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vendredi, 30 décembre 2022

Caravage

   Ce film ambitieux, engagé, n'est pas un biopic, puisqu'il ne s'intéresse qu'aux dernières années de la vie du peintre italien Michelangelo Merisi, surnommé en France Le Caravage (du nom de la petite ville d'où est originaire sa famille). L'action se déroule entre la toute fin du XVIe et le début du XVIIe siècle, principalement entre Rome et Naples, où habitent les puissantes familles qui soutiennent ou détestent le peintre anticonformiste. Un envoyé du Pape dirige une enquête de moralité sur Le Caravage. Au fur et à mesure des entretiens qu'il mène, on découvre le passé récent du peintre, par l'entremise de retours en arrière.

   Plus que sa technique ou ses choix de couleurs, le réalisateur s'étend sur sa vie et ses opinions, qui ont choqué l’Église catholique (où il a cependant trouvé quelques soutiens) et les bien-pensants de l'époque. Avec gourmandise, Michele Placido filme un peintre bien membré, jouisseur, bisexuel et partouzeur. Ses amours, masculines comme féminines, sont multiples. Dans le lot, il est d'ailleurs difficile de distinguer ce qui ressort de l'inclination naturelle ou du calcul.

   La force du film tient dans la mise en scène des choix de l'artiste, qui ose prendre des gueux et des prostituées comme modèles, pour peindre des scènes de la Bible ! Cependant, on ne le voit pas à l’œuvre. Quelques plans ont été insérés pour nous montrer son matériel et des ébauches dans un atelier, mais il manque la technique picturale, les retouches, l'art de créer. On sent que ce n'est pas ce qui intéresse le réalisateur, qui fait un film politique. Au passage, il évoque le statut des femmes, priées de choisir entre le statut de quasi-sainte et celui de prostituée. Celles qui, comme la jeune Artemisia Gentileschi, voudraient tracer leur propre chemin, sont mal vues.

   Au niveau de la forme, je pense que Placido a conçu son film lui-même comme un hommage aux peintures. Un gros travail semble avoir été fait sur la lumière et les décors. Il y règne une ambiance souvent sombre, en clair-obscur, avec des illuminations. Saleté, sueur, pisse et sperme côtoient la grâce et le génie.

   L'interprétation est correcte, mais un peu scolaire, ou parfois outrancière (théâtrale ?). Riccardo Scamarcio (vu dans John Wick 2 et Les Traducteurs) tient la route dans la peau du peintre. Son principal antagoniste est un inquisiteur appelé "L'Ombre", interprété par Louis Garrel. Il est très bon dans le registre sombre, inquiétant. Son jeu atteint ses limites quand il est question de faire sentir que son personnage, bien que moralement outré par la vie du peintre, est conquis par son œuvre.

   La fin est un peu trop rocambolesque à mon goût... et sans doute pas conforme à la réalité historique. Mais le réalisateur avait besoin de conclure sur un moment fort.

Commentaires

Le masque et la plume l'ont unanimement traité de croûte.
Dois je me fier à leur avis ou au tien ?
Bien membré ? J'ai bien ri :-)

Écrit par : Pascale | lundi, 02 janvier 2023

Je l'ai vu en version originale sous-titrée... où tout le monde parle italien, sauf Isabelle Huppert. Les lèvres de celles-ci disent un texte en français, mais elle a été doublée en italien (dans la V.O. !).

Pour moi, même si le film n'est pas un chef-d’œuvre, ce n'est pas un navet. Son principal défaut (peut-être) est de plaquer un peu trop des questionnements du XXIe siècle sur un contexte du XVIIe.

Écrit par : Henri G. | lundi, 02 janvier 2023

Mouais... pas bien convaincant.
Et évidemment ça serait en VO. De toute façon il ne sort chez moi que dans les salles art et essai, toujours en VO.
Tant de films que j'ai envie de voir sortent cette semaine que je ne sais si le Caravage résistera.
Nostalgia, Radio Metronom, 16 ans, Professeur Yamamoto..., Tirailleurs, Les survivants...
J'ai pas 4 bras :-)

Écrit par : Pascale | mercredi, 04 janvier 2023

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