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Parasite
Les jurys cannois aiment les histoires de "cas sociaux"... asiatiques. L'an dernier, la palme était allée à Une Affaire de famille (en fait, surtout au réalisateur Kore-eda, dont ce n'est pas le meilleur film). Cette année, c'est un grand formaliste sud-coréen qui a été primé, Bong Joon Ho, dont l'excellent thriller Memories of Murder était ressorti sur nos écrans en 2017.
Le premier tiers de l'intrigue repose sur un scénario malin et le jeu des acteurs. Après avoir constaté que le quotidien de la famille de héros (résidant dans un sous-sol humide) est déplorable, on admire presque l'habileté dont ils font preuve pour s'incruster dans la vie des grands bourgeois pas franchement antipathiques, bien qu'irritants de condescendance.
A partir du moment où l'on entre dans cette grande et superbe demeure, c'est la mise en scène qui prend le dessus. En effet, pas mal de péripéties sont téléphonées, même si les auteurs nous réservent des surprises, jusqu'à la toute fin, qui est d'ailleurs une pirouette fondée sur la mise en scène et le montage. Bong Joon Ho maîtrise parfaitement les espaces confinés (le réduit familial, le grand appartement bourgeois, sa cave... et sa "sous-cave"). Il se montre aussi habile lors des scènes d'extérieur (avec une bonne utilisation du jardin et de la topographie de la ville, très accidentée, les riches vivant sans surprise sur les hauteurs, les pauvres au sous-sol. C'est bien entendu métaphorique. S'appuyant sur leurs talents d'arnaqueurs de débrouillardise, les héros vont tenter de toucher leur part du rêve. Le réalisateur évite le manichéisme : les riches ne sont pas foncièrement méchants... et les pauvres se comportent parfois comme de belles enflures, y compris (surtout ?) entre eux.
Evidemment, on s'attend à ce que la combine mise au point par les héros finisse par déraper. Trois coups de théâtre surviennent dans la seconde moitié de l'histoire. Certains voient dans ce film une leçon de morale sociale. Ce n'est pas sur ce point qu'il me paraît brillant. C'est d'abord une oeuvre cinématographique très bien construite (en dépit de quelques petites invraisemblances)... et une palme d'or méritée.
mercredi, 19 juin 2019 | Lien permanent | Commentaires (3)
Une bourde cartographique au ”Monde”
Il s'agit d'un article du 22 avril 2008, consacré à la rouille noire. Le texte en lui-même ne pose pas de problème. On peut d'ailleurs y accéder à l'adresse suivante :
http://www.lemonde.fr/sciences-et-environnement/article/2...
L'auteure, Christiane Galus, est une chroniqueuse scientifique qui ne m'a pas habitué aux erreurs. Ses articles sont en général fort intéressants. Mais l'infographie qui accompagnait la version papier comportait un gros caca. La voici :
Observez la place de l'Ouganda ; le pays qui est nommé ainsi est en fait la République Centrafricaine. A ceux qui doutent, je conseille de vérifier sur une carte de l'Afrique, comme celle qui suit :
Bon, l'erreur est humaine mais, vu le nombre de journalistes et de correcteurs qui sont employés par le "quotidien de référence", on peut s'attendre à ce qu'au moins les bourdes soient évitées.
samedi, 03 mai 2008 | Lien permanent
Venom
Sony s'est appuyée sur la société chinoise Tencent (récemment entrée au capital de Skydance, qui gère la franchise Mission impossible) pour produire ce nouveau film de super-héros. L'enjeu est de soutenir la comparaison avec les grosses machines du groupe Disney (qui, après avoir avalé successivement Pixar, Lucasfilm et Marvel, s'est récemment offert la Twentieth Century Fox, qui a la main notamment sur les adaptations des X-Men et de Deadpool).
L'un des intérêts de cette histoire est que le futur super-héros aurait pu devenir un super-vilain. Mais, avant d'en arriver à cette question existentielle, la batterie de scénaristes employée par la Columbia a choisi d'orienter la première demi-heure de manière plutôt sociale. On découvre les personnages principaux, en particulier Eddie... "belle gueule", puisqu'il est incarné par Tom Brady Hardy, le visage constamment mangé par une barbe de trois jours, quel que soit le moment du film. (Est-il besoin d'ajouter qu'on ne le voit jamais se raser ?) C'est un mec brillant et cool, genre reporter rebelle des temps modernes, vivant dans un appart de rêve, en couple avec une avocate canon (Michelle Williams, affublée de godasses horribles dans la première partie de l'intrigue).
Sur la route du bonheur va se dresser un jeune milliardaire des biotechnologies, Carlton Drake, interprété par Riz Ahmed (vu récemment dans Les Frères Sisters). On a voulu en faire un mélange d'altruisme dévoyé et de mégalomanie... mais dont les médias ne montrent que la partie lumineuse.
Là-dessus se greffe (si j'ose dire) l'arrivée d'entités extraterrestres, à la recherche d'hôtes. Dans des circonstances que je me garderai de révéler, Eddie va servir d'enveloppe corporelle à un parasite invité surprise à la voix très grave. Le voilà quasiment dans la situation du héros du récent Upgrade, à ceci près que ses nouveaux pouvoirs ne viennent pas d'une puce implantée mais d'un autre être vivant.
La deuxième réussite du film est la mise en scène de l'étrange cohabitation entre l'ancien journaliste devenu quasi-clodo et le mercenaire de l'espace, de prime abord impitoyable (et un peu puéril). Comme il s'agit d'une symbiose, chacun des deux va petit à petit influer sur l'autre. C'est souvent drôle, avec des traits d'humour qui n'aspirent pas à la plus grande finesse. J'ai encore en mémoire la scène où le héros souhaite atteindre un bureau situé dans les derniers étages d'une tour. Il refuse la solution proposée par son parasite invité (l'escalade de la paroi très lisse), ce qui lui vaut en retour le qualificatif de "flipette".
Au niveau de l'action, on sent que les producteurs ont mis le paquet. Cela nous vaut une spectaculaire scène de poursuite moto/automobile dans les rues de San Francisco, pendant laquelle il vaut mieux toutefois mettre en veilleuse ses aspirations à la vraisemblance. Par contre, je n'ai pas trop aimé la baston finale entre les deux entités (de surcroît très laides). On ne distingue pas grand chose tant les mouvements sont rapides. Quelques effets visuels et sonores sont censés nous guider, mais j'ai préféré les moments hors corps-à-corps.
C'est au final un agréable divertissement, avec une histoire plutôt originale et un humour "corsé".
PS
Personne n'a quitté la salle lorsqu'a débuté le générique de fin. Le public de connaisseurs savait qu'il fallait attendre deux moments : la classique scène post-générique qui annonce la suite des aventures... et, tout à la fin, en bonus, un court-métrage suggérant une relance des aventures de Spiderman.
samedi, 20 octobre 2018 | Lien permanent | Commentaires (6)
Florence Foster Jenkins
Presque trois ans après l'excellent Philomena, Stephen Frears s'est attaché à la vie d'une autre dame âgée torturée, la supposée cantatrice qui a déjà inspiré Marguerite l'an dernier. On a soigné la distribution, puisque le rôle-titre est interprété par Meryl Streep, son compagnon étant joué par Hugh Grant. La première en fait à mon avis un peu trop, le second parvenant à lui voler la vedette. Cela fait longtemps que je n'avais pas vu Grant aussi bon.
Le ton du film oscille entre le comique et le pathétique, à l'image de l'opinion que les personnages ont de la vieille héritière. Beaucoup la trouvent ridicule, d'autres la trouvent touchante. Le réalisateur ne tranche pas quant à son degré de lucidité. Celle qui disait aimer la musique (et qui a enseigné le piano) était-elle consciente de chanter aussi mal ? On notera qu'il n'y a pas de critique féroce du fait que l'argent achète (presque) tout. Tout cela est présenté sur un ton badin, même quand le compagnon bigame joue au gangster ou au gigolo. Le personnage présenté le plus négativement est le seul critique musical qui ne se laisse pas acheter... et qui écrit ce qu'il pense.
Deux autres prestations sont à signaler : celle de Simon Hellberg, en pianiste débutant, doué mais complaisant, et celle de Nina Arianda, en pulpeuse pétasse au grand cœur.
Que dire d'autre ? Que la reconstitution est soignée, que les acteurs font bien leur boulot... mais que la voix de la chanteuse est vraiment exécrable ! Je ne suis pas un mélomane averti, mais j'ai quand même été choqué par le massacre de "l'air de la reine de la nuit" (extrait de La Flûte enchantée, de Mozart)... C'est quand même nettement plus joli chanté par Natalie Dessay. Le pire est que Meryl Streep s'est correctement inspirée du modèle, que l'on entend à la toute fin.
C'est aussi une bonne comédie, avec, au cœur de l'intrigue, Hugh Grant... et une séquence de fiesta d'anthologie, dans le modeste appartement du mari, avec une bande de parasites et d'atypiques. Mais cela ne va pas plus loin.
samedi, 30 juillet 2016 | Lien permanent
Limbo
Dans une métropole d'Asie orientale, des crimes horribles sont commis contre des jeunes femmes. La traque est menée par un duo de policiers mal assortis : un jeune, rigoureux, adepte de méthodes "à l'américaine" et un plus âgé, plus expérimenté, plus tourmenté... et moins scrupuleux vis-à-vis du règlement...
... Cela ne vous rappelle rien ? Mais si, bien sûr ! Memories of murder, de Joon-Ho Bong (récompensé par la suite pour Parasite). Ce petit bijou de polar en a déjà inspiré d'autres, coréens comme The Strangers, chinois comme Une Pluie sans fin.
Là aussi on s'en mange, de la pluie. Au début, au milieu, à la fin, par dessus, par dessous, quand y a meurtre, quand y a pas meurtre... ce qui ne facilite pas la tâche des enquêteurs, qui ne pensent jamais à se munir de parapluie (ni à se servir d'un objet de substitution pour se préserver de l'eau). Ils en sont encore à présenter des photographies d'identification sur papier (alors que les spectateurs des scènes de crime filment tout sur smartphone)... Bref, on se fout un peu de notre gueule.
Je reconnais toutefois que c'est plutôt bien filmé, très bien photographié... mais pas très bien joué/dirigé. Trop d'emphase, de clichés, de cris, de pleurnicheries. La crasse, la dégueulasserie, ça ne me dérange pas... même si personne en Chine, encore moins à Hongkong, n'imagine des quartiers de la ville aussi sales. (Cela a été exagéré pour le film.) Les acteurs ont tendance à en faire des caisses, avec cependant la prestation de Yase Liu à sauver. Vu ce qu'on lui demande de faire, la jeune actrice fournit de louables efforts et contribue à rendre l'intrigue intéressante à suivre.
Mais, trop souvent, un problème de vraisemblance se pose. Cela commence par ces femmes sans-abri qui toutes ont une dentition exceptionnelle. Cela continue avec des coïncidences qui n'en sont pas (mais dont le réalisateur a besoin pour tenter de mener son histoire à son terme). Il y a surtout ce tueur insubmersible, capable de défoncer deux flics vigoureux, alors qu'il s'est déjà pris un tournevis dans le poumon gauche, un éclat de verre dans le bide et un autre dans le dos. Je ne vous parle même pas des coups qu'il a reçus...
Cela donne un film pas indigne, pas désagréable à regarder, mais qui a été un poil survendu et finit par devenir agaçant.
samedi, 15 juillet 2023 | Lien permanent | Commentaires (2)
Les Adieux à la reine
Voici donc la prise de la Bastille (et ses conséquences immédiates) vue du petit monde du château de Versailles. C'est principalement un film de femmes, qui tourne autour de Marie-Antoinette (Diane Kruger, émouvante), sa maîtresse Gabrielle de Polignac (Virginie Ledoyen, une vieille connaissance de Benoît Jacquot, glaciale et sulfureuse) et la lectrice de la reine, Sidonie (Léa Seydoux, étonnamment bonne).
Le réalisateur aime les femmes. Il est soucieux de mettre en valeur tel décolleté (j'ai en mémoire une scène où la caméra se balade entre le visage -charmant- de Léa Seydoux et son avant-bras, s'attardant complaisamment sur sa jolie poitrine...), telle jambe, tel bras, telle nuque. On a donc droit à de beaux aperçus de l'anatomie de ces femmes, en particulier Virginie Ledoyen et Léa Seydoux. Celle-ci est d'ailleurs filmée comme l'était Ledoyen dans La Fille seule (vue de derrière quand elle déambule dans les couloirs de Versailles) et La Vie de Marianne (dont il est question à un moment dans le film... petit clin d’œil ?). Je me demande même dans quelle mesure la jeune actrice n'a pas copié (ou n'a pas été dirigée comme) celle qui l'a précédée dans le cœur de Jacquot.
N'oublions cependant pas les seconds rôles. Noémie Lvovsky est excellente en madame Campan, tout comme Michel Robin en archiviste et surtout Julie-Marie Parmentier, qui incarne Honorine, une amie (très piquante) de Sidonie. Les séquences qui se déroulent dans "l'envers du décor" sont d'ailleurs les meilleures du film. On se lâche dans ces moments où ne pèse pas l'étiquette.
Ce pourrait donc être un film épatant... s'il n'était pas orienté. Eh oui, comme d'autres avant lui, Benoît Jacquot (peut-être lié par le livre de Chantal Thomas) n'arrive pas à se dépêtrer de la fascination toute parisienne pour le monde "raffiné" de la Cour. Les parasites qui la composent sont dépeints avec une excessive indulgence, alors que les "gens normaux", le peuple, qui vit à l'extérieur, n'est montré que de manière caricaturale, presque uniquement négative.
mardi, 17 avril 2012 | Lien permanent
Les Misérables
Séance de rattrapage pour moi, avec le film considéré comme le vainqueur de la dernière cérémonie des César. Certains cinémas ont eu l'heureuse idée de ressortir en salles le long-métrage primé (tout comme l'oscarisé Parasite... mais curieusement pas J'accuse...). Et c'est parti pour une séance dans une petite salle pleine à craquer, au beau milieu d'un public constitué quasi exclusivement de Blancs de classe moyenne...
Ce film est une démonstration, presque une dissertation. L'histoire est encadrée par deux scènes antagonistes, celle montrant une foule bigarrée drapée de tricolore et chantant la Marseillaise (au début) et celle montrant une scène de guérilla urbaine opposant les mêmes jeunes à des policiers dépassés (à la fin). Comment en est-on arrivé là ?
Le plan suivi est limpide :
I ] La Cité est un monde foisonnant où se côtoient des populations très différentes, dans un mélange de tolérance et d'insultes. Les jeunes oisifs font des conneries mais sont sympas, au fond.
II ] Les policiers de la BAC (les "baqueux") sont des hommes comme les autres, avec leurs qualités et leurs défauts. Le chef du trio est un gros bras adepte des plaisanteries douteuses, qui s'oppose au petit nouveau taiseux et respectueux des règles. Le troisième est issu du quartier et joue un peu les conciliateurs.
III] Faire respecter l'ordre est une tâche difficile, qui nécessite de l'opiniâtreté et du doigté. Parfois, cela dérape... à cause des policiers, selon le réalisateur. Comment rattraper le coup ?
Clairement, le scénario n'est pas le principal atout de cette histoire un brin manichéenne (et machiste). Mais, pendant les deux tiers du film, Ladj Ly nous offre un portrait saisissant de la banlieue et du travail de la police. (Je laisse de côté l'interprétation de Jeanne Balibar, pathétique en commissaire libidineuse...) On a comparé ce film à La Haine de Matthieu Kassovitz, mais je vois aussi une parenté avec L627 de Bertrand Tavernier. C'est tourné avec du souffle et de la minutie. (Du coup, je trouve que le jury des César aurait dû intervertir les récompenses avec J'accuse, réservant à ce dernier la palme du meilleur film pour distinguer Ladj Ly pour sa réalisation nerveuse et inspirée.)
On est pris du début à la fin dans ce polar sociétal, formidablement interprété (sauf par les plus jeunes). Il n'est toutefois pas sans faille. La principale est scénaristique. L'enlèvement du lionceau est l'étincelle qui va déclencher l'explosion de violences. Or, dans la suite de l'histoire, l'événement a été complètement oublié : le jeune "rebelle", qui pourtant règle tous ses comptes, ne s'en prend pas aux circassiens qui pourtant lui ont filé une sacrée trouille. La manière de filmer les jeunes les dédouane totalement de l'enlèvement du lionceau (ainsi que des violences finales, quasi héroïsées...). On pourrait aussi reprocher au film sa vision uniquement positive de l'islam quiétiste (certains diraient "intégriste"). L'ancien délinquant converti est montré comme une figure sage et apaisante. Pas un seul djihadiste en vue dans le quartier, où certains trafiquants de drogue semblent vivre en bonne harmonie avec la police. Quant aux femmes, ce sont des personnages de second plan, éventuellement réduites à un coup d'éclat quand elles sont mises en avant.
Du coup, je suis sorti de là partagé. C'est incontestablement l'oeuvre d'un cinéaste de talent, mais qui regarde la société avec ses propres oeillères.
vendredi, 06 mars 2020 | Lien permanent
C'est l'histoire d'un mec
... qui s'appelle Coluche. Attention toutefois, il ne s'agit pas d'une biographie exhaustive. Antoine de Caunes a choisi de mettre l'accent sur les années 1980-1981, lorsque l'humoriste devenu vedette décide de se lancer dans la course présidentielle, pour le meilleur et pour le pire.
Si le film varie les approches (professionnelle, familiale, sexuelle, politique), il est néanmoins essentiellement consacré à des allers-retours entre le Coluche intime et le Coluche acteur de la vie publique. (Je ne suis pas spécialiste de la question, mais il me semble que certains épisodes ont été "adaptés" pour les besoins du film : par exemple la découverte du cadavre du régisseur, par des enfants dans le film, par des ouvriers de chantier dans la réalité). Cela prend parfois la forme d'une série d'images d'Epinal, le ton acidulé en plus : les travers de notre comique national ne sont pas cachés. Il n'en paraît que plus humain.
Côté anecdotes, certains découvriront la passion de Coluche pour les bottes et son goût pour le music-hall. Il était vraiment doté d'un talent à multiples facettes.
En fait, pour moi, le film vaut le détour essentiellement pour la performance de François-Xavier Demaison (un ancien fiscaliste !), qui a acquis le physique et l'essentiel des tics du personnage, même si on ne risque pas de confondre l'acteur avec Coluche. La première scène... de scène m'a fait un peu peur : j'ai tellement entendu (et même écouté) les sketches de Coluche que, même bien interprété, celui du début a provoqué en moi une impression d'étrangeté, une étrangeté que j'ai assimilée à de la maladresse. Je ne sais pas si c'est parce que je me suis habitué à l'acteur ou si parce que les séquences suivantes sont plus abouties mais, plus loin dans le film, les extraits de spectacle passent mieux.
Côté réalisation, de Caunes est plus à son aise dans les scènes d'intérieur, chez l'humoriste en particulier. Il recrée ce climat de tribu dans lequel Coluche voulait vivre... en soulignant, par touches, le côté "bringueurs parasites" d'une partie de son entourage. On comprend pourquoi certains ex-familiers n'ont guère apprécié le ton du film.
Le fin n'est pas très réussie. De Caunes se laisse aller au mélo et, ô maladresse, fait se croiser, dans un jardin public parisien, le héros et un clochard. Un texte souligne à gros trait la future implication de Coluche dans l'humanitaire... Il aurait été plus intéressant de poursuivre sur la dépendance aux drogues, qui a modifié la trajectoire du comique. On peut aussi regretter que l'impasse faite sur l'après-1981 laisse dans l'ombre le Coluche animateur télé (sur Canal +, où il a dû croiser de Caunes...) et radio (R.M.C., Europe 1 et R.F.M.) et son retour spectaculaire au cinéma...
Pour ceux qui voudraient en savoir un peu plus, il y a le bouquin de Philippe Boggio (qui a inspiré Antoine de Caunes). On peut aussi consulter le site suivant :
vendredi, 17 octobre 2008 | Lien permanent
Ça tourne à Séoul !
Aux cinéphiles français, le titre hexagonal de ce long-métrage sud-coréen rappellera le Ça tourne à Manhattan de Tom DiCillo, un autre film dans le film sur les affres de la création cinématographique. Seul le contexte change : les États-Unis de la fin du XXe siècle sont remplacés par la Corée du Sud dictatoriale de 1970. Cela "épice" quelque peu l'intrigue, puisque l'équipe de tournage doit ruser avec la censure gouvernementale... au besoin à coups d'alcool fort.
On comprend vite que l'esprit de sérieux n'est pas la marque de fabrique de cette production un peu foutraque, qui commence par nous montrer un nanard en cours de réalisation. De surcroît, on ne comprend pas pourquoi le scénario fait référence à la descente d'escaliers d'un personnage féminin (alors qu'il les monte)... pas plus que la mention d'un plan-séquence, la scène retournée étant d'évidence montée. Mais l'on sent bien que le personnage du réalisateur a l'ambition de conclure son œuvre ainsi. La manière d'y parvenir consiste l'un des attraits de cette comédie autocentrée, qui joue sur les codes du petit monde du cinéma.
La suite est un puzzle de types de scènes. Celles en noir et blanc nous proposent la version du film de 1970 en tournage. Les autres sont en couleurs. Elles évoquent soit le tournage du film, soit le passé de certains personnages (qui ont des choses à se reprocher), soit les hallucinations du réalisateur, qui se bourre de cachetons et, dans ses rêves, imagine la manière de boucler son film.
L'équipe a deux jours pour retourner la fin de l'histoire (en fait près de la moitié du film). Le cinéaste va bien entendu collectionner les emmerdes, entre une productrice autoritaire, des acteurs à l'égo surdimensionné, les histoires de cul des uns et des autres... et les aspirations des "sans grade", qui aimeraient bien capter une part de la lumière.
Cela fonctionne parce que les acteurs sont bons. Je ne suis toutefois pas particulièrement impressionné par la prestation de Song Kang-Ho (vu notamment dans Parasite). Ce sont les comédiennes qui m'ont épaté. Toutes interprètent deux personnages : le rôle du film de 1970 en cours de tournage et le rôle qui leur est assigné par le film du XXIe siècle, l'un étant parfois très éloigné de l'autre. Trois d'entre elles sont des actrices qui jouent des actrices. Toutes sont formidables. Il faut y ajouter le duo de productrices : la tante (autoritaire et un brin manipulatrice) et la nièce (une groupie du cinéaste, prête à cogner pour lui... et rêvant secrètement de passer devant la caméra).
C'est bien fichu, souvent drôle, mais un peu long. Il aurait fallu pratiquer quelques coupes. On sent quand même bien passer les 2h10. Mais l'ensemble constitue un indéniable plaisir de cinéphile.
vendredi, 08 décembre 2023 | Lien permanent
Moi, moche et méchant 3
Trois ans après Moi, moche et méchant 2 (très réussi) et deux ans après le décevant Les Minions, voilà notre grande famille recomposée de retour... pour s'agrandir : Gru découvre qu'il a un frère jumeau (chevelu, lui) et qu'on ne lui a pas raconté toute la vérité à propos de son père. Cette histoire familiale va quelque peu parasiter l'intrigue principale, pour le plus grand bonheur des spectateurs.
On commence sur les chapeaux de roue avec la séquence dont des extraits ont été déjà abondamment diffusés : l'attaque du navire par le méchant de l'histoire, Balthazar Bratt, aussi ridicule que redoutable. Sa confrontation avec Grut recueille l'adhésion de la salle, déjà mise en appétit par la scène pré-générique, avec trois minions en pleine forme.
J'ai retrouvé avec plaisir le cocktail qui a fait le succès de la série : des scènes d'action parodiques, des moments familiaux tendres et drôles... et les interventions des Minions, bien dosées, souvent hilarantes. Rappelons qu'ils sont tous doublés par Pierre Coffin, coréalisateur du film. Tendez bien l'oreille et, au coeur de leur incroyable sabir, vous distinguerez quelques grossièretés et beaucoup de références à la nourriture ! Dans la version française, Audrey Lamy est toujours aussi percutante en Lucy. La bonne idée de l'épisode est d'avoir confié la voix de Dru (le frère de Gru) à Arié Elmaleh, qui donne ainsi la réplique à son frangin Gad (qui lui incarne Gru).
La personnalité du méchant Bratt (rivé à son walkman) a incité les auteurs à parsemer le film de références musicales aux années 1980. Cela m'a rappelé mon adolescence... Le choix des titres n'est pas innocent. Au début, Bratt préfère le Bad (de Michael Jackson) au Take my breath away (de Berlin), puisqu'il se veut un vilain garçon. Quant aux Minions, ils adoptent le plus récent Maria (de Ricky Martin) pour lancer leur teuf. D'autres succès de l'époque illustrent certaines scènes : Take on me (de A-ha) et Sussudio (de Phil Collins). A côté de cela, les musiques additionnelles m'ont paru bien fades.
A intervalle régulier, les Minions se rappellent à notre souvenir. Leurs pérégrinations vont (temporairement) s'éloigner de celles de Grut. Presque toute la troupe se retrouve en prison, où ils matent sans peine les gros caïds et se lancent dans leur propre Jailhouse Rock !
Le film est une grande réussite parce qu'il varie les péripéties, les personnages principaux vivant des aventures parfois distinctes. De surcroît, l'humour est suffisamment diversifié pour s'adresser aux adultes comme aux enfants. Il ne reste plus qu'à espérer que le deuxième opus consacré aux Minions (programmé pour 2020) sera plus abouti que le premier.
mardi, 11 juillet 2017 | Lien permanent
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