mercredi, 31 octobre 2018
Un Peuple et son roi
Se déroulant entre le 14 juillet 1789 (prise de la Bastille) et le 21 janvier 1793 (exécution de Louis XVI), le dernier film de Pierre Schoeller (auteur du brillant L'Exercice de l'Etat) propose une lecture de la Révolution française, à travers quelques grands moments et, en parallèle, les aventures de "Français d'en-bas".
Des personnages "ordinaires" se détachent l'ouvrière Françoise (Adèle Haenel, très bien) et le verrier L'Oncle (Olivier Gourmet, dont je ne me lasserai pas de dire qu'il est un grand acteur). Ce sont les personnalités les plus travaillées et les plus convaincantes, les autres me semblant un peu trop taillées à la hache ou agaçantes (comme Basile, interprété par Gaspard Ulliel, qui en fait un peu trop).
C'est que, malgré les deux heures, il était difficile de raconter une histoire complète tout en suivant le processus révolutionnaire. C'est l'erreur commise par le cinéaste (comme d'autres avant lui). Il aurait dû davantage se concentrer sur un ou deux épisodes (par exemple la prise de la Bastille et le vote de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen). Mais cela nous aurait privé de la vision d'ensemble, que Schoeller tenait visiblement à donner : le peuple s'est fait voler sa révolte par la bourgeoisie, une analyse un peu manichéenne, même si elle ne manque pas totalement de fondement. L'intrigue est aussi trop parisienne à mon goût, la capitale ne comptant que 2 à 3 % de la population du pays à cette date.
Au niveau de la mise en scène, il n'y a pas à dire : c'est du bon boulot, avec quelques scènes particulièrement bien troussées, comme la destruction de la Bastille (malgré la symbolique lourde de la lumière qui pénètre dans les rues du quartier populaire à la suite de son effondrement), le défilé nocturne des révolutionnaires dans les rues de Paris, éclairées par les torches, la séquence du retour de Louis XVI (après sa fuite jusqu'à Varennes) ou encore la mort du roi, d'une indéniable force, en dépit du mauvais choix d'acteur. Non que Laurent Lafitte joue mal, mais le charisme qu'on lui prête tranche avec ce que l'on sait du roi défunt.
On a droit aussi à de bonnes scènes théâtrales, au sein de l'Assemblée nationale (que ce soit sous le nom d'Etats généraux, d'Assemblée législative et de Convention). Même si certains acteurs prennent un peu trop la pose, j'ai aimé le moment du vote (lors du procès de Louis XVI), lorsque chaque député vient à la tribune expliquer son choix, avec ses mots... et son accent. (On ne voit pas d'élu aveyronnais.)
Au final, le film est un peu frustrant, non en raison de sa faible qualité (c'est un bel ouvrage), mais par son côté papillonnant, sautant d'un événement à l'autre. Une série télévisée aurait été plus adaptée.
22:48 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
Commentaires
Le pauvre Gaspard nous la rejoue Jacquou le croquant.
La scène de la Bastille en carton pâte je l'ai trouvée nulle.
La visite des rois: ridicule risible.
Les femmes... accrochées à leurs mecs. Je dis ça car on a lâché le grand mot qui fait chic de féminisme pour ce film.
Un Danton insignifiant.
Higelin et Llvosky exaspérantes comme toujours.
Restent Adèle et Olivier parfaits comme toujours.
Mais on sent le gros boulot et le désir de belle ouvrage.
Raté.
Écrit par : Pascale | jeudi, 01 novembre 2018
Je suis moins sévère pour la séquence de la Bastille, dont la prise est certes escamotée. Concernant les femmes, on les voit prendre les armes, s'exprimer en public sans l'accord d'un mec et marcher sur Versailles. Pour l'époque, c'est révolutionnaire, tout comme la manière dont certaines mènent leurs amours. Mais, comme le réalisateur a voulu trop embrasser, tout n'est qu'esquissé.
Écrit par : Henri Golant | jeudi, 01 novembre 2018
Tu as raison tout cela est dit mais sur moi rien n'a fonctionné.
Écrit par : Pascale | vendredi, 02 novembre 2018
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