mercredi, 15 janvier 2014
De l'utilité de "Closer"
La "presse poubelle" peut-elle jouer un rôle civique ? Cette question, en apparence extravagante, me semble tout à fait pertinente dans le cadre des révélations du magazine Closer sur la liaison de François Hollande avec Julie Gayet.
Comme dans le cas de François Mitterrand et de sa fille adultérine Mazarine, la petite "élite" médiatico-politique parisienne était au courant, pendant que le bon peuple pensait que "Pépère" continuait de passer ses nuits aux côtés de la volcanique Valérie Trierweiler.
Un spectateur attentif du Grand Journal, présenté par Antoine de Caunes, a pu avoir la puce à l'oreille en décembre dernier, quand l'animateur a posé une drôle de question à l'actrice, son partenaire Stéphane Guillon trouvant la situation visiblement très cocasse. La réaction de Julie Gayet est elle-même fort instructive. D'abord gênée, elle réussit à détourner la conversation (sur les municipales et la candidature d'Anne Hidalgo... avec laquelle on avait jadis prêté une liaison à l'actuel locataire de l'Elysée).
Mais il semble que la relation soit plus ancienne que cela. Aujourd'hui, sur le site du Monde, a été mis en ligne un article consacré au photographe qui a pris les "clichés présidentiels". L'auteur y fait référence à une conversation remontant à janvier 2013, dans laquelle le paparazzi évoquait déjà la fameuse liaison.
Certains vont jusqu'à affirmer que la relation est née avant même l'élection de François Hollande. L'actrice l'avait soutenu pendant la campagne des primaires (en septembre - octobre 2011), puis à la présidentielle de 2012, comme le rappelle un article du Parisien :
Prenez le temps de regarder et d'écouter l'extrait vidéo mis en ligne par le quotidien. Le ton de la voix comme le langage corporel ne laissent pas de doute : en avril 2012, l'actrice est devenue une amie très très proche.
On a donc assisté au bal des faux-culs, aux éructations de nouveaux pères-la morale, stigmatisant le comportement de François Hollande, n'hésitant pas à le comparer parfois à Silvio Berlusconi... Soyons sérieux.
Comparons-le plutôt à ses prédécesseurs. De Gaulle était d'une autre époque. Né au XIXe siècle, il a, toute sa vie, été guidé par un sens de la discipline que l'on ne retrouve que rarement aujourd'hui. Il n'est pas impossible que son engagement politique ait été un moyen de sublimer ses pulsions sexuelles.
Ses successeurs ont été très portés sur les galipettes extra-conjugales. Giscard-d'Estaing comme Mitterrand et Chirac avaient contracté des mariages qui étaient surtout des arrangements de façade. Ils ont multiplié les conquêtes, tout en préservant (plus ou moins) la vitrine de respectabilité. C'étaient de sacrés hypocrites !
Finalement, Hollande ressemble plus à Sarkozy. (Ils sont d'ailleurs de la même génération, nés respectivement en 1954 et 1955.) Ils se sont longuement liés à des femmes par amour... et, la cinquantaine atteinte, ils ont cherché à refaire leur vie. Le comportement privé de l'actuel président n'est peut-être pas un modèle, mais c'est celui d'un bourgeois citadin du XXIe siècle qui, les cheveux gris venant, tombe comme par hasard dans les bras d'une pépée plus jeune d'une vingtaine d'années.
Le problème se pose à un autre niveau. La liaison présidentielle a-t-elle débouché sur une décision d'où le favoritisme n'est pas absent ? Le Canard enchaîné de cette semaine (dont les premiers numéros ont été distribués mardi soir) a soulevé un beau lièvre, en page 2 :
Est-ce pour plaire à François Hollande que la candidature de Julie Gayet a été proposée, en décembre dernier, pour nomination au jury de la Villa Médicis ? (Au passage, précisons que la fonction, essentiellement honorifique, ne rapporte pas grand chose à ceux qui l'exercent.)
Depuis que l'information circule, la tension est montée d'un cran. L'hebdomadaire satirique affirme que c'est la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, qui a eu l'idée. Celle-ci dément... et le directeur de l'Académie de France à Rome (nom officiel de la Villa Médicis) est -curieux hasard- immédiatement monté au créneau pour assumer la décision.
C'est là que cela devient cocasse. Le haut fonctionnaire est censé être à l'origine de la mesure. Pourtant, alors que l'arrêté de nomination de Julie Gayet n'a pas encore été signé par la ministre, un communiqué de la Villa Médicis l'avait annoncée officiellement, avant d'être supprimé. Cela serait-il possible sans -au moins- l'aval d'A. Filippetti ?
(Félicitons Le Monde pour avoir retrouvé et rendu accessible ce précieux document.)
J'ajoute que, personnellement, je n'ai rien contre l'actrice, que j'avais découverte dans les années 1990 (dans Delphine 1, Ivan 0 et Select Hôtel), et que j'ai revue avec plaisir dans la comédie grand public Quai d'Orsay.
Cette affaire nous amène à nous poser d'autres questions, certaines abordées dans un récent article du Monde. La sécurité du président est-elle bien assurée ? La révélation de sa liaison a-t-elle été orchestrée par la droite ? (Closer est la propriété du groupe Mondadori, dont l'actionnaire principal est Fininvest, holding présidée par une certaine Marina Berlusconi, qui a succédé à son célèbre papa.)
Cela me ramène à la question du début. Le Canard enchaîné (et, à sa suite, une brochette de journaux français) aurait-il évoqué le soupçon de favoritisme portant sur la nomination de Julie Gayet au jury de la Villa Médicis si la liaison de celle-ci avec François Hollande n'avait pas été révélée ? Dans le numéro paru mercredi, Erik Emptaz rappelle la position de l'hebdomadaire satirique quant à la vie privée des politiques. Certes. Mais quand cela déborde sur la vie publique ? Jusqu'à la semaine dernière, il était impossible au Canard enchaîné de parler de cette nomination sans révéler la liaison. Le magazine Closer aura donc rendu service à la démocratie s'il permet (involontairement) de rendre plus efficace la protection du premier personnage de l'Etat, tout en évitant une nomination de complaisance.
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mercredi, 29 mai 2013
F. Hollande et les mouches ruthénoises
La visite (très médiatisée localement) du président de la République à Rodez a donné lieu à une compétition acharnée entre les politiques locaux... pour apparaître sur les photographies aux côtés de François Hollande. Celui-ci devrait s'en réjouir car c'est le signe que, à gauche au moins, il n'est pas démonétisé.
Le quotidien aveyronnais Centre Presse a très vite mis en ligne deux diaporamas consacrés aux deux visites principales du président. Le plus intéressant des deux est sans conteste celui qui est composé des photographies prises sur le chantier du musée Soulages.
J'ai compté que sur les quinze photographies apparaissent au moins une fois 11 figures politiques locales... et celui dont la bobine est la plus présente n'est pas celui que l'on croit : il s'agit de Ludovic Mouly, le président de la Communauté d'agglomération du Grand Rodez, visible (totalement ou partiellement) sur 12 des 15 photographies ! Ce pro de la com' (récemment passé chez le coiffeur) remporte haut la main la compétition. Notons que sa présence s'explique car le musée Soulages est un projet communautaire et que, plus tôt dans la journée, le président ne se trouvait pas dans le chef-lieu, mais à Onet-le-Château, autre commune du Grand Rodez. Une question subsiste néanmoins : est-il un grand pote (ou un cousin éloigné) du photographe de Centre Presse ?
Sur le podium des politiques, la médaille d'argent est décernée à la ministre et conseillère générale Anne-Marie Escoffier, visible huit fois, malgré sa petite taille... et très souvent juste à côté de François Hollande. Quel métier ! Son expérience est perceptible dans le choix de ses habits. La veste qu'elle porte, d'un bleu très particulier, se remarque dans n'importe quel coin de photo !
A côté de ces deux renards, les autres font figure d'amateurs. Ancienneté et prestige oblige, on voit tout de même cinq fois le président du Conseil régional Martin Malvy. Juste après lui se trouve le maire de Rodez (et tout récent vice-président du même Conseil) Christian Teyssèdre, qui semble un peu faire la gueule. Se serait-il aventuré à demander une rallonge pour le musée Soulages et l'aurait-on éconduit ? Mystère.
En cinquième position, ô surprise, ce n'est pas un local de l'étape que l'on rencontre, mais le maire de Millau, Guy Durand, dont le teint étrangement hâlé contraste fortement avec la pâleur de l'assistance. Ce n'est pourtant pas dans les rues de la cité du gant qu'il a pu attraper de coup de soleil ces dernières semaines !
Avec trois apparitions, il est ex-aequo avec le maire d'Onet-le-Château (et 2e vice-président du Grand Rodez), Fabrice Geniez, stratégiquement placé à côté de la maquette du site du Foirail, une position que l'on imagine conquise de haute lutte.
Ce duo devance d'une courte tête un quatuor hétéroclite. On entraperçoit Jean-Louis Chauzy, le président du conseil économique, social et environnement régional (un conseiller municipal d'opposition en très bons termes avec le maire de Rodez). Le Sud Aveyron est à nouveau présent à travers le sénateur-maire de Saint-Affrique, Alain Fauconnier, accessoirement grand connaisseur des arcanes du PS midi-pyrénéen. Dans ce groupe, la parité est respectée, avec la députée de Villefranche-de-Rouergue (et conseillère régionale) Marie-Lou Marcel et la maire de Sébazac-Concourès (3e vice-présidente du Grand Rodez) Florence Cayla. Toutes deux ont fourni des efforts méritoires pour ne pas laisser aux mâles le monopole de la représentation politique :
Sur cette photographie, elles ne sont pas les seules à tendre le cou. Entre F Cayla et A-M Escoffier, on distingue nettement Jean-Philippe Sadoul, le maire (divers droite) de Luc-Primaube et premier vice-président de la Communauté d'agglomération. Sans sa présence, l'hégémonie radicale-socialiste aurait été totale !
Pour croiser les représentants locaux de l'opposition, il fallait se rendre, plus tôt, à l'usine Bosch. L'une des photographies du premier diaporama nous permet de repérer Jean-Claude Luche (le président du Conseil général) et Yves Censi (député UMP de Rodez).
Ils ont l'air un peu perdus dans cette ambiance ouvrièro-socialiste. Seraient-ils entrés par effraction ?
Incidemment, lorsque j'ai visionné le diaporama en grand format, dans le coin en haut à droite, une mention est apparue. D'habitude, c'est tout ce qu'il y a de plus innocent, mais, vu le contexte, j'ai trouvé cela cocasse.
Mais... mais, voilà que je me rends compte que j'ai oublié quelqu'un. Et pour cause : on le distingue à peine, une fois, sur l'une des photographies du diaporama "muséal" :
Vous ne voyez pas de qui il s'agit ? Bon, allez, je vous aide : un grand gaillard, sportif, dont la coupe de cheveux est (secrètement) jalousée par le Dalaï-lama... Oui, c'est le sénateur Stéphane Mazars !
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dimanche, 31 mars 2013
Des cloches qui apportent des oeufs... et des médailles
La promotion de Pâques de la Légion d'honneur confirme que la gauche, tout comme la droite, est très attachée aux décorations symboliques. Se confirme aussi une tendance déjà perceptible en janvier dernier : la volonté de distinguer le monde économique. Selon Le Monde, il représente 28 % des décorés, devant l'enseignement et la fonction publique. On devrait donc dire après la fonction publique au sens large (la majorité des enseignants étant fonctionnaires), qui cumule un gros tiers des hochets.
A ce propos, la lecture du principal décret (le quatrième de la liste parue au Journal Officiel) permet de constater que ce sont rarement les fonctionnaires "de base" qui sont récompensés. Aujourd'hui comme hier, on privilégie "l'élite", se contentant, ici ou là, de glisser le nom d'un prolétaire méritant.
Je me suis intéressé à une autre catégorie de décorés, les élus. Ils sont 48 sur un total 563, soit 8,5 %. (Et encore, je n'ai compté que ceux qui étaient clairement identifiés comme exerçant ou ayant exercé une fonction politique élective.) Rappelons que la France compte environ 600 000 élus, pour une population d'environ 65 millions d'habitants, soit un peu moins de 1 % du total. Les politiques sont donc surreprésentés. Qu'en est-il de leur origine géographique ?
Sans surprise, la région Ile-de-France arrive en tête, avec 9 élus : 2 pour Paris (Serge Blisko et Michèle Blumenthal - deux socialistes) et 7 pour la banlieue, dont 4 pour la Seine-Saint-Denis : Josiane Bernard, Daniel Guiraud, Gilbert Klein et Corinne Valls. Il me semble que deux d'entre eux ne sont pas socialistes (J. Bernard et G. Klein, communistes). L'ouverture est encore plus grande au niveau des autres banlieusards. S'il n'est pas étonnant de trouver Francis Chouat (successeur de Manuel Valls à la mairie d'Evry) dans cette liste, on pourra s'étonner de la présence de Gilbert Dijon (UMP) et de Pierre-André Wiltzer, qui a fait carrière sous les couleurs de l'UDF puis de l'UMP.
Viennent ensuite deux régions, avec 5 décorés chacune : Rhône-Alpes et Midi-Pyrénées. 4 des 5 heureux élus rhônalpins sont socialistes, la cinquième (Christiane Echallier) plutôt centriste. En Midi-Pyrénées, les cinq personnes sont issues de cinq départements différents. Un seul n'est pas de gauche : Pierre Montastruc, ancien député UDF de Haute-Garonne.
Le Tarn-et-Garonne voisin est représenté par le maire de Villemade, Francis Labruyère, membre du PRG :
Les autres sont tous socialistes, à commencer par Thierry Carcenac, ancien député et président du Conseil général du Tarn :
Il est accompagné de la Lotoise Geneviève Lagarde, adjointe au maire de Cahors et vice-présidente du Conseil général :
Voici enfin l'Aveyronnaise de la bande, Hélène Thibal, ancienne adjointe au maire de Saint-Affrique (de 2001 à 2008).
On reste dans le grand Sud-Ouest avec la région suivante, le Languedoc-Roussillon. 4 de ses élus (3 socialistes) ont été désignés, une seule venant des Pyrénées-Orientales (Renée Soum). Les trois autres sont gardois : Alain Journet (ancien sénateur-maire du Vigan et ancien président du Conseil général), Jean Denat (actuel vice-président du Conseil général) et Renée Bouvier (maire divers gauche du Cailar).
Cinq régions ont deux élus au palmarès : la Franche-Comté, la Lorraine, le Nord-Pas-de-Calais, la Picardie et le Poitou-Charentes. C'est dans ce dernier cas qu'il est intéressant de relever les noms : Maxime Bono (maire PS de La Rochelle) et Jean-François Douard (maire divers droite de Lagord, en Charente-Maritime). Cela nous ramène aux législatives de 2012, qui ont vu la défaite de Ségolène Royal face à Olivier Falorni, socialiste dissident soutenu par une partie de la gauche... et de la droite. Durant la campagne, Maxime Bono (le sortant qui avait eu l'amabilité de ne pas se représenter) avait apporté son soutien à Ségolène Royal. Le voilà promu officier sur le contingent du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, presque un voisin.
Il est beaucoup plus étonnant de voir figurer sur la liste le nom de Jean-François Douard, un divers droite proche de Dominique Bussereau (rival de Ségolène dans la région). Durant la campagne des régionales, en 2010, le maire de Lagord s'était même laissé aller à des propos outranciers à l'égard de la candidate socialiste. Notons qu'il est nommé sur le contingent de la ministre de la Réforme de l’État, de la Décentralisation et de la Fonction publique, au titre de la Décentralisation. C'est donc soit aux bons soins de Marylise Lebranchu, soit à ceux d'Anne-Marie Escoffier que ce bretteur de droite doit sa décoration.
Les autres régions sont représentées par un seul décoré : Aquitaine, Basse-Normandie, Bourgogne, Bretagne, Centre, Pays-de-la-Loire, Provence-Alpes-Côte-d'Azur et Alsace, celle-ci avec Philippe Richert, président UMP (tendance centre-droit) du Conseil régional. On n'a pas oublié l'outre-mer, avec la Guadeloupe, la Martinique et la Réunion. Même les Français de l'étranger (pas forcément de gauche) ont eu leurs décorés (trois) !
Cette brochette éclectique laisse toutefois quelques territoires à l'écart, notamment quatre régions de France métropolitaine, dont deux de cœur du président de la République : la Haute-Normandie (où il a passé les 14 premières années de sa vie) et le Limousin (sa terre d'élection). Les élus de Corse et d'Auvergne vont eux aussi devoir patienter un peu avant de décrocher de nouveaux hochets !
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jeudi, 14 juin 2012
Un plat qui se mange froid
C'est à ce proverbe vengeur que m'a fait penser l'attitude de Valérie Trierweiler, dont le "touitteur" (faute d'orthographe à la clé) a fait couler beaucoup d'encre. Mais commençons par le contexte des législatives : c'est le déclencheur, ou plutôt l'occasion sur laquelle la nouvelle Première Dame a bondi.
De 1988 à 2007, Ségolène Royal a été députée de la deuxième circonscription des Deux-Sèvres (toujours élue au second tour). Devenue présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes en 2004 (facilement réélue en 2010), elle décide de ne plus cumuler cette fonction avec celle de députée. En 2007, elle lance donc Delphine Batho, élue assez facilement au second tour.
Le problème est que la carrière nationale de Ségolène Royal a connu trois coups d'arrêt. En 2007, elle a été assez nettement vaincue au second tour de la présidentielle (par Nicolas Sarkozy), puis écartée de la direction du PS par Martine Aubry en 2008. En 2011, c'est la grosse déception du cinglant échec au premier tour des primaires à gauche. Marie-Ségolène songe donc à redevenir députée... pour briguer un poste à la mesure de son égo : la présidence de l'Assemblée nationale.
Encore faut-il trouver un point de chute. Il semble qu'elle n'a pas envisagé de récupérer la circonscription laissée à Delphine Batho, devenue une étoile montante du PS. Elle a fait partie de l'équipe de campagne de François Hollande, qui l'a intégrée au premier gouvernement Ayrault. Elle a d'ailleurs été brillamment réélue au premier tour, le 10 juin. (Et comme elle a fini par quitter son logement de la ville de Paris -à loyer préférentiel, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.)
Dans la région, d'autres circonscriptions semblent fermement tenues par l'UMP. Trop risqué... Or, il se trouve que, dans le département (voisin) de Charente-Maritime, le député sortant (successeur de Michel Crépeau depuis 1999) Maxime Bono ne se représente pas, préférant se consacrer à la commune de La Rochelle. Il soutient l'arrivée de Ségolène Royal sur la circonscription. Il l'a dit et répété sur son blog.
Mais les militants socialistes locaux ont désigné Olivier Falorni, adjoint au maire de La Rochelle, conseiller régional et figure locale du PS. C'est là que cela devient intéressant... parce que l'article du Monde auquel mène le lien précédent n'évoque pas que le classique conflit entre les militants locaux et les instances nationales d'un parti, il signale que M. Falorni est depuis longtemps un soutien de François Hollande et qu'il n'a jamais porté Mme Royal dans son coeur. Il est donc possible que le parachutage de la présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes dans cette circonscription-là ait des implications autres que strictement politiques.
Cela nous amène donc à Mme Trierweiler, compagne de François Hollande depuis 2005, alors que la rupture de celui-ci avec Ségolène Royal n'a été rendue publique qu'après la présidentielle de 2007. Pendant cette campagne, la candidate socialiste a tout fait pour préserver les apparences concernant le couple médiatique qu'elle formait avec le premier secrétaire du PS. Courant été 2006 (alors qu'elle était de fait séparée de lui depuis un an environ), elle osait évoquer un possible mariage entre eux. (On imagine la réaction de Valérie Trierweiler...). En mars 2007, elle faisait meeting commun avec François Hollande, petit bisou à la clé :
Mais on ne savait pas tout. Un article publié dans Le Monde daté du 14 juin 2012 nous révèle quelques secrets d'alcôve :
Si l'on résume : en 2007, Ségolène Royal s'est lancée dans les primaires socialistes pour couper l'herbe sous le pied de François Hollande et se venger ainsi de son infidélité. Elle a même tenté d'évincer Valérie Trierweiler de son entourage... et elle a remis le couvert en 2011 ! On comprend l'agacement de celle qui partage la vie du nouveau président depuis 2005. On comprend aussi qu'elle n'ait pas pu se résoudre à voter Royal en 2007, ni au premier tour (où elle a choisi Dominique Voynet), ni au second (où elle s'est abstenue).
Et voilà qu'en juin 2012, Marie-Ségolène lui offre, sur un plateau, l'occasion de se venger : elle se retrouve en ballottage défavorable face à Olivier Falorni.
Je dois dire qu'humainement, je comprends le geste de Valérie Trierweiler, dont la vie sentimentale récente a été empoisonnée par l'ex de son mec. Après tout, citoyenne comme une autre, elle a le droit de préférer son rival et de le dire. Mais, compagne du président de la République, elle aurait dû se montrer plus discrète. Elle ne bénéficie d'aucune légitimité républicaine (elle n'a pas été élue). Je n'apprécierais pas de voir se former une coterie d'influence autour d'elle.
P.S.
Rétrospectivement, on réalise aussi que la mise à l'écart de Julien Dray n'est pas due qu'à sa gaffe d'inviter DSK (en fait Anne Sinclair... mais qui osera prétendre qu'on s'attendait à ce qu'elle vienne seule ?) à son anniversaire sans en avertir les dirigeants du PS. L'ancien député de l'Essonne est aussi connu pour être un proche de Ségolène Royal. Mais je pense quand même que le couple Hollande-Trierweiler ne devait pas trop apprécier l'ancien directeur général du FMI. Un passionnant portrait du Monde, publié le 7 mai 2012, révélait qu'Anne Sinclair était furieuse que, parmi les dirigeants socialistes, le seul à n'avoir pas contacté DSK depuis sa mise en cause aux Etats-Unis était François Hollande.
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lundi, 04 juin 2012
Continuité républicaine
A la fin du mois de mai, il a été procédé à l'élection du nouveau président du Conseil général de Corrèze (pour les raisons que vous imaginez). Mettre "président" au masculin est une évidence dans ce département, qui ne compte que 4 conseillères pour 33 conseillers (9 sur 46 dans l'Aveyron, si je ne m'abuse) : Régine Delord, Sophie Dessus, Dominique Grador... et Bernadette Chirac (79 ans quand même...).
Comme elle est la doyenne de l'assemblée, elle a ouvert la séance qui avait pour but d'élire le successeur de François Hollande. D'après La Vie corrézienne du 1er juin 2012, elle a renouvelé, "très civilement, ses félicitations et ses voeux de succès à François Hollande".
Le successeur socialiste de celui-ci, Gérard Bonnet, lui a rendu la politesse, en la plaçant à ses côtés, au centre de la nouvelle photographie de groupe, parue dans plusieurs journaux, dont L'Echo :
Pourquoi diable m'intéressè-je à cet événement somme toute très anecdotique, de surcroît survenu dans un autre département ? Tout simplement parce que le nouveau président du Conseil général de Corrèze est né en Aveyron, à Brandonnet, dans l'ouest du département :
D'après La Dépêche du Midi, il fut même maire de la commune entre 1977 et 1983.
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vendredi, 18 mai 2012
Hollande s'inspire (un peu) de Sarkozy
La découverte du casting gouvernemental m'a quelque peu interpellé. C'est fou comme certains choix présidentiels (ce n'est évidemment pas Jean-Marc Ayrault qui a pesé le plus dans les nominations) semblent ressembler à ceux de 2007.
Ainsi, François Hollande a choisi comme Premier ministre un homme qui ne lui ferait pas d'ombre, tout comme Nicolas Sarkozy avait choisi François Fillon. De surcroît, il a nommé quelqu'un dont il sait qu'il lui sera fidèle. La différence est que les liens entre Hollande et Ayrault sont anciens, alors que le rapprochement Fillon-Sarkozy remontait à 2005 (quand Fillon avait été "débarqué" du gouvernement).
La ressemblance continue aux Affaires étrangères : un ancien Premier ministre, Laurent Fabius, succède à un autre, Alain Juppé. Les deux ont été considérés comme "présidentiables" à un moment de leur carrière... et ils auraient pu être des rivaux pour le président qu'ils ont finalement décidé de servir. La différence est que Juppé n'a atterri aux Affaires étrangères qu'après une série de péripéties, qui l'ont mené du Développement durable à la Défense... en passant par la démission, suite à une défaite aux législatives. En nommant Laurent Fabius, Hollande rassure à l'étranger, où le bonhomme est connu. C'est peut-être aussi l'indication qu'il ne va pas y consacrer la plus grande partie de son énergie. On notera aussi que le ministre délégué aux Affaires européennes, Bernard Cazeneuve, n'est pas un spécialiste, signe que c'est le duo Hollande-Ayrault (celui-ci germanophone) qui va piloter les relations avec l'UE.
L'Education nationale confirme la première impression. L'agrégé de philosophie Vincent Peillon succède (à 5 ans d'écart) à l'agrégé de lettres Xavier Darcos. Le passé montre qu'il ne suffit pas d'être un brillant produit du système éducatif français pour savoir correctement le gérer.
Le ministère de la Justice est de nouveau l'occasion de promouvoir un représentant des "minorités visibles". Christiane Taubira sera-t-elle la Rachida Dati du gouvernement de gauche ? Elle n'est a priori pas plus compétente qu'elle dans le domaine juridique (c'est plutôt une économiste de formation), mais, contrairement à l'ancienne garde des Sceaux, elle a derrière elle une belle expérience politique et plusieurs mandats locaux et nationaux. François Hollande a donc voulu nommer une politique chevronnée, militante de gauche, pas une technicienne en droit. C'est aussi une manière de récompenser la mouvance "montebourienne" du PS, qui l'a soutenu au second tour de la primaire socialiste. C'est enfin un signe en direction de l'outre-mer, dont l'électorat l'a en général plébiscité : en Guyane (département dont C. Taubira est l'élue), il est arrivé en tête du premier tour de la présidentielle (avec 42,61 % des voix) et l'a largement emporté au second (avec 62,05 % des voix).
Passons à l'Economie, où il fallait un "poids lourd", compte tenu des enjeux actuels. Pierre Moscovici correspond au profil... et son cas n'est pas sans ressembler à ceux de Jean-Louis Borloo et François Baroin. Comme le premier, il ambitionnait de décrocher le poste de Premier ministre. Comme le second, il était d'une autre obédience que celle du président élu (chiraquienne pour Baroin, strauss-kahnienne pour Moscovici). On remarque aussi que les trois hommes ont une petite réputation de dilettante. C'est peut-être révélateur du fait que la politique économique ne se décidera vraisembleblement pas à Bercy...
C'est un autre "poids lourd" qui a été nommé au ministère du Travail : Michel Sapin, qui se serait sans doute aussi bien vu à l'Economie... voire à Matignon. C'est un "bon soldat", un peu à l'image de ce que fut Xavier Bertrand, même si le socialiste semble avoir plus d'envergure.
Il est possible que le gouvernement compte sa Rama Yade : Najat Vallaud-Belkacem. Les deux femmes sont nées à l'étranger (respectivement au Sénégal et au Maroc), mais les familles n'appartenaient pas à la même catégorie sociale (beaucoup plus aisée pour les Yade). Elles sont passées par Sciences Po Paris. Toutes deux ont été nommées à un poste symbolique : les Droits de l'homme et le Droit des femmes. Toutes deux sont d'une grande beauté... et d'une certaine timidité quand il s'agit d'affronter le suffrage universel. Le temps nous dira si le nouveau porte-parole du gouvernement a plus de fond que l'ancienne ambassadrice à l'Unesco.
Le portefeuille de l'outre-mer semble destiné à être occupé par un élu ultramarin. A la Guadeloupéenne Marie-Luce Penchard (elle-même fille de Lucette Michaux-Chevry, qui fut deux fois ministre) succède son grand rival Victorin Lurel qui, rappelons-le, fut le seul président de Conseil régional reconduit à l'issue du premier tour, en 2010. Signalons qu'avec George-Pau Langevin (nommée à la "Réussite éducative"), cela donne finalement 3 membres du gouvernement issus des anciens DOM-TOM.
Enfin, il faut toujours caser un trublion, auquel on doit beaucoup. Ce fut le cas de Patrick Devedjian, chargé (de 2008 à 2010) de "la mise en oeuvre du plan de relance". C'est aujourd'hui le cas d'Arnaud Montebourg, qui se voit attribuer le "redressement productif". Dire que c'est à cause de ce genre de gadget qu'on va nous priver (un peu) d'Audrey Pulvar !
Je vais m'arrêter là. Bien entendu, les différences entre les gouvernements Ayrault et Fillon sont plus grandes que les ressembances, mais certaines coïncidences n'en sont pas moins troublantes. Faut-il y voir le résultat de l'action de conseillers en com' plus ou moins inspirés ?
Il reste un aspect comique, scato-sexuel, qui n'a pas échappé à la presse : on passe d'un "trou du cul" [Fi(ll)on] à une "tête de noeud"... "Ayrault" se prononçant, pour les arabophones, comme le mot "pénis" en argot !
14:42 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : hollande, françois hollande, politique, sarkozy, actualité
jeudi, 17 mai 2012
Le patrimoine de François Hollande
Sa déclaration a été publiée au Journal Officiel du 11 mai... 5 ans, jour pour jour, après celle de Nicolas Sarkozy. On remarquera que François Hollande, juridiquement célibataire, mais partageant en réalité la vie de Valérie Trierweiler, ne mentionne pas la profession de la nouvelle Première Dame.. alors que Nicolas Sarkozy avait eu le culot d'écrire que Cécilia était "sans profession"...
Ceux qui attendent du nouveau président une loi très restrictive sur le cumul des mandats devraient méditer le fait que le candidat était député et président du Conseil général de Corrèze. Je leur conseille aussi de consulter le pedigree des nouveaux ministres, visible sur le diaporama proposé par le quotidien La Croix : le premier gouvernement Ayrault compte une brochette de cumulards (mais heureusement fort peu de "vieilles figures" du PS).
Revenons au patrimoine de François Hollande, essentiellement constitué de biens immobiliers (c'est très français, ça... tout comme la prédilection de N. Sarkozy pour l'assurance-vie). Première surprise : il ne possède rien en Corrèze, ni à Paris (il loge dans le XVe arrondissement, rue Cauchy), ni en Normandie, où il est né et a passé sa jeunesse (pas plus qu'à Neuilly, où il vécut adolescent). Il est donc locataire... ou bénéficie d'au moins un logement de fonction : certains présidents de Conseil général y ont droit. Je me demande si c'est son cas.
Mais François Hollande est tout de même propriétaire (ou copropriétaire) d'une maison, à Mougins, et de deux appartements, à Cannes. Les deux communes sont situées dans le département des Alpes maritimes, à proximité l'une de l'autre : on peut considérer que Mougins fait partie de l'agglomération cannoise.
J'ai colorié le territoire de la commune de Cannes en brun... puisque c'est là que réside le père du nouveau président de la République, qui déclare avoir voté pour son fils au second tour... mais on sent qu'une dame blonde a sans doute eu sa faveur au premier tour. En rose, j'ai colorié le territoire de la commune de Mougins. (Nice est la grande commune littorale située au nord-est de Mougins, un peu au-dessus du "M" de Mer.)
Quand on consulte les résultats des élections, on se dit que François Hollande n'a pas investi en terre amie. Aussi bien Cannes que Mougins ont plébiscité Nicolas Sarkozy (à respectivement à 68,8 % et 73,28 % au second tour), qui était de surcroît arrivé largement en tête au premier tour, recueillant 44,4 % et 47,57 % des suffrages exprimés. Comble de l'humiliation, dans les deux communes, c'est Marine Le Pen qui était arrivée deuxième, avec 21,59 % et 19,19 % des voix. F. Hollande avait terminé troisième, avec 17,74 % et 15,1 % des voix.
Autre curiosité du patrimoine "hollandais" : il ne signale la possession d'aucun véhicule (alors que Nicolas Sarkozy avait déclaré une Austin mini... ça ne s'invente pas ! Notons aussi que ce n'est pas une voiture de fabrication française...). Il est vrai qu'en tant que président du Conseil général de Corrèze, il bénéficiait d'un véhicule de fonction (avec chauffeur ?). Plus surprenant, à Paris, jusqu'au début de la campagne présidentielle, il circulait... en scooter.
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samedi, 12 mai 2012
Premier "Groland" de l'ère Hollande
La fine équipe s'en est donné à coeur joie ce samedi (sadi, pour les initiés). Dès le début de l'émission, on sentait que le résultat du second tour de l'élection présidentielle française n'était pas pour déplaire au présentateur du JT :
Le premier sujet développé était sportif : la "régate des emmerdes" est une manière ludique d'analyser le scrutin du 6 mai... et ce qui attend "Régime minceur", vainqueur de "Bolloré-Fouquet's":
Il a aussi été question du positionnement des médias durant le dernier quinquennat. On se demande longtemps ce qui peut inquiéter Michael Kael :
Toujours prête à rendre service, l'équipe de Groland a proposé un moyen imparable d'éviter que des invités ne s'incrustent lors d'une soirée, surtout s'il est question de politique :
De retour à l'actualité "sérieuse", l'émission s'est intéressée au rejet de la loi sur le harcèlement (par le Conseil constitutionnel), à travers un reportage "engagé" de Francis Kuntz :
Les faits de société ne sont donc pas absents de ce journal très politique. C'est ainsi qu'il a été question des effets révolutionnaires d'une pizza :
Mais, très vite, on est revenu au "président normal". Celui-ci commence à déteindre sur son voisin grolandais, qui doit (ré)apprendre quelques gestes de la vie quotidienne, avec plus ou moins de réussite :
Le show-biz est lui aussi contaminé par la "normalitude", à travers Albert Dupontel, venu en pote expliquer comment on peut être un artiste pété de thunes et un actif "normal" :
Mais l'actualité n'est pas toujours aussi joyeuse. Certains de nos compatriotes souffrent dans leur vie quotidienne, faite d'humiliations et de renoncements. La solution ? Peut-être celle-ci :
L'équipe de Groland s'en est aussi pris à la vision apocalyptique que certains adorateurs du président déchu ont tenté de transmettre, imaginant, par exemple, que France Inter est devenu un vecteur de la propagande islamiste :
J-E Moustic, toujours caustique, en a remis une couche, en présentant un fait divers qualifié de "sarkozyste" :
L'émission s'est achevée par une série de brèves, dont une exclusivité : le nom de la nouvelle correspondante de TF1 à Tulle :
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jeudi, 10 mai 2012
Toujours cette obsession...
Google est décidément un moteur de recherche très utilisé... y compris par les cons. Certains d'entre eux ont une véritable obsession antisémite, au point de leur faire systématiquement chercher si telle ou telle personnalité connue est juive. Du coup, quand l'internaute moyen est en quête d'information sur une vedette du moment ou un homme de pouvoir, il n'a pas le temps de terminer d'écrire sa requête que Google lui propose plusieurs propositions pour l'achever... parmi lesquelles figure presque toujours la mention "juif" ou "juive".
J'en ai déjà parlé en octobre 2011 mais cela m'a à nouveau sauté aux yeux lors de la campagne des élections présidentielles. Voici ce que j'ai pu voir en effectuant une recherche sur François Hollande :
Rebelote quand je me suis intéressé au cas de sa compagne, Valérie Trierweiler :
C'est d'autant plus ridicule que le nouveau président de la République est le fils de "Normands pur sucre", son père Georges ayant même milité à l'extrême-droite, dans la mouvance de Jean-Louis Tixier-Vignancour, dont on ne peut pas dire qu'il se signalait par une grande affection pour les juifs.
Concernant Valérie Trierweiler, on peut penser que c'est son patronyme, à consonnance germanique, qui a éveillé les "soupçons" des antisémites... sauf que c'est le nom de son ancien mari (le second), Denis (qui a lui aussi travaillé pour Paris Match). Elle est née Valérie Massonneau, dans une famille angevine. Attention toutefois : elle a des ancêtres banquiers, mais leurs descendants vivent de manière beaucoup plus modeste !
23:18 Publié dans Politique, Presse, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hollande, politique, société, presse, médias
mardi, 24 avril 2012
Flanby strikes back !
Le candidat du Parti socialiste a été souvent moqué durant cette campagne électorale. Qualifié de "mou", de "fade" voire de "capitaine de pédalo", il a même fini par être associé à un dessert peu glorifiant. Voilà que le résultat du premier tour donne lieu à un retournement de sens. De péjorative, la référence au "Flanby" devient valorisante, au second degré. C'est la revanche du Mou !
On partait de loin. Fin 2011, non sans talent, un blogueur gauchisant greffait une tête de François Hollande (non amaigri) sur un corps "flanbesque", plutôt pour suggérer le pathétique du personnage :
Six mois plus tard, la même image peut se lire comme un surgissement victorieux inattendu... et plutôt sympathique. Cela n'a sans doute pas vaincu les réticences de ceux qui se voyaient mal glisser un bulletin "François Hollande" dans l'urne. Encore fallait-il parvenir à réaliser ladite opération :
Alors, pas assez mou pour rentrer dans une enveloppe... mais trop pour faire prise à une persécution vaudoue ? Les avis divergent sur la Toile (et, comme tous les fans de Desproges le savent, "dix verges, ça fait beaucoup") :
Du coup, on est moins étonné de voir Sondron dessiner le dessert en question remporter une course aussi importante :
A l'extrême-gauche (!) de la caricature sont disposés deux éléments de l'anatomie du troisième de la course : une jambe féminine et un groin, allusion peu délicate à Marine Le Pen, bien entendu.
De vainqueur, Flanby devient même source d'humiliation pour son concurrent direct :
Notons que l'internaute s'appuie ici sur une caractéristique importante du désormais célèbre dessert. Il manque toutefois une référence à la languette. Ajoutons que le perdant est mauvais joueur. S'il est devancé, c'est forcément que les gens ont mal compris ou voté pour de mauvaises raisons. Il y a aussi l'idée que Nicolas Sarkozy ne supporte pas d'être mis en difficulté par quelqu'un qu'il méprise.
Du coup, Flanby jubile, tantôt discrètement...
... tantôt plus ostensiblement :
Devrait-on désormais écrire "Flamby" le flambeur, nouveau candidat rayonnant ? Le paradoxe est que ces deux dernières représentations, qui pourraient rendre compte fidèlement de l'humeur du candidat arrivé en tête du premier tour de la présidentielle, datent des primaires socialistes. Faut-il en conclure que Nicolas Sarkozy et l'UMP ont, tout comme ses camarades socialistes, sous-estimé le potentiel du Corrézien d'adoption ?
Mais le symbole le plus réussi est à mon avis le détournement du poing à la rose, devenu "poing au Flanby", dans un geste aussi culinaire que révolté :
Ici encore, à l'origine de l'image se trouve un blogueur (de gauche... décidément) très critique vis-à-vis du supposé manque de fermeté des convictions de François Hollande. Aujourd'hui, après le premier tour de la présidentielle, ce symbole peut être retourné en faveur du candidat rassembleur, qui a su passer outre le mépris de certains bien-pensants de son propre camp.
04:51 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, élections, présidentielle, hollande, ps, parti socialiste, élection présidentielle
samedi, 21 avril 2012
L'affiche de François Hollande
Celle de Nicolas Sarkozy a suscité beaucoup de sarcasmes... et de détournements. Celle de son adversaire social-démocrate, si elle se prête moins à ce genre de plaisanterie, est par contre plus riche de sens.
Je me retrouve en partie dans les analyses publiées dans un article de L'Express et le billet d'un blog consacré à l'image.
On a très vite tracé un parallèle avec l'affiche de 1981 de François Mitterrand (la photographie prise dans la Nièvre ayant été légèrement retouchée) :
C'est le paysage rural, situé à l'arrière-plan, qui a incité les commentateurs à faire le rapprochement. On note toutefois l'absence du clocher sur celle prise en Corrèze pour François Hollande. D'autres différences apparaissent. Le candidat de 1981 se positionne clairement à gauche, alors que celui de 2012 est en position centrale (-iste ?). De plus, si Mitterrand regarde vers la gauche de l'affiche, Hollande fixe les passants du regard.
Il est tout de même sidérant qu'aucun des candidats (à part peut-être Jacques Cheminade) ne fasse figurer un paysage urbain sur son affiche de campagne, alors que 80 % de la population française vit en ville !
Mais revenons à celle de François Hollande. Son positionnement centriste se trouve confirmé par l'absence de rose et de rouge, le bleu étant la couleur dominante (habituellement monopolisée par la droite). On aurait pu s'attendre à une cravate rosée. C'est la continuation de ce qui était déjà apparu au cours des primaires socialistes.
Une analyse plus serrée de l'image permet de tirer d'autres conclusions :
Commençons par l'arrière-plan. La tête du candidat se dégage bien, dans le ciel... et même au-dessus des nuages, histoire sans doute d'éviter les plaisanteries faciles. Le buste se trouve au niveau du paysage rural. On présume que les pieds sont solidement posés sur le sol. Le message est clair : le candidat est au contact de la "vraie vie", mais il est aussi capable d'évoluer dans les "hautes sphères".
Je note que, malgré ses 57 ans et demi, François Hollande ne semble pas avoir de cheveux gris, à l'exception de la tempe droite. Hum... Les lunettes font "moderne". Il apparaît là encore que l'on veut rassurer les électeurs : ce personnage ancré dans la tradition est censé permettre à la France de se moderniser dans la douceur.
Il reste ce sourire énigmatique, à peine esquissé, que certains observateurs ont rapproché de celui de la Joconde. Encore faut-il recadrer les images de manière à pouvoir les comparer :
Outre le sourire, il y a le paysage rural indéfini en arrière-plan et cette espèce "d'enfumage" (sfumato), le flou artistique qui ne permet pas de bien distinguer les contours. Par contre, les deux visages (tout comme les regards) ne sont pas orientés de manière identique.
Finalement, je me demande si les socialistes n'auraient pas pu utiliser un autre fond pour l'affiche...
16:37 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, ps, parti socialiste, élections, présidentielle, présidentielles, hollande
samedi, 28 janvier 2012
Troisième salve sur Jeanne d'Arc
J'ai attendu qu'un peu de temps soit passé avant de procéder à un dernier sondage de la Toile. Cela m'a permis de récupérer des caricatures publiées dès le début du mois de janvier (et qui m'avaient échappé) ainsi que d'autres, plus récentes. On peut les classer en plusieurs catégories.
Logiquement, ainsi que je l'ai relevé dans mon premier billet consacré à ce sujet, on remarque que les dessinateurs internautes ont souvent choisi d'illustrer la concurrence entre Nicolas Sarkozy et le Front national. Ainsi, Romain Broussard (qui a un joli coup de pinceau numérique, je trouve), pointe le côté nécrophile de la tentative de récupération :
Reste à savoir qui prend l'avantage sur l'autre. Reginald Stockart propose une interprétation ambiguë :
Nicolas Sarkozy est-il à la poursuite de la Pucelle, dont il essaie de récupérer une partie de l'aura dont elle jouit auprès de la population française ou bien a-t-il une longueur de retard sur une grande blonde (Marine Le Pen) dans la récupération de Jeanne ?
C'est aussi ce que semble sous-entendre Frap :
Mais plusieurs caricaturistes ont plutôt senti que le président de la République avait réussi son coup. Ainsi, sur le site islamogauchiste al-har, on trouve l'une des rares représentations (peu ressemblante) d'un Jean-Marie Le Pen furieux :
Aurel, lui, a choisi de montrer le dépit de sa fille Marine, qui peine(rait) à recueillir les 500 parrainages nécessaires à sa candidature à l'élection présidentielle :
On retrouve ici je jeu de mots sur les "voix" (celles qu'on croit entendre et celles qu'on espère récupérer). Au passage, je suis d'avis qu'il y a une belle hypocrisie chez ceux qui évoquent la collecte des 500 parrainages. Tout le monde sait très bien que Marine Le Pen sera candidate en 2012 et donc qu'elle aura recueilli les fameuses 500 signatures. Mais, comme le nombre d'élus FN est trop faible, elle a besoin du paraphe de politiques qui ne sont pas de sa sensibilité... et ceux-ci ne doivent pas donner l'impression qu'ils donnent leur parrainage trop facilement... N'oublions pas que 2014 sera une autre année électorale cruciale, pour le personnel politique local.
Sur Rue89, j'ai trouvé une autre illustration du rôle des voix, que l'on trouvera plus ou moins angélique :
La réponse de Jeanne a aussi souvent inspiré les dessinateurs de la Toile, soit en réponse brute de décoffrage, dans le style très stylisé de Z'arno (dont je recommande le blog, où l'on peut notamment trouver une fort belle illustration des ralliements de droite à François Bayrou...) :
... soit en liaison avec les Le Pen, comme chez Axl :
On remarque aussi que, dans l'épopée johannique, certains caricaturistes privilégient l'image du bûcher. Il s'agit éventuellement de suggérer que l'on inflige un nouveau supplice à la pauvre Jeanne, comme sur le site lafenschagauche :
Si l'association avec la flamme du FN n'est pas des plus originales, l'ajout du commentaire de Jeanne ne manque pas de sel.
Mais, plus fréquemment, le bûcher est relié à l'avenir politique de Nicolas Sarkozy, qu'on imagine sombre, comme sur Bakchich :
Le point de vue est encore plus militant sur le blog de Joël Heirman (on passe du questionnement hypothétique à l'invitation à l'action) :
Quand ce n'est pas le bûcher qui a inspiré les dessinateurs, c'est le verbe "bouter"... parfois de manière vraiment peu subtile, comme sur onceuponatribe, qui propose un drôle de mélange entre Jeanne d'Arc, Claude Guéant, l'expulsion des immigrés et les élections à venir :
Mais c'est parfois plus élaboré. J'ai noté le lien étabi avec la difficulté à lutter contre la crise économique, par exemple chez Iturria :
Les lecteurs attentifs auront remarqué l'erreur de datation sur le site de Sud-Ouest. Le dessin a été mis en ligne le 7 janvier, pour une publication papier dans l'édition du 8 janvier (2012), qui était bien un dimanche, contrairement au 8 décembre (2011), qui était un jeudi.
La meilleur caricature du genre est pour moi celle de Makowh :
Il réussit le tour de force de réunir la pêche aux voix, le verbe "bouter" (jeux de mots à la clé) et la crise économique... avec, en bonus, l'assimilation des électeurs aux moutons ! Cela nous ramène d'ailleurs aux représentations du FN. Nombre d'internautes, dessinateurs (comme Damien Chavanat) ou pas, pensent que ceux qui tombent dans le panneau (qu'il soit tendu par N. Sarkozy ou M. Le Pen) sont des benêts :
Mais le plus étonnant est qu'en raison de la richesse de l'actualité du mois de janvier, François Hollande a fait irruption dans les commentaires johanniques, ainsi que je l'avais déjà remarqué dans mon deuxième billet consacré à ce sujet. Nicolas Sarkozy doit se battre sur deux fronts... et, finalement, le plus périlleux n'est pas celui qu'on croit, selon Mediapart :
C'est au point que Jeanne est parfois représentée (par Reginald Stockart) préférant le président du Conseil général de Corrèze à l'ancien maire de Neuilly :
Cela culmine quand, au Panthéon hollandien, sous la plume de René Le Honzec, la Pucelle fusionne avec la référence mitterrandienne, la seule véritablement revendiquée par le candidat du PS :
Notons que ce dessin est une sorte d'image en miroir de celui proposé la veille :
Mais cessons-là l'examen de ces tentatives de récupération (que l'on pourrait poursuivre, tant l'iconographie johannique numérique est riche). Sachez qu'elles ont lassé certains internautes, qui n'ont voulu représenter la Pucelle que vierge de toute référence politique. C'est sans doute à une femme, Ancelotte, que l'on doit la production la plus exaspérée :
Plus douce (voire sulpicienne) est la protestation de Bap (signature de "blogue à part") :
C'est d'ailleurs sur le même site que, deux jours plus tard, on peut trouver l'une des plus belles représentations de Jeanne en armes... mais neutre politiquement :
Cette dernière est une sorte de pied-de-nez aux nationalistes intransigeants, puisqu'elle est un détournement de la statue d'Emmanuel Frémiet, située place des Pyramides, qui elle-même fait l'objet d'un détournement de sens par le Front national :
16:31 Publié dans Jeanne d'Arc, Politique, Web | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : histoire, actualité, actualite, politique, médias, jeanne d'arc, sarkozy, hollande