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vendredi, 25 mai 2012

La Terre outragée

   Cette terre est celle d'Ukraine, de la région de Prypiat, ville-modèle située à proximité de Tchernobyl. L'histoire se déroule en deux temps : la catastrophe de 1986 et son environnement, puis la vie des survivants dix ans plus tard, entrecoupée de retours en arrière.

   On serait presque étonné de voir qu'avant l'accident de la centrale nucléaire, cette partie de l'URSS vivait plutôt bien. On avait du boulot, on pouvait s'y amuser (il était même prévu d'inaugurer la grande roue du parc d'attraction). On s'y mariait aussi (avec photo devant la statue de Lénine, dont la centrale portait aussi le nom) : d'après la réalisatrice, Michale Boganim, 16 unions ont été célébrées ce jour-là à Prypiat !

   On suit l'une des noces, la mariée étant l'héroïne (Olga Kurylenko, très bien), devenue dix ans plus tard guide bilingue pour les francophones que le frisson nucléaire excite... parce que, aujourd'hui encore, le site se visite ! Dans la deuxième partie du film, la réalisatrice excelle à restituer le mal-être de ceux qui ont perdu un être aimé, ou dont la vie passée a été rayée de la carte.

   La mariée voit, dès avant la nuit de noces, son conjoint la quitter pour aller d'urgence éteindre un incendie : il est pompier, et la forêt en feu est en réalité la centrale nucléaire. On cache donc aux "civils" (dont beaucoup travaillent à Tchernobyl) ce qu'il se passe réellement. Pourtant, des signes auraient pu les alerter, comme ces végétaux morts subitement ou ces poissons retrouvés ventre à l'air dans la rivière.

   Pathétique est le parcours de l'ingénieur, qui pense très tôt à mettre sa famille à l'abri, et qui reste, à ses risques et périls, s'efforçant de croire que son action sert à quelque chose. Des années plus tard, son fils part à sa recherche, et à celle de son ancien logis, désormais situé en zone interdite.

   C'est là qu'il croise à nouveau la jeune veuve, qui fait le guide pour des Occidentaux assez dignes dans leur comportement. Ils croisent de nouveaux arrivants (venus d'Asie centrale) et des rescapés de la catastrophe, certains étant retournés vivre dans la zone (il y en a même qui ont refusé de partir). Au-delà du fait divers, au-delà de la politique, c'est un film sur le déchirement. C'est bien joué, pas franchement joyeux, mais riche en réflexion et émotions.

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