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dimanche, 18 mars 2012

Exposition au musée Fenaille

   Le musée a des réserves bien garnies, dans lesquelles il a pioché pour nous proposer ses "Curiosités et merveilles", dans une exposition visible jusqu'au 20 mai 2012.

   Dans la première salle, il est question de la IIe République. Un drapeau tricolore "Liberté Egalité Fraternité - Vive la République", brandi sur les barricades de 1848, un peu amoché, a atterri en Aveyron (en 1852). A côté de lui, on a disposé des fragments du gilet de l'archevêque de Paris, monseigneur Affre, né à Saint-Rome-de-Tarn, tué sur les barricades en juin 1848. (Il a sa statue place de la cité, à Rodez.)

   Sur le mur opposé se trouve une étrange bannière, offerte à l'Aveyron en 1849 :

Bannière.jpg

   Dans l'exposition, c'est l'autre côté qui est montré, sur lequel est écrit "République française - A l'Aveyron - Les Pyrénées-Orientales". Cet objet est lié à un procès en cour d'Assises, qui s'est tenu à Rodez en 1849 : six Perpignanais, défendus par l'Aveyronnais Louis Bouloumié (fils d'un ancien maire de Rodez, qui a développé la station thermale de Vittel), ont été acquittés... alors que les autorités avaient sans doute pensé qu'un jury issu de ce département conservateur aurait immanquablement condamné des insurgés républicains.

   Cette première salle est remplie d'objets collectés en Afrique et en Amérique, au XIXe siècle principalement. Cela va d'un bouclier touareg à des parures (dorsale et pectorale), en passant par des statuettes, des sagaies, des gourdes et un poignard. Les donateurs sont des militaires ayant opéré outre-mer, des médecins / infirmiers, des religieux, des fonctionnaires coloniaux ou des commerçants.

   Dans les salles suivantes, l'Asie est plus présente. On est saisi par la minutie du travail qui a conduit à la fabrication de la maquette d'une jonque, en ivoire, bois et tissu :

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   Elle est accompagnée de pipes et boîtes à opium, rapportées d'Extrême-Orient... par un missionnaire !

   Mais la plus belle pièce est sans conteste le portrait d'une jeune Chinoise, sur verre :

Peinture sur verre.jpg

(Cette minable capture d'écran ne rend absolument pas compte de la beauté de l'objet, saisissante.)

   La salle du bout contient d'autres objets rapportés d'Afrique (une cartouchière notamment), d'Asie ou d'Amérique (des pointes de flèches), ainsi que des éléments inclassables, comme un tatou... et un cochon à cinq pattes (venu de la commune aveyronnaise d'Espeyrac) :

Cochon 5 pattes.jpg

   Sur place, il faut bien tordre le cou pour apercevoir l'animal en entier. A-t-il été tué jeune pour rejoindre une collection ?

   Cet aspect morbide est contrebalancé par une grivoiserie : un jeton de maison close, dont la gravure est très explicite... (Si vous voulez en savoir plus, allez voir l'expo, bande de cochons !)

   Les curieux s'attarderont aussi sur une drôle de bonbonnière, censée contenir de la terre placée dans les fondations de la colonie romaine, il y a plus de 2 000 ans.

   Signalons que la première salle contient elle aussi quelques "perles", comme le couteau de chasse du contrebandier Mandrin (à la bande duquel un film a été récemment consacré) :

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   Comment ce couteau est-il arrivé en Aveyron ? Tout ce que je peux dire est qu'un noble local a joué un rôle dans le "transfert" de l'objet...

   Plus douteuse est l'origine du pommeau de canne (accompagné de son fac-similé) réputé ayant appartenu à Adelard de Flandres, fondateur mythique de l'hôpital d'Aubrac :

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     Bref, cette exposition est passionnante, plus riche encore que ce que laisse entrevoir le sujet diffusé sur France 3 Quercy-Rouergue. Elle invite aussi à retourner aux collections permanentes du musée, des statues-menhirs aux pièces de monnaie frappées à Mexico, en passant par la cité gallo-romaine et la chevalerie.

mercredi, 31 août 2011

La nouvelle "Miss" arabe

   Cette bombe sexuelle a été découverte par Le Monde qui, dans son édition du 31 août, nous propose une photographie de la femme nord-africaine la plus recherchée du moment :

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    Evidemment, le journal précise, sous l'image, qu'il s'agit d'un photo-montage, réalisé par des rebelles libyens. Mais ça m'a bien fait rigoler !

   P.S.

   Pour la petite histoire, il convient d'expliquer le pourquoi du déguisement en "femme berbère". On pense que c'est par la frontière algéro-libyenne que Khadafi va tenter (a tenté) de fuir le pays. Or, cette frontière est surveillée par des rebelles majoritairement berbères. (Kadhafi est arabe, au fait.) Porter un tel accoutrement serait donc un choix tactique pour passer inaperçu.

   Une autre explication est possible. Parmi les rebelles, à l'ouest, dominent des combattants berbères. La disparition de Kadhafi a nourri les rumeurs. On l'imagine déguisé. Le représenter en femme serait un moyen de le dénigrer.

dimanche, 17 juillet 2011

Une rumeur infondée ?

   Le dernier numéro du Nouvel Hebdo est, comme les précédents, nourri du matraquage des municipalités de gauche de Rodez et d'Onet-le-Château... alors que la semaine précédente, le président du Conseil général y a été félicité pour l'obtention de la légion d'honneur !!!

Luche 183.jpg

   L'hebdomadaire (parfois satirique) est décidément impitoyable avec la majorité départementale !

   Cette semaine, c'est un propos a priori anecdotique qui a retenu mon attention. Page 2, la rubrique des "Castonétoiseries" rapporte des propos perfides qu'aurait tenu Fabrice Geniez (le maire d'Onet), à propos de l'inscription de la cité épiscopale d'Albi au patrimoine mondial de l'Unesco :

"il n'y aurait plus qu'un endroit au monde où l'on réalise des briques de terre cuite identiques pour réparer la cathédrale... et c'est en Afrique dans une bourgade dont le maire... était aussi le Président de la Commission d'attribution du label UNESCO"

   Au passage, admirons la précision de la citation, sans doute due à l'excellence de la mémoire de la personne qui l'a rapportée... à moins que ces propos n'aient été enregistrés ?

   Mais qu'est-ce qui a pu faire croire au maire d'Onet-le-Château que certains éléments extérieurs au dossier aient pu favoriser la candidature d'Albi ? Plusieurs choses en fait.

   En cherchant sur le site de l'Unesco, on peut trouver le compte-rendu de la 34e session du Comité du patrimoine mondial. Voici ce qu'on peut y lire page 297 :

Unesco.jpg

   Peut-on trouver un lien entre ce Malien et la ville d'Albi ? Peut-être... Ce M. Ould Sidi Ali occupe une fonction importante dans son pays, plus précisément à Tombouctou, où il s'est occupé, à l'aide de l'Unesco, de la conservation des mosquées (voir page 24) :

Tombouctou.jpg

   Pour restaurer les bâtiments, on utilise soit du banco (un mélange d'argile et de ciment, compressé), soit des briques de terre cuite, fabriquées à partir d'une argile spéciale qu'on ne trouve que dans quatre villes maliennes, entourées sur la carte :

Mali carte.gif

   Parmi ces villes figure bien Tombouctou, la ville de M. Ould Sidi Ali, dont il n'a toutefois, à ma connaissance [voir plus bas pour une précision supplémentaire], pas été maire (les trois derniers s'appellent Mohamed Ibrahim, Saïd Mohamed et Haley Ousmane). On ne sait pas non plus si le Mali est le seul pourvoyeur possible de briques pour la cathédrale d'Albi.

   Il est probable aussi que le maire d'Onet ait confondu deux personnes, le rapporteur malien du Comité du patrimoine mondial et le maire d'une commune béninoise, Abomey, avec laquelle Albi entretient d'étroites relations. Ce maire, Blaise Ahanhanzo-Glélé (qui vient d'être nommé ministre de l'Environnement dans son pays), était présent à Brasilia auprès de son collègue d'Albi. Mais le journaliste qui a écrit l'article publié dans La Dépêche du Midi le 1er août 2010 s'est un peu emmêlé les pinceaux : il présente d'abord Abomey comme une "ville malienne", avant de rectifier en qualifiant Blaise AHanhanzo-Glélé d' "élu béninois" ! L'article ajoute que le fait qu'Albi ait contribué à la sortie des palais royaux d'Abomey de la liste du patrimoine mondial en péril a été vu d'un bon oeil par le jury...

mercredi, 09 juin 2010

Nothing but the truth

   Ce film de John Kani (qui dirige aussi le musée de l'Apartheid), a reçu l'Etalon d'argent au Festival panafricain de cinéma 2009 (l'Ethiopien Haile Gerima ayant décroché la récompense suprême avec Teza). Il se déroule dans l'Afrique du Sud post-Apartheid. On y découvre la vie un peu terne d'un vieil employé de bibliothèque et de sa fille, traductrice pour le tribunal dans le cadre de la commission Vérité et Réconciliation.

   Cela pourrait être tragique, car l'histoire débute avec la nouvelle du décès du frère du héros (réfugié jadis au Royaume-Uni, et jamais revenu au pays), dont le corps doit être rapatrié par sa fille. C'est là que la partie comédie commence, avec ce choc des cultures entre la jeune urbaine occidentalisée, très expansive, et l'oncle très traditionnaliste. Comme dans d'autres longs métrages (comme Joyeuses Funérailles, par exemple), l'organisation et la tenue de la cérémonie funèbre sont l'occasion de vider bien des querelles... autant de sources de moments comiques... ou d'émotion.

   La description du processus du deuil familial est quasi-ethnographique, l'aspect documentaire du film étant renforcé par quelques scènes consacrées à la gestion de l'héritage de l'Apartheid. Parce que le fils de Sipho (interprété par John Kani himself) a été tué par la police raciste, parce que le vieil employé espère qu'enfin l'Afrique multiraciale va lui permettre de décrocher le poste qu'il convoite, auparavant inaccessible aux Noirs, l'histoire personnelle s'entremêle avec l'Histoire.

   Le film, parfois maladroit dans la forme, est assez subtil sur le fond, quand il met en balance l'attitude des exilés glorieux (comme le frère du héros, un beau parleur paresseux et coureur de jupons) et la vie qu'ont menée ceux qui sont restés dans ce pays-prison que fut l'Afrique du Sud afrikaaner.