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vendredi, 01 juin 2018

Solo : a Star Wars story

   Disney continue à exploiter le filon de La Guerre des étoiles, ici avec un épisode situé entre La Revanche des Sith et Rogue One, le précédent film dérivé de cet univers. On nous conte une partie de la jeunesse de Han Solo (adulte) et l'on nous révèle quelques-uns des secrets de la saga.

   Ainsi, on découvre pourquoi il s'appelle ainsi. On assiste à sa rencontre avec Chewbacca, l'un des meilleurs moments du film, plein d'humour... et avec une scène très "intime" entre les deux personnages... On apprend enfin dans quelles circonstances Solo a piqué le Faucon Millenium à Lando Calrissian (Donald Glover, très bien). On comprend aussi pourquoi Calrissian est viscéralement attaché au vaisseau... et l'on "vit" de l'intérieur l'exploit qui l'a rendu célèbre, une course spatiale au travers d'un impressionnant maelstrom.

   Les décors sont superbes (bien que pas toujours assez éclairés... je plains ceux qui l'ont vu en 3D). Les scènes d'action "dépotent" avec, en tête de liste, l'attaque du train double, virevoltante, comprenant l'intervention d'une bande de trafiquants concurrents de ceux auxquels Solo et "Chewie" se sont liés. (A noter l'excellente composition de Woody Harrelson, vu récemment dans La Planète des singes : suprématie et surtout 3 Billboards.)

   C'est aussi assez drôle, avec notamment l'apparition d'un nouveau droïde (de sexe féminin), L3-37, qui a noué une relation très spéciale avec son maître Calrissian... mais qui est prête à tout plaquer pour lancer la révolte des robots !

   Au niveau du sous-texte, je signale une dénonciation du pillage de l'Afrique par les firmes transnationales. (C'est suffisamment développé pour éviter d'avoir à se cogner l'intégralité de Black Panther.)

   Bref, on ne s'ennuie pas, même s'il faut reconnaître qu'Alden Ehrenreich n'arrive pas à la cheville d'Harrison Ford. Il n'est pas mauvais, mais son interprétation n'est pas enthousiasmante. Il est vrai que les scénaristes ont voulu nous le montrer en évolution. On le rencontre jeune homme, un peu naïf. On le voit devenir de plus en plus débrouillard, mais pas encore cynique. (L'histoire d'amour ne m'a cependant pas transporté.) Le film s'achève d'ailleurs sans que toutes les ficelles aient été tirées... et l'on aperçoit, peu avant la fin, une vieille connaissance.

   J'attends la suite !

16:53 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 29 mai 2018

Deadpool 2

   J'avais raté le premier en salles, à sa sortie... et je l'ai regretté. Un mardi soir, en sortant d'un autre film, j'avais discuté avec l'un des employés du cinéma de Rodez. Celui-ci était étonné que je n'aie pas vu Deadpool, tant il pensait que son humour déjanté me conviendrait. Il m'avait permis de jeter un oeil aux dernières minutes de l'ultime séance, ainsi qu'au générique. J'en avais été alléché, si bien que, quelque temps plus tard, je me suis procuré le DVD lors d'une opération prix réduit. J'ai kiffé.

   Dans ce numéro 2, j'ai retrouvé l'humour potache (très orienté cul), le second degré, les clins d'oeil au public... et l'ultra-violence. Ce n'est clairement pas un film pour les jeunes. Cette enfilade de déchirures, d'éviscérations, de décapitations, d'embrasements, d'écrasements, de démembrements arrosés à la sauce tomate en devient surréaliste. C'est franchement gore... et horriblement drôle.

   Et attention, n'arrivez pas en retard, sous peine de rater la délicieuse ouverture, avec une figurine de Wolferine (clin d'oeil à Logan). Suit un petit retour en arrière qui voit les grosses bastons sanguinolentes débarquer... et quel générique ! (Soyez attentifs aux incrustations...) L'une des bonnes surprises est la séquence carcérale, qui relie l'histoire à l'univers X-Men. Je recommande aussi tout ce qui se passe chez la vieille aveugle, en particulier la scène avec les jambes à peine repoussées... Mais le meilleur est le moment où le héros se constitue une équipe de frappadingues à peine moins atteints que lui. J'ai adoré la manière dont les scénaristes ont choisi de montrer les débuts approximatifs de cette équipe. C'est culotté... et hi-la-rant.

   Aux manettes se trouve David Leitch, auquel on doit, entre autres, John Wick. La distribution associe de vieux briscards comme Josh Brolin et de jeunes pousses comme Zazie Beetz, une révélation dans le rôle de l'ultra-chanceuse Domino. Le personnage est très bien écrit, mais l'actrice s'est visiblement coulée avec délectation dans le rôle. Au-dessus de la mêlée plane Ryan Reynolds (en pleine forme), qui s'est attribué la plupart des meilleures répliques.

   Pour ceux que les méga-grosses productions sentencieuses ont fini par lasser, Deadpool 2 propose une rafraîchissante variation sur le film de super-héros... à réserver toutefois à un public averti.

23:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Deadpool 2

   J'avais raté le premier en salles, à sa sortie... et je l'ai regretté. Un mardi soir, en sortant d'un autre film, j'avais discuté avec l'un des employés du cinéma de Rodez. Celui-ci était étonné que je n'aie pas vu Deadpool, tant il pensait que son humour déjanté me conviendrait. Il m'avait permis de jeter un oeil aux dernières minutes de l'ultime séance, ainsi qu'au générique. J'en avais été alléché, si bien que, quelque temps plus tard, je me suis procuré le DVD lors d'une opération prix réduit. J'ai kiffé.

   Dans ce numéro 2, j'ai retrouvé l'humour potache (très orienté cul), le second degré, les clins d'oeil au public... et l'ultra-violence. Ce n'est clairement pas un film pour les jeunes. Cette enfilade de déchirures, d'éviscérations, de décapitations, d'embrasements, d'écrasements, de démembrements arrosés à la sauce tomate en devient surréaliste. C'est franchement gore... et horriblement drôle.

   Et attention, n'arrivez pas en retard, sous peine de rater la délicieuse ouverture, avec une figurine de Wolferine (clin d'oeil à Logan). Suit un petit retour en arrière qui voit les grosses bastons sanguinolentes débarquer... et quel générique ! (Soyez attentifs aux incrustations...) L'une des bonnes surprises est la séquence carcérale, qui relie l'histoire à l'univers X-Men. Je recommande aussi tout ce qui se passe chez la vieille aveugle, en particulier la scène avec les jambes à peine repoussées... Mais le meilleur est le moment où le héros se constitue une équipe de frappadingues à peine moins atteints que lui. J'ai adoré la manière dont les scénaristes ont choisi de montrer les débuts approximatifs de cette équipe. C'est culotté... et hi-la-rant.

   Aux manettes se trouve David Leitch, auquel on doit, entre autres, John Wick. La distribution associe de vieux briscards comme Josh Brolin et de jeunes pousses comme Zazie Beetz, une révélation dans le rôle de l'ultra-chanceuse Domino. Le personnage est très bien écrit, mais l'actrice s'est visiblement coulée avec délectation dans le rôle. Au-dessus de la mêlée plane Ryan Reynolds (en pleine forme), qui s'est attribué la plupart des meilleures répliques.

   Pour ceux que les méga-grosses productions sentencieuses ont fini par lasser, Deadpool 2 propose une rafraîchissante variation sur le film de super-héros... à réserver toutefois à un public averti.

23:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 16 mai 2018

Death Wish

   Le distributeur ne s'est pas donné la peine de trouver un titre prononçable pour les Français moyens. Il suffit qu'ils sachent que c'est un film d'action avec Bruce Willis (qui, outre-Altantique, les enchaîne à un rythme soutenu). Pour les vieux cinéphiles (et les téléphages), on pourrait se contenter de dire qu'il s'agit d'une nouvelle mouture du Justicier dans la ville, B. Willis succédant à Charles Bronson.

   Même si l'interprétation n'est pas démentielle (et le doublage perfectible), j'ai apprécié de retrouver des visages connus dans les seconds rôles. On commence avec la famille du héros : sa femme est incarnée par Elisabeth Shue (remarquée notamment dans Les Experts) :

cinéma,cinema,film,films

   Le père de celle-ci a les traits d'une vieille connaissance, Len Cariou, que l'on voit ces dernières années en patriarche d'une famille de flics dans Blue Bloods :

cinéma,cinema,film,films

   Enfin, dans le rôle du frangin, on reconnaît Vincent d'Onofrio :

cinéma,cinema,film,films

   Parmi les autres visages connus, je signale un vétéran des seconds rôles, à la télévision comme au cinéma : Dean Norris.

cinéma,cinema,film,films

   Le film démarre par une scène bien léchée (une vue aérienne de Chicago la nuit), sur fond de délinquance exacerbée. Par contraste, la séquence suivante présente le monde calme et feutré d'une riche famille de Blancs, le père étant chirurgien, la mère achevant un doctorat et la fille étant sur le point de partir à la fac (à New York). Tout cela n'est pas anodin. Le film étant assez orienté politiquement, il souligne volontairement le côté bobo de la famille du héros.

   On retrouve celui-ci en situation, aux urgences de l'hôpital de Chicago. On ne nous cache pas l'horreur de certaines situations et l'on nous montre un grand professionnel, précis et compassionnel, le serment d'Hippocrate chevillé au corps : il peut soigner successivement un policier et le délinquant qui vient de lui tirer dessus.

   Un événement traumatique va le faire évoluer psychologiquement. On nous y mène tout doucement et, ce soir-là, on sent la tension monter. Le réalisateur a quand même eu le tact de pratiquer une petite ellipse visuelle (au moment d'un meurtre)... mais l'on se rend rapidement compte que c'est pour maintenir un peu de suspens, puisque l'on va mettre du temps à découvrir qui des trois agresseurs a tiré les coups de feu mortels.

   Le pacifique Paul Kersey / Bruce Willis va progressivement se muer en loup. Et c'est là que le film fait preuve d'un peu d'habileté. Il ne se précipite pas dans les scènes attendues de vengeance. Il nous montre un gars un peu maladroit, qui hésite entre régler ses comptes et servir la société. Son travail aux urgences va lui être d'un précieux secours, parfois de manière inattendue.

   Dans cette version moderne du Justicier dans la ville, les smartphones, les réseaux sociaux, les radios populistes et les chaînes d'information en continu rythment la vie des personnages. C'est un portrait plutôt réussi de l'univers urbain contemporain... un portrait de droite, pro-gun, même si, dans l'une des scènes se déroulant dans l'armurerie, on nous fait comprendre que le contrôle des armes (et des acheteurs) est très laxiste.

23:44 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Death Wish

   Le distributeur ne s'est pas donné la peine de trouver un titre prononçable pour les Français moyens. Il suffit qu'ils sachent que c'est un film d'action avec Bruce Willis (qui, outre-Altantique, les enchaîne à un rythme soutenu). Pour les vieux cinéphiles (et les téléphages), on pourrait se contenter de dire qu'il s'agit d'une nouvelle mouture du Justicier dans la ville, B. Willis succédant à Charles Bronson.

   Même si l'interprétation n'est pas démentielle (et le doublage perfectible), j'ai apprécié de retrouver des visages connus dans les seconds rôles. On commence avec la famille du héros : sa femme est incarnée par Elisabeth Shue (remarquée notamment dans Les Experts) :

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   Le père de celle-ci a les traits d'une vieille connaissance, Len Cariou, que l'on voit ces dernières années en patriarche d'une famille de flics dans Blue Bloods :

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   Enfin, dans le rôle du frangin, on reconnaît Vincent d'Onofrio :

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   Parmi les autres visages connus, je signale un vétéran des seconds rôles, à la télévision comme au cinéma : Dean Norris.

cinéma,cinema,film,films

   Le film démarre par une scène bien léchée (une vue aérienne de Chicago la nuit), sur fond de délinquance exacerbée. Par contraste, la séquence suivante présente le monde calme et feutré d'une riche famille de Blancs, le père étant chirurgien, la mère achevant un doctorat et la fille étant sur le point de partir à la fac (à New York). Tout cela n'est pas anodin. Le film étant assez orienté politiquement, il souligne volontairement le côté bobo de la famille du héros.

   On retrouve celui-ci en situation, aux urgences de l'hôpital de Chicago. On ne nous cache pas l'horreur de certaines situations et l'on nous montre un grand professionnel, précis et compassionnel, le serment d'Hippocrate chevillé au corps : il peut soigner successivement un policier et le délinquant qui vient de lui tirer dessus.

   Un événement traumatique va le faire évoluer psychologiquement. On nous y mène tout doucement et, ce soir-là, on sent la tension monter. Le réalisateur a quand même eu le tact de pratiquer une petite ellipse visuelle (au moment d'un meurtre)... mais l'on se rend rapidement compte que c'est pour maintenir un peu de suspens, puisque l'on va mettre du temps à découvrir qui des trois agresseurs a tiré les coups de feu mortels.

   Le pacifique Paul Kersey / Bruce Willis va progressivement se muer en loup. Et c'est là que le film fait preuve d'un peu d'habileté. Il ne se précipite pas dans les scènes attendues de vengeance. Il nous montre un gars un peu maladroit, qui hésite entre régler ses comptes et servir la société. Son travail aux urgences va lui être d'un précieux secours, parfois de manière inattendue.

   Dans cette version moderne du Justicier dans la ville, les smartphones, les réseaux sociaux, les radios populistes et les chaînes d'information en continu rythment la vie des personnages. C'est un portrait plutôt réussi de l'univers urbain contemporain... un portrait de droite, pro-gun, même si, dans l'une des scènes se déroulant dans l'armurerie, on nous fait comprendre que le contrôle des armes (et des acheteurs) est très laxiste.

23:44 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

samedi, 12 mai 2018

Rampage - Hors de contrôle

   Le réalisateur de films à grand spectacle Brad Peyton (San Andreas, Comme chiens et chats 2) retrouve Dwayne Johnson (rescapé de Baywatch) pour une histoire rocambolesque, rehaussée par une batterie d'effets spéciaux.

   On commence par une séquence dans l'espace, au sein d'une station orbitale vouée à de mystérieuses recherches. Elle est sur le point d'exploser, mais là n'est pas le seul danger auquel une ravissante scientifique est exposée : elle tente d'échapper à une étrange et dangereuse grosse bébête.

   Bienvenu dans Aliens.

   Je ne vais pas révéler comment, mais sachez que cette catastrophe spatiale a des répercussions sur Terre, notamment dans un zoo, où un gorille adepte de la langue des signes va subir une étonnante métamorphose.

   Bienvenue dans La Planète des singes et dans King Kong.

   Dans le même temps, on suit une équipe de mercenaires. Ils ont de gros muscles, de grosses voix, des tatouages, des cicatrices et l'on sent que leur caleçon abrite des burnes de mammouth. Les voilà propulsés dans une forêt dense, où sévit une autre grosse bébête, qui a très faim.

   Bienvenue dans Predator.

   Une troisième bébête va jouer un rôle crucial dans l'intrigue. On ne la découvre que tardivement quand, émergeant de l'eau, elle se lance à l'assaut de Chicago, détruisant tout sur son passage... sauf si une autre grosse bébête l'en empêche.

   Bienvenue dans Godzilla.

   Brad Peyton connaît son affaire... et ses classiques. L'intrigue est sans réelle surprise, mais les scènes d'action sont bluffantes, avec d'excellents effets spéciaux. Ce n'est que vers la fin que, sur certains plans, on remarque l'utilisation d'un fond vert. (C'est d'ailleurs assez étrange, vu que, dans le reste du film, l'image est irréprochable.) C'est aussi à ce moment que j'ai remarqué le même phénomène que celui constaté dans Les Derniers Jedi : un changement de focale entre l'avant et l'arrière-plan, avec une légère déformation de l'image. Là aussi, cela se passe dans un plan qui associe des acteurs réels et un fond vert où l'on a incrusté des images animées, sans doute en 3D. (Mais j'ai vu le film en 2D.)

   Notons qu'entre deux bastons, on nous propose quelques scènes humoristiques. Elles sont presque toujours liées au gorille, prénommé George (et pourquoi pas Jean-Claude ?). Les interactions avec Dwayne Johnson sont souvent comiques (c'est lié à l'utilisation des doigts... je n'en dis pas plus !). D'un point de vue technique, le gorille est la créature la plus réussie : il est superbe et l'on est parvenu à lui faire exprimer des émotions.

cinéma,cinema,film,films

   De son côté, Dwayne Johnson est toujours aussi décontracté, avec cette pointe d'autodérision qui le distingue des gros bourrins dans son genre. Il est épaulé par quelques bons seconds rôles, comme Naomie Harris (remarquée naguère dans Skyfall et 007 Spectre... elle est aussi Tia Dalma dans Pirates des Caraïbes) et Jeffrey Dean Morgan (vu récemment dans la série Extant et surtout le film Desierto). Celui-ci semble avoir pris beaucoup de plaisir à incarner un agent secret hors norme, une sorte de cow-boy gouvernemental.

cinéma,cinema,film,films

   Cela m'amène à une dernière réflexion : c'est une fiction "de gauche", qui dénonce, non pas l'omniprésence d'un Etat supposé totalitaire (fantasme des libertariens), mais la puissance d'une firme transnationale, prête à tout pour arriver à ses fins. Du coup, je suis sorti de là assez satisfait.

   P.S.

   Au cours des combats urbains, on assiste à l'effondrement d'un gratte-ciel, provoquant la formation d'un énorme nuage de poussières. Pour un Américain, c'est une référence au 11 septembre 2001, une allusion déjà perceptible dans San Andreas. Ici, elle gagne en subtilité : la tour s'effondre du fait de l'action des trois monstres, qui sont, indirectement, des créations américaines, tout comme les tours new-yorkaises ont été détruites par des membres d'Al-Qaida, héritiers des djihadistes d'Afghanistan auparavant soutenus par la CIA...

12:21 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Rampage - Hors de contrôle

   Le réalisateur de films à grand spectacle Brad Peyton (San Andreas, Comme chiens et chats 2) retrouve Dwayne Johnson (rescapé de Baywatch) pour une histoire rocambolesque, rehaussée par une batterie d'effets spéciaux.

   On commence par une séquence dans l'espace, au sein d'une station orbitale vouée à de mystérieuses recherches. Elle est sur le point d'exploser, mais là n'est pas le seul danger auquel une ravissante scientifique est exposée : elle tente d'échapper à une étrange et dangereuse grosse bébête.

   Bienvenu dans Aliens.

   Je ne vais pas révéler comment, mais sachez que cette catastrophe spatiale a des répercussions sur Terre, notamment dans un zoo, où un gorille adepte de la langue des signes va subir une étonnante métamorphose.

   Bienvenue dans La Planète des singes et dans King Kong.

   Dans le même temps, on suit une équipe de mercenaires. Ils ont de gros muscles, de grosses voix, des tatouages, des cicatrices et l'on sent que leur caleçon abrite des burnes de mammouth. Les voilà propulsés dans une forêt dense, où sévit une autre grosse bébête, qui a très faim.

   Bienvenue dans Predator.

   Une troisième bébête va jouer un rôle crucial dans l'intrigue. On ne la découvre que tardivement quand, émergeant de l'eau, elle se lance à l'assaut de Chicago, détruisant tout sur son passage... sauf si une autre grosse bébête l'en empêche.

   Bienvenue dans Godzilla.

   Brad Peyton connaît son affaire... et ses classiques. L'intrigue est sans réelle surprise, mais les scènes d'action sont bluffantes, avec d'excellents effets spéciaux. Ce n'est que vers la fin que, sur certains plans, on remarque l'utilisation d'un fond vert. (C'est d'ailleurs assez étrange, vu que, dans le reste du film, l'image est irréprochable.) C'est aussi à ce moment que j'ai remarqué le même phénomène que celui constaté dans Les Derniers Jedi : un changement de focale entre l'avant et l'arrière-plan, avec une légère déformation de l'image. Là aussi, cela se passe dans un plan qui associe des acteurs réels et un fond vert où l'on a incrusté des images animées, sans doute en 3D. (Mais j'ai vu le film en 2D.)

   Notons qu'entre deux bastons, on nous propose quelques scènes humoristiques. Elles sont presque toujours liées au gorille, prénommé George (et pourquoi pas Jean-Claude ?). Les interactions avec Dwayne Johnson sont souvent comiques (c'est lié à l'utilisation des doigts... je n'en dis pas plus !). D'un point de vue technique, le gorille est la créature la plus réussie : il est superbe et l'on est parvenu à lui faire exprimer des émotions.

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   De son côté, Dwayne Johnson est toujours aussi décontracté, avec cette pointe d'autodérision qui le distingue des gros bourrins dans son genre. Il est épaulé par quelques bons seconds rôles, comme Naomie Harris (remarquée naguère dans Skyfall et 007 Spectre... elle est aussi Tia Dalma dans Pirates des Caraïbes) et Jeffrey Dean Morgan (vu récemment dans la série Extant et surtout le film Desierto). Celui-ci semble avoir pris beaucoup de plaisir à incarner un agent secret hors norme, une sorte de cow-boy gouvernemental.

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   Cela m'amène à une dernière réflexion : c'est une fiction "de gauche", qui dénonce, non pas l'omniprésence d'un Etat supposé totalitaire (fantasme des libertariens), mais la puissance d'une firme transnationale, prête à tout pour arriver à ses fins. Du coup, je suis sorti de là assez satisfait.

   P.S.

   Au cours des combats urbains, on assiste à l'effondrement d'un gratte-ciel, provoquant la formation d'un énorme nuage de poussières. Pour un Américain, c'est une référence au 11 septembre 2001, une allusion déjà perceptible dans San Andreas. Ici, elle gagne en subtilité : la tour s'effondre du fait de l'action des trois monstres, qui sont, indirectement, des créations américaines, tout comme les tours new-yorkaises ont été détruites par des membres d'Al-Qaida, héritiers des djihadistes d'Afghanistan auparavant soutenus par la CIA...

12:21 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mercredi, 09 mai 2018

Everybody knows

   "Tout le monde (le) sait"... mais quoi ? Un secret de famille, qu'un spectateur doté de quelques neurones aura éventé au bout d'une dizaine de minutes. Le réalisateur Asghar Farhadi (auquel on doit notamment Une Séparation) a eu l'obligeance de lâcher très tôt un indice, au cours d'une scène qui fait intervenir une chiure d'oiseau. Soyez attentifs à ce que l'un des personnages principaux dit à l'autre...

cinéma,cinema,film,films

   L'intrigue repose sur trois caractères très marqués. Penelope Cruz est Laura, la fille cadette d'un agriculteur quasi-grabataire (et alcoolique), qui revient au pays (dans le sud de l'Espagne) pour assister au mariage de la benjamine. Force est de constater qu'à 44 balais, "Pene" est encore gaulée comme une déesse, les jeunettes de vingt ans peinant à rivaliser avec elle. Je regrette toutefois que le potentiel de l'actrice soit sous-utilisé par Farhadi.  Il la confine dans un rôle de belle pleureuse, alors qu'elle a prouvé par le passé qu'elle dispose d'une palette de jeu assez étendue.

   Du coup, c'est Javier Bardem qui attire la lumière... de manière paradoxale. Il incarne Paco, l'ex de Laura, le fils de l'ancien commis de son père, qui, à la force du poignet, s'est élevé socialement, au point de susciter quelques jalousies.

   Ricardo Darin (remarqué dans Les Nouveaux Sauvages et Dans ses yeux) interprète l'époux argentin de Laura, un type doux, compréhensif... et bigot. C'est peu de dire que le personnage est terne et monolithique. J'ai eu de la peine pour l'acteur, que j'ai connu autrement plus brillant.

   Fort heureusement, le scénario comme la réalisation sont de bon niveau. Farhadi a construit une intrigue complexe comme il les aime, avec ses ramifications familiales et sociales. Au niveau de la mise en scène, tout n'est pas réussi, mais il faut reconnaître que c'est quand même globalement très inspiré.

   L'histoire commence d'ailleurs par de fort jolis plans, au cœur du clocher du village. Elle se poursuit malheureusement par une enfilade de moments très convenus, que ce soit dans la voiture ou à l'arrivée des "Argentins" à l'hôtel familial. En dépit de la faiblesse de ces scènes, je pense qu'elles sont indispensables à l'intrigue. Farhadi en a besoin pour placer les pièces sur son échiquier, avant de les faire bouger.

   La séquence du mariage est incontestablement l'un des sommets du film. C'est aussi l'un des rares moments où percent l'humour et le bonheur. Dès qu'une disparition survient, on tombe hélas dans un mélo peu subtil. En même temps monte une incroyable tension. C'est évidemment lié à l'incertitude qui règne quant au sort de la personne enlevée. Mais c'est aussi un polar, qui invite les spectateurs à tenter de deviner qui est derrière ce qui ressemble à une machination. Le passé refait progressivement surface... et le monde actuel (avec ses problèmes sociaux) se fait douloureusement sentir. Franchement c'est mené avec brio et, même si la fin n'est pas emballante, le film tient globalement ses promesses.

 

ATTENTION !

LA SUITE RÉVÈLE

DES ÉLÉMENTS CLÉS

DE L'INTRIGUE !

 

   Le film est aussi une réflexion sur la paternité et le sens de l'existence. Au départ, on est tenté de penser que Paco a réussi dans la vie. Lui le fils d'un commis de ferme est devenu le gérant d'une florissante exploitation viticole. Il est respecté (et craint) à son travail. Il a épousé Béa, une femme ravissante, indépendante et intelligente. Mais l'enlèvement d'Irène lui fait comprendre qu'il lui manque quelque chose. C'est d'abord la paternité qu'il n'a pas pu exercer, Béa ne voulant pas d'enfant. C'est ensuite son amour d'enfance, Laura, qui lui a préféré un homme terne mais, à l'époque, beaucoup plus riche que lui. C'est enfin l'hostilité de la majorité des membres de la famille de Laura, qui ne lui pardonnent pas d'avoir réussi socialement, peut-être à leur détriment. De surcroît, on comprend à demi-mots que Paco est en train de développer une maladie grave. Cela peut expliquer son geste pour faire libérer sa fille. Le pire est que cela ressoude le couple Laura-Alejandro. A la fin, il a tout perdu, sauf l'honneur... et, peut-être, la reconnaissance de celle qui ne sait pas encore qu'il est son père biologique.

   Tout cet arrière-plan révèle aussi ce qui me semble être la mentalité patriarcale du réalisateur (déjà perceptible, me semble-t-il, dans Une Séparation). De manière générale, les personnages féminins sont dépeints comme émotifs et passifs, alors que leurs homologues masculins rationalisent et agissent davantage. (Au contraire, dans la vraie vie, combien de fois me suis-je retrouvé face à des hommes qui perdent leurs moyens face aux difficultés, alors que tant de femmes ont les "couilles" de les surmonter...) Paco est présenté comme victime des femmes, la belle Laura qui l'a quitté, l'a privé de sa fille et va contribuer à le ruiner, la caractérielle Béa qui a refusé d'avoir un enfant (et va le quitter à son tour) et enfin la comploteuse nièce de Laura qui est mouillée dans l'enlèvement.

23:37 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Everybody knows

   "Tout le monde (le) sait"... mais quoi ? Un secret de famille, qu'un spectateur doté de quelques neurones aura éventé au bout d'une dizaine de minutes. Le réalisateur Asghar Farhadi (auquel on doit notamment Une Séparation) a eu l'obligeance de lâcher très tôt un indice, au cours d'une scène qui fait intervenir une chiure d'oiseau. Soyez attentifs à ce que l'un des personnages principaux dit à l'autre...

cinéma,cinema,film,films

   L'intrigue repose sur trois caractères très marqués. Penelope Cruz est Laura, la fille cadette d'un agriculteur quasi-grabataire (et alcoolique), qui revient au pays (dans le sud de l'Espagne) pour assister au mariage de la benjamine. Force est de constater qu'à 44 balais, "Pene" est encore gaulée comme une déesse, les jeunettes de vingt ans peinant à rivaliser avec elle. Je regrette toutefois que le potentiel de l'actrice soit sous-utilisé par Farhadi.  Il la confine dans un rôle de belle pleureuse, alors qu'elle a prouvé par le passé qu'elle dispose d'une palette de jeu assez étendue.

   Du coup, c'est Javier Bardem qui attire la lumière... de manière paradoxale. Il incarne Paco, l'ex de Laura, le fils de l'ancien commis de son père, qui, à la force du poignet, s'est élevé socialement, au point de susciter quelques jalousies.

   Ricardo Darin (remarqué dans Les Nouveaux Sauvages et Dans ses yeux) interprète l'époux argentin de Laura, un type doux, compréhensif... et bigot. C'est peu de dire que le personnage est terne et monolithique. J'ai eu de la peine pour l'acteur, que j'ai connu autrement plus brillant.

   Fort heureusement, le scénario comme la réalisation sont de bon niveau. Farhadi a construit une intrigue complexe comme il les aime, avec ses ramifications familiales et sociales. Au niveau de la mise en scène, tout n'est pas réussi, mais il faut reconnaître que c'est quand même globalement très inspiré.

   L'histoire commence d'ailleurs par de fort jolis plans, au cœur du clocher du village. Elle se poursuit malheureusement par une enfilade de moments très convenus, que ce soit dans la voiture ou à l'arrivée des "Argentins" à l'hôtel familial. En dépit de la faiblesse de ces scènes, je pense qu'elles sont indispensables à l'intrigue. Farhadi en a besoin pour placer les pièces sur son échiquier, avant de les faire bouger.

   La séquence du mariage est incontestablement l'un des sommets du film. C'est aussi l'un des rares moments où percent l'humour et le bonheur. Dès qu'une disparition survient, on tombe hélas dans un mélo peu subtil. En même temps monte une incroyable tension. C'est évidemment lié à l'incertitude qui règne quant au sort de la personne enlevée. Mais c'est aussi un polar, qui invite les spectateurs à tenter de deviner qui est derrière ce qui ressemble à une machination. Le passé refait progressivement surface... et le monde actuel (avec ses problèmes sociaux) se fait douloureusement sentir. Franchement c'est mené avec brio et, même si la fin n'est pas emballante, le film tient globalement ses promesses.

 

ATTENTION !

LA SUITE RÉVÈLE

DES ÉLÉMENTS CLÉS

DE L'INTRIGUE !

 

   Le film est aussi une réflexion sur la paternité et le sens de l'existence. Au départ, on est tenté de penser que Paco a réussi dans la vie. Lui le fils d'un commis de ferme est devenu le gérant d'une florissante exploitation viticole. Il est respecté (et craint) à son travail. Il a épousé Béa, une femme ravissante, indépendante et intelligente. Mais l'enlèvement d'Irène lui fait comprendre qu'il lui manque quelque chose. C'est d'abord la paternité qu'il n'a pas pu exercer, Béa ne voulant pas d'enfant. C'est ensuite son amour d'enfance, Laura, qui lui a préféré un homme terne mais, à l'époque, beaucoup plus riche que lui. C'est enfin l'hostilité de la majorité des membres de la famille de Laura, qui ne lui pardonnent pas d'avoir réussi socialement, peut-être à leur détriment. De surcroît, on comprend à demi-mots que Paco est en train de développer une maladie grave. Cela peut expliquer son geste pour faire libérer sa fille. Le pire est que cela ressoude le couple Laura-Alejandro. A la fin, il a tout perdu, sauf l'honneur... et, peut-être, la reconnaissance de celle qui ne sait pas encore qu'il est son père biologique.

   Tout cet arrière-plan révèle aussi ce qui me semble être la mentalité patriarcale du réalisateur (déjà perceptible, me semble-t-il, dans Une Séparation). De manière générale, les personnages féminins sont dépeints comme émotifs et passifs, alors que leurs homologues masculins rationalisent et agissent davantage. (Au contraire, dans la vraie vie, combien de fois me suis-je retrouvé face à des hommes qui perdent leurs moyens face aux difficultés, alors que tant de femmes ont les "couilles" de les surmonter...) Paco est présenté comme victime des femmes, la belle Laura qui l'a quitté, l'a privé de sa fille et va contribuer à le ruiner, la caractérielle Béa qui a refusé d'avoir un enfant (et va le quitter à son tour) et enfin la comploteuse nièce de Laura qui est mouillée dans l'enlèvement.

23:37 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films

mardi, 08 mai 2018

Nous sommes l'Humanité

   J'ai eu l'occasion de voir ce documentaire engagé, tourné en Inde, plus précisément dans les îles Andaman, ce territoire d'outre-mer où (sur)vit un peuple premier, les Jarawas, qui a longtemps vécu sans le moindre contact avec le monde moderne.

cinéma,cinema,film,films,société

   On commence avec une scène de pêche, comme je n'en avais jamais vu. Le pêcheur est un jeune adulte, muni d'un arc et de seulement deux flèches. On le voit d'abord évoluer dans une zone humide à faible profondeur. Mine de rien, le gars est très habile.

   On enchaîne avec le témoignage d'un adulte plus âgé, qui se souvient d'un gigantesque tsunami, sans doute celui de 2004 (qui a été mis en scène naguère par Clint Eastwood, dans Au-delà). Si l'ampleur des vagues a incontestablement marqué les habitants de l'île, ils en ont cependant surtout gardé de bons souvenirs... pour une raison que je me garderai de révéler.

   Vient enfin le tour des femmes, ici des jeunes épouses. L'une d'entre elles semble n'avoir que 15-16 ans. A travers elles (et les hommes musclés très présents à l'écran dans la seconde partie du film), on comprend que le réalisateur a été marqué par la beauté de ce peuple, une beauté quasiment sans afféterie, le maquillage (à l'aide de glaise) constituant une notable exception, nous valant une séquence superbe, par la description du processus et par la manière d'en filmer le résultat. J'ajoute qu'un réel travail a été effectué sur les sons. Dans une grande salle, bien équipée, on se sent comme immergé dans la jungle.

   Les enfants constituent sans doute le groupe vedette du documentaire. On les voit très souvent, soit en compagnie des adultes, soit seuls, soit en bandes. On les voit s'amuser, faire des bêtises, tester, apprendre, dormir, manger... Visiblement, ils n'ont pas besoin de toboggan !

   Le film insiste sur la manière dont ce peuple se nourrit, en se contentant de puiser dans la nature les ressources qui lui sont utiles. Ce sont des chasseurs-pêcheurs-cueilleurs. Ils prisent le cochon sauvage mais, celui-ci se raréfiant (notamment à cause du braconnage des Indiens), ils s'attaquent aux daims. On voit aussi un petit groupe tenter de se procurer du miel, dans une scène particulièrement acrobatique... et, hélas, coupée. Pour une raison que j'ignore, on ne nous a pas tout montré.

   Quand ils ne chassent ni ne pêchent ni ne cueillent, les Jarawas bricolent. Les femmes comme les hommes semblent habiles de leurs mains. On les voit travailler le bois et les feuilles. On s'aperçoit ainsi qu'ils disposent de quelques outils métalliques (fournis, d'après le site Allociné, par des gardes forestiers indiens) et d'objets en plastique, comme un seau et des bouteilles. Certaines femmes semblent particulièrement douées pour le maquillage, les visages devenant de véritables compositions artistiques, qui ne sont pas sans rappeler certaines oeuvres des Aborigènes australiens.

   Le film se termine par les dégâts provoqués par l'intrusion du monde moderne. Les Jarawas l'appellent "l'autre monde", incarné par l'Inde émergente, perçue négativement. Pour le peuple d'Andaman, notre monde est surpeuplé, bruyant et sale... autant d'affirmations qu'il est difficile de contester. Leur île paradisiaque est convoitée par les chasseurs illégaux et les promoteurs touristiques. Ils subissent indirectement l'influence de la Civilisation, à travers les déchets qui aboutissent sur certaines plages. Notons que le documentaire ne se veut pas (totalement) angélique : le rejet du monde moderne peut prendre des formes violentes, comme le reconnaissent plusieurs hommes, fiers d'avoir tué des braconniers.

   Le réalisateur semble avoir été particulièrement touché par ce peuple, qu'il voit peut-être comme une humanité vivant une sorte de bonheur primitif, en harmonie avec la nature, loin du stress urbain, de la pression au travail, du consumérisme et des voisins mal élevés. Ces Jarawas sont une curiosité, dont le mode de vie est menacé d'extinction.

Nous sommes l'Humanité

   J'ai eu l'occasion de voir ce documentaire engagé, tourné en Inde, plus précisément dans les îles Andaman, ce territoire d'outre-mer où (sur)vit un peuple premier, les Jarawas, qui a longtemps vécu sans le moindre contact avec le monde moderne.

cinéma,cinema,film,films,société

   On commence avec une scène de pêche, comme je n'en avais jamais vu. Le pêcheur est un jeune adulte, muni d'un arc et de seulement deux flèches. On le voit d'abord évoluer dans une zone humide à faible profondeur. Mine de rien, le gars est très habile.

   On enchaîne avec le témoignage d'un adulte plus âgé, qui se souvient d'un gigantesque tsunami, sans doute celui de 2004 (qui a été mis en scène naguère par Clint Eastwood, dans Au-delà). Si l'ampleur des vagues a incontestablement marqué les habitants de l'île, ils en ont cependant surtout gardé de bons souvenirs... pour une raison que je me garderai de révéler.

   Vient enfin le tour des femmes, ici des jeunes épouses. L'une d'entre elles semble n'avoir que 15-16 ans. A travers elles (et les hommes musclés très présents à l'écran dans la seconde partie du film), on comprend que le réalisateur a été marqué par la beauté de ce peuple, une beauté quasiment sans afféterie, le maquillage (à l'aide de glaise) constituant une notable exception, nous valant une séquence superbe, par la description du processus et par la manière d'en filmer le résultat. J'ajoute qu'un réel travail a été effectué sur les sons. Dans une grande salle, bien équipée, on se sent comme immergé dans la jungle.

   Les enfants constituent sans doute le groupe vedette du documentaire. On les voit très souvent, soit en compagnie des adultes, soit seuls, soit en bandes. On les voit s'amuser, faire des bêtises, tester, apprendre, dormir, manger... Visiblement, ils n'ont pas besoin de toboggan !

   Le film insiste sur la manière dont ce peuple se nourrit, en se contentant de puiser dans la nature les ressources qui lui sont utiles. Ce sont des chasseurs-pêcheurs-cueilleurs. Ils prisent le cochon sauvage mais, celui-ci se raréfiant (notamment à cause du braconnage des Indiens), ils s'attaquent aux daims. On voit aussi un petit groupe tenter de se procurer du miel, dans une scène particulièrement acrobatique... et, hélas, coupée. Pour une raison que j'ignore, on ne nous a pas tout montré.

   Quand ils ne chassent ni ne pêchent ni ne cueillent, les Jarawas bricolent. Les femmes comme les hommes semblent habiles de leurs mains. On les voit travailler le bois et les feuilles. On s'aperçoit ainsi qu'ils disposent de quelques outils métalliques (fournis, d'après le site Allociné, par des gardes forestiers indiens) et d'objets en plastique, comme un seau et des bouteilles. Certaines femmes semblent particulièrement douées pour le maquillage, les visages devenant de véritables compositions artistiques, qui ne sont pas sans rappeler certaines oeuvres des Aborigènes australiens.

   Le film se termine par les dégâts provoqués par l'intrusion du monde moderne. Les Jarawas l'appellent "l'autre monde", incarné par l'Inde émergente, perçue négativement. Pour le peuple d'Andaman, notre monde est surpeuplé, bruyant et sale... autant d'affirmations qu'il est difficile de contester. Leur île paradisiaque est convoitée par les chasseurs illégaux et les promoteurs touristiques. Ils subissent indirectement l'influence de la Civilisation, à travers les déchets qui aboutissent sur certaines plages. Notons que le documentaire ne se veut pas (totalement) angélique : le rejet du monde moderne peut prendre des formes violentes, comme le reconnaissent plusieurs hommes, fiers d'avoir tué des braconniers.

   Le réalisateur semble avoir été particulièrement touché par ce peuple, qu'il voit peut-être comme une humanité vivant une sorte de bonheur primitif, en harmonie avec la nature, loin du stress urbain, de la pression au travail, du consumérisme et des voisins mal élevés. Ces Jarawas sont une curiosité, dont le mode de vie est menacé d'extinction.

lundi, 07 mai 2018

Paul, apôtre du Christ

   Depuis une quinzaine d'années (et notamment La Passion du Christ, de Mel Gibson), on assiste, outre-Altantique, à une renaissance du péplum chrétien apologétique. Récemment, cela nous a valu une Résurrection du Christ et une Marie-Madeleine.

   Au centre de l'intrigue se trouvent deux personnages historiques, sur lesquels on sait peu de choses : Paul de Tarse et l'évangéliste Luc. Le premier est incarné avec une force stupéfiante par James Faulkner (un quasi-inconnu pour moi). Le second a les traits de Jim Caviezel (révélé au grand public par la série Person of interest).

   Le début nous plonge dans la Rome de Néron, peu après le gigantesque incendie, sans doute provoqué par l'empereur fou lui-même... mais attribué par sa propagande aux chrétiens qui commencent à peine à se développer dans la région. On a pris soin de nous faire toucher du doigt certains détails de la vie quotidienne du peuple de Rome... et des tentations qui s'offrent à l'homme vertueux.

   Ce contexte, comme le tableau qui est brossé des chrétiens persécutés est plutôt intéressant. Par contre, les élites romaines sont portraiturées de manière assez caricaturale. L'un des personnages principaux, qui dirige une prison, est interprété par une vieille connaissance à nous, Olivier Martinez. Il a la carrure du rôle mais, dès qu'il se met à parler, il devient moins crédible.

   Le film est porté par l'interprétation de Faulkner, qui a la lourde tâche d'incarner celui qui est parfois présenté comme le véritable fondateur du christianisme (Jésus n'ayant créé qu'une nouvelle secte juive autour de lui). Le paradoxe est que cet apôtre est un ancien persécuteur de chrétiens et qu'il était à la fois juif (Saül de son premier nom) et citoyen romain, un statut peu fréquent dans le jeune empire julio-claudien.

   Cela nous vaut quelques retours en arrière, qui nous montrent le jeune Saül, fanatiquement antichrétien. Habilement, le réalisateur y a glissé quelques visions prospectives, qui prennent tout leur sens dans l'épilogue. Le problème est qu'en dépit de la qualité de la photographie, le rythme est mal maîtrisé. De plus, les dialogues ne sont pas très bien écrits. Seul Faulkner/Paul est convaincant.

   Je pense que les fervents chrétiens apprécieront ce film, mais il risque de ne guère toucher les autres.

22:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Paul, apôtre du Christ

   Depuis une quinzaine d'années (et notamment La Passion du Christ, de Mel Gibson), on assiste, outre-Altantique, à une renaissance du péplum chrétien apologétique. Récemment, cela nous a valu une Résurrection du Christ et une Marie-Madeleine.

   Au centre de l'intrigue se trouvent deux personnages historiques, sur lesquels on sait peu de choses : Paul de Tarse et l'évangéliste Luc. Le premier est incarné avec une force stupéfiante par James Faulkner (un quasi-inconnu pour moi). Le second a les traits de Jim Caviezel (révélé au grand public par la série Person of interest).

   Le début nous plonge dans la Rome de Néron, peu après le gigantesque incendie, sans doute provoqué par l'empereur fou lui-même... mais attribué par sa propagande aux chrétiens qui commencent à peine à se développer dans la région. On a pris soin de nous faire toucher du doigt certains détails de la vie quotidienne du peuple de Rome... et des tentations qui s'offrent à l'homme vertueux.

   Ce contexte, comme le tableau qui est brossé des chrétiens persécutés est plutôt intéressant. Par contre, les élites romaines sont portraiturées de manière assez caricaturale. L'un des personnages principaux, qui dirige une prison, est interprété par une vieille connaissance à nous, Olivier Martinez. Il a la carrure du rôle mais, dès qu'il se met à parler, il devient moins crédible.

   Le film est porté par l'interprétation de Faulkner, qui a la lourde tâche d'incarner celui qui est parfois présenté comme le véritable fondateur du christianisme (Jésus n'ayant créé qu'une nouvelle secte juive autour de lui). Le paradoxe est que cet apôtre est un ancien persécuteur de chrétiens et qu'il était à la fois juif (Saül de son premier nom) et citoyen romain, un statut peu fréquent dans le jeune empire julio-claudien.

   Cela nous vaut quelques retours en arrière, qui nous montrent le jeune Saül, fanatiquement antichrétien. Habilement, le réalisateur y a glissé quelques visions prospectives, qui prennent tout leur sens dans l'épilogue. Le problème est qu'en dépit de la qualité de la photographie, le rythme est mal maîtrisé. De plus, les dialogues ne sont pas très bien écrits. Seul Faulkner/Paul est convaincant.

   Je pense que les fervents chrétiens apprécieront ce film, mais il risque de ne guère toucher les autres.

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samedi, 05 mai 2018

Winter Brothers

   Cette histoire tourne autour de trois héros : deux frères et la mine de calcaire danoise où ils travaillent, au sein d'une communauté qui vit dans des préfabriqués. C'est le Danemark d'en bas, isolé, précaire, avec un environnement de travail étrangement sommaire.

   De ce matériau brut, le réalisateur islandais Hlynur Palmason a fait un film noir... dans un écrin blanc, qu'il soit neigeux ou crayeux. Incontestablement, il a le sens du cadrage, nous proposant de très belles scènes d'extérieur. Il a su aussi jouer sur les formes géométriques des bâtiments et les lumières utilisées (ou pas) dans les tunnels. Parfois, il faut un peu de temps pour comprendre ce qu'il se passe.

   On suit plus particulièrement Emil, le cadet des deux frères, plus maigre que l'aîné et que les autres mineurs. On le pense asocial, un peu dérangé... mais il est habile de ses mains. C'est notamment lui qui bricole un tord-boyau artisanal (à partir de produits chimiques...), qu'il vend (en douce) dans l'enceinte de la mine. C'est aussi un chapardeur. En dehors du boulot, il dort, se balade en forêt, regarde des cassettes vidéo (sur le maniement des armes)... et mate une ravissante brune, qu'il rêve de conquérir.

   Autant vous prévenir : l'intrigue ne prend pas le chemin de la comédie sentimentale. L'un des mineurs tombe gravement malade, peut-être à cause de ce qu'il a bu. Les relations se tendent à la mine... et au campement. Cela donne un beau film, implacable et sobre, mais qui n'incite pas à l'optimisme.

15:48 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Winter Brothers

   Cette histoire tourne autour de trois héros : deux frères et la mine de calcaire danoise où ils travaillent, au sein d'une communauté qui vit dans des préfabriqués. C'est le Danemark d'en bas, isolé, précaire, avec un environnement de travail étrangement sommaire.

   De ce matériau brut, le réalisateur islandais Hlynur Palmason a fait un film noir... dans un écrin blanc, qu'il soit neigeux ou crayeux. Incontestablement, il a le sens du cadrage, nous proposant de très belles scènes d'extérieur. Il a su aussi jouer sur les formes géométriques des bâtiments et les lumières utilisées (ou pas) dans les tunnels. Parfois, il faut un peu de temps pour comprendre ce qu'il se passe.

   On suit plus particulièrement Emil, le cadet des deux frères, plus maigre que l'aîné et que les autres mineurs. On le pense asocial, un peu dérangé... mais il est habile de ses mains. C'est notamment lui qui bricole un tord-boyau artisanal (à partir de produits chimiques...), qu'il vend (en douce) dans l'enceinte de la mine. C'est aussi un chapardeur. En dehors du boulot, il dort, se balade en forêt, regarde des cassettes vidéo (sur le maniement des armes)... et mate une ravissante brune, qu'il rêve de conquérir.

   Autant vous prévenir : l'intrigue ne prend pas le chemin de la comédie sentimentale. L'un des mineurs tombe gravement malade, peut-être à cause de ce qu'il a bu. Les relations se tendent à la mine... et au campement. Cela donne un beau film, implacable et sobre, mais qui n'incite pas à l'optimisme.

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mardi, 01 mai 2018

Hostiles

   Cela démarre fort. Quelque part dans l'Ouest profond, à la fin du XIXe siècle, une bande d'horribles sauvages d'Indiens rebelles (des Comanches) attaque une ferme isolée et en tue presque tous les occupants. Dans le même temps, à des kilomètres de là, dans une garnison de l'armée américaine, un capitaine taciturne et (très) moustachu, spécialisé dans la traque d'Indiens (des Apaches, dans la région), est chargé de veiller au voyage d'un chef cheyenne jusque sur ses terres natales. Celui-ci est sur le point de mourir, mais le capitaine n'a pas oublié les pertes qu'il a infligées jadis à son camp.

cinéma,cinema,film,films

   C'est l'équipage formé par les militaires et la famille du chef qui rencontre la jeune veuve éplorée, incarnée par l'exquise Rosamund Pike (vue récemment dans HHhH et, surtout, remarquée dans Gone Girl). Elle a beau se laisser aller depuis le massacre de sa famille, on se dit qu'à sa vue, n'importe quel homme normalement constitué se précipiterait sur son beau cheval blanc et brandirait son gros glaive bien dur pour venir à son secours.

   Rosamund Pike fait bien le job, mais son personnage n'est pas construit avec assez de finesse. Elle ne met que quelques jours à passer de l'hostilité profonde à l'amitié envers les Indiens. Certes, ceux qu'elle côtoie dans le convoi ne lui veulent aucun mal, mais le changement paraît trop soudain à l'écran.

   Celui du capitaine (Christian Bale, aussi énigmatique que mal rasé) est plus subtil et met plus de temps à se produire. A travers lui, le réalisateur tente de donner un visage humain aux crimes commis par les Yankees, qui ont contribué à l'extermination partielle des tribus indiennes. D'autres personnages viennent renforcer ce discours, comme celui du second du capitaine ou encore celui du prisonnier, ajouté au convoi à l'occasion d'une étape.

   Le film prend son temps... et ce n'est pas pour me déplaire. La photographie est superbe, sublimant des paysages minéraux dans la première partie (la forêt constituant l'arrière-plan de la seconde partie). Les personnages sont en général bien caractérisés, malgré quelques facilités. (Par exemple, on sent très vite que l'arrivée du prisonnier -qui est un ancien combattant- va orienter l'intrigue dans un sens dramatique.) Pour moi, outre les deux personnages principaux, la figure qui se détache est celle du chef cheyenne, dont le visage, vu de profil, ressemble à ces gigantesques portraits sculptés dans la roche du Mont Rushmore.

   Bien évidemment, tous ceux qui partent du Nouveau-Mexique n'arriveront pas vivants dans le Montana. On peut s'amuser à deviner quel va être le prochain personnage à sortir de scène. L'auteur aurait néanmoins pu nous épargner la dernière tuerie. Mais je crois que celle-ci se situe dans la droite ligne de son propos : elle achève la mutation du capitaine et rend possible sa rédemption... mais Dieu que la scène de train est mal foutue !

   Je suis sorti de là partagé. Le dernier quart-d'heure ne m'a pas plu, mais j'ai aimé ce qui a précédé.

22:17 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Hostiles

   Cela démarre fort. Quelque part dans l'Ouest profond, à la fin du XIXe siècle, une bande d'horribles sauvages d'Indiens rebelles (des Comanches) attaque une ferme isolée et en tue presque tous les occupants. Dans le même temps, à des kilomètres de là, dans une garnison de l'armée américaine, un capitaine taciturne et (très) moustachu, spécialisé dans la traque d'Indiens (des Apaches, dans la région), est chargé de veiller au voyage d'un chef cheyenne jusque sur ses terres natales. Celui-ci est sur le point de mourir, mais le capitaine n'a pas oublié les pertes qu'il a infligées jadis à son camp.

cinéma,cinema,film,films

   C'est l'équipage formé par les militaires et la famille du chef qui rencontre la jeune veuve éplorée, incarnée par l'exquise Rosamund Pike (vue récemment dans HHhH et, surtout, remarquée dans Gone Girl). Elle a beau se laisser aller depuis le massacre de sa famille, on se dit qu'à sa vue, n'importe quel homme normalement constitué se précipiterait sur son beau cheval blanc et brandirait son gros glaive bien dur pour venir à son secours.

   Rosamund Pike fait bien le job, mais son personnage n'est pas construit avec assez de finesse. Elle ne met que quelques jours à passer de l'hostilité profonde à l'amitié envers les Indiens. Certes, ceux qu'elle côtoie dans le convoi ne lui veulent aucun mal, mais le changement paraît trop soudain à l'écran.

   Celui du capitaine (Christian Bale, aussi énigmatique que mal rasé) est plus subtil et met plus de temps à se produire. A travers lui, le réalisateur tente de donner un visage humain aux crimes commis par les Yankees, qui ont contribué à l'extermination partielle des tribus indiennes. D'autres personnages viennent renforcer ce discours, comme celui du second du capitaine ou encore celui du prisonnier, ajouté au convoi à l'occasion d'une étape.

   Le film prend son temps... et ce n'est pas pour me déplaire. La photographie est superbe, sublimant des paysages minéraux dans la première partie (la forêt constituant l'arrière-plan de la seconde partie). Les personnages sont en général bien caractérisés, malgré quelques facilités. (Par exemple, on sent très vite que l'arrivée du prisonnier -qui est un ancien combattant- va orienter l'intrigue dans un sens dramatique.) Pour moi, outre les deux personnages principaux, la figure qui se détache est celle du chef cheyenne, dont le visage, vu de profil, ressemble à ces gigantesques portraits sculptés dans la roche du Mont Rushmore.

   Bien évidemment, tous ceux qui partent du Nouveau-Mexique n'arriveront pas vivants dans le Montana. On peut s'amuser à deviner quel va être le prochain personnage à sortir de scène. L'auteur aurait néanmoins pu nous épargner la dernière tuerie. Mais je crois que celle-ci se situe dans la droite ligne de son propos : elle achève la mutation du capitaine et rend possible sa rédemption... mais Dieu que la scène de train est mal foutue !

   Je suis sorti de là partagé. Le dernier quart-d'heure ne m'a pas plu, mais j'ai aimé ce qui a précédé.

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vendredi, 27 avril 2018

Dans la brume

   J'ai enfin pu voir ce film d'anticipation franco-canadien, qui a été un peu boudé à sa sortie. Pourtant, l'histoire part sur de très bonnes bases : un séisme provoque la montée d'un brouillard toxique au cœur de Paris ; dans un immeuble, un couple tente de sauver sa fille gravement malade, qui ne peut survivre que dans une bulle hermétique, alimentée par le courant électrique ou, si celui-ci vient à s'interrompre, par des batteries préalablement chargées.

   Avec ça, tout est dit et rien n'est dit. On a posé le contexte mystérieux (avec de jolis plans des rues de Paris sous la brume), mais on ne sait pas ce qui l'a provoqué, ni comment il va évoluer. On a une tension dramatique autour du sort de la gamine (très bien filmée dans sa bulle) et du couple, mais tout est ouvert pour la suite.

   Le scénario place une série d'embûches sur le chemin des parents, incarnés par Romain Duris et Olga Kurylenko (qu'on peut voir aussi dans La Mort de Staline). C'est là que le bât blesse (un peu). L'accumulation de pépins est impressionnante, poussant les personnages dans leurs derniers retranchements. Même si la facture du film est assez épurée, on sent des influences hollywoodiennes, notamment à travers l'usage du "juste à temps" ou l'exaltation des valeurs familiales face à la catastrophe qui touche le monde.

   La principale réussite (outre la qualité de la photographie) est la création et le maintien d'une tension palpable quasiment du début à la fin. Je suis resté scotché à mon siège, captivé par le réalisme des scènes et les nombreuses questions que la situation suscite, toutes ne trouvant pas réponse à la fin.

   Sans être un chef-d’œuvre, c'est un film de SF de qualité, qui recourt à quelques facilités, mais qui parvient à fasciner.

20:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Dans la brume

   J'ai enfin pu voir ce film d'anticipation franco-canadien, qui a été un peu boudé à sa sortie. Pourtant, l'histoire part sur de très bonnes bases : un séisme provoque la montée d'un brouillard toxique au cœur de Paris ; dans un immeuble, un couple tente de sauver sa fille gravement malade, qui ne peut survivre que dans une bulle hermétique, alimentée par le courant électrique ou, si celui-ci vient à s'interrompre, par des batteries préalablement chargées.

   Avec ça, tout est dit et rien n'est dit. On a posé le contexte mystérieux (avec de jolis plans des rues de Paris sous la brume), mais on ne sait pas ce qui l'a provoqué, ni comment il va évoluer. On a une tension dramatique autour du sort de la gamine (très bien filmée dans sa bulle) et du couple, mais tout est ouvert pour la suite.

   Le scénario place une série d'embûches sur le chemin des parents, incarnés par Romain Duris et Olga Kurylenko (qu'on peut voir aussi dans La Mort de Staline). C'est là que le bât blesse (un peu). L'accumulation de pépins est impressionnante, poussant les personnages dans leurs derniers retranchements. Même si la facture du film est assez épurée, on sent des influences hollywoodiennes, notamment à travers l'usage du "juste à temps" ou l'exaltation des valeurs familiales face à la catastrophe qui touche le monde.

   La principale réussite (outre la qualité de la photographie) est la création et le maintien d'une tension palpable quasiment du début à la fin. Je suis resté scotché à mon siège, captivé par le réalisme des scènes et les nombreuses questions que la situation suscite, toutes ne trouvant pas réponse à la fin.

   Sans être un chef-d’œuvre, c'est un film de SF de qualité, qui recourt à quelques facilités, mais qui parvient à fasciner.

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jeudi, 26 avril 2018

Comme des garçons

   1969. Paul Coutard est un jeune con. Journaliste sportif au Champenois, quotidien de Reims, il se prend pour un rebelle... et pense plus à allonger la liste de ses conquêtes féminines qu'à faire son boulot. Un jour, en guise de sanction, son patron lui ordonne de préparer la kermesse annuelle organisée par le journal, en compagnie de la discrète et dévouée secrétaire Emmanuelle. C'est peu de dire qu'au départ, les relations entre le play-boy de la Marne et la bigleuse revêche ne sont pas des plus amicales. Mais, ensemble, ils vont monter une équipe de football féminin, une hérésie à l'époque.

   Le film joue sur les deux tableaux : c'est à la fois une comédie roborative, qui aligne un certain nombre de clichés, et une dénonciation du machisme qui régnait en France il y a une cinquantaine d'années. Celui-ci touchait aussi bien les ventripotents dirigeants du football français que les jeunes joueurs. Une des plus belles séquences voit la confrontation entre l'équipe féminine à peine constituée (et mal équipée) et les cadets du Stade de Reims, particulièrement arrogants... et auxquels cette "bande de gonzesses" va faire mordre la poussière (au propre comme au figuré, d'ailleurs).

   Je trouve les interprètes féminines très convaincantes, bien que dans des rôles caricaturaux. Dans le lot, il y a la vraie footeuse, la castagneuse, l'introvertie, la bimbo, deux mères au foyer (l'une ardemment soutenue par son mari, l'autre soumise à un conjoint très "vieille France")... et surtout la prodige (fille d'un ancien joueur du Reims de la belle époque)... qui n'est autre qu'Emmanuelle, la secrétaire (à gauche ci-dessous) :

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   Vanessa Guide prête ses traits (et son corps) à ce personnage attachant, dévalorisé par ses collègues masculins du journal et qui va s'épanouir grâce à sa passion pour le football. La seule limite du personnage est que, dès le début, on ne croit pas une seconde à son statut de laideron. Bien que mal habillée et dotée de lunettes disgracieuses, elle paraît déjà charmante, surtout quand on se souvient d'elle en tant que Marion, la ravissante infirmière avec laquelle Laurent Lafitte fricote dans Papa ou maman (à droite).

   La principale faiblesse du film est pour moi l'interprétation de Max Boublil (vu auparavant dans Les Gamins). Il aurait fallu lui faire rejouer certaines scènes, notamment avec les jeunes femmes. Mais, bon, comme les actrices "assurent", cela passe. On notera que les scènes de jeu ne sont pas mal filmées du tout, avec un montage très haché qui, je pense, a permis d'intercaler des gestes techniques réalisés par de vraies footballeuses.

   La première heure raconte la formation et l'ascension de l'équipe, sur le ton de la comédie. Le dernier tiers du film démarre sur un retournement, qui remet en question les efforts accomplis jusque-là. Cela introduit un peu d'émotion, et nous mène jusqu'à la conclusion, avec un générique qui rend hommage aux véritables pionnières du football féminin. (Eh oui, c'est inspiré d'une histoire vraie !) Ne sortez donc pas trop vite de la salle !

   P.S.

   Si la première équipe féminine du Stade de Reims a connu de grands succès, par la suite, elle a périclité ; elle est aujourd'hui en reconstruction.

   P.S. II

   Le football féminin (français) est encore plus ancien que ce que le film raconte, puisque, selon un article du Monde, il a connu un premier essor au début du XXe siècle.

Comme des garçons

   1969. Paul Coutard est un jeune con. Journaliste sportif au Champenois, quotidien de Reims, il se prend pour un rebelle... et pense plus à allonger la liste de ses conquêtes féminines qu'à faire son boulot. Un jour, en guise de sanction, son patron lui ordonne de préparer la kermesse annuelle organisée par le journal, en compagnie de la discrète et dévouée secrétaire Emmanuelle. C'est peu de dire qu'au départ, les relations entre le play-boy de la Marne et la bigleuse revêche ne sont pas des plus amicales. Mais, ensemble, ils vont monter une équipe de football féminin, une hérésie à l'époque.

   Le film joue sur les deux tableaux : c'est à la fois une comédie roborative, qui aligne un certain nombre de clichés, et une dénonciation du machisme qui régnait en France il y a une cinquantaine d'années. Celui-ci touchait aussi bien les ventripotents dirigeants du football français que les jeunes joueurs. Une des plus belles séquences voit la confrontation entre l'équipe féminine à peine constituée (et mal équipée) et les cadets du Stade de Reims, particulièrement arrogants... et auxquels cette "bande de gonzesses" va faire mordre la poussière (au propre comme au figuré, d'ailleurs).

   Je trouve les interprètes féminines très convaincantes, bien que dans des rôles caricaturaux. Dans le lot, il y a la vraie footeuse, la castagneuse, l'introvertie, la bimbo, deux mères au foyer (l'une ardemment soutenue par son mari, l'autre soumise à un conjoint très "vieille France")... et surtout la prodige (fille d'un ancien joueur du Reims de la belle époque)... qui n'est autre qu'Emmanuelle, la secrétaire (à gauche ci-dessous) :

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   Vanessa Guide prête ses traits (et son corps) à ce personnage attachant, dévalorisé par ses collègues masculins du journal et qui va s'épanouir grâce à sa passion pour le football. La seule limite du personnage est que, dès le début, on ne croit pas une seconde à son statut de laideron. Bien que mal habillée et dotée de lunettes disgracieuses, elle paraît déjà charmante, surtout quand on se souvient d'elle en tant que Marion, la ravissante infirmière avec laquelle Laurent Lafitte fricote dans Papa ou maman (à droite).

   La principale faiblesse du film est pour moi l'interprétation de Max Boublil (vu auparavant dans Les Gamins). Il aurait fallu lui faire rejouer certaines scènes, notamment avec les jeunes femmes. Mais, bon, comme les actrices "assurent", cela passe. On notera que les scènes de jeu ne sont pas mal filmées du tout, avec un montage très haché qui, je pense, a permis d'intercaler des gestes techniques réalisés par de vraies footballeuses.

   La première heure raconte la formation et l'ascension de l'équipe, sur le ton de la comédie. Le dernier tiers du film démarre sur un retournement, qui remet en question les efforts accomplis jusque-là. Cela introduit un peu d'émotion, et nous mène jusqu'à la conclusion, avec un générique qui rend hommage aux véritables pionnières du football féminin. (Eh oui, c'est inspiré d'une histoire vraie !) Ne sortez donc pas trop vite de la salle !

   P.S.

   Si la première équipe féminine du Stade de Reims a connu de grands succès, par la suite, elle a périclité ; elle est aujourd'hui en reconstruction.

   P.S. II

   Le football féminin (français) est encore plus ancien que ce que le film raconte, puisque, selon un article du Monde, il a connu un premier essor au début du XXe siècle.

mercredi, 25 avril 2018

Larguées

   Eloïse Lang, coréalisatrice de Connasse ! Princesse des coeurs, continue dans la veine du comique féminin décomplexé, avec cette histoire de gonzesses femmes, une mère (Miou Miou, touchante) et ses deux filles. Celles-ci sont incarnées par deux actrices qui se ressemblent un peu physiquement... et qui portent le même prénom. Bigre ! Dans le rôle de l'intermittente du spectacle fêtarde et chaude du cul, on ne s'étonnera pas de retrouver Camille Cottin, l'inoubliable interprète de la connasse susmentionnée. Dans le rôle de la mère de famille qui veut tout contrôler, Camille Chamoux fait elle aussi des étincelles.

   Pour permettre à la maman de surmonter le départ du père (sur le point d'avoir un enfant avec une infirmière qui a trente ans de moins que lui), les deux soeurs embarquent celle-ci dans une sorte de Club Med réunionnais. (... ce qui constitue pour moi une matérialisation de l'enfer.)

   Rose la déglinguée va improviser une série de stratagèmes plus improbables les uns que les autres. Le pire est que certains fonctionnent !... dans un premier temps. Alice la (trop) sage essaie de rationaliser tout cela, mais c'était sans compter avec sa propre vie de famille, insatisfaisante... et les variations d'humeur de sa mère, qui finit par se lâcher.

   Quelques seconds rôles masculins savoureux agrémentent le séjour des dames. Les G.O. sont bien gratinés ; on voit surtout un bellâtre néerlandais et un gamin orphelin de mère, auquel l'une des filles va s'attacher. C'est le moment de préciser que ce n'est pas qu'une comédie. Il y est aussi question de ce qui (re)donne du goût à la vie.

   J'ai ri quasiment du début à la fin. Même si l'amorce est assez attendue, avec Rose toujours en galère et Alice plutôt coincée, cela fonctionne, parce que les actrices se donnent à fond et que les dialogues sont souvent piquants. Le film ose même parfois s'aventurer hors des sentiers battus de la comédie populaire, comme lors d'une fugace mais ô combien marquante scène de douche, ou encore avec une drague outrancière et extrêmement maladroite de l'une des héroïnes.

   La musique est entraînante et l'on sent que beaucoup d'acteurs ne se sont pas pris au sérieux. J'ai passé un excellent moment... et je n'étais visiblement pas le seul : la salle (composée majoritairement d'un public féminin) a beaucoup ri.

22:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Larguées

   Eloïse Lang, coréalisatrice de Connasse ! Princesse des coeurs, continue dans la veine du comique féminin décomplexé, avec cette histoire de gonzesses femmes, une mère (Miou Miou, touchante) et ses deux filles. Celles-ci sont incarnées par deux actrices qui se ressemblent un peu physiquement... et qui portent le même prénom. Bigre ! Dans le rôle de l'intermittente du spectacle fêtarde et chaude du cul, on ne s'étonnera pas de retrouver Camille Cottin, l'inoubliable interprète de la connasse susmentionnée. Dans le rôle de la mère de famille qui veut tout contrôler, Camille Chamoux fait elle aussi des étincelles.

   Pour permettre à la maman de surmonter le départ du père (sur le point d'avoir un enfant avec une infirmière qui a trente ans de moins que lui), les deux soeurs embarquent celle-ci dans une sorte de Club Med réunionnais. (... ce qui constitue pour moi une matérialisation de l'enfer.)

   Rose la déglinguée va improviser une série de stratagèmes plus improbables les uns que les autres. Le pire est que certains fonctionnent !... dans un premier temps. Alice la (trop) sage essaie de rationaliser tout cela, mais c'était sans compter avec sa propre vie de famille, insatisfaisante... et les variations d'humeur de sa mère, qui finit par se lâcher.

   Quelques seconds rôles masculins savoureux agrémentent le séjour des dames. Les G.O. sont bien gratinés ; on voit surtout un bellâtre néerlandais et un gamin orphelin de mère, auquel l'une des filles va s'attacher. C'est le moment de préciser que ce n'est pas qu'une comédie. Il y est aussi question de ce qui (re)donne du goût à la vie.

   J'ai ri quasiment du début à la fin. Même si l'amorce est assez attendue, avec Rose toujours en galère et Alice plutôt coincée, cela fonctionne, parce que les actrices se donnent à fond et que les dialogues sont souvent piquants. Le film ose même parfois s'aventurer hors des sentiers battus de la comédie populaire, comme lors d'une fugace mais ô combien marquante scène de douche, ou encore avec une drague outrancière et extrêmement maladroite de l'une des héroïnes.

   La musique est entraînante et l'on sent que beaucoup d'acteurs ne se sont pas pris au sérieux. J'ai passé un excellent moment... et je n'étais visiblement pas le seul : la salle (composée majoritairement d'un public féminin) a beaucoup ri.

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lundi, 23 avril 2018

Game Night

   J'ai l'impression que ce film est un peu à l'image des personnages principaux (et de quelques invités) que l'on voit à l'écran : c'est la réunion d'une bande de potes, qui ont envie de s'éclater en sortant (un peu) des sentiers battus.

   Le début montre la naissance d'un amour, sur fond de passion pour les jeux de société. Tout cela nous mène au cérémonial hebdomadaire, qui se tient chez le nouveau couple, qui envisage d'avoir un enfant. Mais voilà que débarque le frère du héros, une grande gueule pétée de thunes, qui a envie d'épicer un peu la chose. Direction sa superbe baraque où, évidemment, rien ne va se dérouler comme prévu... du moins, en apparence...

   La bande-annonce est fidèle au contenu : c'est une comédie un peu trash, un peu surjouée, qui vogue sur l'air du temps (la mode des jeux d'enquête, non pas sur plateau, mais in real life, comme on dit dans la langue de Donald Trump). C'est souvent drôle, parfois méchant... et assez sanguinolent, une fois que le véritable jeu est lancé. Mais attention : il y a peut-être jeu dans le jeu... voire jeu dans le jeu dans le jeu !

   Les personnages sont bien sûr caricaturaux. Il y a le type sympa (Jason Bateman, horriblement ordinaire) qui commence à se ranger des voitures (et dont les spermatozoïdes manquent de mobilité...). Il y a le copain abruti (Billy Magnussen, très convaincant), sorte de nouveau Stifler, qui ne vient jamais avec la même compagne (en général une bimbo inculte). Il y a les amoureux pour la vie, un couple de Noirs qui se fréquente depuis l'âge de 14 ans. Il y a le voisin inquiétant (Jesse Plemons, excellent), un policier récemment quitté par son épouse et qui s'exprime d'une manière étrange, très lentement, dans un langage très recherché... Et puis il y a l'héroïne, Annie, la compagne de Max, incarnée par Rachel McAdams (L'Irène Adler des dernières adaptations cinématographiques de Sherlock Holmes). Son charme et sa pétulance portent le film.

cinéma,cinema,film,films

   Les auteurs balancent quelques petites piques aux couples bourgeois modernes, mais c'est surtout le décalage entre ce que comprennent les spectateurs et ce que croient vivre les personnages qui est source de gags. C'est rythmé et les dialogues sont plutôt bien écrits.

   A noter que la réalisation n'est pas dégueulasse, avec, à l'occasion, la superposition de plans de maquettes et de scènes réelles. Il y a aussi un morceau de bravoure, la course à l'oeuf, dans une extraordinaire demeure (joli plan-séquence). La séquence de l'avion est elle aussi bien conçue. Précisions que derrière la caméra se trouve notamment John Francis Daley, qui s'est fait connaître en tant que Dr Sweets dans la série Bones. (Il s'est même attribué un rôle de figurant dans l'histoire.) Au détour d'une scène, on peut remarquer la présence d'autres visages connus. Soyez attentifs quand le personnage du Bulgare apparaît à l'écran : vous devriez reconnaître un célèbre assassin-justicier de série télévisée.

23:02 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films

Game Night

   J'ai l'impression que ce film est un peu à l'image des personnages principaux (et de quelques invités) que l'on voit à l'écran : c'est la réunion d'une bande de potes, qui ont envie de s'éclater en sortant (un peu) des sentiers battus.

   Le début montre la naissance d'un amour, sur fond de passion pour les jeux de société. Tout cela nous mène au cérémonial hebdomadaire, qui se tient chez le nouveau couple, qui envisage d'avoir un enfant. Mais voilà que débarque le frère du héros, une grande gueule pétée de thunes, qui a envie d'épicer un peu la chose. Direction sa superbe baraque où, évidemment, rien ne va se dérouler comme prévu... du moins, en apparence...

   La bande-annonce est fidèle au contenu : c'est une comédie un peu trash, un peu surjouée, qui vogue sur l'air du temps (la mode des jeux d'enquête, non pas sur plateau, mais in real life, comme on dit dans la langue de Donald Trump). C'est souvent drôle, parfois méchant... et assez sanguinolent, une fois que le véritable jeu est lancé. Mais attention : il y a peut-être jeu dans le jeu... voire jeu dans le jeu dans le jeu !

   Les personnages sont bien sûr caricaturaux. Il y a le type sympa (Jason Bateman, horriblement ordinaire) qui commence à se ranger des voitures (et dont les spermatozoïdes manquent de mobilité...). Il y a le copain abruti (Billy Magnussen, très convaincant), sorte de nouveau Stifler, qui ne vient jamais avec la même compagne (en général une bimbo inculte). Il y a les amoureux pour la vie, un couple de Noirs qui se fréquente depuis l'âge de 14 ans. Il y a le voisin inquiétant (Jesse Plemons, excellent), un policier récemment quitté par son épouse et qui s'exprime d'une manière étrange, très lentement, dans un langage très recherché... Et puis il y a l'héroïne, Annie, la compagne de Max, incarnée par Rachel McAdams (L'Irène Adler des dernières adaptations cinématographiques de Sherlock Holmes). Son charme et sa pétulance portent le film.

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   Les auteurs balancent quelques petites piques aux couples bourgeois modernes, mais c'est surtout le décalage entre ce que comprennent les spectateurs et ce que croient vivre les personnages qui est source de gags. C'est rythmé et les dialogues sont plutôt bien écrits.

   A noter que la réalisation n'est pas dégueulasse, avec, à l'occasion, la superposition de plans de maquettes et de scènes réelles. Il y a aussi un morceau de bravoure, la course à l'oeuf, dans une extraordinaire demeure (joli plan-séquence). La séquence de l'avion est elle aussi bien conçue. Précisions que derrière la caméra se trouve notamment John Francis Daley, qui s'est fait connaître en tant que Dr Sweets dans la série Bones. (Il s'est même attribué un rôle de figurant dans l'histoire.) Au détour d'une scène, on peut remarquer la présence d'autres visages connus. Soyez attentifs quand le personnage du Bulgare apparaît à l'écran : vous devriez reconnaître un célèbre assassin-justicier de série télévisée.

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samedi, 21 avril 2018

The Third Murder

   Ce troisième meurtre est celui dont est accusé Takashi Misumi (Koji Yakusho, excellent), qui a autrefois déjà été condamné pour un double homicide. A l'époque, il a échappé à la peine de mort grâce au juge. Cette fois-ci, le fils de celui-ci, qui est avocat, va tenter de lui éviter le châtiment suprême.

   Au début, tout semble simple. Ce qu'on nous montre à l'écran et les premières déclarations de l'accusé (qui a avoué) vont dans le même sens, celui de sa culpabilité. L'avocat se lance donc dans une enquête pour faire émerger des faits susceptibles de constituer des circonstances atténuantes.

   A partir de là, le réalisateur-scénariste Hirokazu Kore-eda (auteur, entre autres, de Tel père, tel fils) s'ingénie à multiplier les fausses pistes... et à les mêler aux vraies. Voilà que l'accusé commence à changer de version. Il va le faire à plusieurs reprises, conduisant l'équipe d'avocats à approfondir leurs recherches. D'un côté, on les sent de plus en plus désorientés par l'attitude de leur client très spécial. De l'autre, on découvre toutes les ramifications de l'affaire de meurtre, qui est au final beaucoup plus complexe qu'on ne le pensait au début.

   Entre les deux, on assiste à de beaux numéros d'acteurs, en particulier de Koji Yakusho, mais aussi de Masaharu Fukuyama, lors des séances de parloir, très bien mises en scène. Ceux qui ne connaissent pas le Japon découvriront des aspects de sa culture qui parfois déroutent les Occidentaux. On peut aussi regretter la place subordonnée de (presque) tous les personnages féminins : la collègue du cabinet d'avocat sert le café aux messieurs, la fille de l'accusé est une prostituée, l'épouse de la victime est dissimulatrice. Il reste le cas de l'adolescente handicapée qui est, à bien des égards, la clé de l'énigme.

   La première heure passe comme un rêve. C'est un polar sociétal très bien maîtrisé. Au cours de la seconde heure, l'auteur se perd un peu dans les circonvolutions de son intrigue : il ménage des rebondissements mais, comme il ne veut pas que l'on devine trop vite, il embrume quelque peu les choses... tant et si bien qu'à la fin, lorsque survient un énième changement de version de l'accusé, j'ai senti un peu d'agacement dans la salle. Mais, si l'on se prend au jeu, c'est un film formidable. Le paradoxe est que l'avocat, au départ, se contrefiche de la vérité et cherche uniquement les ficelles sur lesquelles il doit tirer pour gagner le procès. Il approfondit son enquête pour trouver de quoi défendre son client... et il finit par tomber, un peu par hasard, sur la vérité. C'est une belle leçon de cinéma, bien qu'un peu austère.

22:28 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

The Third Murder

   Ce troisième meurtre est celui dont est accusé Takashi Misumi (Koji Yakusho, excellent), qui a autrefois déjà été condamné pour un double homicide. A l'époque, il a échappé à la peine de mort grâce au juge. Cette fois-ci, le fils de celui-ci, qui est avocat, va tenter de lui éviter le châtiment suprême.

   Au début, tout semble simple. Ce qu'on nous montre à l'écran et les premières déclarations de l'accusé (qui a avoué) vont dans le même sens, celui de sa culpabilité. L'avocat se lance donc dans une enquête pour faire émerger des faits susceptibles de constituer des circonstances atténuantes.

   A partir de là, le réalisateur-scénariste Hirokazu Kore-eda (auteur, entre autres, de Tel père, tel fils) s'ingénie à multiplier les fausses pistes... et à les mêler aux vraies. Voilà que l'accusé commence à changer de version. Il va le faire à plusieurs reprises, conduisant l'équipe d'avocats à approfondir leurs recherches. D'un côté, on les sent de plus en plus désorientés par l'attitude de leur client très spécial. De l'autre, on découvre toutes les ramifications de l'affaire de meurtre, qui est au final beaucoup plus complexe qu'on ne le pensait au début.

   Entre les deux, on assiste à de beaux numéros d'acteurs, en particulier de Koji Yakusho, mais aussi de Masaharu Fukuyama, lors des séances de parloir, très bien mises en scène. Ceux qui ne connaissent pas le Japon découvriront des aspects de sa culture qui parfois déroutent les Occidentaux. On peut aussi regretter la place subordonnée de (presque) tous les personnages féminins : la collègue du cabinet d'avocat sert le café aux messieurs, la fille de l'accusé est une prostituée, l'épouse de la victime est dissimulatrice. Il reste le cas de l'adolescente handicapée qui est, à bien des égards, la clé de l'énigme.

   La première heure passe comme un rêve. C'est un polar sociétal très bien maîtrisé. Au cours de la seconde heure, l'auteur se perd un peu dans les circonvolutions de son intrigue : il ménage des rebondissements mais, comme il ne veut pas que l'on devine trop vite, il embrume quelque peu les choses... tant et si bien qu'à la fin, lorsque survient un énième changement de version de l'accusé, j'ai senti un peu d'agacement dans la salle. Mais, si l'on se prend au jeu, c'est un film formidable. Le paradoxe est que l'avocat, au départ, se contrefiche de la vérité et cherche uniquement les ficelles sur lesquelles il doit tirer pour gagner le procès. Il approfondit son enquête pour trouver de quoi défendre son client... et il finit par tomber, un peu par hasard, sur la vérité. C'est une belle leçon de cinéma, bien qu'un peu austère.

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jeudi, 19 avril 2018

La Mort de Staline

   Cette "comédie historique" est l'adaptation d'une bande dessinée (française) à succès, initialement publiée en deux tomes, récemment rééditée en un volume :

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   Derrière la caméra, on trouve Armando Iannucci, remarqué il y a quelques années pour une autre satire politique, In The Loop. Si la bande dessinée et le film s'appuient (hélas) sur des faits incontestables, il ne s'agit pas d'un documentaire. Dans les détails, la réalité a été parfois un peu "aménagée", pour mieux servir l'intrigue. Mais je trouve que l'ambiance de fin de règne est très bien rendue, au service d'une farce, horrible certes, mais extrêmement drôle.

   Au cœur de l'intrigue se débat une bande de mâles dominants, jusqu'à présent soumis au mâle alpha qu'était Staline. La question est de savoir qui dans ce panier de crabes va tirer les marrons du feu. C'est là que le film surpasse la bande dessinée, grâce à l'interprétation magistrale d'une brochette d'acteurs confirmés.

cinéma,cinema,film,films

   Jeffrey Tambor met tout son talent à incarner Malenkov, le numéro 2 officiel qui, évidemment, n'a pas l'étoffe pour succéder à Staline. Il nous est présenté comme un être veule, lâche... et imbu de sa personne.

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   Le véritable numéro 2, l'exécuteur des basses œuvres, l'âme damnée de Staline, est Beria, le chef du NKVD (ancêtre du KGB), interprété avec brio par Simon Russell Beale (qui, à mon avis, mérite un Oscar). Parfois, il rend son personnage presque humain, alors que c'était une pourriture de la pire espèce, dont les travers ne sont qu'effleurés aussi bien par la bande dessinée que par le film.

cinéma,cinema,film,films

   Son principal rival est Khrouchtchev, auquel Steve Buscemi prête ses traits et sa faconde. S'il ne lui ressemble guère physiquement, il réussit à rendre crédible une vision du personnage, qui fut très proche de Staline... et sous-estimé par nombre de ses camarades.

   Au sein du Politburo du Comité central (du Parti communiste), ces trois-là sont entourés par d'autres communistes purs et durs, comme Kaganovitch, Mikoyan, Molotov (un peu "chargé" dans le film) et Boulganine, très bien interprété par Paul Chahidi. D'autres hommes jouent un rôle important : Vassili Staline, fils alcoolique et incompétent du dictateur, et surtout le maréchal Joukov, incarné avec une gourmandise évidente par Jason Isaacs :

cinéma,cinema,film,films

   Et les femmes là-dedans ? Ce sont essentiellement des proies, dont se repaissent les mâles dominants, en particulier Beria, même si ses faveurs allaient plutôt aux jeunes filles, qu'il faisait enlever à la sortie de l'école... Quelques figures émergent toutefois : la fille de Staline, Svetlana (Andrea Riseborough) et surtout la pianiste rebelle, qui a les traits d'Olga Kurylenko, qui apporte un peu de grâce et de lumière dans ce monde abject.

   La farandole commence à tourner dès le concert. Cette séquence initiale a pour but de nous faire comprendre la trouille qui régnait à l'époque en URSS. Staline gouvernait par la terreur... et tout le monde se croyait surveillé en (quasi) permanence.

   La mort du dictateur donne naissance à des scènes particulièrement jouissives. J'ai apprécié que le réalisateur ridiculise le potentat. Il en profite pour souligner l'arrivisme et la lâcheté de ses sbires, qui se bousculent pour paraître les plus affectés par la mort du Petit Père des peuples.

   Leur attitude contraste avec la ferveur, apparemment non feinte, des foules qui convergent vers Moscou pour rendre un dernier hommage au Guide du communisme. Dans le lot, il y en a sans doute qui font le déplacement pour s'assurer que le dictateur est mort, d'autres pour se faire bien voir... et beaucoup par émotion sincère (une sorte de syndrome de Stockholm à très grande échelle).

   Très vite, les vieux crabes communistes laissent tomber le masque de l'affliction pour se lancer dans la course à l'échalote. C'est vraiment savoureux, souvent cynique et sardonique. J'ai beaucoup ri à des scènes qui, pourtant, montrent des choses horribles (notamment des exécutions, présentées comme des actes anodins, tant le régime a déjà de sang sur les mains).

   Au final, le film ne constitue pas une belle leçon d'histoire, mais plutôt un exposé d'anti-morale politique, servi par un humour féroce. C'est indubitablement la comédie du moment.

   P.S.

   Le film a été tourné en anglais et, franchement, les acteurs sont tellement bons qu'on se contrefiche qu'ils ne parlent pas russe.

21:18 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films

La Mort de Staline

   Cette "comédie historique" est l'adaptation d'une bande dessinée (française) à succès, initialement publiée en deux tomes, récemment rééditée en un volume :

cinéma,cinema,film,films

   Derrière la caméra, on trouve Armando Iannucci, remarqué il y a quelques années pour une autre satire politique, In The Loop. Si la bande dessinée et le film s'appuient (hélas) sur des faits incontestables, il ne s'agit pas d'un documentaire. Dans les détails, la réalité a été parfois un peu "aménagée", pour mieux servir l'intrigue. Mais je trouve que l'ambiance de fin de règne est très bien rendue, au service d'une farce, horrible certes, mais extrêmement drôle.

   Au cœur de l'intrigue se débat une bande de mâles dominants, jusqu'à présent soumis au mâle alpha qu'était Staline. La question est de savoir qui dans ce panier de crabes va tirer les marrons du feu. C'est là que le film surpasse la bande dessinée, grâce à l'interprétation magistrale d'une brochette d'acteurs confirmés.

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   Jeffrey Tambor met tout son talent à incarner Malenkov, le numéro 2 officiel qui, évidemment, n'a pas l'étoffe pour succéder à Staline. Il nous est présenté comme un être veule, lâche... et imbu de sa personne.

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   Le véritable numéro 2, l'exécuteur des basses œuvres, l'âme damnée de Staline, est Beria, le chef du NKVD (ancêtre du KGB), interprété avec brio par Simon Russell Beale (qui, à mon avis, mérite un Oscar). Parfois, il rend son personnage presque humain, alors que c'était une pourriture de la pire espèce, dont les travers ne sont qu'effleurés aussi bien par la bande dessinée que par le film.

cinéma,cinema,film,films

   Son principal rival est Khrouchtchev, auquel Steve Buscemi prête ses traits et sa faconde. S'il ne lui ressemble guère physiquement, il réussit à rendre crédible une vision du personnage, qui fut très proche de Staline... et sous-estimé par nombre de ses camarades.

   Au sein du Politburo du Comité central (du Parti communiste), ces trois-là sont entourés par d'autres communistes purs et durs, comme Kaganovitch, Mikoyan, Molotov (un peu "chargé" dans le film) et Boulganine, très bien interprété par Paul Chahidi. D'autres hommes jouent un rôle important : Vassili Staline, fils alcoolique et incompétent du dictateur, et surtout le maréchal Joukov, incarné avec une gourmandise évidente par Jason Isaacs :

cinéma,cinema,film,films

   Et les femmes là-dedans ? Ce sont essentiellement des proies, dont se repaissent les mâles dominants, en particulier Beria, même si ses faveurs allaient plutôt aux jeunes filles, qu'il faisait enlever à la sortie de l'école... Quelques figures émergent toutefois : la fille de Staline, Svetlana (Andrea Riseborough) et surtout la pianiste rebelle, qui a les traits d'Olga Kurylenko, qui apporte un peu de grâce et de lumière dans ce monde abject.

   La farandole commence à tourner dès le concert. Cette séquence initiale a pour but de nous faire comprendre la trouille qui régnait à l'époque en URSS. Staline gouvernait par la terreur... et tout le monde se croyait surveillé en (quasi) permanence.

   La mort du dictateur donne naissance à des scènes particulièrement jouissives. J'ai apprécié que le réalisateur ridiculise le potentat. Il en profite pour souligner l'arrivisme et la lâcheté de ses sbires, qui se bousculent pour paraître les plus affectés par la mort du Petit Père des peuples.

   Leur attitude contraste avec la ferveur, apparemment non feinte, des foules qui convergent vers Moscou pour rendre un dernier hommage au Guide du communisme. Dans le lot, il y en a sans doute qui font le déplacement pour s'assurer que le dictateur est mort, d'autres pour se faire bien voir... et beaucoup par émotion sincère (une sorte de syndrome de Stockholm à très grande échelle).

   Très vite, les vieux crabes communistes laissent tomber le masque de l'affliction pour se lancer dans la course à l'échalote. C'est vraiment savoureux, souvent cynique et sardonique. J'ai beaucoup ri à des scènes qui, pourtant, montrent des choses horribles (notamment des exécutions, présentées comme des actes anodins, tant le régime a déjà de sang sur les mains).

   Au final, le film ne constitue pas une belle leçon d'histoire, mais plutôt un exposé d'anti-morale politique, servi par un humour féroce. C'est indubitablement la comédie du moment.

   P.S.

   Le film a été tourné en anglais et, franchement, les acteurs sont tellement bons qu'on se contrefiche qu'ils ne parlent pas russe.

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mercredi, 18 avril 2018

L'Ile aux chiens

   Il a fallu attendre quatre ans (une éternité, dans le monde du cinéma) pour voir sortir le nouveau long-métrage de Wes Anderson. On l'avait quitté en 2014 avec un chef-d’œuvre (The Grand Budapest Hotel), on le retrouve avec... un film d'animation, genre dans lequel il s'est déjà illustré, avec Fantastic Mr Fox.

   Accusés de véhiculer une maladie incurable, les chiens sont déportés sur une île poubelle, au large du Japon. Un homme politique populiste en profite pour renforcer son pouvoir et éliminer toute concurrence. Au-delà du divertissement (et de la prouesse technique que constitue l'animation image par image), il s'agit d'une fable politique, qui puise dans notre histoire commune (l'extermination des juifs et des Tsiganes) et traite de sujets ultra-contemporains (la montée des "démocratures").

   Dans sa version originale, le film est bilingue anglais-japonais. Cela renforce la vraisemblance des situations (l'action se déroule au Japon) et donne à certaines scènes une saveur inattendue : les personnages ne se comprennent pas toujours. Pourtant, les chiens parlent (anglais) ! Ils sont d'une incroyable vérité et ce alors que l'animation est conçue de manière légèrement saccadée. Cela donne un aspect quelque peu mécanique aux déplacements des personnages... et c'est souvent cocasse.

   J'ai adoré entendre parler les canidés. On leur a attribué des voix chaudes, onctueuses, qui contrastent évidemment avec l'état physique des chiens, qui peinent à survivre. Certains d'entre eux sont obsédés par l'idée de voter avant de prendre toute décision : c'est l'un des running-gags du film. Il y a aussi un côté cartoon dans certaines scènes, dont le déroulement n'est pas vraisemblable... sauf si l'on admet que l'on se trouve dans une sorte de dessin animé. Anderson est arrivé à marier les deux niveaux de lecture, le sérieux et le futile. Attention toutefois : c'est un peu compliqué (et parfois dur) pour les plus petits. L'intrigue est nourrie de retours en arrière, qui permettent de mieux comprendre la psychologie de tel personnage... ou de démasquer un complot.

   C'est peut-être le film le plus puissant que j'aie vu en 2018 (avec 3 Billboards) et, incontestablement, un chef-d’œuvre d'animation, servi par une réalisation millimétrée, géométrique,  l'image de ce que sait faire Wes Anderson.

12:33 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films