vendredi, 08 novembre 2024
Astrid et Raphaëlle, saison 5
Une semaine après un médiocre épisode inédit (un croisement avec Alexandra Ehle, une série de moindre qualité), Astrid et Raphaëlle sont pleinement de retour sur France 2, pour la cinquième saison de leurs aventures. Ce vendredi soir, on nous a proposé un épisode double, la première partie étant intitulée "On ne meurt qu'une seule fois".
J'ai apprécié de retrouver Sara Mortensen en documentaliste autiste, que les scénaristes ont l'habileté de ne pas faire évoluer à vitesse grand V (contrairement à ceux de la série américaine Good Doctor, qui m'a vite lassé). J'ai été moins convaincu par les péripéties de la grossesse de son acolyte qui, de surcroît, a tendance à se comporter comme une adolescente, alors qu'elle a plus de quarante ans.
L'intrigue de cet épisode double est fouillée, avec un mystérieux tueur de la Mafia et l'intervention des services secrets, aussi bien français qu'états-uniens. Les références à d'anciens films (notamment les James Bond) ou d'anciennes séries (je pense au Bureau des légendes) sont nombreuses, avec un angle parodique. C'est ce qui m'a gêné. L'intrigue perd en vraisemblance, les interventions des espions étant souvent ridicules. De surcroît, je trouve qu'ils sont mal joués, y compris du côté français, avec un Aurélien Wiik très décevant. (Il était bien meilleur dans Meurtres en Berry.)
Je rassure les fans de la série : les épisodes suivants (que j'ai tous vus) sont bien meilleurs. Ainsi, vendredi prochain sera diffusé "Mandala", dont l'intrigue a pour cadre un monastère bouddhiste. J'y ai retrouvé les qualités de la série : une enquête sur fond de mystère, la mise en scène du travail de déduction d'Astrid, de l'humour bienvenu... et, fait notable, une plus grande participation du personnage du commissaire, interprété par Jean-Louis Garçon.
L'épisode 4, intitulé "Le Dernier des Aztèques", est passionnant. Il tourne autour de l'archéologie, de l'Amérique centrale... et du mythe de l'Eldorado. Au cours de l'enquête, Astrid est amenée à consulter le Codex Borbonicus, un somptueux manuscrit peint datant du début du XVIe siècle. (Je regrette toutefois que les dialoguistes n'aient pas fait préciser par la documentaliste qu'il vaudrait mieux appeler Mexicas ce peuple de la Méso-Amérique.)
Changement total d'ambiance dans l'épisode 5 ("Le Baptême des morts"), qui nous transporte chez les Mormons. L'enquête policière est assez classique, avec notamment des secrets qui remontent du passé. J'ai apprécié qu'au passage les auteurs égratignent l'extrémisme religieux, qui n'est pas exclusivement mormon : certains comportements observés durant l'épisode existent dans d'autres communautés religieuses... En fils rouges de la saison, on a les relations de Raphaëlle avec sa mère (la policière étant montrée sous un jour plus mature), le possible mariage d'Astrid... et le retour d'un passé enfoui.
"Loup y es-tu ?" est une fausse relecture des histoires de loup-garou. Dans cet épisode, le surnaturel se teinte fortement de social, avec l'évocation du sort de migrants et la défense des droits des femmes. Contrairement à ce qu'on peut constater dans nombre de fictions contemporaines (notamment françaises), je trouve que ces sujets sensibles sont amenés et traités avec une relative subtilité.
L'intrigue de l'épisode 7 ("On achève bien les jockeys") évolue dans le monde hippique... et nous replonge dans le passé d'Astrid. C'est l'occasion de retrouver une jeune comédienne talentueuse, Sylvie Filloux, qui incarne Astrid jeune.
La saison se conclut avec "Un Mariage et quatre enterrements", un nouvel épisode au titre en forme de clin d’œil (ici au film Quatre mariages et un enterrement). Cela commence comme chez l'inspecteur Colombo, puisqu'on voit l'assassin organiser son meurtre. Mais la suite nous réserve quelques surprises, avec notamment le retour d'une vieille connaissance de nos héroïnes (hélas toujours aussi mal interprété). L'histoire se termine sur un cliffhanger... ce qui nous laisse sur notre faim... mais annonce forcément une saison 6 !
23:15 Publié dans Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : télévision, télé, médias, actu, actualite, actualites, actualité, actualités
The Substance
Prix du scénario au dernier Festival de Cannes, ce film états-unien a été réalisé par une Française, Coralie Fargeat, qui en est aussi la scénariste. L'intrigue mêle la science-fiction à l'étude sociétale et au gore.
Dans un avenir proche, il devient possible de vivre en symbiose avec un clone de soi, plus jeune, en alternance une semaine sur deux. Cette possibilité semble être proposée à des personnes vieillissantes, ou qui se considèrent comme telles. Pour que l'alternance fonctionne, il faut suivre des règles draconiennes... que bien évidemment les clients finissent par ne plus respecter.
Un questionnement féminin (mais qui peut aussi concerner les hommes) est au cœur de l'histoire : passé un certain âge, est-on encore "bonne" à quelque chose ? Doit-on se résigner à vieillir ? Fargeat prend pour exemple le monde du spectacle, à travers l'animatrice d'une émission télévisée dédiée au bien-être, mais, au cours du film, d'autres personnages, annexes, sont montrés comme étant eux aussi victimes d'une sorte de dictature de l'apparence.
Dans le rôle d'Elisabeth Sparkle, Demi Moore est excellente. D'abord présentée comme une quinqua sexy, elle apparaît très vite (filmée en très gros plan) comme une femme certes séduisante, mais sur le corps de laquelle les effets de l'âge se font cruellement sentir. De la part d'une comédienne qui a longtemps été une icône de beauté (et qui a eu -discrètement- recours à la chirurgie esthétique), c'est assez courageux.
Son clone jeune (Sue) est incarné par Margareth Qualley, qu'on a beaucoup vue ces derniers temps, dans Drive-away Dolls (pas son meilleur rôle), Pauvres Créatures et Kinds of kindness. Ce personnage est filmé de manière extrêmement suggestive. Si cela avait été fait par un homme, je pense que la vision transmise aurait suscité des remarques critiques. En effet, si le projet est de dénoncer l'exploitation du corps des femmes, le résultat est très complaisant avec leur représentation hypersexualisée. La cinéaste semble, comme son personnage principal, fascinée par les corps féminins voluptueux, minces et fermes. Sa mise en scène, loin de susciter un regard critique, à mon avis, conforte l'idée qu'être jeune et bien gaulée est ce qu'il y a de mieux pour une femme. C'est tout de même gênant, vu le projet de départ.
Le même regard complaisant est à l’œuvre dans la partie gore de l'intrigue. Cela se sent dès la "naissance" du clone, qui n'est pas créé en laboratoire, mais à l'issue d'une sorte de mue... totalement invraisemblable : l'enveloppe d'origine (humaine) libère un nouvel être... et conserve toute sa capacité à faire revivre l'individu d'origine !
D'autres péripéties me sont apparues tout aussi farfelues. Ainsi, le personnage d'Elisabeth, qu'on voit à un moment dans la quasi-impossibilité de marcher, retrouve soudainement toute sa vigueur pour transporter un corps. De la même manière, Sue, à qui l'on a inséré les trois quarts d'une dose de potion létale, parvient à se réveiller pour, quasi immédiatement, se lancer dans une bagarre démentielle... Je pourrais aussi ajouter l'absence d'allusion au moindre paiement (pour la procédure de clonage), tout comme la disparition de la femme de ménage d'Elisabeth, dès que celle-ci s'engage dans sa dangereuse démarche. Cette absence sert (miraculeusement) le déroulement de l'intrigue, mais elle n'est pas expliquée.
... et pourtant, concernant cette femme de ménage, il y a une scène très signifiante, quand on la voit travailler dans le superbe appartement de la vedette de télévision, tandis que celle-ci découvre dans le journal qu'on cherche à la remplacer. Alors que la riche quinquagénaire, encore sexy, se désole de sa situation, elle ne voit pas la femme plus grosse, au visage mois attirant, effectuer un travail beaucoup moins rémunéré que le sien, auquel elle se consacre sans doute depuis des années. Je m'attendais à ce que le film explore cette inégalité de classe... eh ben non. On reste au niveau de ce qu'on appelle parfois le "féminisme à paillettes".
S'ajoute à cela le fait que, pour développer son histoire, la scénariste a besoin que ses personnages principaux se comportent comme des imbéciles. C'est une faiblesse que l'on trouve dans nombre de films d'horreur, qui ont visiblement inspiré Coralie Fargeat. Ceci dit, je dois reconnaître que certaines scènes gores sont bien conçues, notamment celles situées vers la fin. Mais cet incontestable savoir-faire, qui s'appuie sur un montage efficace et des décors bien choisis, ne suffit pas, pour moi, à sauver un film un peu trop cliché et un peu trop "clipesque".
10:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films

