jeudi, 30 avril 2009
X-Men origins : Wolverine
C'est un peu une sorte de "X-Men begins". L'action se situe avant la célèbre trilogie et est centrée sur un personnage qui, au départ, n'était pas une vedette de la série : Serval, autrement dit Wolverine. Des ponts sont tracés avec les films qui suivent, mais qui ont été tournés auparavant. C'est le même procédé que pour Star wars.
Il faut d'abord savoir que c'est hyper violent. On s'entretue, ou tente de s'entretuer, à tire-larigot. Les effets spéciaux ont beau être réussis, cela devient lassant à la longue... d'autant que le côté "je suis quasiment invincible - ben tu vas voir que moi je suis encore plus invincible que toi", ça fait un peu "regarde ma quéquette hein n'est-ce pas que c'est la plus longue". L'intérêt du comics résidait au contraire dans la fragilité des personnages, à la fois physique et psychologique.
Ici, seul le scénario, habile voire machiavélique, vaut le détour. J'en exclus toutefois une des premières séquences, qui voit le héros successivement participer, en compagnie de son frère, à la guerre de Sécession, la Première guerre mondiale, la Seconde, enfin celle du Vietnam. Cela ne vous rappelle rien ?
De surcroît, l'esthétique du jeu vidéo a envahi la série... et on sent la volonté de se rapprocher d'autres films consacrés à des individus "extraordinaires", dotés de super pouvoirs. Du coup, les X-Men en perdent un peu leur originalité. Il n'y a guère que les dames qui sortiront vraiment enchantées, tant Hugh Jackman a pris soin de soigner sa musculature (il avait déjà bien commencé pour Australia !)...
J'espère que le film consacré à la jeunesse de Magnéto aura un peu plus d'envergure.
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dimanche, 26 avril 2009
Revoir des programmes télévisés
Je viens de découvrir un site internet très utile. Il permet de (re)voir certains des programmes déjà diffusés sur l'une des six chaînes suivantes : TF1, France 2, France 3, France 4, France 5, Canal +, Arte M 6. On peut choisir par thème : série, sport, informations, documentaires, magazines, divertissements, jeunesse. (En fait, le site est une sorte de hall d'accueil, qui redirige ensuite l'internaute vers le site de la chaîne qui diffuse le programme choisi.)
Attention toutefois, ne vous attendez pas à retrouver Les Experts, par exemple. Il me semble que tout ce qui peut représenter un filon commercial est exclu de la rediffusion. Ainsi, quand une série très populaire est concernée, il ne s'agit que des saisons assez anciennes (pour Desperate Housewifes notamment).
Autre limite : la rediffusion n'est accessible que durant quelques semaines (voire une seule).
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samedi, 25 avril 2009
Chomsky et compagnie
Pour ceux qui ne le connaissent pas, il faut d'abord préciser que Noam Chomsky, linguiste internationalement reconnu, est devenu une sorte d'icône altermondialiste intello, parce qu'il a, très tôt, formulé une dénonciation argumentée de la politique étrangère des Etats-Unis. Il est aussi très critique vis-à-vis de l'économie de marché telle qu'elle existe aujourd'hui. Il n'est pas communiste pour autant. On pourrait dire que c'est un franc-tireur de la gauche critique.
C'est pour cette raison, je pense, que l'équipe de l'émission Là-bas si j'y suis (diffusée du lundi au vendredi sur France inter, accessible aussi sur la Toile) a décidé de rencontrer N. Chomsky... et deux autres intellectuels, un Belge et un Canadien (du Québec). Le tout a été enregistré en 2007.
Alors, qu'est-ce que cela donne ? Un vrai film tout d'abord, parce qu'un documentaire qui se contenterait du jeu de questions-réponses entre Daniel Mermet et ses interlocuteurs serait vite ennuyeux... surtout que cela dure deux heures (à mon avis, c'est nécessaire... et encore, c'est une synthèse). La séquence du début est très bien et, à plusieurs reprises, dans le film, on sent quand même la volonté de travailler l'image, de ne pas se contenter du texte.
En s'appuyant sur les travaux de Chomsky, notamment sa comparaison de la manière dont les médias ont rendu compte des exactions des Etats-Unis et de l'U.R.S.S. (ou de leurs alliés) pendant la Guerre froide, les auteurs veulent faire émerger l'idée que les médias de masse nous mentent, souvent par omission d'ailleurs. Dans le flot d'informations qui circule désormais, les actions de tri et de hiérarchisation prennent une importance capitale. C'est globalement convaincant.
A ce sujet, j'ai bien aimé l'anecdote du comptage de passes. En gros, en regardant la vidéo suivante (qui dure moins d'une minute), essayez de compter les passes que les blancs et les noirs se font. L'idéal est que, dans le même temps, à côté de vous, une autre personne regarde la vidéo sans compter les ballons. Partagez vos réactions à la fin !
Le film est aussi intéressant par ce qu'il dit de l'autocensure et de la complaisance journalistiques. Il n'y a pas de complot pour cacher la vérité ou mettre les opinions dissidentes (pas forcément minoritaires) sous l'éteignoir. Mais, soit les professionnels de l'information (ici surtout télévisée) sont complètement en accord avec les idées dominantes, soit ils ont intégré les limites qu'il vaut mieux ne pas dépasser pour rester en cour... et espérer faire carrière. Quelques extraits viennent appuyer le propos. Je recommande tout particulièrement le passage qui voit Arno Klarsfeld apporter un soutien aussi bruyant qu'infondé à l'intervention des Etats-Unis en Irak.
Le film ne laisse pas de côté LA question polémique, celle du soutien de Chomsky à la publication des thèses négationnistes, bien qu'il ne les partage pas. Ici l'on voit le fossé qui peut opposer des intellectuels européens à ce penseur somme toute très américain, pour qui la liberté d'expression doit être pleine et entière, se référant notamment au premier amendement à la Constitution des Etats-Unis :
"Le Congrès ne fera aucune loi qui touche l'établissement ou interdise le libre exercice d'une religion, ni qui restreigne la liberté de la parole ou de la presse, ou le droit qu'a le peuple de s'assembler paisiblement et d'adresser des pétitions au gouvernement pour la réparation des torts dont il a à se plaindre."
Le film, tout en empathie avec Chomsky, prend plutôt parti pour lui dans la controverse qui l'a opposé à l'historien Pierre Vidal-Naquet. Peut-être que tous les spectateurs ne le ressentent pas ainsi, mais, en ce qui me concerne, j'aurais aimé un peu plus de recul critique vis-à-vis des propos de Chomsky sur ce sujet en particulier.
Un autre point est à noter. Au début de l'entretien, D. Mermet fait réagir le professeur au massacre, commis juste avant leur rencontre, dans une université de Virginie (à l'époque, le massacre avait semé le trouble chez les Coréens, des Etats-Unis et d'ailleurs). Peut-être est-ce dû à la tonalité de l'entretien, aux thèmes qui devaient être abordés. En tout cas, au lieu d'évoquer la menace que constitue pour les citoyens américains la facilité de se procurer des armes dans son pays, Chomsky fait immédiatement une comparaison avec un massacre ignoré de mineurs chiliens et de leurs familles. Je vois bien où il veut en venir : les médias voguent sur le "sensationnel", au détriment de la réflexion. Le massacre commis par l'étudiant coréen n'est hélas pas un phénomène isolé, méconnu, alors que la violence exercée, avec le soutien des Etats-Unis, en Amérique latine, a été longtemps largement passée sous silence.
Sur le site de Noam Chomsky, on peut accéder (en anglais) à nombre des articles qu'il a écrits, y compris un très récent sur l'attitude de Barack Obama sur le conflit du Proche-Orient.
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jeudi, 23 avril 2009
La Journée de la jupe
Isabelle Adjani (un peu boulotte, un peu refaite, énergique et fragile) est donc de retour au cinéma, dans un film "sociétal", sur un sujet qui recommence à intéresser les cinéastes hexagonaux : le malaise de l'école. Ici, il est question d'un collège... avec des élèves qui ont l'air d'avoir 18 ans au moins. Je veux bien qu'ils aient redoublé une paire de fois, mais tout de même... Ceci dit, les acteurs "jeunes" sont excellents.
Le personnage interprété par Adjani est un antihéros, une antihéroïne pour être plus précis : côté vie privée, elle s'est fait quitter par son mari et on finira par apprendre qu'elle est fâchée avec sa famille. Côté boulot, c'est la catastrophe : ses élèves ne la respectent guère et, en tant que prof de français, elle a toutes les peines du monde à obtenir un temps de cerveau disponible de 5 minutes sur une heure de cours. Ne parlons pas de la hiérarchie (Jackie Berroyer, excellent en principal fuyant ses responsabilités), ni des collègues : ce nid de gauchistes est prêt à tout accepter de la part des élèves qui, en réalité, ont d'abord besoin d'autorité.
Ce film repose donc sur l'utilisation et le détournement des clichés. Sonia-Adjani se fait d'abord copieusement bordéliser et même insulter. Un coup de théâtre survient (dans une salle de spectacle, comme cela tombe bien !), que la prof met à profit pour... finalement tenter d'enseigner. Mais tout se complique avec l'intervention de la police (avec une brochette de flics excellents, notamment Denis Podalydès et Yann Collette)... et ce pistolet qui change de mains, faisant émerger des vérités que l'on croyait enfouies.
Si la première partie se voit comme une comédie (alors qu'elle dit des choses très graves à la fois sur la vie des jeunes des cités et sur le métier d'enseignant dans les "établissements sensibles") parfois grossière (il aurait fallu que quelques scènes soient rejouées, cela sonne parfois faux), la deuxième surprend (au bout de 3/4 d'heure, je me suis demandé comment le réalisateur allait pouvoir tenir 1h30) par ses rebondissements (dont l'un des derniers fait peut-être écho à la propre vie d'Adjani) et l'émotion qui finalement étreint le spectateur pas trop cynique.
Alors, est-ce un film ou un téléfilm ? Ben, entre les deux. Pour que ce soit un film à part entière, il aurait fallu un peu peaufiner les dialogues. Mais c'est quand même plus qu'un téléfilm. Sonia-Adjani est mise en scène un peu sous toutes les coutures. J'ai aussi apprécié que le réalisateur multiplie les sources d'images. Au-delà, force est de constater que, de Entre les murs à ce film, l'enseignant-e de français semble incarner le dernier rempart de la civilisation contre l'ignorance et la barbarie.
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mardi, 21 avril 2009
OSS 117, Rio ne répond plus
Hubert Bonisseur de la Bath revient, plus hâbleur que jamais. Dans ce nouvel opus des aventures de ce sous-James Bond à la française (clins d'oeil à l'illustre Connery à la clé), il est toujours aussi infatué de lui-même, sexiste, xénophobe (sa confrontation récurrente et savoureuse aux bandits chinois constitue le fil rouge de l'histoire)... et même un peu antisémite. Evidemment, le film joue sans cesse sur le second degré... et même, semble-t-il, sur le troisième voire le quatrième. Qu'est-ce que c'est malin ! Le spectateur antiraciste comme l'indécrottable franchouillard pourront goûter les saillies des personnages, même si scénaristes comme réalisateur ont pris franchement le parti de déboulonner la statue du héros.
Evidemment, on rit... pas forcément tous aux mêmes endroits d'ailleurs. Quelques scènes font toutefois l'unanimité, comme cette hilarante poursuite en déambulateur qui, au début, nous donne à voir le physique d'OSS sous un jour inattendu... L'abattage de Dujardin (à qui on fait même incarner un trapéziste !) est pour beaucoup dans la réussite de cette comédie. Hazanavicius a réussi a donner une vraie force cinématographique à son rire "gargantuesque". Il force un peu trop sur les expressions du visage, mais bon, quand on est pris dans le rythme, cela passe. Notons cependant quelques "blancs" dans le film. S'ils sont parfois justifiés (le réalisateur a pris quelques risques dans les dialogues), il est incontestable que toutes les répliques ne font pas mouche, quelques-unes étant même ratées.
L'ambiance des années soixante est rendue avec soin. Costumes, musique, voitures, meubles font partie de l'univers décalé d'OSS, pour notre plus grand plaisir (je songe à acquérir le CD de la bande originale, tant les partitions m'ont plu). Le côté "kitsch" est poussé à l'extrême : la réalisation se la joue rétro, avec cet écran partagé (bien utilisé ma fois), avec ces scènes filmées dans des voitures derrière lesquelles défile un paysage factice, avec ces pétarades censées évoquer les ricochets des balles (qui, bien entendu, n'atteignent jamais le héros) ou encore avec ces qui combats qui puent la mise en scène, le summum étant atteint lors de la mini-partie de catch entre Bonisseur et un sbire masqué du méchant nazi. On appréciera aussi le coup de la même scène jouée deux fois, à deux époques différentes, allusion aux facilités que se permettaient nombre de films de genre de jadis.
Côté paillettes, je relève un gros effort de casting : le film regorge de "canons" de toute sorte. S'ils font régulièrement tourner la tête de notre espion préféré, l'information la plus "sensible" est qu'il semble découvrir une nouvelle facette de sa sexualité... un aspect qui, si mes oreilles ne m'ont pas trahi, serait promis à un bel avenir dans le troisième volet...
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dimanche, 12 avril 2009
Ponyo sur la falaise
C'est le dernier animé de Miyazaki (le père, parce que le fils avait officiellement assumé la direction des Contes de Terremer, où la patte du papa était néanmoins décelable). L'action se passe à notre époque, au Japon, en zone littorale (côté sud du pays). Le père est marin-pêcheur, la mère auxiliaire de vie dans une maison de retraite. Le fiston est le héros de l'histoire. Il partage la vedette avec le personnage éponyme, la sirène (personnage apparenté à Kiki, la petite sorcière) qu'il va nommer Ponyo.
Le dessin est toujours aussi bien léché. On retrouve, dans les mouvements, les qualités qui ont fait le succès notamment de Princesse Mononoke et de Nausicaä, de la vallée du vent. L'influence de la culture européenne se fait aussi toujours sentir. Ainsi, dans les profondeurs de l'océan vit un personnage qui doit beaucoup au capitaine Nemo de Jules Verne (en moins cynique toutefois)... et l'une des séquences les plus enlevées, sur une musique calquée sur celle de Wagner, nous permet d'assister à une formidable chevauchée des super-poissons.
Une grande attention a été portée aux mouvements des personnages. J'ai notamment en tête une scène où l'on voit Sosuke se débarrasser précautionneusement des jumelles qu'il porte en bandoulière ou une autre au cours de laquelle Ponyo ôte le seau qu'elle tient au bras. Même la psychologie enfantine est abordée avec un grand sérieux... sous un jour presque exclusivement positif toutefois : si l'on excepte un bébé affamé plein de morve, ces bambins sont plus adorables et attendrissants les uns que les autres. (Une chose m'a frappé : le héros -dans la version française- ne s'adresse pas à ses parents en les appelant "papa" ou "maman", mais en utilisant leurs prénoms.)
Les scénaristes ont donc choisi de mettre l'accent sur l'histoire enfantine, plutôt que sur le monde des adultes. Les personnages les plus en phase avec le héros sont paradoxalement les retraitées percluses de rhumatismes. Il a donc été décidé de ne pas développer l'histoire du côté du père de la sirène, dont on sent à un moment du film qu'il semble avoir un projet assez cataclysmique, projet que l'évasion de sa fille fait, au propre comme au figuré, tomber à l'eau.
Du coup, le film reste au niveau de la gentillesse, nimbée dans un halo de fantastique. C'est sympathique, mais cela ne vole pas aussi haut que les précédents films de Miyazaki.
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jeudi, 09 avril 2009
Agnus Dei
Le titre est le nom d'une prière et signifie "agneau de Dieu". C'est une référence à Jésus et à sa mort. Une victime sacrificielle est donc au cœur de l'histoire. Il s'agit du mari de l'héroïne qui revient de France en Argentine. Le film va se charger de nous faire comprendre, par petites touches, comment on en est arrivé là et pourquoi l'enlèvement du grand-père affable, en 2002, fait remonter à la surface la période de la dictature militaire, plus précisément l'année 1978 (celle de la coupe du monde de football en Argentine).
Ce sont les mêmes acteurs qui incarnent les personnages principaux à 24 ans d'intervalle (sauf pour la petite-fille). Du coup, on a beaucoup joué sur les coiffures, les vêtements et le maquillage pour montrer le temps qui passe. Cela fonctionne, en gros.
La construction est habile. La trame est celle de l'année 2002, émaillée de retours en arrière... pas forcément placés dans l'ordre chronologique. Cela complique un peu le suivi du film, mais c'est pertinent : les séquences "anciennes" interviennent quand leur souvenir revient à l'un des personnages... avec quelques accommodements toutefois, histoire de ménager un peu de suspense.
Ceux qui ne connaissent pas les années 1976-1983 en Argentine ne vont pas apprendre grand chose : ce n'est pas une leçon d'histoire. Par contre, ils verront comment une dictature peut transformer la vie d'une famille de classe moyenne, y compris 25 ans après les faits.
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mercredi, 08 avril 2009
Monstres contre aliens
Les "aliens" sont, bien entendu, des extra-terrestres...mais tout le monde n'étant pas anglophone, il aurait peut-être été utile de modifier le titre. C'est la dernière production des studios Dreamworks. C'est donc un dessin animé visible à plusieurs niveaux. C'est d'abord une comédie sympatoche pour petits et grands, avec des personnages hauts en couleurs. L'espèce de matière flasque cyclopéenne se taille un franc succès chez les jeunes (pis chez certains "grands" aussi). Parfois, cela part dans tous les sens... en tout cas, c'est "animé" !
Au second degré, c'est émaillé de clins d'œil, par exemple à Rencontres du troisième type, à Star Wars... C'est aussi une critique gentille du monde des adultes, avec ce président des États-Unis qui se prend pour Bruce Willis et qui s'avère être un gros gaffeur pétochard. On se moque aussi sans méchanceté de ces films hollywoodiens dans lesquels les extra-terrestres ont toujours le bon goût de débarquer... aux États-Unis.
C'est aussi un joli portrait de femme. L'un des monstres est "Suzanne". Rien ne la destinait à devenir un super-héroïne. Elle devait visiblement devenir une épouse dévouée à son journaleux de mari... mais tout dérape et ce film est aussi l'histoire de son affirmation, de l'acquisition de son indépendance. Cela ne va pas changer le monde, mais cela contribue à mettre quelques idées à l'endroit dans la tête de nos chers bambins.
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mardi, 07 avril 2009
Tulpan
Ce titre un peu mystérieux n'est autre que le prénom de la jeune femme que convoite le héros du film, Asa. On ne la voit pratiquement jamais : on distingue ses yeux quand elle observe le dialogue entre son prétendant et ses parents à travers l'ouverture d'un drap et on entraperçoit son dos et sa nuque dans la cabane où le pauvre Asa essaie de pénétrer (en tout bien tout honneur, évidemment).
Le pauvre garçon n'est pas bien futé. Il a achevé son service militaire dans la marine, ce qui est plutôt valorisant (il en a d'ailleurs gardé l'uniforme pour impressionner la famille), mais il est doté d'oreilles assez décollées (moins toutefois que celles du prince Charles, comme il peut le démontrer au cours du film !), qui déplaisent à sa dulcinée. Le problème est qu'en plus d'être mignonne, elle est la seule femme disponible de toute la région. Si notre héros ne parvient pas à se marier, on ne lui confiera pas de troupeau et il ne pourra donc pas s'installer sur place comme éleveur.
C'est cet aspect du film qui m'a le plus séduit. Parce que bon, cette histoire d'amour contrarié lasse vite (surtout quand on apprend que la jeune convoitée veut poursuivre ses études "à la ville" et que la mère ne veut pas la donner à un paumé qui revient de l'armée). De nombreuses scènes ont été tournées dans la steppe kazakh, si aride, parfois traversée par des tornades de sable. C'est sur de gigantesques surfaces que les bergers guident leurs troupeaux. Notre héros Asa n'est d'ailleurs pas très habile en la matière... mais une évolution se dessine.
Certaines séquences avec les brebis sont fortes par leur aspect documentaire non simulé (je pense notamment à la mise-bas). L'intervention du vétérinaire, aux prises avec une chamelle et son petit, est à la fois drôle et criante de vérité. De la même manière, un grand soin a été apporté aux séquences d'intérieur, dans les yourtes. Les tâches sont sexuées. Les femmes sont d'abord des ménagères... et elles chantent.. pour mon plus grand plaisir quand il s'agit de la sœur du personnage principal... mais il est évident que sa fille a des progrès à accomplir (sa voix stridente m'a été particulièrement insupportable). On sent toutefois que, dans le couple, la hiérarchie peut parfois s'inverser. On retrouve donc dans ce film des éléments déjà présents dans d'autres fictions comme Le Mariage de Tuya ou Le Chien jaune de Mongolie (je ne l'ai pas chroniqué, mais je peux vous assurer qu'il est très bien).
Le séjour en ville est quelque chose qui travaille les jeunes. Le plus jeune fils de la sœur d'Asa demande sans cesse à ce qu'il l'y emmène. Le meilleur ami du héros essaie de l'y entraîner. Ce personnage mérite tout particulièrement le détour. C'est une sorte de livreur-marchand ambulant, qui parcourt la steppe dans son drôle de véhicule, écoutant Boney M à fond la caisse et tapissant les parois internes de photos érotiques ! On sent qu'il en pince pour la sœur d'Asa, que ses parents ont sans doute mariée de force à un homme bien plus âgé qu'elle. Le héros lui-même, comme sa dulcinée, envisage finalement de partir en ville. Entre l'envie de vivre et la résignation, le cœur des personnages balance...
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Gran Torino
Imaginez que l' Inspecteur Harry (ou le Maître de guerre) soit à la retraite et qu'il vienne de perdre son épouse. On se retrouve avec un vieux blanc aigri, misanthrope, raciste, homophobe (très souvent filmé en contre-plongée, comme pour accentuer ses défauts)... et très attaché à ses armes.
Voilà un rôle taillé sur mesure pour notre ami Clint, le cinéaste républicain le plus intelligent des États-Unis ! Les scénaristes ont la bonne idée de lui flanquer dans les pattes de nouveaux voisins, asiatiques, hauts en couleur : la grand-mère crache encore plus ignominieusement que notre ex-soldat, ex-ouvrier de chez Ford. En plus, le fiston, une vraie "tafiole", risque de passer sous la coupe d'un gang local. Il n'y a guère que la sœur aînée qui mérite le détour : elle est intelligente, courageuse et ne manque pas de répartie.
Évidemment, le salaud a un grand cœur et ce film est l'histoire de l'ouverture de ce cœur. Eastwood manie la pâte humaine comme il sait si bien le faire (revoyez par exemple l'excellent Million dollar baby ou encore L'Echange). La caméra sait suivre le personnage principal aussi bien à l'intérieur (quand il est invité chez ses voisins Hmongs ou qu'il bricole dans son garage) qu'à l'extérieur (quand il intervient pour mettre fin à une agression ou qu'il fanfaronne sur son patio). On retrouve un peu le tempérament de Dirty Harry, parfois emprunté, tête de cochon et mauvais langage (en version originale sous-titrée, ça déchire... même si je préfère la voix française de Clint). On notera au passage un message "politiquement incorrect" : les liens d'amitié sont plus importants que ceux du sang... surtout quand la famille est indigne !
Tout ça pour dire quoi, au final ? Ben j'ai adoré, j'ai ri (même -surtout ?- aux blagues racistes auxquels le personnage croit à moitié)... et j'ai eu les yeux qui piquent, à la fin. Tout n'est pas dit concernant ce dernier quart d'heure. Le film terminé, on réfléchit et on se dit que l'ancien ouvrier cancéreux a donné une sacrée leçon de vie à son jeune apprenti.
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lundi, 06 avril 2009
Welcome
Le titre a un double sens... pas seulement parce qu'il est (en partie) une antiphrase. C'est d'abord la référence au rejet dont font l'objet les immigrants, rejet non assumé dans le "pays des Droits de l'Homme", à l'image du paillasson sur lequel figure la fameuse inscription. C'est aussi le symbole du dialogue qui s'instaure entre quelques Français et ces Kurdes ou Afghans, en anglais. Ce film très français est donc souvent sous-titré !
J'ai hésité à aller le voir. J'ai eu peur d'un prêchi prêcha "gauche alternative", chiant et manichéen. Heureusement, le réalisateur a eu l'habileté de ne pas présenter systématiquement les policiers comme d'horribles fachos... et il a nuancé le tableau des milieux immigrés, à travers notamment l'histoire du mariage arrangé... sans parler des vols.
Les acteurs sont très bons. C'est prenant. Un bon film "social" français, ça ne se refuse pas ! Ceci dit, c'est un peu larmoyant, un peu trop souligné par la musique, mais il est vrai que ces histoires ne sont pas d'une grande gaieté. Le cas du jeune footballeur irakien est d'autant plus attendrissant qu'il cherche à rejoindre sa dulcinée. On a voulu donner des migrants mis au premier plan l'image la plus humaine possible. Autre intérêt du film : la description de Calais et des installations portuaires, souvent de nuit. Une vraie réussite.
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dimanche, 05 avril 2009
Prédictions
Le réalisateur et les producteurs ont dû hésiter quant au genre du film. Du coup, ce n'est pas vraiment un film d'épouvante, c'est un peu un film de science-fiction et, de temps à autre, un film-catastrophe. On y retrouve des ingrédients présents dans d'autres longs métrages : Nicolas Cage incarne un père célibataire un peu largué, pris par son boulot. Il est fils de pasteur et a perdu la fois suite au décès de sa femme. Cela n'est pas sans évoquer le personnage joué par Mel Gibson dans Signs ou celui interprété par Tom Cruise dans La Guerre des mondes.
On confronte donc un citoyen lambda (professeur au M.I.T. tout de même, faut pas déconner non plus) à des événements étranges, inexplicables, surnaturels. L'implication des chiffres n'a rien de nouveau. Pour ce qui est des productions récentes, un (télé)spectateur a pu entrer être familiarisé avec le sujet par la série Numbers ou encore le film Le nombre 23 (vi, avec Jim Carrey, acteur sous-estimé). Si on remonte un peu dans le temps, on trouve l'excellent Cube, par exemple.
Le film est une démonstration, dont l'enjeu est énoncé dans le premier cours du prof auquel on assiste : hasard ou nécessité ? Et, si nécessité il y a, faut-il invoquer un (ou plusieurs) dieu(x) ? Comme c'est un film grand public, les scénaristes ont tenté de ménager la chèvre et le chou. Du coup, que vous soyez croyant ou athée, vous verrez ce qui concorde avec vos convictions. (Sont malins ces producteurs, tout de même !)
Revenons à l'histoire : on remonte donc ces dessins de gamins de 1959 en 2009... et le fils du héros se voit attribuer le plus bizarre : une série de chiffres. Un soir de cuite, le papa pense avoir décodé (au moins partiellement) le truc. Il va tenter d'empêcher ces catastrophes de se produire... et surtout de comprendre le pourquoi du comment de la chose.
Le séquences de catastrophes sont époustouflantes. Franchement, l'accident d'avion comme celui du métro sont impressionnants de réalisme et de maîtrise visuelle. On a soigné les détails... au point peut-être de parfois choquer une partie du public. C'est donc un bon film d'action, un bon film-catastrophe.
Par contre, la dernière demi-heure m'a laissé sur ma fin. J'ai compris assez tôt quelle était la solution de l'énigme... et j'ai été déçu. Cela devient un peu grand-guignolesque. Dommage, parce que le reste mérite le détour.
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samedi, 04 avril 2009
La véritable histoire du chat botté
C'est bien entendu adapté du conte de Charles Perrault, qui n'était lui-même pas le créateur de l'histoire... Il y a eu des prédécesseurs... et des versions dans lesquelles le héros est une chatte ! Du coup, je me suis replongé dans le XVIIème siècle.
Deschamps et compagnie ont apporté deux modifications majeures à l'histoire. La première est une inversion dans l'importance des membres du couple royal : chez Perrault, c'est le roi qui agit, la souveraine ne jouant aucun rôle, alors que dans le film, à côté du roi fainéant roupilleur s'agite une reine gouailleuse et énergique... Yolande Moreau, bien entendu. Toutes les scènes qui la voient intervenir sont des réussites. L'autre modification est liée à la confrontation du chat et de l'ogre (le seul moment de vraie folie, hélas) : le grand costaud est plus finaud que dans le conte, puisqu'il n'accepte pas de se changer en souris ni en rat (sage décision, quand on sait combien nos amis félidés sont friands de ces petites bestioles qui couinent).
Les images sont magnifiques. Les décors ont été particulièrement soignés (plus que les vêtements des personnages, paradoxalement) et les effets de miroir sont superbes. La musique est entraînante, un peu folk, parfois gitane, reprenant des thèmes célèbres puisés chez Beethoven, Bizet, Mozart, Verdi, Strauss... et même Louis Armstrong. Par contre, les parties chantées sont de faible qualité. Y a-t-il dérision ? Je ne crois pas. Je me serais bien passé des vocalises poussives de la princesse (beau visage, jolie poitrine, taille de guêpe et gros cul) et de son soupirant fils de meunier.
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vendredi, 03 avril 2009
Un barrage contre le Pacifique
C'est qu'il faut bien de la patience pour arriver à voir ce film ! A la base, j'ai été attiré par trois caractéristiques : le sujet (le Cambodge colonial français), l'actrice principale (Isabelle Huppert, vieillissante et in/digne selon les moments) et le réalisateur Rithy Panh (auteur notamment de l'excellent documentaire S21, la machine khmère rouge, sur le génocide cambodgien).
Le résultat est assez emballant, bien qu'un peu long. La réalisation est soignée (dès le début, on nous ravit avec un superbe panoramique suivant les pas de l'héroïne), l'image léchée (superbes plans des rizières... c'est que ça peut monter, le riz !) et le son très soigné (dans une salle de ciné bien équipée, c'est un plaisir d'entendre la pluie tomber, les oiseaux chanter etc).
Les interprètes sont bons, qu'ils soient cambodgiens ou français. Isabelle Huppert bien, sûr, même si elle a quelques absences à l'occasion de certaines scènes (et puis le coup de la faire parler à voix haute quand elle s'adresse à elle-même, c'est moyen moyen...). Gaspard Ulliel (oui, notre Jacquou !) est excellent, en jeune beauf au grand coeur (avec heures de musculation à la clé... faut ce qu'il faut ! Une consolation pour les mâles moins bien achalandés : il a des dents pourries !). Les acteurs cambodgiens sont bien dirigés.
Le côté documentariste de Rithy Panh ressort dans le tableau qu'il dresse de la domination coloniale. Pourtant, ce n'est pas vraiment un film militant. Il est trop contemplatif et esthétisant pour cela, mais l'arrière-plan historique n'est pas négligé. Régulièrement, de "petites" scènes brossent un portrait au final assez accablant de l'action des Français, qu'ils soient colons (sauf l'héroïne), commerçants ou fonctionnaires. Leurs alliés cambodgiens ou sino-cambodgiens ne sortent pas du film grandis non plus.
Sans trop dévoiler la fin, je peux dire qu'il se termine par un plan sur la rizière, aujourd'hui... car le réalisateur est retourné sur les lieux où a vécu la mère de Marguerite Duras, auteur du roman autobiographique dans lequel elle figure sous le nom de Suzanne.
P.S.
Le dossier pédagogique publié à l'occasion de la sortie du film est très intéressant :
P.S. II
Dans Le Monde a été publié un article qui revient sur la problématique et l'histoire du barrage dans la région où a vécu la mère de M. Duras.
02:14 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film