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vendredi, 13 août 2010

Des cousines des statues-menhirs aveyronnaises ?

   Il s'agit de "stèles anthropomorphes", dont les photographies ont été publiées dans Le Monde des 11-12 juillet derniers :

Routes d'Arabie 11 07 2010.JPG

   Le "quotidien de référence" traitait là de l'inauguration d'une exposition, "Routes d'Arabie", au musée du Louvre, le 14 juillet. (Elle est visible jusque fin septembre.)

   On peut les voir aussi dans le dossier de presse, pages 4, 27 et 48. On peut y lire qu'elles datent du IVe millémaire avant JC, ce qui en fait des contemporaines des statues aveyronnaises, qu'on estime âgées de 4 000 à 5 000 ans.

   A la différence des productions rouergates, celles-ci sont exclusivement masculines (même si l'une porte un collier, attribut féminin dans les sculptures aveyronnaises). Toutefois, la présence d'un baudrier, d'une ceinture et le dessin du visage de la seconde sont assez troublants à des milliers de kilomètres de notre belle région.

lundi, 02 août 2010

Une préfiguration du destin du musée Soulages ?

   La lecture de la presse quotidienne réserve parfois de drôles de surprises. Voici ce que j'ai trouvé dans un "vieux" numéro du quotidien Le Monde, daté du 12 juin 2010 :

Musée breton LeMonde 12 06 2010.JPG

   Comme à Rodez, il est question d'un musée d'art contemporain, ici celui de Kerguéhennec, déjà existant. Il se trouve dans la petite commune de Bignan, dans le Morbihan.

   Même si les deux communes ne sont pas de même importance, plusieurs éléments rapprochent les deux cas. Tout d'abord, le budget de fonctionnement, estimé à 900 000 euros pour le futur "machin" aveyronnais (je ne pense pas être excessivement pessimiste en arrondissant à 1 million d'euros), contre plus de 600 000 euros pour Kerguéhennec (en additionnant ce que versent les collectivités publiques, commune et communauté de communes exclues).

   Notons que, dans le cas breton, le conseil général a diminué sa subvention. A Rodez, on craint plutôt de voir l'Etat abaisser sa part dans la construction.

   Autre différence : Kerguéhennec est géré par une association alors qu'à ma connaissance, ce n'est pas le fonctionnement retenu pour le futur musée Soulages.

   Je suis toutefois inquiet parce que dans les deux cas, il est question de promouvoir l'art contemporain, de s'appuyer sur des artistes et des oeuvres reconnues (par l'élite...), dans un territoire relativement enclavé... et que cela ne mord pas sur le grand public.

lundi, 26 juillet 2010

Une "vieille" mention des statues-menhirs aveyronnaises

   Je l'ai trouvée dans un numéro du magazine L'Illustration du 26 décembre 1925. Ce périodique grand public a longtemps fait la joie d'un public avide à la fois d'informations sur les grands de ce monde et d'ouverture culturelle. C'est une sorte d'ancêtre de Paris-Match, en plus haut de gamme.

   C'est dans les brocantes que l'on peut tomber sur les anciens numéros. Au risque de décevoir ceux qui pensent que "c'était mieux avant", ils sont farcis de publicité, celle-ci étant placée au début et à la fin. L'une de celles présentes dans le numéro que je me suis procuré fait l'apologie d'OVOMALTINE, "aliment naturel tonique" (que l'on peut se procurer notamment en pharmacie...). Une autre vante les stylos "JIF Waterman" etc.

   Parmi les articles, on trouve une analyse de la situation en Chine, sous-titrée "L'action nécessaire de la race blanche dans l'évolution de l'Asie". L'auteur, un certain "Dr Legendre", se désole de l'anarchie qui règne dans le pays et voit dans celui-ci de grandes possibilités de croissance économique... fondée sur l'exportation de matières premières !

   Un autre article est consacré au premier croiseur français de plus de 10 000 tonnes. La rubrique nécrologie évoque la mort de Jules Méline, qui a laissé de très bons souvenirs dans les campagnes françaises.

   En littérature, on se réjouit de l'attribution du prix Goncourt à Raboliot, de Maurice Genevoix.

   On trouve donc aussi une demi-colonne "aveyronnaise" :

 

Illustration 26 12 1925.JPG

   Depuis, d'autres stèles ont été découvertes. On peut en admirer un bel échantillon au Musée Fenaille.

 

jeudi, 08 juillet 2010

Les cultureux aiment Pierre Soulages

   C'est en tout cas ce qui ressort d'un sondage publié dans la revue Art absolument, il y a plus de deux mois. L'écho m'en est parvenu par le quotidien Le Monde du 15 avril 2010 :

LeMonde 15 04 2010.JPG

   Il s'agit du résultat d'un sondage réalisé auprès des adhérents de la Maison des artistes. Mais, d'après Le Point, sur 13 500 membres, seuls 2 881 ont répondu au questionnaire en ligne. Cela relativise un peu les résultats, puisque la participation se monte à 21 %... à comparer toutefois aux bases des sondages trop souvent utilisés par nos media : 700 à 1 000 personnes sont en général interrogées.

   Un autre défaut de cette consultation est de nous proposer l'avis de spécialistes (parfois concurrents), dont l'opinion n'est pas forcément annonciatrice de ce que retiendra la postérité.

   Mais le principal reproche que je fais à cette consultation est d'être orientée. En effet, les artistes ont été consultés en février 2010, alors que la rétrospective Soulages battait son plein au Centre Beaubourg. Difficile d'évacuer l'idée que l'actualité a pu influer sur le choix des votants. C'est, encore et toujours, un aspect de l'offensive Soulages...

lundi, 28 juin 2010

L'offensive Soulages

   Je ne sais pas si l'on peut parler de "matraquage" (je pense qu'il faut réserver le terme ; il sera très utile d'ici deux à trois ans), mais c'est fou ce que l'on parle du futur musée.

   En fait, je dois le révéler, le musée Soulages existe, je l'ai rencontré ! Il se trouve à Olemps, sur deux sites, l'hôtel de ville et la médiathèque. Y sont exposés (jusqu'au 30 juin 2010) les travaux que les élèves de la commune ont réalisés, sous l'experte direction de leurs professeures (que des femmes apparemment... au passage, si l'on ne peut que déplorer la sous-représentation des femmes dans les postes à responsabilité dans notre pays, il serait bon aussi de se poser des questions sur la féminisation excessive de certains métiers). Cette exposition a bénéficié d'une ample couverture médiatique (il en a ainsi été question deux fois dans Le Ruthénois ; de son côté, La Dépêche du Midi s'est fait l'écho de la réalisation en cours puis de l'inauguration de l'expo).

   Les "toiles" sont présentées accompagnées d'un petit carton explicatif. Cela ressemble à du Soulages, c'est (en général) aussi laid que du Soulages, mais ce n'est pas du Soulages. Encore que... je serais bien incapable de distinguer, dans la plupart des cas, l'oeuvre du Maître de la copie des jeunes apprentis.

   Quelques productions ont néanmoins retenu mon attention, notamment celles qui, à l'aide d'un pliage discret, donnent une impression de relief. J'ai aussi bien aimé l'exercice de style sur le bleu et le noir, en couches superposées, en partie raclées :

 
Olemps (6).JPG

   Dans chaque salle, en plus des toiles, on peut consulter un cahier de photographies, où l'on voit les bouts d'chou en action. Ils portent en général un vieux T-shirt de leurs parents (on reconnaît des marques : Le Technicien du sport, Centre Presse - Midi Libre, Nasdaq...). Peut-être a-t-on soigneusement sélectionné les images (encore que... il y en a un paquet !), toujours est-il que les bambins sont très appliqués et "déconnent" rarement ! Franchement, à leur place, j'aurais transformé la salle de classe en toile de Soulages !

   Dans la partie située dans la médiathèque, en plus des productions "soulagiennes", on peut voir un documentaire consacré au Maître (intéressant, ma foi). Je pense qu'il doit s'agit du même film que celui qui a été projeté lors du vernissage de la place de la cité. Dans une autre salle, on trouve aussi des acrostiches construits autour des lettres du nom de l'artiste. Je vous en propose un de mon cru (y a pas de raison que seuls les enfants s'amusent, hein !) :

Saoûlant

Onnycomprendpagranchoze

Ubuesque

Lénifiant

Assommant

Gargarismes

Elitisme

Savacoûterbonbon

   Pour terminer sur Olemps, je signale la plus belle oeuvre (à mon goût) présente sur les lieux : une fresque située dans la cour :

Olemps (5).JPG

   La deuxième couche est apportée par l'exposition de maquettes dans une salle située dans le bâtiment naguère dévolu à la Chambre de Commerce et d'Industrie. (C'est je crois la même que celle qui a été présentée à la Cité de l'architecture et du patrimoine.) Le vernissage a eu lieu vendredi 25 juin, pratiquement en même temps que la conférence de Serge Klarsfeld à Conques et qu'un autre vernissage, celui d'une exposition de photographies datant de l'époque d'Eugène Viala. Notons ce manque de coordination dans l'offre culturelle "haut de gamme", assez désolant.

   Je conseille à tous les contribuables du Grand Rodez d'aller voir ces maquettes. On peut demander des explications à la charmante jeune femme qui assure la permanence. On peut aussi repartir avec de la documentation :

- une vue virtuelle de l'arrière du site, une fois le musée construit (ça, c'est uniquement si vous kiffez à donf')

Musée vue théorique.JPG

- un texte présentant les architectes lauréats du concours

- une plaquette du Grand Rodez (sur papier glacé) détaillant le projet

- un exemplaire du Figaroscope du 16 décembre 2009 (édité, je pense, à l'occasion de l'exposition du centre Beaubourg) : Un musée pour Soulages

   Vous voulez encore de la lecture sur le sujet ? Hé bien, précipitez vous sur le numéro 6 du magazine Rodez, notre ville : deux doubles-pages sont consacrées au réaménagement de la zone du Foirail.

   Si l'oeuvre de Pierre Soulages est votre tasse de thé (noir), vous pouvez aussi aller faire un tour sur son site internet.

   Cela ne vous suffit toujours pas ? Alors peut-être l'audiovisuel va-t-il combler votre attente. Le Grand Rodez a financé le tournage d'un film (dont il existe une version courte, une version longue... et une version pirate). Je trouve la version longue assez bien fichue (pour un film publicitaire). On voit toutefois qu'on s'adresse prioritairement aux classes moyennes. Et Soulages, là-dedans ? Il occupe les dix secondes qui précèdent le générique de fin de la version courte. Dix secondes sur soixante-treize, pas mal pour un musée qui n'existe pas et dont la première pierre n'est même pas posée !

   Même quand on se rend sur le blog économique du Grand Rodez, on n'échappe pas à Soulages. Si vous regardez la courte vidéo de présentation de Ludovic Mouly, vous distinguerez sans peine, à l'arrière-plan, un "brou de noix" du génie de l'outre-noir. Pour l'anecdote, on peut trouver une autre version de cette présentation, un peu plus courte, sur Dailymotion. Ludovic Mouly y est cadré plus serré, micro apparent (le son, d'intensité plus faible, est toutefois de meilleure qualité), il gigote moins (mais on voit plus nettement l'inclinaison de sa tête) et il n'y a pas de coupure.

   Une fois ces couches posées, à la manière de Soulages, il faut gratter un peu. Creusons la partie "coûts". Cela va donner un peu de relief à mon billet ! Commençons par comparer les estimations. Le magazine Rodez, notre ville évoque 23 millions d'euros (toutes taxes comprises) pour l'ensemble formé par le multiplexe de cinéma, le parking et la salle des fêtes. Pour le musée, selon aveyron.com, il est question de 22 millions d'euros... TTC ? Non, en fait. La plaquette que l'on trouve sur le site de l'exposition des maquettes parle de "21 millions 460 000 euros ht, hors restaurant et parc de statonnement" !!!! (Notez le "ht" mis pudiquement pour "hors taxes" : si l'on a coutume d'écrite TTC, il est par contre assez fréquent d'écrire l'autre expression en toutes lettres.)

   C'est là qu'intervient mon voisin de palier, qui demande "Et avec les taxes, ça fait combien, d'après vous ?" Plus de 25 millions d'euros selon Le Parisien... ça fait réfléchir ! On se demande évidemment si les taxes vont être équitablement réparties entre les collectivités qui financent le projet : le Grand Rodez (9,5 millions), le département de l'Aveyron (4 millions), la région Midi-Pyrénées (4 millions) et le ministère de la Culture et de la Communication (4 millions). Pensez aussi aux surcoûts imprévus, aux aléas climatiques etc.

   Voilà de quoi nourrir bien des inquiétudes, peu relayées par la presse, ou alors pour les rabaisser. (Du côté de la blogosphère, j'aime bien l'analyse de KaG.) A ma connaissance, seul Le Nouvel Hebdo se fait régulièrement l'écho du risque financier. Chaque semaine ou presque, un entrefilet ou une incise vient rappeler que tout n'est pas parfaitement ficelé. Le journal satirique fait cependant porter la critique surtout sur le coût de la construction (ainsi que sur l'entretien, jugé prématuré, d'un conservateur), constatant qu'en période de crise, les crédits nationaux diminuent. La crainte est que la participation du ministère ne fonde... les foyers du Grand Rodez étant mis à contribution pour sauver le projet.

   Mais c'est la partie coût de fonctionnement qui m'inquiète le plus. Le site aveyron.com évoque 900 000 euros par an. (Tout compris ? On aimerait avoir le détail.) Quand on lit ici ou là que les promoteurs du musée comparent son impact à celui consacré à Toulouse-Lautrec, à Albi, on se dit que les perspectives de fréquentation sont peut-être excessivement optimistes.

   Enfin, les mauvaises langues disent que Soulages a déjà le musée Fabre, à Montpellier, où deux salles lui sont consacrées. Ces mauvaises langues (toujours elles, les vilaines !) susurrent que les toiles les plus susceptibles d'attirer le public snob et friqué ont été données (par les époux Soulages) au musée héraultais. Ceci dit, on peut penser que des oeuvres seront prêtées et c'est à Rodez que les cartons des vitraux de Conques seront exposés.