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vendredi, 15 avril 2016

Desierto

   Ce thriller franco-mexicain confronte un groupe de migrants clandestins pénétrant aux Etats-Unis à une série de menaces dont on aurait de la peine à déterminer quelle est la plus grande. Est-ce ce fameux désert (situé du côté de la Californie), peuplé de serpents venimeux et où règnent régulièrement des températures caniculaires ? Est-ce ce red neck américain, vieux solitaire qui ne se sépare presque jamais de son fusil à lunette ou bien n'est-ce pas plutôt son chien, un agile berger allemand, très bien dressé ?

   Les paysages de ce désert rocheux sont superbement filmés et les acteurs sont globalement bons. On a beaucoup parlé de Gael Garcia Bernal, jadis découvert dans Carnets de voyage et revu dans La Science des rêves et Babel. J'ai été davantage marqué par les prestations d'Alondra Hidalgo et de Jeffrey Dean Morgan (que l'on a pu voir notamment dans Hôtel Woodstock, Prémonitions et surtout The Salvation).

   C'est un bon suspense, marqué par plusieurs scènes très violentes, sans fard, et qui aborde une question sensible : la détresse des migrants économiques. Mais il le fait de manière assez prévisible, l'intrigue ne comportant guère de surprises pour un "vieux" cinéphile. De surcroît, le fiston Cuaron (eh, oui : papa a réalisé Gravity !) abuse des "juste-à-temps". On pourrait se dire qu'il s'agit là d'un péché de jeunesse, ou la conséquence de l'influence mal digérée de la mécanique hollywoodienne. Mais c'est aussi une marque de fabrique du style de papa...

   Autre défaut du film, son côté manichéen, dans plusieurs sens d'ailleurs. Ainsi, il n'y a pratiquement aucun recul sur les meurtres perpétrés par le cowboy alcoolique. Ce personnage de "loup solitaire" n'est pas assez creusé : on ne sait pas vraiment ce qui l'a conduit à se muer en tueur en série des frontières. De leur côté, les victimes sont rarement présentées avec empathie. On pourrait se féliciter que le réalisateur n'ait pas un point de vue angélique sur les migrants. En réalité, il défend mordicus leur cause, mais uniquement à travers les deux personnages les plus séduisants... Encore Hollywood ! (Il s'est aussi bien gardé d'évoquer les sévices que ces mêmes migrants ont pu subir du côté mexicain de la frontière...)

 

ATTENTION : LA SUITE EVOQUE DES ELEMENTS CLES DE L'INTRIGUE, QU'IL VAUT MIEUX NE PAS CONNAITRE AVANT D'ALLER VOIR LE FILM.

 

   L'un des paradoxes de la réalisation est de rendre la mort du chien (pourtant auparavant montré comme une impitoyable bête traqueuse) plus touchante que celle des migrants. Dans le même ordre d'idée, le renversement de position (auquel on s'attend : le chasseur devient la proie) est un peu téléphoné et n'est pas très bien géré. On sent que le réalisateur n'a pas trop su sur quel ton tourner certaines scènes.

   Je suis donc sorti de là un peu mitigé, satisfait malgré tout d'avoir vu une oeuvre bien filmée, comportant de bons moments de tension, mais pas tout à fait aboutie.

   P.S.

   Pour la petite histoire, sachez que Tracker (le chien) est incarné par trois canidés différents, nommés (d'après le générique de fin) Gaston, Neron et Kraken !

   P.S. II

   Ce n'est pas la seule information donnée par la bande défilante. On y apprend aussi que les acteurs principaux ont été accompagnés de gardes du corps sur les lieux du tournage... au Mexique. Ainsi, dans la réalité, le pays le plus violent n'est peut-être pas celui que l'on croit.

22:26 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, cinema, film, films

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