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lundi, 03 avril 2023

Leçons d'Ariège

   Avec le recul, le résultat du second tour se lisait déjà dans celui du premier, comparés à la précédente élection législative dans cette circonscription ariégeoise, en 2022. L'analyse est facilitée par le fait que les cinq candidats principaux étaient identiques aux deux scrutins.

   La grande perdante est la candidate LFI, Bénédicte Taurine. Au premier tour, entre 2022 et 2023, elle a perdu un peu plus du tiers des voix qui s'étaient portées sur elle, passant de 10347 à 6778 suffrages. Entre temps, la participation a baissé de 30 % ou, si vous préférez, l'abstention est passée de 43,58 % à 60,40 %.

   Mais la candidate qui a subi le plus cinglant revers est la macroniste Anne-Sophie Tribout, éliminée dès le premier tour, alors que l'an dernier, elle s'était qualifiée pour le second. Entre temps, son score est passé de 6237 à 2323 voix, soit une chute de près de 63 % !

   L'autre grosse gamelle est celle de François-Xavier Jossinet, de Reconquête, qui a perdu  47 % de ses voix en un an (passant de 1134 à 602). Peut-être une partie d'entre elles s'est-elle portée sur le candidat RN Jean-Marc Garnier, qui n'a perdu que 842 voix entre les deux scrutins (passant de 6229 à 5387, soit une baisse de 13,5 %). Cela ne fut toutefois pas suffisant pour se qualifier pour le second tour (qu'il avait raté de neuf voix en 2022).

   Celle qui a damné le pion aux trois précédents est la socialiste dissidente Martine Froger, qui a réussi le petit exploit de gagner des voix (95), passant de 5647 à 5742 suffrages en un an. Cela lui a permis de se qualifier pour le second tour, pour lequel elle semblait disposer de réserves plus importantes que sa concurrente LFI, qui ne la devançait que de 1036 voix. Mais, là encore, un sursaut de participation pouvait tout changer.

   Ce n'est pas ce qui s'est passé. Hier dimanche, la participation a légèrement baissé (peut-être en raison de l'abstention d'une partie de l'électorat d'extrême-droite... intuition à vérifier), passant de 39,60 % à 37,87 %. En 2023, au second tour, l'abstention fut donc largement supérieure à celle du second tour de 2022 (62,13 % contre 46,98 %).

   Concernant le duel, le principal enseignement est l'effondrement (en moins d'un an) de la candidate LFI, Bénédicte Taurine, passant de 14746 à 7776 voix, soit une baisse de 47 % !  (Le nombre de suffrages exprimés lui n'a diminué que de 27 % entre les deux seconds tours.) Contrairement à ce que j'ai lu ou entendu de la part de représentants de LFI, la principale cause de la défaite de la députée sortante n'est pas une improbable coalition d'électeurs de centre-gauche, du centre, de droite et d'extrême-droite, c'est le rejet net de Mme Taurine par une partie de l'électorat de gauche. (Cela dit, pour être totalement honnête, la lecture des résultats commune par commune m'incite à penser qu'il y a sans doute un petit report RN sur la candidate socialiste dissidente : dans les communes où le candidat RN a réalisé de très bons scores au premier tour, au second, la participation a chuté et le score de Mme Froger a davantage progressé que celui de Mme Taurine.)

    Face à elle, Martine Froger fait un peu moins bien que la candidate macroniste en 2022 : 11758 voix contre 11917. Il semble qu'une partie de l'électorat de droite n'ait pas fait de différence entre les deux concurrentes (de gauche) du second tour et ait préféré s'abstenir... ou voter blanc/nul : 2155 au second tour, contre 955 au premier (mais c'était plus de 3800 au second tour de 2022).

   Le bilan de cette élection législative partielle est donc multiple. C'est d'abord une petite claque pour la majorité gouvernementale, qui voit l'électorat de centre-gauche "rentrer au bercail" socialiste, sans doute en raison de la droitisation du pouvoir macroniste, qui semble désormais beaucoup plus proche de feue l'UMP que du PS. C'est aussi  un nouvel échec du RN (malgré le jeu de vases communicants avec Reconquête). C'est enfin une gifle pour LFI et ses alliés de la Nupes. L'électorat de gauche ne s'est pas laissé dicter son vote.

mardi, 02 octobre 2018

Manuel, l'Européen

   L'annonce de la candidature de Manuel Valls aux prochaines élections municipales de Barcelone a suscité une mini-tempête médiatique... et une avalanche de commentaires orduriers, hélas révélateurs de la faiblesse intellectuelle du débat politique en France aujourd'hui. On a de surcroît pu entendre diverses affirmations aussi farfelues qu'infondées sur le parcours politique de l'ancien Premier ministre français.

   Il a été d'accusé de renier la France et de faire peu de cas de sa nationalité... sauf qu'il a toujours revendiqué (encore en 2015) son identité plurielle, française bien sûr, mais aussi espagnole, catalane... et (un peu) italo-suisse (par sa mère). Bref, c'est un Européen, ce qui, soit dit en passant, aurait pu faire de lui un bon candidat aux élections de 2019 (ce qui fut le cas du franco-allemand Daniel Cohn-Bendit, alors de nationalité allemande, tête de liste nationale des Verts en 1999 et élu de la circonscription Ile-de-France en 2009).

   On a aussi entendu des propos nauséabonds déniant la qualité de Français à Manuel Valls. S'il est né espagnol à Barcelone, il a passé toute son enfance et son adolescence à Paris, où il a entamé des études d'histoire. Sans avoir la nationalité française. De sa part, demander la naturalisation à 19-20 ans n'était pas anodin. C'était une adhésion personnelle.

   Son récent choix de tenter sa chance à Barcelone est-il un crachat à la France qui lui aurait tout donné ? Pas davantage. On ne lui a pas "donné" les mandats (de député, de maire) qu'il est allé gagner au cours de campagnes électorales animées. Lui par contre a donné beaucoup de son temps pour agir en politique... peut-être pas toujours avec la plus grande justesse.

   Une autre imbécillité proférée à son encontre est que l'aventure espagnole serait le choix de la facilité... alors qu'il lui aurait été tellement plus aisé de pantoufler comme tant d'autres à l'Assemblée nationale, où il avait un revenu mensuel de plus de 5 000 euros nets (le double avec les frais de mandat) garanti jusqu'en 2022. Il aurait pu se contenter d'attendre tranquillement cette échéance, comptant sur l'érosion d'Emmanuel Macron et la médiocrité de ses rivaux de gauche pour pouvoir se présenter en recours. On a déjà vu des retours en grâce bien plus spectaculaires dans l'histoire de la Ve République, à commencer par celui de Charles de Gaulle, sans oublier ceux de François Mitterrand (déclaré à plusieurs reprises perdu pour la politique), Jacques Chirac (au fond du trou en 1988 et en 1994) ou encore de Nicolas Sarkozy.

   Au contraire, la campagne des municipales de Barcelone s'annonce semée d'embûches... et il risque d'y achever  définitivement sa carrière politique. Il aura une multitude d'adversaires, des nationalistes catalans aux socialistes locaux, en passant par la majorité actuelle, d'une sensibilité proche de notre France Insoumise (ce qui explique sans doute en partie la hargne avec laquelle les mélenchonistes s'acharnent sur M. Valls). Pour la petite histoire, signalons que l'orientation de la liste que devrait conduire Manuel Valls serait en quelque sorte un retour aux sources familiales, puisqu'il me semble que ses grands-parents paternels étaient de sensibilité conservatrice...

   Une autre raison peut expliquer le retour du tropisme catalan dans le cheminement de l'ancien Premier ministre : sa vie privée et la relation qu'il a récemment nouée avec Susana Gallardo. Les gazettes ont lourdement insisté sur la fortune de la nouvelle compagne de Manuel Valls. On pourrait aussi noter que, contrairement à nombre de ses collègues qui, une fois la cinquantaine venue, refont leur vie avec une femme qui pourrait être leur fille, l'ancien Premier ministre s'est lié à une personne de sa génération (elle a seulement trois ans de moins que lui). Tous deux semblent partager un fort attachement à la Catalogne et le refus de l'aventure indépendantiste.

   D'une certaine manière, Manuel Valls se montre plus internationaliste que nombre de politiciens de gauche, qui se contentent de gérer leur petite boutique nationale (voire locale), faisant peu d'efforts pour tenter de construire une alternative progressiste en Europe.

   Je suis quand même d'accord (en partie) avec ceux qui affirment qu'à l'heure actuelle, Manuel Valls est un peu "grillé" en France. (Mais il aurait pu se contenter d'attendre 2022.) Se lancer dans l'aventure espagnole est peut-être un moyen de continuer à croire à son importance politique, lui qui est tombé dans la marmite quand il était étudiant et n'en est jamais sorti.

mercredi, 10 mai 2017

Macron envoie val(l)ser Manuel

   L'ancien Premier ministre de François Hollande a essuyé un refus poli de la part de "La République en marche", le nouveau parti d'Emmanuel Macron. Visiblement, celui-ci ne souhaite pas qu'il porte ses couleurs à l'occasion des prochaines élections législatives. Curieux, alors que, durant la campagne présidentielle, Manuel Valls avait fait comprendre à plusieurs reprises qu'il penchait davantage du côté d'Emmanuel Macron que de celui de Benoît Hamon, le vainqueur de la primaire à gauche qu'il s'était pourtant engagé à soutenir. C'est de plus un tenant de la ligne sociale-libérale, susceptible de fédérer un bon paquet d'élus PS désireux de soutenir l'action politique du nouveau président de la République.

   Mais voilà. Aujourd'hui, à gauche, Manuel Valls a l'image du traître qui lui colle à la peau (comme Nicolas Sarkozy en son temps, lorsqu'il avait laissé tomber Jacques Chirac pour Edouard Balladur). De surcroît, il porte sur ses épaules une partie du bilan du quinquennat Hollande. Pour Emmanuel Macron, qui tente d'éviter de passer pour l'héritier de celui-ci et qui ambitionne de changer la façon de faire de la politique, accepter l'allégeance de l'ancien Premier ministre serait contre-productif... pour l'instant. A gauche, certains ajoutent que Macron, c'est Valls en mieux et que ce dernier a été quelque peu ringardisé par l'ascension du premier.

   Et puis, parfois, le diable se niche dans les détails. Manuel Valls n'est-il pas quelque peu "démonétisé", sur le plan politique ? Si, dans son département d'implantation (l'Essonne), Emmanuel Macron est bien arrivé en tête au premier tour (et l'a très largement emporté au second), tel n'est pas le cas dans la première circonscription législative, celle du député Manuel Valls. Les 26-27 avril derniers, Le Monde a publié une passionnante carte, progressivement enrichie, des résultats du premier tour de la présidentielle appliqués aux circonscriptions législatives. En voici un extrait :

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   J'ai entouré la première circonscription, qui apparaît en rouge rosé, signe que c'est le candidat Mélenchon qui est arrivé en tête, avec 25 à 30 % des suffrages exprimés. Le losange indique qu'il y a risque de quadrangulaire, avec En marche, le FN et LR. Le PS serait largué. Ça, c'est dans la version papier de l'article. Dans la version numérique, la supposition est autre :

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   Les auteurs voient plutôt un duel (au second tour de la législative) entre le candidat mélenchoniste et celui de "La République en marche", les deux autres ne pouvant se maintenir. A posteriori, cela permet de comprendre pourquoi Manuel Valls met un tel acharnement à se présenter sous les couleurs macronistes plutôt que sous celles du PS. D'un autre côté, on comprend pourquoi "La République en marche" voit la candidature Valls presque comme une gêne.

   Pour le confirmer, intéressons-nous aux résultats de la présidentielle dans la commune d'Evry, dont l'ancien Premier ministre fut maire pendant onze ans. Au second tour, sans surprise, ce fut un triomphe pour Emmanuel Macron. Mais au premier, c'est Jean-Luc Mélenchon qui était (largement) arrivé en tête, devant Emmanuel Macron, Marine Le Pen et François Fillon, Benoît Hamon étant distancé. Au niveau des inscrits, seuls les deux premiers dépassent les 12,5 %, le seuil pour se maintenir au second tour. Etendue à l'ensemble de la circonscription (qui comprend aussi Corbeil-Essonnes, au profil identique), l'analyse permet d'arriver à la conclusion qu'un candidat "insoumis" pourrait être en mesure de damner le pion à Manuel Valls en juin prochain... surtout si celui-ci n'a pas le soutien du nouveau président de la République. En revanche, un candidat estampillé "La République en marche" moins clivant peut espérer l'emporter au second tour contre le mélenchoniste, grâce aux reports de voix.

dimanche, 23 avril 2017

La revanche de François Bayrou

   Il n'était pas candidat à cette élection et pourtant, on peut affirmer (même s'il convient de ne pas vendre la peau de l'ourse lepéniste) que le centre risque fort de sortir vainqueur du scrutin présidentiel (mais pas forcément des législatives qui vont suivre).

   Celui que l'UMP (puis LR), Nicolas Sarkozy en tête, a tenté d'effacer de la scène politique, celui dont la main tendue a été repoussée par François Hollande en 2012, mais aussi celui qui aurait dû s'allier à Ségolène Royal en 2007, a finalement réussi à damner le pion aux partis de gouvernement qui ont longtemps écrasé le centre, sous la Ve République.

   Toutefois, soyons lucides. La défaite de LR et du PS est d'abord due à eux-mêmes. Marine Le Pen (tout comme Emmanuel Macron) ne serait pas au second tour si les partis de gouvernement avaient présenté des candidats vertueux et compétents. A droite, la première erreur a été de préférer Fillon à Juppé, dans un mouvement de droitisation où l'on sentait bien le regret de ne pouvoir soutenir à nouveau Nicolas Sarkozy, le chouchou des militants LR, mais complètement démonétisé en-dehors de son parti. Choisir Alain Juppé aurait coupé l'herbe sous le pied d'Emmanuel Macron. De surcroît, le maire de Bordeaux avait adopté un profil de rassembleur, ce dont le pays a besoin par les temps qui courent. Enfin, compte tenu de son âge (bientôt 72 ans), il n'aurait accompli qu'un mandat présidentiel, sans se soucier de sa réélection.

   La deuxième erreur de la droite a été de ne pas oser aller à l'encontre de l'entêtement de son candidat (François Fillon), une fois que l'ampleur du discrédit qui le touchait s'est avérée insurmontable. Compte tenu de la mobilisation de l'électorat de droite (plus discipliné que l'électorat de gauche), le remplacement, même tardif, de François Fillon par Alain Juppé, François Baroin ou un autre aurait sans doute suffi pour donner le coup de rein nécessaire à une qualification pour le second tour.

   Du côté de la gauche, le sectarisme n'a pas plus payé. Le primaire a débouché sur une victoire à la Pyrrhus, celle des opposants internes durant le quinquennat de François Hollande. Alors que la gauche de gouvernement n'est même pas majoritaire dans notre pays, comment certains ont-ils pu penser qu'en tirant un trait sur le bilan de Hollande ils pourraient l'emporter ? On voit là qu'à gauche, le sens des réalités n'est pas la qualité la mieux partagée. Cela se confirme avec l'extrême-gauche. Si finalement Jean-Luc Mélenchon a bien mené sa barque, il va terminer assez près de la qualification pour le second tour. Les querelles d'appareil et de personnes expliquent sans doute qu'aucun accord n'ait pu être trouvé avec Benoît Hamon, mais il est incontestable que leur union aurait pu déboucher sur autre chose que ce qui va rester comme un double échec.

   Quant au Front National, il progresse, mais pas spectaculairement. Si la participation se confirme à 77 % et si l'on envisage une part de bulletins blancs et nuls d'environ 3 %, un score de 21-22 % des suffrages exprimés correspondrait à 7-7,5 millions de voix pour Marine Le Pen. En 2012, elle en avait recueilli 6,4 millions. En face, le candidat LR (Fillon, contre Sarkozy en 2012) aura perdu quelque chose comme 3 millions de voix. CQFD.

samedi, 15 avril 2017

Le Breton de Macron vient d'Aveyron

   Présent dans l'ombre jusqu'au troisième trimestre 2016, Richard Ferrand est depuis passé sous les projecteurs. Le secrétaire général du mouvement d'Emmanuel Macron (En Marche !) est né à Rodez, une information qui circulait déjà dans la presse aveyronnaise, sans que cela suscite davantage de développement.

   Dès novembre dernier, dans Libération, on a pu lire un portrait du député PS du Finistère. Sans guère s'attarder sur la biographie de Richard Ferrand, la journaliste détaille le passage de l'authentique homme de gauche du côté de l'ex-banquier social-libéral. Elle évoque ses relations avec ses collègues socialistes et les tiraillements que le penchant libéral de Macron peut provoquer.

   A la fin de mars 2017, ce fut au tour du Monde d'évoquer le parcours de Richard Ferrand. Sa biographie est un peu plus détaillée, avec la précision de sa naissance à Rodez. L'article parle davantage de la cuisine interne d'En Marche, notant la forte présence de jeunes très diplômés. Mais le plus intéressant est la confiance absolue qui semble régner entre les deux hommes (Ferrand et Macron), le premier servant visiblement de "doublure" au second, dans nombre de meetings de Province.

   Le 9 avril dernier, il était l'un des deux invités de l'émission Questions politiques, sur France Inter. Dès le début, il a été accueilli par un portrait (de Carine Bécard) pas franchement cire-pompes (mais courtois). Cela m'a un peu rappelé une ancienne matinale (en février dernier, je crois), sur la même radio : le désormais candidat Macron n'avait pas été traité avec des gants. (De manière générale, on sent que, sur la radio publique, les journalistes et animateurs hésitent entre Hamon et Mélenchon...) De surcroît, par un curieux hasard, au cours de ladite émission, aucun des auditeurs qui sont passés à l'antenne n'était favorable à Emmanuel Macron...

   Mais revenons à Richard Ferrand. Sur France Inter, il m'est apparu assez balancé, faisant l'éloge des militants et des élus locaux du PS, mais pointant l'inefficacité (il aurait pu dire la médiocrité) de sa direction. Derrière son propos, il y a clairement l'idée que, si l'on veut une gauche de gouvernement (c'est-à-dire si l'on reste sur la démarche qui a été celle de François Mitterrand, qui a sorti les socialistes du ghetto d'opposition où certains voudraient les ramener aujourd'hui), c'est Emmanuel Macron qu'il faut soutenir. Il n'a toutefois pas été très convaincant sur la question portant sur la centralisation du mouvement En Marche ! Il est clair que, sans Macron, le mouvement ne signifie plus grand chose. Aussi étonnant cela puisse-t-il paraître, la démarche d'Emmanuel Macron n'est pas sans rappeler celle du Charles de Gaulle de la IVe République, au-dessus des partis, avec un RPF que l'on pouvait rejoindre tout en adhérant à un autre parti.

   Toujours sur France Inter, Richard Ferrand a été pertinent sur plusieurs sujets : la vague de ralliements à Emmanuel Macron, sa future (éventuelle) majorité parlementaire, la désignation des candidats et la montée (dans les sondages) de Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier sujet nous a valu un petit moment d'humour, en raison du lapsus commis par Richard Ferrand (qui ne s'est pas démonté) :


podcast

   De manière générale, j'ai apprécié le calme et la pondération du secrétaire général d'En Marche ! On est loin de l'excitation, de l'aigreur et des mensonges de nombre des concurrents d'Emmanuel Macron.  

   Il manquait à notre connaissance des informations locales. Elles nous ont été fournies cette semaine, dans un bon article de Centre Presse. On y apprend ses liens avec la région baraquevilloise, son bac passé en Allemagne (s'il est devenu germanophone, c'est un atout de plus), ses petits boulots (notamment pour la presse). Il a acquis une connaissance du public et du privé et c'est un bon technicien du processus parlementaire. C'est plutôt le genre de personne qui redonne confiance en la chose publique.

dimanche, 01 janvier 2017

La dernière légion

   C'est la dernière promotion dans l'ordre de la Légion d'honneur que François Hollande a désignée. Comme d'habitude, on y remarque la présence de beaucoup d'amis politiques. Je déplore toujours autant que des élus, des magistrats, des universitaires et des artistes qui ne font que leur métier soient distingués. (Cette fois-ci, on peut trouver le musicien électronique Laurent Garnier, par exemple...) Les médias ont souligné la présence de personnes qui ont fait preuve de courage lors de l'attentat de Nice du 14 juillet dernier. Leurs noms figurent sur la dernière page de la liste des nommés/promus du jour. (Ceux qui vont être décorés de l'Ordre national du mérite sont plus nombreux.)

   En la consultant, on tombe assez vite (page 6) sur une vieille connaissance des Aveyronnais : Cécile Pozzo di Borgo. L'ancienne préfète de notre département (entre 2011 et 2014) est, depuis son départ, en charge des T.A.A.F. (Terres Australes et Antarctiques Françaises). Elle devient officier, sur le contingent du Premier ministre Bernard Cazeneuve qui est, ne l'oublions pas, l'ancien ministre de l'Intérieur de Manuel Valls.

   Un autre haut fonctionnaire de la République est distingué : Pierre Valleix, procureur général près la Cour d'appel de Montpellier (dont dépendent les tribunaux aveyronnais, rappelons-le). Il devient chevalier, sur le contingent du ministère de la Justice. Les Aveyronnais ont entendu parler de lui à plusieurs reprises. L'an dernier, il était venu assister à l'installation, à Millau, d'une chambre détachée du TGI de Rodez. Il a aussi été mêlé à la série de procès mettant en cause les auteurs d'une page Facebook : après la relaxe du groupe en appel, il avait formé un pourvoi en cassation. (Hélas, la plus haute juridiction française a donné raison aux conducteurs inciviques.)

   Mais revenons à la liste des promus. Elle comporte de nombreux élus, notamment de la région Midi-Languedoc. La majorité d'entre eux se trouvent page 20 :

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   La liste comprend une Aveyronnaise, Anne Blanc, maire de Naucelle et conseillère départementale. Elle est accompagnée d'un ancien adjoint au maire de Toulouse (et ancien conseiller régional) centriste, Michel Valdiguié, d'un élu tarbais (Jean-Claude Palmade) et d'un autre, tarn-et-garonnais, Denis Roger. Du même département est issu, page suivante, l'ancien député-maire de Montauban (Roland Garrigues), qui figure lui sur le contingent du ministre de l'Intérieur, alors que les précédents sont promus sur celui du ministre des Collectivités territoriales, qui n'est autre que Jean-Michel Baylet, grand manitou du PRG. O surprise ! Outre Anne Blanc, deux des nouveaux chevaliers (Michèle Garrigues et Denis Roger) sont membres de ce parti, tout comme Bernard Charles, ancien député-maire de Cahors, que l'on trouve page 7, sur le contingent du Premier ministre.

   Du côté midi-pyrénéen, Rolande Sassano complète la liste (page 13), sur le contingent du ministère de l'Economie et des Finances. Ce n'est donc pas  tant l'ancienne conseillère régionale (figurant sur la liste de gauche soutenant Martin Malvy en 2004 et en 2010) que l'ex-bouchère et ex-présidente de la Chambre des métiers de l'Ariège qui a été distinguée.

    La gauche languedocienne n'a pas été oubliée, puisque le socialiste Michel Gaudy, vice-président du Conseil départemental de l'Hérault, est lui aussi présent page 20. (Il est promu officier.) Deux pages plus loin, au grade de chevalier, on trouve sa collègue gardoise Anne-Marie Vendeville, actuelle conseillère régionale de Midi-Languedoc (déjà présente sur la liste conduite par Damien Alary en 2010).

   A titre d'anecdote, je signale que, sur la même page, quelques lignes au-dessus, on sera surpris (ou pas) de découvrir le nom de Gilbert Mitterrand (un des fils de l'ancien président de la République), qui fut lui-même longtemps élu socialiste... et qui a dû attendre plus de 20 ans après la mort de son père pour être décoré. Peut-être lui avait-on déjà proposé la légion d'honneur auparavant et peut-être l'avait-il refusée ?

   Je termine sur une note d'humour. J'ai cherché à en savoir plus sur Isabelle Anglade, nommée chevalier (page 14). On nous la présente comme la présidente d'une société d'esthétique capillaire. En clair, son entreprise s'occupe de perruques et d'implants. Quand on sait quel prix François Hollande accorde à l'entretien de ses cheveux, on n'est qu'à moitié étonné. Mais le plus cocasse est que cette nomination est faite sur le contingent du ministère de l'Economie et des Finances. Il n'a échappé à personne que le titulaire du poste est Michel Sapin, qui pourrait bien avoir besoin des services de la dame !

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mercredi, 06 juillet 2016

Michel Rocard et les hypocrites

   Le décès de l'ancien Premier ministre, le week-end dernier, a donné lieu à un concert de louanges dont l'unanimisme a de quoi interloquer, tant l'homme politique a pu susciter la critique et la raillerie, souvent dans son propre camp. Avec le recul, on loue son intégrité personnelle et son sens du dialogue. On se rappelle de son gouvernement comme d'un des rares (à gauche) à avoir maintenu une assez forte croissance économique (avec celui de Lionel Jospin, entre 1997 et 2002) :

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   Malgré leurs différends, les deux hommes ont beaucoup de points communs. Ils sont de culture protestante, assez rigides et adeptes de la social-démocratie plutôt que du socialo-marxisme. On comprend pourquoi Michel Rocard a essuyé de très vives attaques au sein du PS (et de ce que l'on n'appelait pas encore la "gauche de la gauche"). Voilà pourquoi la tentative de récupération de Jean-Luc Mélenchon est pathétique. D'ailleurs, le numéro du Canard enchaîné paru ce mercredi (un exemplaire collector publié pour le centenaire "officiel" de l'hebdomadaire satirique) prend un malin plaisir à commenter les divers hommages rendus à Michel Rocard.

   C'est d'autant plus cocasse que l'ancien Premier ministre détient (de très loin) la palme du recours à l'article 49.3 de la Constitution de la Ve République, comme on peut le constater dans un article du Monde récemment mis à jour :

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   Avec 28 utilisations, Michel Rocard devance largement un trio formé de Raymond Barre, Jacques Chirac et Edith Cresson. Qu'est-ce qui peut expliquer cette profusion ? Revenons à la situation, à l'Assemblée nationale, en 1988 :

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   Les socialistes gouvernent avec les radicaux de gauche, mais sans les communistes. François Mitterrand, réélu président de la République peu de temps auparavant, tente l'ouverture au centre (droit), qui ne fonctionne qu'à moitié : il a rallié à lui certaines personnalités (plutôt des ambitieux), mais les groupes UDC et UDF lui demeurent en général hostiles. Et voilà le PS qui, avec 275 députés, ne dispose que d'une majorité relative. C'est pourquoi Michel Rocard, puis Edith Cresson (8 fois en un an, tout de même) et Pierre Bérégovoy (3 fois) ont souvent eu recours à l'article 49.3.

   A contrario, on remarque que Lionel Jospin, en cinq ans de gouvernement, n'a pas eu recours une seule fois à ce procédé et ce alors que le PS ne disposait pas la majorité absolue à l'Assemblée nationale et que ses alliés étaient très divers au sein de la "gauche plurielle" sortie vainqueur des élections législatives de 1997 :

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   Même si la dernière année a vu cette architecture se déliter, il faut reconnaître un certain savoir-faire politique à l'ancien élu de Cintegabelle, savoir-faire que ne maîtrisent visiblement pas ses successeurs. De surcroît, la gauche plurielle avait assez rapidement fait passer ses deux plus grandes réformes (les 35 heures et la parité en politique), alors que le duo Hollande-Ayrault a perdu beaucoup de temps et d'énergie avec le "mariage pour tous". Du coup, en fin de mandat, les socialistes en sont encore à lancer des réformes de fond, alors que le mécontentement est grand dans le pays et leur majorité parlementaire fragile :

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   Voici la situation à l'été 2016, après la dissolution du groupe écologiste et le "gonflement" du groupe socialiste, rebaptisé "socialiste, écologiste et républicain". Avec 291 députés sur 577, il dispose de la majorité absolue... en théorie. Si un groupe de "frondeurs" internes décide de rompre et de s'aligner sur les positions du Front de Gauche, il n'y a plus de majorité à l'Assemblée nationale. D'où le recours à l'article 49.3, la cinquième fois pour Manuel Valls.

vendredi, 13 mai 2016

Emmanuel et Jeanne

   Le ministre de l'Economie s'est illustré lors de la seconde fête nationale française, celle du patriotisme, qui rend hommage à Jeanne d'Arc et -on l'a souvent oublié- a été instaurée en 1920. Quand elle tombe le 8 mai (c'est-à-dire quand celui-ci est le deuxième dimanche du mois), on la confond avec la commémoration de la capitulation allemande, en 1945. Des dizaines d'années de désinformation du Front national ont aussi fait croire que c'était le premier mai qu'il fallait rendre hommage à la Pucelle. (Rappelons que l'extrême-droite n'a fixé cette date que pour contrecarrer les manifestations de salariés organisées le premier mai.)

   On l'a aussi oublié, mais il est prévu qu'un représentant de l'Etat (éventuellement membre du gouvernement) assiste la commémoration de la délivrance d'Orléans. La présence d'Emmanuel Macron ne résulte donc pas d'un caprice, mais plutôt du désintérêt de ses collègues pour la chose. (Et ça le rapproche un peu de Nicolas Sarkozy...) Le discours qu'il a prononcé est plutôt bien tourné, même si l'on comprend assez vite qu'à travers Jeanne, c'est sa propre cause qu'il défend.

   Certains caricaturistes ont sauté sur l'occasion pour comparer les deux personnages, dont les préoccupations ont pourtant l'air si éloignées les unes des autres. Voilà donc Emmanuel Macron traité à la sauce johannique. Vu la jalousie qu'il suscite jusque dans son camp, on ne s'étonne pas que certains de ses "camarades" souhaitent le voir finir sur un bûcher. Ornikar voit plutôt Manuel Valls y mettre le feu :

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   ... alors que Nono, dans Le Télégramme, est d'avis que c'est François Hollande lui-même qui pourrait avoir envie de se débarrasser du jeune ambitieux :

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   Notez l'inscription qui figure sur le socle de la statue, dont le dessin évoque celle qui se trouve non pas à Orléans, mais à Paris, place Saint-Augustin :

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   Ce rapprochement est tout sauf innocent, puisque c'est à cet endroit qu'en 2016, Marine Le Pen a choisi de célébrer la Pucelle, laissant la place des Pyramides aux groupies de son père (qui comptaient peut-être sur une nouvelle intervention des Femen....). C'est d'ailleurs la statue d'un autre Emmanuel (Frémiet) qui semble avoir inspiré Le Canard enchaîné (dans le numéro sorti le 11 mai) :

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   ... à moins que ce ne soit plutôt une image de propagande nazie (Le Porte-drapeau), célébrant Adolf Hitler. Vous allez voir, la ressemblance est troublante (et, si l'intention est confirmée, c'est vraiment minable de la part du dessinateur du Canard) :

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   Les statues nous mènent immanquablement à l'armure, un détail vestimentaire qui ne va pas trop mal au ministre de l'Economie, que ce soit sur un site droitier...

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   ... ou un autre, plus neutre :

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   Cette fois encore, la statuaire johannique est mise à contribution... et de manière plus rigoureuse que ci-dessus, puisque la tête du ministre a été placée au sommet de la très belle statue de la place du Martroi, à Orléans. (Concernant cette oeuvre, l'histoire se fait ironique, puisqu'elle aurait été sculptée dans un bronze issu... de canons anglais !)

   Une fois vêtu comme Jeanne, il n'est pas étonnant que le ministre se mette lui aussi à entendre des voix, comme l'imagine Zonz :

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   A ceux qui trouveraient cette posture familière, je précise qu'elle est calquée sur celle de l'actrice Ingrid Bergman qui, en 1948, incarna la paysanne lorraine dans un film réalisé par Victor Fleming :

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   Plus terre-à-terre, Lacaï fait le lien avec le petit comité d'accueil hostile qui s'est exprimé lors de la venue d'Emmanuel Macron :

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   Très majoritairement, les caricaturistes dénoncent la tentative de récupération, que ce soit à pieds...

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   ... ou à cheval :

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   A ma connaissance, une seule personne a suggéré (par le dessin) que le ministre pouvait avoir perdu la tête :

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   Mais, après tout, pourquoi ne serait-il pas (au moins un peu) sincère ? Pourquoi un ministre du XXIe siècle ne pourrait-il pas "en pincer" pour la révoltée du XVe ? C'est ce qu'a imaginé l'un des caricaturistes de Charlie Hebdo (qui s'appuie aussi sur le fait que l'épouse d'Emmanuel Macron soit beaucoup plus âgée que lui) :

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   P.S.

   Une âme charitable m'a signalé que le prénom Emmanuel, d'origine hébraïque, signifie "Dieu avec nous". Voilà qui le lie encore plus à Jeanne d'Arc. De surcroît, il me semble que le prénom a aussi été utilisé pour désigner le Messie. Macron sera-t-il celui de la gauche ?

vendredi, 01 janvier 2016

Les premiers légionnaires de 2016

   Le Journal Officiel a publié les décrets comportant les noms des nommés et promus, que l'on peut aussi trouver sur le site de la Grande Chancellerie. La presse (notamment Le Monde) s'est comme d'habitude amusée à faire le compte des politiques connus et des "pipoles" distingués par le pouvoir social-démocrate. Elle a aussi relevé la place réservée aux victimes des attentats du 7 janvier 2015 et aux sauveteurs des rescapés (ceux de l'attentat raté du Thalys ayant été décorés en août dernier).

   Les lecteurs aveyronnais des décrets remarqueront la présence de certains noms. Le premier qui saute aux yeux (dès la page 2 du décret principal) est celui de Chantal Jourdan, promue sur le contingent du Premier ministre Manuel Valls :

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   L'ex-préfète de l'Aveyron (de 2004 à 2007) n'est pas présentée à ce titre, mais comme ancienne directrice de cabinet d'un ancien président du Sénat. Il s'agit de Jean-Pierre Bel, naguère élu ariégeois qui, avant Chantal Jourdan, avait utilisé les services d'un autre haut-fonctionnaire passé par l'Aveyron : Pierre Besnard (ancien secrétaire général de la préfecture), qui lui était devenu chef de cabinet. (Celui-ci gère l'agenda de la personnalité à laquelle il est attaché ; c'est une sorte de secrétaire, alors que le directeur de cabinet est un petit Premier ministre, qui a autorité sur les autres membres du cabinet.)

   Coïncidence troublante, quelques pages plus loin, c'est Pierre-René Lemas, le prédécesseur de Chantal Jourdan auprès de Jean-Pierre Bel, qui apparaît, sur le contingent du ministère des Finances :

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   C'est en tant que directeur général de la Caisse des dépôts et consignations qu'il est distingué. Cependant, au vu de son pedigree, il est évident que François Hollande récompense un fidèle parmi les fidèles, qui fut, rappelons-le, secrétaire général de l'Elysée de 2012 à 2014.

   Indirectement, ces nominations confirment la proximité entre Jean-Pierre Bel et l'actuel président de la République. La seconde promotion est d'autant plus gênante que Pierre-René Lemas est en fonction, tout comme, par exemple, Sylvie Pierre-Brossolette, promue sur le contingent du Premier ministre :

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   A première vue, cette promotion pourrait apparaître comme un signe d'ouverture (à droite) : Sylvie Pierre-Brossolette est une ancienne journaliste à L'Express, passée ensuite au Figaro et au Point, dont elle a été rédactrice en chef. Mais elle est aussi la petite-fille du résistant Pierre Brossolette (panthéonisé par François Hollande en 2015) et, surtout, elle a été nommée au CSA en 2013, par le président de l'Assemblée nationale, l'ineffable Claude Bartolone (défait aux élections régionales de décembre dernier, en Ile-de-France).

   N'est-il pas inconvenant qu'un gouvernement distingue un membre d'une autorité supposée être indépendante, alors que ce membre est encore en fonction ? De mauvais esprits seraient tentés d'y voir une forme de connivence, voire de faire le lien avec la récente décision du CSA d'autoriser le passage à la TNT gratuite de la chaîne LCI. Rappelons que ledit CSA est présidé par Olivier Schrameck, grand serviteur de la République, certes, mais aussi ancien directeur de cabinet de Lionel Jospin (le mentor de François Hollande) pendant toute la période de cohabitation, de 1997 à 2002. Comme le hasard fait bien les choses, Lionel Jospin figure en tête des nouveaux promus : il obtient la dignité de grand'croix :

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   Mais revenons à nos moutons aveyronnais. L'ancienne préfète Chantal Jourdan n'est pas la seule à avoir été distinguée. On trouve dans la liste l'actuel occupant du poste, Louis Laugier. L'ancien militaire est nommé chevalier sur le contingent du ministère de l'Intérieur :

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   Un autre de ses prédécesseurs figure sur la liste : Anne-Marie Escoffier, préfète entre 1999 et 2001. Elle est promue officier, elle aussi sur le contingent du ministère de l'Intérieur. On se souvient d'elle parce que, par la suite, elle fut conseillère générale (du canton de Rignac), sénatrice de l'Aveyron et membre du second gouvernement Ayrault.

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   Si sa présence sur la liste des promus n'est pas une surprise, il est un autre nom que l'on s'étonne de retrouver, celui de l'un des actuels vice-présidents du Conseil départemental de l'Aveyron, Jean-François Galliard :

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   D'après vous, ce contempteur de la politique gouvernementale va-t-il pousser la cohérence idéologique jusqu'à refuser la breloque ? Les paris sont ouverts !

   Une autre personnalité de droite du Massif Central figure dans le décret, une certaine Eliane Wauquiez-Motte, maire de la commune du Chambon-sur-Lignon (en Haute-Loire) depuis 2008 (difficilement réélue en 2014) :

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   A ceux qui l'ignoreraient, j'apprendrai donc qu'il s'agit de la mère de Laurent Wauquiez. Elle n'est pas originaire du département (pas plus que son fils, né à Lyon et qui a fréquenté des établissements scolaires parisiens...), mais elle a jadis acheté une résidence secondaire pas très loin de là, en Ardèche. Touchée sur le tard par le virus de la politique, la maman n'accepte-t-elle pas en fait de jouer le rôle de marchepied pour son fils adoré, si doué... et si arriviste ? A travers elle, le gouvernement veut sans doute récompenser la maire qui a soutenu le projet de mémorial qui rend hommage à tout une région qui a sauvé des juifs pendant la Seconde guerre mondiale. (On notera toutefois qu'en 2013, le gouvernement n'avait envoyé qu'une ministre déléguée à l'inauguration.)

   Il est d'autres personnes que l'on aurait souhaité ne pas voir figurer sur la liste des nommés et promus. Que vient donc faire ici la communicante Anne Méaux ? Elle symbolise avec d'autres le règne d'une faune de parasites de la politique, qui contribuent à faire passer la forme avant le fond. Aujourd'hui promue officier sur le contingent du ministre de l'Economie (socialiste), elle avait été nommée chevalier en 2007, par Dominique de Villepin, alors Premier ministre de Jacques Chirac. Quoi d'étonnant pour cette proche de François Pinault, ami intime de celui qui était alors président de la République ?

   Quant à ceux qui croiraient encore aux propos du style "Mon véritable adversaire [...] c'est le monde de la finance", je leur conseille de lire la page 9 du décret principal. Ils y trouveront Xavier Rolet, qui n'est autre que le directeur de... la Bourse de Londres.

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   Croquignolesque est aussi la présence au tableau d'honneur d'une certaine Marie-Jeanne Caudron de Coqueréaumont, "sous directrice des privilèges et immunités diplomatiques et consulaires au ministère" [des Affaires étrangères] :

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   Mais c'est un autre décoré figurant sur le contingent du ministre des Affaires étrangères qui est pour moi la source du meilleur gag de la promotion : James Bond en personne !

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   Evidemment, il ne s'agit pas d'un agent des services secrets britanniques. (Encore que... en est-on sûr ?) Le James Bond en question est un financier du développement durable, activité bien plus honorable que l'assassinat ciblé sur commande.

   Je suis persuadé que François Hollande a signé ce décret avec un petit sourire aux lèvres...

   P.S.

   J'ajoute une note aveyronnaise, pour conclure. L'architecte montpelliérain Emmanuel Nebout est lui aussi nommé chevalier de la légion d'honneur (page 21 du décret). A Rodez, on lui doit la nouvelle salle des fêtes, le cinéma multiplexe (et le parking) ainsi que le réaménagement du jardin public du Foirail. Toutes ces réalisations sont d'ailleurs présentées sur le site professionnel de l'architecte, dans l'onglet "projets", aux années 2012, 2013 et 2014.

mercredi, 28 octobre 2015

Cela sent le roussi pour Dominique Reynié

   La parachutage du politologue aveyronnais continue de susciter la polémique... curieusement, principalement dans sa famille politique, l'ex-UMP. Sa désignation comme tête de liste aux prochaines élections régionales n'a toujours pas été encaissée par certains barons gaullistes de Midi-Languedoc, en particulier Jean-Pierre Grand, maire LR de Castelnau-le-Lez, dans l'Hérault. Il  a commencé par émettre des doutes sur l'éligibilité de Dominique Reynié, ce qui a conduit celui-ci à répondre en détail, jouant la transparence.

   Le problème est qu'en dévoilant sa position, le politologue a laissé davantage de prise à la critique, ce dont ne se sont pas privés deux journalistes de France 3 Midi-Pyrénées, qui ont soulevé un beau lièvre, celui de la date réelle de la signature du bail du candidat à Onet-le-Château (dans l'Aveyron).

   Là-dessus, Jean-Pierre Grand a décidé de mettre une deuxième couche, comme on a pu s'en apercevoir dans La Dépêche du Midi de ce mercredi (édition d'Auch) :

Grand LaDépêche 28 10 2015 b.jpg

   Un mystère demeure : comment Jean-Pierre Grand est-il entré en possession d'une lettre de l'avocat de son rival ? Si c'est légalement, cela veut dire qu'il bénéficie de soutiens haut-placés dans le parti de Nicolas Sarkozy. Sinon, il risque des poursuites. C'est d'ailleurs en ce sens qu'a réagi Dominique Reynié, qui vient de déposer plainte contre son rival.

   Mais ce n'est pas encore fini. Toujours cette semaine, on a appris que le politologue vient de se faire lâcher par sa directrice de campagne, qui pourrait même retirer sa candidature de la liste LR-UDI-Modem.

   Derrière tout cela, il y a d'abord une guerre des coqs à droite. La gauche gouvernementale souffrant d'une grande impopularité et Martin Malvy ne se représentant pas, nombre de roitelets LR (ex-UMP) se sont senti pousser des ailes. L'arrivée de Dominique Reynié a fait l'effet d'une douche froide. La surprise s'est transformée en colère quand il s'est agi de composer les listes départementales de candidats. (L'enjeu était bien entendu de désigner les plus compétents ou les plus dévoués à l'intérêt général...) Du côté gaulliste, on a accusé D. Reynié de faire un peu trop de place aux alliés de centre-droit.

   Du coup, certains, comme Jean-Pierre Grand, ont commencé à regarder ailleurs... du côté du maire de Montpellier, par exemple ! Dans cette campagne des régionales, Philippe Saurel aura gagné le surnom de "Recyclator", pour sa capacité à intégrer les aigris et has been de droite et de gauche partisans d'une autre approche politique. En Aveyron, il s'est adjoint les services de Régis Cailhol, conseiller régional socialiste sortant, mais pas reconduit sur la nouvelle liste PS-PRG. En Ariège, les "Citoyens du Midi" seront menés par l'ancien maire (socialiste) de Prayols et dans les Hautes-Pyrénées, c'est l'ancien maire UMP de Lourdes (de 2000 à 2014) qui tiendra la barre pour le compte de P. Saurel. (On pourrait continuer ainsi encore longtemps...)

   Du côté de certains membres de LR, on table visiblement sur une contreperformance de Dominique Reynié au soir du premier tour pour changer la tête de liste de droite pour le second. D'autres, comme Jean-Pierre Grand, pensent peut-être que le maire de Montpellier, soutenu par une partie de la droite, serait le meilleur candidat pour battre la liste conduite par le PS. Quant à Philippe Saurel, il se rêve sans doute en plus petit dénominateur commun à la gauche et à la droite républicaines pour battre une liste FN qui arriverait en tête au premier tour.

lundi, 14 septembre 2015

Arnaud Viala facilement élu député de l'Aveyron

   On l'avait pressenti la semaine dernière : au vu de l'écart qui séparait Arnaud Viala du socialiste Pierre Pantanella (et du désaveu dont souffre le principal parti gouvernemental), l'élection était jouée d'avance. Restait à connaître l'ampleur de la victoire et l'évolution de la participation.

   En dépit des appels à la mobilisation, celle-ci a très peu augmenté. D'après les chiffres fournis par la préfecture de l'Aveyron, on est passé de 25 083 votants au premier tour à 26 499 au second tour. L'abstention a donc à peine diminué, passant de 63,94 % à 63,66 %. De surcroît, en terme de suffrages exprimés, l'évolution est inverse, puisqu'on est passé de 23 935 à 23 742. Donc, alors que le nombre de personnes qui se sont déplacées pour voter a augmenté de 1 416, le nombre de celles qui ont placé un bulletin portant le nom de l'un des candidats a diminué de 193. Le nombre de bulletins blancs/nuls est passé de 1 868 à 2 757 !

   Le candidat Viala l'a largement emporté, dans la fourchette estimée à l'issue du premier tour. Il n'a donc ni particulièrement "performé", ni raté son second tour. Il a gagné un peu plus de 4 000 voix, tandis que son adversaire n'augmentait son total du premier tour que d''environ 3 300.

   Concernant le candidat LR, il est intéressant de savoir dans quelles communes il l'a le plus largement emporté. Sur la carte ci-dessous, j'ai colorié en bleu foncé celles où il a recueilli au moins 85 % des suffrages exprimés. J'ai colorié en bleu clair celles où il a recueilli entre 70 % et 85 % des suffrages. J'ai ensuite mis en valeur (en rose ou rouge) les communes où Pierre Pantanella a obtenu ses meilleurs résultats :

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   Si l'on s'intéresse aux communes qui ont plébiscité Arnaud Viala (donc en bleu ci-dessus), on remarque (en plus du territoire de prédilection du maire de Vezins) une curieuse coïncidence avec le premier tour : ce sont souvent les communes qui avaient placé le candidat FN Jean-Guillaume Remise en deuxième position :

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   Cela peut s'expliquer de plusieurs manières. Dans ces communes ancrées à droite, où l'électorat de gauche s'est de surcroît plutôt abstenu (tout comme sans doute une partie de l'électorat de droite modérée, pour des raisons différentes), le report des voix FN sur le candidat de droite "classique" apparaît plus nettement qu'à l'occasion d'autres scrutins. Cela nous apprend tout de même qu'il existe une certaine porosité entre une partie de l'électorat de droite et celui du FN, du moins dans cette partie de l'Aveyron.

   Les amateurs de détails pittoresques seront ravis d'apprendre que, dans deux communes, Arnaud Viala a recueilli... 100 % des voix. Il ne sera pas dit que le socialisme est passé par Arques ou Arnac-sur-Dourdou, non mais !

   Passons à la gauche, à présent. Pour avoir un aperçu fiable de ses résultats, je déconseille la lecture de Centre Presse, dont le numéro de ce lundi est truffé d'erreurs : Arnaud Viala est donné en tête dans toutes les communes, ce qui ne correspond pas aux chiffres fournis par la préfecture de l'Aveyron, ni à ceux publiés par La Dépêche du Midi. Alors, maladresse ou acte manqué ?

   Pierre Pantanella ne l'emporte que dans sept communes, dont cinq où il était déjà arrivé en tête au premier tour (Saint-Victor-et-Melvieu, Saint-Georges-de-Luzençon, Saint-Rome-de-Cernon, Sauclières et Veyreau). On remarque ainsi que les résultats "surprenants" constatés dans les communes gérées par des "indépendants de droite" se sont confirmés. A ces communes s'ajoutent La Roque-Sainte-Marguerite et Saint-Laurent-d'Olt, où Pierre Pantanella a semble-t-il bénéficié de bons reports de voix du Front de Gauche, tout comme à Broquiès et Montlaur (en rose foncé sur la première carte), où les deux finalistes ont terminé ex aequo.

   En rose clair, j'ai colorié les communes où le candidat socialiste, bien que battu, a dépassé 45 % des suffrages exprimés, un résultat somme toute honorable compte tenu du contexte. Seule entorse à ma règle : Saint-Affrique, où le résultat de Pierre Pantanella est de 44,8 %. Il manque Millau pour reconstituer la diagonale Ouest-Sud-Ouest / Est-Nord-Est, autour de laquelle se regroupent les communes où la gauche réalise en général ses meilleurs scores. Signalons le cas de Saint-Laurent-d'Olt, sorte de butte témoin de la gauche rurale aveyronnaise, isolée dans le coin nord-est de la circonscription.

mardi, 08 septembre 2015

Les abstentionnistes en tête dans la législative partielle aveyronnaise

   D'après le quotidien Centre Presse de ce lundi, seulement 36,06 % des électeurs inscrits se sont déplacés dimanche dans la circonscription de Millau. Jamais une élection législative n'avait suscité un tel désintérêt. Il est vrai que c'est une partielle, placée à moins de deux ans du renouvellement de l'Assemblée nationale. Mais, tout de même...

   Du coup, le candidat LR, Arnaud Viala, bien qu'arrivé largement en tête (avec plus de vingt points d'avance sur son concurrent le plus dangereux, le socialiste Pierre Pantanella), a recueilli à peine plus de 15 % des  inscrits. Selon toute vraisemblance, la semaine prochaine, le maire de Vezins-de-Lévézou va néanmoins devenir député.

   Au vu des résultats du premier tour, il peut espérer atteindre 65 % des suffrages exprimés. Approcher voire dépasser les 70 % serait une victoire personnelle (et un camouflet pour son adversaire socialiste). Recueillir moins de 60 % serait un semi-échec.

   Le fait qu'Arnaud Viala n'ait pas été élu dès le premier tour est déjà presque une surprise, tant le scrutin a paru verrouillé. Luluche et les caciques de l'ex-UMP ont dû faire comprendre aux élus de la majorité départementale qui se sentaient pousser des ailes que le moment était mal choisi. Alors qu'au début de l'été, les noms de Miguel Garcia et de Christophe Laborie circulaient dans la presse (et ailleurs), aucune candidature "divers droite" de poids n'est venue piétiner les plates-bandes d'Arnaud Viala. Pourtant, quand on regarde les résultats, on se dit qu'il y avait largement la place... et que l'on aurait peut-être même pu assister à un second tour imprévu.

   La gauche connaît un nouvel échec cuisant. Si Pierre Pantanella réalise le plus mauvais score d'un candidat soutenu par le PS depuis des années, il arrive quand même deuxième et sera donc présent au second tour. Les écologistes se prennent une nouvelle claque. Seul le Front de Gauche progresse (légèrement).

   A droite, Arnaud Viala réalise le plus mauvais score d'un candidat officiel de la droite depuis un paquet d'années. Voici ce que cela donne si l'on remonte jusqu'à 1997 :

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   Si, en pourcentage, son résultat soutient la comparaison avec ceux de ses prédécesseurs, en nombre de voix, c'est beaucoup plus faible (environ deux fois moins que Jacques Godfrain en 1997 et en 2002). On notera aussi que, depuis que l'ancien maire de Millau a renoncé à la députation, la participation ne cesse de diminuer.

   Le FN fait bonne figure, avec un assez bon score en terme de pourcentage des exprimés, mais un nombre de voix plus faible que celui recueilli par Marie-Claude Fayard en 2012Jean-Guillaume Remise profite surtout du recul de la gauche et de la droite "classiques"... à tel point d'ailleurs que, dans une quarantaine de communes, c'est le candidat FN qui arrive deuxième, derrière Arnaud Viala :

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   Selon les communes, la situation varie. Parfois, la deuxième place se joue à quelques voix, dans un contexte de très faible peuplement. D'autres fois, comme à La Cavalerie, Agen-d'Aveyron, Lédergues ou Salles-Curan, on constate que le vote est plus massif. Sur la carte ci-dessus, j'ai colorié en brun les communes où Jean-Guillaume Remise est arrivé deuxième. Le Nord-Ouest de la circonscription est particulièrement touché. La zone est presque continue : dans certaines communes intercalées (comme Trémouilles, Le Vibal, La Selve), il n'a pas manqué grand chose pour que le candidat FN soit le dauphin. Aux curieux j'ai signalé en gris la seule commune à avoir placé J-G Remise en tête : il s'agit du Clapier, où il a recueilli 9 voix... deux de plus qu'Arnaud Viala !

   Du côté socialiste, on remarque que seules 6 des 123 communes de la circonscription ont placé Pierre Pantanella en tête. (Saint-Affrique n'en fait pas partie : la présence de Sébastien David comme suppléant d'Arnaud Viala semble avoir davantage convaincu que le soutien d'Alain Fauconnier à son collègue du PS.)

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   Sans surprise, on retrouve Saint-Rome-de-Cernon (dont il est maire) et quelques communes proches (comme Saint-Victor-et-Melvieu). Plus étonnante est la présence de Saint-Georges-de-Luzençon, dont le premier édile est Gérard Prêtre, un gaulliste qui, l'an dernier, s'était emparé de la présidence de la communauté de communes de Millau-Grands Causses au nez et à la barbe de Daniel Diaz, un colistier du nouveau maire de Millau (de droite) Christophe Saint-Pierre. Comme c'est étrange !

   Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises, puisque Pierre Pantanella arrive aussi en tête à Veyreau (la tache rose excentrée, au nord-est sur la carte ci-dessus). Rappelons que le maire de cette commune est Miguel Garcia, l'un de ceux qui envisageaient de se présenter contre Arnaud Viala. Cerise sur le gâteau, à Veyreau, celui-ci est aussi devancé (de deux petites voix) par Jean-Guillaume Remise. Sur les 123 communes de la circonscription, c'est la seule où Arnaud Viala termine troisième !

   P.S.

   Sur la seconde carte, la commune coloriée en rouge est Saint-Beaulize, la seule dans laquelle (pour une raison qui m'échappe) la candidate du Front de Gauche Sophie Tarroux est arrivée en tête, devançant Arnaud Viala d'une seule voix !

vendredi, 19 juin 2015

Double gifle pour Alain Fauconnier

   C'est France 3 qui a dégainé en premier, annonçant le double échec rencontré par le maire de Saint-Affrique devant le Conseil constitutionnel, lors d'une séance (présidée par l'ancien Premier ministre socialiste Lionel Jospin) où siégeait pourtant une majorité de "sages" de gauche (Jean-Louis Debré et Hubert Haenel étant absents).

   La décision la plus attendue était celle concernant la contestation des élections sénatoriales de 2014, qui avaient vu (en Aveyron) la victoire des adversaires d'Alain Fauconnier : Jean-Claude Luche et Alain Marc. Quand on lit le texte rédigé par les "sages", on comprend qu'ils reconnaissent que l'attribution, par le Conseil général (présidé par J-C Luche et vice-présidé par A. Marc), d'aides exceptionnelles à certaines communes rurales, à deux mois du vote des grands électeurs, est tombée "opportunément" pour les deux candidats. Mais, sur la forme, ils n'ont pas commis d'erreur.

   Certains regretteront que le Conseil constitutionnel n'ait pas saisi cette occasion pour démanteler l'un des fondements du clientélisme local, qui sévit aussi bien à gauche qu'à droite. Il ne reste plus qu'à espérer que l'application pleine et entière de la loi sur le non-cumul des mandats (à partir de 2017) limitera ce genre de pratiques. (Cela implique que, si la droite revient aux affaires dans deux ans, elle ne détricote pas l'une des bonnes réformes de la gauche...)

   Le Conseil constitutionnel s'est aussi prononcé sur les comptes de campagne de plusieurs candidats aux élections sénatoriales de 2014. Anne-Marie Escoffier et Jean-Louis Grimal ont bénéficié de l'indulgence des "sages". Ils ont commis une erreur de débutant, réglant de leur poche une part de leurs dépenses électorales (presque 21 % du total pour la première, environ 18 % pour le second), ce qui est formellement interdit. Comme cela porte sur des sommes modestes (respectivement 1 083 et 1 183 euros), le Conseil constitutionnel a décidé de ne pas les déclarer inéligibles.

   Alain Fauconnier n'a pas bénéficié de la même mansuétude. Même après avoir désigné un mandataire financier, il avait réglé lui-même plus du tiers de ses dépenses électorales. La somme totale n'est pas donnée dans le texte de la décision du Conseil. Il est simplement précisé qu'elle est en grande partie constituée d'une multitude de petits frais de restauration. Par rapport aux deux autres cas aveyronnais, prononcer une inéligibilité d'un an paraît un peu sévère, mais l'on n'a pas pardonné ce manquement à un élu expérimenté, de surcroît contestataire, puisqu'il avait intenté un recours contre le résultat du vote. Serait-il exagéré de penser qu'on lui fait aussi un peu payer ce zèle procédurier ?

   Aux dernières nouvelles, en Aveyron, du côté de Vezins-de-Lévézou, on aurait entendu un grand "boum" dans le bâtiment de la mairie : en apprenant la décision du Conseil constitutionnel, Arnaud Viala aurait tellement bondi de joie qu'il se serait cogné la tête au plafond !

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dimanche, 05 avril 2015

Légionnaires "de gauche"

   Sans rompre avec les pratiques de ses prédécesseurs, François Hollande distribue les colifichets aux amis et aux courtisans. Dans la fournée de Pâques 2015, publiée au Journal Officiel, en Aveyron, on a remarqué la promotion de Pierre Soulages au plus haut grade, celui de grand'croix, en compagnie d'un ancien membre des Forces Françaises Libres, Charles Flamand.

   Ce n'est pas le seul artiste promu. Mehdi Qotbi, un peintre proche du roi du Maroc (auquel on a sûrement voulu faire une faveur), devient commandeur. On trouve d'autres artistes à la fin de la liste principale des nommés.

   Dans la liste où figure M. Qotbi se trouve un industriel alsacien, Robert Lohr. Je me demande si sa présence n'a pas pour but d'équilibrer, côté français, la promotion de Thomas Enders, président (exécutif) d'Airbus. Le premier figure sur le contingent du ministère de la Défense, le second sur le contingent du ministère des Affaires étrangères. On notera que l'aéronautique (au sens large) est fortement représentée avec (dans la liste principale) Juming Chen, présenté en France sous l'identité d'Eric Chen : c'est le président d'Airbus Chine. Il est en compagnie d'Alain Charmeau (issu du secteur aérospatial), d'Yves Gueyffier (un ancien de chez Dassault), de Jean-Paul Ebanga, PDG de CFM International, de Christophe Cador (dont l'entreprise a pour principaux clients Airbus, ATR, Latécoère....), et d'un trio estampillé Thales (le discret Raphaël EskinaziPhilippe Eudeline et Patrick Oszczeda). Une touche féminine est apportée par Yannick Assouad, directrice d'une branche du groupe Zodiac... et ancienne de chez Thales. Si l'on ajoute à ces personnalités du privé les décorés de l'aviation civile (et une directrice de l'ONERA), cela fait une belle brochette.

   Du côté des banques, on remarque la nomination du directeur général du Crédit Agricole Michel Mathieu (un -petit- coup à gauche) et celle de l'ancien PDG de la Société Générale Frédéric Oudéa (un coup à  droite).

   Un autre gros contingent est constitué d'universitaires et de hauts fonctionnaires de l'Education nationale. Il est en concurrence (ou parfois à l'intersection) avec le clan des amis politiques. Le premier d'entre eux est Jean-Claude Gayssot (nommé officier), dont on peut dire qu'il a sa carrière derrière lui. Il est encore vice-président de la (future ex) région Languedoc-Roussillon... et il incarne une vision plutôt critique de la gauche gouvernementale. A ses côtés figure Yves Krattinger, qui vient d'être réélu à la tête du département de Haute-Saône, en ayant conservé intacte sa majorité de conseillers (22 contre 12), un petit exploit qui méritait bien une récompense.

   Le grand Sud-Ouest est bien représenté, avec la périgourdine Jane Lataste, l'ariégeois Jean-Pierre Bel (ancien président du Sénat) et l'ancien maire de Montpellier, Hélène Mandroux.

   En signe d'ouverture, le corrézien (divers droite) Paul Reynal est nommé chevalier et la chiraquienne Catherine Colonna est promue officier. Le cas de Colette Blériot est un peu à part. Cette conseillère UMP a été réélue dans l'Aisne (face à des candidats FN), permettant à son camp (UMP-UDI) d'obtenir une courte majorité relative : 18 élus, contre 16 à la gauche et 8 au Front national. L'an dernier, elle avait été un peu mise à l'écart par Xavier Bertrand, dont la liste avait remporté la mairie de Saint-Quentin.

   On a aussi pansé quelques plaies, à gauche. Ainsi, l'auvergnat Jean-Claude Daurat, éliminé dès le premier tour des récentes élections départementales (bien que sortant), reçoit une breloque. Il en est de même pour la lot-et-garonnaise Catherine Pitous, elle aussi conseillère sortante, elle aussi éliminée dès le premier tour des dernières élections. Quant à Jean-Luc Fichet, s'il a été aisément réélu maire en 2014, il a perdu son mandat de sénateur quelques mois plus tard (il était troisième sur la liste PS, qui n'a obtenu que deux sièges). On a aussi consolé le communiste Jean-Paul Dufrègne : il a bien  gardé sa place au sein du conseil départemental de l'Allier (il a été réélu au premier tour... sans adversaire à gauche), mais il en a perdu la présidence, de justesse.

   Le Sud-Ouest n'est pas absent des nominations judiciaires, avec notamment l'ancien procureur de Toulouse Michel Valet (qui a désormais du temps pour déambuler sur l'Aubrac) et l'avocat Jacques Lévy (connu notamment pour avoir assuré la défense de Jacques Viguier...).

   En parcourant les décrets, on tombe sur des personnalités médiatiques (mais pas nécessairement méritantes) : Anne Sinclair, François Berléand, Georges Chelon, Thierry Rey, Patricia Girard ou encore Antoine Kambouaré...

lundi, 30 mars 2015

Bilan du second tour des élections départementales dans l'Aveyron

   Les surprises étaient quasi absentes du premier tour. Elles se sont produites à l'occasion du second... dans les deux sens. On commence d'ailleurs (en suivant l'ordre des cantons) par Ceor-Ségala, qui a vu le nouveau maire de Baraqueville Jacques Barbezange mordre la poussière (de plus de 200 voix) face à une candidate de centre-gauche, la maire de Naucelle Anne Blanc. Certains pensaient celle-ci affaiblie par sa victoire étriquée aux municipales de 2014. De son côté, J. Barbezange, soutenu par la majorité départementale, avait profité des craintes suscitées par l'adhésion de sa commune au Grand Rodez pour remporter les municipales en 2014. Le canton, dont le territoire ressemble bigrement au Grand Ségala qu'il tente de promouvoir (y compris auprès des ruraux qui n'en veulent pas), semblait lui tendre les bras.

   Un an plus tard, une partie des Baraquevillois commence à déchanter (et ils n'ont pas encore tout vu). Dans sa propre commune, Jacques Barbezange subit un quasi-désaveu : son binôme finit avec à peine 12 voix d'avance sur celui de sa rivale, contre environ 90 à l'issue du premier tour. Entre temps, la participation a augmenté, le nombre de bulletins blancs et nuls a diminué. Dans les communes voisines, c'est parfois plus cinglant. A Camboulazet, il a 9 points de retard sur sa rivale. A Manhac, plus de 25 points. Or, il y a un an, ces deux communes avaient été emportées par le mouvement (sans doute téléguidé par le conseil général) qui les avait conduites, dans la foulée de Baraqueville, à quitter le Grand Rodez. Sur Totem, lorsqu'il a été interrogé, Jacques Barbezange l'avait mauvaise, mais il ne peut s'en prendre qu'à lui et à ceux qui l'ont conseillé.

   Enne-et-Alzou a vu logiquement la victoire du binôme de gauche. Les électeurs des anciens cantons d'Aubin et de Rignac ont joué la continuité. Les reports de voix à gauche semblent avoir été bons. Les candidats divers-droite semblent n'avoir récupéré qu'une partie des voix qui s'étaient portées sur le FN au premier tour.

   Pas très loin de là, dans le canton de Lot-et-Dourdou, une autre surprise s'est produite, au bénéfice de la droite, cette fois-ci. Christian Tieulié, ancien conseiller général de Decazeville de 2001 à 2008, battu ensuite de justesse par le socialiste Pierre Delagnes (qui ne se représentait pas), va pouvoir se lancer à la conquête de la présidence du conseil départemental, lui en qui l'on avait pu voir naguère un successeur potentiel de Jean Puech. Pour la droite aveyronnaise, le gain de ce canton est une bonne nouvelle, mais elle n'en avait pas besoin pour diriger le département. Par contre, la cohésion de la majorité risque d'être mise à rude épreuve, peut-être pas tant en 2015 qu'en 2017, quand Jean-Claude Luche se retirera pour cause de cumul des mandats...

   Dans le détail, on notera que Christian Tieulié est nettement voire très nettement devancé dans les communes de tradition ouvrière (Decazeville, Boisse-Penchot, Livinhac-le-Haut et Firmi). Il est par contre largement en tête dans toutes autres communes (rurales), ce qui a fait la décision. Le canton est donc fortement divisé.

   De manière moins surprenante, Lot-et-Montbazinois, dont le centre urbain est Capdenac-Gare, a reconduit le socialiste Bertrand Cavalerie. Son binôme est en tête dans presque toutes les communes, même les plus rurales, où il n'est pas censé être aussi bien implanté. On a peut-être là une future tête de l'opposition départementale.

   L'un des cantons les plus disputés fut sans conteste celui de Millau-1, où s'est tenue la seule triangulaire du département. Le sortant Jean-Dominique Gonzales parvient à conserver son siège. L'ordre des candidats n'a pas changé par rapport au premier tour. Cela signifie peut-être que les électeurs du Front National n'ont pas privilégié l'un des trois binômes, ou que le surcroît de participation a équilibré les reports de voix frontistes.

   Ici comme à Baraqueville, les premières désillusions municipales ont pesé sur le scrutin. L'an dernier, la liste de droite soutenue par la majorité départementale était arrivée en tête à Millau, devant la liste de gauche et celle conduite par Philippe Ramondenc. Le second tour avait amplifié les écarts. Les débuts de l'équipe Saint-Pierre n'ont cependant pas fait que des heureux dans la cité du gant, ce qui explique l'ordre différent dans lequel sont arrivés les binômes qui ont pris la suite des listes en concurrence aux municipales.

   A gauche, Jean-Dominique Gonzales a tiré les leçons de l'échec de 2014 et il s'est allié au Front de Gauche. Sans cela, il n'aurait peut-être même pas été présent au second tour. A droite, on a commis une grosse erreur en négligeant Philippe Ramondenc. Il avait pourtant été investi par l'UDI (le parti de Jean-Claude Luche) et, en 2011, il avait failli battre Jean-Dominique Gonzales, un peu à la surprise générale. Je me demande si sa mise à l'écart n'est pas une exigence de la municipalité de Millau au président du conseil général. Les séquelles des tensions des municipales de 2014 étaient encore présentes en juillet dernier, lors de l'élection du président du PNR des Grands Causses. Les couteaux ne sont visiblement toujours pas rentrés.

   On notera que le binôme Niel-Orcel, constitué de deux adjoints au maire de Millau (les 4e et 7e), n'arrive en tête dans aucune commune. Il finit le plus souvent troisième, sauf à Millau (où il est deuxième, devancé par le duo Gonzales-Compan).

   Ce fut moins agité à Millau-2, bien que le résultat soit plus serré qu'attendu. Une autre adjointe au maire était alliée à un poids lourd de la majorité départementale, le sortant Jean-François Galliard. La participation n'ayant guère évolué entre les deux tours, on peut estimer que les reports de voix de l'autre candidat divers-droite... et du Front National ont profité au binôme soutenu par Jean-Claude Luche. A titre anecdotique, on notera que l'adjointe au maire de Millau subit un petit désaveu sur la partie de la circonscription située sur sa commune, où la gauche arrive en tête (de justesse).

   Les Monts-du-Réquistanais ont vu la reconduite (difficile) du sortant de gauche Régis Cailhol. Dans ce canton, les reports de voix semblent avoir été bien meilleurs à droite qu'à gauche : les résultats du premier tour laissaient entrevoir une plus large victoire du conseiller général sortant.

   A Rodez-1, on a failli assister à une grosse surprise : les candidats soutenus par le maire de Rodez ne l'ont emporté que d'une centaine de bulletins. La division de la gauche s'est traduite par de très mauvais reports de voix, une hausse de l'abstention et du nombre de bulletins blancs ou nuls, passés de 287 à 425. De leur côté, les candidats UMP-UDI ont sans doute bénéficié d'apports substantiels en provenance du FN et des divers-droite.

   A Rodez-2, Bernard Saules a finalement été réélu dans un fauteuil. En face, on n'y  croyait pas trop et le report des voix de gauche ne s'annonçait pas bon. Là aussi, l'abstention a progressé, tout comme le nombre de bulletins blancs ou nuls. Mais c'est moins spectaculaire que sur Rodez-1, où je ne serais pas étonné d'apprendre que certains adversaires acharnés (de gauche) de l'équipe Teyssèdre aient voté UMP-UDI.

   L'un des coups de tonnerre de ces élections départementales est venu de Rodez-Onet, où la gauche était pourtant majoritaire en voix. Mais, comme certains de ses camarades socialistes, le Front de Gauche Jean-Louis Roussel n'a pas bénéficié de bons reports. Entre les deux tours, l'abstention a progressé. Par contre, le nombre de bulletins blancs ou nuls a diminué, passant de 524 à 409. La candidature de Jean-Louis Roussel est peut-être apparue comme trop clivante. Une partie de l'électorat de gauche modérée a visiblement préféré donner sa chance à des proches de la nouvelle municipalité d'Onet. Et puis... ce fut peut-être, pour certains électeurs socialistes, une réponse du berger à la bergère. Quoi qu'il en soit, ces bisbilles ont eu pour principale conséquence de renforcer la majorité départementale.

   L'autre coup de tonnerre est venu du Sud, de Saint-Affrique, le seul canton n'avoir pas été transformé par la réforme territoriale. Cela n'a pas suffi pour que la gauche le conserve en son sein. Bien que le résultat soit assez serré, elle n'arrive en tête que dans trois des onze communes. A Saint-Affrique même, suprême outrage, le binôme soutenu par le maire Alain Fauconnier est devancé par ses concurrents de droite (d'une trentaine de voix).

   Derrière cet échec, il y a le désaveu national, mais aussi des causes locales. Ce canton fut conquis en 1998 par Alain Fauconnier, pour le compte de la gauche. Quand il arriva à la tête de la mairie de Saint-Affrique (en 2001), il l'abandonna à Jean-Luc Malet, qui fut élu en 2004 et réélu en 2011. Celui-ci put un temps se rêver en successeur du maire de Saint-Affrique, mais une affaire de travail dissimulé (sanctionnée par la justice) a mis fin à ces projets. Il ne fut sans doute pas facile de constituer un binôme pour ces élections. On a pu dire que, face à un opposant aussi chevronné que Sébastien David, les candidats PS étaient un peu "tendres". Il y avait pourtant le maire de Versols-et-Lapeyre, récemment devenu président des maires ruraux de l'Aveyron.

   Il faut peut-être plutôt (encore et toujours) chercher du côté des divisions de la gauche. Ces dernières années, les relations ont été plutôt tendues entre la mairie socialiste et la gauche de la gauche. En 2014, le "carnaval des enfants sauvages" a donné lieu à des débordements, jusque dans la salle du conseil municipal, qui a subi des dégradations dont les traces n'ont totalement disparu que très récemment. Enfin, il ne faut pas exclure que certains électeurs aient modérément apprécié la présence du fils du maire (qui fut son attaché parlementaire) en position de suppléant.

   Dans le canton de Tarn-et-Causses, la situation était déjà très claire au premier tour. Le second n'a été qu'une formalité pour le binôme soutenu par la majorité départementale. Ce soir, sur Totem, la sortante battue, Catherine Laur, avait du mal à encaisser. Les municipales de l'an dernier auraient pourtant dû l'alerter : à Sévérac-le-Château, sa liste fut très lourdement battue par celle menée par l'un de ses adversaires du jour, Camille Galibert. Rappelons qu'en 2008, elle n'avait gagné la cantonale qu'au bénéfice d'une triangulaire. De ce qui remonte de cette partie de l'Aveyron, il ressort que, même dans l'électorat de gauche, elle ne fait pas l'unanimité. S'ajoute à cela la poussée du FN, dans une zone qui a souffert des conséquences de différents plans sociaux. Gauche nationale comme droite locale ne paraissent d'aucune utilité à une part croissante des électeurs.

   Je vais passer plus vite sur le canton de Vallon, où la victoire du binôme de gauche était prévisible dès la semaine dernière. On remarque que, si la participation a baissé, le binôme de droite semble avoir bénéficié d'un bon report des voix du FN.

   A Villefranche-de-Rouergue, ce fut encore plus serré qu'à Rodez-1. Le PRG Eric Cantournet est bien réélu, mais avec une soixante de voix d'avance sur le binôme de droite, soutenu par la mairie de Villefranche. La gauche étant majoritaire sur le canton, le radical, arrivé deuxième dimanche dernier, pouvait espérer combler son retard. Mais il s'en est fallu de peu. Les reports ont été nettement moins bons qu'en 2011, en particulier sur la commune de Villefranche. Est-ce le résultat de la mauvaise volonté de certains membres du PS local ? Pourtant, son candidat (et rival d'Eric Cantournet depuis pas mal d'années) Jean-Michel Bouyssié a appelé à voter à gauche au second tour. Alors, hypocrisie ? Il faudrait aussi analyser dans le détail le report des voix FN. Dans ce canton comme dans d'autres, on remarque une assez grande porosité entre la droite et l'extrême-droite (au niveau d'une partie de l'électorat).

   On termine avec le canton de Villeneuvois-et-Villefranchois. Le duel des sortants a tourné à l'avantage de la droite. C'était perceptible dès le premier tour, surtout si l'on tenait compte (là encore) d'un possible report massif des voix FN.

   Au total, si j'ai bien compté, cela donne 16 conseillers départementaux pour la gauche (contre 20 dans la précédente assemblée) et 30 pour la droite (contre 26 précédemment). La présidence va donc rester dans le camp UMP-UDI-divers-droite. Jean-Claude Luche, qui a mené la campagne victorieuse, est le favori. La surprise ne peut venir que de son camp, mais je n'y crois pas trop... à moins que M. Luche ne soit prêt à lâcher les rênes dès aujourd'hui (au lieu d'attendre 2017).

jeudi, 26 mars 2015

L'Aveyron dans "Le Canard enchaîné"

   Les lecteurs aveyronnais du journal satirique auront eu la surprise de découvrir, en page 2 du numéro sorti le 25 mars, un entrefilet ironisant sur le résultat du premier tour des élections départementales dans le canton de Raspes-et-Lévézou :

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   L'hebdomadaire parfois surnommé "le Palmipède", qui fait son beurre des prises de bec entre politiques qui se volent dans les plumes, a dû trouver piquante l'association des noms de ces deux candidats divers gauche (sans doute PS en réalité).

   Le hasard a voulu qu'il tombe sur un canton un peu particulier. C'est d'abord celui où le sénateur ex-député, vice-président du Conseil général sortant et premier adjoint au maire d'Ayssènes se présentait et où il a été facilement réélu... avec, en sus, un petit coup de pouce à la limite de la légalité.

   C'est aussi le canton où un binôme du Front National a obtenu son meilleur score de l'Aveyron. D'après les résultats, Alice Chauvet et Jean Azais ont recueilli 20,69 % des suffrages exprimés, pas très loin derrière le binôme de volatiles sur lequel le Canard a ironisé.

   Il convient toutefois de préciser qu'en terme de pourcentage des inscrits, le binôme constitué par Martine Brunerie et Bernard Baisson a fait un peu mieux sur Tarn-et-Causses : 11,86 contre 11,82 pour le duo Chauvet-Azais. Mais les candidats de l'Est Aveyron n'ont recueilli que 20,58 % des suffrages exprimés.

   Si l'on s'intéresse aux résultats détaillés, on constate que, dans le canton de Raspes-et-Lévézou, le binôme FN est arrivé deuxième dans 13 des 22 communes (soit la majorité). Il obtient son meilleur score à Saint-Laurent-de-Lévézou : 32,74 % des suffrages exprimés ! Au final, il passe troisième parce que le binôme divers gauche obtient de très bons résultats dans les communes de Broquiès et Saint-Victor-et-Melvieu, d'où sont originaires les deux candidats.

 

lundi, 16 février 2015

Du Bou(r)din pas casher

   Tout le monde se pose la question : pourquoi a-t-il évoqué une éventuelle "influence juive" qui s'exercerait sur le Premier ministre Manuel Valls ? Qu'est-ce qui a pris à Roland Dumas Jean-Jacques Bourdin ?... car c'est bien l'animateur qui a prononcé ces mots, comme on peut le constater en (re)voyant l'intégralité de l'entretien avec l'ancien ministre des Affaires étrangères.

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   Les mauvaises langues diront que l'animateur de RMC et BFM TV a voulu "faire le buzz"... et c'est réussi. D'autres insinueront qu'il s'est peut-être montré complaisant avec ce qu'il pense être l'opinion de nombre de ses auditeurs/téléspectateurs : comme la radio et la télévision sont réputées très suivies à la fois par un public sensible aux thèses du Front national et par un public que l'on peut qualifier de "franco-maghrébin", une allusion antisémite ne peut que les conforter dans leurs préjugés.

   Ce n'est pas du tout ainsi que l'animateur présente la chose. Il déclare être une sorte d'accoucheur, qui fait dire à ses invités ce qu'ils pensent, même quand ils n'ont pas l'intention d'être aussi francs à l'antenne. Cela signifierait-il qu'il aurait perçu, dans les écrits de Roland Dumas, un poil d'antisémitisme ? Reprenons l'entretien depuis le début.

   L'ancien ministre est venu promouvoir son nouveau livre, où il se targue d'être "politiquement incorrect". Il déclare d'ailleurs d'emblée à Jean-Jacques Bourdin : "Vous ne serez pas déçu." En clair, vous voulez de la provoc' ? Eh bien, vous allez être servi !

   Le journaliste commence avec la tuerie de Copenhague. Au cours de la conversation, en quelque cinq minutes, il va principalement être question de Bernard-Henri Lévy, de Laurent Fabius (actuel ministre des affaires étrangères) et de Benjamin Netanyahu (Premier ministre d'Israël)... tous trois juifs. Certes, la discussion porte sur la politique étrangère française (et le seul qui est victime de la vindicte de Dumas est BHL) mais, tout de même, cette coïncidence est troublante, à la fois dans les choix opérés par J-J Bourdin et dans les réponses de R. Dumas.

   Sur le fond, ce que dit l'ancien ministre n'est pas inintéressant. Il essaie de contextualiser les événements et invite à ne pas tout dramatiser. Mais, entre les éléments d'analyse qui prouvent qu'il a gardé des capacités de réflexion malgré son grand âge (92 ans, quand même) se sont glissés des raccourcis voire des approximations. Il déclare ainsi qu'après le massacre de Charlie Hebdo "Aujourd'hui, les Arabes ont eu satisfaction". Je pense qu'il pensait "les musulmans". (Il commet cette confusion une nouvelle fois quelques minutes plus loin.) Par contre, on aurait aimé quelques éclaircissements sur sa formule, ce que Jean-Jacques Bourdin n'a pas pensé à demander.

   Concernant BHL (pour lequel je n'ai pas une grande estime), il prétend citer le défunt François Mitterrand, qui aurait évoqué son "entregent" (son influence). C'est encore une formulation riche en sous-entendus, qui ne fait l'objet d'aucune explication précise. Du coup, lorsque Roland Dumas prétend dénoncer "les gens qui jettent de l'huile sur le feu" (avec BHL comme principal exemple), on se retrouve un peu en face d'un pompier pyromane... un pompier qui, de surcroît, minimise constamment le poids de l'intégrisme musulman.

   On ne peut qu'être d'accord avec Dumas quand il regrette le chaos dans lequel sont plongées la Libye et la Syrie. Il estime qu'il aurait fallu réfléchir et négocier davantage avant de lancer les troupes contre les armées de Kadhafi et Bachar el-Assad. Il oublie les massacres de civils qui avaient déjà eu lieu et ceux qui risquaient de survenir. Mais, quand on voit le résultat aujourd'hui, on se dit qu'il n'a pas complètement tort. Par contre, il s'embrouille un peu entre les gouvernements français. Il semble attribuer à Laurent Fabius (et donc à François Hollande) le retour de la France dans le commandement militaire intégré de l'O.T.A.N. et la décision d'attaquer la Libye. Or, c'est pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy que ces événements se sont produits.

   Arrive enfin le passage sur Manuel Valls. C'est le retour des allusions déplaisantes et des imprécisions. Roland Dumas tente d'opposer le parcours du Premier ministre à celui de son père Xavier, qui fut un peintre renommé. C'est là qu'il se plante royalement, présentant le papa comme un républicain ardent, qui a fui l'Espagne franquiste pour ne plus y revenir du vivant du dictateur sanguinaire. Or, qu'apprend-on en lisant la biographie de Xavier Valls ? Qu'il a quitté l'Espagne dès la guerre civile... en 1949, après avoir obtenu une bourse à Paris. Il a ensuite effectué plusieurs allers-retours entre les deux pays, puisqu'il a été régulièrement exposé à Barcelone et à Madrid. La vraie rupture intervient en 1959, peu de temps après son mariage avec Luisangela Galfetti.

   Il dit de Manuel (par rapport à son père Xavier) : "lui, il a pris le point de vue contraire". C'est doublement faux, d'abord parce qu'il part du principe que le père était un révolutionnaire, ensuite parce que Manuel Valls n'est pas un héritier du franquisme (le "contraire" du républicain espagnol de l'époque). Jean-Jacques Bourdin semble s'être rendu compte de l'énormité de l'affirmation, puisqu'il relance son invité sur le "socialisme" du Premier ministre. En quelques minutes, Roland Dumas se contredit à nouveau, déclarant d'abord que M. Valls n'est pas socialiste avant de dire qu'il l'est, à sa manière (celle des dirigeants de la S.F.I.O. pendant la guerre d'Algérie)...

   Enfin, il va dans le sens de l'animateur quand celui-ci évoque "l'influence juive" à laquelle le Premier ministre serait soumis. Au passage, on se garde bien de nous dire quelles seraient les preuves de cette supposée influence. En clair, Manuel Valls serait influencé par sa femme... mais dans quels domaines, mystère. Est-ce pour le choix de ses cravates ? celui de ses ministres ? celui des sorties du couple ? Nous voilà devant deux mâles dominants (l'interviouvé et l'interviouveur), qui ont eu de nombreuses conquêtes féminines (on en reparlera plus loin) et discutent d'un autre homme, qui serait soumis à l'influence d'une femme. Figurez-vous qu'en plus elle est juive ! Sans que rien d'autre ne soit dit sur l'action supposée d'Anne Gravoin. On en conclut que Roland Dumas lui attribue les prises de position de Manuel Valls sur le conflit israélo-palestinien (ou sur le militant politique extrémiste Dieudonné). On est donc parti d'une épouse juive pour arriver au soutien de la politique d'Israël. Bel amalgame, le tout, je le rappelle, sans aucun élément pour étayer l'affirmation.

   Je pense que Roland Dumas, comme beaucoup de ceux qui critiquent l'action de Manuel Valls, a en tête son intervention devant des membres de la communauté juive de Strasbourg, en 2011. (Précisons que, contrairement à ce qu'affirme une kyrielle d'imbéciles qui se défoulent sur la Toile, ce n'est pas Manuel Valls qui essaie de faire retirer la vidéo du réseau, mais la station de radio qui avait organisé la rencontre.) Intéressons-nous donc à cet extrait, en gardant à l'esprit qu'à cette date, le 17 juin, il vient de se déclarer candidat à la primaire socialiste.

   La très grande majorité de son intervention (qui est la réponse à une question du public) est une défense de la politique du PS (mais pas de Roland Dumas, qu'il égratigne au passage... eh oui, il y a presque quatre ans). Il lance une pique contre le soutien à Nicolas Sarkozy et rappelle, incidemment, que beaucoup d'électeurs musulmans sont prêts à voter pour un ami des juifs. Comme il est en campagne, il se présente comme le meilleur rempart contre l'antisémitisme. La référence à son épouse vient dans ce contexte-là : "Par ma femme je suis lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël... quand même ! Donc je viens pas ici pour recevoir des leçons de brevet... euh... euh... de lutte contre l'antisémitisme."

   Ceux qui citent le début de ce passage comme la preuve de l'inféodation de Manuel Valls à Israël et de l'influence qu'exercerait son épouse sur lui sont donc à côté de la plaque. Alors en campagne, le maire d'Evry vient rassurer des Français juifs (inquiets de la remontée de l'antisémitisme dans notre pays), polir son image de présidentiable... et remettre les pendules à l'heure concernant l'action politique du Parti socialiste. On peut considérer qu'il y va peut-être un peu fort dans la démonstration affective, mais c'est celle d'un homme politique indépendant d'esprit.

   Terminons sur quelques notes d'humour. Pour cela, Roland Dumas et Jean-Jacques Bourdin vont nous être utiles. Durant l'entretien, le premier n'hésite pas à taquiner le journaliste. Au début, quand il est question des slogans hâtivement lancés à l'occasion des récents faits divers, il dénonce la course à l'audience (qui grossit exagérément des événements auxquels on finit, selon lui, par accorder trop d'importance) et, s'adressant à Bourdin, lui dit : "Vous savez ce que c'est, l'audimat !"

   Vers la fin, il est question des relations entre élus (hommes) et journalistes politiques (femmes)... des relations qui ne sont pas que professionnelles. Un ange passe dans le studio, Jean-Jacques Bourdin ayant lui-même épousé une journaliste qu'il avait d'abord invitée dans son émission. Roland Dumas y fait subtilement allusion : "La relation avec les FEMMES journalistes est difficile. Ce n'est pas à vous que je vous le dirai [sic]" Bourdin fait semblant de ne pas avoir compris et déclare n'avoir aucune relation (privée) avec un homme ou une femme politique. Bien vite, il relance son interlocuteur et le flatte, le qualifiant de "séducteur". Roland Dumas répond en disant que tout cela est "éculé"... et Bourdin s'écroule de rire, d'autant plus que Dumas en remet une couche : "J'ai dit éculé".

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   Et voilà ces grands-pères qui se comportent comme deux adolescents. Ils sont bien sympathiques, mais la manière dont ils ont parlé de la supposée "influence juive" me reste en travers de la gorge.

samedi, 07 février 2015

Pourquoi C. Teyssèdre ne pouvait pas gagner

   Dans la course à l'investiture du Parti socialiste pour les élections régionales de décembre prochain, le maire de Rodez a fini par "jeter l'éponge", comme on dit en général dans ces cas-là. Bref, il a renoncé avant le vote des militants, parce qu'il a compris qu'il ne pouvait pas l'emporter.

   Mais la première question qui vient à l'esprit de l'observateur avisé est plutôt celle-ci : pourquoi diable s'était-il lancé dans cette aventure, avec si peu de chances de succès ? De prime abord, on serait tenté de penser qu'il estimait (à tort ou à raison) avoir accompli l'essentiel de son oeuvre à la tête de la commune de Rodez. Il lui fallait donc un nouveau défi.

   Pourquoi pas la députation ? Il avait (vainement) tenté sa chance en 2007, mais il me semble que Christian Teyssèdre soit plus intéressé par la gestion d'une collectivité territoriale que par le travail parlementaire. Ceci dit, je fais partie de ceux qui pensent qu'en 2012, il aurait pu enlever la première circonscription au député sortant Yves Censi, réélu de justesse face à Monique Bultel-Herment.

   Une autre possibilité était la conquête du conseil général de l'Aveyron. Mais, en 2011, c'est Guy Durand (à l'époque maire de Millau) qui avait mené ce combat. En 2015 comme en 2011, en dépit de la réforme territoriale, la gauche risque fort de mordre à nouveau la poussière. Dans le passé, C. Teyssèdre a pu réaliser ce que c'est que d'être conseiller général dans l'opposition. Il ne semble pas qu'il souhaite vivre à nouveau cette situation.

   Il restait donc la succession de Martin Malvy à la présidence du conseil régional de Midi-Pyrénées. Ce n'est que tardivement que l'on a appris officiellement le renoncement du sortant (un secret de Polichinelle, pour ceux qui savaient lire entre les lignes). Depuis deux-trois ans, on s'agite beaucoup dans le dos du président. Voilà sans doute pourquoi le maire de Rodez n'avait pas démissionné de son poste de vice-président, contrairement à l'un de ses engagements de campagne. Il a peut-être été conforté dans sa démarche par l'éviction successive de plusieurs des prétendants au trône : Kader Arif (rattrapé par la justice), Philippe Martin (plus préoccupé par le conseil général du Gers... et dont le passage au gouvernement n'a pas laissé une trace indélébile) et surtout Nicole Belloubet, opportunément nommée au Conseil constitutionnel en 2013.

   Comptant profiter de la disparition de ses principaux concurrents et s'appuyant sur l'inauguration réussie du musée Soulages, Christian Teyssèdre n'a pas compris que, début 2015, la situation avait changé. Cette élection est d'abord celle de la fusion de deux régions. Or, le maire de Rodez s'est présenté en solitaire, sans penser à former un tandem (voire une équipe) avec une élue languedocienne. En face, l'idée du duo Delga-Alary est une bonne trouvaille : on associe deux élus de grosses fédérations du PS, des deux régions d'origine ; on maintient (en cas de victoire) la présidence midi-pyrénéenne, tout en attribuant un beau lot de consolation à celui qui ne voulait pas de la fusion. Pour que sa candidature soit plus crédible, Christian Teyssèdre aurait dû rechercher l'alliance d'au moins une collègue socialiste de Languedoc-Roussillon... pas forcément montpelliéraine d'ailleurs.

   Le contexte de janvier 2015 a aussi été défavorable à la candidature du maire de Rodez. L'attitude de François Hollande suite aux meurtres commis par des terroristes islamistes a renforcé sa stature de président... et sa crédibilité aux yeux des militants socialistes. La solution imposée par les dirigeants du PS (qui a dû obtenir l'aval de l'Elysée) n'aurait sans doute pas été aussi bien acceptée quelques semaines auparavant. De ce point de vue, les attaques de Christian Teyssèdre contre l'appareil du PS sont arrivées à contre-temps. Les militants socialistes l'ont sans doute plus perçu comme un diviseur que comme un rassembleur... impression renforcée par ses bisbilles avec le PRG local. Ils ont choisi la sécurité de la solution proposée par Paris.

   Ce n'est pas tant dans les médias qu'auprès des militants de base qu'il aurait fallu intervenir, en utilisant ses réseaux. S'il avait vraiment déjà en tête sa candidature il y a trois-quatre ans, le maire de Rodez aurait dû mettre à profit sa vice-présidence de Midi-Pyrénées pour étoffer son carnet d'adresses. Il s'est peut-être un peu trompé de campagne... ou alors, faute d'un réseau suffisamment développé au sein de l'appareil, il a dû tenter de passer au-dessus, en utilisant principalement la presse... dont l'impact est aujourd'hui beaucoup plus faible qu'il y a vingt ans.

   Il y a pourtant bien eu une campagne interne au PS. Les non-initiés en ont eu des échos dans les journaux. Le maire de Rodez s'est rendu jusqu'à Tarbes pour tenter de convaincre les militants et on a pu voir Mme Delga à Albi où, d'après Le Tarn libre, elle a été bien accueillie par la fédération PS (sans doute déjà acquise à sa cause) :

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   Quatre débats ont même été organisés (d'après ce qu'on pouvait lire dans le cahier régional de Midi Libre de vendredi), le dernier semble-t-il à Toulouse :

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   Cette mini-campagne n'en a pas moins eu un certain retentissement. Outre les médias locaux et régionaux, quelques médias nationaux en ont rendu compte, comme Le Parisien et 20minutes. Quant à Christian Teyssèdre, il va désormais pouvoir pleinement se consacrer à Rodez et à sa communauté d'agglomération. D'autres tâches l'attendent, peut-être moins clinquantes que celles auxquelles il espérait se consacrer à l'Hôtel de région, mais tout aussi importantes pour l'avenir de cette partie de l'Aveyron.

lundi, 19 janvier 2015

Poker menteur à Villefranche-de-Rouergue

   On le sentait venir gros comme une maison en décembre dernier : la vieille gué-guerre entre socialistes et radicaux villefranchois (qui a contribué à asseoir confortablement la carrière politique de Serge Roques) est sur le point de se rallumer à l'occasion de la campagne des élections départementales.

   Les récentes manifestations en hommage aux victimes de l'islamo-fascisme ont été l'occasion pour nombre de dirigeants politiques (locaux comme nationaux) d'afficher leur indéfectible soutien à la liberté de la presse ainsi qu'à la défense de la veuve et de l'orphelin. Si, à cette occasion, leur bobine s'est retrouvée à la une des journaux, c'est pure coïncidence. Voici donc la photographie qui a été publiée dans Le Villefranchois du 15 janvier dernier :

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   Toute la crème politique villefranchoise était réunie derrière la banderole de soutien à Charlie Hebdo. En numéro 1 se trouve Patrice Couronne, naguère encore maire de Morlhon-le-Haut, mais toujours solidement accroché à la présidence de la communauté de communes du Villefranchois. Il côtoie Serge Roques, le maire de Villefranche-de-Rouergue (numéro 2) et son principal opposant, le radical de gauche Eric Cantournet, toutefois un peu placé à l'écart (numéro 3).

   Mais voilà que, ô surprise, au deuxième rang, un petit malin a réussi à glisser sa tête (surmontée du chapeau si reconnaissable) entre le maire et l'actuel conseiller général. Il s'agit de Jean-Michel Bouyssié (numéro 4). Plus loin, en page 9 de l'hebdomadaire, on apprend qu'il sera candidat aux prochaines élections départementales, avec pour suppléant André Valentin (un ancien socialiste passé au Front de Gauche)... mais sans que l'on connaisse sa partenaire de binôme, au contraire d'Eric Cantournet, annoncé en compagnie d'Odette Taïocchi, qui a déjà mené plusieurs campagnes à ses côtés.

   La cerise sur le gâteau est venue de l'article paru ce lundi dans Centre Presse. On ne sait toujours pas qui sera la colistière de Jean-Michel Bouyssié, mais celui-ci fait porter la responsabilité de la désunion sur les épaules d'Eric Cantournet. Pourtant, quand on analyse la chose en détail, il y a comme une embrouille. Certes, chaque nouveau canton doit désigner deux conseillers... mais un homme et une femme. Comme Eric Cantournet est le sortant, il paraît logique qu'il occupe la place éligible. Son éventuel allié socialiste ne pouvait donc au mieux envisager que celle de suppléant. Mais cela ne lui suffisait peut-être pas... et, en face, E. Cantournet a sans doute encore sur le coeur les séquelles de la campagne des municipales, durant laquelle on ne peut pas dire que le soutien des socialistes ait été des plus ardents...

   En mars prochain, il y a fort à parier que le premier tour de l'élection départementale servira de primaire à gauche... à condition qu'il y ait un second tour. A droite, Serge Roques a lancé son jeune poulain (et potentiel successeur à la mairie) Laurent Tranier, accompagné de Colette Lefevre. C'est un duo de choc, composé des deux premiers adjoints de Villefranche, qui pourrait faire regretter leurs querelles d'égos aux candidats de gauche.

   P.S.

   A ceux qui s'étonneraient que le débat d'idées et les programmes soient absents de ce billet, je répondrais qu'il n'est que le reflet de la situation actuelle. On attend de voir ce que la gauche aveyronnaise (éventuellement unie) a à proposer pour renverser la majorité départementale actuelle.

dimanche, 11 janvier 2015

C'est pas gagné pour les régionales

   Tout part d'un entrefilet paru dans Le Monde daté du 7 janvier 2015, page 16. Il y est question de l'annonce, par Martin Malvy, de sa non-candidature aux élections régionales de décembre prochain. A bientôt 79 ans, le patron de la gauche midi-pyrénéenne (déjà diminué physiquement ces derniers temps) évite de se lancer dans la campagne de trop.

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   Quelques noms de candidats à la candidature sont proposés... mais pas celui de Christian Teyssèdre. Pourtant, L'Hebdo paru vendredi 9 janvier évoque clairement les ambitions du maire de Rodez sous le titre : "Teyssèdre candidat à la primaire socialiste".

   L'entrefilet du Monde a donné naissance à un article, signé Stéphane Thépot. La liste des postulants socialistes (midi-pyrénéens comme languedociens) est bien plus longue... mais ne comporte toujours pas le nom du maire de Rodez. C'est grosso modo la même liste qui est citée par France 3. Seule La Tribune mentionne Christian Teyssèdre parmi les candidats. Tous les médias s'accordent toutefois pour dire qu'une élue haut-garonnaise tiendrait la corde.

   Le déficit de notoriété du maire de Rodez ne date pas d'aujourd'hui. Certes, en 2011, L'Express avait consacré un "décrochage local" au chef-lieu aveyronnais et au bilan de son maire. Mais, lorsque, en 2012, Le Journal toulousain a évoqué la succession de Martin Malvy, le premier édile ruthénois n'a pas été mentionné. Des progrès ont été réalisés depuis, puisqu'en novembre 2014, la candidature du maire de Rodez commence à être prise au sérieux... mais il lui faut encore se faire un prénom !

 

jeudi, 01 janvier 2015

Des nouvelles de Béatrice Marre

   On en a par l'entremise du Journal Officiel, plus précisément d'un décret de la présidence de la République : l'ancienne élue aveyronnaise a été nommée chevalier de la légion d'honneur, sur le contingent du ministre de l'Intérieur (page 16 du fac-similé). Quoi de plus normal pour une préfète ?

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   Le décret nous apprend qu'elle est chargée de mission au ministère. (Cela ressemble un peu à une bonne planque.) Elle doit occuper ce poste depuis mars 2014, époque à laquelle Nicole Bricq a cessé d'exercer la fonction de ministre : membre du gouvernement Ayrault, elle n'a pas été reconduite dans l'équipe Valls ; elle est redevenue sénatrice

   D'après Documents et informations parlementaires (où l'on peut trouver une biographie détaillée, pages 4-5), Béatrice Marre était devenue la collaboratrice de la ministre du Commerce extérieur en janvier 2013. Cela lui avait d'ailleurs valu un article dans La Dépêche du Midi.

   Les Aveyronnais connaissent l'ancien chef de cabinet de François Mitterrand surtout pour son passage dans le Sud Aveyron. En 2007, elle avait, sous les couleurs socialistes, tenté sa chance contre Alain Marc, lors des élections législatives. En 2008, elle avait participé au succès de la liste d'union de la gauche (conduite par Guy Durand), à Millau. Toutefois, bien que quatrième sur la liste vainqueur, elle n'avait pas obtenu de poste d'adjointe. Signalons que (d'après Roger Lajoie-Mazenc, dans son livre Fantassins de la démocratie) le futur maire de Millau, qui avait aussi décroché le mandat de conseiller général, n'avait été désigné candidat socialiste (aux cantonales) qu'avec une voix d'avance sur Béatrice Marre...

   On comprend mieux pourquoi, en 2012, certains caciques socialistes ont laissé la place aux Verts, dans la troisième circonscription aveyronnaise (dévolue à une candidate). Les mauvaises langues disent que certains dirigeants socialistes locaux préféraient encore voir le député UMP sortant réélu plutôt que d'assister à la victoire d'une redoutable concurrente... L'exclusion du PS de Béatrice Marre (qui n'a pas participé aux municipales de 2014) ne l'a visiblement pas empêchée de se reconvertir, avec l'aide d'amis présents au gouvernement (ou à l'Elysée).

   En remontant dans le temps, on constate que sa carrière a été fortement dépendante de la couleur politique du pouvoir exécutif. Jusqu'aux débuts de la première présidence Mitterrand, elle fut une sorte d'apparatchik du PS, avant de travailler pour plusieurs ministres de gauche puis de devenir sous-préfète (en 1985, peu avant la première cohabitation). Elle atteignit la notoriété en devant chef de cabinet du président durant son second mandat. C'est au début de 1995 qu'elle fut promue préfète, certes pendant la deuxième cohabitation, mais à une époque où le gouvernement Balladur acceptait de recaser les fidèles serviteurs du président mourant.

   Je pense que le duo Chirac-Juppé, aux manettes entre 1995 et 1997, n'a pas fait preuve du même esprit de conciliation. Ils ont visiblement placé Béatrice Marre dans un beau placard, en la nommant préfète hors cadre en 1996. De 1997 à 2008, elle vécut sa première carrière d'élue, loin de l'Aveyron, dans l'Oise.

   En parallèle, elle poursuivit (un peu en sourdine) son parcours de haut-fonctionnaire. En 2006, elle fut nommée à la Commission de recours contre les décisions de refus de visa d'entrée en France (en tant que représentante du ministère de l'Intérieur). En 2010, le gouvernement Fillon (plus précisément le ministère de l'immigration et de l'identité nationale) l'éjecta de ce poste en douceur, en la nommant préfète honoraire :

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   La légion d'honneur attribuée à Mme Marre est un peu son bâton de maréchal. A bientôt 63 ans, elle est proche de la retraite (de fonctionnaire... mais peut-être pas en retrait de la politique).

dimanche, 21 décembre 2014

Mais qu'a-t-il donc fait ?

   C'est la question que se pose le commun des mortels, qui a appris par voie de presse que l'un des adjoints du maire de Rodez s'est vu retirer sa délégation et l'indemnité afférente. A l'heure où j'écris ces lignes, c'est d'ailleurs le seul moyen d'avoir des informations sur le sujet, puisque le compte-rendu de la dernière réunion du Conseil municipal n'est toujours pas disponible sur le site de la commune de Rodez. C'est l'occasion de signaler qu'il y a du relâchement dans la mise en ligne  de ces fameux comptes-rendus. Déjà que d'habitude, il faut attendre plusieurs semaines, en 2014, on a l'impression qu'aucune réunion ne s'est tenue entre le 18 avril et le 14 novembre. Alors, paresse ? Mauvaise volonté ?

   Je penche pour un brin de fainéantise vu que, sur le trombinoscope du Conseil municipal, Daniel Rozoy (l'élu récemment sanctionné) figure toujours en tant que dixième adjoint :

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   Plus comique encore est la fin du document, où sont présentés les simples conseillers municipaux. Il manque la photographie d'un seul d'entre eux et, curieuse coïncidence, il s'agit du chef de l'opposition :

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   Mais revenons à Daniel Rozoy. D'après les "personnes autorisées" qui s'expriment sur le sujet, les relations entre l'élu PRG et une partie des dirigeants PS de la mairie de Rodez sont tendues depuis plusieurs années. Apparemment, pas pour des raisons idéologiques.

   Et pourtant, il semble que l'adjoint radical de gauche (en sixième place lors de la première mandature de Christian Teyssèdre) n'a pas ménagé sa peine pour se faire bien voir du maire de Rodez. En septembre 2012, il s'était un peu trop précipité pour le féliciter de son accession à la vice-présidence du Conseil régional de Midi-Pyrénées. En mars 2013, quand la promotion devint officielle, il fut le premier à s'en réjouir. Cette obséquiosité n'était sans doute pas désintéressée : à la même époque, le départ de Ludovic Mouly du Conseil d'agglomération du Grand Rodez était connu, libérant une place de vice-président (Christian Teyssèdre abandonnant la sienne pour assumer la présidence de l'intercommunalité). Hélas, trois fois hélas ! Le maire de Rodez ayant visiblement décidé de ne soutenir aucune candidature, Daniel Rozoy se fit souffler la treizième vice-présidence par un socialiste ruthénois, Gilbert Gladin (un militant de longue date), pourtant placé derrière lui dans l'ordre protocolaire ruthénois. Depuis, la révolte gronde, un peu entretenue par des rivaux du maire de Rodez, ravis de voir sa majorité se déliter.

   On s'est quand même rabiboché pour les municipales de 2014. Mais il semblerait que la cause de la rupture soit la proximité des élections départementales. Certains membres du PS semblent vouloir faire cavalier seul et certains de leurs alliés semblent avoir très envie de les faire chier leur créer quelques soucis. Christian Teyssèdre ne faisant pas dans la dentelle, il a choisi de trancher, sans donner de véritables raisons : "Nous avons besoin de cohésion municipale améliorée" a-t-il déclaré. C'est peut-être aussi un avertissement adressé à Stéphane Mazars (lui aussi PRG), au cas où il envisagerait de se présenter contre un-e sortant-e PS, l'an prochain.

   La méthode Teyssèdre est abrupte. Pour des questions de personnes, il risque de se fâcher avec des alliés qui seraient précieux dans la conquête du Conseil régional, fin 2015. Martin Malvy avait lui bien compris qu'il devait construire une majorité large et plurielle, s'il voulait l'emporter. A moins que... Christian Teyssèdre ne soit plus intéressé par la présidence de la nouvelle grande région. Il est pourtant toujours vice-président de l'actuel Conseil régional, alors qu'il avait promis de démissionner. A-t-il négligé de respecter son engagement pour mieux préparer les régionales de 2015 (auquel cas il a mal géré la situation aveyronnaise) ou bien ne démissionne-t-il pas à la demande de Martin Malvy, qui estime trop compliqué de redistribuer à nouveau les vice-présidences en tenant compte des sensibilités politiques comme des origines géographiques ? A suivre...

samedi, 08 novembre 2014

"Le trublion Eric Teyssedre"

   J'ai trouvé cette formule dans Le Journal toulousain du 6 novembre. Après bien des déboires, cet hebdomadaire "indépendant de droite" reparaît depuis septembre dernier. On peut notamment y lire la rubrique "Les petits bruits du Landernau", sous la plume de Thomas Simonian, le directeur de la publication (qui est aussi l'un des associés de la SCOP formée pour relancer le titre). Voici celle qui a été publiée jeudi :

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   A ceux qui ne connaissent pas en détail la (passionnante) vie politique aveyronnaise, signalons que le maire de Rodez (et président de la communauté d'agglomération du Grand Rodez) se nomme Christian Teyssèdre. Vice-président (toujours pas démissionnaire) du Conseil régional de Midi-Pyrénées, on sait qu'il pense succéder à Martin Malvy, le matin en se rasant. L'article semble accorder de meilleures chances aux deux autres personnalités de gauche mentionnées... même si, en 2015, il est fort possible que la droite récupère, au niveau régional, les bénéfices des erreurs de la gauche au plan national.

   Notre bon maire de Rodez n'a décidément pas de chance avec l'hebdomadaire toulousain. Il y a deux ans déjà, lorsqu'il avait été question de la succession de Martin Malvy, il n'avait même pas été cité parmi les candidats potentiels. (Les vedettes de l'époque sont aujourd'hui soit grillées, soit occupées à d'autres tâches.) Notons toutefois le progrès : d'inconnu, il passe à méconnu. Le succès du réaménagement du Foirail et la renommée du musée Soulages pourraient lui servir de tremplin pour 2015... mais il reste visiblement encore beaucoup de chemin à parcourir... (Et puis, il est peut-être plus urgent de construire un Grand Rodez élargi, bien accepté par le voisinage.)

    P.S.

   Plus intéressant que l'encadré sur la course à l'échalote midi-pyrénéenne, le long article intitulé "Les médias toulousains en crise" mérite la lecture, ne serait-ce que pour comprendre les difficultés à faire vivre un journal hors de l'influence du patron de La Dépêche du Midi... et des principaux annonceurs.

vendredi, 13 juin 2014

Il voulait devenir maire de Rodez

   Il va bien entendu être question de Christian Teyssèdre, auquel le journaliste Gérard Galtier consacre un livre, qui n'est pas une biographie au sens strict, plutôt le récit (nourri d'anecdotes) d'un parcours atypique :

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   Soyons clairs : si le bouquin contient, ici ou là, quelques critiques à l'égard de celui qui vient de se faire réélire maire de Rodez, le propos est globalement en empathie avec le personnage. Je pense que les deux hommes ont quelques points communs, notamment celui d'être, chacun dans leur domaine, des francs-tireurs.

   Christian Teyssèdre est un enfant du Faubourg, quartier moins bourgeois et plus frondeur que le sommet du chef-lieu aveyronnais. (Rappelons que Gérard Galtier s'y est présenté aux élections cantonales en 2011 et qu'il y a résidé, comme il l'avait précisé en réponse à l'un de mes billets.) A ceux qui ne le connaîtraient pas, le journaliste évoque l'épisode de la commune libre du Faubourg, dans les années 1930.

   Les amateurs de détails biographiques apprendront avec plaisir que le futur maire du Piton a effectué son service militaire dans l'infanterie de Marine (en tant qu'infirmier) et que, s'il a bien été reçu au concours d'entrée à EDF, il avait aussi réussi celui d'inspecteur de police !

   Le passage par EDF a visiblement joué un rôle non négligeable dans la carrière de Christian Teyssèdre. Il y a fait quelques rencontres (notamment celle d'Anne-Christine Her, aujourd'hui neuvième adjointe au maire), s'y est investi dans le travail syndical (à la CFDT)... et s'y est visiblement ennuyé, ce qui l'a peut-être poussé à s'engager en politique.

   Gérard Galtier s'attarde un peu plus sur les premiers pas du futur maire. Il a rejoint le PS, où il fait un peu tache. La plume se fait ici acerbe vis-à-vis de ces notables de gauche qui se sont très bien accommodés de la droite pendant des années, à Rodez et dans le reste de l'Aveyron. Il m'a semblé percevoir un poil de rage dans l'écriture de cette partie. L'auteur s'est longtemps battu contre l'ancien président du Conseil général, Jean Puech, qui, selon certains observateurs, a maintenu le département sous cloche (et sous son contrôle) pendant trois décennies.

   Mais c'est un autre élu de la "Majorité départementale" qui hérite nominalement de ses piques : Michel Astoul, qui fut l'adjoint de Marc Censi de 1989 à 2008. Gérard Galtier brosse un rapide portrait du cumulard, qui ne se représente pas sur le canton de Rodez-Est en 1998, où Christian Teyssèdre décide de se lancer.

   Les péripéties de la campagne sont contées par le menu détail, jusqu'aux recours en justice. Battu au second tour de seulement trente voix, le candidat socialiste a estimé que le journal de campagne distribué juste avant le premier tour de l'élection enfreignait le code électoral. C'est allé jusqu'au Conseil d'Etat, dont la décision, si elle déboute Christian Teyssèdre, reconnaît que la distribution du journal violait le code électoral, mais qu'elle ne suffit pas à expliquer la défaite du socialiste, pourtant de seulement trente voix ! Si on lit entre les lignes, le texte semble dire que la requête de Christian Teyssèdre aurait pu aboutir s'il l'avait présentée autrement.

   Ceci dit, cette affaire ne fut qu'une étape dans l'ascension politique du futur maire de Rodez. Son concurrent victorieux, Dominique Costes, n'a pas longtemps profité du mandat, puisqu'il a été battu en 2004 et qu'il a échoué aux municipales suivantes. Aujourd'hui recasé à la CCI, aux côtés de Manuel Cantos, il continue à faire de la politique (selon les mauvaises langues), mais de manière plus subreptice.

   La suite du livre de Gérard Galtier nous mène aux municipales de 2008 et à la victoire pas si surprenante que cela de la liste d'union de la gauche, dès le premier tour. L'auteur rappelle en effet qu'en janvier 2008, un sondage de l'IFOP avait donné la liste Teyssèdre en tête du premier tour... avec 51 % des voix. (En mars suivant, elle a finalement recueilli 52,5 % des suffrages exprimés.)

   Le livre décevra ceux qui s'attendaient à ce qu'il règle quelques comptes post-2014. (Il contient juste une phrase, en fin de volume.) Son propos s'arrête au début du premier mandat. Mais nul doute que, si le maire n'avait pas été reconduit cette année, la conclusion aurait été différente.

lundi, 24 mars 2014

Mètres carrés de gauche, mètres carrés de droite

   C'est la lecture d'un article paru aujourd'hui dans Le Monde (demain dans la version papier) qui m'a interpellé, plus précisément la carte qui l'illustre :

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   On y retrouve la traditionnelle coupure entre l'ouest et l'est de la commune de Paris, certains arrondissements centraux constituant parfois des "anomalies" sociologiques. Cette carte m'a immanquablement rappelé celle du prix des logements en 2013 :

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   C'est encore plus explicite quand on fusionne les deux bleus les plus foncés, qu'on remplace le bleu clair par le rose, et qu'on élève la limite de cette couleur à 8 200 euros le m² :

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   Il y a quasi-concordance du vote à droite avec un prix élevé du foncier du vote à gauche avec un prix du foncier plus bas. Intéressons-nous aux exceptions. Dans le XIVe arrondissement, le PS est arrivé en tête et la gauche est majoritaire, alors que les prix des logements y sont plus élevés qu'à l'est... mais d'assez peu, finalement. Notons que c'est l'arrondissement où Nathalie Kosciusko-Morizet a choisi de se présenter... et où elle est en ballottage défavorable. C'était néanmoins louable de sa part... et tactiquement bien joué : éviter une candidature du MoDem (Marielle de Sarnez a concouru en 2008) devait lui permettre de gagner cette circonscription... et ensuite de rêver à la mairie de Paris. Cet objectif semble difficile à atteindre, d'autant plus que le PS et EELV ont signé un accord dans la capitale.

   A l'inverse, dans le XVIIe arrondissement (celui en bleu, au nord, à la limite de la zone rose), où les prix des logements sont légèrement plus bas, le PS a connu une véritable déroute. La gaulliste Brigitte Kuster a été largement vainqueur dès le premier tour, succédant brillamment à Françoise de Panafieu (qui l'avait emporté difficilement au second tour en 2008). Son adversaire socialiste, Annick Lepetit, a perdu plus de 5 000 voix en six ans.

   Légèrement au sud-est du précédent, dans le IXe arrondissement, les logements sont un peu plus chers qu'à l'est. Mais ce n'est que d'extrême justesse qu'une candidate UMP a devancé son adversaire socialiste, qui semble disposer d'une plus grande réserve de voix. Mais, par rapport à 2008, environ 2 000 voix ont basculé d'un camp à l'autre.

   IIe arrondissement. On se rapproche du centre et les prix montent. Pourtant, c'est la gauche qui est en position favorable, avec un candidat écologiste en tête (Jacques Boutault) et de bonnes réserves de voix du côté socialiste. Au second tour, il pourrait renouveler sa performance de 2008, quand il avait intégré la liste PS pourtant arrivée devant la sienne. Nous sommes au coeur du "boboland" parisien.

   Trois autres arrondissements centraux (les IIIe, IVe et Ve), plus indécis, transgressent le déterminisme socio-économique. Dans le IIIe, où les logements sont encore un peu plus chers (toujours "boboland"...), le socialiste sortant est bien parti pour l'emporter, même s'il perd plus de 1 000 voix par rapport à 2008. Dans la même fourchette de prix se trouve l'immobilier du Ve (le fief des Tiberi). Même si c'est une liste de gauche qui est en tête, ses adversaires de droite disposent de plus grandes réserves de voix... mais il faut qu'ils se mettent d'accord, sachant que le dissident UMP (arrivé troisième) n'est autre que Dominique Tiberi...

   Il nous reste le IVe arrondissement, le troisième plus cher de la capitale. La situation y est différente du cas précédent, puisqu'un candidat UMP y est arrivé légèrement en tête, la gauche semblant disposer de meilleures réserves de voix. Elle est toutefois nettement en retrait par rapport à 2008, quand Dominique Bertinotti (aujourd'hui ministre déléguée à la Famille dans le gouvernement Ayrault) l'avait largement emporté.

   Ces quelques exemples exceptés, l'orientation politique des votes et les prix de l'immobilier de la capitale semblent fortement corrélés. (Le talent de Bertrand Delanoë a été de parvenir à faire passer à gauche des arrondissements aisés où sont fortement représentées les professions artistiques et intellectuelles.)

   La coupure Ouest/Est ne date pas d'aujourd'hui. Déjà, au XIXe siècle, elle était perceptible dans le comportement des Parisiens lors de la Commune, en 1871, les plus tenaces adversaires des Versaillais étant les habitants des arrondissements de la moitié est :

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   P.S.

   Les médias m'ont paru bien tendres avec Anne Hidalgo. Certes, son camp est bien placé pour conserver la gestion de la capitale... mais sa situation personnelle, dans le XVe arrondissement, est très mauvaise. Son adversaire UMP a frôlé l'élection dès le premier tour et, par rapport à 2008, la socialiste perd 5 000 voix tandis que Philippe Goujon en a gagné 12 000. Comme sa rivale Nathalie Kosciusko-Morizet, elle a eu le courage de se présenter dans une circonscription qui n'était pas gagnée d'avance mais, dimanche prochain, elle risque de se prendre une grosse claque.

jeudi, 12 septembre 2013

Sénateurs conservateurs

   L'information n'a fait l'objet que d'un entrefilet dans la presse (quand elle a été mentionnée). Et pourtant... elle est révélatrice du comportement d'élus arc-boutés sur leurs privilèges. Hier 11 septembre, la commission des lois du Sénat a rejeté deux projets, l'un interdisant le cumul des fonctions exécutives locales avec un mandat de député européen, l'autre le cumul avec un mandat de député ou de sénateur.

   Du coup, j'ai décidé de regarder de plus près la composition de cette commission. Voici quels en sont les membres :

Jean-Pierre Sueur, élu PS du Loiret

Jean-Pierre Michel, élu PS de Haute-Saône

Patrice Gélard, élu UMP de Seine-Maritime

Catherine Tasca, élue PS des Yvelines

Bernard Saugey, élu UMP de l'Isère

Esther Benbassa, élue écologiste du Val-de-Marne

François Pillet, élu UMP du Cher

Yves Détraigne, élu UDI de la Marne

Eliane Assassi, élue communiste de Seine-Saint-Denis

Nicolas Alfonsi, élu RDSE de Corse-du-Sud

Sophie Joissains, élue UMP des Bouches-du-Rhône

Nicole Bonnefoy, élue PS de Charente

Christian Cointat, élu UMP des Français de l'étranger

Christophe-André Frassa, élu UMP des Français de l'étranger

Virginie Klès, élue PS d'Ille-et-Vilaine

Alain Anziani, élu PS de Gironde

Philippe Bas, élu UMP de la Manche

Christophe Béchu, élu UMP de Maine-et-Loire

François-Noël Buffet, élu UMP du Rhône

Gérard Collomb, élu PS du Rhône

Pierre-Yves Collombat, élu RDSE du Var

Jean-Patrick Courtois, élu UMP de Saône-et-Loire

Cécile Cukierman, élue communiste de la Loire

Michel Delebarre, élu PS du Nord

Félix Desplan, élu PS de Guadeloupe

Christian Favier, élu communiste du Val-de-Marne

Louis-Constant Fleming, élu UMP de Saint-Martin

René Garrec, élu UMP du Calvados

Gaëtan Gorce, élu PS de la Nièvre

Jacqueline Gourault, élue UDI du Loir-et-Cher

Jean-Jacques Hyest, élu UMP de Seine-et-Marne

Philippe Kaltenbach, élu PS des Hauts-de-Seine

Jean-René Lecerf, élu UMP du Nord

Jean-Yves Leconte, élu PS des Français de l'étranger

Antoine Lefèvre, élu UMP de l'Aisne

Hélène Lipietz, élue écologiste de Seine-et-Marne

Roger Madec, élu PS de Paris

Jean-Louis Masson, élu divers droite de Moselle

Michel Mercier, élu UDI du Rhône

Jacques Mézard, élu RDSE du Cantal

Thani Mohamed Soilihi, élu PS de Mayotte

Hugues Portelli, élu UMP du Val-d'Oise

André Reichardt, élu UMP du Bas-Rhin

Alain Richard, élu PS du Val-d'Oise

Simon Sutour, élu PS du Gard

Catherine Troendle, élue UMP du Haut-Rhin

René Vandierendonck, élu PS du Nord

Jean-Pierre Vial, élu UMP de Savoie

François Zocchetto, élu UDI de Mayenne

   D'après Francetvinfo, ce sont les sénateurs UMP, UDI et RDSE qui ont voté contre le texte, soutenu par les socialistes, les communistes et les écologistes. Du coup, j'ai choisi de faire ressortir en caractères gras le nom des partisans du cumul. 24 (sur les 26) ont voté contre les textes interdisant le cumul.

   Petite consolation, le socialiste Gaëtan Gorce a fait passer un amendement limitant le revenu d'un-e élu-e cumulard-e à l'indemnité principale, celle du mandat de parlementaire. Cette audace survivra-t-elle à la lecture en séance plénière ?

mercredi, 17 juillet 2013

La promo du 14 juillet 2013

   En se plongeant dans le Journal Officiel du 14 juillet, on tombe d'abord sur les décrets du président de la République portant sur les nominations et promotions dans l'ordre de la Légion d'honneur. C'est la quatrième fois que François Hollande se livre à l'exercice, après les promotions du 14 juillet 2012, du 1er janvier 2013 et du 29 mars 2013.

   Comme il y a quatre mois, je vais m'intéresser aux élus, du moins à ceux qui sont présentés comme tels sur la liste. Deux se trouvent dans le deuxième décret, mais c'est dans le quatrième (le plus long) qu'ils figurent en presque totalité.

   Parmi les 656 noms, j'ai repéré 61 élus, soit un peu plus de 9 % du total (encore plus qu'en mars dernier), alors qu'ils représenent moins de 1 % de la population française. A noter que la parité est presque respectée, avec 28 femmes (46 %) pour 33 hommes (54 %).

   Politiquement parlant, c'est encore plus tranché. Je n'ai pas pu déterminer l'orientation politique de 3 des 61 élus. Il est reste donc 58. 50 appartiennent (ou ont appartenu) à des partis de gauche (42 rien qu'au PS), 8 sont classés à droite (5 à l'UMP, dont Roselyne Bachelot, qui n'avait jamais été décorée sous un gouvernement de droite). Les breloques ont donc été décernées à des élus du parti présidentiel dans plus des deux tiers des cas.

  46 décorations concernent des chevaliers, 13 des officiers et 2 des commandeurs. Ces deux derniers (dont l'ancien maire de Cahors et ancien président du Conseil général du Lot Maurice Faure) sont de gauche, tout comme la quasi-totalité des officiers. L'exception à la règle est proche de nous, puisqu'il s'agit de Josseline Longépée, maire UMP de Quézac, en Lozère.

   Passons à la répartition géographique des futurs décorés. Selon que l'on utilise le département ou la région comme base, l'impression visuelle varie. Le plus simple est de s'appuyer sur les régions métropolitaines. Toutes sauf la Corse ont au moins un élu dans la liste du 14 juillet.

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   J'ai laissé en blanc les régions qui comptent 1 ou 2 décorés. J'ai colorié en jaune les régions qui comptent 3 ou 4 décorés, en orange celles qui comptent 5 ou 6 décorés. L'Ile-de-France se détache en rouge, avec 11 décorés (tous de gauche). Les deux autres bastions du PS et de ses alliés émergent, avec la pointe nord et le Sud-Ouest de la métropole.

   Voici ce que cela donne lorsqu'on affine la représentation, en s'appuyant sur les départements :

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   J'ai laissé en blanc les départements  dont a priori aucun élu ne figure dans la liste. J'ai colorié en jaune les départements dont un élu est mentionné, en orange ceux dont deux élus sont mentionnés. En rouge, il reste les départements dont trois ou quatre élus figurent sur la liste.

   Grosso modo, on retrouve l'importance du Sud-Ouest (le second Lotois étant Martin Malvy, promu officier), de la région parisienne et du Nord. En PACA, on s'aperçoit que ce sont les départements ruraux qui ont pesé. Par rapport à la carte précédente, on remarque le Finistère et le Bas-Rhin, ainsi qu'un axe Bourgogne-Rhône (un axe Rebsamen-Collomb, si vous préférez).

   A mon avis, le Parti socialiste est déjà en train de préparer les municipales, et l'on en a des traces dans l'attribution de la Légion d'honneur. Comme le Nord et l'Hérault (en rouge aussi) sont deux des plus importantes fédérations du PS, il n'est pas étonnant que leurs élus soient surreprésentés dans les décorés.

   Mais, dans l'Hérault, il faut gérer les séquelles de la division née à l'époque de Georges Frêche. Un article du Monde du 20 juin dernier évoquait les tensions autour du choix de la tête de liste PS pour Montpellier. La sortante, Hélène Mandroux (72 ans...), veut rempiler. Face à elle se dressent deux hommes.

   Présenté comme son plus sérieux rival, Jean-Pierre Moure est maire de Cournonsec, une petite commune de la périphérie sud-ouest de Montpellier. Il est aussi conseiller général et surtout président de l'agglomération de Montpellier, où il a succédé à G. Frêche. Il s'est déjà déclaré candidat. Il a cependant contre lui d'être un beau cumulard, dont la gestion communale n'est pas exemplaire... et qui va devoir affronter une plainte touchant l'attribution de marchés publics au niveau de l'agglomération.

   Le second rival socialiste de la maire sortante est Philippe Saurel, adjoint au maire de Montpellier, conseiller général, proche de Manuel Valls... et franc-maçon. Voilà pour le pedigree de l'animal, qui a déjà créé sa page Facebook en vue des municipales.

   Et ce ne sont là que les principaux candidats socialistes. D'après France 3 Languedoc-Roussillon, d'autres ambitions se sont plus ou moins déclarées. On cite notamment le nom du président du Conseil général de l'Hérault, André Vézinhet (né à Rodez... en 1939). Tout ça, rien qu'au PS. Pourquoi tant d'empressement à s'investir dans la chose publique ? Peut-être parce que les études d'opinion (dont un sondage commandé récemment par la direction du PS) donnent les socialistes largement gagnants en 2014 dans la capitale de la Septimanie.

   Cela nous ramène aux breloques décernées le 14 juillet. Parmi les quatre élus héraultais, on trouve André Vézinhet et Philippe Saurel (celui-ci sur le contingent du ministre de l'Intérieur...), ainsi que Sophie Boniface-Pascal, autre adjointe d'Hélène Mandroux.  Visiblement, l'Elysée semble vouloir suivre de très près la constitution de la liste PS.

jeudi, 11 juillet 2013

Cumul mon amour ! (2)

   Il va encore être question de la loi sur le cumul des mandats (dont j'ai parlé hier). Le détail des votes des députés est accessible sur le site de l'Assemblée nationale.

   Sans surprise, on constate que la socialiste Marie-Lou Marcel a voté le texte, tandis que ses collègues UMP Yves Censi et Alain Marc l'ont rejeté. A toutes fins utiles, rappelons que ce dernier est aussi vice-président du Conseil général de l'Aveyron, un cumul que la nouvelle loi interdit. Quant à Yves Censi, il ne cache pas vouloir conquérir la mairie de Rodez, ce qui, en cas de succès, le placerait aussi en situation de cumul prohibé... à partir de 2017.

   De manière générale, les députés de gauche ont voté la loi et ceux de droite l'ont rejetée. Si l'on y regarde de plus près, on est amené à nuancer. Tous les écologistes (bravo !), la presque totalité des socialistes et la majorité des élus du Front de Gauche ont voté le texte. Mais les chevènementistes et la majorité des radicaux s'y sont opposés.

   A droite, personne ni à l'UMP ni à l'UDI n'a voté la loi, mais quelques téméraires se sont abstenus. Ils ne sont que trois à l'UMP, dont le Toulousain Jean-Luc Moudenc et Thierry Solère, une jeune pousse des Hauts-de-Seine, qui a battu Claude Guéant en 2012... et qui avait été mêlé à la "vendetta" organisée contre Patrick Devedjian (qui a rejeté le texte). A l'UDI, 30 % des députés se sont abstenus. (Ne vous emballez pas : cela ne représente que 9 personnes !) Parmi eux, on trouve Jean-Louis Borloo, l'ancien ministre Hervé Morin et le Tarnais Philippe Folliot. L'ont-ils fait par conviction ? Ont-ils vu là l'occasion de se distinguer de la masse et d'afficher leur pseudo-centrisme ? C'est difficile à dire. On en saura peut-être plus quand le texte reviendra du Sénat.

   En poursuivant la lecture de la liste, on arrive aux députés non inscrits. Les deux élus d'extrême-droite (Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard) ont voté la loi !

mercredi, 10 juillet 2013

Cumul mon amour !

   Les socialistes ont fini par s'y mettre. Ils ont mis le temps, ils se sont montrés très timides, mais ils ont accouché d'une nouvelle loi limitant le cumul des mandats. Attention toutefois : votée par l'Assemblée nationale, elle doit encore passer devant le Sénat, dont les membres semblent majoritairement hostiles aux principes de bon sens que le texte contient.

   Rappelons tout d'abord qu'il s'agit d'une promesse du candidat Hollande, contenue dans l'engagement numéro 48 (au passage, je conseille à ceux qui ont joué la surprise quand le gouvernement a mis au programme le mariage homo de lire l'engagement numéro 31) :

"J’augmenterai les pouvoirs d’initiative et de contrôle du Parlement, notamment sur les nominations aux plus hauts postes de l’État afin de les rendre irréprochables. Je ferai voter une loi sur le non-cumul des mandats. Je renforcerai la parité entre les femmes et les hommes en alourdissant les sanctions financières contre les partis politiques qui ne la respectent pas. J’introduirai une part de proportionnelle à l’Assemblée nationale."

   Le formulation était vague, contrairement à ce qui est écrit dans d'autres articles. J'aurais aimé que le gouvernement aille plus loin, mais, pour l'instant, il faut se contenter de la loi que vient de voter la majorité absolue des députés. Le principe est simple : à partir de 2017, on ne pourrait plus être député (ou sénateur ou député européen) ET maire, adjoint, (vice) président de Conseil départemental, de Conseil régional ou d'un établissement intercommunal (genre la Communauté d'agglomération du Grand Rodez).

   Le diable se niche dans les détails... et dans ce qui n'est pas écrit. Cela veut donc dire que l'on pourra être parlementaire et conseiller départemental ou régional, mandats qui sont rémunérés. Les parlementaires pourront aussi rester conseillers municipaux ou intercommunaux, ces fonctions étant très souvent (mais pas toujours) bénévoles. Voilà qui ruine l'un des arguments des opposants (comme le sénateur Stéphane Mazars, qui s'est récemment exprimé dans les colonnes de Centre Presse), qui prétendent qu'un parlementaire déconnecté des réalités locales fait du moins bon travail. Grâce à cette loi sur le non-cumul, les parlementaires pourront garder un pied en province. (Selon moi, on aurait dû seulement tolérer les fonctions de conseiller municipal ou intercommunautaire... ou alors interdire le cumul des indemnités.) Notons que la loi ne change rien aux règles actuelles de cumul des mandats locaux.

   Il va être intéressant de suivre le passage au Sénat. En effet, d'après Le Monde, le texte a été voté par la grande majorité des députés PS, Verts et Front de Gauche, alors que ceux du PRG ont plutôt voté contre (en compagnie de l'UDI et de l'UMP). Quelle va être l'attitude des sénateurs radicaux du groupe RDSE (dont S. Mazars) ?

   Le piquant dans cette affaire est que les récentes péripéties de la vie politique ruthénoise ont conduit le maire de Rodez, Christian Teyssèdre, qui est aussi (depuis mars 2013) vice-président du Conseil régional de Midi-Pyrénées, à s'emparer de la présidence de la Communauté d'agglomération du Grand Rodez. A droite, on avait déjà "Cumuluche". Faudra-t-il désormais aussi parler de Christian "Excèdre" ?

   Blague à part, cette loi sur le cumul des mandats, bien que positive, n'en est pas moins révélatrice du conservatisme des élus de gauche comme de droite et du manque d'autorité de l'exécutif parisien. On a déjà pu le constater à propos de la transparence des richesses. Rappelez-vous : en avril dernier, tous les membres du gouvernement avaient dû publier leur déclaration de patrimoine. Ce fut indéniablement un pas important, mais, à la lecture desdites déclarations, il était clair que certains ministres avaient rusé. (Sur ce sujet, je conseille les articles que Donato Pelayo a signés, les 19 et 26 avril ainsi que le 3 mai 2013, dans Le Nouvel Hebdo.)

   En dépit (entre autres) de l'affaire Cahuzac (et de ses conséquences électorales), beaucoup de députés ont persisté à s'opposer à l'application de la transparence à leur patrimoine. La loi votée fin juin par l'Assemblée (actuellement examinée par le Sénat) est pourtant modérée dans son ambition. Si la déclaration concerne un grand nombre d'élus (ainsi que des hauts fonctionnaires), la publicité du contenu est interdite : le citoyen lambda pourrait consulter mais pas révéler publiquement ce qu'il a lu...

   Nos parlementaires sont décidément bien cachottiers... Certains jouent un peu plus franc-jeu, comme Stéphane Mazars. Dans l'entretien publié dans Centre Presse, il affirme : "Je gagne mieux ma vie en étant avocat que sénateur !" Examinons la chose. L'an dernier, j'ai salué sa décision de renoncer à ses émoluments d'adjoint au maire de Rodez. Du coup, il ne touche plus que son indemnité de sénateur, soit environ 5 500 euros nets par mois... auxquels il faut ajouter environ 6 000 euros d'I.R.F.M. (Indemnité Représentative de Frais de Mandat)... non soumise à l'impôt sur le revenu.

   Comparons aux revenus des avocats. En 2008, en moyenne, il s'agissait d'environ 6 200 euros par mois. Mais, comme les écarts sont énormes dans la profession, il peut être utile de comparer avec le revenu médian, celui qui sépare en deux groupes égaux les membres de la profession : 3 800 euros. Je pense que les revenus du sénateur aveyronnais se rapprochaient plutôt du premier chiffre, ce qui explique qu'il affirme gagner (un peu) plus en exerçant sa profession... si l'on ne compte que l'indemnité de base (6 200 euros contre 5 500). Ou alors, il gagnait vraiment très très bien sa vie et ses revenus dépassaient le cumul des deux indemnités, soit 11 500 euros par mois. Bigre ! Voilà que je me mets à regretter de ne pas porter la toge !

lundi, 24 juin 2013

A Villeneuve-sur-Lot, le FN progresse... un peu... beaucoup ?

   En analysant les résultats définitifs du second tour de l'élection législative partielle, on constate que le candidat du Front National, Etienne Bousquet-Cassagne, a gagné un peu plus de 7 000 voix entre les deux tours. Son score n'a pas doublé, comme il a été dit un peu rapidement. Il a tout de même augmenté d'un peu plus de 80 %. C'est un indéniable succès et la preuve que le choix "marketing" opéré par les dirigeants FN a été bon... pas suffisamment toutefois pour permettre l'élection d'un troisième député représentant la droite nationale.

   Commençons par le succès du jeune candidat. Il est arrivé en tête dans 3 des 14 cantons de la circonscription (en brun sur la carte) : Laroque-Timbaut, Monclar et Sainte-Livrade. Il a été battu de justesse dans quatre autres (en bleu très clair) : Cancon (de 5 voix), Penne-d'Agenais (de 2 voix), Prayssas (de 5 voix) et Villeneuve-Sud (de 13 voix, écart minime pour un canton urbain). Il a été un peu plus nettement distancé dans quatre cantons (en bleu ciel) : Beauville, Monflanquin, Villeneuve-Nord et Villaréal. Enfin, il a été nettement dominé dans 3 cantons (en bleu foncé) : Castillonnès, Fumel et Tournon-d'Agenais :

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   Qu'est-ce qui peu expliquer ce succès (relatif : il a tout de même été battu) ? On peut souligner l'augmentation de la participation entre les deux tours, passée de 45,72 % à 52,47 % des inscrits. Il faut toutefois en retrancher les bulletins blancs et nuls : 1 640 au premier tour... 5 624 au second ! Une partie de l'électorat de gauche s'est visiblement déplacée, mais pour ne pas choisir. Résultat ? L'augmentation du nombre de suffrages exprimés est faible : on est passé de 32 748 à 33 840, soit une progression d'à peine 3 %. On peut en conclure qu'aucun des deux candidats présents au second tour n'a suscité d'engouement. Le vainqueur et le vaincu ont respectivement recueilli 24 % et 21 % des suffrages exprimés. Voilà une première explication du relatif succès du candidat FN : son adversaire n'est pas particulièrement aimé dans la région.

   Il est ensuite intéressant de comparer les résultats des deux tours, canton par canton. Je me suis amusé à mettre en valeur ceux où le candidat FN était arrivé en tête dès le premier tour :

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   Eh, oui, surprise, ils sont nombreux ! Attention toutefois, il ne s'agit que d'une majorité relative, Etienne Bousquet-Cassagne ayant recueilli entre 27 % et 32 % des suffrages exprimés dans les cantons coloriés en brun. On remarque que c'est dans ce groupe que se trouvent les trois cantons qui lui ont accordé la majorité absolue au second tour. Mais pourquoi pas les autres ?

   On remarque que ce sont presque tous des cantons où le candidat FN a été battu de justesse. A Villeneuve, il faut peut-être y voir le résultat d'un sursaut de mobilisation de l'électorat du centre et de droite : c'est la circonscription de celle qui a mené l'opposition à Jérôme Cahuzac, Florence Graneri, la suppléante de Jean-Louis Costes. Nombre d'électeurs de gauche semblent aussi avoir répugné à accorder leur vote à un candidat étiqueté Front National.

   Quant aux cantons les moins lepénistes, ils se distinguent par au moins l'une de ces deux caractéristiques : soit ils font partie du fief du candidat UMP, maire, conseiller général de Fumel... et président de la communauté de communes du Fumélois-Lémance (et un cumulard de plus !), soit ils ont placé le candidat FN en troisième position lors du premier tour (Fumel, Monflanquin et Tournon-d'Agenais). La majorité des voix qui s'étaient portées sur les candidats de gauche semble donc avoir choisi plutôt l'UMP que le FN.

   Cela n'efface pas la performance réalisée par Etienne Bousquet-Cassagne, mais cela relativise sa progression. Elle est notable, mais encore insuffisante (et trop dépendante de l'abstention à gauche) pour pouvoir emporter une élection sans l'intervention d'une triangulaire.