Lenglet qui prête sa présence virile à ce personnage. Depuis quelques années, on le voit sur France 2, dans la série Candice Renoir, où il incarne le collègue ombrageux -et désormais amant- de la fantasque enquêtrice.)

   C'est le grand impensé de l'histoire : les crimes commis par le père de l'héroïne, des années auparavant, alors qu'elle était enfant. Elle en a été en partie témoin, mais on n'a jamais su jusqu'où la folie de son père l'avait entraînée.

   L'histoire ne s'arrête pas à la découverte de l'identité du coupable. Il reste à connaître ses motivations profondes. De plus, on ne sait pas trop ce que Michèle veut faire de lui. Entre la fille du psychopathe et le violeur récidiviste s'engage un drôle de jeu, qui menace de dégénérer...

   Cela donne une intrigue à tiroirs, que Verhoeven referme parfois sans les avoir complètement explorés. Si certains dialogues sont un peu trop littéraires, les acteurs sont formidables et on passe un très bon moment.

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mardi, 07 juin 2016 | Lien permanent

”Paris Match” du 27 août

   Je ne suis pas un lecteur régulier de cet hebdomadaire, mais je reconnais qu'à certaines occasions, j'aime me plonger dans ses photoreportages, en général de qualité quand ils traitent de l'actualité. Le numéro sorti jeudi est principalement consacré à l'attentat déjoué du Thalys :

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   Sans surprise (comme je l'ai remarqué la semaine dernière), on retrouve les trois jeunes héros, légion d'honneur et drapeaux au polo... et l'oreillette discrète, comme on peut le voir sur la photographie prise avec le président de la République :

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   Le journal revient sur l'enfance et l'adolescence du trio, issu de familles qualifiées de conservatrices (c'est-à-dire très croyantes, pro-gun et patriotes). Ils sont devenus très tôt amis, lorsqu'ils se trouvaient dans une école privée religieuse de Californie, la Freedom Christian School.  L'étudiant Anthony Sadler (dont le père est pasteur) s'est même fait tatouer "Je vis pour Dieu, pas pour moi-même" sur le haut du torse.

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   Notons qu'à l'époque, le futur colosse Spencer Stone est un petit "boulot" qui, à l'adolescence, va se mettre à écouter surtout du rap et du R'N'B. (Le site de l'hebdomadaire propose un diaporama très intéressant.)

   C'est fou d'ailleurs comme leur profil n'est finalement pas si éloigné que cela de celui du terroriste, Ayoub el-Khazzani, dont l'imprégnation religieuse ne semble pas avoir structuré la personnalité. Elle l'a plutôt porté à des actes extrêmes. Au Maroc, la famille ne comprend pas son geste. On nous le présente comme un bon petit gars, pas particulièrement chanceux dans la vie et qui est sans doute tombé sous la coupe de types pas recommandables. Mouais... Retenons qu'il a quitté l'école très tôt (à onze ans !) et qu'il s'est adonné au trafic de stupéfiants. Notons aussi la facilité avec laquelle lui et d'autres membres de sa famille ont pu s'installer en Europe...

   Paris Match met l'accent sur la personnalité d'un autre héros du jour, l'universitaire Mark Mooligan, qui avait réussi à s'emparer de la kalachnikov du terroriste, avant d'être sérieusement blessé. Les événements nous sont racontés de son point de vue et de celui de son épouse, avec, en illustration (outre les photos), une infographie des wagons concernés. A cette occasion, j'ai appris que deux autres personnes ont joué un rôle bénéfique dans le Thalys, deux employés de la SNCF. On pourra regretter que le "huitième homme", le jeune Français qui souhaite rester anonyme, soit désigné par son prénom et l'initiale de son nom de famille...

   Une double-page est aussi consacrée au cas Jean-Hugues Anglade, qui a suscité pas mal de moqueries pour sa blessure anecdotique. L'hebdomadaire est particulièrement bien renseigné sur son cas parce que la compagne de l'acteur travaille... pour Paris Match, auquel elle livre ses impressions !

   Ce numéro contient d'autres reportages qui méritent le détour. Il y a l'inévitable sujet sur les migrants coincés dans les Balkans, qui s'intéresse plus particulièrement aux Syriens. Un peu plus loin, un passionnant papier est consacré à une gigantesque mine d'or d'altitude, située au Pérou, dans la ville de La Rinconada.

   Je conseille aussi le mini-dossier consacré au Panthéon, qui évoque aussi bien sa construction, les principales "entrées" que les travaux en cours pour restaurer le bâtiment. Plus étonnant, au détour d'une page, on nous propose un article sur Ronda Rousey, une ancienne judoka qui s'est reconvertie dans les arts martiaux mixtes (démonstration ici)... article illustré par une photographie qui ne laisse rien ignorer de l'étendue de l'épilation pratiquée par la demoiselle...

   A ce sujet "sportif" succèdent des papiers plus intellos, l'un étant consacré à un dispositif permettant de capter le dioxyde de carbone, inventé par un physicien allemand. On peut terminer par la lecture d'un hommage à Khaled al-Assaad, l'ancien gardien des antiquités de Palmyre. Il est bien évidemment question des destructions opérées par les barbares de Daech, ainsi que du commerce illicite de ce genre de marchandises.

   Finalement, entre deux articles sur les "pipoles", on peut trouver son bonheur dans ce numéro assez bien conçu.

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dimanche, 30 août 2015 | Lien permanent

Dior et moi

   A priori, rien n'aurait dû me pousser à aller voir ce documentaire de Frédéric Tcheng, consacré à la première collection mise au point (dans l'urgence) par Raf Simons pour la célèbre maison de couture. Mais il m'a semblé que je pourrais y trouver un intérêt semblable à celui que j'avais éprouvé en regardant The September Issue. On finit d'ailleurs par croiser Anna Wintour, dans la dernière partie du film.

   Le réalisateur a eu l'intelligence d'insérer des images d'archives dans celles qu'il a tournées à Paris. On (re)découvre d'anciennes collections et, surtout, on a un aperçu de la vie de Christian Dior, au tout début du film puis, à petites doses, à intervalle régulier. C'est particulièrement intéressant pour ceux qui, comme moi, ne connaissaient pas grand chose du bonhomme. Par contre, l'espèce de dialogue (fictif) engagé entre le fondateur (décédé) et le nouveau directeur de collection m'a paru artificiel et la voix off m'a parfois agacé.

   En revanche, la description du travail des "petites mains" (les couturières et les -rares- couturiers) est passionnante. On nous présente davantage certaines d'entre elles. On comprend qu'au sein de cette ruche, il existe une hiérarchie. Toutefois, tout le monde semble travailler en harmonie. A-t-on gommé les tensions, dans le souci de plaire à Dior ? Pas forcément, puisque lorsque Raf Simons exprime son mécontentement vis-à-vis des délais non tenus, la scène n'est pas censurée.

   Du créateur belge on retiendra une indéniable audace et de l'imagination. Cela le conduit à tenter de créer des robes à partir de l'impression de toiles contemporaines. Pour que le rendu final soit meilleur, il exige l'impression, non pas sur un tissu déjà assemblé, mais sur chaque fil, séparément, à charge ensuite pour les couturières de faire les robes. Le film ne nous montre pas le détail du travail artisanal (il y a peut-être quelques secrets de fabrication à préserver...), mais on a quand même une idée de la complexité de la chose. Le résultat est surprenant... et finalement assez joli, alors que les toiles d'origine ne sont vraiment pas emballantes.

   Mais la collection que Simons est chargé de présenter ne se limite pas à ces quelques robes. C'est tout un ensemble qu'il s'agit de concevoir, dans la tradition Dior. Pour ce faire, on n'a pas manqué d'énergie ni de créativité.... mais de temps ! Dans sa seconde partie, le film restitue bien la tension qui monte, surtout quand le créateur exprime son mécontentement, ou réclame des retouches de dernière minute, certaines nécessitant de revoir presque entièrement l'une des créations.

   A l'écran, le bonhomme est calme, amical en dépit du barrage de la langue (il parle anglais, mais assez mal le français). Ce n'est qu'à la toute fin du film qu'on le voit craquer, sous l'effet de la tension produite par la présentation de la collection complète.

   Celle-ci va bénéficier d'un écrin magnifique : une maison particulière, à Paris, qui était à louer et qu'on va réaménager pour le défilé. Raf Simons a l'idée de décorer les pièces avec des tapisseries de fleurs (naturelles). Au vu du coût, on va jusqu'à consulter le patron de LVMH et propriétaire de Dior, Bernard Arnault (dont on se garde bien de préciser à quel point il aime la Belgique). Il donne son accord et, franchement, le résultat est splendide.

   On termine par l'organisation et le déroulement du défilé. On recrute les mannequins, on décide du parcours... et on invite des "pipoles". Ce n'est pas la partie la plus intéressante, même si (peut-être involontairement) le film met à jour une sorte de mécanique, les modèles ressemblant davantage à des robots qu'à des humains.

   L'ensemble forme un documentaire indéniablement original, parfois passionnant.

   PS

   Incidemment, le film évoque les relations de la maison de couture avec ses clientes. Les exigences de l'une d'entre elles (américaine) ont compromis l'achèvement de la collection dans les délais. Mais, comme le déclare la gestionnaire, quand une personne qui vous commande chaque année pour 350 000 euros de vêtements demande que la "Première" (couturière) vienne effectuer des retouches, on ne dit pas non.

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vendredi, 10 juillet 2015 | Lien permanent

Bernard Saules hyperactif

   Le nouveau conseiller général de Rodez-Est et conseiller municipal (d'opposition) de Rodez ne cesse de faire parler de lui. Cette semaine, il a les honneurs du Ruthénois (numéro 59) qui, en page 2, relève un hommage très particulier :

politique

    C'est en lien avec la dernière séance du Conseil municipal de Rodez (du 8 avril dernier), qui a vu le maire de la commune du Piton, Christian Teyssèdre, rendre un hommage croc-en-jambes à celui qui est censé se trouver à la tête de l'opposition (page 2 du compte-rendu) :

politique

   Il est des félicitations qui valent bien des coups de poignard...

   Mais il est difficile d'accuser le maire de Rodez d'être tombé dans l'attaque personnelle. Son intervention, sans doute ironique, ne faisait que rappeler un fait établi : Bernard Saules n'est guère assidu aux séances du Conseil municipal de la commune qu'il ambitionne de gérer.

   Le 8 avril, il était donc "excusé" : il a argué d'un rendez-vous professionnel.

   Cependant, lors de la séance précédente, celle du 25 février, il n'était pas là non plus, sans que la moindre excuse ait été avancée... et pour cause : il avait séché la séance pour s'envoler vers Paris. On avait ainsi pu le voir dans le public de l'émission Téléfoot du dimanche suivant...

   ... Et il était aussi absent de la séance précédente, celle du 17 décembre 2010 (apparemment avec une excuse : un mot des parents, peut-être ?).

   Que l'on se rassure, il était bien présent le 15 novembre... mais pas le 20 septembre 2010, là encore avec une excuse.

   Sur les cinq premières séances de l'année 2010, deux se sont déroulées sans Bernard Saules : celles du 9 avril et du 5 juillet. En 2009, il avait été plus assidu, même s'il n'avait pas assisté à toutes les séances. En 2010, son taux de présence est tombé à 50 %. En 2011, pour l'instant, à 0 %.

   On va me dire : mais c'est parce qu'il est très pris. En effet, à son travail au Crédit agricole il ajoute ses fonctions au sein de l'U.N.A.F. (l'Union Nationale des Arbitres de Football), son mandat (non rémunéré) de conseiller municipal de Rodez et celui (rémunéré) de conseiller général de Rodez-Est. Il va falloir choisir, monsieur Saules ! Ou alors les électeurs ruthénois pourraient commencer à penser que celui qui s'est présenté comme un homme neuf, faisant de la politique autrement, n'est qu'un bonimenteur de plus.

   On a commencé à avoir quelques doutes dès l'élection des vice-présidents du Conseil général de l'Aveyron : Bernard Saules ne s'est pas vu octroyer le prestigieux poste (ce qui est après tout fort logique : qu'il fasse d'abord ses preuves comme simple conseiller général de la majorité... et il y a du boulot),  alors que Jean-Claude Luche en avait fait un argument de campagne. Oui, rappelez-vous, c'était dans Centre Presse (aussi dans Midi Libre, mais leur archivage numérique ne vaut pas tripette), le 10 mars dernier :

politique

   Mais Bernard Saules n'est pas reparti les mains vides. Dans Midi Libre du 8 avril, on apprenait qu'on lui avait attribué un beau hochet : le poste de conseiller général délégué au contrat territorial de l'agglomération ruthénoise... la planque idéale pour préparer les municipales de 2014 !

   J'attends aussi de savoir quelle décision le nouveau conseiller général va prendre concernant ses activités professionnelles. Il me semble bien avoir entendu pendant la campagne que, s'il était élu, il se mettrait en disponibilité du Crédit agricole. Sinon, il est à craindre que d'autres séances du Conseil municipal de Rodez ne se déroulent sans lui... du moins jusqu'à la campagne de 2014 !

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vendredi, 15 avril 2011 | Lien permanent

Mortal Engines

   Lorsqu'il est sorti, je n'avais pas l'intention de voir ce "Moteurs mortels", tant j'avais l'impression de risquer de me retrouver devant l'un de ces produits formatés pour les adolescents qui débarquent régulièrement sur nos écrans. Et puis j'ai appris que le réalisateur, Christian Rivers, a fait toute sa carrière aux côtés de Peter Jackson, qui produit le film. La vision d'extraits supplémentaires a achevé de me convaincre de tenter l'expérience.

   C'est un mélange de film post-apocalyptique et de science-fiction. La Terre est dévastée à la suite d'usage d'armes "quantiques" (dont on ne sait pas trop comment elles fonctionnent, mais cela file bigrement les jetons). La plupart des humains survivants se sont réfugiés dans de gigantesques cités mobiles, souvent prédatrices les unes des autres. C'est de celle appelée Londres qu'est originaire Tom, un beau gosse naïf et assez fade. Il croit que Thaddeus Valentine, le grand archéologue qui co-dirige la cité,  agit pour le bien de tous. Il aurait pourtant dû savoir qu'Hugo Weaving n'a pas pour habitude d'incarner de doux philanthropes.

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   Là-dessus débarque Hester Shaw, pleine de fougue et de ressentiment. Elle est incarnée par une petite bombe islandaise, Hera Hilmar, que d'horribles cicatrices faciales peinent à enlaidir. Les adultes présents dans la salle ont très très vite compris qu'entre l'intrépide rebelle et l'apprenti historien va se nouer une histoire d'amour au départ hautement improbable. (On appréciera que le scénario ait inversé les rôles traditionnellement dévolus à chaque sexe, le personnage d'action étant féminin et l'intellectuel le masculin.)

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   Visuellement, c'est très réussi. Que ce soient les plans des cités mobiles, les vues des paysages dévastés ou les (nombreuses) scènes d'action, cela dépote. Je recommande tout particulièrement l'une des premières, qui voit Hester tenter d'échapper à ses poursuivants en plein Londres, traversant ce qu'il reste d'une mini-cité qui vient d'être engloutie et que de gigantesques machines commencent à dépecer.

   Cela tient la route durant deux heures parce que de petites intrigues annexes nous sont proposées. Ce n'est pas toujours réussi, comme la relation naissante entre la fille de Thaddeus et l'ouvrier qui a assisté à l'un des crimes commis par son père. De manière générale, les personnages secondaires sont attachants, comme ce couple de petits vieux, qui vit et pilote une sorte de mille-pattes mécanique et recueille nos deux héros pourchassés. Il y a aussi l'étonnante Anna Fang, cheffe d'une bande de rebelles anti-cités, incarnée par Jihae, une chanteuse sud-coréenne androgyne.

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   Cela m'a faut chelou au départ, mais, finalement, l'actrice est bien dans le rôle. Toutefois, le personnage qui m'a le plus marqué est incontestablement celui de Shrike. Ce "ressuscité" au corps mécanique, qui semble quasi-indestructible, poursuit pour une raison mystérieuse la belle Hester. Son histoire m'a touché, jusqu'à sa conclusion, qui n'est pas sans rappeler une scène de Blade Runner.

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   Sur le fond, l'intrigue dénonce le côté apprentis-sorciers des (anciens) dirigeants du monde (visiblement occidentaux), qui ont mené la planète à sa ruine. Le message est hyper-souligné vers la fin, quand une population européenne (qui a auparavant aveuglément soutenu un dirigeant sanguinaire) est fraternellement accueillie par des Chinois... On sent que les producteurs comptent sur les spectateurs du "pays du milieu" pour rentabiliser leur film !

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samedi, 22 décembre 2018 | Lien permanent | Commentaires (4)

Deux motions pour (presque) rien

   Les motions de censure présentées par les oppositions à la majorité (celle de gauche et celle de droite) n'avaient aucune de chance d'aboutir au renversement du gouvernement Philippe... mais telle n'était pas l'intention de leurs initiateurs.

   Tout d'abord, pour être votée, une motion de censure doit recueillir la majorité absolue des députés (et pas uniquement celle des présents), soit, à l'heure actuelle, plus de la moitié des 576 députés (donc au moins 289). Or, voici quelle est la composition des groupes à l'Assemblée nationale :

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   A lui seul, le groupe constitué par les députés de La République en Marche comprend 312 membres, soit bien plus que la majorité absolue. Même s'il existe quelques tensions au sein du groupe (très étoffé), il n'y avait aucune chance pour que, sur un scrutin aussi sensible, des "frondeurs" rejoignent les opposants au duo Macron-Philippe. C'était donc une démarche vouée à l'échec.

   Passons maintenant à l'analyse des scrutins. Oui, des scrutins, pas du. Chaque frange de l'opposition a voulu déposer son texte... et c'est un des éléments utiles pour comprendre leur démarche. Les députés se sont d'abord prononcés sur la proposition des élus de droite, menés par Christian Jacob. Elle n'a recueilli que 143 voix. Potentiellement, elle pouvait réunir les votes de tous les députés à l'exception de ceux membres des groupes LREM et Modem, soit 218 personnes. Il manque 2 des 103 élus LR à l'appel. Peut-être font-ils partie des 4 apparentés. Ou peut-être ont-ils des ambitions municipales dans des communes où le vote LREM a été important en 2017... Première (véritable) surprise : aucun élu UDI n'a voté la motion de censure. Certes, c'est un groupe classé au centre-droit, qu'on dit pas très éloigné des préoccupations du gouvernement, mais quand même... On peut dire la même chose des élus Nouvelle Gauche, proches pour la plupart des députés macroniens issus du PS ou du PRG. Par contre, toute La France Insoumise a voté avec la droite... et l'extrême-droite, si on regarde dans le détail le vote des députés non-inscrits. S'ajoutent à cela presque tous les députés Gauche Démocrate et Républicaine. (Seulement deux ont refusé de voter avec la droite.)

   Comparons avec le second scrutin, portant sur la motion présentée par la gauche d'opposition. Seuls 74 députés l'ont soutenue. Les groupes LFI et NG ont intégralement voté la motion, ainsi que presque tous les députés GDR (à l'exception d'une élue martiniquaise). S'y ajoutent environ la moitié des non-inscrits, dont presque tous ceux classés à l'extrême-droite : seules Marie-France Lorho et Emmanuelle Ménard ont choisi de ne soutenir que la motion de droite. Delphine Batho (ex-PS) a effectué la démarche inverse : elle n'a voté qu'en faveur de la motion de censure déposée par la gauche. L'écart entre les deux scrutins vient principalement du comportement des élus LR, qui ont presque tous refusé de voter le texte déposé par la gauche. Seuls deux d'entre eux ont franchi le pas : Eric Diard (élu dans Les Bouches-du-Rhône) et l'Aveyronnais Arnaud Viala.

   Qu'en conclure ? D'abord qu'au sein des oppositions, les élus LFI, GDR et ceux d'extrême-droite se présentent comme les plus transgressifs, prêts à voter un texte déposé par des adversaires idéologiques (en théorie). Les groupes Nouvelle Gauche et LR restent dans le clivage gauche/droite. Enfin, l'UDI, bien que ne faisant pas partie de la majorité, a refusé d'entrer dans le jeu trouble des oppositionnistes, qui ont sorti l'arme factice de la motion de censure pour faire parler d'eux et perturber le travail parlementaire. C'est un bel exemple de politique politicienne, à l'ancienne.

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mercredi, 01 août 2018 | Lien permanent

Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?

   J'arrive après la bataille, mais, bon, il n'est jamais trop tard. En fait, j'ai accompagné une personne qui ne se rend au cinéma que deux ou trois fois par an. Elle constitue l'une des cibles de ces longs-métrages familiaux, comédies balisées, dont le destin est d'être diffusées à 20h50 sur TF1 (qui, est-il besoin de le préciser, a produit le film).

   Le prologue est réussi, avec cette succession de passages à la mairie. Pour paraphraser l'une des affiches (et un film célèbre), c'est un peu "Trois mariages et deux têtes d'enterrement" : au fil des unions, le couple bourgeois catholique, qui tentait de faire bonne figure au début, tire de plus en plus la tronche, pour finir par porter une tenue de deuil. Si l'on ajoute à cela le contraste des identités complètes des mariés, on obtient un bon démarrage.

   Cela se gâte un peu quand on découvre les trois gendres. Les acteurs en font trop. Je les ai trouvés plutôt antipathiques (Chao un peu moins). Habilement, le scénario les présente avec un défaut principal, mais aussi une grande qualité. Rachid le musulman est un homme moderne, pas du tout intégriste, mais il a très mauvais caractère ; on le sent souvent sur le point de "péter les plombs". Dans sa profession d'avocat, on en fait un homme bon, mais très à cheval sur les principes.

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   David le juif est le plus agaçant, à la fois le plus communautariste (mais il n'a toutefois pas exigé que son épouse embrasse sa religion)... et le plus fort-en-gueule... sans compter qu'il mange comme un malpropre.

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   Chao est obséquieux à l'extrême, pas toujours de manière naturelle. Mais, au fond, c'est un chic type, qui a donné un coup de main bancaire à sa future épouse et qui est prêt à soutenir la nouvelle entreprise de l'un de ses beaufs.

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   Par contre j'ai bien aimé le passage qui voit chacun d'entre eux, pourtant victime de préjugés racistes, se révéler lui aussi pétri d'aprioris sur d'autres communautés : le Franco-Algérien déteste les Marocains et le juif séfarade méprise les Ashkénazes.

   Le message est plus lourd quand il est question du père de famille, incarné par Christian Clavier. De sa bouche sortent la majorité des clichés racistes, qui ne sont pas toujours présentés comme tels dans le film. On a reproché aux auteurs de ne pas avoir clairement dénoncé  certains de ces lieux communs. Quelques-uns sont certes battus en brèche (on voit un Arabe rejeter la drogue, un juif qui tire le diable par la queue et un Asiatique philanthrope), mais il est indéniable qu'à la fin du film, même si Verneuil père a accepté ses gendres, il n'en conserve pas moins nombre de ses préjugés.

   Le second bouleversement vient de la quatrième fille, qui est sur le point d'épouser un Noir, d'origine ivoirienne. Cette fois-ci, on nous épargne la liste des clichés sur les Africains et on nous offre un superbe personnage : le père ivoirien, lui-même bouffi de préjugés, interprété avec talent par Pascal N'Zonzi. Sa réconciliation avec le gaulliste Verneuil est ma foi bien mise en scène.

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   La comédie manque toutefois de folie. On fait référence à Rabbi Jacob (dans un contexte assez cocasse), mais la comparaison ne joue pas en faveur du film le plus récent. (Et Clavier n'a pas le talent de Louis De Funès.) Seule Chantal Lauby, excellente en catho qui s'ouvre au monde, rompt un peu la mécanique prévisible de l'intrigue. (De manière générale, les personnages féminins sont plus sympathiques, plus mûrs.) Je regrette aussi que l'on n'ait pas davantage développé l'histoire du complot des gendres (contre le quatrième). Le quiproquo (à propos d'une photographie) était pourtant porteur.

   Voilà. Ce n'est certainement pas la comédie du siècle (ni même de l'année). Tout en rassurant son public (et en évacuant le contexte social...), elle dit tout de même deux-trois choses pas idiotes.

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samedi, 09 août 2014 | Lien permanent

Vice

   Le titre du nouveau film d'Adam McKay (auquel on doit The Big Short) est à double sens : c'est la contraction de "vice-président", la fonction occupée par Richard Cheney sous George W. Bush, entre 2001 et 2009... et c'est un adjectif, qui peut être traduit par "vicieux" en français. C'est dire que ce biopic ne prend pas le chemin du regard distancié. C'est un mélange de documentaire et de fiction, à charge.

   L'histoire entremêle deux trames chronologiques. On découvre le jeune Cheney au début des années 1960, étudiant alcoolique. Dans le même temps, on nous présente le rôle décisif tenu par le vice-président, à partir des attentats islamistes du 11 septembre 2001. Les retours en arrière sont chargés de montrer comment un type très ordinaire va devenir l'homme le plus puissant du pays (selon l'auteur), tandis que la trame principale met en exergue son action contemporaine, éminemment néfaste.

   Ce n'est pas l'un des moindres paradoxes de cette histoire que les deux futurs acolytes (Bush Jr et Cheney) soient des alcooliques repentis, le premier parce qu'il a rencontré Dieu, le second parce qu'il a voulu garder son épouse. Celle-ci est incarnée par Amy Adams et c'est sans doute le personnage le plus romanesque de ce film, celui d'une femme intelligente, lucide, patriote et conservatrice, qui a mis sur orbite son balourd de mari, lequel a beaucoup appris au contact de chacals de la politique, finissant par tirer les ficelles, à Washington.

   Je n'ai par contre pas été très emballé par la prestation de Christian Bale. Pourtant, sur le plan physique, il finit par ressembler étrangement au vrai Cheney. Mais on sent trop la présence des prothèses et la grimace du visage est vraiment forcée. Si l'on cherche le meilleur comédien, on peut se tourner vers Steve Carell, qui interprète Donald Rumsfeld, une autre enflure républicaine, qui fut le mentor de Cheney, avant de découvrir que l'élève avait dépassé le maître.

   L'avidité et le cynisme de la faune républicaine (qui a fait ses premiers pas sous Richard Nixon) est très bien rendue par le film, tout comme la tentative de faire du président (et de son colistier) le chef d'un exécutif fort. Mais les diverses influences qui s'exerçaient sur les dirigeants de la droite ne sont qu'esquissées. Ainsi, même si l'on comprend que Cheney n'était pas un religieux (préférant rester proche de sa fille homosexuelle que gagner l'électorat ultra-conservateur), l'imprégnation chrétienne de George W. Bush est totalement absente du film ! Un comble quand on sait que le président faisait débuter nombre de réunions par... une prière. De la même manière, on ne comprend pas l'une des motivations de ceux qui ont voulu remodeler le Moyen-Orient : y implanter des démocraties pro-américaines stables. Les néo-conservateurs sont réduits à un groupe de complotistes hauts placés, certains très sensibles aux intérêts pétroliers. Là encore, on perçoit les lacunes du scénario, qui ne nous fait pas comprendre comment un étudiant médiocre a pu devenir PDG d'une firme comme Halliburton.

   Le film tente d'expliquer une grande part de la vie politique américaine par la vie privée des principaux acteurs (la vie familiale et les réseaux d'amitié). C'est ce que l'on pourrait appeler du "gauchisme pipole". L'auteur semble en être conscient, puisque, juste après le début du générique de fin, il a inséré une scène assez drôle, où plusieurs personnages commentent le film qui vient de s'achever.

   J'ai aussi été gêné par l'alternance de scènes de fiction et d'extraits de documents d'actualité, sans que la distinction soit bien établie entre les deux. J'ai par contre apprécié que l'histoire nous soit racontée du point de vue d'un jeune père de famille, ancien soldat de l'US Army envoyé au Moyen-Orient et qui va jouer un rôle déterminant dans la vie du vice-président... d'une manière que je me garderai bien de révéler.

   Cela vous donne une idée du caractère hétéroclite de ce film. C'est une assez bonne dénonciation d'une équipe politique qui a foutu le bordel au Moyen-Orient, mais cela manque de rigueur.

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lundi, 18 février 2019 | Lien permanent | Commentaires (1)

Thor : Love and Thunder

   Il y a un peu plus de quatre ans, Taika Waititi avait revigoré la saga de l'homme au marteau avec Thor : Ragnarok, à l'humour salutaire. Depuis, il s'est un peu emmêlé les pinceaux, dans Jojo Rabbit. J'attendais donc de voir ce que donnait la dernière mouture des aventures de celui que Robert Downey Junior (à jamais Iron Man) surnommait « Point Break ».

   Le début est engageant. On découvre Gorr, le futur méchant de l'histoire, dans un monde désertique où les humains ont coutume de graver et dessiner sur des roches. (C'est l'occasion de signaler que le réalisateur a des origines néo-zélandaises maories et que le film est coproduit par l'Australie. On pense évidemment à la culture aborigène.) Dans le rôle, Christian Bale est méconnaissable... et c'est peut-être le seul comédien à tirer son épingle du jeu, dans ce film boursouflé, mal fagoté, souvent mal dialogué... et pas très bien joué.

   Cela se voit dès la séquence suivante, au cours de laquelle on retrouve les Gardiens de la galaxie. Ma joie fut de courte durée, tant les interactions entre Thor et les membres de cette confrérie sont ratées. (Je supplie les producteurs de chez Marvel - nombreux à lire ce blog - de ne surtout pas confier cette franchise à Taika Watiti ; il serait capable de la saboter.) En revanche, la scène d'action qui suit est bien foutue. Je conservais donc de l'espoir pour la suite.

   Le problème est que cette suite est sans intérêt (ou presque). On a l'impression que certains acteurs font un peu ce qu'ils veulent sur le plateau. Chris Hemsworth est statufié, se contentant de prendre la pose. Son histoire d'amour avec Thorette Jane Foster est complètement ratée. Les dialogues (entendus en français) sont mauvais et débités sans conviction. Natalie Portman (qui pourtant disposait d'un personnage assez riche) fait ce qu'elle peut, mais le résultat n'est guère enthousiasmant. Que dire de Russel Crowe... qui semble tout droit sorti d'un EHPAD pour obèses, ayant visiblement consommé quelques dizaines de bières avant d'entrer sur le plateau. Quant à l'énorme potentiel du personnage de Valkyrie (Tessa Thompson, venue toucher son cachet), il est sous-exploité (pour ne pas dire pas exploité du tout). Même les scènes de bagarre lassent : elles font intervenir des effets spéciaux vus et revus, à ceci près que, désormais, une femme et des enfants noirs disposent -temporairement- des pouvoirs de Thor. Il faut que Gorr/Bale soit à l'écran pour que l'intensité dramatique remonte.

   Aux amateurs/trices, je signale toutefois qu'un joli moment cocasse est inséré dans la séquence « olympienne », Thor s'y retrouvant dans le plus simple appareil. (Je précise qu'à ce moment de l'action, il a recouvré la puissante musculature qui fait rêver tous les abonnés des salles de fitness.) J'ai aussi apprécié la relation quasi conjugale qu'il entretient avec sa nouvelle hache magique... alors qu'il en "pince" encore pour Mjöllnir, désormais entre les mains de Jane.

   Sur le fond, on comprend l'analogie entre le déroulé de l'intrigue et le projet « artistique » de Taika Waititi. Gorr veut tuer les dieux et il contribue à les humilier. Le cinéaste lui veut déconstruire la mythologie super-héroïque, mais il le fait avec des moufles et un consternant manque de rigueur.

   A celles et ceux qui seraient tentés de se précipiter hors de la salle dès la fin du film, je signale que le générique comporte deux scènes additionnelles. Dans la première, on voit papa Zeus (furieux d'avoir été ridiculisé par Thor) encourager son fiston Hercule à le venger. (On nous prépare donc une suite...) La seconde scène est un bref dialogue entre Jane Foster et Heimdall... dans un autre univers.

  

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dimanche, 17 juillet 2022 | Lien permanent

Birdman

   Le film aux quatre Oscar du Mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu est enfin arrivé à Rodez, en version originale sous-titrée. C'est l'occasion de vérifier si, notamment, le scénario et la mise en scène ont mérité d'être placés au-dessus de la concurrence en février dernier.

   Le scénario repose sur une double mise en abyme. Comme Michael Keaton incarne un acteur sur le retour, autrefois très populaire pour son rôle de Birdman, on comprend qu'il s'agit d'une allusion à son interprétation de Batman, sous la réalisation de Tim Burton. (En dépit du respect que j'éprouve pour le travail de Christopher Nolan et le talent de Christian Bale, les deux longs-métrages de Burton restent pour moi les plus beaux.) Mais, comme, en plus, Thomson/Keaton joue dans une pièce qui évoque la vie ratée d'un homme qui ne s'estime pas assez aimé, on comprend qu'il y a de fortes résonances avec l'existence du personnage principal.

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   Toutefois, le principal intérêt du film réside dans la description du milieu new-yorkais, où se croisent artistes plus ou moins en vue et ce que nous (Français de province) appellerions des "bobos parisiens". Les relations entre les membres de la troupe sont aussi particulièrement remuantes. Les répliques fusent... et c'est fort réjouissant ! Dans la version originale, on remarque la récurrence du mot "balls" (les boules... c'est-à-dire les couilles). Elles donnent le ton dès le début, où il est fait mention de l'odeur (un peu renfermée) qui règne dans la loge du héros. Plus loin, il est question du courage dont un acteur doit faire preuve. Au sens propre, les boules en question sont bien visibles sous le slip de deux des personnages principaux. Lorsque deux-ci entrent en contact des actrices, la conversation prend souvent un tour sexuel, même si les dialogues ne sont pas exempts d'émotion.

   C'est le moment de souligner la qualité de l'interprétation, même si aucun des acteurs n'a été primé en février dernier. Du côté des messieurs, Michael Keaton est épatant... dans un rôle il est vrai taillé sur mesure. A un poste plus ingrat, Edward Norton (aussi visible dans The Grand Budapest Hotel) est tout simplement formidable, tantôt odieux tantôt émouvant. A ces deux "cadors" j'ajouterais Zach Galifianakis (rendu célèbre par Very Bad Trip), très bon en agent-avocat aux petits soins.

   Du côté des dames se distinguent particulièrement deux personnes. Sans surprise, Naomi Watts est excellente (et toujours pleine de charme), dans un rôle de composition, celui d'une actrice qui n'arrive pas à percer ! Elle est aussi la compagne "officielle" de Shiner/Norton, une tâche qui consomme pas mal d'énergie...

   Mais la grande révélation de Birdman est Emma Stone, récemment remarquée dans Magic in the Moonlight. Elle incarne la fille du héros... et les relations avec son géniteur sont tout sauf apaisées. Cela nous vaut une scène de dispute absolument sensationnelle, au cours de laquelle la fille se lâche complètement. Plus loin, c'est dans le registre de l'émotion qu'elle nous "cueille", en compagnie d'Edward Norton. Une relation complexe va se nouer entre ces deux-là, sur le toit du théâtre.

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   A ce brillant duo, on pourrait ajouter Lindsay Duncan, pour sa performance en critique vacharde du New York Times.

   Les toits sont aussi de bons endroits pour prendre son envol. C'est le désir qui sommeille en Riggan Thomson, de surcroît travaillé au corps par une petite grosse voix intérieure. Ici, Inarritu introduit un peu de fantastique. Cela passe très bien, y compris au niveau des "super-pouvoirs" de son héros. Je n'ai par contre pas été particulièrement emballé par la réalisation. On a un peu abusé du plan-séquence, qui oblige parfois les caméramans à voltiger autour des acteurs. OK pour la virtuosité, mais le rendu à l'écran n'est pas toujours convaincant. En revanche, j'ai beaucoup aimé la musique d'accompagnement (du batteur mexicain Antonio Sanchez), très jazzy. Elle se marie vraiment bien avec l'action.

   Cela donne au final un film inclassable, très nombriliste, mais infiniment plus réussi que Babel, par exemple.

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dimanche, 29 mars 2015 | Lien permanent

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