dimanche, 23 avril 2017
La revanche de François Bayrou
Il n'était pas candidat à cette élection et pourtant, on peut affirmer (même s'il convient de ne pas vendre la peau de l'ourse lepéniste) que le centre risque fort de sortir vainqueur du scrutin présidentiel (mais pas forcément des législatives qui vont suivre).
Celui que l'UMP (puis LR), Nicolas Sarkozy en tête, a tenté d'effacer de la scène politique, celui dont la main tendue a été repoussée par François Hollande en 2012, mais aussi celui qui aurait dû s'allier à Ségolène Royal en 2007, a finalement réussi à damner le pion aux partis de gouvernement qui ont longtemps écrasé le centre, sous la Ve République.
Toutefois, soyons lucides. La défaite de LR et du PS est d'abord due à eux-mêmes. Marine Le Pen (tout comme Emmanuel Macron) ne serait pas au second tour si les partis de gouvernement avaient présenté des candidats vertueux et compétents. A droite, la première erreur a été de préférer Fillon à Juppé, dans un mouvement de droitisation où l'on sentait bien le regret de ne pouvoir soutenir à nouveau Nicolas Sarkozy, le chouchou des militants LR, mais complètement démonétisé en-dehors de son parti. Choisir Alain Juppé aurait coupé l'herbe sous le pied d'Emmanuel Macron. De surcroît, le maire de Bordeaux avait adopté un profil de rassembleur, ce dont le pays a besoin par les temps qui courent. Enfin, compte tenu de son âge (bientôt 72 ans), il n'aurait accompli qu'un mandat présidentiel, sans se soucier de sa réélection.
La deuxième erreur de la droite a été de ne pas oser aller à l'encontre de l'entêtement de son candidat (François Fillon), une fois que l'ampleur du discrédit qui le touchait s'est avérée insurmontable. Compte tenu de la mobilisation de l'électorat de droite (plus discipliné que l'électorat de gauche), le remplacement, même tardif, de François Fillon par Alain Juppé, François Baroin ou un autre aurait sans doute suffi pour donner le coup de rein nécessaire à une qualification pour le second tour.
Du côté de la gauche, le sectarisme n'a pas plus payé. Le primaire a débouché sur une victoire à la Pyrrhus, celle des opposants internes durant le quinquennat de François Hollande. Alors que la gauche de gouvernement n'est même pas majoritaire dans notre pays, comment certains ont-ils pu penser qu'en tirant un trait sur le bilan de Hollande ils pourraient l'emporter ? On voit là qu'à gauche, le sens des réalités n'est pas la qualité la mieux partagée. Cela se confirme avec l'extrême-gauche. Si finalement Jean-Luc Mélenchon a bien mené sa barque, il va terminer assez près de la qualification pour le second tour. Les querelles d'appareil et de personnes expliquent sans doute qu'aucun accord n'ait pu être trouvé avec Benoît Hamon, mais il est incontestable que leur union aurait pu déboucher sur autre chose que ce qui va rester comme un double échec.
Quant au Front National, il progresse, mais pas spectaculairement. Si la participation se confirme à 77 % et si l'on envisage une part de bulletins blancs et nuls d'environ 3 %, un score de 21-22 % des suffrages exprimés correspondrait à 7-7,5 millions de voix pour Marine Le Pen. En 2012, elle en avait recueilli 6,4 millions. En face, le candidat LR (Fillon, contre Sarkozy en 2012) aura perdu quelque chose comme 3 millions de voix. CQFD.
22:17 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, france, presidentiele, présidentielle, actualité, ps, parti socialiste
samedi, 15 avril 2017
Le Breton de Macron vient d'Aveyron
Présent dans l'ombre jusqu'au troisième trimestre 2016, Richard Ferrand est depuis passé sous les projecteurs. Le secrétaire général du mouvement d'Emmanuel Macron (En Marche !) est né à Rodez, une information qui circulait déjà dans la presse aveyronnaise, sans que cela suscite davantage de développement.
Dès novembre dernier, dans Libération, on a pu lire un portrait du député PS du Finistère. Sans guère s'attarder sur la biographie de Richard Ferrand, la journaliste détaille le passage de l'authentique homme de gauche du côté de l'ex-banquier social-libéral. Elle évoque ses relations avec ses collègues socialistes et les tiraillements que le penchant libéral de Macron peut provoquer.
A la fin de mars 2017, ce fut au tour du Monde d'évoquer le parcours de Richard Ferrand. Sa biographie est un peu plus détaillée, avec la précision de sa naissance à Rodez. L'article parle davantage de la cuisine interne d'En Marche, notant la forte présence de jeunes très diplômés. Mais le plus intéressant est la confiance absolue qui semble régner entre les deux hommes (Ferrand et Macron), le premier servant visiblement de "doublure" au second, dans nombre de meetings de Province.
Le 9 avril dernier, il était l'un des deux invités de l'émission Questions politiques, sur France Inter. Dès le début, il a été accueilli par un portrait (de Carine Bécard) pas franchement cire-pompes (mais courtois). Cela m'a un peu rappelé une ancienne matinale (en février dernier, je crois), sur la même radio : le désormais candidat Macron n'avait pas été traité avec des gants. (De manière générale, on sent que, sur la radio publique, les journalistes et animateurs hésitent entre Hamon et Mélenchon...) De surcroît, par un curieux hasard, au cours de ladite émission, aucun des auditeurs qui sont passés à l'antenne n'était favorable à Emmanuel Macron...
Mais revenons à Richard Ferrand. Sur France Inter, il m'est apparu assez balancé, faisant l'éloge des militants et des élus locaux du PS, mais pointant l'inefficacité (il aurait pu dire la médiocrité) de sa direction. Derrière son propos, il y a clairement l'idée que, si l'on veut une gauche de gouvernement (c'est-à-dire si l'on reste sur la démarche qui a été celle de François Mitterrand, qui a sorti les socialistes du ghetto d'opposition où certains voudraient les ramener aujourd'hui), c'est Emmanuel Macron qu'il faut soutenir. Il n'a toutefois pas été très convaincant sur la question portant sur la centralisation du mouvement En Marche ! Il est clair que, sans Macron, le mouvement ne signifie plus grand chose. Aussi étonnant cela puisse-t-il paraître, la démarche d'Emmanuel Macron n'est pas sans rappeler celle du Charles de Gaulle de la IVe République, au-dessus des partis, avec un RPF que l'on pouvait rejoindre tout en adhérant à un autre parti.
Toujours sur France Inter, Richard Ferrand a été pertinent sur plusieurs sujets : la vague de ralliements à Emmanuel Macron, sa future (éventuelle) majorité parlementaire, la désignation des candidats et la montée (dans les sondages) de Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier sujet nous a valu un petit moment d'humour, en raison du lapsus commis par Richard Ferrand (qui ne s'est pas démonté) :
De manière générale, j'ai apprécié le calme et la pondération du secrétaire général d'En Marche ! On est loin de l'excitation, de l'aigreur et des mensonges de nombre des concurrents d'Emmanuel Macron.
Il manquait à notre connaissance des informations locales. Elles nous ont été fournies cette semaine, dans un bon article de Centre Presse. On y apprend ses liens avec la région baraquevilloise, son bac passé en Allemagne (s'il est devenu germanophone, c'est un atout de plus), ses petits boulots (notamment pour la presse). Il a acquis une connaissance du public et du privé et c'est un bon technicien du processus parlementaire. C'est plutôt le genre de personne qui redonne confiance en la chose publique.
15:55 Publié dans Politique, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, médias, presse, presidentielle, ps, parti socialiste, macron
jeudi, 13 avril 2017
François Balkany
La droite ne s'y attendait sans doute pas, mais le gendre idéal Macron est en train de se muer en véritable compétiteur politique. Cela implique de donner des coups, en particulier quand on en reçoit. Du côté de Les Républicains, on semble avoir renoncé aux rumeurs de bas étage et aux caricatures nauséabondes pour concentrer les attaques selon un axe : présenter le candidat d'En Marche comme l'héritier de François Hollande. D'où le surnom qui lui a été affublé : Emmanuel Hollande. Pourquoi pas François Macron me demanderez-vous ? Il ne vous aura pas échappé que, dans le camp d'en-face, le candidat se prénomme lui aussi François.
Ce dernier se plaisant à utiliser ce drôle de surnom, Emmanuel Macron a répliqué en le qualifiant de François Balkany. D'après l'article auquel mène le lien précédent, on peut constater qu'Emmanuel Macron a utilisé une figure de style, la prétérition ("Je ne l'appellerai pas..."). On peut aussi noter qu'un argument bien plus dérangeant pour François Fillon a été énoncé : le fait que celui-ci a été pendant cinq ans le Premier ministre de Nicolas Sarkozy et que donc on puisse lui attribuer autant qu'à l'ancien président de la République l'échec du précédent quinquennat.
La réaction de François Fillon ne manque pas de sel. D'un côté, il adopte la posture présidentielle, pointant le supposé manque de contrôle de son adversaire. D'un autre, il se montre très méprisant pour Patrick Balkany. Le problème est que Patrick Balkany est un élu LR, réputé certes plutôt proche de Nicolas Sarkozy. L'an dernier, dans un premier temps, il avait obtenu l'investiture LR pour les législatives 2017, malgré son passif judiciaire. A l'époque, le vertueux François Fillon s'en accommodait fort bien. Mieux encore : le député des Hauts-de-Seine a donné son parrainage au candidat Fillon, ainsi qu'on peut le lire sur le site du Conseil constitutionnel (page 92 du document) :
C'est terrible à dire, mais, plus j'en apprends sur François Fillon, plus je le trouve pathétique.
19:48 Publié dans Politique, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, fillon, médias, presidentielle, actualité, presse, les republicains
jeudi, 17 mai 2012
Le patrimoine de François Hollande
Sa déclaration a été publiée au Journal Officiel du 11 mai... 5 ans, jour pour jour, après celle de Nicolas Sarkozy. On remarquera que François Hollande, juridiquement célibataire, mais partageant en réalité la vie de Valérie Trierweiler, ne mentionne pas la profession de la nouvelle Première Dame.. alors que Nicolas Sarkozy avait eu le culot d'écrire que Cécilia était "sans profession"...
Ceux qui attendent du nouveau président une loi très restrictive sur le cumul des mandats devraient méditer le fait que le candidat était député et président du Conseil général de Corrèze. Je leur conseille aussi de consulter le pedigree des nouveaux ministres, visible sur le diaporama proposé par le quotidien La Croix : le premier gouvernement Ayrault compte une brochette de cumulards (mais heureusement fort peu de "vieilles figures" du PS).
Revenons au patrimoine de François Hollande, essentiellement constitué de biens immobiliers (c'est très français, ça... tout comme la prédilection de N. Sarkozy pour l'assurance-vie). Première surprise : il ne possède rien en Corrèze, ni à Paris (il loge dans le XVe arrondissement, rue Cauchy), ni en Normandie, où il est né et a passé sa jeunesse (pas plus qu'à Neuilly, où il vécut adolescent). Il est donc locataire... ou bénéficie d'au moins un logement de fonction : certains présidents de Conseil général y ont droit. Je me demande si c'est son cas.
Mais François Hollande est tout de même propriétaire (ou copropriétaire) d'une maison, à Mougins, et de deux appartements, à Cannes. Les deux communes sont situées dans le département des Alpes maritimes, à proximité l'une de l'autre : on peut considérer que Mougins fait partie de l'agglomération cannoise.
J'ai colorié le territoire de la commune de Cannes en brun... puisque c'est là que réside le père du nouveau président de la République, qui déclare avoir voté pour son fils au second tour... mais on sent qu'une dame blonde a sans doute eu sa faveur au premier tour. En rose, j'ai colorié le territoire de la commune de Mougins. (Nice est la grande commune littorale située au nord-est de Mougins, un peu au-dessus du "M" de Mer.)
Quand on consulte les résultats des élections, on se dit que François Hollande n'a pas investi en terre amie. Aussi bien Cannes que Mougins ont plébiscité Nicolas Sarkozy (à respectivement à 68,8 % et 73,28 % au second tour), qui était de surcroît arrivé largement en tête au premier tour, recueillant 44,4 % et 47,57 % des suffrages exprimés. Comble de l'humiliation, dans les deux communes, c'est Marine Le Pen qui était arrivée deuxième, avec 21,59 % et 19,19 % des voix. F. Hollande avait terminé troisième, avec 17,74 % et 15,1 % des voix.
Autre curiosité du patrimoine "hollandais" : il ne signale la possession d'aucun véhicule (alors que Nicolas Sarkozy avait déclaré une Austin mini... ça ne s'invente pas ! Notons aussi que ce n'est pas une voiture de fabrication française...). Il est vrai qu'en tant que président du Conseil général de Corrèze, il bénéficiait d'un véhicule de fonction (avec chauffeur ?). Plus surprenant, à Paris, jusqu'au début de la campagne présidentielle, il circulait... en scooter.
14:19 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, hollande, presidentielle, françois hollande
mardi, 08 mai 2012
Le 6 mai en caricatures
L'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo (qui n'est pas forcément ma tasse de thé), a laissé carte blanche à ses dessinateurs le soir du second tour de l'élection. Cela nous donne une floppée de caricatures plus ou moins inspirées.
Trois thèmes principaux émergent : la victoire d'un mou (François Hollande), l'éjection du "petit" (Nicolas Sarkozy) et la menace FN.
Sans surprise, le nouveau président est représenté comme un type sans relief. Deux dessinateurs ne peuvent s'empêcher de réutiliser l'image de Flanby (qui a un aspect ambivalent, comme je l'ai déjà écrit). Voici (selon moi) le meilleur des deux dessins (dû à Jul) :
Notons que sa supposée mollesse est mise en relation avec son ancienne compagne :
Un des dessins retourne toutefois l'image de François Hollande :
Le trait d'humour (appuyé...) mis à part, on peut y voir le désir de maintes personnes de la gauche radicale de voir le candidat de leur camp (pas forcément de leur coeur) la jouer virilement, bref prendre le dessus sur son adversaire... à la manière d'un Sarkozy.
Sans surprise, le sortant essuie une volée de bois vert. On remarque l'insistance mise sur sa petite taille. Cela devient intéressant quand un deuxième sens est sous-entendu :
Bien évidemment, ici, il est question de sa mort politique, puisqu'il a annoncé vouloir prendre du recul. (Mais va-t-il réellement renoncer à toute action politique ? J'en doute. Le premier signe sera sa participation -ou non- aux séances du Conseil constitutionnel, dont il devient membre de droit en tant qu'ancien président... ça va devenir sympa si VGE et J. Chirac font aussi acte de présence !). Quant à l'épitaphe, si elle comporte une part de vérité au premier degré (Pompidou exclu, il est le président qui est resté le moins longtemps en fonction), elle est aussi une allusion transparente à sa taille.
Je trouve que c'est Luz qui a visé le plus juste :
Le côté bling bling, ami des riches de Nicolas Sarkozy lui a coûté cher, y compris à droite. Finalement, son discours le plus digne a été celui du soir du 6 mai 2012. Je reste convaincu que la fonction l'a amélioré (tout comme elle va grandir le vainqueur du 6 mai) et que le travail du gouvernement Fillon n'a pas été que mauvais, même si le bilan est "globalement négatif". Sur la vidéo, vous noterez le manque de discipline des militants UMP, déjà perceptible lors du meeting de Toulouse, en avril dernier.
Le dernier angle d'attaque des caricatures est la dénonciation du Front national, de ses chefs, de ses idées et de ses électeurs. On s'aperçoit en fait que les dessinateurs ont été marqués par les tentatives de récupération du vote FN :
Cette volonté de placer l'homme politique de droite dans une position inconfortable, associée au rapport sexuel, m'a rappelé une caricature de Cabu, qui doit dater de la fin des années 1980, représentant Valéry Giscard-d'Estaing en train de prodiguer une caresse buccale à Jean-Marie Le Pen. La fille de celui-ci ne bénéficie pas d'un traitement plus favorable :
Il est d'ailleurs question de quatre femmes dans ces caricatures, dont trois réelles. Outre Ségolène Royal (évoquée plus haut) et Marine Le Pen (de manière très disgracieuse), les dessinateurs ont surtout représenté Carla Bruni-Sarkozy, jamais de manière négative. Il y a comme une petite tendresse de ces gauchistes pour l'ancien mannequin nymphomane, supposée vaguement de gauche, rafistolée par la chirurgie esthétique.
Il en manque une (de femme), celle qui n'existe pas physiquement, mais qui s'incarne très souvent. Nooon, ce nest pas la Vierge Marie... mais son équivalent laïc : Marianne (Marie-Anne) :
Elle a aussi inspiré Christian Creseveur, un blogueur dont j'avais déjà relevé le talent à propos des tentatives de récupération de Jeanne d'Arc à l'occasion de la célébration du 600e anniversaire de sa naissance :
Cette Marianne-là a bien évidemment un air de ressemblance avec la nouvelle Première Dame : Valérie Trierweiler.
Mais c'est une autre Marianne, inconnue du grand public, qui a crevé l'écran ce dimanche : une manifestante de Rennes. Je l'avais remarquée à la télévision et je l'ai retrouvée sur une photographie de Damien Meyer, de l'AFP (un petit coquin qui a eu du nez), publiée aussi bien dans Le Parisien que Le Nouvel Observateur :
Pour la petite histoire, sachez que d'autres photographies de la manifestante ont été prises, aussi bien par Damien Meyer...
... que par François Destoc, pour Le Télégramme :
Cela m'amène à la question suivante : si, en dépit du bonnet phrygien, cette jeune femme n'avait pas été dotée d'une aussi belle poitrine (de surcroît mise en valeur par le décolleté), aurait-elle été l'objet d'une telle attention ? Le doute m'habite...
17:15 Publié dans Politique, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : élection présidentielle, presidentielle, présidentielle, presse, médias, photo, photos
Le 6 mai en caricatures
L'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo (qui n'est pas forcément ma tasse de thé), a laissé carte blanche à ses dessinateurs le soir du second tour de l'élection. Cela nous donne une floppée de caricatures plus ou moins inspirées.
Trois thèmes principaux émergent : la victoire d'un mou (François Hollande), l'éjection du "petit" (Nicolas Sarkozy) et la menace FN.
Sans surprise, le nouveau président est représenté comme un type sans relief. Deux dessinateurs ne peuvent s'empêcher de réutiliser l'image de Flanby (qui a un aspect ambivalent, comme je l'ai déjà écrit). Voici (selon moi) le meilleur des deux dessins (dû à Jul) :
Notons que sa supposée mollesse est mise en relation avec son ancienne compagne :
Un des dessins retourne toutefois l'image de François Hollande :
Le trait d'humour (appuyé...) mis à part, on peut y voir le désir de maintes personnes de la gauche radicale de voir le candidat de leur camp (pas forcément de leur coeur) la jouer virilement, bref prendre le dessus sur son adversaire... à la manière d'un Sarkozy.
Sans surprise, le sortant essuie une volée de bois vert. On remarque l'insistance mise sur sa petite taille. Cela devient intéressant quand un deuxième sens est sous-entendu :
Bien évidemment, ici, il est question de sa mort politique, puisqu'il a annoncé vouloir prendre du recul. (Mais va-t-il réellement renoncer à toute action politique ? J'en doute. Le premier signe sera sa participation -ou non- aux séances du Conseil constitutionnel, dont il devient membre de droit en tant qu'ancien président... ça va devenir sympa si VGE et J. Chirac font aussi acte de présence !). Quant à l'épitaphe, si elle comporte une part de vérité au premier degré (Pompidou exclu, il est le président qui est resté le moins longtemps en fonction), elle est aussi une allusion transparente à sa taille.
Je trouve que c'est Luz qui a visé le plus juste :
Le côté bling bling, ami des riches de Nicolas Sarkozy lui a coûté cher, y compris à droite. Finalement, son discours le plus digne a été celui du soir du 6 mai 2012. Je reste convaincu que la fonction l'a amélioré (tout comme elle va grandir le vainqueur du 6 mai) et que le travail du gouvernement Fillon n'a pas été que mauvais, même si le bilan est "globalement négatif". Sur la vidéo, vous noterez le manque de discipline des militants UMP, déjà perceptible lors du meeting de Toulouse, en avril dernier.
Le dernier angle d'attaque des caricatures est la dénonciation du Front national, de ses chefs, de ses idées et de ses électeurs. On s'aperçoit en fait que les dessinateurs ont été marqués par les tentatives de récupération du vote FN :
Cette volonté de placer l'homme politique de droite dans une position inconfortable, associée au rapport sexuel, m'a rappelé une caricature de Cabu, qui doit dater de la fin des années 1980, représentant Valéry Giscard-d'Estaing en train de prodiguer une caresse buccale à Jean-Marie Le Pen. La fille de celui-ci ne bénéficie pas d'un traitement plus favorable :
Il est d'ailleurs question de quatre femmes dans ces caricatures, dont trois réelles. Outre Ségolène Royal (évoquée plus haut) et Marine Le Pen (de manière très disgracieuse), les dessinateurs ont surtout représenté Carla Bruni-Sarkozy, jamais de manière négative. Il y a comme une petite tendresse de ces gauchistes pour l'ancien mannequin nymphomane, supposée vaguement de gauche, rafistolée par la chirurgie esthétique.
Il en manque une (de femme), celle qui n'existe pas physiquement, mais qui s'incarne très souvent. Nooon, ce nest pas la Vierge Marie... mais son équivalent laïc : Marianne (Marie-Anne) :
Elle a aussi inspiré Christian Creseveur, un blogueur dont j'avais déjà relevé le talent à propos des tentatives de récupération de Jeanne d'Arc à l'occasion de la célébration du 600e anniversaire de sa naissance :
Cette Marianne-là a bien évidemment un air de ressemblance avec la nouvelle Première Dame : Valérie Trierweiler.
Mais c'est une autre Marianne, inconnue du grand public, qui a crevé l'écran ce dimanche : une manifestante de Rennes. Je l'avais remarquée à la télévision et je l'ai retrouvée sur une photographie de Damien Meyer, de l'AFP (un petit coquin qui a eu du nez), publiée aussi bien dans Le Parisien que Le Nouvel Observateur :
Pour la petite histoire, sachez que d'autres photographies de la manifestante ont été prises, aussi bien par Damien Meyer...
... que par François Destoc, pour Le Télégramme :
Cela m'amène à la question suivante : si, en dépit du bonnet phrygien, cette jeune femme n'avait pas été dotée d'une aussi belle poitrine (de surcroît mise en valeur par le décolleté), aurait-elle été l'objet d'une telle attention ? Le doute m'habite...
17:15 Publié dans Politique, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : élection présidentielle, presidentielle, présidentielle, presse, médias, photo, photos
lundi, 07 mai 2012
Certains y ont cru jusqu'au bout
Il y a moins de quatre mois apparaissait un nouveau site d'information, atlantico, rapidement classé à droite par les spécialistes. Il ne se revendique toutefois d'aucun parti. Si, en général, il ne produit guère d'information brute, certains de ses contributeurs apportent de temps à autre un éclairage intéressant, moins consensuel dirons-nous.
Bon, ça, c'était avant la campagne des présidentielles. Force est de reconnaître que, depuis plusieurs semaines, le site est devenu farouchement anti-gauche... au point que, jusqu'à hier soir, les articles les plus mis en valeur pointaient les risques d'une surprise au second tour de l'élection (en faveur du président sortant, bien entendu). L'un d'entre eux, Le modèle qui trouve Nicolas Sarkozy gagnant à 50,2%, a été rédigé par un prof de Panthéon-Assas (haut lieu du progressisme universitaire)... économiste de spécialité !
L'autre article-phare de ces derniers jours s'intitule Pourquoi l'élection n'est pas jouée. Il a été écrit par un physicien, spécialiste du désordre (qui risque d'avoir du boulot avec l'UMP dans les semaines qui viennent...). Cet éminent scientifique (membre du CNRS, attention, hein) développe le concept de "sociophysique", qu'il fonde principalement... sur l'analyse de sondages. Autant je peux partager les réflexions sur la volatilité d'une partie de l'électorat, la part du hasard dans les revirements de votes, autant je trouve que cet article-là s'apparente plus à une prophétie auto-réalisatice.
Cet après-midi, si ces textes ont disparu de la liste des plus lus, l'un d'entre eux figure encore en tête de celle des plus partagés :
13:29 Publié dans Politique, Presse, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, élection présidentielle, présidentielle, presidentielle
Certains y ont cru jusqu'au bout
Il y a moins de quatre mois apparaissait un nouveau site d'information, atlantico, rapidement classé à droite par les spécialistes. Il ne se revendique toutefois d'aucun parti. Si, en général, il ne produit guère d'information brute, certains de ses contributeurs apportent de temps à autre un éclairage intéressant, moins consensuel dirons-nous.
Bon, ça, c'était avant la campagne des présidentielles. Force est de reconnaître que, depuis plusieurs semaines, le site est devenu farouchement anti-gauche... au point que, jusqu'à hier soir, les articles les plus mis en valeur pointaient les risques d'une surprise au second tour de l'élection (en faveur du président sortant, bien entendu). L'un d'entre eux, Le modèle qui trouve Nicolas Sarkozy gagnant à 50,2%, a été rédigé par un prof de Panthéon-Assas (haut lieu du progressisme universitaire)... économiste de spécialité !
L'autre article-phare de ces derniers jours s'intitule Pourquoi l'élection n'est pas jouée. Il a été écrit par un physicien, spécialiste du désordre (qui risque d'avoir du boulot avec l'UMP dans les semaines qui viennent...). Cet éminent scientifique (membre du CNRS, attention, hein) développe le concept de "sociophysique", qu'il fonde principalement... sur l'analyse de sondages. Autant je peux partager les réflexions sur la volatilité d'une partie de l'électorat, la part du hasard dans les revirements de votes, autant je trouve que cet article-là s'apparente plus à une prophétie auto-réalisatice.
Cet après-midi, si ces textes ont disparu de la liste des plus lus, l'un d'entre eux figure encore en tête de celle des plus partagés :
13:29 Publié dans Politique, Presse, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, élection présidentielle, présidentielle, presidentielle
samedi, 05 mai 2012
Les approximations de Nicolas Sarkozy
A l'image de François Mitterrand qui, en 1988, a appuyé sa campagne sur une Lettre à tous les Français, qui fut notamment publiée dans la presse, Nicolas Sarkozy et son équipe ont mis au point un document détaillé à l'adresse des électeurs, la Lettre au peuple Français.
Rétrospectivement, on sent qu'elle a servi de cadre à la campagne. Tous les thèmes développés par le candidat y sont présents. Même si le coeur de la brochure est consacré à des aspects économiques (au sens large), on peut remarquer la place prise par les questions de société. La "droitisation" du président sortant était donc en germe (prévue ?) dans le programme... ou bien (si l'on est plus "sarkophile"), il n'y a pas eu droitisation... ou encore (si l'on est plutôt "sarkophobe"), la droitisation était perceptible dès l'avant-campagne.
Le sortant essaie de valoriser son bilan, qui n'est pas que négatif. Mais les illustrations (nombreuses) qui accompagnent le document sont parfois un peu biaisées.
On commence par la baisse de la délinquance, illustrée par un histogramme mettant en valeur le contraste entre les années du gouvernement Jospin (en rouge), qui ont vu les chiffres augmenter, et (en bleu) les années Chirac-Sarkozy (qui fut ministre de l'Intérieur, ne l'oublions pas). Attention toutefois : la baisse est celle des "faits constatés", c'est-à-dire les "crimes et délits portés à la connaissance des services de police et des unités de gendarmerie et consignés dans une procédure transmise à l’autorité judiciaire". Quand la police ou la gendarmerie n'a pas donné suite au signalement d'une infraction, celle-ci ne figure donc pas dans les statistiques. Celles-ci sont-elles davantages "arrangées" sous la droite que sous la gauche ? Impossible de l'affirmer.
Par contre, on peut noter que le choix de l'échelle de l'histogramme (près des trois-quarts de la hauteur ont été supprimés) accentue l'impression de baisse. Si l'on veut en avoir une idée plus juste, il faut imaginer que les barres sont beaucoup plus hautes... et donc que la baisse (réelle) n'est pas aussi grande qu'on veut bien le dire :
D'autre part, il y a différentes catégories de faits de délinquance. Toutes ne suivent pas la même évolution, comme on peut le constater en lisant -par exemple- le rapport sur la criminalité et la délinquance en France en 2008. Voici ce que l'on peut trouver page 14 :
On constate que les crimes et délits contre les personnes ont vu leur nombre augmenter continuellement depuis 1995 (et même 1987). Les "autres infractions (dont stupéfiants)" ont connu une évolution assez proche, même si quelques périodes de baisse (notamment 2002-2004 et 2005-2007) sont à noter.
Pour avoir une idée plus précise du bilan du duo Sarkozy-Fillon depuis 2007, il faut consulter la version 2010 (publiée en 2011 en fait) du rapport sur la délinquance. Voici ce que l'on peut lire page 8 :
En fonction des catégories, le bilan est plus ou moins flatteur, au point que, même sur le site internet de TF1, on s'est inquiété des chiffres 2011 de la délinquance.
Soyons honnêtes : de la même manière que l'on ne peut pas attribuer tout le mérite de la baisse de tel type de délinquance à l'action du président (ou d'un ministre), on ne peut lui imputer totalement l'infamie de la hausse des chiffres. Le contexte socio-économique joue... mais le candidat Sarkozy refuse de le reconnaître... et c'est écrit en gros, page 16 de la Lettre :
Par contre, on pourrait reprocher au sortant la baisse des effectifs des forces de l'ordre (n'oublions pas que policiers et gendarmes sont des fonctionnaires). Le candidat y a visiblement songé, puisque la Lettre met en valeur l'augmentation du nombre de membres de la police... scientifique. Celle-ci compte environ 2 000 personnes... à comparer aux quelques 140 000 policiers.
Il conviendrait aussi d'étudier la répartition des forces de l'ordre. On sait déjà qu'à Paris, les "beaux quartiers" sont mieux servis que les zones populaires. Et ailleurs ?...
Le même "maquillage" est à l'oeuvre quand il s'agit de traiter de l'évolution du nombre d'étudiants étrangers. Page 17 de la Lettre, on trouve le mâgnifique graphique que voilà :
Ici encore, on a coupé le document (l'échelle des ordonnées commence à 100 000), même si le résultat est moins déformant que dans le cas des faits de délinquance. Puisqu'on nous donne des chiffres assez anciens, il faut plutôt regarder l'évolution globale. La coupure se situe autour de 2003, première année où l'influence du gouvernement Raffarin a pu se faire sentir à ce niveau (l'année scolaire s'étendant de septembre 2002 à juin 2003 a été en partie le résultat de la gestion du gouvernement Jospin). C'est donc sous un gouvernement de gauche que le nombre d'étudiants étrangers a le plus progressé : de 150 000 à 250 000 (+ 67 %).
Sous Nicolas Sarkozy, la progression n'a été que d'une vingtaine de milliers (moins de 10 %). Si l'on examine les chiffres en les centrant sur la période Sarkozy, cela donne un histogramme moins flatteur, comme celui qui a été publié sur le site de RFI :
Le président sortant s'attribue donc à tort les mérites d'une politique d'ouverture (et de "captation des cerveaux") initiée par le gouvernement Jospin. A contrario, il aurait pu se flatter, auprès d'un électorat xénophobe, de ses résultats en matière de limitation de l'entrée d'étrangers en France...
Passons à la lutte contre l'immigration clandestine. Le président vante son bilan, certes pas négligeable dans ce domaine (page 23 de la Lettre) :
Il oublie de préciser qu'une bonne partie de ces reconduites à la frontière sont réalisées outre-mer (en Guyane et à Mayotte notamment), comme les sénateurs ont pu le relever :
En métropole, ce sont essentiellement des citoyens roumains et bulgares (des Roms notamment) qui sont expulsés, comme le reconnaît le ministre de l'Intérieur Claude Guéant. Il ne reste donc que quelques milliers de ressortissants africains et asiatiques expulsés de métropole, loin des rêves des électeurs du Front national qui verraient en Nicolas Sarkozy un efficace rempart contre ce genre d' "invasion".
La Lettre accorde aussi une grande place aux questions d'éducation. Les mêmes artifices sont utilisés pour représenter l'évolution du nombre d'élèves et d'enseignants (page 33) :
Concernant le nombre d'élèves, on remarque deux choses. La première est que la période chronologique est très vaste (elle démarre en 1990)... et qu'elle ne va pas au-delà de 2008 ! L'objectif est d'accentuer l'idée de baisse des effectifs. On remonte donc loin dans le temps, puisque, depuis 1998, la baisse est assez faible et que, depuis quelques années, on constate au contraire une ré-augmentation des effectifs. Ajoutez à cela le tronquage de l'échelle des ordonnées (qui démarre à 11 600 milliers... soit 11,6millions...), et le lecteur moyen aura l'impression d'une chute vertigineuse (et récente) du nombre d'élèves...
Concernant le nombre de profs, on retrouve le tronquage de l'échelle des ordonnées (qui démarre à 820 000 !) et l'amputation de la période la plus récente, qui évite d'avoir à dire que le nombre d'enseignants diminue depuis dix ans, comme l'a relevé Libération.
Quand représenter une évolution n'arrange pas le candidat, il joue sur la comparaison avec d'autres pays, comme dans le cas de la pauvreté. Page 51 de la Lettre se trouve un petit histogramme qui permet tout juste de constater que le taux de pauvreté en France en 2010 (calculé comment ?) est plus bas que le taux moyen de l'UE... et beaucoup bas que celui des pays d'Europe du Sud. Mais ce ne sont là qu'une minorité de pays de l'UE. Qu'en est-il ailleurs ?
L'Observatoire des inégalités permet d'accéder à une comparaison plus complète des taux de pauvreté en 2010 :
Cela permet de réaliser que, si la France se situe bien dans la "fourchette basse", les pays membres de l'Union européenne dans lesquelles le taux de pauvreté est moins élevé sont plus nombreux qu'on ne le dit.
Que dire alors de l'évolution du taux de pauvreté en France :
En gros, depuis 2002-2004, il se remet à augmenter. La faiblesse relative du taux actuel est le résultat de politiques antérieures, liées au "modèle social français", plus redistributif que d'autres. C'est ce modèle qui est mis à mal depuis une dizaine d'années.
Le manque de travail des Français serait-il en cause ? La lecture des illustrations proposées page 63 de la Lettre pourrait le laisser penser :
L'histogramme de la durée hebdomadaire ne dresse qu'une comparaison partielle... et partiale. Elle est partielle parce qu'elle ne fait figurer qu'un petit nombre de pays, soigneusement choisis. Si l'on compare la durée hebdomadaire du travail des Européens ayant un temps plein (d'après Eurostat), la comparaison perd de sa pertinence :
On voit que les Français travailleraient moins longtemps que les Bulgares, les Tchèques, les Grecs, les Espagnols, les Chypriotes, les Autrichiens, les Polonais, les Slovènes, les Britanniques, les Islandais, les Suisses, les Croates et les Turcs... mais plus longtemps que les Danois, les Irlandais, les Lituaniens, les Luxembourgeois, les Finlandais et les Norvégiens. On remarque que, parmi les pays où les actifs à temps plein travaillent plus longtemps, on trouve beaucoup de pays à l'économie vacillante, alors que les pays très développés sont souvent ceux où la durée hebdomadaire est la plus faible.
Pour nuancer ces informations, il faudrait croiser avec les actifs à temps partiel... et surtout avec la productivité horaire du travail, ce qu'a fait Le Monde, dans un article du 6 janvier 2011 :
O surprise ! Les actifs français sont les troisièmes plus productifs de l'Union européenne, loin des Luxembourgeois, mais juste derrière les Belges... et surtout loin devant les ressortissants d'autres pays qui nous sont donnés en exemples.
On peut aussi critiquer le graphique sur les durées annuelles. C'est un quasi-copié-collé d'un document de l'INSEE, auquel on a ôté l'une des courbes :
Les auteurs de la Lettre ont choisi de retirer la courbe qui présente la moyenne de six pays européens. On comprend pourquoi quand on voit qu'elle se rapproche de plus en plus de la courbe française. Bien entendu, il faudrait savoir quels sont ces six pays et même construire une courbe avec les données concernant les 26 autres membres de l'Union européenne mais, franchement, ce petit bidouillage fait mauvais genre. Il est hélas à l'image d'une Lettre qui contient trop de demi-vérités, voire de mensonges.
16:54 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, sarkozy, élection présidentielle, présidentielle, presidentielle
Les approximations de Nicolas Sarkozy
A l'image de François Mitterrand qui, en 1988, a appuyé sa campagne sur une Lettre à tous les Français, qui fut notamment publiée dans la presse, Nicolas Sarkozy et son équipe ont mis au point un document détaillé à l'adresse des électeurs, la Lettre au peuple Français.
Rétrospectivement, on sent qu'elle a servi de cadre à la campagne. Tous les thèmes développés par le candidat y sont présents. Même si le coeur de la brochure est consacré à des aspects économiques (au sens large), on peut remarquer la place prise par les questions de société. La "droitisation" du président sortant était donc en germe (prévue ?) dans le programme... ou bien (si l'on est plus "sarkophile"), il n'y a pas eu droitisation... ou encore (si l'on est plutôt "sarkophobe"), la droitisation était perceptible dès l'avant-campagne.
Le sortant essaie de valoriser son bilan, qui n'est pas que négatif. Mais les illustrations (nombreuses) qui accompagnent le document sont parfois un peu biaisées.
On commence par la baisse de la délinquance, illustrée par un histogramme mettant en valeur le contraste entre les années du gouvernement Jospin (en rouge), qui ont vu les chiffres augmenter, et (en bleu) les années Chirac-Sarkozy (qui fut ministre de l'Intérieur, ne l'oublions pas). Attention toutefois : la baisse est celle des "faits constatés", c'est-à-dire les "crimes et délits portés à la connaissance des services de police et des unités de gendarmerie et consignés dans une procédure transmise à l’autorité judiciaire". Quand la police ou la gendarmerie n'a pas donné suite au signalement d'une infraction, celle-ci ne figure donc pas dans les statistiques. Celles-ci sont-elles davantages "arrangées" sous la droite que sous la gauche ? Impossible de l'affirmer.
Par contre, on peut noter que le choix de l'échelle de l'histogramme (près des trois-quarts de la hauteur ont été supprimés) accentue l'impression de baisse. Si l'on veut en avoir une idée plus juste, il faut imaginer que les barres sont beaucoup plus hautes... et donc que la baisse (réelle) n'est pas aussi grande qu'on veut bien le dire :
D'autre part, il y a différentes catégories de faits de délinquance. Toutes ne suivent pas la même évolution, comme on peut le constater en lisant -par exemple- le rapport sur la criminalité et la délinquance en France en 2008. Voici ce que l'on peut trouver page 14 :
On constate que les crimes et délits contre les personnes ont vu leur nombre augmenter continuellement depuis 1995 (et même 1987). Les "autres infractions (dont stupéfiants)" ont connu une évolution assez proche, même si quelques périodes de baisse (notamment 2002-2004 et 2005-2007) sont à noter.
Pour avoir une idée plus précise du bilan du duo Sarkozy-Fillon depuis 2007, il faut consulter la version 2010 (publiée en 2011 en fait) du rapport sur la délinquance. Voici ce que l'on peut lire page 8 :
En fonction des catégories, le bilan est plus ou moins flatteur, au point que, même sur le site internet de TF1, on s'est inquiété des chiffres 2011 de la délinquance.
Soyons honnêtes : de la même manière que l'on ne peut pas attribuer tout le mérite de la baisse de tel type de délinquance à l'action du président (ou d'un ministre), on ne peut lui imputer totalement l'infamie de la hausse des chiffres. Le contexte socio-économique joue... mais le candidat Sarkozy refuse de le reconnaître... et c'est écrit en gros, page 16 de la Lettre :
Par contre, on pourrait reprocher au sortant la baisse des effectifs des forces de l'ordre (n'oublions pas que policiers et gendarmes sont des fonctionnaires). Le candidat y a visiblement songé, puisque la Lettre met en valeur l'augmentation du nombre de membres de la police... scientifique. Celle-ci compte environ 2 000 personnes... à comparer aux quelques 140 000 policiers.
Il conviendrait aussi d'étudier la répartition des forces de l'ordre. On sait déjà qu'à Paris, les "beaux quartiers" sont mieux servis que les zones populaires. Et ailleurs ?...
Le même "maquillage" est à l'oeuvre quand il s'agit de traiter de l'évolution du nombre d'étudiants étrangers. Page 17 de la Lettre, on trouve le mâgnifique graphique que voilà :
Ici encore, on a coupé le document (l'échelle des ordonnées commence à 100 000), même si le résultat est moins déformant que dans le cas des faits de délinquance. Puisqu'on nous donne des chiffres assez anciens, il faut plutôt regarder l'évolution globale. La coupure se situe autour de 2003, première année où l'influence du gouvernement Raffarin a pu se faire sentir à ce niveau (l'année scolaire s'étendant de septembre 2002 à juin 2003 a été en partie le résultat de la gestion du gouvernement Jospin). C'est donc sous un gouvernement de gauche que le nombre d'étudiants étrangers a le plus progressé : de 150 000 à 250 000 (+ 67 %).
Sous Nicolas Sarkozy, la progression n'a été que d'une vingtaine de milliers (moins de 10 %). Si l'on examine les chiffres en les centrant sur la période Sarkozy, cela donne un histogramme moins flatteur, comme celui qui a été publié sur le site de RFI :
Le président sortant s'attribue donc à tort les mérites d'une politique d'ouverture (et de "captation des cerveaux") initiée par le gouvernement Jospin. A contrario, il aurait pu se flatter, auprès d'un électorat xénophobe, de ses résultats en matière de limitation de l'entrée d'étrangers en France...
Passons à la lutte contre l'immigration clandestine. Le président vante son bilan, certes pas négligeable dans ce domaine (page 23 de la Lettre) :
Il oublie de préciser qu'une bonne partie de ces reconduites à la frontière sont réalisées outre-mer (en Guyane et à Mayotte notamment), comme les sénateurs ont pu le relever :
En métropole, ce sont essentiellement des citoyens roumains et bulgares (des Roms notamment) qui sont expulsés, comme le reconnaît le ministre de l'Intérieur Claude Guéant. Il ne reste donc que quelques milliers de ressortissants africains et asiatiques expulsés de métropole, loin des rêves des électeurs du Front national qui verraient en Nicolas Sarkozy un efficace rempart contre ce genre d' "invasion".
La Lettre accorde aussi une grande place aux questions d'éducation. Les mêmes artifices sont utilisés pour représenter l'évolution du nombre d'élèves et d'enseignants (page 33) :
Concernant le nombre d'élèves, on remarque deux choses. La première est que la période chronologique est très vaste (elle démarre en 1990)... et qu'elle ne va pas au-delà de 2008 ! L'objectif est d'accentuer l'idée de baisse des effectifs. On remonte donc loin dans le temps, puisque, depuis 1998, la baisse est assez faible et que, depuis quelques années, on constate au contraire une ré-augmentation des effectifs. Ajoutez à cela le tronquage de l'échelle des ordonnées (qui démarre à 11 600 milliers... soit 11,6millions...), et le lecteur moyen aura l'impression d'une chute vertigineuse (et récente) du nombre d'élèves...
Concernant le nombre de profs, on retrouve le tronquage de l'échelle des ordonnées (qui démarre à 820 000 !) et l'amputation de la période la plus récente, qui évite d'avoir à dire que le nombre d'enseignants diminue depuis dix ans, comme l'a relevé Libération.
Quand représenter une évolution n'arrange pas le candidat, il joue sur la comparaison avec d'autres pays, comme dans le cas de la pauvreté. Page 51 de la Lettre se trouve un petit histogramme qui permet tout juste de constater que le taux de pauvreté en France en 2010 (calculé comment ?) est plus bas que le taux moyen de l'UE... et beaucoup bas que celui des pays d'Europe du Sud. Mais ce ne sont là qu'une minorité de pays de l'UE. Qu'en est-il ailleurs ?
L'Observatoire des inégalités permet d'accéder à une comparaison plus complète des taux de pauvreté en 2010 :
Cela permet de réaliser que, si la France se situe bien dans la "fourchette basse", les pays membres de l'Union européenne dans lesquelles le taux de pauvreté est moins élevé sont plus nombreux qu'on ne le dit.
Que dire alors de l'évolution du taux de pauvreté en France :
En gros, depuis 2002-2004, il se remet à augmenter. La faiblesse relative du taux actuel est le résultat de politiques antérieures, liées au "modèle social français", plus redistributif que d'autres. C'est ce modèle qui est mis à mal depuis une dizaine d'années.
Le manque de travail des Français serait-il en cause ? La lecture des illustrations proposées page 63 de la Lettre pourrait le laisser penser :
L'histogramme de la durée hebdomadaire ne dresse qu'une comparaison partielle... et partiale. Elle est partielle parce qu'elle ne fait figurer qu'un petit nombre de pays, soigneusement choisis. Si l'on compare la durée hebdomadaire du travail des Européens ayant un temps plein (d'après Eurostat), la comparaison perd de sa pertinence :
On voit que les Français travailleraient moins longtemps que les Bulgares, les Tchèques, les Grecs, les Espagnols, les Chypriotes, les Autrichiens, les Polonais, les Slovènes, les Britanniques, les Islandais, les Suisses, les Croates et les Turcs... mais plus longtemps que les Danois, les Irlandais, les Lituaniens, les Luxembourgeois, les Finlandais et les Norvégiens. On remarque que, parmi les pays où les actifs à temps plein travaillent plus longtemps, on trouve beaucoup de pays à l'économie vacillante, alors que les pays très développés sont souvent ceux où la durée hebdomadaire est la plus faible.
Pour nuancer ces informations, il faudrait croiser avec les actifs à temps partiel... et surtout avec la productivité horaire du travail, ce qu'a fait Le Monde, dans un article du 6 janvier 2011 :
O surprise ! Les actifs français sont les troisièmes plus productifs de l'Union européenne, loin des Luxembourgeois, mais juste derrière les Belges... et surtout loin devant les ressortissants d'autres pays qui nous sont donnés en exemples.
On peut aussi critiquer le graphique sur les durées annuelles. C'est un quasi-copié-collé d'un document de l'INSEE, auquel on a ôté l'une des courbes :
Les auteurs de la Lettre ont choisi de retirer la courbe qui présente la moyenne de six pays européens. On comprend pourquoi quand on voit qu'elle se rapproche de plus en plus de la courbe française. Bien entendu, il faudrait savoir quels sont ces six pays et même construire une courbe avec les données concernant les 26 autres membres de l'Union européenne mais, franchement, ce petit bidouillage fait mauvais genre. Il est hélas à l'image d'une Lettre qui contient trop de demi-vérités, voire de mensonges.
16:54 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, sarkozy, élection présidentielle, présidentielle, presidentielle
Des élus aveyronnais avec N. Sarkozy
Le président-candidat est venu récemment à Toulouse (le 29 avril dernier). Le multiplex organisé avec d'autres meetings a suscité l'intérêt. Nicolas Sarkozy est allé à la rencontre de ses partisans, nombreux et rendus enthousiastes par un discours d'un peu plus d'une heure (conclu par une belle Marseillaise), plutôt habile, qui a oscillé entre lyrisme et enfumage.
On a pu lire dans la presse que les élus midi-pyrénéens soutenant le président étaient présents... aveyronnais compris ? Oui, mais lesquels ? Un encadré paru dans Le Ruthénois du 4 mai a levé un beau lièvre :
Du coup, j'ai regardé avec attention les images du meeting (on peut aussi se contenter des quinze dernières minutes)... et j'ai fini par repérer quelques "pontes" rouergats, que l'on voit tous les trois au premier rang :
De gauche à droite on distingue (difficilement) Jean-Claude Luche, président du Conseil général (supposé sans étiquette ni affiliation politique), Alain Marc, député (UMP - Parti radical) de la circonscription de Millau et Yves Censi, député UMP de la circonscription de Rodez. C'est lui que l'on voit le plus souvent dans la vidéo du meeting. Il était assis à côté de Christine Boutin, ne rechignant pas à applaudir le candidat :
Le plus difficle à retrouver fut Jean-Claude Luche. Il était toujours à la limite du cadre. On a quand même pu le voir d'un peu plus près... mais de trois-quarts dos :
Dans la presse, il m'a fallu chercher quelque temps avant de retrouver le trio magique. En général, je tombais sur une photographie prise juste après la fin du discours, montrant Nicolas Sarkozy venant saluer ses partisans, comme celle parue dans Le Figaro :
On reconnaît sans difficulté Alain Marc et Yves Censi. (Même chose dans L'Indépendant.)
Paradoxalement, c'est dans un quotidien national, 20minutes, que je suis tombé sur une photographie où sont présents les trois élus susnommés :
Intéressant, non ?
02:18 Publié dans Politique, Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, élection présidentielle, présidentielle, presidentielle, ump
Des élus aveyronnais avec N. Sarkozy
Le président-candidat est venu récemment à Toulouse (le 29 avril dernier). Le multiplex organisé avec d'autres meetings a suscité l'intérêt. Nicolas Sarkozy est allé à la rencontre de ses partisans, nombreux et rendus enthousiastes par un discours d'un peu plus d'une heure (conclu par une belle Marseillaise), plutôt habile, qui a oscillé entre lyrisme et enfumage.
On a pu lire dans la presse que les élus midi-pyrénéens soutenant le président étaient présents... aveyronnais compris ? Oui, mais lesquels ? Un encadré paru dans Le Ruthénois du 4 mai a levé un beau lièvre :
Du coup, j'ai regardé avec attention les images du meeting (on peut aussi se contenter des quinze dernières minutes)... et j'ai fini par repérer quelques "pontes" rouergats, que l'on voit tous les trois au premier rang :
De gauche à droite on distingue (difficilement) Jean-Claude Luche, président du Conseil général (supposé sans étiquette ni affiliation politique), Alain Marc, député (UMP - Parti radical) de la circonscription de Millau et Yves Censi, député UMP de la circonscription de Rodez. C'est lui que l'on voit le plus souvent dans la vidéo du meeting. Il était assis à côté de Christine Boutin, ne rechignant pas à applaudir le candidat :
Le plus difficle à retrouver fut Jean-Claude Luche. Il était toujours à la limite du cadre. On a quand même pu le voir d'un peu plus près... mais de trois-quarts dos :
Dans la presse, il m'a fallu chercher quelque temps avant de retrouver le trio magique. En général, je tombais sur une photographie prise juste après la fin du discours, montrant Nicolas Sarkozy venant saluer ses partisans, comme celle parue dans Le Figaro :
On reconnaît sans difficulté Alain Marc et Yves Censi. (Même chose dans L'Indépendant.)
Paradoxalement, c'est dans un quotidien national, 20minutes, que je suis tombé sur une photographie où sont présents les trois élus susnommés :
Intéressant, non ?
02:18 Publié dans Politique, Politique aveyronnaise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, élection présidentielle, présidentielle, presidentielle, ump
vendredi, 04 mai 2012
Cheval et pouvoir
L'élection présidentielle est décidément (presque) partout. Même l'érudite conférence de Daniel Roche, Cheval et politique à l'époque moderne (XVIe - XVIIIe siècles), qui s'est tenue vendredi soir aux Archives départementales de Rodez, n'y a pas échappé.
Ainsi, en introduction, l'historien n'a pas pu s'empêcher de tracer un parallèle entre la visite du maréchal Pétain à Arles, en décembre 1940 (au cours de laquelle les gardians locaux lui ont offert la corde qui attache les chevaux de Camargue "symbole de leur attachement à la France et à sa personne")...
...et la prestation équestre, dans la même région, d'un candidat à l'élection de 2007... que tout le monde a reconnu, sans qu'il soit nécessaire de le nommer. (Il me semble que certaines "têtes grises" présentes dans la salle ont un peu tiqué.)
Le reste de la conférence fut plus solennel, parfois aride. Dans l'une des parties, Daniel Roche a évoqué la représentation du pouvoir politique, en liaison avec le cheval. L'époque moderne a vu se développer en France les statues équestres, royales en général. Il semblerait que la mode soit venue d'Italie (où l'on a en premier redécouvert l'antiquité romaine - on pense à la statue de Marc Aurèle). Le roi Henri II aurait initié le mouvement, suivi par Henri IV et Louis XIII.
Louis XIV ne pouvait pas faire moins bien que son père et son grand-père. Le Bernin fut chargé de la sculpture. Le souverain ne fut apparemment pas satisfait du résultat :
Alors que les autres oeuvres montraient tel roi ou empereur chevauchant une monture calme, marchant de l'avant, ici c'est l'énergie et la fougue qui sont mises en valeur. Le monarque qui se voulait absolu a peut-être mal perçu cette représentation, lui qui avait connu enfant les troubles de la Fronde. Le risque que l'on puisse évoquer la perte du contrôle du cheval et le désarçonnement du cavalier a dû aussi lui passer par la tête. Du coup, la statue a été remaniée à plusieurs reprises.
Napoléon Bonaparte a su mieux gérer sa propagande. Jacques-Louis David l'a aussi représenté sur un cheval fougueux, le Premier consul restant calme :
Cela nous ramène tout naturellement à Nicolas Sarkozy, parfois abusivement caricaturé en Napoléon... jusqu'en Italie (en Toscane plus précisément), à l'occasion du carnaval 2012 :
Le stratège politique sera-t-il éjecté de sa monture par les électeurs français ? Réponse dimanche.
23:54 Publié dans Histoire, Politique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : histoire, présidentielle, sarkozy, élection présidentielle
Détournement, suite
Il faut décidément remercier les "communicants" du président sortant. L'affiche de campagne dont ils sont les auteurs a stimulé la créativité des internautes farceurs (plus ou moins inspirés). Or, les électeurs viennent de recevoir le matériel du second tour, dans une enveloppe de grand format. Il s'agit des bulletins de vote et des nouvelles professions de foi, sur lesquelles figurent la reproduction de la nouvelle affiche de chaque candidat.
Celle de Hollande joue la continuité stricte. Celle de Sarkozy, recadrée, a son texte modifié :
Certaines personnes ont trouvé qu'il manquait toutefois un mot (ou deux), pour que le message soit plus explicite. Voici une proposition :
16:16 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, sarkozy, presidentielle, présidentielle
Détournement, suite
Il faut décidément remercier les "communicants" du président sortant. L'affiche de campagne dont ils sont les auteurs a stimulé la créativité des internautes farceurs (plus ou moins inspirés). Or, les électeurs viennent de recevoir le matériel du second tour, dans une enveloppe de grand format. Il s'agit des bulletins de vote et des nouvelles professions de foi, sur lesquelles figurent la reproduction de la nouvelle affiche de chaque candidat.
Celle de Hollande joue la continuité stricte. Celle de Sarkozy, recadrée, a son texte modifié :
Certaines personnes ont trouvé qu'il manquait toutefois un mot (ou deux), pour que le message soit plus explicite. Voici une proposition :
16:16 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, sarkozy, presidentielle, présidentielle
mardi, 24 avril 2012
Flanby strikes back !
Le candidat du Parti socialiste a été souvent moqué durant cette campagne électorale. Qualifié de "mou", de "fade" voire de "capitaine de pédalo", il a même fini par être associé à un dessert peu glorifiant. Voilà que le résultat du premier tour donne lieu à un retournement de sens. De péjorative, la référence au "Flanby" devient valorisante, au second degré. C'est la revanche du Mou !
On partait de loin. Fin 2011, non sans talent, un blogueur gauchisant greffait une tête de François Hollande (non amaigri) sur un corps "flanbesque", plutôt pour suggérer le pathétique du personnage :
Six mois plus tard, la même image peut se lire comme un surgissement victorieux inattendu... et plutôt sympathique. Cela n'a sans doute pas vaincu les réticences de ceux qui se voyaient mal glisser un bulletin "François Hollande" dans l'urne. Encore fallait-il parvenir à réaliser ladite opération :
Alors, pas assez mou pour rentrer dans une enveloppe... mais trop pour faire prise à une persécution vaudoue ? Les avis divergent sur la Toile (et, comme tous les fans de Desproges le savent, "dix verges, ça fait beaucoup") :
Du coup, on est moins étonné de voir Sondron dessiner le dessert en question remporter une course aussi importante :
A l'extrême-gauche (!) de la caricature sont disposés deux éléments de l'anatomie du troisième de la course : une jambe féminine et un groin, allusion peu délicate à Marine Le Pen, bien entendu.
De vainqueur, Flanby devient même source d'humiliation pour son concurrent direct :
Notons que l'internaute s'appuie ici sur une caractéristique importante du désormais célèbre dessert. Il manque toutefois une référence à la languette. Ajoutons que le perdant est mauvais joueur. S'il est devancé, c'est forcément que les gens ont mal compris ou voté pour de mauvaises raisons. Il y a aussi l'idée que Nicolas Sarkozy ne supporte pas d'être mis en difficulté par quelqu'un qu'il méprise.
Du coup, Flanby jubile, tantôt discrètement...
... tantôt plus ostensiblement :
Devrait-on désormais écrire "Flamby" le flambeur, nouveau candidat rayonnant ? Le paradoxe est que ces deux dernières représentations, qui pourraient rendre compte fidèlement de l'humeur du candidat arrivé en tête du premier tour de la présidentielle, datent des primaires socialistes. Faut-il en conclure que Nicolas Sarkozy et l'UMP ont, tout comme ses camarades socialistes, sous-estimé le potentiel du Corrézien d'adoption ?
Mais le symbole le plus réussi est à mon avis le détournement du poing à la rose, devenu "poing au Flanby", dans un geste aussi culinaire que révolté :
Ici encore, à l'origine de l'image se trouve un blogueur (de gauche... décidément) très critique vis-à-vis du supposé manque de fermeté des convictions de François Hollande. Aujourd'hui, après le premier tour de la présidentielle, ce symbole peut être retourné en faveur du candidat rassembleur, qui a su passer outre le mépris de certains bien-pensants de son propre camp.
04:51 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, élections, présidentielle, hollande, ps, parti socialiste, élection présidentielle
lundi, 23 avril 2012
Qui a gagné ?
C'est la grande question. On a évidemment pensé à cette personne-là :
On s'est aussi dit qu'une autre personne semblait avoir beaucoup gagné à cette élection, même si les profits qu'elle en retire sont pour l'instant indirects :
Les véritables vainqueurs sont peut-être très nombreux, des dizaines de millions :
En tout cas, il est difficile de croire que ce soit lui :
A la télévision, le président sortant est toutefois apparu pugnace. C'est un battant, qui va jouer sa carte jusqu'au bout. J'apprécie cette attitude, qui rend hommage à tous ceux qui croient en lui... et qui va contraindre François Hollande à montrer un peu plus ce qu'il a dans le ventre.
Ceci dit, il m'est quand même paru très agressif. Quand on sait à quel point les comportements publics sont calculés au millimètre, on ne peut s'empêcher de penser que, derrière le candidat qui a mûri (par rapport à l'excité de 2007) se cache encore l'enfant chéri de sa maman, un brin colérique, habitué à voir ses désirs exaucés... l'enfant qui s'est emparé de la mairie de Neuilly au nez et à la barbe de Charles Pasqua, à 28 ans... l'enfant qui a conquis Cécilia, presque sous les yeux de son mari Jacques Martin... l'enfant qui a pris le contrôle de l'UMP, en dépit de l'opposition de Jacques Chirac... l'enfant qui a écarté tous ses rivaux de droite sur le chemin de l'Elysée... l'enfant qui a terrassé aussi bien le FN que le PS (en 2007)... l'enfant qui a mis le grappin sur l'un des mannequins les plus en vue des années 1980-1990... enfin l'enfant qui voit pour la première fois depuis longtemps un jouet menacer de lui échapper. Pour sûr, il n'est pas content !
22:11 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, élections, présidentielles, présidentielle, élection présidentielle
samedi, 21 avril 2012
L'affiche de François Hollande
Celle de Nicolas Sarkozy a suscité beaucoup de sarcasmes... et de détournements. Celle de son adversaire social-démocrate, si elle se prête moins à ce genre de plaisanterie, est par contre plus riche de sens.
Je me retrouve en partie dans les analyses publiées dans un article de L'Express et le billet d'un blog consacré à l'image.
On a très vite tracé un parallèle avec l'affiche de 1981 de François Mitterrand (la photographie prise dans la Nièvre ayant été légèrement retouchée) :
C'est le paysage rural, situé à l'arrière-plan, qui a incité les commentateurs à faire le rapprochement. On note toutefois l'absence du clocher sur celle prise en Corrèze pour François Hollande. D'autres différences apparaissent. Le candidat de 1981 se positionne clairement à gauche, alors que celui de 2012 est en position centrale (-iste ?). De plus, si Mitterrand regarde vers la gauche de l'affiche, Hollande fixe les passants du regard.
Il est tout de même sidérant qu'aucun des candidats (à part peut-être Jacques Cheminade) ne fasse figurer un paysage urbain sur son affiche de campagne, alors que 80 % de la population française vit en ville !
Mais revenons à celle de François Hollande. Son positionnement centriste se trouve confirmé par l'absence de rose et de rouge, le bleu étant la couleur dominante (habituellement monopolisée par la droite). On aurait pu s'attendre à une cravate rosée. C'est la continuation de ce qui était déjà apparu au cours des primaires socialistes.
Une analyse plus serrée de l'image permet de tirer d'autres conclusions :
Commençons par l'arrière-plan. La tête du candidat se dégage bien, dans le ciel... et même au-dessus des nuages, histoire sans doute d'éviter les plaisanteries faciles. Le buste se trouve au niveau du paysage rural. On présume que les pieds sont solidement posés sur le sol. Le message est clair : le candidat est au contact de la "vraie vie", mais il est aussi capable d'évoluer dans les "hautes sphères".
Je note que, malgré ses 57 ans et demi, François Hollande ne semble pas avoir de cheveux gris, à l'exception de la tempe droite. Hum... Les lunettes font "moderne". Il apparaît là encore que l'on veut rassurer les électeurs : ce personnage ancré dans la tradition est censé permettre à la France de se moderniser dans la douceur.
Il reste ce sourire énigmatique, à peine esquissé, que certains observateurs ont rapproché de celui de la Joconde. Encore faut-il recadrer les images de manière à pouvoir les comparer :
Outre le sourire, il y a le paysage rural indéfini en arrière-plan et cette espèce "d'enfumage" (sfumato), le flou artistique qui ne permet pas de bien distinguer les contours. Par contre, les deux visages (tout comme les regards) ne sont pas orientés de manière identique.
Finalement, je me demande si les socialistes n'auraient pas pu utiliser un autre fond pour l'affiche...
16:37 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, ps, parti socialiste, élections, présidentielle, présidentielles, hollande
mercredi, 18 avril 2012
La science du vote
Elle a fait l'objet d'une double page dans le supplément "Science et techno" du Monde du 7 avril dernier. Les mathématiques, la logique notamment, sont mises à contribution pour comparer différents modes de scrutin. Le coeur du problème est l'insatisfaction procurée par le scrutin majoritaire à deux tours (le nôtre, dans la plupart des élections), illustrée par le paradoxe de Condorcet : un candidat peut-être exclu du second tour, alors que c'est celui qui, des trois arrivés en tête, serait préféré par le plus grand nombre en cas de face-à-face (exemple : F. Bayrou en 2007 qui, s'il avait été qualifié, aurait vaincu n'importe lequel des deux finalistes... même chose sans doute pour L. Jospin en 2002... et peut-être pour R. Barre en 1988).
Mais le plus intéressant est l'application, par les journalistes du "quotidien de référence", des autres modes de scrutin aux candidats de 2007 et de 2012. Pour éviter toute accusation de partialité dans la présentation des résultats des simulations, ceux de cette année sont placés par ordre alphabétique, de Nathalie Arthaud à Nicolas Sarkozy.
Voici ce que cela donne pour le vote par approbation, qui permet aux électeurs de choisir deux (ou trois) candidats :
Un test réalisé en 2007 en Normandie et en Alsace a débouché sur des résultats différents du vote réel (mais les électeurs testés auraient-ils agi de la même manière si ce mode de scrutin avait été réellement appliqué ?), au bénéfice de François Bayrou, mais aussi de Dominique Voynet et d'Olivier Besancenot.
Une autre possibilité est de voter par note. Les électeurs attribuent à chaque candidat une note, soit entre 0 et 2, soit entre 0 et 20 :
Appliqué en 2007, ce système aurait pu avantager les petits candidats et aurait désavantagé Jean-Marie Le Pen qui, s'il recueille l'adhésion d'une proportion non négligeable de l'électorat, suscite le rejet d'une part encore plus importante.
Le système du jugement majoritaire fonctionne selon un principe similaire. Au lieu d'être quantitative (numérique), l'évaluation des candidats est qualitative :
En 2007, ce mode de scrutin aurait placé François Bayrou devant Ségolène Royal. Les candidats des extrêmes auraient été pénalisés. (Ils sont plus souvent que les autres jugés peu crédibles ou dangereux, et donc affublés de l'appréciation "Insuffisant" ou "A rejeter".)
Il reste le vote alternatif (ou vote préférentiel transférable), qui exige des électeurs qu'ils classent les candidats par ordre de préférence. Il est utilisé en Irlande et en Australie :
Dans ce cas, les résultats obtenus lors du test ne diffèrent pas forcément de ceux issus du scrutin de 2007. Cela dépend de la méthode de dépouillement et de la manière d'éliminer successivement les plus mauvais candidats et de répartir les voix qui se sont portées sur eux.
Mais laissons là la fiction politique. Bien après la lecture de l'article, quelque chose a fini par me venir à l'esprit. Les illustrations sont orientées. En effet, ces petites croix, ces numéros et ces bulles ne sont pas toujours placées au hasard. D'abord, leur disposition ne dépend pas du contenu de l'encadré qu'elles accompagnent. Par contre, toutes ont un point commun. Alors que 7 candidats sur 10 figurent alternativement dans les favoris ou les rejetés des électeurs fictifs, une seule est systématiquement placée dans la catégorie la plus négative : Marine Le Pen. (Nicolas Dupont-Aignan est à peine mieux traité.)
Ainsi, elle ne fait pas partie des trois exemples entourés dans le cas du vote par approbation. Elle est l'un des quatre auxquels la note 0/2 (la plus mauvaise) est attribuée dans le vote par note. Elle est (apparemment) la seule à être classée dans la catégorie la plus infamante du vote par jugement majoritaire : "A rejeter". Enfin, elle n'est même pas retenue dans les six candidats préférés de l'exemple du vote alternatif.
On retrouve ici un procédé déjà observé à propos des rapprochements photographiques effectués par Le Monde (entre autres) : si les journalistes s'interdisent l'expression d'une opinion personnelle dans le coeur de l'article, cette rigueur intellectuelle est moins souvent à l'oeuvre dans les illustrations.
P.S.
Si vous avez bien compté, il manque un candidat : 7 sur 10 tour à tour bien ou mal classés + 1 systématique mal classée + 1 autre presque toujours mal classé = 9. Il nous reste le cas Eva Joly : elle fait partie des trois candidats sélectionnés dans l'exemple du vote par approbation ; elle est notée 2/2 dans l'exemple du vote par note ; elle bénéficie de l'appréciation "Très bien" dans l'exemple du jugement majoritaire et elle est classée 4e (sur 10) dans l'exemple du vote alternatif. Etonnant, non ?
14:16 Publié dans Politique, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, presse, médias, presidentielle, élections, présidentielle, présidentielles
La science du vote
Elle a fait l'objet d'une double page dans le supplément "Science et techno" du Monde du 7 avril dernier. Les mathématiques, la logique notamment, sont mises à contribution pour comparer différents modes de scrutin. Le coeur du problème est l'insatisfaction procurée par le scrutin majoritaire à deux tours (le nôtre, dans la plupart des élections), illustrée par le paradoxe de Condorcet : un candidat peut-être exclu du second tour, alors que c'est celui qui, des trois arrivés en tête, serait préféré par le plus grand nombre en cas de face-à-face (exemple : F. Bayrou en 2007 qui, s'il avait été qualifié, aurait vaincu n'importe lequel des deux finalistes... même chose sans doute pour L. Jospin en 2002... et peut-être pour R. Barre en 1988).
Mais le plus intéressant est l'application, par les journalistes du "quotidien de référence", des autres modes de scrutin aux candidats de 2007 et de 2012. Pour éviter toute accusation de partialité dans la présentation des résultats des simulations, ceux de cette année sont placés par ordre alphabétique, de Nathalie Arthaud à Nicolas Sarkozy.
Voici ce que cela donne pour le vote par approbation, qui permet aux électeurs de choisir deux (ou trois) candidats :
Un test réalisé en 2007 en Normandie et en Alsace a débouché sur des résultats différents du vote réel (mais les électeurs testés auraient-ils agi de la même manière si ce mode de scrutin avait été réellement appliqué ?), au bénéfice de François Bayrou, mais aussi de Dominique Voynet et d'Olivier Besancenot.
Une autre possibilité est de voter par note. Les électeurs attribuent à chaque candidat une note, soit entre 0 et 2, soit entre 0 et 20 :
Appliqué en 2007, ce système aurait pu avantager les petits candidats et aurait désavantagé Jean-Marie Le Pen qui, s'il recueille l'adhésion d'une proportion non négligeable de l'électorat, suscite le rejet d'une part encore plus importante.
Le système du jugement majoritaire fonctionne selon un principe similaire. Au lieu d'être quantitative (numérique), l'évaluation des candidats est qualitative :
En 2007, ce mode de scrutin aurait placé François Bayrou devant Ségolène Royal. Les candidats des extrêmes auraient été pénalisés. (Ils sont plus souvent que les autres jugés peu crédibles ou dangereux, et donc affublés de l'appréciation "Insuffisant" ou "A rejeter".)
Il reste le vote alternatif (ou vote préférentiel transférable), qui exige des électeurs qu'ils classent les candidats par ordre de préférence. Il est utilisé en Irlande et en Australie :
Dans ce cas, les résultats obtenus lors du test ne diffèrent pas forcément de ceux issus du scrutin de 2007. Cela dépend de la méthode de dépouillement et de la manière d'éliminer successivement les plus mauvais candidats et de répartir les voix qui se sont portées sur eux.
Mais laissons là la fiction politique. Bien après la lecture de l'article, quelque chose a fini par me venir à l'esprit. Les illustrations sont orientées. En effet, ces petites croix, ces numéros et ces bulles ne sont pas toujours placées au hasard. D'abord, leur disposition ne dépend pas du contenu de l'encadré qu'elles accompagnent. Par contre, toutes ont un point commun. Alors que 7 candidats sur 10 figurent alternativement dans les favoris ou les rejetés des électeurs fictifs, une seule est systématiquement placée dans la catégorie la plus négative : Marine Le Pen. (Nicolas Dupont-Aignan est à peine mieux traité.)
Ainsi, elle ne fait pas partie des trois exemples entourés dans le cas du vote par approbation. Elle est l'un des quatre auxquels la note 0/2 (la plus mauvaise) est attribuée dans le vote par note. Elle est (apparemment) la seule à être classée dans la catégorie la plus infamante du vote par jugement majoritaire : "A rejeter". Enfin, elle n'est même pas retenue dans les six candidats préférés de l'exemple du vote alternatif.
On retrouve ici un procédé déjà observé à propos des rapprochements photographiques effectués par Le Monde (entre autres) : si les journalistes s'interdisent l'expression d'une opinion personnelle dans le coeur de l'article, cette rigueur intellectuelle est moins souvent à l'oeuvre dans les illustrations.
P.S.
Si vous avez bien compté, il manque un candidat : 7 sur 10 tour à tour bien ou mal classés + 1 systématique mal classée + 1 autre presque toujours mal classé = 9. Il nous reste le cas Eva Joly : elle fait partie des trois candidats sélectionnés dans l'exemple du vote par approbation ; elle est notée 2/2 dans l'exemple du vote par note ; elle bénéficie de l'appréciation "Très bien" dans l'exemple du jugement majoritaire et elle est classée 4e (sur 10) dans l'exemple du vote alternatif. Etonnant, non ?
14:16 Publié dans Politique, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, presse, médias, presidentielle, élections, présidentielle, présidentielles
vendredi, 09 mars 2012
Détournement odieux
Je tiens à remercier Midi Libre, dont la Une de ce vendredi 9 mars m'a inspiré une blagounette d'une grande subtilité, comme vous allez pouvoir en juger :
J'en profite pour conseiller la lecture de ce quotidien qui, depuis une semaine, publie des articles en lien avec les 50 ans de la fin de la Guerre d'Algérie, notamment sur les rapatriés.
22:03 Publié dans Politique, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, presse, médias, actualité, sarkozy, présidentielle
samedi, 25 février 2012
N. Sarkozy toujours aux basques de Jeanne d'Arc
L'inauguration du QG de campagne de Nicolas Sarkozy a été l'occasion d'une belle opération de communication. On a fait visiter les lieux aux journalistes, qui ont noté la présence de telle ou telle photographie, de tel ou tel objet. Tout cela est calculé, bien entendu. Mais ces professionnels de l'information ont très rarement fait preuve d'une once d'esprit critique.
Ainsi, dans le bureau du candidat, situé à l'étage, sont accrochées diverses photographies, l'une le représentant en compagnie de Nelson Mandela, une autre en visite outremer (à Mayotte... sans Claude Guéant), une autre dans une usine (c'est vraiment le "président du peuple", hein). Le diaporama publié sur le site du Parisien nous permet de constater aussi la présence d'une affiche du film Jeanne d'Arc, de Victor Fleming, avec Ingrid Bergman :
La voici en grand :
D'après un journaliste de i>Télé, c'est son conseiller en communication Franck Louvrier qui la lui aurait offerte. Un cadeau dont la présence en ces lieux n'a évidemment rien d'innocent.
La Pucelle est présente aussi à travers la biographie que lui a consacrée l'historienne Colette Beaune (c'est l'édition de poche) :
On voit mieux le livre dans une vidéo mise en ligne sur le site du Parisien :
Voici la couverture :
On veut visiblement nous faire comprendre que notre président se cultive (il en a donc le temps !). Le choix de l'ouvrage est peut-être lié à la présence de l'historienne lors de la venue de Nicolas Sarkozy à Domremy, pour les 600 ans de la naissance de Jeanne.
Ce déplacement avait bigrement inspiré les internautes, qui ont produit à cette occasion une floppée de caricatures en général de bonne qualité.
16:51 Publié dans Jeanne d'Arc, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, sarkozy, présidentielle, médias, présidentielles
vendredi, 17 février 2012
"La France Forte"
C'est l'un des jeux du moment sur la Toile : le détournement de l'affiche officielle de la campagne de Nicolas Sarkozy, dont le titre est aussi le nom du site officiel.
La première info surprenante est que la photographie qui sert de base à l'affiche a été prise... en Grèce ! Très vite, les internautes (pas franchement admirateurs du président de la République) se sont déchaînés. Sur le site du Nouvel Observateur, on peut visionner une trentaine de parodies, ma préférée étant la numéro 15 (inspirée de l'affaire du catalogue La Redoute) :
Les amateurs de drogue dure trouveront encore plus de détournements ici et là. Il existe même un site (créé par les Jeunes Socialistes ?) permettant de créer sa propre parodie. Je me suis livré à l'exercice. Voici ce que cela donne :
Mais, point n'est besoin de site spécialisé pour s'amuser avec l'affiche de campagne. Avec des logiciels de base et un peu d'imagination, on peut se la jouer "classique", avec une référence au yacht de Vincent Bolloré :
Mais peut-être que, sur une affiche présidentielle, il conviendrait de ne laisser que le visage du candidat. Cela pourrait donc donner ceci (à partir d'une image récupérée ici) :
Je reconnais que ce n'est guère original. Les Guignols de l'info eux-mêmes, dans l'émission du 16 février, ont émis une hypothèse "classique" sur le lieu de la prise de vue :
Si l'on essaie d'élever le niveau, on peut associer le visage présidentiel aux résultats de la politique économique qu'il a menée durant son quinquennat. Vous allez voir comme cela donne tout son sens au regard de Nicolas Sarkozy. Commençons par l'évolution de la dette publique :
Continuons avec la courbe du chômage :
Je termine par deux remarques. La première est sur le démarrage de la campagne officielle du sortant. Le fait qu'une affiche, des vidéos et un site internet aient pu être lancés aussi rapidement prouve qu'elle est en gestation depuis des semaines, voire des mois. Il était donc plus que temps que Nicolas Sarkozy se déclare, ne serait-ce que par souci d'équité vis-à-vis de ses adversaires.
Le seconde remarque est la troublante proximité entre cette affiche et celle de François Mitterrand, en 1988, comme l'a relevé le quotidien gratuit 20minutes :
Le slogan, quant à lui, aurait été emprunté à la campagne de 1981 de Valéry Giscard d'Estaing. Il reste à savoir de quel ancien président Nicolas Sarkozy va connaître le sort : le vaincu piteux de 1981 ou le réélu triomphant de 1988 ?
13:54 Publié dans Politique, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, actualité, sarkozy, présidentielle, humour, photo