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vendredi, 22 février 2008

Triangle

   Trois est évidemment le chiffre clé de ce film. Il a été réalisé par trois potes. Trois hommes très différents sont les personnages principaux. Trois mondes vont se rencontrer : police, mafia, antiquaires... Il faut donc être très attentif au début, qui met le système en place. Cela tombe bien, c'est la meilleure partie du film, mise en scène par Tsui Hark. On retrouve l'atmosphère inquiétante et mystérieuse des bons polars hongkongais.

   Les trois auteurs auraient dû davantage se concerter au moment du montage, histoire que tout soit bien raccord. Quelques hiatus dans l'intrigue nuisent à la fluidité du film. (Purée, c'est qu'elle est chiadée, cette phrase !) L'ensemble reste très plaisant, avec de l'humour : certaines situations sont tellement "hénaurmes" que c'en est comique. J'ai toutefois trouvé le principal personnage féminin moyennement réussi. Si j'étais mauvaise langue, je dirais qu'on sent la ravissante petite amie (un peu aquetriss à la base, quand même) à qui on donne un coup de pouce cinématographique. La question est : avec lequel a-t-elle couché ?

   La dernière partie est celle de Johnny To. Cela peut donc être aussi bien virtuose que conceptuel-chiant (voir son Election 1, dont j'ai causé dans un billet du 15 février 2007). Heureusement, il devait être en de bonnes dispositions quand il a tourné cela. On a donc droit à un peu de baston, à un usage (relativement modéré) des flingues... et à une belle partie de cache-cache ! Le film se termine sur une superbe séquence nocturne.

17:55 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

lundi, 18 février 2008

John Rambo

   C'est qu'il a encore le regard qui tue, le Johnny ! Il a aussi la musculature et les réflexes de tueur. Au moins, de ce point de vue-là, on ne risque pas d'être déçu. Les dialogues n'ont pas pour objectif de faire émerger une nouvelle théorie heuristique... et c'est tant mieux ! Et j'adore toujours autant la voix de celui qui double Stallone dans la VF !

   Cette fois-ci, notre retraité est dérangé par un groupe d'humanitaires évangéliques, évidemment déconnectés de la réalité. Il entre aussi en contact avec une bande de mercenaires, qui comprend des gentils et des moins gentils. En face, les militaires birmans sont très très très méchants. Les images se chargent de nous le rappeler au cas où l'on ne comprendrait pas bien. Ce sont les infos du début, puis la séquence de l'enlèvement des humanitaires (avec massacre des villageois à la clé) et enfin la dernière demi-heure, où là on s'aperçoit que nos barbaqueurs civilisés peuvent occire avec beaucoup d'efficacité !

   C'est vraiment drôle au second degré, parce que, y compris au niveau de la défense de la minorité (les Karens, victimes de la violence du régime birman), le film suit les mêmes règles que les précédents. La réalisation fonctionne sur le contraste entre les paysages, forcément magnifiques, apaisants, et la violence qu'ils dissimulent et qui surgit au détour d'un méandre ou d'une colline. La musique souligne ce qu'il faut souligner, sans subtilité. La nouveauté tient dans le grand réalisme des scènes de violence : on voit bien les corps se démembrer, les têtes éclater, les membres voler aux quatre coins du plateau. C'est le pied !!!

20:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinema

samedi, 16 février 2008

Lust, caution

   Ang Lee a dû visionner un paquet de films français et ricains des années 1940-1960. Il en restitue ici l'ambiance, adaptée aux moeurs chinoises. C'est une sorte de calque des films consacrés à la Résistance française ou à l'espionnage durant la "guerre froide". Ici, il est question de la résistance chinoise (non communiste) à l'envahisseur japonais et à ses collabos.

   On a soigné l'emballage : l'image est léchée. C'est très chic, trop parfois. On n'a pas résisté à la tentation du glamour.

   L'interprétation est excellente, ce qui fait qu'on y croit, qu'on se laisse porter par cette intrigue, pas si longue que cela finalement. Les scènes qui ont tant choqué les pudibonds chinois ne cassent pas trois pattes à un unijambiste... encore que... il faudra attendre la sortie du dévédé et pratiquer quelques arrêts sur image pour bien vérifier si, entre deux scènes "classiques", qui montrent deux corps nus collés l'un à l'autre (parfois dans des positions acrobatiques... tout cela est d'un fatigant !), ne se serait pas glissée une brève image un peu plus osée...

   Ceci dit, au-delà de la provocation facile, ces scènes se justifient parfaitement. Elles sont là pour faire toucher du doigt (ne me demandez pas lequel) le trouble qui gagne l'héroïne qui, découvrant le plaisir physique, sent tressaillir la flamme de la mission qui l'habite. De la même manière, le très maîtrisé M. Yee (Tony Leung excellent), toujours dominateur, perd toutefois un peu le contrôle de la situation. De ce point de vue, la représentation du sexe reste à la limite du misogyne. Cela semble d'ailleurs avoir déplu à deux spectatrices (des étudiantes sans doute, une exception dans le public clairsemé essentiellement constitué de personnes âgées) de la salle où je me trouvais : elles ont quitté les lieux après la première scène de nu (la plus "dure").

   Sur le fond, Le film est un peu nauséabond. Si'il est fait clairement allusion à la domination japonaise, rien n'est montré de son inhumanité, ni de celle des collaborateurs. Les tortures pratiquées sur les résistants sont mentionnés mais, comme nous sommes au cinéma, c'est de qui passe à l'écran qui compte. Or ces collaborateurs sont à peine égratignés, en particulier M. Yee. Ce sont plutôt les résistants "tchang kai-shekistes" qui sont dépeints comme des imbéciles, des lâches voire des salauds. Est-ce pour complaire à la censure chinoise qu'Ang Lee les a chargés ? Cela expliquerait l'absence totale d'allusion à l'autre résistance anti-japonaise, celle des communistes de Mao. Cela évite bien des questionnements, en particulier celui-ci : la poursuite de la guerre civile chinoise pendant la première partie de l'invasion japonaise. Le film procède à trop de simplifications, sauf au niveau du mah-jong (illustré par une savoureuse brochette d'actrices), qu'un pauvre Occidental comme moi doit s'efforcer de comprendre sans y être vraiment aidé par la mise en scène.

22:20 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema

dimanche, 10 février 2008

Litvinenko

   Sous-titré : "empoisonnement d'un ex-agent du KGB", ce film d'Andreï Nekrassov vise plus large. Il s'agit de montrer comment les service secrets noyautent le pouvoir (au profit d'un clan). C'est aussi une charge contre Vladimir Poutine. Le documentaire revient sur plusieurs événements de l'histoire russe récente, en particulier les fameux attentats de Moscou, attribués bien vite aux idépendantistes tchétchènes (ce qui a servi de prétexte au redéclenchement de la guerre, qui a assis le pouvoir de Poutine), sans doute organisés par des agents du FSB (l'ex-KGB).

   Une fois ceci dit, que reste-t-il ? Ben un film un peu long (j'ai piqué du nez plus d'une fois), composé en grande partie d'images d'archives et où le réalisateur a fortement tendance à se mettre en valeur : c'est une sorte de BHL russe... Les séquences avec Alexandre Litvinenko (rencontré par l'auteur alors qu'il était en parfaite santé) sont intéressantes sur le fond, mais très plates sur la forme. On a aussi le plaisir de croiser Anna Politkovskaïa (qui alliait l'intelligence et la ténacité à un charme certain).

   Le problème est que Nekrassov n'est pas à la hauteur des personnes auxquelles il rend hommage. Il est plus dans la dénonciation que dans la démonstration, alors que ces combattants de la démocratie étaient bien plus rigoureux dans leur démarche. C'est un peu dommage.

16:17 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, russie

samedi, 09 février 2008

Useless

   C'est un documentaire chinois, consacré à différents aspects du secteur textile. Le réalisateur est Jia Zhang-Ke, l'auteur de Still life, une fiction qui a pour cadre la région du barrage des Trois-Gorges. Cela m'a l'air d'avoir été filmé en vidéo numérique... mais haut de gamme : ce n'est pas dégueu à regarder. L'effet de réalisme est grand.

   On commence dans le Sud, à Canton plus précisément. On est cueilli par une brochette de travellings (que le réalisateur semble vraiment affectionner... trop parfois) dans une usine textile. Il n'y a pas de commentaire. Evidemment, il s'agit d'une production à bon marché destinée en partie à l'exportation. Les gestes sont précis, rapides. Le travail n'est pas bâclé pour autant. On sent la volonté de montrer les maillons d'une chaîne. La vie des ces ouvriers n'est pas délirante, mais ils ont du travail.

   On fait un grand saut, direction Paris et ses défilés de "haute" couture. Il est question d'une styliste chinoise, qui travaille d'une manière totalement différente. On perçoit chez le réalisateur un peu de fierté à retourner l'image traditionnelle accolée à son pays : cette styliste privilégie le travail manuel (même si des machines sont utilisées dans une partie du processus) et sa dernière collection est constituée de vêtements qui ont été enfouis sous terre... On a droit aux préparatifs du "happening" (plus qu'un défilé : les modèles vont être statiques), côté créatrice, côté techniciens, côté mannequins.

   On retourne en Chine, cette fois-ci dans le Nord, dans une région située au sud-ouest de Pékin. C'est le travail des repriseurs et autres couturiers à domicile qui est mis en valeur. Le cinéaste est entré dans l'intimité de certains couples. Les querelles familiales s'entremêlent à l'évolution économique : un tailleur a préféré devenir mineur avant d'être ruiné par la concurrence industrielle. On termine donc par une très jolie séquence dans la mine de charbon, avec décrassage (méticuleux) des mineurs à la clé.

17:25 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

vendredi, 08 février 2008

Le roi et le bouffon

   C'est un film coréen, une sorte de fresque à tonalité sentimentale. L'action se déroule au XVIème siècle. Ce roi aurait existé. La première partie du film est consacrée à ce que nous appellerions aujourd'hui les "arts de rue", aux activités liées au cirque (la partie acrobatique). C'est vivant, bien joué, parfois drôle, toujours coloré.

   A partir du moment où la troupe (le duo de héros en particulier) se retrouve à la Cour du roi, j'aime moins. L'intrigue amoureuse prend le dessus et c'est plus ennuyeux, sauf quand les rivalités politiques entrent en jeu.

15:25 Publié dans Chine, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

jeudi, 07 février 2008

Les Faussaires

   Dans une guerre, tous les coups sont permis pour faire chuter l'ennemi... y compris la fabrication de fausse monnaie. Je connaissais les manœuvres des nazis entre 1940 et 1945, mais j'ignorais qu'ils avaient utilisé des déportés juifs dans cette "entreprise".

   Le film, construit à partir d'une histoire vraie, tourne autour d'un faux-monnayeur juif (brillamment interprété par Karl Markovics), qui nous est d'abord présenté dans son contexte berlinois de 1936. La séquence du bar est très enlevée... et riche de sens : elle offre une vision contrastée de la société allemande en général et des juifs en particulier. Il finit par être arrêté. Déporté à Mauthausen, il est recruté par un officier SS qui n'est autre que le policier qui l'a naguère interpellé.

   La déportation est montrée à travers le regard de ces relatifs privilégiés : imprimeurs, photograveurs, graphistes... par la bande, on est donc informé de ce qui se passe dehors... y compris dans la partie du camp où sont détenus les autres, qui ne bénéficient pas d'un lit douillet. L'une des forces du film est de nous faire percevoir les contrastes dans la situation des déportés ainsi que leurs divergences d'opinion : faut-il saboter ou pas ? jusqu'où s'abaisser pour survivre ?

   L'image joue elle aussi sur les contrastes, avec des scènes situées à Monaco (ach, on aime pien fotre pognon, t'où qu'il fienne !), à Berlin et dans le camp de Sachsenhausen (à l'intérieur de l'imprimerie ou à l'extérieur). Les auteurs semblent avoir été particulièrement sensibles aux salles de bains et cabinets de toilettes (et il y a une scène de douche...). On a aussi travaillé le son, lorsque le héros est concerné : sa perception des choses est transmise au spectateur. Tour à tour, les scènes peuvent donc être joyeuses, angoissantes, troubles. Pas mal du tout.

   A noter que ce Salomon Sorowitsch n'était pas que faussaire : doué pour le dessin, féru d'innovation picturale, il aurait pu mener une carrière artistique.

19:10 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

mercredi, 06 février 2008

It's a free world

   Un monde libre... en l'occurence celui de la libre entreprise, avec d'un côté d'anciens salariés qui peuvent devenir patrons et de l'autre des salariés (en particulier des immigrants) qui ne peuvent le devenir et qui sont donc dépendants d'eux. Le vice du système est que l'ancien salarié mal traité devenu patron (patronne dans le cas qui intéresse Ken Loach) finit par se comporter un peu comme son ancien employeur. En France, on connaît cela à travers le cas d'artisans, anciens employés qui ont monté leur boîte, qui en ont bavé jadis et qui reproduisent le même schéma avec leurs salariés (en particulier les apprentis).
   Ceci dit, le film n'est pas un brûlot altermondialiste. Il est nuancé, notamment parce qu'il s'attache à la vie quotidienne de cette mère célibataire, superbe blonde soit dit en passant (avec peut-être une petite retouche opérée à la lèvre supérieure).Je me dis qu'à travers elle, Ken Loach a voulu mettre en scène la séduction exercée par la libre entreprise : elle présente bien, fait preuve de dynamisme, de franchise... mais elle est surtout âpre au gain, assez égoïste au fond, et sa vie privée est plutôt ravagée.
    Côté réalisation, il ne faut pas s'attendre à des miracles : c'est du Ken Loach, efficace sans fioritures. Le gros du travail a porté sur l'écriture du scénario et des dialogues, fort réussis. Les interprètes sont très bons, qu'ils soient britanniques (avec de jolis accents populaires, en particulier celui de l'héroïne) ou Polonais et Ukrainiens.

08:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

mardi, 05 février 2008

Smiley face

   Vous voulez savoir quel point commun il peut y avoir entre un space cake, un dealer rasta émule de Ronald Reagan, un fan de Star wars, le Manifeste du Parti communiste et une fête foraine ? Alors, courez voir ce film !
   Blague à part, c'est débile, au fond. Mais j'ai souvent ri. C'est un peu l'équivalent des films pour ados, mais avec une jeune femme pour héroïne (à la place du blaireau de service). Celle-ci est incarnée avec fougue par Anna Faris, une habituée de ce type de production.
   Le principe est le suivant : la donzelle, déjà bien entamée, se tape des gâteaux au haschisch (alors qu'elle n'aurait pas dû, la vilaine). La suite est sa journée très particulière... 
   Elle essaie de faire la cuisine tout en téléphonant, puis de conduire une voiture, pour se rendre à un casting dont le déroulement est assez déroutant. J'oubliais : elle accompagne un type amoureux d'elle chez le dentiste (elle en veut à sa thune en fait) et se retrouve dans la maison de son ancien prof de fac... Péripéties garanties !

08:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

lundi, 04 février 2008

Cortex

   Le nouveau film de Nicolas Boukhrief fonctionne selon des principes proches du précédent, l'excellent Le Convoyeur : l'action se déroule dans un milieu très spécifique (ici une clinique pour personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer, là une entreprise de transport de fonds), un acteur connu incarne un héros à faille (ici André Dussolier, ancien flic qui perd la mémoire, là Albert Dupontel, ex cadre sup qui a tout perdu), enfin les seconds rôles sont tenus par des pointures (ici Marthe Keller, Claire Nebout, Pascal Elbé, Aurore Clément... là Jean Dujardin, François Berléand). Claude Perron et Julien Boisselier font le lien entre les deux films au niveau de la distribution.

   C'est un polar très bien ficelé. Il est d'abord réussi au niveau de l'intrigue : un mystère s'installe autour de ces décès subits, mystère auquel plusieurs possibilités d'éclaircissement sont proposées au fil du déroulement du film (j'ai même cru à un moment qu'on s'orientait vers Soleil vert !). C'est aussi une description fidèle de la petite vie d'une unité médicale, avec ses dévouements, ses trahisons, ses jalousies. C'est surtout une plongée parfois humoristique, jamais dégradante, dans la vie de ces personnes de plus en plus nombreuses à "perdre la tête", l'âge venant.

   Le cinéaste semble avoir, comme à son habitude, travaillé l'ambiance sonore (et il a inclus une scène "festive" d'entreprise, comme dans Le convoyeur) et les tons de l'image : il se passe toujours quelque chose quand cela devient bleuté...

   Le paradoxe est que, même si des morts surviennent, il n'y a aucune scène de violence physique (sauf, à la rigueur, à la fin). C'est donc un polar d'un style radicalement différent de celui des frères Coen, par exemple, mais tout aussi plaisant.

19:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

dimanche, 03 février 2008

No Country for old men

   Non, cela ne veut pas dire que les hommes âgés n'ont pas accès à la musique country ! On se trouve néanmoins dans le Sud rural des États-Unis, au Texas, pas très loin de la frontière mexicaine. Les paysages sont jolis mais, de ce point de vue-là, les frères Coen ne réinventent rien. Ils sont bien plus habiles dans les scènes d'intérieur, en particulier quand ils jouent sur les ombres et les reflets : c'est vraiment chouette ! J'ai retrouvé le talent des réalisateurs de Barton Fink et Fargo notamment.

   On a beaucoup parlé de la violence de certaines scènes. Certes. Mais les critiques auraient pu davantage souligner qu'une partie des meurtres ne sont pas montrés : c'est le résultat qui nous est offert, voire seulement suggéré (y a des ellipses, oui !). La même "économie" a été mise en pratique au niveau des dialogues : ce n'est pas un film bavard... et c'est tant mieux ! Tout cela baigne dans l'humour noir ; on aime ou on n'aime pas. J'aime.

   Côté acteurs, on a fait la promo du film sur le nom de Tommy Lee Jones, alors qu'il n'est qu'au second plan. De surcroît, il nous la rejoue vieux-baroudeur-à-qui-on-ne-la-fait-pas : cela commence à lasser. Il était nettement meilleur dans Dans la vallée d'Elah. Le véritable personnage principal du film est le tueur méthodique et givré, incarné par Javier Bardem (dont le regard hante l'affiche du film). Celui qui fut l'un des acteurs fétiches de la movida espagnole a pris de la bouteille (et un accent anglais irréprochable). Il est inquiétant d'assurance tranquille. A noter sa coupe de cheveux old fashioned, qui fait de lui une sorte d'archange maléfique, qui dispense la mort sur son passage... sauf quand une pièce de monnaie se met de la partie.

   L'autre grand personnage du film est celui du "cowboy (presque) solitaire" qui trouve le fric, interprété avec brio (mais tout seul !) par l'excellent Josh Brolin (vu récemment dans Planète terreur de Rodriguez et Dans la vallée d'Elah... décidément). C'est celui auquel le spectateur masculin de base est censé s'identifier.

   En dépit des jérémiades de deux flics ronchons (dont Tommy Lee Jones) sur le temps qui passe et les valeurs qui se perdent, il ne faut pas voir dans le film une quelconque morale. Comme souvent chez les Coen, chacun est invité à se faire la sienne. Cela peut désarçonner mais cela pousse aussi à ne considérer le film que comme ce qu'il est : un pur moment de plaisir. 

    PS

    J'ai toutefois trouvé le dernier quart-d'heure décevant.

 

17:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

samedi, 02 février 2008

La visite de la fanfare

   C'est une fiction... hélas. On aimerait que l'atmosphère dans laquelle baigne ce film s'étende à la réalité du Proche-Orient... C'est un sujet casse-gueule : ma principale crainte était que des hectolitres de bons sentiments ne viennent nuire à la qualité du film.

   Heureusement, ce n'est pas le cas. A la base, les musiciens égyptiens viennent d'Alexandrie : ils sont donc une incarnation du top de la culture méditerranénnne... et ils se retrouvent dans le trou du cul d'Israël (et donc dans la merde). L'esprit de Tati (le cinéaste, pas le commerçant) souffle sur les premières séquences, où tout est dit par la caméra. De manière générale, le réalisateur a soigné le cadrage. Pas d'effets spéciaux donc dans ce long-métrage, mais du savoir-faire.

   Cela rend les scènes de groupe (en particulier celles qui voient se rencontrer Égyptiens et Israéliens) vraiment très intéressantes, parfois hilarantes, un peu comme dans les comédies italiennes des années 1950-1970. Côté acteurs, on a choisi des "gueules". Les visages, à l'image des personnages, ont un vécu.

   L'un des ressorts du comique est le principe du retournement : ce sont les Égyptiens, issus d'un pays en développement, qui, à bien des égards, apparaissent "évolués", face aux Israéliens de "province" (on est loin de Tel Aviv et des films branchouilles), un peu "ratés". L'une des plus belles scènes est celle qui, dans la boîte de nuit, voit le beau gosse égyptien montrer à l'Israélien coinços comment draguer la cousine de la copine de son pote, gestes à l'appui !

21:55 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

vendredi, 01 février 2008

Survivre avec les loups

   Attention : bien que le personnage principal soit un enfant, bien que les plus belles séquences mettent en scène des chiens ou des loups (vraiment magnifiques et bien dressés), ce n'est pas un film que je recommanderais au plus jeune public : la réalisatrice a choisi (à raison) de ne pas atténuer le crudité de certains moments, ce qui peut choquer.

   C'est donc une histoire vraie, celle de cette petite Belge juive qui va traverser l'Europe à la recherche de ses parents. L'actrice est plutôt convaincante, mais, à mon avis, pas toujours bien dirigée : on la fait notamment trop parler. Certains dialogues sonnent faux, comme si on lui mettait des paroles d'adulte dans la bouche. Elle est néanmoins très bonne en enfant têtue, acharnée à survivre. Elle est drôle aussi quand elle fait la sale gosse.

   Restent les adultes. On a voulu faire reluire le casting. Le couple formé par Guy Bedos et Michèle Bernier est à moitié convaincant (et la scène qui voit le vieux fermier virer son neveu vraiment mal jouée). Les bourgeois cathos qui hébergent (contre espèces sonnantes et trébuchantes) la petite après l'arrestation de ses parents sont plus réussis, en particulier l'épouse (interprétée par Anne-Marie Philipe je crois). Les parents sont très bien. (J'ai un faible pour Yaël Abecassis... qui m'en blâmera ?)

   Les éléments du contexte sont tantôt très réussis (la séquence avec les orphelins juifs, la rencontre des partisans soviétiques), tantôt plutôt ratés (en particulier la scène qui voit des gamins polonais ou ukrainiens, chrétiens, lancer des pierres sur les juifs embarqués mollement par les nazis : c'est mal joué).

   J'en sors donc mitigé : agacé par les maladresses, ému par le parcours de cette fille, enchanté par la présence des animaux.

23:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma