Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 30 juillet 2020

Le Capital au XXIe siècle

   Ce documentaire reprend le titre de l'ouvrage (que je n'ai pas lu) de Thomas Picketty, l'économiste de gauche bénéficiant de la plus grande couverture médiatique ces dernières années. Il a bien entendu été étroitement associé à la construction du film, dans lequel on peut entendre une quinzaine d'intervenants, presque tous de gauche (même si une journaliste du Financial Times figure sur la liste).

   Peut-être me trompè-je, mais j'ai l'impression que le documentaire a pour but de vulgariser les idées de Picketty, en suivant une trame historique mondiale, au sein de laquelle les exemples sont puisés principalement en France, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.

   La première partie m'a beaucoup déçu, voire irrité. J'ai trouvé cela superficiel et très orienté. En gros, le capitalisme est responsable de tous les maux de la terre, de l'esclavage aux guerres mondiales, en passant par la colonisation, les crises économiques et la naissance des régimes totalitaires (... à l'exception de celui mis en place en URSS...). Si le rôle des détenteurs de capitaux, des dirigeants de grandes entreprises et des banquiers n'est pas négligeable dans ces événements, l'exclusion des autres facteurs est pour moi une faute intellectuelle.

   A l'intérieur de ce fatras idéologisé qui ne convaincra que les convaincus, je distingue la crise des années 1930, que j'ai trouvée assez bien expliquée.

   Par contre, la période des "Trente Glorieuses" est présentée quasiment comme un paradis perdu, au regard de ce qui a suivi. Or (et c'est un paradoxe qu'il aurait été bon de creuser), c'est plutôt à partir des années 1970 que la société de consommation a pris son réel essor. Alors qu'une partie de l'Occident se désindustrialise, sa population a à sa disposition de plus en plus de gadgets... Merci la mondialisation ?

   De la même manière, l'arrivée au pouvoir des deux grandes figures de gouvernement néo-libérales, Margaret Thatcher (à laquelle France Culture vient de consacrer une série d'émissions) et Ronald Reagan, est expliquée de manière superficielle. Dans le cas britannique, il n'est rien dit de la situation économique laissée par les prédécesseurs de la "Dame de Fer". Dans le cas états-unien, le contexte de Guerre froide n'est quasiment pas évoqué, alors qu'il a fortement pesé dans l'arrivée au pouvoir de l'ancien acteur de série B.

   Sur le plan méthodologique, je n'ai pas apprécié que des images d'archives soient mises sur le même plan que des extraits de fiction. Les spectateurs cultivés sauront faire la différence. Les autres devront se contenter des rares incrustations désignant Wall Street, Les Raisins de la colère ou encore un épisode des Simpson. Même si toutes les références figurent dans le générique de fin, il aurait été plus honnête de les inclure dans le corps du documentaire.

   La seconde partie du film, qui traite du XXIe siècle (notamment de la crise des subprimes) m'a davantage convaincu. Mais, là, le documentaire s'inscrit dans la continuité d'autres oeuvres, plus réussies, comme Inside Job, Capitalism, a love story (de Michael Moore) et les fictions Cleveland contre Wall Street, Margin Call et The Big Short.