vendredi, 16 mars 2018
"L'Arme fatale", saison 2
TF1 a commencé à diffuser la deuxième saison de la série adaptée des célèbres films, dans lesquels s'illustrèrent jadis Mel Gibson et Danny Glover.
Comme les héros sont un peu fatigués aujourd'hui, on a rajeuni le casting avec Damon Wayans (issu d'une célèbre fratrie) à la place de Danny Glover et Clayne Crawford dans le rôle tenu autrefois par Mel Gibson :
Au début de la saison 1, j'ai un peu tiqué. Pour moi, Wayans n'était pas à la hauteur de Glover. Crawford, lui, parvenait presque à faire oublier Gibson, mais le penchant du personnage pour la mauvaise bibine m'agaçait un peu. Néanmoins, comme c'était un peu déjanté, j'ai suivi les aventures des deux trublions de la police, qui se sont améliorées au fur et à mesure que la série avançait.
Mardi dernier, c'est donc avec plaisir que je les ai retrouvés dans le premier épisode, au Mexique, au cœur d'une histoire de vengeance qui ne se déroule pas du tout comme prévu. C'est très animé et plein de détails cocasses, comme les retrouvailles entre les deux acolytes, dans un hôtel de luxe où un truand se livre à la débauche :
Je laisse aussi aux spectateurs du replay le soin de découvrir comment cet "objet" est un arrivé dans un gobelet rempli de glaçons :
Le deuxième épisode, bien qu'un peu moins rythmé, est sur la même lancée. Il contient plus de moments d'humour, à commencer par ceux qui mettent en scène les deux héros, visiblement de plus en plus liés :
Cet épisode est aussi pour Martin Riggs l'occasion de travailler à nouveau avec un agent de la DEA très sexy, dont il avait été proche au cours de la saison 1, avant de s'en éloigner, habité qu'il était par sa soif de vengeance. La charmante Karen Palmer (interprétée par Hilarie Burton, vue récemment dans Extant) semble lui en vouloir un peu... pour l'instant :
Je pense qu'il n'est pas utile de préciser que les deux vedettes masculines sont entourées d'une pléiade d'actrices talentueuses, au physique très avantageux. Cette série ne révolutionne rien, mais elle dégage une belle énergie et fait passer de bons moments.
21:49 Publié dans Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, télévision, actualité
dimanche, 11 mars 2018
Hurricane
Cet ouragan gigantesque est à la fois l'occasion, pour un groupe de petits malins, d'organiser le casse du siècle, et la catastrophe qui peut tout faire foirer si le moindre grain de sable enraye la mécanique du complot. La première séquence est censée nous faire comprendre la psychologie de deux des principaux personnages masculins, deux frères qui, dans leur enfance, ont déjà connu de l'intérieur un méga ouragan. Bien qu'assez prévisibles, ces scènes sont bien tournées et donnent lieu à la plus spectaculaire catastrophe du film.
On retrouve les deux frangins 25 ans plus tard. Ils habitent une ville où se trouve un centre ultra-sécurisé de déchiquetage de billets de banque usagés. C'est l'occasion de découvrir l'héroïne Casey (Maggie Grace, révélée notamment par le rôle de Kim dans la série des Taken), qui elle aussi cache une grande fêlure intérieure... à propos de laquelle on ne saura pas grand chose.
Il est vrai que la caractérisation des personnages n'est pas d'une grande subtilité. Ce sont souvent des caricatures, de surcroît interprétées par des acteurs pas extrêmement brillants, sans doute recrutés sur leur carrure et la blancheur de leur sourire. La petite Maggie surnage dans ce flot de mecs burnés peu recommandables, dotés (dans la version française) de grosses voix caverneuses...
C'est d'ailleurs à travers elle qu'on voit l'évolution de ce type de film : du côté des gentils, c'est la dame qui est une pro des flingues. C'est aussi elle qui est capable de sortir un gros camion d'une situation délicate. (La scène de l'embouteillage est un délice pour tous ceux qui se sont déjà retrouvés piégés dans une masse de bagnoles à cause du comportement incivique de quelques abrutis.)
Comme les dialogues sont globalement à chier, il faut reporter son attention sur les scènes d'action. Et là, franchement, ça dépote. Je pense même que la version 3D doit valoir le coup, à partir du moment où l'ouragan fait voltiger un tas d'objets un peu partout.
Dans une grande salle, bien calé dans mon fauteuil, j'ai savouré le démontage de la tour émettrice, mais aussi toute la séquence du centre commercial, avec notamment d'éblouissants vols planés et un impressionnant tsunami dans une jardinerie. Le tout culmine dans une exaltante poursuite en camions.
Voilà. Un peu à l'image de 24H Limit, The Passenger ou du plus ancien Deep Water (celui-ci mieux interprété, toutefois), ce film un peu bourrin (à voir sur grand écran), truffé d'invraisemblances, ne vise qu'à faire passer un bon moment.
23:39 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Hurricane
Cet ouragan gigantesque est à la fois l'occasion, pour un groupe de petits malins, d'organiser le casse du siècle, et la catastrophe qui peut tout faire foirer si le moindre grain de sable enraye la mécanique du complot. La première séquence est censée nous faire comprendre la psychologie de deux des principaux personnages masculins, deux frères qui, dans leur enfance, ont déjà connu de l'intérieur un méga ouragan. Bien qu'assez prévisibles, ces scènes sont bien tournées et donnent lieu à la plus spectaculaire catastrophe du film.
On retrouve les deux frangins 25 ans plus tard. Ils habitent une ville où se trouve un centre ultra-sécurisé de déchiquetage de billets de banque usagés. C'est l'occasion de découvrir l'héroïne Casey (Maggie Grace, révélée notamment par le rôle de Kim dans la série des Taken), qui elle aussi cache une grande fêlure intérieure... à propos de laquelle on ne saura pas grand chose.
Il est vrai que la caractérisation des personnages n'est pas d'une grande subtilité. Ce sont souvent des caricatures, de surcroît interprétées par des acteurs pas extrêmement brillants, sans doute recrutés sur leur carrure et la blancheur de leur sourire. La petite Maggie surnage dans ce flot de mecs burnés peu recommandables, dotés (dans la version française) de grosses voix caverneuses...
C'est d'ailleurs à travers elle qu'on voit l'évolution de ce type de film : du côté des gentils, c'est la dame qui est une pro des flingues. C'est aussi elle qui est capable de sortir un gros camion d'une situation délicate. (La scène de l'embouteillage est un délice pour tous ceux qui se sont déjà retrouvés piégés dans une masse de bagnoles à cause du comportement incivique de quelques abrutis.)
Comme les dialogues sont globalement à chier, il faut reporter son attention sur les scènes d'action. Et là, franchement, ça dépote. Je pense même que la version 3D doit valoir le coup, à partir du moment où l'ouragan fait voltiger un tas d'objets un peu partout.
Dans une grande salle, bien calé dans mon fauteuil, j'ai savouré le démontage de la tour émettrice, mais aussi toute la séquence du centre commercial, avec notamment d'éblouissants vols planés et un impressionnant tsunami dans une jardinerie. Le tout culmine dans une exaltante poursuite en camions.
Voilà. Un peu à l'image de 24H Limit, The Passenger ou du plus ancien Deep Water (celui-ci mieux interprété, toutefois), ce film un peu bourrin (à voir sur grand écran), truffé d'invraisemblances, ne vise qu'à faire passer un bon moment.
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vendredi, 09 mars 2018
La Forme de l'eau
Une fois n'est pas coutume, le titre de ce film américain est bien traduit... alors, ne boudons pas notre plaisir. Je ne fais toutefois pas partie des inconditionnels du réalisateur (Guillermo del Toro), mais j'ai été attiré par l'histoire... et la possibilité de voir le film en version originale sous-titrée, au CGR de Rodez (trop timide à mon goût au niveau de la diffusion des œuvres dans leur langue d'origine).
On a parlé ici ou là des "emprunts" que le réalisateur aurait pratiqués chez d'illustres devanciers (Jean-Pierre Jeunet et Terry Gilliam notamment). Plus que du plagiat, j'y vois des hommages, ou tout simplement des sources d'inspiration. Il est néanmoins évident qu'au début, la présentation d’Élisa, l'héroïne muette, célibataire asociale réglée comme une pendule (Sally Hawkins formidable), n'est pas sans rappeler celle de l'Amélie Poulain de Jeunet.
Immédiatement, on baigne donc dans un univers décalé, dans des tons superbes. Les États-Unis du début des années 1960, en pleine Guerre froide, semblent presque surnaturels. Les interactions entre les personnages nous font cependant vite comprendre dans quel genre de monde ils vivent : dominé par des mâles blancs hétéronormés, attachés à leur domination des femmes et à la ségrégation raciale.
Les deux héros attirent immédiatement la sympathie, pour des raisons semblables en dépit de leurs apparences différentes. Élisa comme "le sujet" sont à la fois des victimes et dotés d'une grande force intérieure. Leur rencontre, très poétique, donne naissance à une histoire d'amour furieusement romantique.
Toute bonne histoire s'appuie sur un "méchant" réussi. Tel est le cas ici, avec un Michael Shannon (déjà excellent dans Elvis & Nixon) bien dégueulasse... et dépeint comme une certaine incarnation du modèle américain. (Par bien des côtés, le film est susceptible de prendre à rebrousse-poil le public bas-du-plafond.) Des moments de comédie sont introduits par le personnage de Zelda, bien interprétée par Octavia Spencer (ce qui lui a valu une deuxième nomination de suite à l'Oscar du meilleur second rôle, un an après sa performance dans Les Figures de l'ombre). Je crois que Richard Jenkins, qui incarne Giles, le voisin et fantasque ami d’Élisa, est aussi censé provoquer les rires ou, à défaut, les sourires du public... mais j'avoue que j'ai trouvé son personnage plutôt horripilant, extrêmement convenu et prévisible.
Fort heureusement, la romance prend de l'épaisseur quand une évasion se produit. Là-dessus se greffe une vraie-fausse histoire d'espionnage, qui perturbe encore plus les lignes.
J'ai passé un excellent moment, plein de beauté et d'émotion.
21:39 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, cinema, film, films
La Forme de l'eau
Une fois n'est pas coutume, le titre de ce film américain est bien traduit... alors, ne boudons pas notre plaisir. Je ne fais toutefois pas partie des inconditionnels du réalisateur (Guillermo del Toro), mais j'ai été attiré par l'histoire... et la possibilité de voir le film en version originale sous-titrée, au CGR de Rodez (trop timide à mon goût au niveau de la diffusion des œuvres dans leur langue d'origine).
On a parlé ici ou là des "emprunts" que le réalisateur aurait pratiqués chez d'illustres devanciers (Jean-Pierre Jeunet et Terry Gilliam notamment). Plus que du plagiat, j'y vois des hommages, ou tout simplement des sources d'inspiration. Il est néanmoins évident qu'au début, la présentation d’Élisa, l'héroïne muette, célibataire asociale réglée comme une pendule (Sally Hawkins formidable), n'est pas sans rappeler celle de l'Amélie Poulain de Jeunet.
Immédiatement, on baigne donc dans un univers décalé, dans des tons superbes. Les États-Unis du début des années 1960, en pleine Guerre froide, semblent presque surnaturels. Les interactions entre les personnages nous font cependant vite comprendre dans quel genre de monde ils vivent : dominé par des mâles blancs hétéronormés, attachés à leur domination des femmes et à la ségrégation raciale.
Les deux héros attirent immédiatement la sympathie, pour des raisons semblables en dépit de leurs apparences différentes. Élisa comme "le sujet" sont à la fois des victimes et dotés d'une grande force intérieure. Leur rencontre, très poétique, donne naissance à une histoire d'amour furieusement romantique.
Toute bonne histoire s'appuie sur un "méchant" réussi. Tel est le cas ici, avec un Michael Shannon (déjà excellent dans Elvis & Nixon) bien dégueulasse... et dépeint comme une certaine incarnation du modèle américain. (Par bien des côtés, le film est susceptible de prendre à rebrousse-poil le public bas-du-plafond.) Des moments de comédie sont introduits par le personnage de Zelda, bien interprétée par Octavia Spencer (ce qui lui a valu une deuxième nomination de suite à l'Oscar du meilleur second rôle, un an après sa performance dans Les Figures de l'ombre). Je crois que Richard Jenkins, qui incarne Giles, le voisin et fantasque ami d’Élisa, est aussi censé provoquer les rires ou, à défaut, les sourires du public... mais j'avoue que j'ai trouvé son personnage plutôt horripilant, extrêmement convenu et prévisible.
Fort heureusement, la romance prend de l'épaisseur quand une évasion se produit. Là-dessus se greffe une vraie-fausse histoire d'espionnage, qui perturbe encore plus les lignes.
J'ai passé un excellent moment, plein de beauté et d'émotion.
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samedi, 03 mars 2018
Mary et la fleur de la sorcière
Le réalisateur Hiromasa Yonebayashi est un ancien des studios Ghibli. Il a travaillé sous la houlette du célèbre Hayao Miyazaki. Il a commencé à se faire connaître avec des films comme Arrietty et (surtout) Souvenirs de Marnie. D'ailleurs, comme celui-ci, Mary est adapté d'un roman britannique destiné à la jeunesse.
La première séquence se déroule dans le passé. On n'en comprend que progressivement tout le sens. Sachez seulement qu'il y est question d'une cité mystérieuse, de balais et d'étranges graines luminescentes (superbement rendues par l'animation).
Des années plus tard, la jeune Mary, que ses parents ont placée chez sa tante pour les vacances scolaires, s'ennuie. Même le chien de la maison ne suit pas la gamine débordant d'énergie. Il y aurait bien Peter, le jeune facteur, mais celui-ci se moque sans cesse de ses cheveux roux. Finalement, c'est peut-être un chat qui va se révéler le compagnon le plus fidèle... ainsi qu'un drôle de balai.
Notre héroïne fait une découverte, au coeur de la forêt, découverte qui va la mettre en contact avec un monde magique... mais dangereux. Les cinéphiles penseront immanquablement à Kiki, la petite sorcière, au Voyage de Chihiro et à Princesse Mononoké (entre autres).
Visuellement, c'est très réussi, mêlant dessin traditionnel et images numériques. Les fleurs sont magnifiques et les effets de magie splendides. Ce n'est toutefois pas aussi brillant que les meilleures oeuvres de Miyazaki. Au niveau du scénario, c'est assez élaboré. L'histoire tient bien en haleine, avec de multiples rebondissements. C'est toutefois destiné à un jeune public. Les adultes ne s'y retrouvent pas toujours, notamment au niveau des dialogues, pas démentiels.
Les papas, mamans, pépés, mémés, tontons et tatas se sentiront davantage concernés par le sous-texte. Le film contient une vigoureuse dénonciation des expérimentations animales et, au second degré, je pense qu'il s'oppose au nucléaire civil. Voici pourquoi. La magie est comparée à plusieurs reprises à l'électricité. Or, la source la plus puissante de magie est un élément naturel (que je ne vais pas révéler), dont l'exploitation peut produire des prodiges comme des catastrophes.
Au-delà de son apparence un peu enfantine et innocente, c'est donc une oeuvre complexe, qui offre plusieurs niveaux de lecture.
00:47 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Mary et la fleur de la sorcière
Le réalisateur Hiromasa Yonebayashi est un ancien des studios Ghibli. Il a travaillé sous la houlette du célèbre Hayao Miyazaki. Il a commencé à se faire connaître avec des films comme Arrietty et (surtout) Souvenirs de Marnie. D'ailleurs, comme celui-ci, Mary est adapté d'un roman britannique destiné à la jeunesse.
La première séquence se déroule dans le passé. On n'en comprend que progressivement tout le sens. Sachez seulement qu'il y est question d'une cité mystérieuse, de balais et d'étranges graines luminescentes (superbement rendues par l'animation).
Des années plus tard, la jeune Mary, que ses parents ont placée chez sa tante pour les vacances scolaires, s'ennuie. Même le chien de la maison ne suit pas la gamine débordant d'énergie. Il y aurait bien Peter, le jeune facteur, mais celui-ci se moque sans cesse de ses cheveux roux. Finalement, c'est peut-être un chat qui va se révéler le compagnon le plus fidèle... ainsi qu'un drôle de balai.
Notre héroïne fait une découverte, au coeur de la forêt, découverte qui va la mettre en contact avec un monde magique... mais dangereux. Les cinéphiles penseront immanquablement à Kiki, la petite sorcière, au Voyage de Chihiro et à Princesse Mononoké (entre autres).
Visuellement, c'est très réussi, mêlant dessin traditionnel et images numériques. Les fleurs sont magnifiques et les effets de magie splendides. Ce n'est toutefois pas aussi brillant que les meilleures oeuvres de Miyazaki. Au niveau du scénario, c'est assez élaboré. L'histoire tient bien en haleine, avec de multiples rebondissements. C'est toutefois destiné à un jeune public. Les adultes ne s'y retrouvent pas toujours, notamment au niveau des dialogues, pas démentiels.
Les papas, mamans, pépés, mémés, tontons et tatas se sentiront davantage concernés par le sous-texte. Le film contient une vigoureuse dénonciation des expérimentations animales et, au second degré, je pense qu'il s'oppose au nucléaire civil. Voici pourquoi. La magie est comparée à plusieurs reprises à l'électricité. Or, la source la plus puissante de magie est un élément naturel (que je ne vais pas révéler), dont l'exploitation peut produire des prodiges comme des catastrophes.
Au-delà de son apparence un peu enfantine et innocente, c'est donc une oeuvre complexe, qui offre plusieurs niveaux de lecture.
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jeudi, 01 mars 2018
Wajib
Le titre est un mot arabe renvoyant à une tradition palestinienne, celle de distribuer en personne les invitations à un mariage. Ici, c'est le père et le frère de la future mariée qui s'en chargent. La particularité de ce film est de se dérouler à Nazareth, en Israël donc, mais dans une ville arabe, dont plus du tiers de la population est chrétienne (de rite orthodoxe).
Ces "Arabes israéliens" (ou Palestiniens citoyens d'Israël) sont assez souvent représentés au cinéma, (l'an dernier dans Je danserai si je veux). Mais ici, alors que la ville est peuplée majoritairement de musulmans, la réalisatrice Annemarie Jacir a choisi de ne parler que des chrétiens, plutôt issus de la classe moyenne... et occidentalisés. Du coup, à part dans le coin d'un plan très bref (pris de l'intérieur d'une voiture), on ne voit jamais de femme voilée. Tous les personnages féminins sont, à des degrés divers, des femmes belles et indépendantes.
Cela limite un peu la portée du film. D'un côté, c'est une peinture très intéressante d'une communauté méconnue. De l'autre, cela passe sous silence une donnée du problème (la vie des femmes dans le monde musulman actuel). Mais cela a le mérite de sortir la religion du débat. C'est d'abord le contrôle du territoire qui est au coeur du conflit israélo-palestinien. On s'en rend compte régulièrement quand on suit les pérégrinations des deux hommes en voiture. Tel rond-point est décoré d'un grand drapeau israélien, tel autre d'une gigantesque étoile de David sculptée. Quant au père, instituteur, il dépend d'une autorité israélienne pour sa promotion au poste de directeur d'école.
Mais ce n'est que l'arrière-plan du film. L'essentiel est constitué d'une comédie de moeurs, fort bien menée. Le père, interprété par Mohammad Bakri, a les yeux qui pétillent de malice (et un téléphone portable dont la sonnerie reproduit les notes de Vive le vent !). Bien que quitté par son épouse (partie vivre aux Etats-Unis), il garde espoir de la retrouver à l'occasion du mariage de leur fille. Bien que malade, il continue à fumer en cachette, tel un adolescent frondeur et, quand il en a l'occasion, il s'offre une pâtisserie qui risque de faire souffrir ses artères...
Le fils, architecte, vit en Italie. Il est interprété par Saleh Bakri (le propre fils de Mohammad !), qu'on a pu voir il y a quatre ans dans Girafada. Bien qu'il ait une petite amie palestinienne en Italie (fille d'un ancien dirigeant de l'OLP en exil) le père ne cesse d'attirer l'attention de son fils sur les superbes créatures qu'ils croisent au cours de leur mission de distribution des faire-part. Il y a la fille d'un ami de la famille, absolument ravissante, indépendante financièrement... et célibataire. Il y a cette automobiliste, tout aussi ravissante, rencontrée en plein embouteillage. Il y a encore la cousine, si mignonne, à tel point que le père regrette que la mode ne soit plus aux unions de proximité. Et puis il y a l'ex du fils, qu'il a connue il y a des années et qui, visiblement, éprouve encore des sentiments pour lui...
Certaines scènes sont de l'ordre du vaudeville. C'est vraiment drôle, y compris lorsque le père tombe sur une ancienne camarade de classe, qui le trouve très à son goût...
L'histoire est aussi celle de la confrontation des modes de vie et des opinions des Palestiniens de l'extérieur et de ceux de l'intérieur. Le fils s'est beaucoup occidentalisé, en particulier au niveau de son apparence physique. Par contre, il fait preuve d'une grande intransigeance vis-à-vis des Israéliens juifs.
Le père, quant à lui, est resté plus traditionnel dans son mode de vie. (Il est possible que les réticences qu'il éprouve vis-à-vis de la petite amie de son fils soient liées au fait qu'elle est sans doute musulmane. Elle se prénomme Nada et le père l'appelle tout le temps Selma.) Il s'est aussi accommodé de la présence israélienne, au point d'avoir fait ami-ami avec un fonctionnaire qui renseigne les services secrets israéliens (appelés Shabak dans la version originale). On finit par découvrir la part d'ouverture d'esprit, celle d'ambition et celle de crainte dans les motivations du père.
En dépit des quelques réserves émises, ce film est une bonne comédie, qui permet de découvrir un aspect méconnu du conflit israélo-palestinien. C'est de surcroît plutôt bien mis en scène, se concluant par un superbe plan sur un balcon.
13:43 Publié dans Cinéma, Proche-Orient | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Wajib
Le titre est un mot arabe renvoyant à une tradition palestinienne, celle de distribuer en personne les invitations à un mariage. Ici, c'est le père et le frère de la future mariée qui s'en chargent. La particularité de ce film est de se dérouler à Nazareth, en Israël donc, mais dans une ville arabe, dont plus du tiers de la population est chrétienne (de rite orthodoxe).
Ces "Arabes israéliens" (ou Palestiniens citoyens d'Israël) sont assez souvent représentés au cinéma, (l'an dernier dans Je danserai si je veux). Mais ici, alors que la ville est peuplée majoritairement de musulmans, la réalisatrice Annemarie Jacir a choisi de ne parler que des chrétiens, plutôt issus de la classe moyenne... et occidentalisés. Du coup, à part dans le coin d'un plan très bref (pris de l'intérieur d'une voiture), on ne voit jamais de femme voilée. Tous les personnages féminins sont, à des degrés divers, des femmes belles et indépendantes.
Cela limite un peu la portée du film. D'un côté, c'est une peinture très intéressante d'une communauté méconnue. De l'autre, cela passe sous silence une donnée du problème (la vie des femmes dans le monde musulman actuel). Mais cela a le mérite de sortir la religion du débat. C'est d'abord le contrôle du territoire qui est au coeur du conflit israélo-palestinien. On s'en rend compte régulièrement quand on suit les pérégrinations des deux hommes en voiture. Tel rond-point est décoré d'un grand drapeau israélien, tel autre d'une gigantesque étoile de David sculptée. Quant au père, instituteur, il dépend d'une autorité israélienne pour sa promotion au poste de directeur d'école.
Mais ce n'est que l'arrière-plan du film. L'essentiel est constitué d'une comédie de moeurs, fort bien menée. Le père, interprété par Mohammad Bakri, a les yeux qui pétillent de malice (et un téléphone portable dont la sonnerie reproduit les notes de Vive le vent !). Bien que quitté par son épouse (partie vivre aux Etats-Unis), il garde espoir de la retrouver à l'occasion du mariage de leur fille. Bien que malade, il continue à fumer en cachette, tel un adolescent frondeur et, quand il en a l'occasion, il s'offre une pâtisserie qui risque de faire souffrir ses artères...
Le fils, architecte, vit en Italie. Il est interprété par Saleh Bakri (le propre fils de Mohammad !), qu'on a pu voir il y a quatre ans dans Girafada. Bien qu'il ait une petite amie palestinienne en Italie (fille d'un ancien dirigeant de l'OLP en exil) le père ne cesse d'attirer l'attention de son fils sur les superbes créatures qu'ils croisent au cours de leur mission de distribution des faire-part. Il y a la fille d'un ami de la famille, absolument ravissante, indépendante financièrement... et célibataire. Il y a cette automobiliste, tout aussi ravissante, rencontrée en plein embouteillage. Il y a encore la cousine, si mignonne, à tel point que le père regrette que la mode ne soit plus aux unions de proximité. Et puis il y a l'ex du fils, qu'il a connue il y a des années et qui, visiblement, éprouve encore des sentiments pour lui...
Certaines scènes sont de l'ordre du vaudeville. C'est vraiment drôle, y compris lorsque le père tombe sur une ancienne camarade de classe, qui le trouve très à son goût...
L'histoire est aussi celle de la confrontation des modes de vie et des opinions des Palestiniens de l'extérieur et de ceux de l'intérieur. Le fils s'est beaucoup occidentalisé, en particulier au niveau de son apparence physique. Par contre, il fait preuve d'une grande intransigeance vis-à-vis des Israéliens juifs.
Le père, quant à lui, est resté plus traditionnel dans son mode de vie. (Il est possible que les réticences qu'il éprouve vis-à-vis de la petite amie de son fils soient liées au fait qu'elle est sans doute musulmane. Elle se prénomme Nada et le père l'appelle tout le temps Selma.) Il s'est aussi accommodé de la présence israélienne, au point d'avoir fait ami-ami avec un fonctionnaire qui renseigne les services secrets israéliens (appelés Shabak dans la version originale). On finit par découvrir la part d'ouverture d'esprit, celle d'ambition et celle de crainte dans les motivations du père.
En dépit des quelques réserves émises, ce film est une bonne comédie, qui permet de découvrir un aspect méconnu du conflit israélo-palestinien. C'est de surcroît plutôt bien mis en scène, se concluant par un superbe plan sur un balcon.
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mercredi, 28 février 2018
La Juste Route
Ce film en noir et blanc a pour cadre la Hongrie de l'immédiat après-guerre. En 1945, un bourg est en fête : l'épicier local marie enfin son fils, avec une fille de paysans (auparavant entichée d'un gars parti rejoindre la résistance communiste). Au village, tout le monde (ou presque) s'y prépare. Dans le même temps, à la gare ferroviaire voisine, descendent deux rescapés de la Shoah, qui transportent avec eux deux mystérieuses caisses, qui contiendraient des parfums ou des articles d'hygiène.
Très vite, la nouvelle se répand dans le village. L'intrigue se déploie alors sur deux plans : on suit le parcours des juifs (à pieds) et des deux caisses (sur un chariot), de la gare jusqu'au centre du village. On ne sait pas trop où ils vont exactement ni ce qu'ils viennent faire ici... d'autant que les deux hommes (un âgé, l'autre jeune adulte) sont quasiment mutiques.
Au sein de la population du village, trois familles semblent en savoir plus. La venue de ces juifs ne les arrange pas du tout et réveille des souvenirs que l'on voudrait bien voir rester enfouis. C'est un peu comme si un battement d'ailes de papillon était sur le point de provoquer la naissance d'un cyclone dans ce village.
Le plus gratiné est l'épicier, qui est aussi secrétaire de mairie. Dans l'arrière-boutique, il conserve un étrange album de famille. Quant au coffre de la mairie, il renferme quelques documents compromettants. Plusieurs des adultes du village sont prêts à en découdre avec les arrivants, bien que ceux-ci ne formulent a priori aucune revendication ni menace. D'un autre côté, certains habitants ne supportent plus cette ambiance délétère, ni le poids de la culpabilité.
C'est tout l'intérêt de ce film que de montrer les différentes attitudes des habitants et les conséquences de leur choix sur leur vie de tous les jours. Il convient aussi d'éclaircir le mystère de la présence de ces voyageurs, qui ne sont pas du village, mais sont peut-être apparentés à certains des habitants.
C'est un petit film bien ficelé, bien filmé, qui joue beaucoup sur le non-dit. Dans sa conclusion, il est assez ambigu, mais à nous, Français, dont le pays a aussi connu une période d'occupation allemande (et un gouvernement collaborateur), il évoque bien des choses.
22:07 Publié dans Cinéma, Histoire | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films, histoire
La Juste Route
Ce film en noir et blanc a pour cadre la Hongrie de l'immédiat après-guerre. En 1945, un bourg est en fête : l'épicier local marie enfin son fils, avec une fille de paysans (auparavant entichée d'un gars parti rejoindre la résistance communiste). Au village, tout le monde (ou presque) s'y prépare. Dans le même temps, à la gare ferroviaire voisine, descendent deux rescapés de la Shoah, qui transportent avec eux deux mystérieuses caisses, qui contiendraient des parfums ou des articles d'hygiène.
Très vite, la nouvelle se répand dans le village. L'intrigue se déploie alors sur deux plans : on suit le parcours des juifs (à pieds) et des deux caisses (sur un chariot), de la gare jusqu'au centre du village. On ne sait pas trop où ils vont exactement ni ce qu'ils viennent faire ici... d'autant que les deux hommes (un âgé, l'autre jeune adulte) sont quasiment mutiques.
Au sein de la population du village, trois familles semblent en savoir plus. La venue de ces juifs ne les arrange pas du tout et réveille des souvenirs que l'on voudrait bien voir rester enfouis. C'est un peu comme si un battement d'ailes de papillon était sur le point de provoquer la naissance d'un cyclone dans ce village.
Le plus gratiné est l'épicier, qui est aussi secrétaire de mairie. Dans l'arrière-boutique, il conserve un étrange album de famille. Quant au coffre de la mairie, il renferme quelques documents compromettants. Plusieurs des adultes du village sont prêts à en découdre avec les arrivants, bien que ceux-ci ne formulent a priori aucune revendication ni menace. D'un autre côté, certains habitants ne supportent plus cette ambiance délétère, ni le poids de la culpabilité.
C'est tout l'intérêt de ce film que de montrer les différentes attitudes des habitants et les conséquences de leur choix sur leur vie de tous les jours. Il convient aussi d'éclaircir le mystère de la présence de ces voyageurs, qui ne sont pas du village, mais sont peut-être apparentés à certains des habitants.
C'est un petit film bien ficelé, bien filmé, qui joue beaucoup sur le non-dit. Dans sa conclusion, il est assez ambigu, mais à nous, Français, dont le pays a aussi connu une période d'occupation allemande (et un gouvernement collaborateur), il évoque bien des choses.
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dimanche, 25 février 2018
Alice comedies 2
Il y a un peu plus d'un an, j'avais signalé la sortie du premier volet des aventures de la gamine de chez Disney au pays des images animées. On nous propose quatre autres courts-métrages, dans lesquels l'héroïne est interprétée par trois actrices différentes. Ma préférée reste Virginia Davis, cette adorable choupinette (certes trop maquillée et court-vêtue), au visage expressif, qui correspond parfaitement à ce rôle d'enfant faussement sage... et diablement entreprenante :
Pour en savoir plus sur elle (et sur les films de la série), je recommande la lecture du dépliant et du dossier pédagogique que l'on peut télécharger sur le site de Malavida films.
La petite Virginia apparaît dès la première histoire, intitulée "Jour de pêche" :
Alice, qui a envie de sortir avec ses amis, fait croire à sa mère qu'elle joue du piano. Pour ce faire, elle recourt aux services... de son chien ! Elle s'éclipse, rejoint la bande de garçons et les aide à se faire prendre en stop. S'en suit une courte balade en voiture. (Rappelons que tout ceci se passe au milieu des années 1920.) La séance de pêche ne démarre qu'après... dans un endroit interdit, bien entendu. Histoire de se faire mousser un peu, la gamine raconte à ses amis comment elle a sauvé les Esquimaux. La voici plongée dans ses souvenirs... et en pleine animation. Elle se fait aider de Julius, un chat devenu son acolyte de prédilection dans les films. Les poissons faisant la "grève de la pêche" (!), elle trouve un moyen astucieux pour les rapprocher des Esquimaux...
Dans la deuxième histoire, "La Magie du cirque", c'est Lois Hardwick (qui épousa bien plus tard un certain Donald Sutherland) qui incarne Alice. C'est une séquence essentiellement animée, composée de mouvements répétitifs. Le clou du spectacle est le numéro de dresseur de fauves. C'est assez surréaliste et pas du tout aseptisé : à l'image de ce que l'on voit dans les autres films, on n'hésitait pas, à l'époque, à représenter la mort ou des démembrements... sur un mode humoristique, bien sûr.
Dans la troisième histoire, "L'Ouest moutonneux", Alice est jouée par Margie Gay, qui n'a pas tellement marqué les esprits, alors que c'est elle qui a interprété l'héroïne dans le plus grand nombre de films. (Disney s'était visiblement fâché avec les parents de Virginia Davis, peut-être devenus trop gourmands...) L'intrigue oppose de méchants voleurs de grand chemin à deux justiciers, Julius le chat et Alice, qui vont faire rendre gorge à ces voyous. La forme est encore plus déjantée que dans le précédent... et le fond est aussi plus violent. Je me contenterai de dire que la justice est rendue de manière expéditive...
On retrouve Virginia Davis en compagnie de Julius dans la dernière histoire, "Alice, joueuse de flûte", qui voit les deux héros tenter de gagner ce qu'ils croient être une grosse somme d'argent en débarrassant une maison de tous les rats qui la peuplent. C'est moins sombre que le précédent film et tout aussi inventif. Je signale aux aficionados que la musique d'accompagnement est de Manu Chao.
Voilà. Cela dure environ trois quarts d'heure et c'est visible par les petits comme par les grands.
23:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Alice comedies 2
Il y a un peu plus d'un an, j'avais signalé la sortie du premier volet des aventures de la gamine de chez Disney au pays des images animées. On nous propose quatre autres courts-métrages, dans lesquels l'héroïne est interprétée par trois actrices différentes. Ma préférée reste Virginia Davis, cette adorable choupinette (certes trop maquillée et court-vêtue), au visage expressif, qui correspond parfaitement à ce rôle d'enfant faussement sage... et diablement entreprenante :
Pour en savoir plus sur elle (et sur les films de la série), je recommande la lecture du dépliant et du dossier pédagogique que l'on peut télécharger sur le site de Malavida films.
La petite Virginia apparaît dès la première histoire, intitulée "Jour de pêche" :
Alice, qui a envie de sortir avec ses amis, fait croire à sa mère qu'elle joue du piano. Pour ce faire, elle recourt aux services... de son chien ! Elle s'éclipse, rejoint la bande de garçons et les aide à se faire prendre en stop. S'en suit une courte balade en voiture. (Rappelons que tout ceci se passe au milieu des années 1920.) La séance de pêche ne démarre qu'après... dans un endroit interdit, bien entendu. Histoire de se faire mousser un peu, la gamine raconte à ses amis comment elle a sauvé les Esquimaux. La voici plongée dans ses souvenirs... et en pleine animation. Elle se fait aider de Julius, un chat devenu son acolyte de prédilection dans les films. Les poissons faisant la "grève de la pêche" (!), elle trouve un moyen astucieux pour les rapprocher des Esquimaux...
Dans la deuxième histoire, "La Magie du cirque", c'est Lois Hardwick (qui épousa bien plus tard un certain Donald Sutherland) qui incarne Alice. C'est une séquence essentiellement animée, composée de mouvements répétitifs. Le clou du spectacle est le numéro de dresseur de fauves. C'est assez surréaliste et pas du tout aseptisé : à l'image de ce que l'on voit dans les autres films, on n'hésitait pas, à l'époque, à représenter la mort ou des démembrements... sur un mode humoristique, bien sûr.
Dans la troisième histoire, "L'Ouest moutonneux", Alice est jouée par Margie Gay, qui n'a pas tellement marqué les esprits, alors que c'est elle qui a interprété l'héroïne dans le plus grand nombre de films. (Disney s'était visiblement fâché avec les parents de Virginia Davis, peut-être devenus trop gourmands...) L'intrigue oppose de méchants voleurs de grand chemin à deux justiciers, Julius le chat et Alice, qui vont faire rendre gorge à ces voyous. La forme est encore plus déjantée que dans le précédent... et le fond est aussi plus violent. Je me contenterai de dire que la justice est rendue de manière expéditive...
On retrouve Virginia Davis en compagnie de Julius dans la dernière histoire, "Alice, joueuse de flûte", qui voit les deux héros tenter de gagner ce qu'ils croient être une grosse somme d'argent en débarrassant une maison de tous les rats qui la peuplent. C'est moins sombre que le précédent film et tout aussi inventif. Je signale aux aficionados que la musique d'accompagnement est de Manu Chao.
Voilà. Cela dure environ trois quarts d'heure et c'est visible par les petits comme par les grands.
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Moi, Tonya
Craig Gillespie s'est fait connaître comme réalisateur de films d'action (notamment The Finest Hours). Ici, il change de registre, avec ce biopic anticonformiste et "politiquement incorrect", à l'origine duquel se trouve la rivalité qui a opposé, il y a une vingtaine d'années, deux patineuses états-uniennes, Nancy Kerrigan et Tonya Harding.
La première est la petite fille modèle, sans aspérité apparente, bien dans le moule. Margot Robbie (vue dans Le Loup de Wall Street, Suite française et surtout Tarzan) incarne la seconde, la sale gosse, la teigneuse, la volcanique. Elle n'est pas née dans la soie. Le père, alcoolique, a fini par quitter le foyer, laissant une mère serveuse s'occuper seule de l'éducation de leur fille.
Le coup de génie des auteurs est de construire le film autour de la relation d'amour-haine entre les deux femmes, la mère et la fille, toutes deux incarnées par des actrices formidables (Allison Janney pour la mère), toutes deux nommées aux Oscar d'ailleurs. LaVona Harding ne peut pas être qualifiée de mère indigne : elle sacrifie sa vie privée et ses économies pour que sa fille unique puisse vivre sa passion pour le patinage... et peut-être permette à sa génitrice de prendre (par procuration) sa revanche sur la société. Mais cette mère est insortable, fumant clope sur clope, même (surtout) là où c'est interdit, buvant de l'alcool sans retenue et jurant en public comme en privé, quitte à traiter de "connasse" une mère qui la reprend à la patinoire. On atteint un sommet de poésie quand elle déclare à une autre personne Lick my ass ! ("Lèche-moi le cul !"), que les sous-titreurs ont improprement traduit par "Va te faire foutre !" Sa fille a bien retenu la leçon : des années plus tard, elle lance à un membre de jury très guindé un vibrant Suck my dick ! (qui m'a plongé dans un abyme de perplexité anatomique).
Bref, dans le monde de Tonya Harding, celui des petits Blancs du Nord-Ouest des Etats-Unis, on parle cru et on a parfois la main lourde. La mère n'hésite pas à cogner sa fille (au besoin avec tout ce qui lui passe sous la main) et, plus tard, c'est au tour du petit ami de celle-ci d'exprimer ses sentiments à coups de torgnoles. C'est un miracle qu'avec autant de handicaps dans la vie, la jeune femme ait pu devenir l'une des plus brillantes patineuses de sa génération. Notons que les scènes de patinage sont très bien filmées et mises en musique.
Autour de Tonya gravitent plusieurs personnages douteux : son petit ami bien sûr, mais aussi le meilleur ami de celui-ci, un Tanguy qui se prend pour un caïd de banlieue... sans parler des deux branquignols qu'il va recruter pour effectuer un petit boulot bien sordide... La jeune patineuse est sauvée par quelques bonnes fées, en particulier ses entraîneuses successives, l'une d'entre elles étant interprétée par Julianne Nicholson, qui s'illustra jadis dans la série New York, section criminelle. (Franchement, quel casting féminin !)
Même si le fond de l'histoire est assez noir, on rit souvent. Je trouve que les procédés utilisés par le réalisateur fonctionnent bien : certains personnages s'adressent directement à la caméra et, parfois, les images contredisent leurs propos, pour notre plus grand plaisir. C'est aussi un film sur la société américaine et la quasi ségrégation sociale qui était à l'oeuvre dans le patinage artistique, une chasse-gardée de la bourgeoisie bien-pensante qui n'a pas apprécié de voir débarquer cette talentueuse prolétaire.
P.S.
Au cas où vous trouveriez le trait trop appuyé, restez pendant le générique de fin, qui montre plusieurs des vrais personnages (aussi gratinés dans la vie qu'à l'écran). On y découvre aussi les images de l'exploit (le triple axel, en compétition) réussi par Tonya Harding.
00:12 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Moi, Tonya
Craig Gillespie s'est fait connaître comme réalisateur de films d'action (notamment The Finest Hours). Ici, il change de registre, avec ce biopic anticonformiste et "politiquement incorrect", à l'origine duquel se trouve la rivalité qui a opposé, il y a une vingtaine d'années, deux patineuses états-uniennes, Nancy Kerrigan et Tonya Harding.
La première est la petite fille modèle, sans aspérité apparente, bien dans le moule. Margot Robbie (vue dans Le Loup de Wall Street, Suite française et surtout Tarzan) incarne la seconde, la sale gosse, la teigneuse, la volcanique. Elle n'est pas née dans la soie. Le père, alcoolique, a fini par quitter le foyer, laissant une mère serveuse s'occuper seule de l'éducation de leur fille.
Le coup de génie des auteurs est de construire le film autour de la relation d'amour-haine entre les deux femmes, la mère et la fille, toutes deux incarnées par des actrices formidables (Allison Janney pour la mère), toutes deux nommées aux Oscar d'ailleurs. LaVona Harding ne peut pas être qualifiée de mère indigne : elle sacrifie sa vie privée et ses économies pour que sa fille unique puisse vivre sa passion pour le patinage... et peut-être permette à sa génitrice de prendre (par procuration) sa revanche sur la société. Mais cette mère est insortable, fumant clope sur clope, même (surtout) là où c'est interdit, buvant de l'alcool sans retenue et jurant en public comme en privé, quitte à traiter de "connasse" une mère qui la reprend à la patinoire. On atteint un sommet de poésie quand elle déclare à une autre personne Lick my ass ! ("Lèche-moi le cul !"), que les sous-titreurs ont improprement traduit par "Va te faire foutre !" Sa fille a bien retenu la leçon : des années plus tard, elle lance à un membre de jury très guindé un vibrant Suck my dick ! (qui m'a plongé dans un abyme de perplexité anatomique).
Bref, dans le monde de Tonya Harding, celui des petits Blancs du Nord-Ouest des Etats-Unis, on parle cru et on a parfois la main lourde. La mère n'hésite pas à cogner sa fille (au besoin avec tout ce qui lui passe sous la main) et, plus tard, c'est au tour du petit ami de celle-ci d'exprimer ses sentiments à coups de torgnoles. C'est un miracle qu'avec autant de handicaps dans la vie, la jeune femme ait pu devenir l'une des plus brillantes patineuses de sa génération. Notons que les scènes de patinage sont très bien filmées et mises en musique.
Autour de Tonya gravitent plusieurs personnages douteux : son petit ami bien sûr, mais aussi le meilleur ami de celui-ci, un Tanguy qui se prend pour un caïd de banlieue... sans parler des deux branquignols qu'il va recruter pour effectuer un petit boulot bien sordide... La jeune patineuse est sauvée par quelques bonnes fées, en particulier ses entraîneuses successives, l'une d'entre elles étant interprétée par Julianne Nicholson, qui s'illustra jadis dans la série New York, section criminelle. (Franchement, quel casting féminin !)
Même si le fond de l'histoire est assez noir, on rit souvent. Je trouve que les procédés utilisés par le réalisateur fonctionnent bien : certains personnages s'adressent directement à la caméra et, parfois, les images contredisent leurs propos, pour notre plus grand plaisir. C'est aussi un film sur la société américaine et la quasi ségrégation sociale qui était à l'oeuvre dans le patinage artistique, une chasse-gardée de la bourgeoisie bien-pensante qui n'a pas apprécié de voir débarquer cette talentueuse prolétaire.
P.S.
Au cas où vous trouveriez le trait trop appuyé, restez pendant le générique de fin, qui montre plusieurs des vrais personnages (aussi gratinés dans la vie qu'à l'écran). On y découvre aussi les images de l'exploit (le triple axel, en compétition) réussi par Tonya Harding.
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samedi, 24 février 2018
Pentagon Papers
Le titre "français" du dernier film de Steven Spielberg est une nouvelle illustration du snobisme de certains distributeurs, qui remplacent le titre d'origine (en anglais), non pas par un équivalent en français, mais par... un autre titre anglais ! (On a récemment vu le même procédé à l'œuvre pour The Passenger et 24H Limit.)
The Post (dans la version originale, dont nous avons d'ailleurs pu bénéficier au CGR de Rodez... un mois après la sortie du film) raconte comment un rapport secret, faisant le bilan de la politique américaine au Vietnam, a fini par être publié, au début des années 1970, d'abord par le The New York Times (pas très content de la manière dont cette histoire est contée par Spielberg), puis par The Washington Post.
Ce film est donc une ode à la liberté de la presse (démocrate), une dénonciation de l'unilatéralisme du pouvoir présidentiel (incarné ici par Richard Nixon, dont les coups de fil du soir sont sans doute une allusion aux tweets nocturnes de son lointain épigone) et l'histoire de l'affirmation professionnelle d'une femme, Katharine Graham (magistralement interprétée par Meryl Streep).
C'est tourné comme un film d'espionnage, avec ses rendez-vous secrets, ses documents ultra-confidentiels, ses coups fourrés et ses (petites et grandes) trahisons. Fidèle à son style, Spielberg a aussi voulu rendre hommage et faire œuvre d'historien. Certaines scènes ont donc un but strictement documentaire, comme celles qui montrent la machinerie d'une entreprise de presse, de la conception à l'impression et la distribution des journaux.
Les comédiens ont dû se fondre dans leur rôle, d'autant plus que nombre d'acteurs de l'époque sont encore vivants, ou du moins très présents dans les mémoires, outre-Atlantique. Voilà donc Meryl Streep et Tom Hanks (excellent en rédac' chef roublard) dotés de coiffures aussi originales que démodées :
Deux personnages se trouvent au centre de l'intrigue. Il y a tout d'abord le (premier) lanceur d'alerte, Daniel Ellsberg, qui va être la source primaire du Times puis du Post. A travers lui, Spielberg veut rendre hommage à ses lointains successeurs, comme Bradley Manning et Edward Snowden (qui, lui, a déjà eu les honneurs d'un documentaire et d'une fiction signée Oliver Stone)... persécutés sous une administration démocrate (celle d'Obama).
Il y a surtout cette "Kay" Graham, l'héritière du Washington Post, qui a dû succéder en catastrophe à son mari infidèle (et suicidaire). C'était il y a plus de quarante ans. A l'époque, la presse était dirigée et rédigée par des hommes, qui ne concevaient pas qu'un esprit en jupon puisse rivaliser avec eux. De surcroît, bien que connaissant parfaitement ce milieu, Kay Graham passait au départ pour une simple rentière. La mise en scène de Spielberg (bien aidée par l'interprétation de M. Streep) se charge de nous faire comprendre quelle était la pression qui pesait sur les épaules de cette femme. Au début, elle tâtonne, intimidée malgré sa connaissance des dossiers. Le film montre sa progressive montée en puissance, jusqu'à cette très belle scène, un soir de réception, dans un salon où, face à une troupe de vieux mecs en costume, Kay va tenir bon. C'est le grand talent de Spielberg que d'avoir réussi à créer quelques-uns de ces moments jubilatoires qui font passionnément aimer le cinéma.
21:46 Publié dans Cinéma, Histoire, Presse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, presse, médias, journalisme, histoire
Pentagon Papers
Le titre "français" du dernier film de Steven Spielberg est une nouvelle illustration du snobisme de certains distributeurs, qui remplacent le titre d'origine (en anglais), non pas par un équivalent en français, mais par... un autre titre anglais ! (On a récemment vu le même procédé à l'œuvre pour The Passenger et 24H Limit.)
The Post (dans la version originale, dont nous avons d'ailleurs pu bénéficier au CGR de Rodez... un mois après la sortie du film) raconte comment un rapport secret, faisant le bilan de la politique américaine au Vietnam, a fini par être publié, au début des années 1970, d'abord par le The New York Times (pas très content de la manière dont cette histoire est contée par Spielberg), puis par The Washington Post.
Ce film est donc une ode à la liberté de la presse (démocrate), une dénonciation de l'unilatéralisme du pouvoir présidentiel (incarné ici par Richard Nixon, dont les coups de fil du soir sont sans doute une allusion aux tweets nocturnes de son lointain épigone) et l'histoire de l'affirmation professionnelle d'une femme, Katharine Graham (magistralement interprétée par Meryl Streep).
C'est tourné comme un film d'espionnage, avec ses rendez-vous secrets, ses documents ultra-confidentiels, ses coups fourrés et ses (petites et grandes) trahisons. Fidèle à son style, Spielberg a aussi voulu rendre hommage et faire œuvre d'historien. Certaines scènes ont donc un but strictement documentaire, comme celles qui montrent la machinerie d'une entreprise de presse, de la conception à l'impression et la distribution des journaux.
Les comédiens ont dû se fondre dans leur rôle, d'autant plus que nombre d'acteurs de l'époque sont encore vivants, ou du moins très présents dans les mémoires, outre-Atlantique. Voilà donc Meryl Streep et Tom Hanks (excellent en rédac' chef roublard) dotés de coiffures aussi originales que démodées :
Deux personnages se trouvent au centre de l'intrigue. Il y a tout d'abord le (premier) lanceur d'alerte, Daniel Ellsberg, qui va être la source primaire du Times puis du Post. A travers lui, Spielberg veut rendre hommage à ses lointains successeurs, comme Bradley Manning et Edward Snowden (qui, lui, a déjà eu les honneurs d'un documentaire et d'une fiction signée Oliver Stone)... persécutés sous une administration démocrate (celle d'Obama).
Il y a surtout cette "Kay" Graham, l'héritière du Washington Post, qui a dû succéder en catastrophe à son mari infidèle (et suicidaire). C'était il y a plus de quarante ans. A l'époque, la presse était dirigée et rédigée par des hommes, qui ne concevaient pas qu'un esprit en jupon puisse rivaliser avec eux. De surcroît, bien que connaissant parfaitement ce milieu, Kay Graham passait au départ pour une simple rentière. La mise en scène de Spielberg (bien aidée par l'interprétation de M. Streep) se charge de nous faire comprendre quelle était la pression qui pesait sur les épaules de cette femme. Au début, elle tâtonne, intimidée malgré sa connaissance des dossiers. Le film montre sa progressive montée en puissance, jusqu'à cette très belle scène, un soir de réception, dans un salon où, face à une troupe de vieux mecs en costume, Kay va tenir bon. C'est le grand talent de Spielberg que d'avoir réussi à créer quelques-uns de ces moments jubilatoires qui font passionnément aimer le cinéma.
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vendredi, 23 février 2018
L'Apparition
Xavier Giannoli s'embarque dans une enquête canonique, dont le but est de déterminer si la jeune Anna a bien eu les visions qu'elle raconte ou si c'est une affabulatrice, utilisée par le prêtre local pour accroître la renommée du lieu... et en tirer des revenus.
Si l'équipe constituée à l'instigation du Vatican est composée de religieux et de laïques croyants, l'enquête va être menée par Jacques, un journaliste réputé mais agnostique, auquel Vincent Lindon prête ses traits. Cela devient une banalité à force de le dire, mais il faut le répéter : c'est un formidable acteur, qui nous entraîne dans ses failles et dans ses doutes. Le début de l'histoire présente ce grand reporter blessé en Syrie, où il a perdu son meilleur ami. La participation à l'enquête canonique est pour lui un moyen de changer d'air... et peut-être de trouver la réponse à certaines questions.
Le deuxième pilier sur lequel repose l'histoire est le personnage d'Anna, incarnée à la perfection par Galatea Bellugi. Cette jeune actrice est stupéfiante de fraîcheur et de sincérité, à tel point que cela en devient troublant. A certains moments, j'ai eu l'impression de me trouver devant une Jeanne d'Arc de Provence. Le film vaut aussi par la description du mouvement que la visionnaire suscite. Dans la France laïcisée du XXIe siècle, on n'est plus habitué à ces scènes de dévotion, qui décrivent une réalité peu représentée par les médias dominants.
L'intrigue prend la forme d'un polar. Plusieurs mystères entourent la personnalité d'Anna, enfant abandonnée, passée de familles d'accueil en foyers. Et si la réponse se trouvait dans son passé ? Jacques se lance à la recherche de tous ceux qui ont connu la (future) visionnaire. Ses convictions évoluent au cours de l'enquête : il soupçonne une supercherie, mais il est de plus en plus touché par Anna. Et puis, un jour, il découvre un objet qui le ramène à son travail en Syrie. Comment se fait-il que cette enquête canonique le propulse dans son passé journalistique ?
Giannoli déroule le fil de l'intrigue en chapitres, la conclusion étant relativement ouverte. Chacun y trouvera matière à réflexion, même si l'enquête a permis de décrypter certaines énigmes. C'est un très bon film, de "qualité française", visible par les croyants comme par les non-croyants.
10:49 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
L'Apparition
Xavier Giannoli s'embarque dans une enquête canonique, dont le but est de déterminer si la jeune Anna a bien eu les visions qu'elle raconte ou si c'est une affabulatrice, utilisée par le prêtre local pour accroître la renommée du lieu... et en tirer des revenus.
Si l'équipe constituée à l'instigation du Vatican est composée de religieux et de laïques croyants, l'enquête va être menée par Jacques, un journaliste réputé mais agnostique, auquel Vincent Lindon prête ses traits. Cela devient une banalité à force de le dire, mais il faut le répéter : c'est un formidable acteur, qui nous entraîne dans ses failles et dans ses doutes. Le début de l'histoire présente ce grand reporter blessé en Syrie, où il a perdu son meilleur ami. La participation à l'enquête canonique est pour lui un moyen de changer d'air... et peut-être de trouver la réponse à certaines questions.
Le deuxième pilier sur lequel repose l'histoire est le personnage d'Anna, incarnée à la perfection par Galatea Bellugi. Cette jeune actrice est stupéfiante de fraîcheur et de sincérité, à tel point que cela en devient troublant. A certains moments, j'ai eu l'impression de me trouver devant une Jeanne d'Arc de Provence. Le film vaut aussi par la description du mouvement que la visionnaire suscite. Dans la France laïcisée du XXIe siècle, on n'est plus habitué à ces scènes de dévotion, qui décrivent une réalité peu représentée par les médias dominants.
L'intrigue prend la forme d'un polar. Plusieurs mystères entourent la personnalité d'Anna, enfant abandonnée, passée de familles d'accueil en foyers. Et si la réponse se trouvait dans son passé ? Jacques se lance à la recherche de tous ceux qui ont connu la (future) visionnaire. Ses convictions évoluent au cours de l'enquête : il soupçonne une supercherie, mais il est de plus en plus touché par Anna. Et puis, un jour, il découvre un objet qui le ramène à son travail en Syrie. Comment se fait-il que cette enquête canonique le propulse dans son passé journalistique ?
Giannoli déroule le fil de l'intrigue en chapitres, la conclusion étant relativement ouverte. Chacun y trouvera matière à réflexion, même si l'enquête a permis de décrypter certaines énigmes. C'est un très bon film, de "qualité française", visible par les croyants comme par les non-croyants.
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mercredi, 21 février 2018
24H Limit
Le titre d'origine ("24 hours to live") est plus explicite. Tué au cours d'une mission, Travis Conrad (Kevin Bacon, tout plein de muscles et de fêlures) revient à la vie grâce à un programme expérimental, auquel il n'était pas censé survivre. A partir de là, il lui reste moins d'une journée pour tenter de réparer les dégâts qu'il a contribué à créer et (peut-être) sauver la femme dont il est tombé amoureux.
Ce film d'action un peu bourrin entremêle plusieurs genres. Le polar est mâtiné de science-fiction et d'un brin de romantisme, le tout sur fond d'histoire(s) familiale(s) et d'alcoolisme prononcé. Au niveau de l'ambiance, on n'est pas très loin d'œuvres comme Source Code et Looper.
Honnêtement, les scènes d'action "dépotent". On est d'ailleurs cueilli dès le début par une séquence où s'illustre l'héroïne, Lin, une policière chinoise d'Interpol (est-il besoin de préciser que le film est une coproduction sino-américaine ?) qui réussit à contrer (partiellement) l'attaque d'un groupe d'horribles mercenaires. Mais ce n'est qu'ensuite qu'on comprend les tenants et aboutissants de cette séquence. Au premier regard, les "bons" pourraient passer pour les "méchants" et vice-versa.
La suite immédiate m'a déçu. On découvre le héros sur une plage de Floride, en compagnie d'un homme plus âgé (incarné par un rescapé de Blade Runner !). Les images sont jolies mais les dialogues creux, accumulant les poncifs.
Cela redevient intéressant quand les deux personnages principaux "font connaissance". Auparavant, on aura compris à quel point Travis peut être redoutable, puisqu'il lui suffit d'un manche à balai et d'un bidon de détergent pour mettre hors d'état de nuire les deux meilleurs agents de son (ancien) employeur. La scène est vraiment cool, bien orchestrée.
A partir du moment où Travis et Lin allient leurs forces contre les méchants et les très très méchants (eh, oui : il y a différents degrés de "méchantitude"), l'histoire est sur d'excellents rails. Je recommande tout particulièrement la séquence du bidonville sud-africain, qui prend un tour inattendu... et très frappadingue.
L'action culmine dans l'assaut du QG de l'entreprise de mercenaires. Si l'on fait abstraction de quelques incohérences (qui permettent au héros de déjouer presque tous les pièges au prix de quelques égratignures), on peut profiter pleinement d'une baston bien mise en scène.
22:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
24H Limit
Le titre d'origine ("24 hours to live") est plus explicite. Tué au cours d'une mission, Travis Conrad (Kevin Bacon, tout plein de muscles et de fêlures) revient à la vie grâce à un programme expérimental, auquel il n'était pas censé survivre. A partir de là, il lui reste moins d'une journée pour tenter de réparer les dégâts qu'il a contribué à créer et (peut-être) sauver la femme dont il est tombé amoureux.
Ce film d'action un peu bourrin entremêle plusieurs genres. Le polar est mâtiné de science-fiction et d'un brin de romantisme, le tout sur fond d'histoire(s) familiale(s) et d'alcoolisme prononcé. Au niveau de l'ambiance, on n'est pas très loin d'œuvres comme Source Code et Looper.
Honnêtement, les scènes d'action "dépotent". On est d'ailleurs cueilli dès le début par une séquence où s'illustre l'héroïne, Lin, une policière chinoise d'Interpol (est-il besoin de préciser que le film est une coproduction sino-américaine ?) qui réussit à contrer (partiellement) l'attaque d'un groupe d'horribles mercenaires. Mais ce n'est qu'ensuite qu'on comprend les tenants et aboutissants de cette séquence. Au premier regard, les "bons" pourraient passer pour les "méchants" et vice-versa.
La suite immédiate m'a déçu. On découvre le héros sur une plage de Floride, en compagnie d'un homme plus âgé (incarné par un rescapé de Blade Runner !). Les images sont jolies mais les dialogues creux, accumulant les poncifs.
Cela redevient intéressant quand les deux personnages principaux "font connaissance". Auparavant, on aura compris à quel point Travis peut être redoutable, puisqu'il lui suffit d'un manche à balai et d'un bidon de détergent pour mettre hors d'état de nuire les deux meilleurs agents de son (ancien) employeur. La scène est vraiment cool, bien orchestrée.
A partir du moment où Travis et Lin allient leurs forces contre les méchants et les très très méchants (eh, oui : il y a différents degrés de "méchantitude"), l'histoire est sur d'excellents rails. Je recommande tout particulièrement la séquence du bidonville sud-africain, qui prend un tour inattendu... et très frappadingue.
L'action culmine dans l'assaut du QG de l'entreprise de mercenaires. Si l'on fait abstraction de quelques incohérences (qui permettent au héros de déjouer presque tous les pièges au prix de quelques égratignures), on peut profiter pleinement d'une baston bien mise en scène.
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Wonder Wheel
Cette grande "roue des merveilles" est l'une des attractions du parc de Coney Island (à New York), où se déroule l'action du dernier film de Woody Allen. Métaphoriquement, c'est aussi la roue du Destin, celui des quatre personnages principaux, qui va connaître des soubresauts.
Justin Timberlake incarne Mickey, le maître-nageur-sauveteur qui nous raconte l'histoire. C'est un beau gosse insouciant, mais qui a l'ambition de devenir auteur de théâtre. C'est le petit élément qui grippe un peu l'intrigue : autant Justin Timberlake (déjà remarqué dans The Social Network) n'a aucun mal à rendre crédible le personnage de maître-nageur, autant je ne le vois pas écrire une pièce. Ceci dit, l'histoire qu'il vit va contribuer à le faire mûrir : lui qui est attiré par les destins tragiques va être servi !
James Belushi interprète Humpty, l'exact opposé de Mickey : il est âgé, il est obèse, il s'habille mal et exerce un métier pas très valorisant (il entretient l'un des manèges du parc d'attraction). Mais c'est un brave type, qui a renoncé à l'alcool pour que la femme qu'il aime passionnément reste avec lui.
Cette femme est Ginny, une actrice ratée devenue serveuse, ancienne beauté fatale qui a encore de (très) beaux restes. Elle a le corps et la voix de Kate Winslet, qui nous livre là une composition formidable (qui aurait mérité une nomination aux Oscar). C'est le grand mérite de ce film que de mettre sous les projecteurs le personnage d'une femme ordinaire, prise dans les tourments de l'amour et des difficultés matérielles. Pourtant, quand l'histoire commence, elle mène sa petite vie tranquille, tout en planifiant un changement radical. C'est l'arrivée de sa nièce belle-fille qui va tout foutre en l'air.
Celle-ci est jouée par Juno Temple. De prime abord, c'est une sorte de poupée Barbie, un peu sotte, mais qui va se révéler plus intelligente que prévu. Sa beauté est particulièrement mise en valeur par le metteur en scène... et le chef-opérateur, comme on peut le voir sur l'illustration ci-dessus. Après Café Society, c'est la deuxième fois que Woody Allen travaille avec Vittorio Storaro. Force est de constater que, sur le plan visuel, c'est de nouveau une grande réussite.
Une fois les personnages mis en place, la roue du Destin peut se mettre à tourner. Elle peut aussi bien permettre à Ginny de tromper facilement Humpty que mettre sa nièce belle-fille sur son chemin. Celle-ci peut, sur un coup du sort, échapper aux truands qui la recherchent et tomber sur son futur amoureux dans le parc. L'intrigue est construite autour de ces croisements.
C'est toutefois un film un peu verbeux. On va me dire : quoi de plus normal, pour un Woody Allen ? C'est juste. Mais, d'habitude, la logorrhée est au service de la comédie. Or, ici, même si l'histoire est parsemée de pointes d'humour, c'est le drame sentimental qui est au cœur des dialogues. Cela nous vaut quand même quelques morceaux de bravoure, James Belushi et Kate Winslet ayant dû parfois ingurgiter des pages de texte pour une seule scène. Je recommande tout particulièrement celle (vers la fin) qui voit Ginny, revêtue d'une tenue de gala, exprimer toute sa détresse.
C'est donc un bon Woody, assez inattendu de sa part.
12:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Wonder Wheel
Cette grande "roue des merveilles" est l'une des attractions du parc de Coney Island (à New York), où se déroule l'action du dernier film de Woody Allen. Métaphoriquement, c'est aussi la roue du Destin, celui des quatre personnages principaux, qui va connaître des soubresauts.
Justin Timberlake incarne Mickey, le maître-nageur-sauveteur qui nous raconte l'histoire. C'est un beau gosse insouciant, mais qui a l'ambition de devenir auteur de théâtre. C'est le petit élément qui grippe un peu l'intrigue : autant Justin Timberlake (déjà remarqué dans The Social Network) n'a aucun mal à rendre crédible le personnage de maître-nageur, autant je ne le vois pas écrire une pièce. Ceci dit, l'histoire qu'il vit va contribuer à le faire mûrir : lui qui est attiré par les destins tragiques va être servi !
James Belushi interprète Humpty, l'exact opposé de Mickey : il est âgé, il est obèse, il s'habille mal et exerce un métier pas très valorisant (il entretient l'un des manèges du parc d'attraction). Mais c'est un brave type, qui a renoncé à l'alcool pour que la femme qu'il aime passionnément reste avec lui.
Cette femme est Ginny, une actrice ratée devenue serveuse, ancienne beauté fatale qui a encore de (très) beaux restes. Elle a le corps et la voix de Kate Winslet, qui nous livre là une composition formidable (qui aurait mérité une nomination aux Oscar). C'est le grand mérite de ce film que de mettre sous les projecteurs le personnage d'une femme ordinaire, prise dans les tourments de l'amour et des difficultés matérielles. Pourtant, quand l'histoire commence, elle mène sa petite vie tranquille, tout en planifiant un changement radical. C'est l'arrivée de sa nièce belle-fille qui va tout foutre en l'air.
Celle-ci est jouée par Juno Temple. De prime abord, c'est une sorte de poupée Barbie, un peu sotte, mais qui va se révéler plus intelligente que prévu. Sa beauté est particulièrement mise en valeur par le metteur en scène... et le chef-opérateur, comme on peut le voir sur l'illustration ci-dessus. Après Café Society, c'est la deuxième fois que Woody Allen travaille avec Vittorio Storaro. Force est de constater que, sur le plan visuel, c'est de nouveau une grande réussite.
Une fois les personnages mis en place, la roue du Destin peut se mettre à tourner. Elle peut aussi bien permettre à Ginny de tromper facilement Humpty que mettre sa nièce belle-fille sur son chemin. Celle-ci peut, sur un coup du sort, échapper aux truands qui la recherchent et tomber sur son futur amoureux dans le parc. L'intrigue est construite autour de ces croisements.
C'est toutefois un film un peu verbeux. On va me dire : quoi de plus normal, pour un Woody Allen ? C'est juste. Mais, d'habitude, la logorrhée est au service de la comédie. Or, ici, même si l'histoire est parsemée de pointes d'humour, c'est le drame sentimental qui est au cœur des dialogues. Cela nous vaut quand même quelques morceaux de bravoure, James Belushi et Kate Winslet ayant dû parfois ingurgiter des pages de texte pour une seule scène. Je recommande tout particulièrement celle (vers la fin) qui voit Ginny, revêtue d'une tenue de gala, exprimer toute sa détresse.
C'est donc un bon Woody, assez inattendu de sa part.
12:16 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, cinema, film, films
mardi, 20 février 2018
L'Etrange Forêt de Bert et Joséphine
Elle n'est pas très connue du grand public, mais l'école d'animation tchèque produit, à intervalle régulier, de petits films (en général) destinés aux enfants, mais aussi visibles par les parents. (Dans un genre plus "sérieux", on a pu voir, il y a six ans, l'excellent Aloïs Nebel.)
C'est animé image par image. A l'écran, les décors sont faits de tissus, papiers divers. Les personnages sont des sortes de marionnettes. Dit comme cela, cela donne l'impression d'être un peu vieux jeu et ordinaire. En réalité, le rendu est superbe, notamment parce que les animateurs ont veillé à ce que tout le cadre s'anime, et pas seulement les personnages principaux.
Ce moyen-métrage (qui dure environ 45 minutes) est découpé en sept historiettes. La première (la plus longue) nous présente le frère et la soeur (Bert et Joséphine), ainsi que les chanteuses de la forêt. Les enfants, qui entretiennent celle-ci et réparent au quotidien les dégâts qu'elle subit, vont se retrouver confrontés à une étrange voleuse, qui va finir par trouver sa voie. (Soyez bien attentifs aux micros et haut-parleurs !)
La deuxième histoire se passe un matin, après d'importantes chutes de neige. Il s'agit d'abord de faire sortir Bert de son lit. Sa soeur et ses amis vont déployer des trésors d'inventivité...
La troisième histoire est empreinte de mystère. Les personnages réunis dans la petite maison des enfants vont tenter de faire venir à eux un puissant esprit. Sans trop en dire, je peux révéler que le résultat va beaucoup les surprendre !
La quatrième histoire est celle d'une errance dans la forêt embrumée. Selon la légende, un être maléfique y vit, terré. Bert et Joséphine parviendront-ils à surmonter cette terrible épreuve ?
La cinquième histoire met en scène un nouveau personnage, "type-taupe", un animal sympathique mais maladroit... et un peu sale. Comment les enfants vont-ils se comporter avec lui ?
La sixième histoire est l'aboutissement des précédentes, au cours desquelles on voit les héros préparer le futur repas de Noël. C'est le moment que choisit un écureuil pour taper l'incruste... et se comporter comme un goujat. Bert et Joséphine vont tenter de découvrir l'emplacement de son refuge...
La septième histoire est une sorte de conclusion. Comme elle met en scène la naissance d'une fée, on pourrait y voir des réminiscences chrétiennes : elle suit immédiatement le repas de Noël et se produit le septième jour. Mais cela passe au-dessus de la tête des enfants. Dans la salle où je me trouvais, ils ont été étonnamment attentifs. Avant la séance, il y a avait une petite ambiance de cour de récré... ce qui n'a pas manqué de m'inquiéter. Eh bien, dès que la première histoire a débuté, ils se sont tus.
A la qualité (et l'originalité) de l'animation s'ajoute le fond : ce sont de petits contes moraux. Bert apprend à dominer sa peur du noir... et à ne pas rester trop longtemps au lit. Lui et sa soeur découvrent qu'une apparence disgracieuse, une mauvaise réputation ou un comportement maladroit ne doivent pas les dissuader de se faire de nouveaux amis.
P.S.
Des bonus sont accessibles sur le site internet dédié.
13:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
L'Etrange Forêt de Bert et Joséphine
Elle n'est pas très connue du grand public, mais l'école d'animation tchèque produit, à intervalle régulier, de petits films (en général) destinés aux enfants, mais aussi visibles par les parents. (Dans un genre plus "sérieux", on a pu voir, il y a six ans, l'excellent Aloïs Nebel.)
C'est animé image par image. A l'écran, les décors sont faits de tissus, papiers divers. Les personnages sont des sortes de marionnettes. Dit comme cela, cela donne l'impression d'être un peu vieux jeu et ordinaire. En réalité, le rendu est superbe, notamment parce que les animateurs ont veillé à ce que tout le cadre s'anime, et pas seulement les personnages principaux.
Ce moyen-métrage (qui dure environ 45 minutes) est découpé en sept historiettes. La première (la plus longue) nous présente le frère et la soeur (Bert et Joséphine), ainsi que les chanteuses de la forêt. Les enfants, qui entretiennent celle-ci et réparent au quotidien les dégâts qu'elle subit, vont se retrouver confrontés à une étrange voleuse, qui va finir par trouver sa voie. (Soyez bien attentifs aux micros et haut-parleurs !)
La deuxième histoire se passe un matin, après d'importantes chutes de neige. Il s'agit d'abord de faire sortir Bert de son lit. Sa soeur et ses amis vont déployer des trésors d'inventivité...
La troisième histoire est empreinte de mystère. Les personnages réunis dans la petite maison des enfants vont tenter de faire venir à eux un puissant esprit. Sans trop en dire, je peux révéler que le résultat va beaucoup les surprendre !
La quatrième histoire est celle d'une errance dans la forêt embrumée. Selon la légende, un être maléfique y vit, terré. Bert et Joséphine parviendront-ils à surmonter cette terrible épreuve ?
La cinquième histoire met en scène un nouveau personnage, "type-taupe", un animal sympathique mais maladroit... et un peu sale. Comment les enfants vont-ils se comporter avec lui ?
La sixième histoire est l'aboutissement des précédentes, au cours desquelles on voit les héros préparer le futur repas de Noël. C'est le moment que choisit un écureuil pour taper l'incruste... et se comporter comme un goujat. Bert et Joséphine vont tenter de découvrir l'emplacement de son refuge...
La septième histoire est une sorte de conclusion. Comme elle met en scène la naissance d'une fée, on pourrait y voir des réminiscences chrétiennes : elle suit immédiatement le repas de Noël et se produit le septième jour. Mais cela passe au-dessus de la tête des enfants. Dans la salle où je me trouvais, ils ont été étonnamment attentifs. Avant la séance, il y a avait une petite ambiance de cour de récré... ce qui n'a pas manqué de m'inquiéter. Eh bien, dès que la première histoire a débuté, ils se sont tus.
A la qualité (et l'originalité) de l'animation s'ajoute le fond : ce sont de petits contes moraux. Bert apprend à dominer sa peur du noir... et à ne pas rester trop longtemps au lit. Lui et sa soeur découvrent qu'une apparence disgracieuse, une mauvaise réputation ou un comportement maladroit ne doivent pas les dissuader de se faire de nouveaux amis.
P.S.
Des bonus sont accessibles sur le site internet dédié.
13:09 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
lundi, 19 février 2018
Sugarland
Cet étonnant documentaire australien se place dans la lignée de Supersize me, de Morgan Spurlock, sorti il y a déjà une quinzaine d'années. Ici, au lieu de s'alimenter uniquement dans une chaîne de restauration rapide, l'auteur-interprète (Damon Gameau) choisit de faire l'expérience d'une alimentation sucrée, en excluant toutefois les produits les plus évidents : bonbons, chocolat, gâteaux, glaces... En théorie, il consomme de "bons" aliments, achetés (en général) en grande surface. On se rend rapidement compte qu'ils regorgent de sucres cachés.
Comme Damon Gameau a le sens de l'humour, il se met en scène de manière comique, comparant le développement de son embonpoint abdominal à la progression de la grossesse de sa compagne. En deux mois, il aura pris plus de huit kilos... sans consommer davantage de calories (autour de 2 300 par jour) ! Il a pourtant pris soin de ne pas changer de rythme de vie, continuant à pratiquer du sport à intervalle régulier. Pour valider son expérience, il se fait suivre par quatre spécialistes, auxquels il donne des surnoms de super-héros.
Le documentaire se veut pédagogique. Il explique quels sont les différents types de sucre. Il a aussi recours à des experts, dont les interventions apparaissent souvent en incrustation, sur les étiquettes des produits que consomme Gameau. On a même droit à quelques animations anatomiques, notamment pour découvrir le fonctionnement du foie.
La première partie du film se déroule en Australie. En moyenne, ses habitants consommeraient l'équivalent de quarante cuillerées de sucre par jour ! Le "régime" auquel s'astreint Gameau le conduit à ingurgiter la chose à travers des aliments transformés. Un des exemples marquants est la comparaison entre la consommation de quatre pommes et celle du volume de jus de fruits correspondant. La différence est, qu'au bout de deux voire trois pommes, le sentiment de satiété se fait sentir, alors qu'avoir bu tout le jus ne suffit pas à couper la faim.
Une des séquences les plus fortes se déroule dans un territoire aborigène. Les jeunes générations ont complètement rompu avec le modèle ancestral, d'où la consommation de sucre était absente. C'est arrivé à un point que les magasins de la région sont considérés par les plus profitables du monde par les vendeurs de sodas. Un homme a essayé de réagir face à cette situation de dépendance et à ses conséquences (en particulier l'obésité). Le film montre comment il est parvenu (avec d'autres), dans sa communauté, à faire en sorte que les gens reprennent goût à une alimentation saine. Hélas, son association a perdu ses subventions...
La deuxième partie du film se déroule aux Etats-Unis, siège de la plupart des multinationales de l'agroalimentaire qui dominent le secteur. Sans avoir le talent d'un Michael Moore, Gameau dénonce l'influence néfaste de ce lobby et découvre jusqu'où les transformateurs vont fourrer le sucre (par exemple l'équivalent de quatre cuillerées dans un plat cuisiné à base de poulet !). Ne reculant devant aucun sacrifice, il va, sur une journée, jusqu'à remplacer les plats cuisinés par l'équivalent en sucre réel... à vous dégoûter d'en manger ! (C'est le but, d'ailleurs.)
Ce séjour états-unien est aussi l'occasion de montrer les méfaits d'une consommation intensive et régulière de produits sucrés. Gameau suit un dentiste qui intervient (bénévolement semble-t-il) dans l'est du Kentucky, une région où le taux de pauvreté est élevé. Je pense qu'aucun des spectateurs de la salle n'oubliera le cas de ce jeune homme, dont toutes les dents sont pourries (et rongées), à cause de sa dépendance à un soda particulièrement sucré créé par Pepsi. (Coca n'est pas la seule boîte à vendre de la m...). Le pire est que le jeune homme n'envisage pas de changer de mode alimentaire, tant celui-ci est ancré en lui... peut-être depuis la plus tendre enfance, certaines mères de famille de la région n'hésitant pas à remplir le biberon de soda !
Il y aurait encore plein de choses à dire à propos de ce documentaire, parfois un peu surjoué par son auteur, mais vraiment passionnant (et drôle). C'est à voir si vous en avez l'occasion.
20:03 Publié dans Cinéma, Economie, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
Sugarland
Cet étonnant documentaire australien se place dans la lignée de Supersize me, de Morgan Spurlock, sorti il y a déjà une quinzaine d'années. Ici, au lieu de s'alimenter uniquement dans une chaîne de restauration rapide, l'auteur-interprète (Damon Gameau) choisit de faire l'expérience d'une alimentation sucrée, en excluant toutefois les produits les plus évidents : bonbons, chocolat, gâteaux, glaces... En théorie, il consomme de "bons" aliments, achetés (en général) en grande surface. On se rend rapidement compte qu'ils regorgent de sucres cachés.
Comme Damon Gameau a le sens de l'humour, il se met en scène de manière comique, comparant le développement de son embonpoint abdominal à la progression de la grossesse de sa compagne. En deux mois, il aura pris plus de huit kilos... sans consommer davantage de calories (autour de 2 300 par jour) ! Il a pourtant pris soin de ne pas changer de rythme de vie, continuant à pratiquer du sport à intervalle régulier. Pour valider son expérience, il se fait suivre par quatre spécialistes, auxquels il donne des surnoms de super-héros.
Le documentaire se veut pédagogique. Il explique quels sont les différents types de sucre. Il a aussi recours à des experts, dont les interventions apparaissent souvent en incrustation, sur les étiquettes des produits que consomme Gameau. On a même droit à quelques animations anatomiques, notamment pour découvrir le fonctionnement du foie.
La première partie du film se déroule en Australie. En moyenne, ses habitants consommeraient l'équivalent de quarante cuillerées de sucre par jour ! Le "régime" auquel s'astreint Gameau le conduit à ingurgiter la chose à travers des aliments transformés. Un des exemples marquants est la comparaison entre la consommation de quatre pommes et celle du volume de jus de fruits correspondant. La différence est, qu'au bout de deux voire trois pommes, le sentiment de satiété se fait sentir, alors qu'avoir bu tout le jus ne suffit pas à couper la faim.
Une des séquences les plus fortes se déroule dans un territoire aborigène. Les jeunes générations ont complètement rompu avec le modèle ancestral, d'où la consommation de sucre était absente. C'est arrivé à un point que les magasins de la région sont considérés par les plus profitables du monde par les vendeurs de sodas. Un homme a essayé de réagir face à cette situation de dépendance et à ses conséquences (en particulier l'obésité). Le film montre comment il est parvenu (avec d'autres), dans sa communauté, à faire en sorte que les gens reprennent goût à une alimentation saine. Hélas, son association a perdu ses subventions...
La deuxième partie du film se déroule aux Etats-Unis, siège de la plupart des multinationales de l'agroalimentaire qui dominent le secteur. Sans avoir le talent d'un Michael Moore, Gameau dénonce l'influence néfaste de ce lobby et découvre jusqu'où les transformateurs vont fourrer le sucre (par exemple l'équivalent de quatre cuillerées dans un plat cuisiné à base de poulet !). Ne reculant devant aucun sacrifice, il va, sur une journée, jusqu'à remplacer les plats cuisinés par l'équivalent en sucre réel... à vous dégoûter d'en manger ! (C'est le but, d'ailleurs.)
Ce séjour états-unien est aussi l'occasion de montrer les méfaits d'une consommation intensive et régulière de produits sucrés. Gameau suit un dentiste qui intervient (bénévolement semble-t-il) dans l'est du Kentucky, une région où le taux de pauvreté est élevé. Je pense qu'aucun des spectateurs de la salle n'oubliera le cas de ce jeune homme, dont toutes les dents sont pourries (et rongées), à cause de sa dépendance à un soda particulièrement sucré créé par Pepsi. (Coca n'est pas la seule boîte à vendre de la m...). Le pire est que le jeune homme n'envisage pas de changer de mode alimentaire, tant celui-ci est ancré en lui... peut-être depuis la plus tendre enfance, certaines mères de famille de la région n'hésitant pas à remplir le biberon de soda !
Il y aurait encore plein de choses à dire à propos de ce documentaire, parfois un peu surjoué par son auteur, mais vraiment passionnant (et drôle). C'est à voir si vous en avez l'occasion.
20:03 Publié dans Cinéma, Economie, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films, société
dimanche, 18 février 2018
Agatha, ma voisine détective
Cette animation danoise a pour héroïne une certaine Agatha Christine, une gamine imaginative, intuitive et entêtée, qui se rêve détective privée, telle une nouvelle Miss Marple (avec beaucoup beaucoup moins de rides).
Son quotidien n'est pas des plus emballants : sa mère vient de décider de déménager en compagnie de toute sa petite famille (sauf le papa, curieusement absent de cette histoire de femmes). La voilà obligée de se faire de nouveaux amis, coincée qu'elle est entre une mère très protectrice (on comprend plus tard pourquoi), une grande soeur en pleine crise d'adolescence et un petit frère qui parle à peine, mais sait très bien dire "caca !"
Avis aux inconditionnels des productions Disney-Pixar : le graphisme n'est pas très élaboré. Il permet toutefois de distinguer deux types de scènes : celles de la réalité et celles issues de l'imagination de l'enquêtrice en jupe courte (et imperméable).
Agatha est certaine d'avoir identifié l'auteur des vols à l'épicerie du quartier. Elle propose au patron de celle-ci de l'engager. Elle est pleine de bonne volonté et très bricoleuse : elle conçoit des outils pour piéger l'odieux délinquant. Mais, hélas, à intervalle régulier, quelque chose vient enrayer la marche glorieuse de la justicière au service de l'intérêt général.
Au quotidien, Agatha dialogue surtout avec un étrange lézard, qui grandit au fur et à mesure qu'elle se rapproche de la vérité. Je suis quelque peu perplexe quant à son interprétation symbolique. Cela n'a pas perturbé les bambins de la salle : l'intrigue se suit sans problème, lentement... trop à mon goût d'adulte. Mais l'histoire parle beaucoup aux jeunes : il est question des relations avec les parents, les frères et les soeurs, de l'amitié et du fait de posséder un animal domestique. On comprend aussi pourquoi des éléments anodins aux yeux des adultes peuvent prendre des proportions gigantesques aux yeux des enfants. Quant à ceux-ci, ils réalisent que de petites imprudences peuvent avoir des conséquences graves.
Sans être un chef-d'oeuvre, ce film s'appuie sur une bonne connaissance de l'univers enfantin et instille, ici et là, quelques leçons de vie.
P.S.
Le site internet dédié est sympatoche.
23:53 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films
Agatha, ma voisine détective
Cette animation danoise a pour héroïne une certaine Agatha Christine, une gamine imaginative, intuitive et entêtée, qui se rêve détective privée, telle une nouvelle Miss Marple (avec beaucoup beaucoup moins de rides).
Son quotidien n'est pas des plus emballants : sa mère vient de décider de déménager en compagnie de toute sa petite famille (sauf le papa, curieusement absent de cette histoire de femmes). La voilà obligée de se faire de nouveaux amis, coincée qu'elle est entre une mère très protectrice (on comprend plus tard pourquoi), une grande soeur en pleine crise d'adolescence et un petit frère qui parle à peine, mais sait très bien dire "caca !"
Avis aux inconditionnels des productions Disney-Pixar : le graphisme n'est pas très élaboré. Il permet toutefois de distinguer deux types de scènes : celles de la réalité et celles issues de l'imagination de l'enquêtrice en jupe courte (et imperméable).
Agatha est certaine d'avoir identifié l'auteur des vols à l'épicerie du quartier. Elle propose au patron de celle-ci de l'engager. Elle est pleine de bonne volonté et très bricoleuse : elle conçoit des outils pour piéger l'odieux délinquant. Mais, hélas, à intervalle régulier, quelque chose vient enrayer la marche glorieuse de la justicière au service de l'intérêt général.
Au quotidien, Agatha dialogue surtout avec un étrange lézard, qui grandit au fur et à mesure qu'elle se rapproche de la vérité. Je suis quelque peu perplexe quant à son interprétation symbolique. Cela n'a pas perturbé les bambins de la salle : l'intrigue se suit sans problème, lentement... trop à mon goût d'adulte. Mais l'histoire parle beaucoup aux jeunes : il est question des relations avec les parents, les frères et les soeurs, de l'amitié et du fait de posséder un animal domestique. On comprend aussi pourquoi des éléments anodins aux yeux des adultes peuvent prendre des proportions gigantesques aux yeux des enfants. Quant à ceux-ci, ils réalisent que de petites imprudences peuvent avoir des conséquences graves.
Sans être un chef-d'oeuvre, ce film s'appuie sur une bonne connaissance de l'univers enfantin et instille, ici et là, quelques leçons de vie.
P.S.
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Oh Lucy !
C'est l'histoire d'une Japonaise célibataire, un peu coincée, qui va prendre des cours d'anglais auprès d'un jeune (et séduisant) enseignant américain. Quand on a dit ça, on a tout dit et on n'a rien dit. Il faut d'abord préciser que c'est à l'initiative de sa nièce que Setsuko/Lucy (Shinobu Terajima, excellente) va se lancer dans l'apprentissage de la langue de Donald Trump. Cela nous vaut plusieurs scènes savoureuses, susceptibles de décomplexer les Français quant à l'acquisition des langues étrangères. (Et je ne parle pas du lieu dans lequel se tiennent les cours, qui prête à bien des suppositions...)
Il faut dire qu'en plus d'être charmant, John (incarné par Josh Hartnett, mesdames) sait y faire. Ses méthodes d'enseignement semblent assez originales. De plus, il est très... tactile. Visiblement, les dames (et même les messieurs) adorent. Setsuko, qui s'ennuie dans un emploi rébarbatif (quoique rémunérateur), aux côtés de collègues hypocrites, y voit l'occasion de changer de vie.
La deuxième partie nous transporte aux Etats-Unis, plus précisément en Californie, où (pour des raisons que je me garderai de révéler) nous retrouvons notre petit monde, à savoir John, Setsuko, mais aussi sa ravissante nièce Mika et Ayako, la mère de celle-ci (et donc la soeur de Setsuko, si vous avez bien suivi). On comprend vite qu'entre les deux frangines existe un sacré contentieux, dont on va finir par découvrir la cause.
D'ailleurs, Cet événement ancien a sans doute des répercussions sur l'évolution de la situation actuelle, en particulier sur le comportement de Setsuko/Lucy, qui commence à kiffer la vie à la californienne. On rit presque autant que dans la première partie, même si, petit à petit, l'émotion prend le dessus.
Au-delà des apparences (et des convenances), chaque personnage cache au moins une faille, que cette aventure va faire émerger. C'est traité avec délicatesse par la réalisatrice Atsuko Hirayanagi. Ce film est l'une des excellentes surprises de ce début 2018.
23:14 Publié dans Cinéma, Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films