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mardi, 08 mai 2012

Le 6 mai en caricatures

   L'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo (qui n'est pas forcément ma tasse de thé), a laissé carte blanche à ses dessinateurs le soir du second tour de l'élection. Cela nous donne une floppée de caricatures plus ou moins inspirées.

   Trois thèmes principaux émergent : la victoire d'un mou (François Hollande), l'éjection du "petit" (Nicolas Sarkozy) et la menace FN.

   Sans surprise, le nouveau président est représenté comme un type sans relief. Deux dessinateurs ne peuvent s'empêcher de réutiliser l'image de Flanby (qui a un aspect ambivalent, comme je l'ai déjà écrit). Voici (selon moi) le meilleur des deux dessins (dû à Jul) :

jul-flamby-flambe.jpg

   Notons que sa supposée mollesse est mise en relation avec son ancienne compagne :

luz-confiance-hollande.jpg

   Un des dessins retourne toutefois l'image de François Hollande :

luz-hollande-vulgaire.jpg

   Le trait d'humour (appuyé...) mis à part, on peut y voir le désir de maintes personnes de la gauche radicale de voir le candidat de leur camp (pas forcément de leur coeur) la jouer virilement, bref prendre le dessus sur son adversaire... à la manière d'un Sarkozy.

   Sans surprise, le sortant essuie une volée de bois vert. On remarque l'insistance mise sur sa petite taille. Cela devient intéressant quand un deuxième sens est sous-entendu :

charb-sarko-mort1.jpg

   Bien évidemment, ici, il est question de sa mort politique, puisqu'il a annoncé vouloir prendre du recul. (Mais va-t-il réellement renoncer à toute action politique ? J'en doute. Le premier signe sera sa participation -ou non- aux séances du Conseil constitutionnel, dont il devient membre de droit en tant qu'ancien président... ça va devenir sympa si VGE et J. Chirac font aussi acte de présence !). Quant à l'épitaphe, si elle comporte une part de vérité au premier degré (Pompidou exclu, il est le président qui est resté le moins longtemps en fonction), elle est aussi une allusion transparente à sa taille.

   Je trouve que c'est Luz qui a visé le plus juste :

luz-ce-qui-restera.jpg

luz-fouquets.jpg

   Le côté bling bling, ami des riches de Nicolas Sarkozy lui a coûté cher, y compris à droite. Finalement, son discours le plus digne a été celui du soir du 6 mai 2012. Je reste convaincu que la fonction l'a amélioré (tout comme elle va grandir le vainqueur du 6 mai) et que le travail du gouvernement Fillon n'a pas été que mauvais, même si le bilan est "globalement négatif". Sur la vidéo, vous noterez le manque de discipline des militants UMP, déjà perceptible lors du meeting de Toulouse, en avril dernier.

   Le dernier angle d'attaque des caricatures est la dénonciation du Front national, de ses chefs, de ses idées et de ses électeurs. On s'aperçoit en fait que les dessinateurs ont été marqués par les tentatives de récupération du vote FN :

luz-chasse-electeurs-fn.jpg

   Cette volonté de placer l'homme politique de droite dans une position inconfortable, associée au rapport sexuel, m'a rappelé une caricature de Cabu, qui doit dater de la fin des années 1980, représentant Valéry Giscard-d'Estaing en train de prodiguer une caresse buccale à Jean-Marie Le Pen. La fille de celui-ci ne bénéficie pas d'un traitement plus favorable :

riss_fabuleuse-decouverte.jpg

   Il est d'ailleurs question de quatre femmes dans ces caricatures, dont trois réelles. Outre Ségolène Royal (évoquée plus haut) et Marine Le Pen (de manière très disgracieuse), les dessinateurs ont surtout représenté Carla Bruni-Sarkozy, jamais de manière négative. Il y a comme une petite tendresse de ces gauchistes pour l'ancien mannequin nymphomane, supposée vaguement de gauche, rafistolée par la chirurgie esthétique.

   Il en manque une (de femme), celle qui n'existe pas physiquement, mais qui s'incarne très souvent. Nooon, ce nest pas la Vierge Marie... mais son équivalent laïc : Marianne (Marie-Anne) :

besse-cris.jpg

   Elle a aussi inspiré Christian Creseveur, un blogueur dont j'avais déjà relevé le talent à propos des tentatives de récupération de Jeanne d'Arc à l'occasion de la célébration du 600e anniversaire de sa naissance :

Marianne hauetfort.jpg

   Cette Marianne-là a bien évidemment un air de ressemblance avec la nouvelle Première Dame : Valérie Trierweiler.

   Mais c'est une autre Marianne, inconnue du grand public, qui a crevé l'écran ce dimanche : une manifestante de Rennes. Je l'avais remarquée à la télévision et je l'ai retrouvée sur une photographie de Damien Meyer, de l'AFP (un petit coquin qui a eu du nez), publiée aussi bien dans Le Parisien que Le Nouvel Observateur :

Marianne Rennes AFP.jpg

   Pour la petite histoire, sachez que d'autres photographies de la manifestante ont été prises, aussi bien par Damien Meyer...

Marianne Rennes 2.jpg

   ... que par François Destoc, pour Le Télégramme :

Marianne Rennes 3.jpg

   Cela m'amène à la question suivante : si, en dépit du bonnet phrygien, cette jeune femme n'avait pas été dotée d'une aussi belle poitrine (de surcroît mise en valeur par le décolleté), aurait-elle été l'objet d'une telle attention ? Le doute m'habite...

 

lundi, 07 mai 2012

Certains y ont cru jusqu'au bout

   Il y a moins de quatre mois apparaissait un nouveau site d'information, atlantico, rapidement classé à droite par les spécialistes. Il ne se revendique toutefois d'aucun parti. Si, en général, il ne produit guère d'information brute, certains de ses contributeurs apportent de temps à autre un éclairage intéressant, moins consensuel dirons-nous.

   Bon, ça, c'était avant la campagne des présidentielles. Force est de reconnaître que, depuis plusieurs semaines, le site est devenu farouchement anti-gauche... au point que, jusqu'à hier soir, les articles les plus mis en valeur pointaient les risques d'une surprise au second tour de l'élection (en faveur du président sortant, bien entendu). L'un d'entre eux, Le modèle qui trouve Nicolas Sarkozy gagnant à 50,2%, a été rédigé par un prof de Panthéon-Assas (haut lieu du progressisme universitaire)... économiste de spécialité !

   L'autre article-phare de ces derniers jours s'intitule Pourquoi l'élection n'est pas jouée. Il a été écrit par un physicien, spécialiste du désordre (qui risque d'avoir du boulot avec l'UMP dans les semaines qui viennent...). Cet éminent scientifique (membre du CNRS, attention, hein) développe le concept de "sociophysique", qu'il fonde principalement... sur l'analyse de sondages. Autant je peux partager les réflexions sur la volatilité d'une partie de l'électorat, la part du hasard dans les revirements de votes, autant je trouve que cet article-là s'apparente plus à une prophétie auto-réalisatice.

   Cet après-midi, si ces textes ont disparu de la liste des plus lus, l'un d'entre eux figure encore en tête de celle des plus partagés :

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samedi, 05 mai 2012

Les approximations de Nicolas Sarkozy

   A l'image de François Mitterrand qui, en 1988, a appuyé sa campagne sur une Lettre à tous les Français, qui fut notamment publiée dans la presse, Nicolas Sarkozy et son équipe ont mis au point un document détaillé à l'adresse des électeurs, la Lettre au peuple Français.

   Rétrospectivement, on sent qu'elle a servi de cadre à la campagne. Tous les thèmes développés par le candidat y sont présents. Même si le coeur de la brochure est consacré à des aspects économiques (au sens large), on peut remarquer la place prise par les questions de société. La "droitisation" du président sortant était donc en germe (prévue ?) dans le programme... ou bien (si l'on est plus "sarkophile"), il n'y a pas eu droitisation... ou encore (si l'on est plutôt "sarkophobe"), la droitisation était perceptible dès l'avant-campagne.

   Le sortant essaie de valoriser son bilan, qui n'est pas que négatif. Mais les illustrations (nombreuses) qui accompagnent le document sont parfois un peu biaisées.

   On commence par la baisse de la délinquance, illustrée par un histogramme mettant en valeur le contraste entre les années du gouvernement Jospin (en rouge), qui ont vu les chiffres augmenter, et (en bleu) les années Chirac-Sarkozy (qui fut ministre de l'Intérieur, ne l'oublions pas). Attention toutefois : la baisse est celle des "faits constatés", c'est-à-dire les "crimes et délits portés à la connaissance des services de police et des unités de gendarmerie et consignés dans une procédure transmise à l’autorité judiciaire". Quand la police ou la gendarmerie n'a pas donné suite au signalement d'une infraction, celle-ci ne figure donc pas dans les statistiques. Celles-ci sont-elles davantages "arrangées" sous la droite que sous la gauche ? Impossible de l'affirmer.

   Par contre, on peut noter que le choix de l'échelle de l'histogramme (près des trois-quarts de la hauteur ont été supprimés) accentue l'impression de baisse. Si l'on veut en avoir une idée plus juste, il faut imaginer que les barres sont beaucoup plus hautes... et donc que la baisse (réelle) n'est pas aussi grande qu'on veut bien le dire :

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   D'autre part, il y a différentes catégories de faits de délinquance. Toutes ne suivent pas la même évolution, comme on peut le constater en lisant -par exemple- le rapport sur la criminalité et la délinquance en France en 2008. Voici ce que l'on peut trouver page 14 :

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   On constate que les crimes et délits contre les personnes ont vu leur nombre augmenter continuellement depuis 1995 (et même 1987). Les "autres infractions (dont stupéfiants)" ont connu une évolution assez proche, même si quelques périodes de baisse (notamment 2002-2004 et 2005-2007) sont à noter.

   Pour avoir une idée plus précise du bilan du duo Sarkozy-Fillon depuis 2007, il faut consulter la version 2010 (publiée en 2011 en fait) du rapport sur la délinquance. Voici ce que l'on peut lire page 8 :

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   En fonction des catégories, le bilan est plus ou moins flatteur, au point que, même sur le site internet de TF1, on s'est inquiété des chiffres 2011 de la délinquance.

   Soyons honnêtes : de la même manière que l'on ne peut pas attribuer tout le mérite de la baisse de tel type de délinquance à l'action du président (ou d'un ministre), on ne peut lui imputer totalement l'infamie de la hausse des chiffres. Le contexte socio-économique joue... mais le candidat Sarkozy refuse de le reconnaître... et c'est écrit en gros, page 16 de la Lettre :

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    Par contre, on pourrait reprocher au sortant la baisse des effectifs des forces de l'ordre (n'oublions pas que policiers et gendarmes sont des fonctionnaires). Le candidat y a visiblement songé, puisque la Lettre met en valeur l'augmentation du nombre de membres de la police... scientifique. Celle-ci compte environ 2 000 personnes... à comparer aux quelques 140 000 policiers.

   Il conviendrait aussi d'étudier la répartition des forces de l'ordre. On sait déjà qu'à Paris, les "beaux quartiers" sont mieux servis que les zones populaires. Et ailleurs ?...

   Le même "maquillage" est à l'oeuvre quand il s'agit de traiter de l'évolution du nombre d'étudiants étrangers. Page 17 de la Lettre, on trouve le mâgnifique graphique que voilà :

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   Ici encore, on a coupé le document (l'échelle des ordonnées commence à 100 000), même si le résultat est moins déformant que dans le cas des faits de délinquance. Puisqu'on nous donne des chiffres assez anciens, il faut plutôt regarder l'évolution globale. La coupure se situe autour de 2003, première année où l'influence du gouvernement Raffarin a pu se faire sentir à ce niveau (l'année scolaire s'étendant de septembre 2002 à juin 2003 a été en partie le résultat de la gestion du gouvernement Jospin). C'est donc sous un gouvernement de gauche que le nombre d'étudiants étrangers a le plus progressé : de 150 000 à 250 000 (+ 67 %).

   Sous Nicolas Sarkozy, la progression n'a été que d'une vingtaine de milliers (moins de 10 %). Si l'on examine les chiffres en les centrant sur la période Sarkozy, cela donne un histogramme moins flatteur, comme celui qui a été publié sur le site de RFI :

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   Le président sortant s'attribue donc à tort les mérites d'une politique d'ouverture (et de "captation des cerveaux") initiée par le gouvernement Jospin. A contrario, il aurait pu se flatter, auprès d'un électorat xénophobe, de ses résultats en matière de limitation de l'entrée d'étrangers en France...

   Passons à la lutte contre l'immigration clandestine. Le président vante son bilan, certes pas négligeable dans ce domaine (page 23 de la Lettre) :

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   Il oublie de préciser qu'une bonne partie de ces reconduites à la frontière sont réalisées outre-mer (en Guyane et à Mayotte notamment), comme les sénateurs ont pu le relever :

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   En métropole, ce sont essentiellement des citoyens roumains et bulgares (des Roms notamment) qui sont expulsés, comme le reconnaît le ministre de l'Intérieur Claude Guéant. Il ne reste donc que quelques milliers de ressortissants africains et asiatiques expulsés de métropole, loin des rêves des électeurs du Front national qui verraient en Nicolas Sarkozy un efficace rempart contre ce genre d' "invasion".

   La Lettre accorde aussi une grande place aux questions d'éducation. Les mêmes artifices sont utilisés pour représenter l'évolution du nombre d'élèves et d'enseignants (page 33) :

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   Concernant le nombre d'élèves, on remarque deux choses. La première est que la période chronologique est très vaste (elle démarre en 1990)... et qu'elle ne va pas au-delà de 2008 ! L'objectif est d'accentuer l'idée de baisse des effectifs. On remonte donc loin dans le temps, puisque, depuis 1998, la baisse est assez faible et que, depuis quelques années, on constate au contraire une ré-augmentation des effectifs. Ajoutez à cela le tronquage de l'échelle des ordonnées (qui démarre à 11 600 milliers... soit 11,6millions...), et le lecteur moyen aura l'impression d'une chute vertigineuse (et récente) du nombre d'élèves...

   Concernant le nombre de profs, on retrouve le tronquage de l'échelle des ordonnées (qui démarre à 820 000 !) et l'amputation de la période la plus récente, qui évite d'avoir à dire que le nombre d'enseignants diminue depuis dix ans, comme l'a relevé Libération.

   Quand représenter une évolution n'arrange pas le candidat, il joue sur la comparaison avec d'autres pays, comme dans le cas de la pauvreté. Page 51 de la Lettre se trouve un petit histogramme qui permet tout juste de constater que le taux de pauvreté en France en 2010 (calculé comment ?) est plus bas que le taux moyen de l'UE... et beaucoup bas que celui des pays d'Europe du Sud. Mais ce ne sont là qu'une minorité de pays de l'UE. Qu'en est-il ailleurs ?

   L'Observatoire des inégalités permet d'accéder à une comparaison plus complète des taux de pauvreté en 2010 :

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   Cela permet de réaliser que, si la France se situe bien dans la "fourchette basse", les pays membres de l'Union européenne dans lesquelles le taux de pauvreté est moins élevé sont plus nombreux qu'on ne le dit.

   Que dire alors de l'évolution du taux de pauvreté en France :

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   En gros, depuis 2002-2004, il se remet à augmenter. La faiblesse relative du taux actuel est le résultat de politiques antérieures, liées au "modèle social français", plus redistributif que d'autres. C'est ce modèle qui est mis à mal depuis une dizaine d'années.

   Le manque de travail des Français serait-il en cause ? La lecture des illustrations proposées page 63 de la Lettre pourrait le laisser penser :

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   L'histogramme de la durée hebdomadaire ne dresse qu'une comparaison partielle... et partiale. Elle est partielle parce qu'elle ne fait figurer qu'un petit nombre de pays, soigneusement choisis. Si l'on compare la durée hebdomadaire du travail des Européens ayant un temps plein (d'après Eurostat), la comparaison perd de sa pertinence :

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   On voit que les Français travailleraient moins longtemps que les Bulgares, les Tchèques, les Grecs, les Espagnols, les Chypriotes, les Autrichiens, les Polonais, les Slovènes, les Britanniques, les Islandais, les Suisses, les Croates et les Turcs... mais plus longtemps que les Danois, les Irlandais, les Lituaniens, les Luxembourgeois, les Finlandais et les Norvégiens. On remarque que, parmi les pays où les actifs à temps plein travaillent plus longtemps, on trouve beaucoup de pays à l'économie vacillante, alors que les pays très développés sont souvent ceux où la durée hebdomadaire est la plus faible.

   Pour nuancer ces informations, il faudrait croiser avec les actifs à temps partiel... et surtout avec la productivité horaire du travail, ce qu'a fait Le Monde, dans un article du 6 janvier 2011 :

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   O surprise ! Les actifs français sont les troisièmes plus productifs de l'Union européenne, loin des Luxembourgeois, mais juste derrière les Belges... et surtout loin devant les ressortissants d'autres pays qui nous sont donnés en exemples.

   On peut aussi critiquer le graphique sur les durées annuelles. C'est un quasi-copié-collé d'un document de l'INSEE, auquel on a ôté l'une des courbes :

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   Les auteurs de la Lettre ont choisi de retirer la courbe qui présente la moyenne de six pays européens. On comprend pourquoi quand on voit qu'elle se rapproche de plus en plus de la courbe française. Bien entendu, il faudrait savoir quels sont ces six pays et même construire une courbe avec les données concernant les 26 autres membres de l'Union européenne mais, franchement, ce petit bidouillage fait mauvais genre. Il est hélas à l'image d'une Lettre qui contient trop de demi-vérités, voire de mensonges.

Des élus aveyronnais avec N. Sarkozy

   Le président-candidat est venu récemment à Toulouse (le 29 avril dernier). Le multiplex organisé avec d'autres meetings a suscité l'intérêt. Nicolas Sarkozy est allé à la rencontre de ses partisans, nombreux et rendus enthousiastes par un discours d'un peu plus d'une heure (conclu par une belle Marseillaise), plutôt habile, qui a oscillé entre lyrisme et enfumage.

   On a pu lire dans la presse que les élus midi-pyrénéens soutenant le président étaient présents... aveyronnais compris ? Oui, mais lesquels ? Un encadré paru dans Le Ruthénois du 4 mai a levé un beau lièvre :

Ruthénois 04 05 2012.jpg

   Du coup, j'ai regardé avec attention les images du meeting (on peut aussi se contenter des quinze dernières minutes)... et j'ai fini par repérer quelques "pontes" rouergats, que l'on voit tous les trois au premier rang :

Meeting Sarkozy 29 04 2012 Luche.jpg

   De gauche à droite on distingue (difficilement) Jean-Claude Luche, président du Conseil général (supposé sans étiquette ni affiliation politique), Alain Marc, député (UMP - Parti radical) de la circonscription de Millau et Yves Censi, député UMP de la circonscription de Rodez. C'est lui que l'on voit le plus souvent dans la vidéo du meeting. Il était assis à côté de Christine Boutin, ne rechignant pas à applaudir le candidat :

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   Le plus difficle à retrouver fut Jean-Claude Luche. Il était toujours à la limite du cadre. On a quand même pu le voir d'un peu plus près... mais de trois-quarts dos :

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   Dans la presse, il m'a fallu chercher quelque temps avant de retrouver le trio magique. En général, je tombais sur une photographie prise juste après la fin du discours, montrant Nicolas Sarkozy venant saluer ses partisans, comme celle parue dans Le Figaro :

Meeting Sarkozy Marc + Censi Figaro.jpg

   On reconnaît sans difficulté Alain Marc et Yves Censi. (Même chose dans L'Indépendant.)

   Paradoxalement, c'est dans un quotidien national, 20minutes, que je suis tombé sur une photographie où sont présents les trois élus susnommés :

Meeting Sarkozy Luche 20minutes.jpg

   Intéressant, non ?

vendredi, 04 mai 2012

Cheval et pouvoir

   L'élection présidentielle est décidément (presque) partout. Même l'érudite conférence de Daniel Roche, Cheval et politique à l'époque moderne (XVIe - XVIIIe siècles), qui s'est tenue vendredi soir aux Archives départementales de Rodez, n'y a pas échappé.

   Ainsi, en introduction, l'historien n'a pas pu s'empêcher de tracer un parallèle entre la visite du maréchal Pétain à Arles, en décembre 1940 (au cours de laquelle les gardians locaux lui ont offert la corde qui attache les chevaux de Camargue "symbole de leur attachement à la France et à sa personne")...

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    ...et la prestation équestre, dans la même région, d'un candidat à l'élection de 2007... que tout le monde a reconnu, sans qu'il soit nécessaire de le nommer. (Il me semble que certaines "têtes grises" présentes dans la salle ont un peu tiqué.)

Cheval Camargue 2007 b.jpg

   Le reste de la conférence fut plus solennel, parfois aride. Dans l'une des parties, Daniel Roche a évoqué la représentation du pouvoir politique, en liaison avec le cheval. L'époque moderne a vu se développer en France les statues équestres, royales en général. Il semblerait que la mode soit venue d'Italie (où l'on a en premier redécouvert l'antiquité romaine - on pense à la statue de Marc Aurèle). Le roi Henri II aurait initié le mouvement, suivi par Henri IV et Louis XIII.

   Louis XIV ne pouvait pas faire moins bien que son père et son grand-père. Le Bernin fut chargé de la sculpture. Le souverain ne fut apparemment pas satisfait du résultat :

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   Alors que les autres oeuvres montraient tel roi ou empereur chevauchant une monture calme, marchant de l'avant, ici c'est l'énergie et la fougue qui sont mises en valeur. Le monarque qui se voulait absolu a peut-être mal perçu cette représentation, lui qui avait connu enfant les troubles de la Fronde. Le risque que l'on puisse évoquer la perte du contrôle du cheval et le désarçonnement du cavalier a dû aussi lui passer par la tête. Du coup, la statue a été remaniée à plusieurs reprises.

   Napoléon Bonaparte a su mieux gérer sa propagande. Jacques-Louis David l'a aussi représenté sur un cheval fougueux, le Premier consul restant calme :

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   Cela nous ramène tout naturellement à Nicolas Sarkozy, parfois abusivement caricaturé en Napoléon... jusqu'en Italie (en Toscane plus précisément), à l'occasion du carnaval 2012 :

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   Le stratège politique sera-t-il éjecté de sa monture par les électeurs français ? Réponse dimanche.

mardi, 24 avril 2012

Flanby strikes back !

   Le candidat du Parti socialiste a été souvent moqué durant cette campagne électorale. Qualifié de "mou", de "fade" voire de "capitaine de pédalo", il a même fini par être associé à un dessert peu glorifiant. Voilà que le résultat du premier tour donne lieu à un retournement de sens. De péjorative, la référence au "Flanby" devient valorisante, au second degré. C'est la revanche du Mou !

   On partait de loin. Fin 2011, non sans talent, un blogueur gauchisant greffait une tête de François Hollande (non amaigri) sur un corps "flanbesque", plutôt pour suggérer le pathétique du personnage :

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   Six mois plus tard, la même image peut se lire comme un surgissement victorieux inattendu... et plutôt sympathique. Cela n'a sans doute pas vaincu les réticences de ceux qui se voyaient mal glisser un bulletin "François Hollande" dans l'urne. Encore fallait-il parvenir à réaliser ladite opération :

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   Alors, pas assez mou pour rentrer dans une enveloppe... mais trop pour faire prise à une persécution vaudoue ? Les avis divergent sur la Toile (et, comme tous les fans de Desproges le savent, "dix verges, ça fait beaucoup") :

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   Du coup, on est moins étonné de voir Sondron dessiner le dessert en question remporter une course aussi importante :

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   A l'extrême-gauche (!) de la caricature sont disposés deux éléments de l'anatomie du troisième de la course : une jambe féminine et un groin, allusion peu délicate à Marine Le Pen, bien entendu.

   De vainqueur, Flanby devient même source d'humiliation pour son concurrent direct :

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   Notons que l'internaute s'appuie ici sur une caractéristique importante du désormais célèbre dessert. Il manque toutefois une référence à la languette. Ajoutons que le perdant est mauvais joueur. S'il est devancé, c'est forcément que les gens ont mal compris ou voté pour de mauvaises raisons. Il y a aussi l'idée que Nicolas Sarkozy ne supporte pas d'être mis en difficulté par quelqu'un qu'il méprise.

   Du coup, Flanby jubile, tantôt discrètement...

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   ... tantôt plus ostensiblement :

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   Devrait-on désormais écrire "Flamby" le flambeur, nouveau candidat rayonnant ? Le paradoxe est que ces deux dernières représentations, qui pourraient rendre compte fidèlement de l'humeur du candidat arrivé en tête du premier tour de la présidentielle, datent des primaires socialistes. Faut-il en conclure que Nicolas Sarkozy et l'UMP ont, tout comme ses camarades socialistes, sous-estimé le potentiel du Corrézien d'adoption ?

   Mais le symbole le plus réussi est à mon avis le détournement du poing à la rose, devenu "poing au Flanby", dans un geste aussi culinaire que révolté :

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   Ici encore, à l'origine de l'image se trouve un blogueur (de gauche... décidément) très critique vis-à-vis du supposé manque de fermeté des convictions de François Hollande. Aujourd'hui, après le premier tour de la présidentielle, ce symbole peut être retourné en faveur du candidat rassembleur, qui a su passer outre le mépris de certains bien-pensants de son propre camp.

lundi, 23 avril 2012

Qui a gagné ?

   C'est la grande question. On a évidemment pensé à cette personne-là :

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   On s'est aussi dit qu'une autre personne semblait avoir beaucoup gagné à cette élection, même si les profits qu'elle en retire sont pour l'instant indirects :

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   Les véritables vainqueurs sont peut-être très nombreux, des dizaines de millions :

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   En tout cas, il est difficile de croire que ce soit lui :

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   A la télévision, le président sortant est toutefois apparu pugnace. C'est un battant, qui va jouer sa carte jusqu'au bout. J'apprécie cette attitude, qui rend hommage à tous ceux qui croient en lui... et qui va contraindre François Hollande à montrer un peu plus ce qu'il a dans le ventre.

   Ceci dit, il m'est quand même paru très agressif. Quand on sait à quel point les comportements publics sont calculés au millimètre, on ne peut s'empêcher de penser que, derrière le candidat qui a mûri (par rapport à l'excité de 2007) se cache encore l'enfant chéri de sa maman, un brin colérique, habitué à voir ses désirs exaucés... l'enfant qui s'est emparé de la mairie de Neuilly au nez et à la barbe de Charles Pasqua, à 28 ans... l'enfant qui a conquis Cécilia, presque sous les yeux de son mari Jacques Martin... l'enfant qui a pris le contrôle de l'UMP, en dépit de l'opposition de Jacques Chirac... l'enfant qui a écarté tous ses rivaux de droite sur le chemin de l'Elysée... l'enfant qui a terrassé aussi bien le FN que le PS (en 2007)... l'enfant qui a mis le grappin sur l'un des mannequins les plus en vue des années 1980-1990... enfin l'enfant qui voit pour la première fois depuis longtemps un jouet menacer de lui échapper. Pour sûr, il n'est pas content !