jeudi, 22 décembre 2016
A Fond
Cette comédie française associe l'ancien et le nouveau. Pour l'ancien, on a André Dussolier (en pépé libidineux... qui en fait des tonnes), José Garcia (plutôt bon) et Florence Foresti (caricaturale au possible... mais, parfois, ça lui va bien). La "nouvelle" génération est représentée par une partie de l'équipe de Babysitting : Vincent Desagnat, Charlotte Gabris, Vladimir Houbart (excellent en beauf rivé à sa bagnole) et surtout le réalisateur Nicolas Benamou. On peut aussi saluer la performance de Jérôme Commandeur en requin commercial de l'automobile.
Dès le début, on est mis dans de bonnes dispositions, avec la description de la vie d'une famille de classe moyenne et quelques gags basiques mais efficaces. (Je suis client des coups portés par inadvertance, une pratique que l'on retrouve plus loin, une fois que les principaux personnages sont enfermés dans la voiture.) Par contre, j'ai eu du mal avec l'interprétation de Dussolier, un acteur que j'estime pourtant beaucoup et qui semblait avoir réussi sa conversion tardive dans la comédie populaire avec Adopte un veuf.
L'un des ingrédients essentiels de l'histoire est le fameux monospace. Présenté comme un bijou de technologie, il fascine Tom (José Garcia), qui est comme un gamin devant ce nouveau (coûteux) jouet. Cela fait partie des petites observations, glissées ici ou là, qui donnent un peu de profondeur sociologique à un scénario somme toute très linéaire. Avant même que le régulateur de vitesse ne se mette à déraper, la pauvre voiture va subir ses premières avaries. Je ne vous dirai pas dans quel état elle achève le périple.
C'est toute la famille qui va vivre ces aventures. A Tom et son père s'ajoutent l'épouse du premier, très bien jouée par une actrice inconnue (Caroline Vigneaux), et leurs enfants, un garçon et une fille qui ont leurs qualités et leurs défauts. On aurait pu s'attendre à ce que le scénario tombe dans la facilité à leur égard, en en faisant de petites pestes fouteuses de merde. Ce n'est pas le cas.
Par contre, on ne peut pas dire que le portrait des gendarmes soit nuancé. C'est une caricature grossière, mais qui sert bien l'intrigue. Un autre personnage brut de décoffrage donne du tonus à l'histoire : Jacky, le pilote conducteur de la BMW jaune, qui va subir une série d'avanies qui ont fait hurler de rire la salle où je me trouvais. Puisque la couleur jaune joue un rôle dans cette histoire, je vous laisse imaginer quel liquide corporel se trouve au coeur d'un gag ENORME...
Du coup, même si certaines scènes souffrent de quelques faiblesses, on est emporté par le rythme et les traits d'humour, qui tombent à intervalle régulier. J'ai aussi été agréablement surpris par la qualité des scènes d'action, un phénomène rare dans les comédies françaises contemporaines. Cela donne au final un bon divertissement, qui a ravi le public hétérogène qui avait rempli la salle.
Une question demeure : pourquoi ce film a-t-il subi cet éreintement injustifié, de la part des critiques et de certains spectateurs de base (censés avoir assisté à une avant-première) ? On peut y voir plusieurs raisons.
Tout d'abord, rappelons qu'il convient de se méfier des notes attribuées par les spectateurs sur Allociné. En règle générale, elles surévaluent les films. Il est logique de penser que les personnes qui ont apprécié, même moyennement, un long-métrage vont davantage s'exprimer que celles qui ont été déçues (sauf si elles se sont vraiment fait chier). De plus, une partie des appréciations laudatives sont le fait de faux spectateurs, des personnes qui ont intérêt à ce que le film marche. A l'inverse, le sujet ou la distribution d'un long-métrage peuvent inciter des internautes à "descendre" un film sans même l'avoir vu.
Ici, c'est aussi le contenu qui a pu provoquer des réactions de rejet. L'une des séquences fait intervenir une famille d'obèses, présentés comme assez à l'aise financièrement, mais pas très propres et plutôt crétins. Ces clients d'une concession automobile (la même que celle dans laquelle s'est rendu Tom) vont subir un traitement grotesque, qui a bien fait rire dans la salle. Mais ce rire est-il sain ?
D'autre part, la satire de la vie de famille que contient le scénario a pu gêner des spectateurs. Sans en dire trop, je peux affirmer que les circonstances exceptionnelles vont pousser les parents et le papy à révéler leurs petits secrets, pas très ragoûtants. Mais c'est aussi cela, la vie.
Ne négligeons pas non plus le malaise qu'a pu susciter chez certains spectateurs masculins le portrait à charge du fana de bagnole. Quel plaisir que de voir ridiculiser ce genre de blaireaux, qui nous empoisonnent la vie sur les routes ! Mais tout le monde n'a sans doute pas la même opinion sur le sujet...
Enfin, le rejet de la critique peut lui s'expliquer par d'autres facteurs. Il n'aura échappé à aucun des spectateurs que M6 soutient ce film, dans lequel la chaîne BFMTV est mise à l'honneur (encore que... les reporters montrés à l'écran ont l'air un peu stupides). Cela suffit peut-être à expliquer que certains professionnels aient regardé A Fond avec des oeillères. Ce n'est certes pas le film de l'année, mais c'est une comédie efficace, qui fait passer un bon moment.
01:22 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
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